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Ezvana
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Ezvana
Ven 10 Mai - 19:21

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


Distante soudain l'ailée qui refuse presque de le regarder dans les yeux. Inatteignable, loin dans ses pensées silencieuses, un pli se formant sur son front, cette façon dont elle a de triturer sa lèvre inférieure. Cela tilt le Loup qui se raidit imperceptiblement. Il en avait trop dit. Il avait trop parlé, désirant trop fortement s'éloigner de ses angoisses en déblatérant sur son espèce. Encore une fois, il s'était ouvert un peu et il prenait une porte qui claquait devant son nez. Il aurait dû retenir la leçon et arrêter de tenter de s'ouvrir ainsi. Peut-être qu'il lui avait fait peur ? A ainsi dénaturer son espèce, peut-être que la méfiance, c'était installé, brisant le lien qui commençait à se former malgré eux. Voyait-elle qui il était vraiment au fond ? Rien qu'une épave qui tente de rester à la surface dans une tempête mouvementée qui se prénomme vie.

Éclat dur dans le regard brun, cette mâchoire qui se bloque dans un étau impitoyable et lui fait mal aux dents. L'envie de fuir, de courir au loin pour s'éloigner de cette créature, de prendre de la distance sur cette journée presque idyllique. Lâcheté écœurante, mais qui lui permet de tenir toujours un peu plus, de braver de nouvelles vagues sans se laisser emporter, mais qui lui donne la nausée à chaque fois. Putain d'éternité à recommencer encore et encore à perdre tout le monde. Par sa faute. Tenter vainement de combattre sa propre nature.

S'ébrouer alors qu'un frisson le parcourt, lui donne la chair de poule. Le poil se hérisse, la respiration lourde exhale un soupir. Machine en fonctionnement qui monte trop vite en température et manque de surchauffer. Pourtant, il ne lâche pas cette main dans la sienne. Des doigts raidis peut-être, mais aucune violence dans cette poigne. Se mortifier avec la violence d'un flagellateur, mais ne pas pouvoir s'empêcher de garder ce contact. Comment pourrait-il partir ainsi ? Laissant la fée seule dans une ville qu'elle ne connaissait pas ?
Et parce qu'inlassablement son cœur répond à l'appel.

Aussi, quand elle parle enfin, il l'écoute. La tête était lourde de murmure de banshee qui ne cessent de le hanter, mais il porte son attention sur son amie. Oreille tendue, il la laisse libérer son cœur meurtri, la laisse absorber sa douleur. Il en perçoit les teintes, les saveurs. Cela passe par une odeur étrange, dérangeante et addictive, celle de la peur et de l'insécurité. Facilement identifiable pour celui qui connaît déjà cette fragrance à la humer jusqu'à en être saoule, épaisse à presque pouvoir la mâcher, celle des bas-fonds et de ses traques. Le museau plongé dans l'horreur, forcer de l'ingurgiter et de s'en satisfaire avec dégoût.

Plus facile pour le Lycan de se porter sur les problèmes de la féerique que sur les siens et puis, il comprend un peu mieux sa réaction. Soulage d’un poids invisible, il respire un peu mieux soudain. Un vague froncement de sourcils, il était encore trop sensible à son environnement.
Alors il s’arrête, se met sur le bas-côté du chemin pour ne gêner personne et plonger son amie dans le secret.
Saisir cette autre main, garder ses doigts dans ses grandes mains calleuses en hésitant sur les mots à choisir. On voyait bien sur son visage baissé qu’il tentait de s’ouvrir, mais que c’était bien difficile.
Puis le regard se relève, plonge dans celui de la nymphe.

- Tu sais, tu me mentiras à nouveau à l’avenir. Et c’est normal. Une voix douce et un peu trop basse de celui qui tente de bien choisir ses mots. Moi aussi, je te mentirais. Pour te protéger, pour me protéger. Parce que je ne peux pas m’ouvrir à 100% pour quelqu’un d’un claquement de doigts. Nous avons tous notre jardin secret.

Un voile qui passe sur ce visage, celui de siècles d’errance, de souffrance, de non-dits. Il y avait parfois des choses que l’on préfère refouler plutôt que de s’avouer qu’on les a vraiment vécus.

- À l’avenir, tente tout de même de me tenir au courant de tes souffrances. Jamais tu ne me dérangeras, jamais je ne te jugerais. Prends appui sur mes épaules, je peux te soutenir.


Quelque chose qui pèse sur les sourcils qui se froncent, un pli de cette bouche trop prononcée. Le regard qui se détourne un instant, alourdit par la peine. Et sans réfléchir, il attrape ce corps et le plaque contre le sien. Ses bras enserrent Pansy, évitant soigneusement cette plaie trop douloureuse. Une main sur la chevelure de nuit pour la tenir contre lui, l'autre dans le bas du dos. Ce visage qui se baisse, ce corps qui semble presque s'enrouler autour de la danseuse en une barrière de chair.

- N'oublie jamais quand tu t'es redressé face au Djinn, te mettant en travers de sa route pour me protéger. N'oublie jamais que tu as décidé de te battre pour récupérer ton aile, que tu as accepté cette aide qui pourra prendre naissance demain soir. N'oublie jamais que tu ourdis contre lui, tu veux t'enfuir de cette prison dorée.

Un instant de silence, suspendu dans le temps. Cacher les yeux qui sont pleins d'une détresse farouche, d'une peine pleine d'empathie. Pourtant, dans cette pression douce et ferme, une tendresse infinie se dégage de ce corps fait pour l'action, sous les muscles tendus et neveux se lit une protection farouche. Une main d'acier dans un gant de velours.

- Et même quand tu trembleras, même quand tu douteras, n'oublie jamais que la faute n'est pas tienne. Ce sont eux les coupables, ce sont eux qui ne méritent aucune compassion. Ce sont eux qui t'ont formé pour penser ainsi, pour ne pas savoir comment réagir. Tu ne sais pas comment faire ? Ne laisse plus tes tourments prendre le dessus. Ce ne sont que les murmures de Monstres qui te veulent entière et s'approprier ta personne.

Une main qui se dégage, vient se glisser sous le menton pour redresser ce visage enfoui contre son torse. Longs cils qui caressent sa peau, regards alourdit par tant de pensées, tant de ressentit. Un tourbillon qui coulisse jusqu'au chocolat trop clair maintenant.

- Je sais. Je les entends aussi. Ces questions, ces chuchotements. Silencieusement, tu te fais du mal à l'intérieur. Tu culpabilises, tu te tourmentes, tu te poses mille questions. Je sais combien c'est difficile, mais il faut apprendre à les ignorer, à passer au-dessus. Ce sont eux qui devraient souffrir, pas toi. Si tu veux commencer quelque part, commence par combattre ces démons. Tu en ressortiras grandi.

La tête qui se penche encore un peu, si près de son visage, de ses lèvres désirables. Enivré, le Loup qui hume son odeur, veut plonger son museau dans les replis de peaux et de chevelure pour aspirer encore un peu de son parfum. Mais surtout une conviction presque brutale qui glisse à travers son regard.

- Tu n'as pas à me protéger. Je peux le faire. Tu crains de ne pas avoir la force de combattre ? Je serais tes crocs. Tu as peur de ne pas endurer ? Je serais ton bouclier. Tu veux t'envoler ? Je serais ton échappatoire. Si tu doutes, pense à tout cela. Accroche-toi de toutes tes forces, même si c'est douloureux. Tu es bien plus résistante que tu ne crois. Je ne connais personne qui aurait tenu tout ce temps dans ces conditions. Moi-même, j'aurais craqué.

Dans l'éclat jaune et fauve luit ce visage tendu vers le sien, miroir de sa propre vision. Elle était louve au cœur de feu, entêté et coriace au tempérament qui s'éveille tel un brasier. Seulement, la solitude l'avait étreint de ses doigts froids et tout comme lui, elle s'était perdue dans la nuit sans lune. Si lui hurlait à l'astre d'argent, elle s'éveillait sous l'astre solaire.

- Un jour, tu chanteras toi aussi pour ton soleil.

Voix un peu trop rauque, un peu trop intense, de cet appel farouche de la liberté. On ne muselait pas impunément un Loup. Il était prêt à mordre pour défendre celle qui était comme lui.
Les lèvres qui se rapprochent pour déposer un léger baiser sur l’arête du nez, évitant volontaire sa bouche. Terrible envie de plus, mais ce n'est ni le moment ni l’endroit. Alors il se recule, laisse ses mains glisser sur la sylphide pour ne pas rompre le contact.

- Je te présente ma surprise et on rentre juste après pour que… tu te reposes.

Que ce fumier ne t’appelle plus.

Lui saisir la main et l’emmener plus loin sur le chemin, se dirigeant d’un pas décidé vers cette serre immense qui était visible depuis le début. Aucun guichet, l’entrée était gratuite et le Loup pousse la porte d’une poussée et laisse entrer Pansy.

- Je te présente la serre du Jardin d’Eden.

Un petit sourire alors que devant, s’étalait une forêt luxuriante. La lumière était tamisée, absorbée par les immenses ramures des arbres aux troncs larges grignotés par d’innombrables plantes grimpantes. Des lianes pendaient çà et là et de la mousse partout, recouvrait chaque rocher, chaque base d’écorce. Des fleurs immenses s’ouvraient dans tous les sens, de toutes les couleurs imaginables, dévoilant leurs cœurs multicolores que des colibris dévoraient avec délice. Des spécimens provenant de forêts magiques arrivaient à tenir ici, extravagantes ou tout en délicatesse, poudre luminescente parfois qui s’échappe d’un pétale. Des lézards attendaient sagement sur les plantes, des petits oiseaux faisaient des allées et retour dans les ailes, caressant de leurs ailes le sommet des crânes des visiteurs. L’air était humide et lourd, permettant une adaptation parfaite pour cette jungle intérieure.
Intérieurement, le Loup espérait sincèrement que cela faisait plaisir à son amie, qu'elle retrouve peut-être cette passion pour la nature.


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Jeu 16 Mai - 16:41

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
Âme en détresse, aux yeux alourdis de peine, faisant le festin du désespoir depuis des siècles. À la moindre fissure, au moindre doute, au moindre chagrin, au moindre soupçon de honte, son être vacillait, se fracassait en mille éclats épars. Elle ne retrouvait pas tous ces fragments, et ceux qu’elle parvenait à réunir restaient imparfaits, mal soudés, rendant chaque reconstruction plus fragile que la précédente. On lui avait promis que ces épreuves la fortifieraient, la rendraient plus brave. Mais en contemplant ses innombrables fêlures, aucun sentiment de triomphe ne l’élevait. Bien au contraire, la fée se sentait engourdie, épuisée, vulnérable ; et si c’était moi qui fonctionnait mal ?

Mais alors qu'elle se noyait une fois de plus dans ses abîmes de torpeur, le loup s'approcha d'elle avec tendresse, désireux de suturer ses fêlures. Sa voix, telle un baiser sur ses plaies, se fit caresse chaude sur son cœur figé par la honte. Elle aurait voulu le préserver de ce spectacle lamentable, mais il avait su dénouer sa langue comme nul autre auparavant.
À ses yeux, il possédait mille et une qualités, et, entre toutes, celle fabuleuse d'inspirer à son âme perpétuellement terrifiée un sentiment de sécurité profonde. C'était comme sentir le soleil pénétrer sous sa peau, écarteler ses côtes pour réchauffer doucement son cœur affolé, apaisant ses battements frénétiques en y ramenant un éclat d'été. Et pourtant, elle ne lui ouvrait pas facilement la porte de son être, rarement même. Ce, malgré la certitude que s'abandonner à lui lui ferait tant de bien. À chaque fois, cela l'avait apaisée, comme en cet instant où il s'empressa de l'envelopper dans une étreinte solide.
Dans un élan avide, la fée se nicha contre ce cœur brûlant de compassion, ses doigts fins s'insinuant le long de ses flancs, plutôt que de s'échouer sur cette parcelle de peau interdite qu'est son dos.  Outre s’y lover, elle s’y accrocha férocement, ne faisant preuve de pugnacité que lorsqu’il s’agissait de ne pas laisser son soleil filer entre ses doigts fatigués. Il l'incita ensuite à s'élever, à rompre les chaînes, à croire en ses forces, et ses paroles bienveillantes la bercèrent tendrement, sa douleur se retirant lentement, telle une marée descendante. Bientôt, le bord de l’eau retrouverait sa quiétude.
Le gardien poursuivit, lui promettant qu’il la protégerait même lors des tempêtes, qu’il essuierait ses larmes, qu’il affronterait les vents, qu’il serait fort tel un roc inébranlable. Elle tremblerait presque, émue par sa dévotion, par cette protection qu’il érigeait sans hésitation tout autour d’elle, mais une crainte persista tout de même au creux de sa poitrine. Elle craignait que les tempêtes, les eaux tumultueuses, ne finissent par l’éroder un peu, beaucoup, et qu’il continue à être aussi silencieux qu’un rocher, quant aux angoisses qui l’habitaient.
Car elle avait décelé, ses regards, fuyants comme des bêtes affolées, ses poings, fermés comme des sépultures scellées, sa mâchoire crispée, ses ongles grattant nerveusement la surface de sa peau, ou encore cette veine pulsant dans son cou à un rythme endiablé. Une nuée d'indices, qui révélaient à demi-mots les angoisses fréquentes qui l'assaillaient. Lui, ne se protégeait pas autant qu'il la protégeait, malgré ses affirmations contraires. Un pacte abominable, scellé avec un djinn, hantait toujours ses pensées.
Et elle pressentait qu’elle effleurait qu'une infime part de lui, telle une pointe émergée d'un iceberg, ignorant ce qui se tapissait au-delà de la surface. Un abîme vertigineux d'angoisses, de non-dits, aux contours indistincts, aux origines nébuleuses. La fée se tenait là, désemparée, face à cet abîme intérieur,  tiraillée entre le soulager de ces fardeaux ou les laisser peser sur ses épaules éprouvées. Elle n'aspirait pas à l'abandonner dans ses tourments, mais pouvait-elle, seulement, le convaincre de s'ouvrir davantage, de libérer son cœur de ces noires vapeurs qui l'asphyxiaient ? Pétrie d'incertitudes, elle gardait ses désirs prisonniers derrière ses lèvres closes, espérant qu'un jour, le courage viendrait, et qu'il la libérerait de son mutisme.

