Tu peux comprendre qu’elle a du mal à dépenser l’argent qui n’est pas le sien, qu'elle ne veuille pas être redevable. Toi, tu as fait ça quasiment toute ta vie, par pur vengeance, envie de défier l'autorité jusqu'à avoir ton indépendance financière. Puis, ça gonflait l'orgueil de ton paternel de savoir qu'il investissait dans, soit disant, ton avenir. Ton propre argent, tu le gardes comme tu peux, quand l’impulsion d’acheter un truc inutile, mais qui te faisait du bien au cerveau, ne t’obligeait pas à sortir la carte bleue. Enfin, noire, mais ça… C'est une autre histoire. Alors, à sa remarque, tu te contentes de hausser les épaules.

- Boarf… T’sais mon père.. Tant que je ramène des victoires… Il s’en fout… Mais bon. Ca veut pas dire que j’ai envie que tu m’accompagnes aux réunions de famille en échange.

Que tu confirmes doucement. Non. Tu n'avais jamais vu qu'elle rencontre ta famille pour une bonne raison et encore aujourd'hui, tu refuseras ça, maintenant que vous êtes de nouveau ensemble. Ta seule vrai famille, c'est celle de Lisa, sa mère, son mari et les Ackermann. Point. De toute façon, ce sera plus simple pour Cornelia, elle les connaît déjà. Tu verras si Andreas vous invite à venir dimanche midi prochain au repas familial. Tu y penses doucement avant de suivre du regard les gestes de la jeune femme quand elle vient poser ses mains sur ton torse. Tu te redresses, frissonnant un peu sous ses gestes et approches ton visage vers elle.

- Tu sais que tu m’dérangeras pas si tu viens pendant un entraînement… Comme avant.

Oui comme avant. Quand elle venait se poser dans les tribunes avec Lisa pour observer. Quand elle venait sur la glace à la fin pour taper quelques palets avec le reste de l'équipe avant que tu ne partes avec elle un peu avant la fin. Comme avant. Tu rigoles ensuite à sa remarque avant de pouffer, approchant tes lèvres vers les siennes.

- Hum… Laisse moi réfléchir. Non.

Non, bien sûr que non. Un kidnapping consentis n'en est plus un, vous le savez. Tu t'apprêtes à l'embrasser avant de te figer en entendant ta sonnerie de téléphone qui retentit au loin. Tu grimaces et laisse sonner. Tu hausses les épaules, voulant reprendre où tu étais avant d'entendre de nouveau cette sonnerie venus des enfers. Tu te pinces le nez et te lèves rapidement, récupérant une serviette pour éviter de tremper tout le sol.

- Qui m'emmerde un dimanche ? Putain !

Que tu râles en le cherchant avant de soupirer, décrochant en voyant le nom. En parlant du loup.

- Oui Père ? Non, j'avais pas l'tel à côté, j'tais sous la douche. T'veux quoi ? … hum ..  hum ….

Tu l'écoutes parler, revenant vers la salle de bain, levant les yeux aux ciels et venant embrasser la brune abandonnée dans l'eau sur le front avant de t'adosser à l'évier de ta salle de bain.

- Pourquoi demain ? C'est obligé ? Et si je dis non ? Ouais ouais… Bah non du coup… Ok D'accord… Bye.

Tu jettes l'appareil sur le rebord de l'évier et te pinces le nez en soupirant.

- Veut faire un repas famille demain midi, genre dans un resto à la con où tu bouffes que dalle pour cent euros… La galère… Une de mes tantes qui veut toute la famille au complet. Bref … Les Sachs dans toutes leurs splendeurs.

Du moment que l'équipe du jeune homme est victorieuse, le père de ce dernier se fiche un peu de savoir ce qu'il fait de son argent. Cornelia le sait déjà, il en a toujours été ainsi depuis qu'elle connaît le goalie, mais ce n'est pas pour autant qu'elle compte en profiter. En plus, la famille Sachs pourrait vouloir une contrepartie si elle venait à profiter de leur argent, à savoir sa présence dans leurs mondanités. Elle n'était pas vraiment sûre d'en avoir envie et, du reste, Den ne le souhaitait pas. Elle n'avait ainsi jamais rencontré sa famille de sang. Seulement sa famille de cœur. Lisa, le mari de cette dernière et sa mère, ainsi que tous les Ackermann, la famille d'Andy.

