Il n'y a que les causes perdues qui méritent qu'on les défende [Asma x Jen]
Messages : 355
Date d'inscription : 26/07/2022
Crédits : fleacircus.ig
Univers fétiche : Fantastique / Dérivés
Préférence de jeu : Les deux
Jen
Sam 15 Juil - 12:18
Erika
J'ai 25 ans et je vis à Sidh, XVIème arche majeure. Dans la vie, je suis employée dans un atelier de textile et je m'en sors bien. Sinon, grâce à mes décisions stupides, je suis fiancée par arrangement pour la seconde fois et je le vis plutôt très mal.
Des pas dans son dos lui indiquèrent qu'Orion remontait sur le pont. Erika ne s'était pas attendue à ce qu'il remonte aussi rapidement, elle avait été bien avisée de ne pas se mettre à trifouiller tout de suite. Elle garda les yeux résolument fixés sur le vide face à elle, jusqu'à ce que les pas se soient suffisamment éloignés.
Elle se retourna alors pour découvrir une assiette fumante posée juste là, de toute évidence à son intention. La jeune fille leva les yeux vers le poste de pilotage un peu plus loin, où Orion s'était installé. Il ne semblait pas avoir l'intention d'en repartir de sitôt. C'était sa chance d'aller fouiller le pont inférieur. Sans plus hésiter, Erika se saisit de l'assiette et des couverts, et disparut sans un bruit par l'échappée.
Lorsqu'elle fut seule de nouveau, la brunette jeta un regard suspicieux au contenu de l'assiette. Au regard de l'hostilité dont faisait montre le zéphyr, elle n'excluait pas entièrement la possibilité qu'elle soit empoisonnée. Elle avait envie de croire que cela ne lui ressemblerait pas, mais chaque instant qu'elle passait ici lui confirmait douloureusement qu'elle ne connaissait plus celui qu'il était devenu. A tout le moins, il aurait pu essayer d'y glisser un somnifère pour la maintenir tranquille quelques temps. Mais Erika avait besoin de tout le temps - indéterminé - dont elle disposait pour tenter de sauver sa peau. Elle laissa donc l'assiette intacte refroidir sur le bord de la table, tandis qu'elle se mettait à explorer les alentours.
Elle fut surprise de constater comme l'espace de vie était spacieux par rapport à ce qu'elle avait estimé de la taille du vaisseau. Il y avait là de quoi vivre tout à fait confortablement, mais cela sous-entendait aussi un nombre accru de cachettes possibles pour une carte. Elle se dirigea vers un bureau et entreprit d'ouvrir les quelques tiroirs qui n'étaient pas fermés à clé, mais n'y trouva rien d'intéressant. La bibliothèque ne contenait rien qui puisse l'aider non plus. Elle tenta ensuite sa chance sur une table un peu plus à l'écart, où elle finit par trouver, enroulée sur elle-même, une petite carte accompagnée de quelques instruments de mesure desquels elle se désintéressa immédiatement, trop occupée à dérouler la carte sous ses yeux. Elle n'était pas aussi détaillée que celle que lui avait prêté Orion dans la passerelle du Boréal, mais elle ferait avec. La nécromancienne chassa le souvenir et ferma les yeux pour faire appel à sa boussole.
Sidh lui apparut facilement, appel familier pour sa boussole désormais. Sans surprise, ils s'éloignaient de plus en plus de celle-ci. En vérifiant ses déductions précédentes sur la carte, Erika chercha à localiser Corpolis. Si sa théorie était bonne, ils devraient être entrain de s'en rapprocher. Mais à sa grande surprise, Corpolis lui apparut plus éloignée encore que Sidh. La brunette fronça des sourcils. Cela voulait-il dire qu'ils se dirigeaient vers l'Est ? Il n'y avait pourtant pas grand-chose à l'Est de Sidh... Son regard se posa sur Séléné, seule Arche majeure dans la direction. Entre Sidh et Séléné, il n'y avait visiblement pas d'Arches mineures, toutes étant densément concentrées autour de l'Arche des oniristes. Avec une moue perplexe, elle se concentra pour localiser l'Arche, et constata qu'ils se dirigeaient effectivement dans sa direction. En réalité, il lui sembla même que le cap était mis droit dessus.
Séléné était plutôt isolée du reste des Arches, y faire escale n'avait donc pas beaucoup de sens à moins de vouloir faire un détour considérable. Sauf s'il s'agissait là de leur destination finale. Erika secoua nerveusement la tête, ses yeux parcourant furieusement la carte. Si tel était le cas, alors elle n'aurait pas l'occasion de s'échapper avant leur arrivée à bon port. Ce plan était rudement bien ficelé. Quelle meilleure prison finalement, qu'un vaisseau volant ? Aucune possibilité de s'évader de l'appareil, jusqu'à ce qu'il soit amarré. Et en l'occurence, lorsque celui-ci sera amarré, il sera déjà trop tard pour espérer pouvoir échapper à quiconque l'attendrait sur place. La peur qu'elle était parvenue à faire taire momentanément revint au galop. Son coeur s'emballa, sa respiration se fit plus courte. Elle tenta de se raisonner. Peut-être avait-elle fait une erreur quelque part. Peut-être devrait-elle recommencer l'exercice, et se rendrait-elle alors compte qu'ils ne se dirigeaient pas droit vers cette maudite Arche isolée. Et que tout espoir n'était pas encore perdu pour sa fuite...
Des bruits de pas dans l'échappé la tirèrent brusquement de sa réflexion. Erika enroula précipitamment la carte et prétendit se diriger vers sa cabine, l'air de rien, en s'efforçant de contenir les tremblements qui secouaient ses mains.
Messages : 715
Date d'inscription : 01/04/2022
Crédits : deviantart
Univers fétiche : Dystopique, fantastique, mythologie, etc.
Préférence de jeu : Les deux
Asma
Sam 15 Juil - 15:51
Orion
J'ai 28 ans et je suis originaire de l'arche de Zéphyr. Dans la vie, j'étais pilote d'aérostat. Maintenant, je vis au jour le jour et je m'en sors sans y réfléchir. Sinon, j'ai été célibataire, j'ai été marié, j'ai divorcé et après tout cela, elle m'a brisé le cœur. En savoir plus.