Ses craintes se dissipèrent dans l'air chaud, emportées par les chuchotements doux du loup. Et peu à peu, dans ce cocon de réconfort, l'espoir et la reconnaissance se mirent à fleurir, faisant enfler sa poitrine, se répandant dans tout son être telles des floraisons sous un soleil ardent. L'obscurité, elle, s'étouffait, ne devenant bientôt qu'un lointain et déplaisant souvenir.
De douces émotions s'entrelaçaient en elle, gonflant une seule et même houle, qui étreignit intensément son cœur. Leurs prunelles se nouèrent, pépites brunes et dorées scintillant en unisson pour former une unique étoile. Sylphide noyée dans cet océan d'espérance, dont l'écume emplissait ces prunelles fauves, tandis que chaque battement de son cœur s'allégea peu à peu. L'enchantement l'emporta, et elle chavira au gré d'une pensée : je rêve de ses lèvres sur les miennes.
Que ses lèvres conquièrent les siennes, qu’elles scellent dans un baiser l'éclosion de cet empire d'amour et d'espoir. Mais l'instant suspendit son vol, ces lèvres délicieuses se firent languir tandis que leurs souffles s'unissaient. Elle soupire, la respiration frémissante, son cœur en suspens, capturé dans cet instant où son désir enflammait ses prunelles d'or et faisait vibrer son unique aile.
Et finalement, ses lèvres s'échouèrent sur le nez de la rêveuse, y déposant un baiser empreint de respect et de tendresse. Même si ses pensées avaient erré vers un autre désir, un sourire sincère illumina ses lèvres vides de frustration. Cette douceur la comblait, l'apaisait, l'élevait toujours plus haut, là-haut, vers ces nuages d'espoir.
D’ailleurs, peut-être attendait-il qu'elle vienne se poser à ses côtés, dans ces cieux cotonneux où l’espoir chantait, affranchie de ses peurs, de ses doutes, et ainsi, clamer ses lèvres sans craindre de la perdre. Sans craindre qu'elle se laisse fauchée par ses misères, le condamnant, comme tant d'autres avant elle, à errer dans une solitude sempiternelle. Ou peut-être, tout simplement, leurs cœurs ne chantaient-ils pas la même symphonie. Même pour l’éternelle hésitante, il lui était difficile d'y croire, tant il l'attirait inlassablement à lui, l'enveloppant d'une affection jamais goûtée auparavant, loin des bras froids et vides de ses amants passés. Et si cette fois-ci, elle avait raison d'y croire ?
La grisaille s'était évanouie, laissant place à l'aurore qui, de ses rayons d'or, répandait sa lumière dans les perles de la nymphe d'été. Elle n'entonnait pas encore son chant pour l'astre radieux, mais elle lui ouvrait son être. Puis, les mains du lycan s'aventurèrent sur ce corps qu'il avait rendu fébrile, et elles furent aussitôt capturées dans leur chute par celles de la péri. Doigts graciles effleurant timidement ceux marqués par les lames et les coups, se faufilant dans les creux, en quête d'une fusion, même fugace. Fée, qui savourerait le moindre contact qu'il daignerait lui accorder, mais l'instant se révéla être plus propice aux découvertes qu'aux caresses.

Leurs pas légers les menèrent droit vers l'intérieur d'une serre enchantée, où la nature s'épanouissait avec passion. Les fleurs revêtaient leurs plus éblouissantes parures, s'étirant infatigablement vers la lumière qui emplissait les hauteurs. Leurs parfums enivrants se répandaient en tourbillons délicats, emportant les visiteurs vers des contrées enchantées. Parmi les roses et les lys, les fougères ployaient gracieusement, offrant leur dos aux caresses de l'astre doré. On y découvrait également des lianes florissantes, ainsi que des arches drapées de clématites aux teintes flamboyantes. Dans ce sanctuaire à la lueur nacrée, virevoltaient les ombres des oiseaux chanteurs et des papillons chamarrés. Le lieu portait si bien son nom.
Dans cet éclat d'Éden, les prunelles de la péri s'embrasèrent, éprises par la beauté qui les entourait. Une onde d'émotion submergea la nymphe, son cœur tambourinant dans sa poitrine, sa respiration se faisant plus discrète, comme si elle renaissait au cœur de cet écrin de verdure. Ses douleurs se dissipèrent, abandonnés aux portes de ce jardin enchanteur, tandis que ce lieu partageait des similitudes flagrantes avec son paradis perdu.
La fée, momentanément muette, s'enfonça dans ce cocon de fleurs et de plantes,  sa main toujours enlacée à celle du loup. La nature sembla reconnaître ses gardiens, envoyant en guise de bienvenue une nuée de papillons curieux, qui tournoyèrent autour d'eux. Un sourire sincère éclaira alors le visage de la fée, pendant que le cortège ailé se dispersait peu à peu... Quoi que, pas entièrement.
Une lueur azurée dansait au coin de ses yeux, l'invitant à détourner son regard scintillant vers la source de cette agitation colorée. Ainsi, ses prunelles se posèrent sur la silhouette lupine, dont la main libre servait de perchoir à un petit papillon aux ailes bleutées.

— « Oh, quelle chance ! » s'exclama-t-elle dans un souffle d'émerveillement. « Là d’où je viens, un papillon qui se pose sur toi signifie bonne fortune... C’est si rare qu’ils atterrissent sur autre chose qu’une fleur... »  souffla-t-elle, contemplant l'insecte d'un œil attendri. « Il a l’air de bien s’y sentir… Je peux comprendre pourquoi », ajouta-t-elle d'un regard mi-tendre mi-complice, consciente qu'elle n'était pas l'unique créature ailée à être séduite par lui.

La lumière caressait la peau du loup, étreignant chacune de ses courbes avec l'ardeur d'une amante éperdue. La vie palpitait en lui, et devant cette vision ensorcelante, elle sentit un frisson de d'admiration et de gratitude lui chatouiller l'échine.  Il avait autant su lui révéler la splendeur du monde que celle de son âme.
Des horizons auréolés d'or, des jardins fleuris, des cieux éclatants, toutes ces merveilles palpitaient dans ces prunelles d'ambre. Sa voix portait en elle les murmures des rivières et les échos des forêts profondes. Dans ses bras, sous ses caresses, à chaque souffle échangé, elle ressentait les caresses de l'herbe tendre, les baisers frais du zéphyr. Il surpassait en beauté tous les sanctuaires fleuris, toutes les forêts enchantées, aussi précieux soient-ils pour le cœur d'une fée. Il dissipait ses peines, lui faisait oublier les amours vides autant que les chaînes entravant son être, il était celui qui exaltait la lumière et repoussait les ombres. Et dans sa poitrine, palpitait un flot d'amour naissant, tel un ruisseau de tendresse prêt à déborder de son lit.
Envoûtée et étreinte par la gratitude, par la tendresse, la péri se laissa emporter par ces flots enchanteurs. Dès lors que le papillon s'envola vers les sommets nacrés, ses mains se confondirent avec celles du loup, empreintes de douceur. Dans un élan d'assurance, leurs visages s'effleurèrent, leurs lèvres presque se taquinant, mais l'incertitude figea soudainement son élan.
Elle se souvint de la rapidité avec laquelle il avait fui cette possibilité de bâtir un avenir commun ; peut-être ses doutes, ses craintes, le tourmentaient-ils toujours. Face à cette incertitude, la fée, par égard pour le loup, préféra ne pas troubler son cœur, bien qu'à ses yeux, un baiser ne scellerait jamais leur destin. Toutefois, elle avait appris grâce à certains de ses amants, que ce genre de contact n’était réservé qu’à ceux désireux de construire ensemble un avenir commun, comme une sorte de pacte de chair. Pourtant, nombreuses avaient été les lèvres qu'elle avait touchées avec sincérité, et qui l’ont abandonnée dans les draps encore moites de leurs étreintes.
Ignorant le bord du lycan, ses lèvres se posèrent finalement sur sa joue, gravant sur cette peau rugueuse sa gratitude éternelle et son affection sincère. Puis, sans relâcher les mains qu'elle chérissait tant tenir, ni détourner son regard dans lequel elle aimait tant se perdre, son visage s'éloigna lentement du sien.

— « Nous devrions trouver un endroit pour nous asseoir, juste un peu… » grappiller encore quelques maigres instants avant qu'ils soient contraints de retourner au Nymphéa. « Peut-être que d’autres papillons viendront à toi » ajouta-t-elle, un sourire complice accroché aux lèvres.

Puis la fée l'entraîna alors vers un banc de bois, sous la voûte ombragée des frondaisons. Ses lèvres demeurèrent closes, contemplant les volatiles qui virevoltaient au-dessus d'eux, captivée par leur grâce immuable, enivrée par leurs mélodies si précieuses à son cœur. Puis, ses pensées se mirent à errer au gré des battements d'ailes, se dirigeant naturellement vers le loup à ses côtés.
L'endroit se prêtait aux confidences, à l'intimité, et elle se surprit à penser qu'il était peut-être temps de rompre le silence. Nichée dans ses bras, rassurée par ses paroles réconfortantes, puis au cœur de cette nature luxuriante, elle avait su puiser en elle un brin de courage, une parcelle d'assurance. Et puis, elle savait pertinemment qu'au Nymphéa, la quiétude leur serait refusée. Alors, dans un élan vers l'inconnu, elle décida de caresser du bout des lèvres cette carapace impénétrable qui protégeait le cœur et l'esprit du loup.

— « Comment tu te sens ? » murmura-t-elle, ses prunelles timides s'ancrant sur les fleurs en liesse. « Je veux dire... Tu semblais un peu agité quand tu parlais de ton espèce, comme si tu luttais pour étouffer quelque chose et... J'ai souvent l'impression que c'est le cas... » poursuivit-elle, d'une voix douce et soucieuse.

Elle redoutait de le heurter, de réveiller ses douleurs endormies, mais son cœur lui soufflait de lui tendre ses ailes. De devenir son refuge, sa flamme dans les ténèbres, de lui faire comprendre qu'il pouvait trouver asile en elle s'il le souhaitait. Non pas dans un désir de réciprocité, mais par véritable souci.

— « Tu peux me parler, je serai toujours là pour t'écouter », lui assura-t-elle, lui signifiant qu'il n'était pas seul, qu'il pouvait se fier à elle. « Je ne suis peut-être pas une alliée féroce capable de te protéger de tout, mais je crois être une oreille attentive », ses yeux vacillèrent vers lui, un sourire délicat ourlant ses lèvres.

Si elle reconnaissait une qualité en elle-même, c'était bien celle-ci. À lui de trouver refuge dans ce cœur empreint de douceur ou non, là, dans l'intimité de cette serre parfumée, parmi les oiseaux et les fleurs.
Ezvana
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Ezvana
Dim 26 Mai - 17:31

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


La dévorer des yeux, ne jamais la quitter du regard tandis que les expressions se lisent sur les traits de son visage. Imprimer cette joie sincère dans sa mémoire pour ne jamais l’oublier. Son cœur chante d’allégresse, lui-même ne peut s’empêcher de sourire devant une telle évidence de plaisir. Heureux le Loup qui avait trouvé juste pour ravir sa partenaire de sortie. Un bref instant, il se sent ailleurs, transporté dans un monde ou leurs souffrances n’avaient plus lieu d’être, emporté dans une forêt profonde aux mystères se nimbant de magie. Il n’était plus le Loup solitaire qui erre sans jamais s’arrêter, elle n’était plus la prisonnière d’un magicien trompeur.  

Frisson qui parcourt ses chairs, l’effleure doucement d’un doigt délicat. Battre des cils pour chasser cette animalité qui ne demande qu’à surgir. Pour mieux courir, pour mieux aboyer, pour mieux sentir. Être vivant dans un endroit exaltant, devenir ivre d’émotion pour faire tourner la tête. Avec maîtrise il calme ses ardeurs, il refoule cette excitation. Demain, il pourrait enfin libérer cette part de lui-même.
Dans une immobilité presque inquiétante surgit pourtant un signe d’une douceur étonnante. Petit papillon de couleur qui vient se poser sur son doigt. Étonné, mais ravie, la prunelle trop fauve admire le délicat insecte, le sens à peine dans sa douceur aérienne.
Et les paroles de la féerique sont tout aussi doux.

Relever le regard et rester interdit. Le papillon faisait pâle figure face à aura qui se dégageait de cette créature aussi belle qu’intrigante. Le soleil jouait avec sa peau d’été, ponctuait d’ombre les creux de son visage. Deux soleils ornaient son visage tel de l’or précieux, ourlet de longs cils noir qui balaye ses pommettes. A ses yeux, semblait porter la beauté du monde, icône de puissance et de fertilité comme ses dieux anciens, Gaïa ayant pris vie dans le corps frêle d’une fée.
Cela remue en lui, chaudement. Comme un élan qui lui prend les tripes, cette envie brusquement de se rapprocher d’elle, de parcours sa peau de ses doigts pour en attester de sa chaleur, de plonger son nez dans cette chevelure dansante pour retenir ce parfum envoûtant.
Il la voulait.

La désirer. La posséder. Pas comme on s’approprie un objet, mais comme on idolâtre une effigie d’une divinité oubliée. Elle était le fruit que l’on désire croquer, enfoncer ses canines dans cette chaire pour la faire soupirer, la tenir trop près de lui pour sentir ce cœur trop mortel pour une telle entité. L’embrasser pour ne jamais oublier cette saveur, faire d’elle la moitié qui lui manquait. Elle était la nature sauvage et luxuriante, la quintessence de l’esprit de la nature. Qui ne rêverait pas de sentir son contact, de fouler la même terre qu’elle ?
Pour elle, il confectionnerait une couronne de fleurs, lui apporterait les proies et les fruits les plus délicats. Pour elle, il chanterait son amour et son adoration à la lune qui l’écouterait, attendrit.

Les yeux s’ouvrent un peu plus alors que l’Homme exhale un soupir lourd alors que le papillon s’envole. Jamais encore, il n’avait ressenti de telle chose. C’était beau. C’était effrayant. Le Gardien n’aimait pas l’inconnu et cela le mettait mal à l’aise. Une dualité qui bataille dans son esprit, manque de lui donner le tournis. Quoi faire entre plonger dans cet état si attrayant et fuir un rapprochement trop rapide, trop intense. À plonger son museau dans un terrier sans réfléchir, on se faisait mordre. Et surtout, il ne voulait plus souffrir à cause des autres. Les cicatrices mettaient bien trop de temps à guérir.
À deux doigts de flancher alors que le visage de la fée est près du sien, que cette bouche est si proche qu’il pouvait sentir son souffle. L’envie est furieuse, lui donne des vagues de chaleur intenses le long de la colonne vertébrale. Mais au dernier moment, elle se détourne, dépose un délicat baisé sur sa joue.
Tant mieux. S’il l’avait embrassé, il n’aurait pas pu la lâcher. Impossible de donner une miette, une toute petite partie. S’il donne, il libère toutes ses envies. Et ce n’était pas le lieu.

- Tant que j’ai une fée au bout des doigts, cela m’ira.

Voix un peu trop rauque, paroles délivrées sans même avoir réfléchi tant elles étaient sincères. Tous les papillons du monde ne seront rien face au contact de l'ailé.
Au plus profond de son cœur, cela raisonne.
Ne me lâche pas. Jamais.

Alors il la suit sans rien dire, devient son ombre silencieuse. Elle était libre d'agir, d'aller où elle le désirait. Il lui offrait cette liberté provisoire avec un plaisir évident bien qu'avec calme. Un peu ailleurs, un peu distrait, il se laisse faire. Regarder les oiseaux voleter dans tous les sens, admirer la couleur de la leurs rémiges qui prennent des teintes fantastiques. Le Loup avait le vertige, mais la capacité de voler lui avait toujours paru incroyable. C'était une autre liberté qu'il ne comprendrait jamais, mais qu'il admirait.
C'était peut-être pour cela qu'il trouvait cette mutilation aussi désolante. Un instant, son regard se baisse, camouflant la peine de savoir son amie amputée. Détermination qui alourdit l'ombre de ses sourcils.

Un murmure à peine audible qui le détourne de ses pensées mortifères. Il se redresse lui qui s'était penché en avant sans s'en rendre compte. Nerveux soudainement, comme si elle avait pu lire dans ses pensées le désir insondable qui l'avait étreint. Lui, qui ne se dévoilait jamais, avait l'impression d'être pris la main dans le sac. Un tic où il vient abîmer l'intérieur de sa bouche avec l'un de ses crocs.

- Je ne suis pas un homme calme à l'intérieur de moi. Ici, cela bouillonne. Une main sur la poitrine pour désigner son cœur. J'arrive à me maîtriser grâce à l'expérience, mais je suis… plutôt sensible.

Un chuchotement pour la fin. Cela lui coûtait de se découvrir ainsi, mais il ne voulait pas mentir à la fée. Il savait combien c'était important d'être soi-même dans ce genre de moment, pour elle. Ce n'était pas une virilité mal placée qui lui ordonne d'être un mur et de ne pas savoir pleurer, mais plutôt une protection érigée depuis fort longtemps qui a forgé son caractère et lui sert de bouclier.