"- Non ça ne me dit rien non plus…"

Elle grimace. Il y avait une autre chose que les Sachs pouvaient exiger d'elle, aussi, qu'elle voulait moins encore que les fréquenter, dans l'immédiat. Ils pourraient attendre d'elle un héritier. Un héritier qu'elle n'est pas prête à donner parce qu'elle a encore des ambitions à accomplir, des rêves qu'elle veut réaliser. Un jour, bien sûr, elle ne demande pas mieux que d'avoir un enfant, même plusieurs, avec l'homme de sa vie. Mais pas maintenant. Pas alors qu'elle a seulement vingt-deux ans et toujours pas de médaille olympique. Elle veut s'accomplir dans son sport avant toute chose. Elle a trop sacrifié à celui-ci pour tout abandonner maintenant.

"- J'espère bien que ça ne te dérangera pas… "

Car elle compte bien venir le regarder s'entraîner comme autrefois, en s'installant dans les gradins avec Lisa. Elle compte bien pouvoir l'encourager et le suivre dans son sport, de la même manière qu'il la suit et l'encourage dans le sien. Évidemment qu'elle y viendra dès qu'elle en aura l'occasion. Mais pour autant, elle compte aussi venir "l'ennuyer" sur son lieu de travail lorsqu'il aura reprit ses extras. Ou, plutôt, illuminer sa journée en étant juste là avec lui, toute proche.

"- Mhhhh c'est bien ce qu'il me se…"

Elle n'a pas le temps de finir sa phrase alors que leurs lèvres se rapprochent, parce qu'ils sont interrompus par la sonnerie d'un téléphone portable, celui de Den. Une sonnerie qu'il choisit d'ignorer dans un premier temps mais qui persiste, l'obligeant finalement à sortir en pestant comme un diable, se demandant qui pouvait bien l'emmerder un dimanche. De tout évidence, pas Lisa, ni Andy, puisqu'ils avaient l'un comme l'autre, normalement, une sonnerie attitrée. C'était le cas quand ils étaient ensemble la dernière fois. Elle aussi, avait la sienne. Pour Lisa, c'était un titre de Kodaline. Brothers. Pour elle, un grand classique. Un grand classique qui l'avait un peu surprise quand elle avait su. Vivo per lei. Et pour Andy… elle devait admettre qu'elle avait oublié le titre.

L'homme revient dans la salle de bain et dépose un baiser sur son front avant de s'appuyer contre la vasque, et la jeune femme se mord la lèvre inférieure. Il est beau comme un diable, ainsi appuyé contre ce mobilier et ce malgré son air contrarié. Il discute par onomatopées plus qu'il ne parle réellement, bougeant la tête alors même que son interlocuteur ne peut pas le voir. Et quand il raccroche, elle comprend mieux pourquoi il agissait ainsi, puisqu'il révèle que l'interlocuteur était son père, une histoire de déjeuner le lendemain.

"- Mhh je vois… et qu'est-ce qu'il se passe si tu dis non ?"

Tu passes tes mains sur le visage, soupirant, alors que ta petite brune semble tout aussi boudeuse que toi sur la nouvelle apprise. Du moins, de ce que tu peux voir sur son visage. Et tu le connais ce regard, tu l’as expérimenté jadis. Cette petite bouille toute mignonne et toute douce qui est capable de sortir les crocs et les griffes. Tu as un rire nerveux avant d’approcher d’elle, posant tes mains sur le rebord de la baignoire, approchant son visage du sien.

- Globalement ? Je crois que je m’en branle. J’ai refusé l’invitation de toute façon. J’m’en fiche pas mal si j’suis vu comme l’vilain p’tit canard.

Tu hausses les épaules, venant l’embrasser sur le front avant de retirer ta serviette pour pouvoir revenir dans l’eau, pouvoir te rincer pour de bon et laver tes cheveux comme prévu. Tu secoues la tête en râlant, la tête baisée, le shampooing dans tes mains en train de frotter comme un dingue, surtout pour évacuer le stress de tout ça, plus que parce que tu devais absolument te laver la tête.

- Et non, je ne vais pas te forcer à m’accompagner pour faire plaisir aux Sachs. C’est hors de question que je te jette dans la fosse comme ça. Ils poseraient trop de questions et te demanderaient de faire des trucs que je refuserais.