Du coin de l’œil, Orion vit Erika repartir à l’intérieur avec son assiette. Si c’était elle qui quittait les lieux à chaque fois qu’il rentrait dans la pièce, alors cela signifiait qu’il n’avait pas même à s’encombrer de faire des efforts pour essayer de s’épargner sa présence. La réalisation le soulageait en même temps qu’elle lui fit ressentir un léger pincement au cœur. Elle le fuyait.
Lorsque la douleur devint suffisamment prégnante pour le forcer à arrêter d’employer son pouvoir, Orion cessa. Il se releva finalement de son fauteuil, son assiette à la main, et descendit la déposer dans la cuisine. Il découvrit qu’Erika était toujours dans la pièce à vivre. Il posa sur elle un regard circonspect. Il constata rapidement qu’elle n’avait pas touché l’assiette. Tant pis pour elle si elle avait décidé de s’affamer. Par contre, cela posait une question : si elle n’avait pas mangé pendant tout ce temps, alors quoi ?
Il se demanda ce qu’elle pouvait bien avoir décidé de manigancer. Son regard balaya la pièce et se posa finalement sur les petits détails. Des affaires déplacées et mal rangées. Le Léthé était son aéronef. C’était chez lui. Comment pouvait-elle penser qu’il ne remarquerait pas ce qu’elle avait déplacé.
Si elle cherchait un moyen de quitter le vaisseau, grand bien lui en fasse. Il n’y avait rien d’autre que la mer de nuages et eux. Pas âme qui vive à des kilomètres à la ronde. Il était même possible de ne croiser absolument aucun autre aérostat sur cette route. Séléné était loin d’être la mieux desservie des arches. Elle ne savait absolument pas faire naviguer l’un de ses engins et, si elle jouait avec les instruments, elle réussirait au mieux à les faire plonger dans l’espace entre les arches. Une autre façon d’en finir avec cette situation ubuesque. D’en finir définitivement.
Le grand brun n’étant pas complètement idiot, il avait programmé des alarmes qui l’avertiraient si le Léthé changeait de vitesse, de cap ou d’altitude. C’était indispensable lorsque l’on voyageait en solitaire et que l’on ne souhaitait pas être asservi à la conduite du vaisseau.
Orion récupéra l’assiette à laquelle Erika n’avait pas touché et en jeta le contenu avant de lui faire rejoindre l’évier avec la sienne.
- Je n’ai aucune intention de t’empoisonner, si c’est ce que tu penses, lança-t-il à la cantonade, d’un ton qui ne laissait aucunement place à la discussion. Si j’avais eu l’intention de te tuer, ce serait chose faite depuis longtemps…
Tout en parlant, il passa mécaniquement une main sur sa nuque et son front endoloris et se servit un grand verre d’eau fraîche.
La vaisselle faite, il fit chauffer de l’eau qu’il versa dans une bouillotte. Il espérait qu’en l’appliquant sur sa nuque, la chaleur aiderait à juguler sa migraine. Il avait besoin de se reposer un moment avant de pouvoir être de nouveau d’attaque. Sans un mot, le silence le seyant parfaitement, le grand brun disparut dans sa cabine.
Il retira sa tunique et ses bottes. Il avait besoin de quelques heures. Erika était beaucoup de choses pour lui – une nuisance, surtout – mais en aucun cas une menace. En attendant, elle n’avait qu’à faire ce qui lui chantait.
Messages : 355
Date d'inscription : 26/07/2022
Crédits : fleacircus.ig
Univers fétiche : Fantastique / Dérivés
Préférence de jeu : Les deux
Jen
Sam 15 Juil - 18:23
Erika
J'ai 25 ans et je vis à Sidh, XVIème arche majeure. Dans la vie, je suis employée dans un atelier de textile et je m'en sors bien. Sinon, grâce à mes décisions stupides, je suis fiancée par arrangement pour la seconde fois et je le vis plutôt très mal.
La voix d'Orion dans son dos la fit s'arrêter brusquement. Elle ne pensait pas qu'il prendrait la parole. Ses mots lui glacèrent le sang. Heureusement qu'elle ne s'était pas retournée. Elle garda le regard rivé sur la porte de cabine face à elle, pour qu'il ne lise pas l'effroi qu'il avait fait naître dans ses yeux.
"- Je n'en doute pas une seconde", rétorqua t-elle, acide, sans même avoir à mentir.
Elle l'avait senti dans ses tripes, elle ne pouvait pas le nier. Il était tout à fait sérieux. "Je ne joue pas" avait-il déclaré, en plaquant une lame contre sa gorge. Un coup sec et c'en était fini d'elle. Et sa main n'avait même pas tremblé. Quelque chose lui susurra qu'il ne l'avait pas achevée uniquement parce que son commanditaire l'avait demandé vivante - pour le moment. Et qu'il prenait donc soin de ne pas abîmer sa marchandise. Tout simplement. Nouveau frisson d'horreur. Elle s'engouffra dans sa cabine sans demander son reste, le laissant à sa vaisselle et ses envies de meurtres.
Mais dès qu'elle eut remis les pieds dans cet espace exigu, elle sentit la panique remonter à la surface. Et cette fois, elle était teintée de désespoir. Séléné. Pourquoi ? Qu'est ce que les oniristes avaient à voir avec cette histoire ? Et l'Arche était si proche. Au vu des distance sur la carte, elle était à plus ou moins équidistance de Sidh avec Zéphyr. Il avait fallu quatre jours au Typhon pour faire ce même trajet, avec une escale à Corpolis. Le petit vaisseau dans lequel elle se trouvait - comment l'avait-il nommé d'ailleurs ? - serait certainement plus rapide. Ce qui signifiait que la traversé serait courte. Très courte. Bien trop courte pour qu'elle puisse espérer fuir, à moins de vouloir se jeter dans la mer de nuages. Etait-ce si terrible au fond ? Elle repensa à Domitille, lui tombant dessus depuis son lit. Elle eut un sourire attristé. Si elle avait su...
Erika prit soudain conscience que le remue-ménage de la vaisselle semblait avoir cessé. Mieux, il n'y avait plus aucun bruit derrière la porte. Histoire de faire taire cette anxiété sourde, et surtout parce qu'elle ne pouvait pas rester les bras croisés sans rien essayer, la brunette poussa discrètement la porte pour passer un oeil par l'ouverture. Personne. Elle mit le pied en dehors de la cabine.
La nécromancienne se risqua à faire un tour complet de l'appareil, sans le croiser. Tant mieux, elle aurait tout le loisir d'apprendre à mieux connaître sa prison. Et par la même occasion, elle s'épargnerait la brûlure de son regard insoutenable.