- Je suis un Lycan, cela n'arrange rien. Mes émotions sont exacerbées. Alors souvent, je trouve d'autres moyens pour me calmer, l'alcool, la bagarre, les mutilations.

Brutalité de ses mots qui ne sont que le reflet de sa personne. Aucune gloire, aucun honneur. Rien qu'un cœur trop gros qui tente de tenir le coup dans les atrocités de son quotidien.
Se redresser tout à fait et regarder la fée avec intensité. Le brun de son regard semble fondre pour laisser place à l'éclat jaune du Loup. Tendre une main et d'un doigt, il parcourt la peau de son amie, descend de sa joue jusqu'à son cou, jusque-là où la peau est mise à l'air libre.

- C’est comme sentir quelque chose ramper sous ta peau, une caresse chaude qui t’invite à fléchir le genou, à te laisser aller. Cela court sous l’épiderme et chatouille ta chair, t’ordonne de ressentir et d’agir. C’est un ordre impérieux, primaire et sauvage. Nous ressentons ça régulièrement, mais la lune ne fait qu’empirer ce cas. C’est pour cela que je te mets en garde. Nous ne sommes pas des héros venus libérer les prisonniers. Et je commence à comprendre oh combien ton cœur est sensible.

Comme le mien.

Mais cela, il le tait. Ils ne fonctionnaient pas de la même manière, n’ayant pas le même vécu. Mais il comprenait avec tristesse cette façon de s’accrocher aux autres, de tenter de percevoir le beau dans le mauvais, de tenter malgré tout de voir la lumière au milieu des ténèbres. La main recule, évite ce contact comme s’il l’avait brûlé.

- Je sais ce que c'est. Je comprends tout du moins. De vouloir trouver sa Lune, de percevoir des rayons argentés dans la nuit la plus totale. On s'accroche, on espère. Peut-être que lui où elle sera différent(e) et il ou elle emporte un peu de nous au loin d'un air dédaigneux. À force, on se perd.

Une main qui vient repousser les mèches trop longues de son front, se gratter négligemment la joue ou la barbe repousse.

- Comment je me sens ? Nerveux. Instable. Furieux. J'ai envie de plonger mes crocs dans sa gorge. Je veux que l'on s'échappe de son emprise. Je veux être demain soir sous la lune. Je suis exaltée. Je suis agité. Je suis heureux. Car demain, tu goûteras une nouveauté. Et moi, je serais là pour te voir.

La regarder comme on observe le plus beau des tableaux. Un instant, il laisse ses sentiments prendre le dessus et le jaune de son regard semble presque briller de tendresse. On sentait à travers ses prunelles la joie qu'il ressentait à l'idée de la voir s'épanouir dans son univers.

- Je suis troublé parce que jamais je n'ai vécu cela avec quelqu'un. Parce que tu es la plus belle rencontre que j'ai pu faire de mon existence de Loup.

Voix basse, à peine audible mais si intense. C’était un aveu presque balayé pour le bruit des oiseaux, des personnes parlant dans les chemins, mais si profond qu’il traverse les barrières et franchit l’intimité de leur discussion. Lui si avare de mot venait de s’ouvrir de façon presque candide.
Ses yeux vacillent alors qu’il prend conscience de la puissance de ses mots. Détourner le regard pour fuir cette pression, le cœur au bord des lèvres. Pudique, certes, mais c’était surtout qu’à chaque fois qu’il a ouvert son cœur de cette façon, il était mortifié. S’attacher à quelqu’un était synonyme de souffrance. Mais l’envie était là, brûlante et dévorante. Parce que cette fée lui retournait la tête. Parce que rien que son odeur l’enivrait.
Culpabilité aussi, qui s’enfonce sourdement dans sa poitrine. Il ne devait pas donner espoir à cette créature, ne pas alimenter quelque chose qu’ils regretteront. Tous ces efforts n’étaient pas pour l’emprisonner à nouveau, pas de ses sentiments étranges qui flamboient chaque journée passée à ses côtés.
Se frotter le visage avec vigueur comme on brouille des pistes.

- Pardonne-moi… L'effet de la lune est difficile à contrôler.

Reprendre contenance. Vite. Avant que cela ne se voie trop.



Lulu
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Lulu
Ven 31 Mai - 18:50

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
Main plaquée sur la poitrine, il désignait ce volcan qui bouillonnait en secret. La sylphide n’était pas vraiment surprise. À force de l'observer, elle avait décelé ces braises furtives s’échappant de cette montagne au calme trompeur. Elle s’y était déjà brûlée, lors de heurts fugaces où leurs esprits en proie aux incompréhensions s’étaient entrechoqués. Mais elle s’y était surtout réchauffée, se délectant de cette chaleur mordante, de cet espoir incandescent qui jaillissait généreusement de ses lèvres apaisantes, de ses gestes tendres, de ses regards intenses.
Il avait la sensibilité des cœurs écorchés, de ceux dont les souffrances et les craintes se manifestaient en éruptions vives, impossibles à contenir. Il avait la sensibilité d’un rêveur compulsif, s’émerveillant des moindres détails, des plaisirs fugaces et des scènes routinières de la vie quotidienne. Et ainsi, tout naturellement, celle qui partageait avec lui ce petit cœur ardent, l’écouta avec une attention soutenue dès qu’il consentit à lui ouvrir le sien.
Reconnaissante, ses prunelles scintillèrent d'une tendresse abyssale, tandis que son buste se détourna des éclats émeraude pour faire face à la silhouette susurrante. Et lorsqu'il osa évoquer les dérives, les verres vidés, les bagarres tumultueuses, les cicatrices incrustées dans sa chair… Ses prunelles se plissèrent de douleur. Une vague glaciale s'éleva en elle, s'abattant brutalement sur son cœur, noyant son âme dans une mer de tristesse infinie. Mais la nymphe refusa de se laisser engloutir par ces flots dévastateurs ; elle leur résista, ne voulant pas louper ne serait-ce qu'une goutte de ces précieuses confidences. Alors, elle s'efforça de retrouver sa contenance et, surtout, de préserver une lueur d'espoir. Car elle refusait de croire qu'il devait toujours souffrir pour atteindre un semblant de quiétude. Non, elle n’y arrivait pas.

Puis il y eut ces doigts serpentins qui parcoururent sa peau nue, y délivrant une chatouille exquise qui fit frémir son être et adoucit son regard soucieux. De nouveau, elle accueillit les confessions du loup aux yeux fauves. Ils étaient des créatures sans gloire, esclaves des caprices lunaires, éternellement préoccupées par leur survie. Aucune lueur de surprise ne se refléta dans les prunelles de la fée, ni même un frisson de méfiance, de rejet, ou de jugement. Ils s'étaient rencontrés au paroxysme de leur noirceur respective. Elle, avide d’une vengeance sanglante, et lui, prêt à la lui offrir sans ciller. D’ailleurs, aucun des deux n’avait été couronné du titre de héros, surtout lorsque l’horrible vérité leur avait éclaté au visage.
Et pourtant, il l’avait sauvée. En s’enfermant avec elle au Nymphéa, pour devenir sa bonne étoile. En lui consacrant son temps, sans rien attendre en retour. En l’incitant à briser ses chaînes, et en refusant de l’abandonner malgré les nombreuses terreurs qui la pétrifiaient. En sacrifiant sa propre liberté pour qu’elle ne soit plus jamais volée de la sienne. En cuisinant pour elle des repas chauds, en partageant avec elle un bain dans les sources chaudes, en la serrant contre lui lors de nuits agitées, en pansant avec tendresse ses blessures. Et enfin, en lui dédiant une journée entière à ses passions, lui permettant de redécouvrir le monde et ses merveilles. Il l’avait libérée autant qu’il lui avait sauvé la vie, et cette certitude n’était pas le fruit de chimères d’un cœur sensible, mais bien de réalités capables de faire fondre le cœur même du plus endurci des prisonniers.
Mais peut-être s’était-elle égarée, âme en dérive s’agrippant à lui comme à n’importe quelle amarre, ignorante du port où son cœur, trop candide, cherchait asile contre la tempête. Elle le savait bien, hélas, que son palpitant était trop sensible, qu’il avait été le sanctuaire d’une nuée de chimères, le tombeau de maintes désillusions. Mais cette fois-ci, cette fois-ci, il battait d’un rythme différent, non submergé par ces émois fugaces, vains et vides. Oui, elle se sentait enveloppée par une étreinte plus douce, dont la poigne était animée d’une force monstrueuse, solide. Une tendresse profonde comme une mélopée suave, qui l’enlaçait tendrement et lui offrait une paix autant bienvenue que longtemps attendue.
Durant toute sa longue existence, elle avait été privée de choix. Poupée aux articulations rongées par les fils, aux oreilles plus attentives aux désirs des autres qu’aux siens. Mais pour une fois, elle choisit de les écouter, le cœur confiant, l’envie de se fier à son instinct fragile, à sa propre vérité… Et pourtant, il y avait une dissonance, comme une mélodie qui fait grincer les dents. Pourquoi semblait-il l’inviter à la méfiance ? Pourquoi sous-entendait-il que ses sentiments n’étaient peut-être que le fruit d’une énième errance ? Et si c’était lui, accablé par ses propres doutes, qui essayait de créer en elle un reflet à ces derniers ?
Alors ses frêles épaules se redressèrent, ses yeux perdus dans le vague s’accrochèrent à cette silhouette aimée, devenant alors aussi solide que cette dernière. Sans peur, elle jeta son ancre dans l’océan de ses propres sentiments, prête à s’y établir, à faire confiance à ses propres abîmes. Et tant qu’il ne la rejetterait pas, la fée ne cesserait de sonder cette tendresse infinie qui emplissait sa poitrine.

Emportée par les mots du loup passionné, la sylphide s'extirpa peu à peu de ses méditations intérieures. Il lui murmura alors ses désirs brûlants, lui confia les émotions qui bouillonnaient en lui. Prêt à arracher leur liberté à pleines crocs, il s'impatientait à l'idée d'errer à ses côtés sous les lueurs d'une lune tendre. À l'évocation de cette nuit, de ce rêve, un sourire franc étira ses lèvres. Elle se languissait de retrouver la lueur lunaire, de se fondre dans ses éclats, de renaître sous cette ronde d'opale. Curieux comme son soleil adoré ne serait finalement pas le premier à assister à sa renaissance, mais l'astre d'or ne serait pas très loin de son adoratrice ; il brillerait là, aux creux de ses prunelles sauvages, ses rayons s'étalant jusqu'aux coins de ces dernières.
Dans un élan de tendresse, sa main gracile s'échoua sur le dos de celle du coureur de lune, l'enserrant avec douceur, les yeux plissés de joie. La réciprocité était évidente, et pour une fois, ses lèvres restèrent scellées, s'essayant alors au langage lupin ; celui des gestes tendres, celui des regards appuyés. Elle lui avait promis qu'elle s'essaierait à parler sa langue, et la voilà qui lui présentait ses premiers mots, ou plutôt, caresses.
Et puis, il déversa de nouveau sa tendresse, et cette fois-ci, plus abondamment encore. Les sentiments bouillonnaient dans sa poitrine, la tendresse l’étreignant avec la douceur d’une brise caressant une vaste plaine sauvage. La réciprocité était là, palpitante, vibrante, telle une mélodie secrète que seuls leurs cœurs reconnaissaient. Une mélodie pure, sans dissonance, qui n'avait nul besoin d'être chantée de vive voix tant il pouvait la deviner dans le scintillement ému du regard de la fée, l’entendait à travers les pulsations frénétiques de son cœur sensible, la percevait au creux de sa paume tremblante. Lui aussi, était pour elle la plus belle rencontre.
Depuis qu’elle avait été arrachée aux siens, à sa forêt adorée, pour être jetée dans les tréfonds des douves glaciales d’un palais sans âme. Auprès de lui, elle retrouvait la douceur des brises matinales caressant les cimes des arbres, la chaleur du soleil embrassant la canopée de sa lumière dorée. Il était la forêt qui l’avait vue naître, la rosée du matin perlant sur les feuilles assoiffées, les premiers rayons du jour faisant éclore les fleurs, l’écho lointain des chants d’oiseaux perdus dans le ciel bleu.
Mais il était à la fois cette brise douce et la plus féroce des tempêtes, dont les vents déchiraient le calme des forêts. Et pourtant, c’était au plus près de ce cœur pur et sauvage qu’elle trouvait la paix. Là, qu’elle découvrait son ancrage, son refuge, le chant perdu de sa forêt. Elle était prête à offrir sa chair dorée au guerrier de la nuit, pour que son ventre ne connaisse plus jamais la faim. Elle le laisserait mordre sa peau avec une fièvre câline, et le laisserait glisser jusqu’à son cœur afin qu’il n’en fasse qu’une bouchée. Qu’il dévore, qu’il s’approprie cet écrin riche et sensible, le fief intime de tout ce qu’elle avait été, de tout ce qu’elle est, et de tout ce qu’elle sera. Et elle serait prête à suivre cette tendre furie même dans les nuits les plus glaciales, pour danser et chanter avec lui sous les yeux de sa bien-aimée lune.
Voici le chant du cœur babille, qui sublimait les yeux de la péri comme nulle autre émotion, et qui la poussa à avancer sa tête vers sa silhouette, prête à se livrer toute entière à lui. Elle nicha alors sa tête au creux de son cou en un signe de confiance et de complicité. Jamais ne s’était-elle sentie autant aimée, ni autant désireuse de rendre toute cette affection qui faisait bouillir son cœur.

Et soudain, un abîme béant se creusa entre eux lorsque le corps du loup fut saisi d'une étrange convulsion. La fée, troublée, le contempla, son inquiétude croissante assombrissant ses traits délicats, tandis qu’elle sentait le sol se dérober insidieusement sous ses pieds. Son ami, dans un murmure empreint de regret, implora son pardon, confessant que l’astre lunaire avait ensorcelé son esprit.
Malgré le velouté de ses mots et la vérité qui se lovait dans ses excuses, une fissure invisible et profonde se creusa lentement dans le palpitant de la fée, autrefois débordant de confiance et de tendresse. Dans son regard, désormais terni, se reflétaient la vastitude de sa désillusion, de sa peine.
Lentement, à l’instar d’une fleur se repliant pour se préserver du froid cruel de l’hiver, la sylphide ramena sa main contre elle et s’éloigna du loup. Sa posture, jadis gracieuse et assurée, se disloqua sous le poids de cette confession fatale. Plus discrètement, son aile restante se replia sur son dos, cherchant à protéger son être des souffrances.

— « La lune, tu dis…? » murmura-t-elle d’une voix faible.

Elle aurait dû s’en douter.
Et son regard, qui autrefois le dévorait de tendresse, s'empressa de le fuir pour se réfugier parmi les frondaisons des arbres alentour, y cherchant un réconfort illusoire. Le silence qui s'installa subitement fut pesant, chaque seconde se muant en une éternité. La péri s’efforçait de contenir ce cœur toujours trop bavard, battu d’émotions vives, sa silhouette crispée par une douleur silencieuse. Chaque battement ravivait des blessures anciennes, infligées par des amants disparus et dont les voix se mêlaient à celle du loup dans un chant uni.
Elle se remémora l'instant où, d'un souffle chaud, il lui avait confié qu'elle serait une partenaire idéale, et ce, avant de s’enfuir, de détourner la conversation, comme si ces paroles n’auraient jamais dû être prononcées. Et puis elle se souvenait de son invitation à la méfiance, et cette l'impression qu'il avait donnée d'être en proie à ses propres doutes. Elle aurait dû comprendre la vérité à peine cachée, le message sous-jacent. Mais, comme aveuglée par ses propres chimères, elle avait préféré se perdre dans des rêves enchantés, dans ces pseudo-réalités tissées par ses émotions autour de son esprit confus, la poussant à ignorer sciemment les avertissements de son ami.
Encore une fois, une énième fois, elle s’était trompée. Et elle faisait peser le fardeau de ses erreurs sur son interlocuteur, condamné à un lourd silence.
La fée jouait nerveusement avec ses doigts, ses ongles griffant ses cuticules comme pour apaiser sa peine. Autour de ses mains agitées, des papillons voltigeaient sans jamais se poser, effrayés par tant de trouble. Les mots, prisonniers d'une gorge trop serrée, s'entrechoquaient, hésitants, tandis qu'elle puisait au plus profond de son être le courage nécessaire pour dissiper la grisaille qui l'assaillait. Elle se refusait à souiller cet écrin de beauté par ses larmes, à étouffer le loup sous le poids écrasant de son chagrin.