Tu n’en rajoutes pas plus, sachant très bien de quoi il serait question. Ta mère, ayant trop peur de vieillir sans voir des petits enfants, vu que ton frère et ta sœur ne sont pas encore mariés, ton père voulant tout de même voir le nom de famille perduré avec un héritage de sang. Et tu ne voulais pas ça. Pas de suite. C’était déjà le cas quand tu étais avec Cornelia avant, et quatre ans plus tard, ton avis n’a pas changé. Trop tôt. Pour elle, pour toi… Tu redresses un peu la tête en te calmant, laissant le shampooing couler un peu, penaud.

- Je sais comment ils sont avec moi et avec toi, une pièce rapportée, ce serait pire… Déjà que mon père n’apprécie pas Lisa… Encore moins Andreas…

Qu’est-ce qu’il risque s’il n’y va pas ? Qu’est-ce qu’il risque s’il dit merde à son père, merde à sa famille, et qu’il se contente de faire sa journée de demain comme il l’avait prévu, bien qu’elle ne sache pas quel est son programme ? Elle a bien quelques propositions à lui faire, du reste, qu’elle garde pour elle. Mais cet inconnu ne manque pas de la questionner un peu. Elle sait que la famille Sachs est particulière. Elle ne sait parce qu’il le lui a déjà dit, parce qu’il lui en a déjà parlé. Elle ne les a jamais vu mais les résumés qu’il en a fait ne lui donnent pas vraiment envie de vérifier les informations qu’elle a reçues.

Il s’approche de la baignoire, appuyant ses mains sur le rebord et la jeune femme relève la tête pour le regarder, perdant son regard dans le sien comme il répond. Il s’en fiche pas mal, des conséquences. De toute façon, il a déjà décliné l’invitation. Elle hoche la tête, l’ayant entendu faire mais, pour autant, elle se demande quels étaient les risques, parce qu’il les a demandés lui-même. Qu’elle n’a pas pu les entendre. Ça la rassurerait, elle, de savoir à quoi il s’expose. Mais il se contente d’un baiser sur son front.

Il retire sa serviette et elle ne se prive pas de le regarder tandis qu’il revient dans l’eau, notant au passage qu’il a l’air plus que contrarié. De toute évidence, avec son appel, le père Sachs a brisé quelque chose : la petite bulle dans laquelle ils se trouvaient jusqu’à présent, de laquelle ils n’étaient tout simplement pas sortis depuis la veille. Au mouvement brusque de ses mains sur son crâne, elle note que ça ne va vraiment pas et se redresse alors, à moitié hors de l’eau, pour glisser ses mains dans ses cheveux à sa place et le shampouiner elle-même. Elle sait comme les mains dans les cheveux ont le pouvoir de l’apaiser, en général.

"- Je comprends…" souffle-t-elle doucement alors qu’il a l’air de se calmer petit à petit. "On ira petit à petit ne t’en fais pas." acquiesce-t-elle. "De toute façon, on sait déjà qu’ils ne m’aimeront pas alors… On a qu’à faire avec, hein…" murmure la brune avant de déposer un baiser sur sa tempe puis se ses lèvres. "Ça va aller."

Tu essayes de te calmer, reprendre une respiration régulière, ne pas craquer devant elle, explosé en mille morceaux, l’émotion qui n’arrive pas à se contenir dans ton petit cerveau qui est déjà en train de partir en vrille. Puis tu bugs un peu, sentant des doigts sur ton cuir chevelu. Tu relèves un peu le regard, voyant la poitrine de la jeune femme en face de toi avant d’être forcé à fermer les yeux, sentant le mini-massage faire son effet. Tu pourrais ronronner si tu le pouvais, apaisé par ses mouvements. Tu hoches la tête, l’entendant doucement parler.

- Hum..

Tu souris un peu avant de frissonner sous le baiser qu’elle te donne sur ta tempe. Un petit moment d’accalmie dans la tempête qu’est ton cerveau actuellement. Tu redresses la tête et pouffes doucement. Tu hausses un peu les épaules avant d’attraper de quoi te rincer. Tu gardes la tête baissée pour ça.

- C’pas qu’ils t’aimeront pas.. C’est qu’il t’verront pas d’la famille tant que t’aurais pas mon nom d’famille ou si t’attendras pas mon gosse… Mais j’ai pas envie d’ça d’suite.