Il avait de toute évidence disparu dans sa cabine. Mais d'ailleurs, pourquoi avait-il prévu deux cabines à bord de cet aéronef ? Erika sourcilla. Elle ne réalisait que maintenant les implications d'un tel agencement. Avait-il quelqu'un dans sa vie ? Quelque chose de féroce gronda en elle. Elle remonta par l'échappée pour chercher de l'air frais.
Elle se dirigea droit sur le poste de pilotage, qu'elle n'avait pas pu explorer plus tôt. Son regard s'arrêta sur les instruments de commandement. Une idée folle lui traversa l'esprit. Et si... ? Elle posa la main sur un levier aléatoire, mais la retira aussitôt. Non. Elle ne savait pas piloter cette chose. Orion le savait très bien, et c'est pour ça qu'il ne prenait aucune précaution à son égard. Il la savait inoffensive. Rien que pour lui donner tort, elle eut envie de toucher à tous les boutons jusqu'à ce quelque chose se produise. Mais en y réfléchissant une seconde, il était évident que le mieux qu'elle réussirait à faire était probablement de les tuer tous les deux. Il y avait de meilleures manières de mourir. Elle se ravisa.
Le reste du pont supérieur n'offrait rien d'intéressant à part une vue déprimante. Erika redescendit sur le pont inférieur, et se dirigea vers la cuisine. Elle ouvrit les tiroirs, et vérifia les couteaux de cuisine. Elle en compta trois à l'apparence dangereuse. Trois armes potentielles donc, en plus du couteau qu'elle gardait dans sa poche. Trois armes de plus qu'il pourrait retourner contre elle à chaque instant. Réjouissant. Le reste de la cuisine n'offrait rien de particulier, à moins qu'il ne lui prenne l'idée de l'assommer avec une casserole ou une poêle à frire.
Malgré l'absence du propriétaire des lieux, la nécromancienne se sentait mal à l'aise à l'idée de s'attarder dans cet espace de vie, maintenant qu'elle avait trouvé cette carte qui ne l'avait finalement pas vraiment avancé. Chaque meuble, chaque objet, était d'une manière ou d'une autre imprégné de la présence du zéphyr, même implicite. Et il lui était douloureux d'affronter ce quelque chose d'à la fois si familier et si étranger. Elle finit par remonter sur le pont inférieur, qui lui semblait déjà être un espace plus neutre. Elle n'avait pas le courage de s'enfermer dans sa cabine pour le moment, redoutant la confrontation entre elle et elle-même.
La brunette retrouva sa place accoudée au bastingage, et se sentit particulièrement impuissante. Tout autour d'elle, la mer de nuages. Celle qui lui avait paru si belle il fut un temps, lui apparaissait désormais comme une prison gigantesque. Pas âme qui vive aux alentours, ni Arche, ni l'ombre d'un vaisseau. Elle sentit la peur lui nouer les entrailles. Elle ne savait pas ce qui était pire entre la certitude de ne rien pouvoir faire pour s'échapper de cette nouvelle bande de cinglés, ou l'incertitude du sort qu'ils comptaient lui réserver. Orion le savait-il lui, ce qu'il adviendrait d'elle ? Etait-ce pour ça qu'il avait accepté cette mission ? Erika secoua méchamment de la tête. Pourquoi devait-elle tout le temps en revenir à lui ?
Peut-être parce que tu as un millier de choses à lui dire ? Suggéra la voix de Bertille dans sa tête. La nécromancienne sentit son coeur sombrer. Pas dans ces circonstances. Elle devait être stratégique, pas sentimentale. Elle ne parviendrait pas à faire de lui un allié. Ou le pourrait-elle... ? Non. Plus le même homme. Elle se le répéta en boucle jusqu'à ce que l'idée lui sorte de l'esprit.
Sa boussole se mit alors à la recherche du visage familier de ses soeurs. De ses parents. Que faisaient-ils ? Pouvait-elle compter sur eux pour lui porter secours ? Ce qu'elle vit la déchira. Horace, le visage déformé par la colère, entrain de se disputer avec virulence contre son père. Son père qui était lui aussi rouge de colère. De quoi s'accusaient-ils mutuellement ? Bertille et Adèle consolaient leur mère, les yeux rougis de larmes. Ils étaient tous encore dans leurs habits d'apparat, sur le lieu même de son enlèvement. Erika voulut hurler. Leur dire où elle était. Les supplier de venir la chercher. Pourtant, chacun semblait trop occupé soit à vociférer, soit à pleurer, pour s'inquiéter de venir lui porter assistance. Sérieusement ? Les membres de sa famille n'étaient certainement pas des personnes d'action. Mais tout de même, ils auraient pu faire un effort. Erika ravala un sanglot, dépitée. Seule. Elle n'avait jamais été aussi seule.
Messages : 715
Date d'inscription : 01/04/2022
Crédits : deviantart
Univers fétiche : Dystopique, fantastique, mythologie, etc.
Préférence de jeu : Les deux
Asma
Dim 16 Juil - 9:48
Orion
J'ai 28 ans et je suis originaire de l'arche de Zéphyr. Dans la vie, j'étais pilote d'aérostat. Maintenant, je vis au jour le jour et je m'en sors sans y réfléchir. Sinon, j'ai été célibataire, j'ai été marié, j'ai divorcé et après tout cela, elle m'a brisé le cœur. En savoir plus.
Lorsqu’il rouvrit finalement les yeux, la nuit était tombée sur la mer de nuages. Sa cabine était plongée dans la pénombre. Il laissa ses yeux s’habituer progressivement à l’obscurité, jusqu’à commencer à distinguer plus nettement le mobilier de la pièce. A ce moment seulement, il se leva et quitta la pièce.
Le salon était tout autant plongé dans le noir. Une lointaine image fugace lui traversa soudainement l’esprit. Un choc dans l’obscurité. La jeune femme dans ses bras. « On peut savoir ce que c’est que cette manie de me prendre pour un paillasson ? ». Orion s’empressa de la chasser de sa tête. Il n’avait que très peu de risque de la croiser sur son chemin, cette fois-ci, et c’était tant mieux. Orion traversa la pièce jusqu’à la cuisine. Connaissant parfaitement l’emplacement de chaque meuble, chaque ustensile, chaque aliment, le secours des yeux n’était plus qu’un accessoire facultatif. Sans même prendre la peine d’allumer, il se prépara une grande tasse de café. La caféine l’aiderait à juguler les céphalées et à tenir pour le reste de la nuit.