— « Les oiseaux sont beaux », souffla-t-elle d'une voix distante, comme si elle cherchait à s'extraire de sa mélancolie.

Elle tentait de masquer, sous le voile de l'émerveillement, les éclats de douleur qui la poignardaient, de rompre le silence en vantant les plumages éclatants des volatiles alentour. C'était là tout ce qu'elle avait trouvé pour fuir cette tristesse imprévue. Mais alors, comme pour la rappeler à un funeste présent, un oiseau plongea, son bec acéré perçant impitoyablement un fragile papillon. Ce même papillon qui, plus tôt, dans ses gracieuses envolées, avait tenté de se poser sur ses mains anxieuses, et qu'elle avait chassé d'un geste nerveux. Le bruit des ailes broyées, ce vol interrompu brutalement, résonna en elle tel un coup supplémentaire.
Non, ce n'est rien, ce n'est qu'un oiseau affamé, suivant ses instincts, se murmura-t-elle pour apaiser son esprit inquiet.
Elle détourna le regard, cherchant frénétiquement une nouvelle distraction, ses prunelles enfiévrées par l'agitation. Et c'est alors qu'elle se souvint des paroles du loup, évoquant les instincts implacables de son espèce.

— « Dans la nature, il n’y a ni héro, ni vilain et encore moins des prisonniers… » commença-t-elle, une légère inspiration soulevant sa poitrine. « Juste des êtres agissant selon leur propre nature, loin des codes moraux créés par l’humanité… »

Elle se souvenait de ces chaînes invisibles qui avaient su la faire fléchir, elle et ses sœurs ailées. Leur monde, leur essence même, avaient été violées par la force brute et la peur. Elle se rappelait, l'âme amère, des violences subies, des cris de terreur de ses aînées brisées, humiliées, contraintes d’abandonner leurs rites, leurs instincts et leurs croyances pour espérer entrevoir de nouveau la lumière de l’aube. Les anciens rituels, les danses sacrées, s’étaient dissipés sous l'oppression humaine, mais parfois, ces visions ressurgissaient timidement dans les rêves de l’ultime survivante.
Cependant, malgré ces réminiscences, elle redoutait de ne jamais pouvoir raviver cette flamme sacrée. Et si elle s'était éteinte à jamais ? Que restait-il d’elle alors ? Ni tout à fait humaine, ni tout à fait péri. Où était-elle censée errer ? Saura-t-elle mieux survivre dans l’ombre des forêts ou dans la clarté des villes ? Ses doigts se crispèrent, et ses prunelles inquiètes se posèrent sur eux, cherchant en vain une réponse dans ces mains qui avaient autrefois recueilli d’anciennes prières, mais qui, désormais, ne trouvaient que le vide.

— « Souvent, » reprit-elle d’une voix discrète, « j’ai l’impression de retrouver en toi cette pureté perdue, cet instinct sauvage qui me rappelle des temps plus doux et heureux. C’est d’ailleurs l’une des premières choses qui m’a frappée lorsque j’ai pu te regarder d’un peu plus près. »

Son cœur serpenta peu à peu vers la paix, apaisé par cette vérité rassurante. Depuis qu’elle le côtoyait, la nature semblait lui murmurer de nouveau. Et alors, elle se languissait de le voir courir sous la lueur douce de la lune, d’entendre ses hurlements se fondre dans l’obscurité, convaincue que ses forces primaires renaîtraient à la vue de cette créature libre et fière.

— « Et j’ai également la sensation, » ajouta-t-elle, ses doigts crispés se déliant peu à peu, « que grâce à toi, je pourrais peut-être renouer avec mes instincts, retrouver mon essence même. Mais parfois, je sens que tu tentes de museler ta vraie nature… Je le vois dans les crispations de ton corps et dans les éclats de ton regard. J’espère que ce que je vais te dire t’aidera un peu… » ses prunelles s’ancrèrent de nouveau sur lui, scintillant tendrement. « Sache que tu n’as rien à craindre, si tu agis selon ta nature en ma présence. Mes ancêtres vivaient en harmonie avec les tiens, je ne vois pas pourquoi ce serait différent pour nous. »

Jamais elles n’avaient été leurs ennemis, à l’instar des vampires et autres prédateurs. Jamais non plus elles n’avaient été leurs proies, malgré ce que certains sorciers tentaient de faire croire. Ils avaient su cohabiter, s’entraider pour préserver leurs lignées respectives. Elle se souvenait toujours de cette aïeule qui lui murmurait qu’elle les rencontrerait dès qu’elle serait en âge de mêler son sang au leur.
Pourtant, elle doutait que leur relation prenne cette tournure, c’était du moins ce qu’elle avait compris. À moins que la lune ne l’égare à nouveau.

— « Tu peux te sentir libre de me transmettre tes codes, et je ferai de mon mieux pour les apprendre, » susurra-t-elle, le regard assuré. « J'essaierai d'en faire autant si les miens me reviennent, » conclut-elle, ses lèvres se dessinant en un sourire tendre et léger.

Elle osait espérer que cette flamme n'était pas entièrement éteinte, et que cette prochaine lune aux côtés du loup, l’aiderait à la retrouver.
Ezvana
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Ezvana
Ven 7 Juin - 20:09

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


Le nez s’agite, remue discrètement alors qu’il gonfle ses poumons à se faire craquer les vertèbres. Une tension dans l’air, un silence pesant qui s’éternise et qu’il ne comprend pas. Alors il tente vainement de trouver des réponses, mais impossible d’en trouver.
Distante, de ses doigts qui se triturent, de ce visage qui se détourne et le Loup ne peut plus s’abreuver des deux soleils. Alors il baisse la tête, laisse les mèches sombres danser sur son front. Il en avait trop dit, il s'était trop ouvert. Et déjà, à travers les plaques superposées, il sent une faille dans son cœur, une fissure dans son palpitant qui fait une embardée. La douleur est là, brûlante et terrible, tel un doigt qui venait caresser le muscle et l’ouvrir en deux.

Les sourcils se froncent sous le poids de la souffrance, un rictus agite la lèvre d’une grimace sauvage. Il avait espéré secrètement qu’avec elle, ce serait différent. Impossible pour lui de ne pas s’attacher à une telle créature si pure dans un monde ignoble, si naïve dans une réalité néfaste. Boule de lumière qui avait été un phare dans la brume, plongeant dans la mer agitée sans se soucier de savoir s’il allait vraiment couler. Encore une fois, il n’avait pas fait asse attention, si c’était une mer sous lui ou une simple rivière. Peut-être qu’enfin, il pouvait s’enticher de quelqu’un, de désirer une présence sans être muselé. Lui qui fuit le moindre contact tel un animal sauvage, voulait au plus profond de lui-même une main douce pour venir le caresser et apaiser ses craintes. Il mordait facilement, grogner comme un furieux et pourtant le désir d’amour était toujours là. Il a tenté mainte et maintes fois de le chasser, de le déchiqueter de ses crocs en plongeant dans l’horreur. Il était si aisé de plonger le museau dans les affres des bas-fonds, de remuer la vase putride d’immondice ignorée par tout le monde. Il s’en était gaver jusqu’à en vomir, jusqu’à être à deux doigts de perdre la raison.
Mais jamais l’espoir n’avait quitté son âme.

Et voilà. À nouveau, il tentait de s’ouvrir et il souffrait. À nouveau, il essayait de laisser apercevoir qui il était derrière toute cette hargne et il est rejeté. Le cercle infernal ne c’était pas arrêter devant le sourire de la fée. Comment réfréner cette attirance presque magnétique ? Ses doigts le démangent, il veut qu’elle se tourne vers lui, il veut entendre sa voix.
Je t’en supplie, ne m’ignore pas.
Insulte-moi, déteste-moi. Mais ne reste pas cloîtré dans le silence. Le silence m’est insupportable. Il me hante, me colle à la peau et me plonge dans mes souvenirs les plus terribles.

Yeux hagards, les canines qui s’enfoncent dans les muqueuses de la bouche, le sang qui macule sa langue. Impossible de desserrer la mâchoire, il ne fera pas le premier pas. Il était blessé et il préférait rester dans son isolement plutôt que de perturber la danseuse. Un instant il relève le regard, tente de trouver une échappatoire à cette tension nerveuse qui le mettait mal à l’aise.
Puis des mots s’extirpent de la bouche de son amie et avec une rapidité qui l’écœure il se raccroche à sa voix tel un soiffard à sa dernière bouteille d’alcool. Elle se veut rassurante, bienveillante. Mais l’ombre ne quittait pas le regard du Loup.

- Trop humain pour être Loup, trop Loup pour être Humain.

Des paroles presque crachées d’une joie teintée d’amertume. Pourtant, ses iris se braquent sur la fée, la harponnent avec intensité. En lui, cela bouillonne à nouveau, vagues qui menacent de faire sauter toutes les soupapes de sécurité.

- Je ne suis pas pur. Je ne suis pas la bête sauvage pleine de beauté que tu imagines. J’ai été attrapé, j’ai été muselé. On m’a emprisonné, on m’a bafoué. J’ai été modelé pour convenir à mon travail. J’ai trempé dans des affaires que tu ne peux même pas imaginer. J’ai ôté des vies de mes mains, de mes crocs et ce n’était pas toujours la gorge de mauvais.

Hargneux dans l’expression de son visage, il s'était penché vers la danseuse, la surplombant peu à peu de son corps. Le jaune était incisif, tel du soufre en ébullition.

- Me sentir libre ? Qu’imagines tu de moi ? Que suis-je dans le reflet de tes pensées ? Dis-moi, que vois-tu quand tu me regardes ? Ta vision est troublée par tes espoirs. Je suis un monstre comme un autre. Si tu me connaissais vraiment, tu te détournerais de moi.

La voix qui se brise à la dernière phrase. Seule, isolé. Abandonné par tous.
Abandonné.
Abandonné.
Abandonné.

Les sourcils sont baissés par la peine alors que la bouche s’entrouvre pour essayer d’inhaler un peu plus de cette odeur qu’il désirait tant, lui qui s’avançait toujours plus vers ce corps qui ployait en arrière, cette image du loup tenter de croquer dans l’agneau effrayé.

- J’ai tout à craindre avec toi. Parce que tu es la faille à mes protections. Parce que je ne veux plus souffrir à cause des autres et que tu es un éclat de lumière qui a percé les ténèbres qui m’entourent. Je veux te connaître, toi le feu follet perdu.

Voix trop lourde, de son souffle et des sous-entendus. Le Loup perdait pied. De son regard incandescent il aurait pu dévorer la peau de la danseuse, c’est presque si on le voit se pourlécher les canines.

- Furax ?

Son de cloche qui arrête subitement le plongeon et le Gardien se relève brusquement, se détourne de la fée pour émettre un grognement sur celui qui avait osé l’interpeller. Un homme était là à quelques mètres d’eux, plissant les yeux devant cette vision pour le moins insolite. A croire qu’il avait agit ainsi pour arrêter cette scène.

- Xéros ?!

Les yeux qui s’écarquillent alors qu’il reconnaît cette tignasse d’un bleue sombre, l’éclat pâle du seul œil encore valide, une longue cicatrice barrant la moitié de son visage et rendant le deuxième globe oculaire vitreux. Se relever brusquement et s’approcher, dominant cette présence de toute sa stature alors que nouveau venu était petit de taille. Les bras se tendent et les mains viennent saisir les avant-bras dans un salue étrange alors que des sourires venaient étires leurs bouches et que des exclamations de joies venaient troubler la quiétude de l’endroit. Une véritable joie semblait émaner du Lycan, lui d’ordinaire si distant avec tout monde.

- Mais que fais-tu ici ? Tu ne devrais pas être à l'autre bout du pays ? Et Lili ?

- Elle est juste derrière, elle s'est arrêtée sur une fleur, tu l'as connait. Et disons que la vie nous à ramené ici.

Le mercenaire ne comprend pas, mais ne pose pas plus de questions. Il recule de quelques pas et tend le bras pour présenter la danseuse.

- Je te présente Pansy, une amie à moi. Pansy, voici Xéros, le seul Loup Alpha que j'aurais voulu suivre de toute ma vie.

- Cesse de me flatter ainsi, on sait tous que tu es incapable de suivre les directives correctement.

Un sourire qui vient adoucir les paroles alors que le Loup-garou s’approche de Pansy et saisit ses doigts avec délicatesse pour les embrasser.

- Heureux de rencontrer une personne capable de supporter la compagnie d’un tel énergumène.

Discrètement, il hume, tente de percevoir des notes à travers le parfum de la danseuse. Quand il se re redresse, il jette un regard en coin à son ami qui secoue la tête presque imperceptiblement. Non, elle ne portait pas son odeur. Non, elle n’était pas à lui.
Fin et nerveux le Loup qui recule d’une distance raisonnable. Sensible aussi, à ne pas envahir l’espace vital de cette inconnue et ne pas troubler son ami Loup. Il était évident qu’il était attaché à cette créature et ne voulait pas déclencher une possession quelconque.

Le froissement de tissus qui fait tourner les têtes et une elfe noire approche, grande presque autant que le Gardien, elle arborait un doux sourire. Sa peau, d’un violet pâle semblait presque irradier dans un tel environnement, ses longues oreilles pointues vibrantes de contentement. Sa longue robe ne pouvait cacher l’évidence de ce ventre rond et tendu.
Le gardien se fige, osant à peine respirer fixant cette partie du corps de la femme sans pouvoir détourner le regard.

- Lili… Vous avez réussi ?!

Une voix douce, tremblante. On ne savait pas si c'était la joie ou l'inquiétude qui vibrait dans son intonation.

- Moi aussi je contente de te revoir Furie. Cela fait quoi, dix ans ? Plus ?

Elle arbore une douceur déconcertante et s'approche de la fée et s'assoit à côtés de Pansy en poussant un discret soupir de soulagement avant de poser ses doigts sur ceux de la danseuse.

- Je suis honoré de rencontrer une fée, vous êtes si rare. Je me prénomme Lita'zia, je suis une Drow, une elfe noire, prêtresse de la Lune. Mais je suis avant tout la Louve de Xéros.

Créatures rares, rejetées. Les elfes noires sont pleins de mystères et de nombreuses rumeurs court à leurs sujets, souvent teinté d'horreur et d'effroi. Distants, dédaigneux, ils sont une race effacée du monde, préférant les créatures des forêts profondes et surtout loin des autres. La magie coule en eux, souvent doués d'une sensibilité à celle-ci qui leur permet de saisir certaines choses. La preuve en était le fait qu'elle ait tout de suite senti la vibration magique de Pansy et ainsi reconnaître son espèce.

Pourtant Lili avait une aura tendre, et même son sourire ,teinté de tristesse était, celui d'une mère aimante plutôt que d'une guerrière téméraire.

