Lorsque Michael la prend dans ses bras, Victoria se sent en sécurité, réconfortée, soutenue. Cela lui fait plus de bien qu'elle voudra bien l'admettre, évidemment. Il a pu gérer la situation comme un chef et pour ce soir, au moins, Paul n'est pas un problème. Il y a toujours un risque qu’il soit, demain, absolument infecte avec elle, évidemment, mais serait-ce vraiment pire que d'habitude ? Elle ne peut même pas l'affirmer. Pour ce soir, en tout cas, l'affaire est réglée. À moins bien sûr que tous les deux ne voient son époux débarquer tout à coup chez Michael. Victoria n'est toutefois pas sûre que Paul sache où trouver l’homme. Pas sûre non plus qu’il connaisse le nom de famille, pour lui permettre de le trouver. Elle préfère.

“- Parfait, je m'en occupe tout de suite.”

Laur accolade terminée, ils reprennent la préparation du dîner, l'homme s'occupant de faire réchauffer la bolognaise tandis qu'elle met la table, installant une carafe d'eau sur celle-ci après l'avoir tiré à l'évier. De son côté, Michaël sort du frigo une bouteille d'eau gazeuse. Alors, rapidement, ils s’installent à table pour manger en silence, chacun perdu dans ses pensées de son côté. Elle, bien sûr, pense à Paul, s’inquiétant de la réaction qu’il aurait le lendemain quand elle rentrerait chez elle.

Alors qu’ils sont en train de débarrasser la table après leur repas silencieux, il propose de regarder un film, l’invitant à aller fouiller dans sa collection, lui indiquant une porte de l’appartement derrière laquelle elle pourra la trouver. Il la laisse choisir, grand seigneur. Et puis, sur une plaisanterie, il propose un massage. Mais même si ce n’est qu’une blague, elle se raidit un peu.

"- Un film, pourquoi pas." accepte-t-elle. "Et je veux bien, pour l’infusion." acquiesce-t-elle avant de disparaître dans la salle qu’il lui avait indiqué, pour pouvoir choisir un film à regarder.

Va choisir alors, je finis de ranger, je prépare l’eau et je te rejoins ! Dis-je alors en souriant. Je suis soulagé qu’elle n’ait pas relevé sur cette plaisanterie de massage, car, je dois bien me rendre à l’évidence, cela risquerait de me mettre en…difficulté.

Je débarrasse donc, remettant les restes aux frais et rangeant la vaisselle dans le lave-vaisselle avant de mettre de l’eau à bouillir. En attendant, je prépare un plateau avec une boite de tisanes, et une tablette de chocolat. Je sais, on dirait une soirée télé de septuagénaires, mais il m’arrive aussi de me prendre une bière ou un whisky lorsque je regarde la télé.
Je pensais juste que, Vicky avait plus besoin de réconfort que d’alcool.

Armé de mon plateau, j’allais donc la rejoindre dans mon salon télé, la trouvant accroupie devant une des nombreuses étagères. Tu trouves ton bonheur ? Demandais-je en posant mon plateau sur la table, allumant l’écran géant.

Tu aimes quels genres de films ? Je peux peut-être t’aiguiller dans ton choix ? Proposais-je en m’accroupissant à côté d’elle.

Il a du choix, c’est le moins que l’on puisse dire. Une jolie petite collection de films, à tel point qu’en arrivant devant l’armoire en question, Victoria se sent un peu prise de court. Elle n’avait pas prévu qu’il en aurait autant et… Elle doit bien admettre que de fait, elle se sent un peu dépassée, ne sait pas quoi regarder, ni même quoi chercher. Il faut dire qu’elle n’a pas réfléchi à sa réponse quand elle a accepté de regarder un film. Elle n’a pas réfléchi à ce qu’elle aurait envie de regarder.

L’homme la rejoint bientôt, demandant si elle trouve quelque chose, posant un plateau de boissons chaudes sur la table basse avant de la rejoindre rapidement, pour l’aider à trouver, demandant quel genre de film elle voudrait, quel genre de film elle aime. Elle ne sait pas vraiment ce qu’elle a envie de voir, elle doit bien l’admettre. Plutôt quelque chose de léger. De doux. Elle réfléchit.

"- Euh… Une comédie romantique, peut-être ?" questionne la blonde en continuant de regarder ce qu’il a.