Examinant rapidement les lieux en attendant que le breuvage ne soit prêt, il constata qu’il n’y avait pas non plus de lumière qui filtrait sous la porte de la cabine de la jeune femme. Se pourrait-il qu’elle ait enfin décidé d’aller se coucher – et pas uniquement de le rendre dingue – ? Paradoxalement, ce trajet le faisait se sentir plus seul qu’il ne l’avait été au cours de la dernière année. Il roula des yeux et secoua la tête.
Bringuebalant, tressautant dans tous les sens, pris dans les embardées du vent féroce, le Léthé descendit tant bien que mal dans le blizzard qui soufflait sur le Pôle. Orion avait fait l’acquisition du vaisseau peu après avoir quitté le Boréal. Sous prétexte qu’il avait tout quitté, cela ne signifiait pas qu’il comptait rester cloué au sol sur Zéphyr. Son Arche était elle-même devenue trop oppressante. Qui plus était, il avait des choses à régler.
Lorsqu’il fut sécurisé à l’intérieur du hangar prévu à cet effet, le grand brun, drapé dans un épais manteau en fourrure, embarqua dans le traîneau qui l’emmena jusqu’à la Citacielle. Celle-ci avait retrouvé ses quartiers d’hiver plus à l’Est de l’Arche. Le convoi avait longé une immense forêt pour découvrir la cité flottant au-dessus d’un lac gelé.
Le Clairdelune, à l’inverse, baignait dans un doux climat printanier. Dans l’illusion de jardin, les pommiers et les amandiers étaient en fleur. Orion avait du mal à s’acclimater à cet état de mensonge perpétuel. Il déglutit quand il vit au loin apparaître les deux silhouettes familières du frère et de la sœur, aussi blonds et souriants l’un que l’autre.
- Orion, quelle charmante surprise, s’extasia Clairemonde. - Mon ami ! s’exclama un Archibald bien trop enthousiaste à son goût. Comment se porte notre très chère Erika ?
Le grand brun serra les mâchoires.
- Archibald, vous comme moi savons que tout cela n’était qu’une mascarade. Une illusion de plus, ajouta-t-il avec une moue pour tout ce qui l’entourait. Vous l’avez toujours su, n’est-ce pas ?
Le frère et la sœur se regardèrent d’un air entendu. Archibald haussa les épaules sans se départir de son sourire de circonstance.
- Bien la première fois que je croise une femme mariée à ce point insensible à mon charme, fit mine de maugréer Archibald avec un rictus amusé. - S’il y avait bien une chose qui n’était pas feinte dans toute cette affaire, c’était les sentiments sincères que vous aviez l’un pour l’autre, aussi inconscients ayez-vous pu… - Je n’ai pas fait toute cette route pour parler d’elle, les coupa sèchement Orion dans leurs digressions. Où est-il ?
Enfin, le sourire d’Archibald sembla vaciller sur ses lèvres pour finalement s’éteindre. Clairemonde lâcha le bras de son frère auquel elle était fermement rivée et prit congé des deux hommes. D’un signe de tête, l’ambassadeur du Pôle lui fit signe de le suivre.
Après un énième trajet par l’ascenseur le plus long du monde, ils quittèrent le Clairdelune, pour les bas-fonds de la Citacielle. Il ne s’agissait évidemment pas du genre d’endroits dont les nobles voulaient à portée de vue. C’était trop vrai. Trop réel. Au cœur de la pièce glacée tendue de lourdes tentures noires et décorée de vases assortis de fleurs séchées, l’urne blanc d’albâtre tranchait cruellement. La petite plaque métallique au bas de l’objet était gravée d’un simple nom et d’une date de décès.
- Une autopsie a été pratiquée au préalable, s’éleva dans son dos la voix de l’ambassadeur, à peine plus qu’un murmure.
Le joyeux larron était donc capable de gravité lorsque les circonstances l’exigeaient.
- Comme je l’indiquais dans mon courrier, son corps a été retrouvé affreusement mutilé par les Bêtes… mais elles ne sont pas à l’origine du décès. C’était plutôt comme si on avait voulu faire croire qu’il s’était enfui de la prison et qu’il s’était fait rattraper par une Bête en traversant leur territoire. Mais en réalité, il était mort bien longtemps avant que les Bêtes ne croisent son chemin.
Le regard d’Orion ne lâcha pas l’urne sous ses yeux.
- Farouk s’est lassé de toute l’affaire. Il a demandé à ce que l’enquête soit close. « Arrêter de gâcher des ressources du Pôle pour un criminel » furent ses termes. Je suis désolé.
Une bouffée de colère l’envahit. Sans un mot, le grand brun s’empara de l’urne et tourna les talons.
En dépit de ses crimes, même ostracisé, Elios restait un zéphyr. À défaut des égards, il avait à tout le moins droit aux rites funéraires qui seyaient aux siens. Ce fut ainsi qu’il ramena les cendres de son père à Zéphyr pour qu’elles puissent être dispersées aux quatre vents.
Avant de repartir, il avait fait un ultime crochet par la manufacture de la dona Mercedes Imelda. Cette dernière n’avait pas eu le cœur de refuser d’accéder à sa requête.
Sa tasse à la main, le grand brun remonta sur le pont supérieur, tout encore pris à ses pensées. La petite cérémonie, simplement en présence de ses grands-parents. La façon dont il avait quitté l’arche dès le lendemain avant les vêpres pour s’épargner de déchirants adieux avec sa grand-mère. Le départ de Zéphyr sous le couvert d’une nuit sans lune. Comme cette nuit.
Messages : 355
Date d'inscription : 26/07/2022
Crédits : fleacircus.ig
Univers fétiche : Fantastique / Dérivés
Préférence de jeu : Les deux
Jen
Dim 16 Juil - 14:29
Erika
J'ai 25 ans et je vis à Sidh, XVIème arche majeure. Dans la vie, je suis employée dans un atelier de textile et je m'en sors bien. Sinon, grâce à mes décisions stupides, je suis fiancée par arrangement pour la seconde fois et je le vis plutôt très mal.