Furax lui, ne quittait pas du regard cette main posée sur celle de la fée, comme s’il s’attendait à y voir crépiter des étincelles d’argents. Il avait confiance en elle, elle était une exception rare à sa race, mais c’était autre chose qui le retenait. Ce n’était pas pour rien qu’il ne l’avait pas touché à son arrivée.

- Je sens ta sensibilité, Pansy. Je sens ta douleur.

Elle semblait touchée au plus profond de son être, comme dévasté par ce qu’elle percevait chez la danseuse. Evidence mit au jour qu’elle était doué d’empathie et que son toucher lui permettait de ressentir certaines choses.

- Je peux te soulager un peu si tu le désires. Soulager le feu qui te consume. Je suis une prêtresse de la Lune, je peux apaiser la fièvre.

Ses yeux d’une bleue troublant cherchent la réponse sur le visage de Pansy. Soucieuse de son bien-être, elle ne voulait visiblement pas blesser la fée d’une quelconque manière.
Le gardien lui, détourne un instant le regard, troublé de savoir son amie si mal. Elle cachait son mal-être avec la facilité de l’habitude et il aurait aimé que ce soit lui qui possède des pouvoirs lui permettant d’apaiser les maux.


Lulu
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Lulu
Dim 9 Juin - 20:15

Pansy
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Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
Le courroux du loup résonna tel un orage violent, déchirant les cieux lourds de nuages. Ces nuages cotonneux, amoncelés par les tendres effluves d'un cœur qui s'était trop prestement confié. Avec facilité, elle livrait son amour, dissimulant ses blessures, montrant la splendeur plutôt que cette fange qui frémissait sous sa peau, et ce, jusque dans les replis de son organe intime.
Aveuglée par sa fervente admiration, elle n'avait pas vu les nuages enserrer le loup, n'avait pas entendu ses paroles candides se muer en coups de poignard. Sanglants, tranchants, impitoyables.
Et pourtant, la sylphide aurait pu déceler ces mauvais présages ; le regard clair du loup s'assombrissant subitement, ces éclairs de douleur qui secouaient son corps, cette pluie amère qui faisait trembler ses lèvres. Elle s'était abandonnée à la candeur de son affection sincère. Alors, la confusion l'envahit devant ce fracas soudain, et la voilà, qui ne comprenait plus rien.
Sous ce regard incandescent, elle sentit ses forces la quitter, tandis que les coups de tonnerre déchiraient ses pensées. Une marée de peur submergea son cœur, et sa poitrine se serra, s'efforçant en vain de contenir ce déluge. Ses mains tremblaient, la terreur dansant dans son regard désolé. Et soudain, elle redevenait cette enfant égarée, honteuse, terrifiée, devant la rage d'un être plus grand, plus menaçant qu'elle.
Elle voudrait fuir, se cacher, disparaître à jamais. Non pas seulement par peur, mais aussi par honte. La culpabilité la frappait sans répit, les remords la déchiquetaient sans pitié, son cœur lui faisait atrocement mal. Sa silhouette se recroquevilla alors, croulant sous une tristesse infinie, étouffée par ce dégoût violent qu’elle nourrissait à son propre égard. Elle l’avait blessé si profondément qu’il avait perdu pied, lui, qui n’était pas un louveteau esseulé, incapable de maîtriser ses émotions. Elle l’avait contraint à dévoiler ses crocs, à exhiber toute sa férocité, pour lui rappeler la vérité cruelle. Et malgré tout, elle ne parvenait pas à l’absorber entièrement. Ce n’était pas ce loup qui s’était blotti contre elle la nuit dernière, qui l’avait emmenée au cœur d’un Eden.

Et d’ailleurs, si lui ne pouvait espérer posséder une once de beauté malgré les atrocités endurées, ceci révélait une autre vérité amère la concernant, et qu’elle ne pouvait assimiler. S’il était un monstre de cruauté, elle était un monstre de crasse. S’il n’y avait aucun espoir pour lui, il n’y avait aucun espoir pour elle non plus.
Elle sentit les éclats d'un rêve brisé la transpercer, la honte d'avoir osé croire en un salut illusoire, et surtout, d'avoir touché une plaie qu'elle n'avait pas vue. Wraith n'avait pas toujours menti, surtout en ce qui la concernait ; elle était une idiote, et son seul intérêt résidait dans le creux de ses cuisses. La plupart de ses amants n’étaient-ils pas partis dès qu'elle avait ouvert ses lèvres pour faire autre chose que leur offrir de doux vertiges ? Rien de bon, rien d'intéressant n'en était jamais sorti. Quant à ceux qui s'étaient accrochés un peu, n'étaient-ils pas partis dès que les effluves de l'alcool, du désespoir, et maintenant ceux de la lune, avaient cessé d'enchanter leurs esprits confus, inondant leurs bouches de douces déclarations ? Faible d'esprit, elle y avait cru une fois de plus ; que l'amour n'était pas un mirage, qui engloutissait autant les autres qu'elle-même.

— « Je suis… Je suis désolée, désolée… Désolée… Je ne… Ne voulais pas te blesser… » bredouilla-t-elle, la voix étranglée par le chagrin.

Les premières larmes chaudes commencèrent à dévaler ses joues, malgré sa promesse de ne pas souiller l'Éden de sa tristesse. Cette fois-ci, elle ne pouvait plus la contenir. Sa silhouette se recroquevilla davantage sous le poids de la culpabilité, tandis qu'elle disparaissait entièrement dans l'ombre du lycan blessé. La sylphide n'avait jamais su apaiser un cœur enragé, si ce n'était en se vouant une honte plus intense encore que celle qu'elle inspirait à ceux qu'elle avait insultés.
Tandis que ses ongles s'enfonçaient impitoyablement dans sa chair, le loup lui décocha une série de questions meurtrières, suivies d'une affirmation implacable à ses yeux : elle avait été aveuglée par ses espoirs. Ces mêmes espoirs qui lui avaient insufflé la force de survivre à cette journée, à l’agression de la veille, à désobéir pour la première fois à Wraith.
Enfin, lorsqu’il lui assura qu’elle le fuirait si elle le connaissait réellement, entre deux sanglots, elle secoua la tête, exprimant un refus résolu.

— « Je ne me détournerai pas de toi… Tu as tort » osa rétorquer la révoltée de sa voix brisée, levant vers lui ses prunelles embuées pour affronter le regard incandescent du loup.

Elle aurait voulu crier son indéfectible loyauté, mais la tristesse l’étranglait. Car elle se souvenait de ses nuits sans étoiles, que son éclat à lui avait illuminées. Car elle se souvenait de ces jours sans soleil, mornes et sans joie, que sa chaleur à lui avait réchauffés. Car elle se souvenait du respect qu’il lui avait témoigné, et qu’elle chérissait comme le plus précieux des trésors. Car elle se souvenait de la sécurité qu’il incarnait, lui offrant une paix au-delà du concevable. Car elle se souvenait de la liberté qu’il lui avait octroyée, ne serait-ce qu’un jour, lui permettant de revoir sa nature bien-aimée. Car elle se souvenait de cette amitié qu’il lui avait donnée, malgré l'ombre menaçante de Wraith planant constamment au-dessus de sa tête. Car elle se souvenait qu'il avait été le premier à ne pas la réduire à un vulgaire objet de contemplation, mais à la voir comme un être entier. C’était bien auprès de ce monstre, qu’elle avait trouvé la liberté, la lumière et l’espoir.

— « Tu as été le premier à ne pas me laisser seule, à ne pas m’oublier… Et tu as été le premier à me faire découvrir tant de splendeurs que je n'aurais pensé réelles », murmura-t-elle, incapable de tout énumérer tant sa douleur l'enserrait. « … que je ne pourrai jamais t’abandonner… » acheva-t-elle, résolue et ferme malgré la terreur grondante face aux crocs acérés.

Elle voulait qu'il sache, qu'il comprenne, qu'il sente, que jamais elle ne le fuirait, que sa présence serait éternelle à ses côtés. À moins que lui-même ne rompe le lien. Et même en son absence, sa mémoire chérirait à jamais les doux instants qu'ils avaient partagés.
Puis il lui cracha des mots lourds de sens et de craintes, et les prunelles de la sylphide s'adoucirent, laissant place à un pâle soleil. Elle le contemplait avec une tendresse teintée de fragilité, voyant sa douleur, cette vulnérabilité qu'il osait exposer, et qui éveillait en elle une compassion sincère. Et ce, même si ses crocs menaçants luisaient au soleil, tout près de sa peau dénudée. À cet instant, il n'était plus pour elle un loup féroce, avide de la peur qu'il pouvait inspirer à une proie, mais un être aussi effrayé qu'affamé par une faim grandissante. Et si la lune n’y était finalement pour rien ?
Mais au plus profond de son cœur, une pointe d'amertume subsistait, empêchant l'espoir de triompher. La fée baissa le visage, retrouvant son air honteux. Elle ne ressentait pas ce feu, aussi ténu soit-il, que lui percevait en elle, mais plutôt les braises fébriles d’une créature déchue et sans éclat, à jamais esclave de jeux cruels. L'époque avant les fers et après les envolées, où elle était libre, sauvage et fière, semblait lointaine. Désormais, elle se perdait dans un gouffre sans fond, traîtresse à sa propre essence. Elle n'était pas seule à se percevoir ainsi. Les paroles acides du djinn résonnaient encore, la qualifiant d'héritière honteuse, d’usurpatrice, dépourvue de la moindre splendeur de ses ancêtres. Tout autant que les mots du loup assassin lui ayant fauché son aile, qui ne voyait en elle qu'une vulgaire hétaïre sans ego, dont le seul salut résidait dans la mort.

— « J’ai peur que… Ce feu soit à jamais perdu, de n’être plus qu’une… »

Soudain, une voix la coupa dans son émoi, brisant d'un coup la tension insupportable. La péri, d'un geste gracile, passa ses doigts tremblants sur son visage humide, essuyant les traces de ses tourments et tentant de regagner une parcelle de pudeur, une once de contenance, ne serait-ce qu'en apparence.
Prestement, elle ajusta son manteau pour dissimuler sa silhouette frêle, et veilla à replacer son collier, dissimulant ainsi la marque infâme trônant sur sa poitrine.
Non loin, les éclats de joie résonnaient, vibrants et sincères. Aux sons de cette allégresse, elle perçut le lien d'amitié unissant les deux coureurs de lune, qui se saluèrent d'une étreinte fraternelle. Un sourire timide se dessina sur les lèvres pâles de l'ailée, tandis que le loup se hâta de faire les présentations.
Il présenta ce dénommé Xéros comme le seul Alpha qu'il aurait pu suivre, bien que l'intéressé admettait que son admirateur n’était pas un loup aisé à diriger. Elle comprenait alors mieux pourquoi son ami menait une vie de loup solitaire. Un sentiment d'honneur naquit en elle à l'idée de rencontrer cet ami cher au cœur du lycan, apaisant peu à peu son propre cœur, bien que sa silhouette restait crispée. Comme une danseuse s'efforçant de maîtriser chaque geste, une vie entière dédiée à la représentation ne s'envolait pas au moindre souffle estival.
L'ami s'inclina alors, embrassant ses doigts en une salutation inattendue. Jamais encore personne ne l'avait saluée avec autant de respect. Son trouble se manifesta dans tous les recoins de son cœur, tandis que sa curiosité pour cet être étrange, qui la félicitait pour sa patience, ne cessait de croître. La fée secoua vivement la tête en signe de refus, rejetant ces louanges légères avec une modestie sincère.

— « C’est un énergumène d’une excellente compagnie… », ses lèvres s’ourlèrent en un timide sourire plein de légèreté.

Leur brève altercation ne semblait plus qu’un lointain souvenir évanescent.
Puis le lycan, s’éloignant de quelques pas, plongea son regard appuyé dans celui de son compagnon, tandis que l’insouciante fut attirée par un froissement lointain, et qui se rapprochait inexorablement d’eux. Une femme, dont la peau évoquait les champs de lavandes en fleur, s’avançait vers eux, légère et enjouée. Curieux, comme les courbes de sa silhouette enchantèrent la péri, tout comme la fragrance envoûtante de la fleur violette ; ses prunelles dorées ne quittaient pas cette beauté sacrée. Absorbée, elle ne perçut pas l’exclamation, peut-être inquiète, peut-être joyeuse, de son ami lupin, tandis que les querelles, les peurs, les larmes, l’abandonnaient définitivement, emportées par les murmures d’un chant oublié.

Ce ne fut que lorsque la divine lui saisit les mains que l’extase mystérieuse s’évanouit, l’incitant à détacher son regard de ce ventre arrondi pour le poser sur ce visage chaleureux, illuminé d’un regard perçant. Curieux, comme l’elfe devina son essence en un seul coup d’œil, ou plutôt contact. Les drows étaient une race mystérieuse, presque nouvelle pour celle dont les terres en étaient dépourvues. À moins qu’ils n’excellaient dans l’art de se dérober aux yeux du monde. Mais cette curiosité n’épargna pas son cœur d’un trouble naissant, craignant que ses pouvoirs ne transpercent l’épais linceul sous lequel se dissimulaient ses émois intérieurs. Espoir vain, puisque la drow parvint à déceler le trouble agitant la soucieuse.
Sous l’étreinte tendre de la prêtresse de la lune, elle sentit son cœur s’alourdir subitement. Elle redevint fragile, comme si son âme s’apprêtait à se fendiller à tout instant. Une angoisse sourde fit naître en elle les premières brises d’un vent de panique, qu’elle s’efforça de contenir en secret. Il lui était déjà difficile de dévoiler ses failles au lycan, si proche de son cœur soit-il, alors à une illustre – bien que sympathique – inconnue, l’effort lui semblait insurmontable.
Ses prunelles se détournèrent de celles de Lita’zia, et ses mains, qui lui étaient ouvertes, se refermèrent soudainement sur elles-mêmes, se protégeant de son contact. Son cœur s’alourdit de panique, de soucis, à l’idée que l’elfe ait pu sentir les brûlures de ce fardeau pesant sur sa poitrine, qu’elle ait deviné qu’elle avait affaire à une vulgaire tapineuse en cavale. Ses craintes, telles des vagues, montèrent et se déployèrent, rugissant comme des bêtes féroces désireuses de reconquérir leur territoire. Et alors, le banc se vida subitement de sa présence.

— « Je vais faire un tour… J’ai besoin d’un peu d’air » déclara-t-elle, embarrassée. « Je reste dans la serre » ajouta-t-elle d’un ton qui se voulait être rassurant, à l’intention du gardien.

Et elle disparut au plus vite, la nymphe en quête d'apaisement s'unissant alors à son nouveau sanctuaire d’émeraude. Les arbres l'accueillirent tendrement, tissant leur frondaison en un voile protecteur autour de sa silhouette fragile. Chaque feuille, chaque branche, devenait peu à peu son l’écrin de l’entité sylvestre. Et le soleil, éternel amant de cette entité à la peau dorée, caressait tendrement son épiderme, distillant une lueur réconfortante. Ses prunelles agitées, avides de verdure, s'accrochaient à la moindre mousse, au moindre brin d’herbe, comme un naufragé désespéré cherchant un rivage salvateur. Peu à peu, la quiétude s'infiltrait en elle, tel un baume apaisant ses plaies, permettant à ses muscles de se détendre, à ses poumons de se déployer de nouveau, tandis que son aile frémissante reposait docilement contre son dos.
Les instants s'écoulèrent, les minutes de douceur se muèrent en caresses apaisantes, et son esprit retrouva enfin un semblant de sérénité. Elle ensevelit sa détresse dans la terre, laissant son corps éthéré revenir vers le petit groupe qu’elle avait quitté plus tôt. Son regard était devenu plus doux, bien qu'un brin embarrassé. Sa main gracile se posa doucement sur l’avant-bras du loup, le caressant discrètement, signe de son retour. Bien sûr, elle ne l’avait pas abandonné.
Dans son autre main reposait une denrée ronde et brillante qu’elle s’empressa d’offrir à l’elfe, après s’être séparée du loup, telle une fidèle déposant aux pieds de sa prêtresse une offrande dans l’espoir d’obtenir son pardon. Créature s'excusant de s'être subitement envolée, d’avoir fui sans la moindre once de délicatesse.