L’homme lui en énumère quelques-unes, l’aidant à chercher, sortant les pochettes concernées les unes après les autres jusqu’à ce que la demoiselle aperçoive une jaquette qui lui parle particulièrement. Attrapant celle-ci, elle l’extrait de l’étagère pour la montrer à Michaël. Est-ce que ça lui irait, Crazy, stupid, love ? Elle ne l’a pas vu depuis un bout de temps. Mais elle pourrait comprendre que l’homme n’ait pas vraiment envie de le voir, ou le revoir.

"- Est-ce que… Est-ce que ça t’irait, ça ?" demande-t-elle finalement, le regardant.

Une comédie romantique ? Hmmm ! Je réfléchis quelques secondes avant de me lever pour commencer à sortir de mes étagères les films répondant à ce registre. Je les extrais pour les lui passer au fur et à mesure, me surprenant moi-même à en avoir autant.

Je ne me rappelais pas en avoir autant ! Pouffais-je alors que je comptais déjà seize boites de sorties. Bon, après, j’ai plus de 1200 films, donc ce n’est pas tant que ça finalement !

Au bout d’un moment, à la vingt et unième boîte, elle marque un arrêt, observant la pochette avec intérêt avant de me demander mon avis.
Crazy, Stupid, Love ! L’histoire d’un quarantenaire dont la vie parfaite bascule sur fond de tromperie si je me souviens bien.

Ca me va ! Lançais-je avec un sourire avant de récupérer la pochette pour aller insérer le disque dans le lecteur. Je l’invite à s’installer sur le canapé tandis que j’allume l’ensemble de mon installation. Lorsque j'appuie sur le bouton de l’écran, automatiquement, le volet se baisse pour éviter les reflets et une bande lumineuse cachée derrière l’écran s’illumine alors j’éteins le plafonnier. Vive la domotique ! J’adore ce côté “spectacle” de la pièce qui s’adapte d’elle-même au visionnage de films dans de bonnes conditions.

Je prends place à côté d’elle, lui offrant de se servir en chocolat avant de lancer le film.

Elle veut voir une comédie romantique et l’homme confie qu’il ne s’attendait pas à en avoir autant, comme il regarde un peu tout ce qu’il a pour les lui sortir, pour les lui proposer. Mais avec une médiathèque de quasi 1200 films, il est normal qu’il ait un peu de tout, dans plusieurs genres différents. Un peu normal qu’il ait plusieurs propositions pour chaque genre, en vérité. Et donc, alors qu’il a déjà sorti devant elle pas moins de seize DVD de comédies romantiques, tout en s’étonnant d’en avoir à ce point, il continue d’en trouver, finissant par sortir la pochette de Crazy, stupid, love ! sur lequel elle s’arrête. C’est ça qu’elle veut voir, s’inquiétant tout de même de savoir si cela convient à l’homme, s’il est partant pour le regarder avec elle. Et il accepte.

Rapidement, il insère le disque dans le lecteur, invitant la blonde à prendre place dans le canapé et c’est ce qu’elle fait alors, s’asseyant dans celui-ci tandis qu’il met en route son installation, appuyant bientôt sur le bouton de l’écran pour révéler le film. Automatiquement, alors, le volet se ferme, la faisant sursauter un peu, ne s’étant pas attendue à ce que l’appartement soit connecté. Elle est loin d’avoir le même genre d’équipement chez elle.

"- Tu es sacrément équipé…" remarque-t-elle tandis qu’il revient vers elle, s’installant dans le canapé à ses côtés, comme elle désigne la bande lumineuse sous la télé.

Autant dire qu’il a une presque salle de projection dans son appartement. Et encore, presque n’est peut-être pas le mot. Il a une salle plus que respectable et que tous les français n’ont pas forcément. Elle ne connait pas grand monde, personne en réalité, qui ait un tel équipement.

"- Fan de cinéma, j'imagine ?" questionne-t-elle, se détendant un peu, tandis que le générique pré-film défile devant eux.

Fan de film, mais j’ai horreur des cinémas. J’aime pouvoir regarder mes films comme je veux, sans bruit parasite et sans éclairage de secours. Dis-je en souriant lorsqu’elle remarque mon installation.

Confortablement installés, le film démarre alors que je lui tends sa tisane. Le canapé n’étant pas très grand, nous sommes assez proches l’un de l’autre ce qui me permet de sentir les effluves de savon émanant de ma collègue. Les premières minutes du film s’enchainent alors que je prends un carré de chocolat.
Honnêtement, ce n’est pas un genre de film qui m’attire habituellement, mais celui-ci est convenable et, surtout, il plaît à Vicky.