Une main lui releva le menton, la forçant à faire face à un visage teinté d'un bleu surnaturel. Deux yeux perçants la sondaient avec intensité. De part et d'autre de la chaise sur laquelle on l'avait assise, deux silhouettes immenses lui agrippaient fermement les bras, pour la maintenir clouée sur le siège. Elle était de retour dans cette cellule sombre et sans fenêtre, mais ce n'était plus Astréos et Sélène qui faisaient office de tortionnaires. Elle sentit une quatrième présence derrière son dos. Que lui voulaient-ils tous cette fois ?
Leurs paroles se mélangeaient dans une cacophonie confuse. Sa tête était comme emprisonnée dans un bocal, d'où tous les sons lui parvenaient étouffés. Elle était en danger, c'était la seule chose dont elle était certaine. Les lèvres sur le visage azuré remuaient frénétiquement, mais elle ne comprenait pas ce qu'on lui demandait. Et soudain, une douleur insoutenable éclata dans sa boîte crânienne. Non, pas encore. Elle ne tiendrait pas. Elle leva un regard implorant sur le personnage face à elle, et la douleur diminua légèrement. Mais elle n'eut pas le temps de souffler qu'un bruit de lame dans son dos la tétanisa. La quatrième silhouette pénétra dans son champ de vision. Dans sa main, le couteau ouvragé d'Astréos. Mais ce n'était pas Astréos qui s'apprêtait à plonger la lame dans sa poitrine. Son coeur s'arrêta. Lui. Et son visage impassible. Il avait même la cruauté de planter ses yeux dans les siens en esquissant le coup mortel. Elle voulut hurler, mais le cri resta coincé dans sa gorge.
Erika se redressa brusquement dans son lit. Elle avait la respiration courte, et le visage trempé de sueur. Son coeur battait à en exploser dans sa poitrine, tandis que ses mains agrippaient les draps à les en déchirer. Elle avait la bouche asséchée. Il lui fallut quelques secondes pour retrouver ses esprits. Un cauchemar. Ce n'était qu'un cauchemar. Rien de tout cela n'était réel. Ou du moins, pas pour l'instant. Cette pensée la terrifia à nouveau.
Difficilement, la brunette sortit de son lit, attrapa une laine qu'elle se passa sur les épaules, et tâtonna tant bien que mal jusqu'à la petite salle de bains, non sans s'être pris les pieds dans tous les meubles possibles sur le chemin. Face au lavabo, elle se passa de l'eau fraîche sur le visage pour en ôter la sueur et tenter de retrouver un peu de clarté d'esprit. Sa gorge était encore nouée par la terreur induite par le mauvais rêve. Très précisément parce que ce mauvais rêve était un peu trop proche de la réalité.
Elle ne se rendormirait pas tout de suite. Alors malgré l'obscurité environnante, Erika entreprit de trouver son chemin jusqu'à l'échappée, et déboucha sur le pont supérieur. Tout le vaisseau était plongé dans le silence. Orion devait encore être assoupi. Tant mieux.
La nécromancienne inspira et expira longuement l'air frais de la nuit. Elle s'approcha du bastingage pour s'y appuyer et laissa ses pensées s'ancrer à nouveau dans la réalité. Ce n'était qu'un mauvais rêve, après tout. Elle se concentra pour faire appel à sa boussole interne.
Ses maigres espoirs furent rapidement balayés. Séléné lui apparut plus proche encore, et tout ce qu’elle voyait autour d’elle - le néant plongé dans l’obscurité - ne faisait que renforcer son sentiment d’isolement. Elle ne trouva pas le courage de conjurer l’image de sa famille. Ce qu’elle risquait de voir n’allait certainement pas l’aider à se sentir mieux.
Orion avait mentionné Farouk. Jusque là, il y avait un semblant de logique, après tout, la cérémonie du don était une tradition du Pôle, et Archibald lui-même avait été envoyé à son mariage. Mais que venait faire Séléné dans cette histoire ? La main bleutée qui lui maintenait le visage lui revint en tête. Quels genre d’ennemis étranges et dangereux s’était-elle fait ?
Soudain, elle perçut des pas dans son dos. Erika se raidit imperceptiblement. Que fichait-il debout en pleine nuit ? Elle revit son visage dans son cauchemar. Non, ce n’était justement qu’un cauchemar. Pourtant, les images ne la quittaient pas, et l’angoisse non plus.
La question lui échappa avant qu'elle ne puisse réfléchir.
"- Pourquoi Séléné ?"
Elle s'en voulut instantanément. Au mieux, il ne répondrait pas et continuerait à l'ignorer comme si elle n'était qu'un élément du décor. Au pire, il esquiverait la question en lui assénant une nouvelle vague de remarques acerbes et glaciales. Ou peut-être n’en savait-il rien lui-même. Un transporteur. Il ne s’était peut être même pas demandé ce qu’il adviendrait d’elle, une fois transportée. La brunette se barricada l'esprit. Quoiqu'il puisse dire - ou ne pas dire -, elle s'efforcerait d'ignorer toute information qui ne lui serait pas utile dans l'immédiat. Son regard resta résolument fixé par-delà le bastingage. Les images de son cauchemar continuaient à défiler en boucle sur la surface obscure de la mer de nuages.
Messages : 715
Date d'inscription : 01/04/2022
Crédits : deviantart
Univers fétiche : Dystopique, fantastique, mythologie, etc.
Préférence de jeu : Les deux
Asma
Dim 16 Juil - 15:17
Orion
J'ai 28 ans et je suis originaire de l'arche de Zéphyr. Dans la vie, j'étais pilote d'aérostat. Maintenant, je vis au jour le jour et je m'en sors sans y réfléchir. Sinon, j'ai été célibataire, j'ai été marié, j'ai divorcé et après tout cela, elle m'a brisé le cœur. En savoir plus.
Le grand brun avala une grande lampée de café et activa son pouvoir. Le vent commença à forcir autour du Léthé et le vaisseau prit de la vitesse. D’après ses calculs, s’il parvenait à maintenir ce train d’enfer, ils pourraient arriver le surlendemain en fin d’après-midi. C’était encore bien trop long pour le temps qu’il avait à passer en huis-clos avec la nécromancienne, mais c’était le rythme le plus soutenu qu’il pouvait imposer au Léthé et surtout à lui-même.