— « J’ai trouvé cette pomme sur le chemin… » murmura-t-elle, incapable de résister à la tentation de la cueillir, malgré les interdictions. « Vous devriez peut-être vous nourrir »,ajouta-t-elle en adressant une rapide œillade au ventre arrondi de l'elfe.

Entre pardon et devoir, la gardienne se dévoilait timidement. Ses mains se lièrent entre elles, une pointe de nervosité picotait son palpitant, trop souvent soucieux.

— « Comment vous êtes-vous rencontrés, tous les trois ? » questionna-t-elle, observant les intéressés d’un air curieux.

Elle cherchait à créer une conversation plus légère, loin du fardeau de son cœur et de son corps. Dix ans qu’ils ne s’étaient pas vus, ce n’était pas pour s’épancher sur les déboires d’une inconnue. Elle désirait découvrir comment les trois s’étaient trouvés et avaient tissé une affection profonde qui résistait aux années d’absence. Elle, qui n’avait goûté qu’aux relations éphémères, espérait qu’ils accepteraient de lui faire partager un fragment de leur amour, qu'il soit doux ou mouvementé. Peu lui importait, elle était affamée de curiosité et d'évasion.
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Ezvana
Lun 10 Juin - 22:08

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


Il avait fui. À la moindre échappatoire, il s'était faufilé pour s’éloigner de la fée. Arborant un sourire trop rapide, teinté de tristesse, il avait accueilli des amis de longues dates en se relevant trop vite de ce banc. Il était plus facile de trouver une porte de sortie plutôt que d’affronter les larmes de son amie. Son cœur se consume, la douleur est là, presque intenable.
Par sa faute, elle était malheureuse.
La honte lui donne la nausée, lui fracasse l’esprit. Une nouvelle douleur venait de naître dans son âme et la culpabilité aux bords tranchants ne fait que des va-et-vient dans son cerveau.
Encore une fois, il avait blessé une personne qui c’était approché de lui.

Les poings se serrent, la mâchoire se crispe. Tandis que l’elfe noire aborde la fée, le Gardien observe la danseuse avec des yeux intenses, comme s’il pouvait la transpercer de ses iris. Une litanie qui se répète en boucle dans son esprit.
Bien évidemment que toi aussi, tu partiras.
Loin de lui et de ses coups de rages, loin de sa présence néfaste lui qui est malheureux. Comme la saleté qui imprègne la peau et engorge les sens, jamais il ne se départit de son passé, de ses peurs, de ses colères. Il était sali de l’intérieur, rongé par tant d’années de souffrance qu’il est modelé à jamais, à coups de serpe sanguinolente ou de coups de poings dévastateurs.
Elle fuira, elle courra loin de lui, derrière un demi-sourire pour le rassurer. Et ses beaux yeux gorgés d’or ne se poseront plus sur lui et il devra replonger dans la pénombre qui lui tendra les bras, accueillant son enfant tant aimé. Et le Loup se repliera contre sa poitrine, perdant encore un peu plus de son cœur dans la bataille, devenant un peu plus l’Ombre.

Un contact l’arrache à ses pensées, Xéros qui ose lui effleurer le bras alors qu’il l’observe, fronçant un peu les sourcils, les yeux compatissants. Son empathie donne la nausée au Loup qui se redresse, affiche un demi-sourire de remerciement, relève son visage et desserre les poings. Expirer longuement. Et alors la fée s’extirpe, s’envole.
Contraction involontaire de ce corps qui fait un pas en avant, aussitôt arrêter par la main tendue de Lili qui regarde partir la danseuse, le regard soucieux.

- Laisse là respirer, Mel. Je m’y suis mal prise, je ne voulais pas l’offenser.

Peiné l’elfe qui fronce des sourcils et caresse son ventre par réflexe comme pour apaiser sa progéniture. Son regard d’une bleue vibrant se pose sur le Gardien qui lui, n’avait de yeux que pour la silhouette de la fée. Jamais il ne la quitte du regard, toujours il aperçoit une part d’elle, prêt à en découdre si le moindre danger se profilait à l’horizon, fauve qui rôde non loin et qui est prêt à bondir.

- Je suis désolé, je l’ai blessé.

- Je sais que ce n’était pas ton intention Lili, rassure-toi.

On apaise le Monstre qui serait être prêt à ouvrir des gorges en cet instant, on calme le Loup à fleur de peau beaucoup trop tendu pour celui capable de le regarder correctement. Une évidence de cette attache qui c’était formé entre eux deux, un lien invisible qui c’était tissé dans l’adversité. Elle est curieuse, veut en savoir plus. Rare était les fois où le grand loup osait démontrer de tels sentiments, trop sombre était le puit sans fond qui logeait dans son cœur. Une telle étincelle était presque aveuglante pour un être tel que lui.
On lui parle, mais le Gardien n'écoute pas. Les bras croisés, il regarde celle qui le faisait chavirer comme on observe le plus précieux des trésors. Se décaler d’un pas sur le côté pour l’avoir toujours dans sa vision, discret, sans envahir son besoin de solitude. La voir se plonger dans la nature, reprendre des forces au contact de la flore.
Tu vois, au tient, elle se morfond. Elle n’est pas faite pour toi.

Impossible de savoir combien de temps s'était écoulé, quelques secondes, des minutes ? LE cœur battant dans ses oreilles, la douleur lancinante frappant sa poitrine, il était une statue de pierre qui s'animait parfois d'un rictus. Trop loin de lui la fée, il avait envie besoin de la savoir près de lui, à sa portée. Un besoin de contrôle néfaste qui lui donne la migraine.

Mais la voilà, arrivant sans un bruit, le contact de sa main sur lui détendant la ligne de ses épaules crispées, lui permettant de mieux respirer, soulager d'un poids. L'envie de la saisir dans le mouvement, de la plaquer contre lui pour mieux enfouir son nez dans sa chevelure et d'inhaler un peu mieux son parfum, se noyer dans sa présence tout entière.
Mais non. C'était une mauvaise idée qui leur fera du mal.

Lili saisit la pomme avec un doux sourire, consciente de l'importance du geste. Alors elle croque dans la pomme avec un plaisir évident, retirant d'un geste délicat une goutte de jus sur la commissure de ses lèvres. Xéros quant à lui observe la scène avec un regard attendri, croisant les bras comme son compère dans une allure défensive, les deux Loups protégeant avec évidence les deux femmes.
À la question, il s'anime en haussant les sourcils, relevant le visage pour le diriger vers le Gardien trop grand.

- Ce n'était pas une histoire d'errance, comme à ton habitude ? Mais c'était il y a combien de temps ?

Une grimace et l’Ombre qui remue sur place comme si une anguille froide avait été glissé dans son tee-shirt.

- Si. Et je dirais que c’était il y a plusieurs dizaines d’années, j’ai plus les comptes.

Un soupir alors qu’il fait mine de réfléchir. Les années n’avaient plus la même saveur quand on devenait immortel et il préférait oublier ce détail.

- Je sortais d’une épreuve… Qui m’a remué, on va dire. J’ai donc passé plusieurs années à errer dans les forêts sous forme lupine pour échapper à la réalité. Et j’ai croisé la route de Xéros à ce moment-là. La rencontre fut… Mouvementé.

Un demi-sourire et l’homme aux cheveux bleus qui hoche vigoureusement la tête et surenchérit.

- J’ai failli t’égorger, ça oui. Tu étais rentré sur mon territoire et ma meute t’avait traqué pour te chasser. Mais têtu comme tu es, tu as riposté. Mais j’ai bien vu que tu étais juste paumé et tu avais du potentiel, je t’ai donc épargné.

Un regard de connivence qui en disait long sur la confiance qui c’était installé entre les deux Lycans depuis cette acceptation.

- Je n’ai jamais fait partie de la meute. Mais Xéros m’acceptait sur son territoire et il m’a appris comment vivait vraiment notre espèce et à retrouver une façon de vivre. Une expression douce sur le visage aux ridules marqués par la fatigue. Malgré les vociférations des autres, il ne m’a jamais chassé. Parce qu’il est un Alpha sévère mais juste. Le meilleur que j’ai jamais rencontré.

Une main passe dans les cheveux bleus, le regard pourtant ne se détourne pas. Il n’en avait pas l’habitude, lui si droit et strict, tout en lui respirait cette assurance ancienne ancrée à même ses gênes.

- Tu sais bien que je ne le suis plus, Mel.

Une voix doucereuse, teintée de tristesse et de reconnaissance. C’était un amour étrange qui s’échangeait entre eux, une loyauté vibrante, comme deux frères ayant vécu les pires batailles.

- Un jour, Xéros rencontra quelqu’un lors d’une excursion, une elfe qui lui a ravi le cœur. L’Ombre avait repris son récit d’une voix plus posé, plus secrète comme si cela lui coûtait d’avouer toute cette histoire, bien qu’un demi-sourire s’adresse à la femme qui les observait avec tendresse, les mains sur son ventre rond. Il est mal vu de s’unir à une autre espèce et il était inconcevable que l’Alpha puisse ainsi se détourner de la meute. Quand la meute appris l’existence de Lita’zia, cela dégénéra. La colère montait et devenait incontrôlable.

Les mots lui échappent, il préfère clore les lèvres plutôt que d’annoncer la suite. C’est L’elfe qui prit la parole pour seconder les deux Loups trop maladroits à s’ouvrir ainsi. Elle se tourne vers la fée en souriant doucement.

- La meute à rejeté mon existence, tout le monde était contre moi, sauf Furax. Quand ils se sont retournés contre Xéros, il n’y avait que lui pour tenir tête et le défendre. C’est là qu’il perdit son statut d’Alpha, chassé par ceux qui était à l’époque sa famille. C’est là qu’il reçut cette cicatrice.

Un regard vers l’homme qui ne rougit pas devant cette explication, ne cachant pas la longue cicatrice qui lui barrait la moitié de la vue. C’était presque avec fierté qu’il portait son handicap, signe qu’il avait de toute façon trouvé sa voie, qu’il avait suivi son cœur.

- C’est à ce moment que j’ai connu ces deux imbéciles. Ce fut compliqué, j’ai un frère qui lui n’a pas non plus accepté cette union. J’ai… Je suis de haut lignage et mon statut de prêtresse m’empêchait de sortir de ma cité. Alors je me suis enfui, pour suivre ce fou qui a volé mon cœur et ma raison.

Un immense sourire qui vient étirer les lèvres, sa peau délicate se parant de rougeur au niveau des joues. Image contradictoire devant cette effigie du temps figé, au minimum centenaires qui rougit telle une adolescente suivant son amour de jeunesse.

- Nous avons mis du temps à nous remettre de tout ceci, se cachant dans la ville. Puis on a bâti une maison dans une clairière dans la forêt. Nous sommes de deux espèces intrinsèquement liées à la nature, nous ne pouvons pas nous épanouir au milieu du bitume. Avec les années, nous avons tenté de nous installer, de construire une famille. Mais le mélange des espèces et rare et risqué.

Une main amoureuse qui caresse le ventre, un regard brillant d’émotion se relève sur le visage de Pansy.

- Nous avons dû partir, pour notre sécurité. Nous avons dit alors adieu à seul ami, ici présent. Nous n’avions pas le choix. La meute n’existait plus et ne nous pouvions pas demander à Furie d’être notre garde du corps. Mais nous sommes revenus, car nous avons enfin réussi.

La fin de cette voix qui vibre alors que des larmes cristallines perlent à ses longs cils sombres. Elle s’excuse en bafouillant.

- Les grossesses sont risquées, on a mis plus de dix ans avant de réussir, mon espèce n’est pas féconde. Elle relève son visage vers l’Ombre et penche son visage sur le côté. Nous avons des jumeaux.

Celui-ci approche, ne peut s’empêcher d’être subjugué alors qu’il s’agenouille près de cette femme qui portait la vie. Un hochement de tête comme autorisation et une main veineuse s’approche, hésitante et tremblante, avant de se déposer sur la peau tendue à travers le tissu. Une émotion étrange nouait la gorge du Gardien, lui qui avait une relation étrange avec les enfants. Comme une adoration et une répulsion qui lui prend aux tripes.

- C’est … ?

- Nous ne savons pas encore s’ils seront Loup ou non, impossible de le deviner à travers les échographies. Mais nous avons une fille et un garçon.

- Le choix du roi.

Voix un peu trop rauque d’émotion alors qu’il tend sa main plus haut, vers celle de son amie. Touchés en plein cœur, ses yeux se plissent, ses sourcils se froncent. Leurs peaux s’effleurent, les paumes se joignent. Lili à un mouvement de recul léger, comme percuter par quelque chose d’invisible. Elle ferme les yeux, tente de faire le tri dans le vacarme qu’elle était seule à entendre. Puis elle soupire et fait briller ses yeux dans ceux de son ami.

- Je comprends.

L’Ombre se relève et s’écarte pour échapper au pouvoir de l’elfe qui reprend sa pomme en tremblant.

- Et vous ? Comment vous êtes-vous rencontré ?

Xéros qui s’avance d’un pas, pour détourner l’attention de sa compagne de vie qui se remettait de cette vague puissante.
Le gardien hésite alors que son regard glisse sur la fée, l’enveloppant de sa présence juste avec ses iris, la caresse presque affectueusement à distance.

- Nous avons un travail en commun. Et c’est devenu une amie chère à mon cœur, ma partenaire de crime.

Mon soleil au cœur de la nuit.
Un sourire en coin alors qu’un instant, le jaune crépite, que le palpitant se fait plus insistant.
Un jour il perdrait la tête par sa faute.


Lulu
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Lulu
Mar 11 Juin - 22:15

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
Les souvenirs s'éveillèrent, ruisselant des lèvres tendres des deux compères. Xéros confia comment il avait failli verser le sang du loup solitaire, avant de percevoir en lui, plus qu'un vulgaire intrus, un frère puissant mais perdu. Il lui offrit ensuite l’asile sur ses terres, et ce, malgré les protestations des autres poilus.
Chant d'amour, tissé de miel et d'or, qui enveloppa le cœur babille de la fée, ses éclats dorés se reflétant dans ses prunelles accrochées aux silhouettes fraternelles. Un souhait secret naquit en son sein ; elle désirait lui offrir à nouveau ce sanctuaire, ce havre de paix où son âme avait trouvé un bref repos, mettant fin à sa solitude et à ses errances. Ce ne serait pas un refuge où il trouverait réconfort dans les guidances d’un frère de sang, mais dans la chaleur de ses paumes, contre ses lèvres affamées de ses doux soupirs, au cœur d’heures dédiées aux plaisirs simples du quotidien et à d’autres consacrées aux escapades sauvages.
Ses soleils mielleux, brillant de ce désir, s'attardèrent longuement sur la silhouette du plus grand, tandis qu'elle rêvait secrètement de réussir d’abord, à lui inspirer la même confiance qu'il plaçait en Xéros.
Ce, quand bien même, et malgré ses efforts incessants, la sylphide échouait toujours à tisser une telle connexion avec quiconque. Cependant, elle ne perdait pas espoir de briser un jour la malédiction qui pesait sur toutes ses relations. Conviction nourrie par un instinct pas tout à fait éteint ; fille de Vénus, condamnée à une solitude glaciale, à être une paria de l’amour, piégée depuis toujours par son essence qui gonflait son cœur d’espoirs toujours illusoires.
Tu étais faite pour aimer, pour enlacer le monde entier, et pourtant, tes bras sont si vides.
En dépit des désillusions successives, son instinct insatiable faisait qu’elle ne cessait de croire en chacun de ces espoirs, jusqu’à la disparition de ceux qui les portaient ; mais peut-être qu’un jour, un cœur désirerait enfin s’enlacer au mien, se soufflait-elle en guise de réconfort…
Et elle continuait d’errer, dans ce cercle sans fin.