J’ai envie de passer mon bras derrière elle, sur le dossier, de la prendre contre moi-même, mais je doute que cela lui plaise. En fait, je suis tiraillé entre le fait qu’elle me plaît et que, par conséquent, j’aimerais me montrer plus entreprenant et le fait qu’elle est mariée et en situation complexe, qui m’impose de la retenue.
Aussi, je me contente de regarder le film, un coin de mon esprit imaginant ma collègue dans mes bras.

Bien que l'homme confirme être fan de films, en revanche, il confie ne pas être un fervent admirateur des cinémas, aimant mieux regarder ses films comme il le souhaite, sans bruits parasites, sans éclairage de secours. Elle peut comprendre son point de vue comme parfois, les séances au cinéma sont bruyantes, tous les spectateurs n'étant pas forcément respectueux de leurs pairs. Entre ceux qui parlent, ceux qui font des bruits de bouche et ceux qui exagèrent les bruits de leurs paquets de bonbons, de pop-corn, ou d'elle ne sait trop quoi, il est vrai que, selon ses voisins, regarder un film au cinéma n'est pas toujours une promenade de santé. En ayant sa propre salle de cinéma à la maison, l'homme s'épargne ainsi tous ces désagréments. En prime, il ne dépend pas des horaires des séances pour se caler devant un film. Elle espère cependant que, pour profiter au mieux de son installation, l’homme dispose d’un abonnement à une bonne plateforme pour avoir accès à tous les derniers films sortis. Le principal inconvénient de ce procédé, évidemment, semble être l’accès aux derniers films sortis dans les salles obscures. Il faut attendre un peu pour pouvoir y avoir accès à son tour.

Le film commençant, elle se réinstalle plus confortablement dans le canapé, trouvant une position qui lui plaise, attrapant un coussin à serrer entre ses bras. Rapidement, elle se perd dans l’histoire, rit un peu selon les moment, suivant l’intrigue qu’elle connaît pourtant, oubliant ses problèmes personnels sans plus élever la voix, Michael ne parlant plus lui non plus, se contentant de suivre le film. Ce n’est que lorsque celui-ci s’achève qu’elle lâche le coussin, étirant ses bras en baillant doucement, plaçant rapidement une main devant sa bouche en s’excusant. La fatigue commence à se faire bien sentir. Il faut dire que la journée a été particulièrement longue.

"- On devrait peut-être aller se coucher ?" remarque-t-elle en restant pourtant assise. "Quelle heure est-il ?"

Si elle veut aller travailler demain et ne pas avoir à subir sa journée, il vaut mieux qu’elle ne tarde pas trop. Alors l’homme lui montre la chambre où dormir et la laisse s’installer. Lui souhaitant une bonne nuit, la blonde se glisse bientôt sous les couvertures, s’endormant rapidement, pour ne se réveiller que bien des heures plus tard. Il lui faut quelques minutes, en ouvrant les yeux, pour comprendre où elle est, pour se rappeler des événements de la veille. Les larmes, les bleus, cette détresse dont Michael a été le témoin, ce repos dont elle avait besoin. Tout lui revenant en mémoire, elle sort du lit et le fait avant de s’habiller, sortant ensuite rejoindre l’homme qu’elle retrouve dans la cuisine.

"- Bonjour. Tu as… Bien dormit ?"

Nous regardons le film en silence, riant parfois devant des scènes incongrues ou loufoques. Je m’aperçois que je n’ai jamais vu ce film, mais que Steve Carell est toujours aussi bon dans ces comédies américaines.
Nous sirotons nos tisanes, profitant de ce moment agréable et tranquille jusqu’à ce que le générique de fin s’affiche à l’écran. Je coupe alors mon installation après que Victoria ne suggère d’aller dormir.
J’ai envie de prolonger, de profiter de ce temps avec elle, d’autant qu’elle ne bouge pas, comme si, elle aussi, souhaitait rester près de moi. Pourtant, je me lève en regardant mon téléphone.

Il est 23h15, c’est raisonnable pour se coucher oui. Dis-je en souriant.

Je l’accompagne jusqu’à ma chambre, lui laissant mon lit avant de lui souhaiter bonne nuit et de refermer la porte. Je retourne alors dans ma salle de cinéma, attrapant un plaid et un coussin dans le salon. Une fois en caleçon, je me couche sur le canapé encore chaud, rêvassant aux moments de la journée les plus étranges de ma vie.
La trouver, nue dans ma baignoire, puis l’accident dans le salon, ce ne sont que des moments bizarres, mais je repense surtout à ce moment où je l’ai vue, habillée d’une simple chemise et d’un short. Une tenue aussi peu glamour et qui, pourtant, la révélait à mes yeux plus charmante que je ne l’avais jamais vue.