Soudain, une voix s’éleva dans l’obscurité. Orion sursauta. En réaction, le vaisseau fit une brusque embardée. Ça, par contre, ce n’était pas forcément bon signe. Le fait que ses pouvoirs soient aussi sensibles à ses humeurs ou ses émotions ne gageait rien de positif pour la suite. Il fallait qu’il fasse attention au surmenage. Le grand brun jugea pourtant bon de ne pas s’en préoccuper pour l’instant.
Il n’avait pas remarqué la présence d’Erika sur le pont jusqu’à ce que cette dernière ne prenne la parole. Il aurait fait un bien mauvais geôlier. Heureusement pour lui, en la matière, c’était le Léthé lui-même qui faisait le plus gros du travail. La question de la jeune femme le prit au dépourvu. Plus que la question, ce fut le ton sur lequel elle était posée qui le laissa perplexe. Ni agressif, ni vindicatif, ni quoi que ce soit d’autre.
Le sujet était suffisamment neutre pour lui pour qu’il daigne répondre à la question. Il réfléchit quelques instants avant de prendre la parole, gagnant un peu de temps en avalant une gorgée de café brulant.
- Aucune idée. Parce que ce n’est pas naturellement un endroit où quelqu’un penserait aller te chercher ?
Y avait-il quelqu’un sur sa trace, d’ailleurs ? Quelqu’un était-il en train de rechercher Erika en ce moment même ? Sa famille, peut-être ? Se soucieraient-ils plus du bien-être de leur fille ou de l’impact de sa disparition sur leur propre statut social ?
- Je te l’ai dit, je ne suis pas le cerveau de l’opération, poursuivit-il d’un ton qu’il voulait désinvolte. Crois-le ou non, on m’a envoyé au motif que « peut-être tu m’écouterais »…
Il leva les yeux au ciel et secoua la tête. Pourquoi il avait dit cela, il n’en savait rien. Elle ne manquerait pas de se moquer, c’était certain. Et elle aurait raison de le faire. C’était parfaitement risible. Comme si elle n’avait jamais écouté quelqu’un d’autre qu’elle-même. Scrutant les étoiles dans le ciel, il reprit une gorgée de café.
Messages : 355
Date d'inscription : 26/07/2022
Crédits : fleacircus.ig
Univers fétiche : Fantastique / Dérivés
Préférence de jeu : Les deux
Jen
Dim 16 Juil - 18:47
Erika
J'ai 25 ans et je vis à Sidh, XVIème arche majeure. Dans la vie, je suis employée dans un atelier de textile et je m'en sors bien. Sinon, grâce à mes décisions stupides, je suis fiancée par arrangement pour la seconde fois et je le vis plutôt très mal.
Le vaisseau tangua brutalement, et Erika se retint avec un hoquet de surprise sur le garde-corps. Si le coup était volontaire, c’était très bien joué de la part du capitaine. Elle avait manqué de passer par-dessus le bord, appuyée comme elle l’était sur le bastingage. Ainsi, il ne l’aurait pas techniquement tué lui-même, elle aurait simplement été victime d’un malheureux accident à bord. La jeune fille se rembrunit et s’accrocha plus fermement sur le rebord. Son cauchemar était peut-être prémonitoire finalement.
Le silence s’étira de nouveau dans la nuit, et Erika crut qu’Orion ne prendrait pas la peine de répondre. Elle sentait pourtant toujours sa présence dans son dos. Peut-être allait-il même lui faire l’affront de rester là, pour bien lui montrer qu’il l’ignorait délibérément. Elle allait lâcher l’affaire et retourner dans sa cabine pour s’épargner une nouvelle confrontation douloureuse lorsque sa voix s'éleva finalement.
Elle hocha imperceptiblement de la tête. Pragmatique. Effectivement, il n’y avait aucun lien logique apparent à faire entre cette affaire et l’Arche de Séléné. Quant à ce qu’impliquait ce choix pour brouiller les pistes…
« - Précaution inutile à mon humble avis », ne put-elle s’empêcher de railler, amère, avant de se rendre compte un peu tard qu’elle donnait une information précieuse à son ravisseur, comme quoi elle n’était absolument pas suivie.
La nécromancienne fronça du nez sans rien ajouter. Elle devait apprendre à se montrer plus prudente avec lui. Il n’était pas son allié, bien au contraire. Elle scruta la mer de nuages face à elle, comme si quelque chose d’utile pour se sortir de ce traquenard allait en apparaître magiquement, si elle la regardait avec suffisamment d’insistance.
La suite des explications du zéphyr la laissa perplexe. Malgré qu’il avait voulu présenter l’information comme étant sans importance, le motif pour lequel il avait été désigné était pour le moins surprenant. Encore plus quand on pensait à la manière dont il avait finalement exécuté cette mission.
« - Que je t’écouterais ? répéta t-elle, plus étonnée qu’autre chose. Et donc comment suis-je censée t’écouter si tu me kidnappes sans un mot pour me déposer toujours sans un mot sur une Arche au bout du monde avant de disparaître à nouveau ? »
Et puis, l’écouter à quel sujet d’ailleurs ? Parce que s’il avait fallu écouter les conseils du grand brun, c’était bien avant. Avant qu’elle ne prenne la stupide décision de se plier aux attentes de ses parents, par désespoir de cause. Avant qu’elle ne décide que ce n’était qu’une transaction sans importance, et que si cela permettrait au moins de sauver l’honneur de sa famille, alors elle en valait le sacrifice, puisqu’elle-même n’attendait plus rien de l’avenir. Avant qu’elle ne lui tourne le dos, à lui, en dépit de tout. Mais lui avait-elle jamais réellement tourné le dos ? Désormais il était un peu tard. Au fond, elle le savait depuis longtemps. Elle aurait dû l’écouter ce soir là, sur Zéphyr. Ne pas le mettre dans cette situation délicate. Mais elle n’en avait pas eu le courage et elle en payait désormais les pots cassés.
Erika trouva finalement le courage de pivoter sur elle-même pour observer la silhouette se détachant dans l’obscurité. Elle s’adossa au bastingage, au cas où le vaisseau - ou son capitaine - referait des siennes. Son estomac se remplit soudain de plomb. Dans la pénombre, silencieux et sans qu’elle ne puisse distinguer son expression, il ressemblait en tout point à celui qu’elle avait aimé.
Messages : 715
Date d'inscription : 01/04/2022
Crédits : deviantart
Univers fétiche : Dystopique, fantastique, mythologie, etc.