Dans cette attente se cristallisant lentement en éternité, péri s'abreuvait de l'affection ardente que les autres se vouaient entre eux, comme une petite goule affamée d'amour. Les soleils attendris, étincelants de curiosité, se posèrent désormais sur la prêtresse de la lune, celle qui, d'une voix douce, conta son histoire avec son loup. Les pensées de l’ailée s'enroulèrent autour de ces confessions enflammées de révolte, de sacrifice et surtout d'amour, buvant chaque parole douce, chaque regard scintillant, chaque caresse tendre comme s'il s'agissait du nectar le plus exquis.
Et, par un heureux hasard, l'elfe noire ne semblait pas être d'une nature pudique.
Les amants maudits faisaient briller d'émoi ses prunelles, douce rêveuse éperdue de tendresse, trouvant dans leur histoire, aussi belle que tragique, un souffle d'évasion. Faute d'en connaître elle-même la caresse, petit cœur la savourait par procuration.
Tendresse qui s'étendit longuement sur sa peau, envoûtant ses pensées, étreignant sa poitrine d'une douceur immense. Aux yeux de la déchue, ils étaient au seuil de l'acte divin, prêts à insuffler la vie à leur amour, à le cristalliser en une créature dont la nature, liée intimement à l’espèce de ses parents, brûlait de désir de le rencontrer. C'était, sans conteste, l’incarnation de l’amour la plus sublime et vibrante que ses yeux aient jamais contemplée au cours de son interminable existence.
Elle sentit son cœur s'emplir de joie, et comme souvent, cet organe sensible se trouva rapidement submergé. Ainsi, les prunelles émues de la fée se mirent à scintiller, et les larmes de l'elfe ne firent qu'accentuer son émoi. Aucune d'elles ne pouvait malheureusement rattraper l’autre. La première détourna son regard, ou plutôt, le leva discrètement pour empêcher ses larmes de couler, tandis que Lili s'excusait avec embarras. La tête brune s'empressa alors de se secouer négativement ; ses larmes n'étaient en aucun cas une source de gêne.
Et puis, comme si un seul petit corps n’était pas capable de contenir à lui seul l’amour immense qui les unissait, l’elfe révéla qu’un second être était attendu. C’était merveilleux, faillit-elle murmurer, mais aucun son ne franchit ses lèvres tremblantes ; la honte que Wraith et certains amants avaient jetée sur ses émotions brûlait encore en elle, alors la péri demeura silencieuse, tentant avec discrétion de retrouver une contenance en présence des futurs parents, et brûlait de joie pour eux en secret.

Hélas, lorsque le furieux s’agenouilla, ses gestes empreints d’une délicatesse rare, ses mains tremblantes effleurant le ventre sacré de la future mère, la fée fut contrainte de redoubler d’efforts pour dissimuler son émoi. Son cœur, fleurissant tendrement à l’ombre des regards indiscrets, se gorgeait de la vision de ces deux âmes unissant leurs mains en un gage de confiance mutuelle. Discrète comme un souffle de vent, sa respiration se suspendit, et son aile cessa de vibrer subitement, comme pour ne pas troubler cet instant de complicité…
Et soudain, l’elfe frémit, telle une feuille battue par le zéphyr. Une confusion palpable envahit le regard de la nymphe, dont les éclats vifs effleurèrent tour à tour les visages des trois compères. Mais nul ne souffla mot, sauf Lili, qui demeura malgré tout évasive dans ses propos. Quelque chose s’était passé entre eux, mais quoi donc ? S’était-elle faufilée dans le cœur du loup comme elle l’avait fait avec le sien ? C’était ça, n’est-ce pas ? Malheureusement, elle ne trouva pas plus de réponse ; Xéros s’efforça de détourner leur attention, les interrogeant à son tour sur leur rencontre.

L’angoisse perça soudainement son palpitant, et son regard se hâta de fuir celui de l’ancien Alpha. Que dire…? Qu’elle l’avait contactée pour faucher l’âme d’un innocent ? Qu’ensemble, ils s’étaient retranchés dans l’un des lieux les plus sordides de cette ville ? Ses mains se crispèrent, ses pensées s’envolèrent dans tous les sens dans son esprit, comme une nuée d'oiseaux affolés.
Mais voilà que le loup, en prenant l'initiative de répondre, tissa une réalité bien plus douce que celle qu'ils connaissaient. Yeux soucieux se cognèrent à la vaste silhouette, qui choisit de ne pas s'épancher outre mesure, préférant la douceur de leur amitié, de leur complicité. Elle se laissa alors envoûter par ces paroles, par ces soleils qui caressaient son corps, les siens devenant plus ardents, son cœur battant avec une telle intensité qu'il faisait vibrer la peau fine de sa gorge. Impossible pour l’ange déchue de ne pas se précipiter vers ce paradis qui entrouvrait timidement ses portes.
Une fois à l'intérieur, il était presque impossible de l'en extirper, tant elle s’y sentait bien. Autour d'elle, la réalité se dissolvait, le monde se dérobait ; les silhouettes des amis, des arbres, des verrières et des nuages s'évanouissaient. Devant ses yeux, ne subsistaient que ces deux soleils adorés aux éclats discrets. Elle brûlait de désir de s'en rapprocher, de réduire à néant l'espace entre eux, de condamner ce vide pour toujours. Elle voulait sentir ces soleils réchauffer et purifier, de leurs flammes bienfaisantes, chaque parcelle de sa peau impure, les laisser se faufiler jusqu'à son cœur pour en consumer toutes les torpeurs.

Tu pourrais t'offrir toute entière à lui, dénuder ton corps, ton âme, offrir ton cœur en offrande, sans que le moindre doute ne t’effleure.
Contrairement à ses mains brûlantes, qui te sculpterait un nouveau corps, que tu aimerais beaucoup plus fort.
Plus fort, et de tout ton cœur en souffrance, qui le supplierait de te délivrer de tes errances.


Soudain, le bruissement d'une aile arracha la danseuse à ses contemplations, sa silhouette se secouant en un léger sursaut. Ce n'était qu'un oiseau. Son souffle se délia, et ses yeux partirent en quête de son repère ; Le Loup. Aussitôt, ses épaules s'affaissèrent, retrouvant un semblant de sérénité et sa maigre assurance. L'esprit désormais un peu plus lucide, elle s'empressa de faire travailler sa mémoire pour se rappeler des derniers échanges. Et dès qu'elle les retrouva, elle s'empressa d'y répondre.

— « Ce n’est pas un peu trompeur, partenaire de crime, quand on n’a fait que se remplir le ventre et se prélasser sous le soleil toute la journée ? » susurra-t-elle avec une malice feutrée, ses pas félins s’arrêtant tout près de la silhouette de son acolyte lupin. « Sauf si tu as en tête des inconduites que tu voudrais que l’on commette… » murmura-t-elle d’un ton de velours, la tête penchée vers la sienne.

L'insouciante laissa échapper un rire cristallin, empreint d’une légèreté évanescente, ses doigts délicats s’enroulant autour de l’avant-bras de son gardien. Elle pressa doucement sa joue contre son épaule, tel un chat se frottant avec tendresse contre son maître. Sa chaleur lui avait manqué. Sylphide profita ensuite de cet instant de proximité volée, pour reposer sa carne douloureuse contre la sienne. Et enfin, tu peux souffler, et enfin, la brûlure s’apaise.
Puis, sans rompre leur proximité, ses prunelles s’échouèrent sur les deux compagnons du loup. Elle ne songeait nullement à l’inconfort qu’elle aurait pu leur infliger, non pas par manque de considération, mais parce qu’elle avait été plongée dès son plus jeune âge dans la débauche, la dépouillant de sa pudeur. Et son attitude dépourvue de tout embarras, en était la preuve éclatante. Par pure naïveté, la belle de nuit présumait que cette impudeur était partagée par tous. Ainsi, les amants auraient pu s’enlacer et s’embrasser avec la plus brûlante passion sous ses yeux, qu'elle n’aurait pas levé un sourcil de gêne.

— « Peut-être que… Nous pourrions aller boire un verre quelque part », proposa-t-elle, esquissant un sourire franc. « Il doit forcément y avoir un bar pas très loin d’ici... » ses yeux se levèrent vers le loup, l’interrogeant silencieusement, comme s’il connaissait par cœur la carte de la ville.

Elle désirait trouver un lieu plus confortable pour leurs échanges, où la future mère pourrait se reposer, s’hydrater et se nourrir librement. Hélas, la péri ignorait que l’alcool était une boisson prohibée pour les femmes enceintes. Elle n’avait pas vécu assez longtemps parmi les siennes pour recevoir cette éducation - et même une quelconque éducation -, et chez les hétaïres, les grossesses étaient strictement interdites. Wraith lui-même veillait chaque jour à ce qu’un tel sort ne s’abatte pas sur sa fée, dont la jeunesse et l’espèce la rendaient particulièrement féconde.
Mais en plus d’une opportunité pour dénicher un lieu plus agréable pour Lili, elle voyait là une occasion précieuse de retarder encore un peu son retour au Nymphéa, dont les entrailles devaient être enflammées par la rage du maître des lieux. Et elle savait ô combien, il valait mieux pour elle de saisir la moindre opportunité qui lui permettrait d’esquiver un sorcier furieux.
Ezvana
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Ezvana
Sam 15 Juin - 19:06

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


Rétines qui effleurent, déshabillent un instant la femme, juste faire tomber un peu plus ce trop grand manteau de cette frêle épaule, dévoile une clavicule et l'arc d'une gorge. Frémissement en imaginant son odeur, la douceur de cette peau offerte. De cette vie pulsant sous ses lèvres qui se déposeront tendrement sur cette veine palpitante, comme à deux doigts de dévorer la biche qui c'était approché trop près du Loup.

Respire.
Poumons qui se gonflent brusquement alors que le Gardien bat des cils, tente de se soustraire à l'emprise que pouvait avoir la fée. Pendant ce temps, il se rappelle l'odeur imprégnant le Nymphéa, des infortunes qui ont péris, cette fragrance qui agite les sens, fait tourner les têtes. Peut-être était cela qu'il percevait chez elle, n'est-ce pas ? C'était peut-être pour cette raison qu'il devenait irraisonnable en sa présence ?
Chercher à fuir une nouvelle fois, chercher des excuses pour faciliter l'imprégnation de ses émotions, de ses sentiments. Il était plus facile de croire en une illusion qu'à quelque chose de bien trop tangible. C'était trop puissant, comme s'il allait se brûler les doigts à trop vouloir s'approcher de l'ailée.
Après tout, elle était le soleil incarné.

Comme il aurait voulu courir, s'éloigner un peu plus de cette personne qui s'approche de lui tout sourire, de ce contact brûlant qui lui amène des vagues doucereuses vers son cœur, caresse son armure de plate avec délicatesse jusqu'à arriver au muscle trop puissant. Mais comme un aimant, il ne pouvait détacher son regard d'elle, de l'observer comme le plus précieux des trésors oubliés, corne d'abondance pour celui qui essaie tant bien que mal de survivre isoler.
Pourtant, le rire sonne claire, enchantement pour ses tympans. Impossible de ne pas river son regard sur elle, d'ignorer sa beauté, de sentir son corps s'échauffer au sous-entendu.

- Oh, c'est un crime de te voler le temps d'une journée oisive. Se pencher à son oreille, tout près, que ses lèvres effleurent le cartilage. Quant au reste, j'en ai peut-être un peu trop en tête, mais c'est un secret.

Demi-sourire alors qu'il se redresse tout à fait, ce géant trop penché au-dessus de la gracile. Il aurait pu être gêné de ce manque de pudeur, mais il n'en était rien. Il préfère en jouer, à tordre les envies jusqu'à en être frustré, laisser le bonbon fondre sur sa langue et en savourer toutes les notes.
Xéros ne fait que détourner le regard, peu habitué à voir son ami aussi proche de quelqu'un, préservant leur intimité, rejointe par Lili qui affiche un sourire amusé bien qu'une rougeur est venue égailler ses pommettes.

Un raclement de gorge et le Loup aux cheveux bleus se redresse en entendant la proposition de la fée. Un regard en biais vers le Gardien, la mine soucieuse.

- Tu feras attention, il y a des Chasseurs dans le coin. En ce moment ils se font plaisir.

Les yeux s'assombrissent, le jaune habille un peu plus les iris alors que la mâchoire se crispe. Se tourner vers la danseuse malgré tout, pour lui expliquer, conscient qu'elle ne savait presque rien du monde qui l'entourait.

- Ce sont des tueurs de créatures magiques, notamment de Loup-garou. Ce sont des Humains. Ils se baladent en groupe et avec des armes en argent et n'hésitent pas à tuer en pleine rue pour nous chasser de la ville et nous obliger à rejoindre les forêts. Ils nous titillent pour que l'on réplique et se permettent ainsi de nous tuer.

La haine engendre la haine. On a rasé des villes, détruit des populations entières lors de la Grande Guerre. Les créatures Fantastiques se sont imposées avec violence dans le monde des Humains et depuis une rancœur tenace hantait les poitrines de certains, d’autres plongeant dans l’ignominie en trouvant un prétexte. Un Humain était un Humain après tout.

- Il y a un bar pas très loin, je vous y emmène.

Position de leader naturel de cet homme si assuré malgré sa petite taille et la finesse de ses muscles. Il tend son bras à sa compagne qui le suit avec un sourire, et sans s’en rendre compte, L’ombre fait de même, attend que la main saisisse son bras pour l’accompagner en dehors de la serre.

Le soleil était haut dans l’horizon, dardant ses rayons chauds vers les promeneurs. Attentif les deux hommes, qui observent la moindre ombre trop présente, le moindre mouvement un peu trop suspect. L’elfe noire ne semblait pas inquiète, posant une main régulièrement sur son ventre tendu et essuyant discrètement la sueur perlant à son front, plus habitué aux températures douces des forêts profondes. Parfois on lui jette des regards mauvais, on s’écarte du trottoir pour ne pas la croiser, elle si bien gardé. Renommé des Drow qui la suivra toute sa vie et qui colle à sa peau violette.
Le pas était trop lent pour les deux Loups qui rongeaient leurs freins sans le laisser transparaître, un brin nerveux et tendu. Pourtant, ils arrivent sans encombre au bar qui les accueille avec une musique rock en fond, son de guitare accompagnant les discussions des clients.

Demander une table et s'asseoir dans un coin sur les bancs usés par les passages, le bois griffonné et polis par les années. D'un mouvement d'épaule, le Gardien retire son manteau de cuir, trop lourd et étouffant dans cette presque alcôve. Un regard en coin vers la danseuse pour savoir si elle suivrait le mouvement. Entre eux, elle ne risquait rien, mais il ne pouvait pas en dire autant des autres clients. Rapidement, on vient prendre commande, les yeux de la serveuse évitant soigneusement Lili.

Deux bières baie rouge pour les deux hommes, Pansy prit sa commande aidée par le Loup qui la guide. Pourtant quand vint le tour de l'elfe, c'est Xéros que fixe la servante attendant visiblement que cela soit lui qui propose.
Le seuil œil valide brille d'un éclat mauvais, un tic agitant sa jambe sous la table. On sentait qu'il était à fleur de peau soudain, répondant à l'appelle lunaire en se forçant à garder son calme alors que l'on insultait sa tendre.
Une main apaisante qui glisse sur sa cuisse et l'elfe qui se redresse, son regard incisif sur la serveuse.