A mon réveil, j’enfile un jogging et un débardeur avant d’aller dans la cuisine pour préparer du café. Je me frappe la tête avant de foncer dans la buanderie. J’étends en hâte les habits de la jeune femme que nous avons complètement oublié la veille avant de relancer une machine avec les housses de mon canapé. Je retourne dans la cuisine et, c’est à ce moment que Vicky sort de la chambre, de nouveau habillée de cette chemise blanche et de ce short.

Oui, j’ai bien dormi. Et toi ? Demandais-je en lui souriant. Comment tu te sens ?

La nuit est douce, calme, sans rêve. Reposante. D'un repos dont elle avait copieusement besoin après les émotions de sa journée et plus généralement de sa vie actuelle. Pouvoir dormir sur ses deux oreilles pour une fois, sans craindre un instant que son compagnon à ses côtés ne pète soudainement un câble en pleine nuit, était un luxe dont elle avait oublié le plaisir. Non pas que Paul la réveille régulièrement en gueulant, mais il lui est déjà arrivé de rêver que sa compagne le trompait et de beugler alors dans la nuit sombre, la réveillant en sursaut. Bien sûr, quand il se rendait compte que tout ça n'était qu'un mauvais rêve, il se sentait stupide et s'excusait, mais le mal était déjà fait. Elle avait eu le temps d'avoir peur qu'il ne la frappe, qu'il ne réalise pas que tout ça n'était pas la réalité mais les projections de son cerveau malade et fatigué. D'ailleurs, parfois, même s'il se rendait compte que tout ça n'était qu'un mauvais rêve, il lui arrivait de continuer à crier, affirmant que s'il en rêvait, c'était que quelque part, il y avait dans tout ça un fond de vérité. Elle avait beau lui expliquer que non, il était parfois dur de le convaincre. Dur de lui faire entendre raison.

Quittant la chambre que Michael lui a prêté pour la nuit, portant les mêmes vêtements que la veille, elle le rejoint rapidement dans la cuisine, le saluant comme il s'y affaire déjà. Elle jette un regard à l'heure, surveillant qu'ils ne soient pas en retard et l'aide alors à préparer la table du petit déjeuner en même temps qu'il répond à ses questions, s'inquiétant à son tour de savoir si elle a bien dormi.

"- Très bien oui, merci."

En remarquant le bruit de la machine à laver, elle tourne la tête vers lui, levant un sourcil, réalisant tout à coup qu'ils ont oublié quelque chose en partant se coucher la veille au soir… mettre son linge à sécher. Nettoyer la housse de canapé et la sécher ensuite. Avec le film, ça leur est complètement sorti de la tête.

"- Flûte… Tu crois que ça peut encore partir ? Pour ta housse de canapé ?" demande la blonde avant de reprendre. "J'ai complètement oublié avant d'aller dormir... Désolé..."

Satisfait qu’elle annonce avoir bien dormi, je lui lance un sourire.

Mon lit est, normalement, confortable. Je suis content qu’il te convienne. Dis-je en souriant alors qu’elle venait m’aider à préparer la table. C’est alors qu’elle remarque le bruit du lave-linge.
Elle s’alerte alors de savoir si les tâches peuvent encore partir, s’excusant d’avoir oublié de s’en occuper la veille. J’essaie, en apportant le broc de café, de me montrer rassurant sur ce point.

Oui, ne t’inquiète pas pour mes housses. Ce n’est jamais que du coca, ça part bien. Annonçais-je, confiant, en lui versant une tasse bien chaude. Je fais une petite moue désolée cependant avant de poursuivre.

En revanche, on a aussi oublié d’étendre tes affaires. Je l’ai fait, mais elles sont loin d’être sèches. Avouais-je en m’installant à la table. Si je trouve que cette tenue te va bien, je doute qu’elle soit adaptée à l’agence… Du coup, j’ai pris la liberté de demander à la cheffe que l’on reste en télétravail… Je n’ai rien dit, comme promis, mais elle a bien vu que ça n’allait pas, alors elle à dit “ok”. Du coup, il faut juste que j’aille chercher nos ordis au boulot.

Je me servais une tasse, espérant qu’elle ne m’en veuille pas de cette initiative. Après tout, sa tenue n’était vraiment pas adaptée… Elle était parfaite pour un moment câlin dans un canapé, mais clairement pas pour aller bosser et je n’avais rien d’autre à lui proposer.