Préférence de jeu : Les deux
Asma
Dim 16 Juil - 20:24
Orion
J'ai 28 ans et je suis originaire de l'arche de Zéphyr. Dans la vie, j'étais pilote d'aérostat. Maintenant, je vis au jour le jour et je m'en sors sans y réfléchir. Sinon, j'ai été célibataire, j'ai été marié, j'ai divorcé et après tout cela, elle m'a brisé le cœur. En savoir plus.
La sortie de la jeune femme le laissa perplexe. Comment pouvait-elle avec un tel aplomb affirmer que personne ne la chercherait. L’amertume dans sa voix fut loin de lui échapper. Il ne s’était peut-être pas mépris sur l’appréciation de ses parents. Il n’avait aucun doute quant au fait qu’il ne se soit pas trompé sur le « fiancé ». Un imbécile fini intéressé uniquement par son pouvoir qui ne ferait même pas semblant de s’émouvoir de la disparition de sa promise. Pour ce qui était des parents, le constat avait toute raison d’être plus amer pour Erika. Mais il s’étonnait qu’elle soit si catégorique sur le sujet.
Pour autant, c’étaient eux qu’elle avait choisi. Quelque chose en lui gronda sourdement. Elle les avait choisis, eux. Il l’aurait cherchée, lui… Il aurait parcouru toutes les arches de cette fichue planète une par une pour la retrouver. Il l’avait fait une fois, après tout, et pour elle, il l’aurait refait les yeux fermés… fut un temps. Un temps désormais révolu. Il déglutit. Elle n’avait qu’à assumer ses choix. Il ne s’apitoierait pas sur son sort.
- C’est ce que je lui ai dit, mais elle non plus ne m’a pas écouté, maugréa-t-il dans sa barbe, se parlant plus à lui-même qu’à elle.
C’était peut-être ce à quoi il était condamné. A ne pas être écouté des femmes dans sa vie.
Orion n’était pas d’humeur à être vindicatif. Pas maintenant, pas de suite, pas aussi gratuitement. C’était peut-être la nuit qui le rendait si… affable ? Non, pas particulièrement affable. Simplement accessible sans agression en retour. Il trouvait son apparente sérénité dans les étoiles. Il continua à scruter la voûte céleste, occupé à identifier les constellations qui lui étaient familières. Ne pas la voir aidait. Il pouvait distinguer sa silhouette mais ne s’y attarda pas. Il préférait ne pas l’observer. Ça avait toujours été plus simple de lui parler sans la regarder.
- Tu joues avec des forces qui n… te dépassent.
Il avait failli dire « nous » mais s’était rapidement repris. Il n’y avait pas lieu d’utiliser « nous ». Il n’y avait pas de « nous ». Ou plus exactement, il n’avait plus de « nous ». Il n’y avait qu’elle et, comme l’appât à ennuis qu’elle était, les problèmes qu’elle s’attirait à elle-même et qu’elle lui attirait par la même occasion. Parce qu’encore et encore, Orion n’était rien de plus qu’un dommage collatéral dans l’histoire d’Erika.
- Tu n’as pas voulu m’entendre il y a un an. Je ne me leurre pas. Je ne pense pas avoir plus de chance de t’en convaincre aujourd’hui, alors je ne m’y essayerai pas, déclara-t-il d’un ton posé.
Comment rationnellement faire comprendre à Erika qu’à défaut de mieux, il était le moindre mal. Qu’il valait mieux que ce soit lui qui ait mis la main sur elle plutôt qu’un autre. Qu’au fond, et ça lui en coûtait de l’admettre, il faisait cela pour la protéger. Pour la protéger d’elle-même et de l’absurdité de ses propres décisions.
- Mais si jamais elle te demande, dis-lui que j’ai essayé, lâcha-t-il d’un ton désabusé.
Messages : 355
Date d'inscription : 26/07/2022
Crédits : fleacircus.ig
Univers fétiche : Fantastique / Dérivés
Préférence de jeu : Les deux
Jen
Lun 17 Juil - 10:51
Erika
J'ai 25 ans et je vis à Sidh, XVIème arche majeure. Dans la vie, je suis employée dans un atelier de textile et je m'en sors bien. Sinon, grâce à mes décisions stupides, je suis fiancée par arrangement pour la seconde fois et je le vis plutôt très mal.
Elle ? Mais de qui parlait-il ? Son commanditaire serait donc une femme ? Peut-être celle pour qui il avait fait installer cette deuxième cabine à bord ? Le grondement dans sa poitrine revint furieusement à la charge. Erika peina à laisser sa raison reprendre le dessus. Premièrement, ce n'était pas la question. Et deuxièmement, non, en y réfléchissant de manière sensée, il n'y avait pas beaucoup de femmes qui pourraient ainsi se mêler de cette affaire et embarquer Orion avec elle encore une fois, bien contre son gré.
Si c'était bien Alba qui avait envoyé son fils, quel dessein pouvait-elle bien avoir prévu pour la nécromancienne ? Erika ne savait pas grand-chose de l'arcadienne. Etait-elle aussi folle à lier qu'Elios l'avait été ? Elle lui avait pourtant fait l'effet d'une femme plus réfléchie, plus raisonnable. Que ferait alors une femme réfléchie et raisonnable face au problème que représentait Erika ? Si elle était pragmatique et un brin sans-coeur, l'exécution aurait été la plus radicale des solutions. Alors pourquoi la faire kidnapper par son fils plutôt que de venir directement l'achever avant qu'elle ne puisse procéder à la transmission du pouvoir ? A cette pensée, la brunette frissonna. Se pouvait-il qu'en plus d'Orion, il y ait eu d'autres invités embusqués dans cette cérémonie, dont certains affublés d'une mission bien différente de celle du zéphyr... ? Elle refusa d'y penser pour le moment. Si Alba ne l'avait pas faite exécuter sur-le-champ, qu'envisageait-elle donc ? Un exil sur Arc-en-Terre, sans plus lui laisser le choix cette fois-ci, pour s'assurer qu'elle ne tenterait plus jamais de s'adonner à cet exercice ? Erika fronça des sourcils. Un peu trop clément par rapport à ce qu'elle avait vu jusqu'ici. Elle chassa les interrogations soulevées par cette hypothèse, et reporta son attention sur Orion qui avait repris la parole.