- Un smoothie de baie de lune et d’hibiscus. Et la prochaine fois que vous m’insultez ainsi, votre supérieur entendra parler de la vengeance des Drows.

La femme c’était soudainement tendu, avait hocher la tête avec vigueur avant de repartir aussi vite.

- J’adore quand tu t’agaces, valaé.

Elle lui jette un regard en coin avec un petit sourire, comme pour sous-entendre qu’il ne devait pas trop en faire. Xéros lui embrasse la tempe avant de taper le torse de son ami lupin avec force avec un petit sourire aux lèvres.

- Je vois que tu es toujours aussi grand. Tu bouffes quoi, du cerf tous les jours ? Je pourrais m’étouffer entre tes pecs.

L'Ombre n'a pas eu un mouvement de recul, pas avec Xéros. Son contact ne sera plus jamais un problème après tout ce qu'ils ont vécu. Il repousse juste sa main de façon comique en riant doucement, l'éclat de ses canines brillants sous la lumière chaude du bar.

- Non, juste le boulot et les séances de sports qui me maintiennent. Et je t'en prie, viens te loger que je t'entende couiner comme une souris.

Comme il était plus facile de détourner un peu la réalité. À crever de faim tout le temps, à courir et se battre, il avait la carrure d'un boxeur nerveux, muscles bosselés qui roulent sous la peau. Il avait perdu un peu en état avec le manque de nutrition, mais il a toujours eu une grande carcasse. Heureusement qu'il était Lycan, sinon son corps l'aurait lâché depuis longtemps.

- Je suis certain que je te mets toujours à l'amende. Un jour faudra que l'on vérifie ça.

Un hochement de tête d'enfant joueur de la part du Gardien, acceptant ainsi le défi. À ce moment on leur ramène leur commande, curieusement, ce fut un autre serveur qui arrive. Prévenant, le Gardien propose son verre vers la fée pour qu'elle puisse goûter.
Lili eut un petit mouvement vers l'avant, la main posée sur son ventre. Devant l'air des deux hommes elle les rassure.

- Ce n'est rien, juste les petits.

Elle se tourne vers la fée avec un doux sourire.

- Tu souhaites les sentir ?

Une main tendue en une invitation pour la guider au mieux. Le touché d'une fée était une sorte de bénédiction, quelque chose de bien vu chez les elfes de toute race. Aussi, elle ne fuyait pas le contact de cette inconnue un peu timide. Et puis, si l'Ombre c'était attaché, c'était qu'un véritable cœur battait sous sa poitrine.

Lulu
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Lulu
Lun 17 Juin - 23:53

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
Elle avait espéré que le temps aurait érodé les rancœurs, que la haine se serait dissoute au fil des siècles et des générations. Que chacun aurait tiré une leçon des atrocités du passé, mais le fiel continuait de se répandre inlassablement sur ces terres déjà saturées de sang. Ce n'étaient pas seulement les sols du Nymphéa qui empestaient la haine, l'horreur et l'effroi. Ce n'étaient pas seulement les murs du Nymphéa qui enfermaient les derniers hurlements d'agonie et de supplication d'une espèce entière anéantie par l'hostilité.
Et soudain, cette ville lui parut moins douce, moins merveilleuse, moins idyllique. L'acerbe réalité affûtait un peu plus le regard que la fée portait sur le monde extérieur ; les spectres des horreurs ne s'épanouissaient pas qu'entre les murs de sa cage. Alors, celle dont le cœur s'enveloppait régulièrement de souci et dont l'esprit était toujours hanté par le bruit des ongles de ses sœurs griffant les murs, se fit plus discrète au bras du lycan ; ses prunelles dorées ne se posant que sur les trois silhouettes familières.

Ils entrèrent dans ce bar, qui ne ressemblait en rien à celui du Nymphéa. L'atmosphère y était plus légère, plus simple, et les mélodies qui s'en échappaient étaient drastiquement différentes, mais pas déplaisantes. L'odeur entêtante de l'alcool imprégnait les narines avec une insistance peut-être encore plus forte qu'au Temple des Soupirs, dont les effluves hypnotiques prédominaient sur le reste. La fée ne releva pas cette nuance, puisque lorsqu'elle errait au rez-de-chaussée, celle-ci était plus occupée à se frotter aux corps, et à redouter la façon dont elle serait dévorée plus tard. Elle n'échapperait pas à ces interrogations torturantes ce soir, seulement à leur cruelle conclusion.
Car ses yeux, aussi acérés que ceux d’un aigle en quête de proie, et son instinct d’asphalteuse, perçurent les premiers regards, à la fois insistants et lubriques, qui l'enveloppèrent dès son entrée. Non pas à cause du balancement sensuel de ses hanches sous sa peau satinée, non pas à cause de ses yeux brûlants comme des braises ou de ses traits finement sculptés par les doigts d'une déesse des passions évanouie, mais parce qu'ils la reconnaissaient.
Le Nymphéa, établi depuis des siècles, attirait une clientèle variée grâce à une large gamme d'offres, permettant à tous d’y trouver son compte. Et puis, Wraith l'avait érigée en icône ; sylphide envoûtante et sensuelle, issue de terres lointaines et enchantées, se nourrissant exclusivement des soupirs ardents arrachés à ses victimes. Ange déchue vouée à la luxure, unique et dernière représentante de son espèce, venez contempler cette entité, vestige d'un monde ancien... Description aussi fallacieuse qu’alléchance, et qui avait, durant des siècles, maintenu la renommée du Temple des Soupirs.
Ces regards gras et poisseux ne s’impatientaient plus que d’une seule chose ; que la figure de proue du Nymphéa leur dévoile gratuitement, ne serait-ce qu’une parcelle de sa peau, pour nourrir leurs nuits solitaires. C’était du moins la sensation oppressante qui pesait sur la poitrine de celle qui, malgré elle, avait été couronnée fée des désirs. Cette contrainte la poussait, en dépit de la chaleur étouffante qui régnait dans l’alcôve où les amis s’étaient calfeutrés, à ne pas ôter son épais manteau et à adopter une posture des plus rigides, ses yeux ne se posant à nouveau que sur les trois âmes l’entourant. Comme si elle portait une quelconque responsabilité dans l’intensité ou l’absence de ces regards lourds et libidineux, monstres d’obscénité qui pouvaient se repaître de la seule présence de leur victime.
L'Inconfort, chimère féroce aux crocs et griffes acérées, enserrait sa poitrine lourde de détresse. La demi-ailée regrettait de s’être accordée un moment de légèreté, de découverte et de complicité auprès des trois compagnons. Elle aurait dû rebrousser chemin, ne jamais rien proposer, même si cela signifiait affronter la fureur de son maître. Elle préférait subir la rage dévastatrice, mais familière, de celui-ci, plutôt que ces regards oppressants et impurs d'étrangers aux comportements imprévisibles, et dont les murmures salaces commençaient peu à peu à se faufiler jusqu’à ses oreilles.

Et ce fut avec une certaine lenteur, que la fée, encore alanguie par les brumes de ses angoisses, prit conscience de l'injure cinglante lancée contre la drow. Même la plus discrète des trois compagnons laissa son regard s'emplir d'un mépris glacial. Jamais, non jamais, elle ne pourrait éprouver d'empathie ou de pitié pour ceux se croyant supérieur à un autre. Ce n’était pas comme si son espèce entière avait souffert, et qu’elle-même souffrait encore, de ce mépris-là.
Puis, très vite, la complicité fendit la grisaille et illumina les cœurs, comme si aucune tempête n’était passée. Les tendresses échangées, douces ou plus franches, suscitèrent l’admiration de celle au cœur perpétuellement soucieux. Elle espérait parvenir un jour à se libérer, comme eux, de ses  tracas en un battement de cil, et ce, sans s’enivrer des effluves perfides de l’alcool dès qu’elle en avait l’opportunité.

En attendant l’arrivée du venin bienfaisant, elle tentait de fixer son esprit troublé sur les deux loups en train de se chahuter gentiment, un sourire amusé figé sur ses lèvres, tandis que sous la table, ses mains étaient crispées.
Ses doigts se délièrent seulement pour saisir son premier verre. Naturellement, son choix s'était porté sur un cocktail puissant, dont elle ignorait la composition, à l’exception de la forte dose de liqueur qu'il contenait. Une dose assez puissante pour engourdir son cœur inquiet, apaiser sa tête enfiévrée et voiler son regard trop vif d'un léger brouillard.
Mais avant de s'empresser d’endormir sa conscience, le lycan attira avec une aisance systématique son attention en lui proposant de goûter à son verre. Ses prunelles se plissèrent avec une douceur infinie, et un sourire sincère se dessina sur ses lèvres. Touchée, elle répondit à ce geste en poussant son verre vers lui de ses doigts délicats. Plus que la simple volonté de maintenir une réciprocité entre eux, elle savourait surtout cette complicité naissante qui se tissait peu à peu autour des plaisirs de la table. Comme si, s’ils venaient un jour, à être livrés à eux-mêmes dans une nature sauvage et amaigrie, ils n'hésiteraient pas à veiller l'un sur l'autre, prêts à diviser inlassablement leurs maigres portions pour assurer de leur survie mutuelle.
Puis, elle porta délicatement à ses lèvres le breuvage, et en savoura une infime gorgée. Les saveurs sucrées caressèrent délicieusement ses papilles, et d'un léger hochement de tête, elle acquiesça du bon goût du nectar. Peu à peu, la fée se découvrait une affinité croissante pour ces arômes fruités, et nourrit l'espoir que son propre cocktail serait gracié de cette divine saveur.

Tout à coup, un sursaut de la future mère attira les regards inquiets des trois créatures. La drow apaisa rapidement leurs craintes, les rassurant d'une voix douce que tout allait bien, que ce n’étaient que les petits s’agitant en elle. Aussitôt, les muscles tendus de la péri se relâchèrent légèrement, ses épaules s’abaissant en un soupir presque imperceptible. Toujours, elle demeurait en proie à une vigilance inexpliquée quant à l'état de Lili. Bien que son cœur curieux, toujours avide de nouvelles attaches, s'ouvrait avec une facilité désarmante à quiconque lui adressait un sourire, mais une force plus profonde la poussait à concentrer son énergie et son attention sur celle dont le ventre, empli de vie, semblait contenir en son sein l'univers tout entier.
Alors, dès que l’elfe lui proposa de poser sa main, là, tout près de ses enfants, une chaleur douce et enivrante envahit la poitrine de la péri, jusqu’à en faire vibrer son aile restante.
Mais malgré ses vives réjouissances, elle demeurait encore quelque peu hésitante. Après tout, Lili ne la connaissait pas, ou à peine. Tout ce qu’elle savait, c’était qu'elle était une amie fée du loup. Une fée enchaînée à cette forêt bitumée, à des milliers de lieues de ses terres natales. Une fée aux attitudes fuyardes et soucieuses, au cœur agité, et aussi perturbée dans l'âme que dans le corps. Rien en elle ne rappelait ses semblables plus exubérantes et insouciantes ; le Nymphéa l’avait dépouillée de ces traits si caractéristiques de son essence. Et pourtant, malgré ses méconnaissances, la drow choisit de lui accorder sa confiance, de lui offrir une chance, comme le loup l’avait fait avant elle.
Elle voulut la saisir, telle une plante avide de lumière, s’épanouissant vers le moindre rayon de soleil après des mois d'hiver impitoyable. Toutefois, sa main, hésitante et presque tremblante, semblait hantée par la peur. Elle aspirait désespérément à cette clarté, en était affamée même, mais elle craignait que le froid n'ait irrémédiablement flétri ses feuilles. Et si son contact, loin d’être salvateur, se révélait funeste pour ces petits êtres ? Si son trouble intérieur se transmettait à eux, comme leur mère avait pu le ressentir ? Ses doigts, souillés de mille impuretés, contrastait à ses yeux, avec la pureté éclatante de la mère et des enfants.

— « J’ai peur que mon toucher leur soit néfaste », avoua l'obsédée par sa propre propreté, ses mains liées s’effondrant sur ses cuisses maigres. « J’ai déjà été empoisonnée par de la magie noire, et je ne suis pas tout à fait certaine qu’elle ait quitté mes veines… »

Elle se souvenait de cette étrange mixture noirâtre que Wraith la contraignait à avaler chaque jour. Elle en ignorait les propriétés exactes, bien que le daeva lui assurait qu’il ne s’agissait que d’un bonbon pour la détendre. Et puis, il y avait ces siècles passés dans les douves sombres du palais d’un roi dément, où, sans doute, comme ses sœurs, elle avait subi d’infâmes expériences profanes. Hélas, ses souvenirs de cette époque n’étaient que des bribes confuses, des éclats de cauchemars. Enfin, sur sa poitrine, une rune maléfique resplendissait, et qui devait inexorablement affecter son corps.
Il lui semblait impossible d'avoir traversé l’Infernal et d'en être ressortie intacte. Non, elle devait être souillée. L'idée même qu'elle soit encore debout, vivante malgré la perte d'une aile, ne pouvait s'expliquer que par une altération profonde de son sang, pas parce qu'elle en avait la volonté. Elle n'en avait jamais eue une seule. C'était donc ce miracle étrange qui la poussait à s'interroger. Des créatures hideuses étaient nées de péris sans ailes : djinns, goules et autres démons. Si le Nexus échouait demain à lui rendre la sienne, ou s’il venait à renforcer la magie noire empoisonnant ses veines, peut-être était-elle condamnée à devenir l’une d’elles. Et sous la caresse glaciale de cette pensée qu'elle s'efforçait de repousser, un frisson d'effroi parcourut son corps.
Il lui était inconcevable de prendre le risque de nuire à la petite famille.

— « Mais... Peut-être qu'en tant que prêtresse de la lune, vous connaissez des sorts, des artefacts, des potions, des rites ou des lieux sacrés qui pourraient purifier mon sang ? » Ses yeux brillèrent d'un éclat d'espoir. « Voire peut-être même des personnes ? »

Se confier à la drow était un geste aussi bien motivé par la recherche d'un remède que par un besoin de lui montrer sa confiance, son amitié. Car jusqu’ici, elle n’avait fait que la repousser.
Jamais elle ne ferait appel à un djinn si cela devait condamner le loup. C’était hors de question. Elle préférait pourrir de l'intérieur, sentir ses pouvoirs s'éteindre un à un, se transformer en une créature vile, plutôt que de sacrifier qui que ce soit, et encore moins son seul ami. D’ailleurs, retrouver son aile ne lui apportait aucune joie ; son esprit demeurait tourmenté par l'incertitude de ce que le djinn comptait faire du corps du loup. Alors, elle ne pouvait plus que se tourner vers l’elfe, qui, sans l’ombre d’un doute, ne trahirait jamais celui qu'elle surnommait Furie.

— « Pardonnez-moi, si ce n'est ni le moment, ni l'endroit de vous interroger à ce sujet... Je parle parfois plus vite que mes pensées... »

L'éclat ne quitta pas ses prunelles, où l'espoir flottait encore. Néanmoins, sa silhouette se rétracta à nouveau, prête à abandonner ce sujet si les trois amis désiraient s'épancher sur un autre plus léger que celui qu'elle avait osé proposer. Elle regrettait, comme par instinct, de s'être dévoilée, d'avoir laissé entrevoir ses douleurs. Bien qu'elle avait accompli, pour une fois, la prouesse de les laisser effleurer ses lèvres. Une avancée petite avancée à la fois.
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