Il n'essayerait pas de la convaincre. Mais la convaincre de quoi ? Le mal était déjà fait, dans tous les cas. Qu'elle aille jusqu'au bout de cette histoire ou pas, il y avait déjà eu trop de dégâts irréparables. Et si une part d'elle-même refusait d'abandonner à cause des sacrifices endurés et continuait à vouloir clore la transaction, une autre avait perdu tout espoir en comprenant ce qui l'attendait. Personne à sa recherche, une nouvelle flopée d'ennemis trop puissants pour elle seule, et une vie qui lui avait échappé pour rien. Lui, qui lui avait échappé pour rien.
Peut-être même plus que ses paroles, ce fut leur implication qui la meurtrit. Il avait perdu tout espoir pour elle, il n'essayerait même plus. Elle n'aurait pas dû s'en étonner et pourtant, la nécromancienne dut prendre sur elle pour ne rien laisser paraître de son accablement. Si lui-même n'avait plus aucun espoir pour elle, elle était définitivement une cause perdue. Comment en était-elle arrivé là ?
Sa gorge se noua tandis qu'elle laissait ses yeux courir tristement sur les contours de la silhouette face à elle. Elle nota qu'il avait pris le parti de lui continuer à lui tourner le dos. L'image lointaine d'un grenier poussiéreux lui revint en tête. Elle laissa le souvenir filer. Trop douloureux.
"- Je lui dirai", promit-elle simplement.
Elle n'aurait même pas à mentir. Il avait essayé. Bien avant que qui que ce soit ne le lui demande, il avait essayé. Parce qu'il se souciait d'elle tout simplement. Et elle... Erika secoua la tête, fatiguée. Quel intérêt de ressasser des regrets maintenant qu'elle avait tout perdu ?
La brunette esquissa un mouvement en avant pour rejoindre l'échappée mais s'immobilisa un instant. Elle avait encore tant de choses à lui dire, tant de choses à lui demander. Mais par où devait-elle seulement commencer ? Je suis désolée ? Mais qu'en avait-il à faire désormais, de ses lamentables excuses ? Je n'ai jamais cessé de t'aimer ? Et alors ? Cela n'avait visiblement pas été assez. Alors quoi ? Son regard se posa de nouveau sur cette silhouette douloureusement familière. A chaque fois, elle sentait son coeur se déchirer en lambeaux et pourtant elle y revenait systématiquement. Pourquoi ? Parce que la douleur lui faisait au moins ressentir quelque chose ?
Dans la nuit, il semblait avoir trouvé un semblant de paix. Alors avant qu'elle ne puisse dire quelque chose qu'elle regretterait, elle observa cette image silencieuse jusqu'à s'en brûler les rétines, puis disparut par l'échappée sans un bruit.
Messages : 715
Date d'inscription : 01/04/2022
Crédits : deviantart
Univers fétiche : Dystopique, fantastique, mythologie, etc.
Préférence de jeu : Les deux
Asma
Mar 18 Juil - 20:17
Orion
J'ai 28 ans et je suis originaire de l'arche de Zéphyr. Dans la vie, j'étais pilote d'aérostat. Maintenant, je vis au jour le jour et je m'en sors sans y réfléchir. Sinon, j'ai été célibataire, j'ai été marié, j'ai divorcé et après tout cela, elle m'a brisé le cœur. En savoir plus.
Le Léthé se posa sur Ææa sous une pluie battante. De lourds nuages avaient envahi le ciel obscurci et la pluie s’en déversait comme d’une éponge que l’on aurait pressée.
Les falaises noires et imposantes qui ceignaient le lac semblaient se dresser plus haut encore sous la tempête. Les colonnes polygonales et parfaitement régulières des orgues basaltiques descendaient en escalier irrégulier vers le village niché le long du rivage. Là, les maisons étroites aux façades colorées s’étaient agglutinées les unes aux autres, comme pour mieux faire face aux éléments. Tout autour, derrière le rideau de brume qui les enveloppait, on pouvait entrapercevoir les paysages vallonnés et verdoyants des landes de la petite arche.
Orion avait posé l’appareil à une courte distance du hameau, dans une prairie de trèfle blanc. Ses cheveux mouillés collaient à son visage fatigué. Le col de son caban était remonté jusqu’à ses oreilles, mais il pouvait sentir l’eau s’insinuer dans son cou et les gouttes fraîches ruisseler dans son dos. Le grand brun descendit sans un regard en arrière. Il n’y avait de toute façon que très peu de chance que la jeune femme ait envie de rester plus longtemps à bord. Elle ne manquerait pas de descendre de son propre chef, surtout après le voyage qu’ils venaient de faire.
Erika et lui ne s’étaient plus parlé ou presque du reste de la traversée. Orion ne lui en avait de toute façon pas vraiment laissé l’occasion. Dans son fragile équilibre migraineux, tout le temps qu’il n’avait pas passé sur le pont à utiliser son pouvoir pour faire accélérer le vaisseau, il l’avait consacré à se reposer seul dans sa cabine. Il s’arrêtait parfois à la cuisine pour se sustenter. Dans ces moments, il faisait en sorte de toujours préparer plus que simplement pour lui et mettait un point d’honneur à systématiquement laisser une assiette ou une casserole à disposition de la nécromancienne. Si elle avait envie de s’affamer, ce serait son choix à elle et elle ne s’en prendrait qu’à elle-même. Mais il était hors de question qu’il prête le flanc à la critique sur ce point.
L’herbe sous ses pieds était si dense qu’il avait l’impression de marcher sur un épais tapis à boucles. Au loin, silhouette fantasmagorique, leur contact sélénite les attendait sur le chemin qui menait au hameau.
- Idunn ? Demanda Orion en s’approchant, non sans une certaine hésitation.
La femme repoussa le rideau de longs cheveux noirs qui masquait une partie de son visage diaphane et dévisagea froidement le zéphyr. Orion soupira intérieurement. Quelque chose lui disait déjà qu’il allait détester se trouver sur cette arche. Il étouffa un bâillement.
- Suivez-moi, s’éleva la voix éthérée de l’étrange créature à la peau bleutée qui lui faisait face. - C’est-à-dire que… commença-t-il à contester. - Venez, reprit la voix, se faisant impérieuse.
Orion soupira ostensiblement, cette fois-ci. Evidemment, ça aurait été trop simple de le laisser repartir immédiatement. Bien à contrecœur, toujours détrempé par l’ondée, il suivit la silhouette qui s’éloignait déjà en direction des maisons.
Contenu sponsorisé
Il n'y a que les causes perdues qui méritent qu'on les défende [Asma x Jen]