Tu te figes un peu avant de te redresser d’un coup, remettant tes cheveux trempés en arrière d’un geste de la main avant de couper l’eau et de regarder Corny, comme si tu cherchais une soudaine justification.

- J’parle d’avoir un gamin ! Pas d’porter l’nom de famille de l’autre hein ? J’veux dire...

Tu râles et te facepalm avant de reculer dans la baignoire, basculant ta tête en arrière, ta nuque tenant sur le rebord.

- On en avait parlé avant, t’sais…. J’sais qu’t’as d’autre truc à faire pour ta carrière qu’avoir un gosse tu vois ? J’t’avais dit qu’t’étais jeune et tout, qu’t’avais l’temps et tout… Donc ça m’dérange pas hein ? J’parle juste de la vision archaïque d’mes vieux sur le couple. Et du discours qu’ils te tiendraient si tu les rencontrais un jour.

Il attrape de quoi se rincer, reprenant la parole, suivant le cours de ses pensées, encore préoccupé par sa famille et par ce qu’ils pourraient attendre de la demoiselle, ce qu’ils pourraient exiger d’elle et ce pour quoi il n’est pas prêt, pas plus qu’elle ne l’est. Ce n’est pas qu’elle manque de maturité, au contraire, elle aurait plus que l’âge et plus que ce qu’il faut pour être maman, ce n’était pas si jeune pour enfanter il y a encore quelques années de ça mais ce n’est tout simplement pas ce qu’elle veut. Pas tout de suite du moins. Un jour oui et elle sera la plus heureuse des femmes, de pouvoir porter le fils ou la fille de l’homme qu’elle aime plus que tout mais pour le moment, elle a une carrière et des espoirs de médaille qu’elle veut nourrir avant de devoir se retirer. Elle sait qu’une fois qu’elle sera mère, elle devra se retirer des compétitions. C’est un deuil qu’elle n’est pas prête à faire, elle porte encore trop d’espoirs pour ça.

Il parle, se fige, et ses cheveux trempés dégoulinent le long de ses joues avant qu’il les rabatte sur l’arrière. Coupant l’eau, il se redresse un peu et la demoiselle l’observe, penchant la tête sur le côté, réalisant qu’il se passe quelque chose dans cette petite tête. Quelque chose qu’elle ne comprend pas. Mais la lumière ne tarde pas à se faire comme il poursuit, un peu nerveusement, un peu perdu aussi, paniqué. Il continue, cherche à se justifier, évoquant les enfants pour lesquels ils ne sont pas prêts et ce qu’ils se sont déjà dit à ce sujet pas plus tard que le matin même. Elle opine de la tête, vient passer ses bras autour de lui, cherchant à le calmer. Il n’a pas besoin de tant s’en faire, elle comprend ce qu’il veut dire, même si ses mots vont dans tous les sens, trahissant qu’il en va de même pour ses pensées.

"- Je sais que ce n’est pas ta vision. Et je sais tout ça, ne t’inquiète pas." souffle-t-elle, déposant un nouveau baiser sur sa tempe. "Un jour, on attendra cet enfant." promet-elle. "Et je serai la plus heureuse des femmes."

Elle le sait, c’est sûr. Un jour, plus tard, ils seront parents. Peut-être après une médaille olympique. Peut-être sans. Elle sait que la vie est parfois faite de surprises et que, même s’ils prendront toutes les protections nécessaires, le destin choisira peut-être qu’une médaille olympique n’est pas pour elle. Elle élude cette possibilité, mais elle sait qu’elle existe. Elle ferme juste les yeux dessus, déposant un nouveau baiser sur cette tempe, avant de reprendre la parole.

"- Si ton père n’aime pas Lisa ni même Andy, il y a peu de chances pour que je fasse exception tu sais mon coeur… Mais je m’en fiche… Parce que c’est toi que j’aime. Et tant que toi tu m’aimes, c’est tout ce qui m’importe." affirme-t-elle. "Et si tu veux mon avis, ton père nous a déjà trop préoccupés pour… au moins la semaine alors… Je propose qu’on le laisse dans son coin ?" murmure-t-elle à son oreille, se rapprochant de lui. "N'y penses plus." Nouveau baiser sur sa tempe, avant de migrer vers ses lèvres. "Mais comme je sais que ton cerveau est un traitre... Aux grands maux les grands remèdes..."

Alors elle cueille ses lèvres, passant une main dans ses cheveux trempés, tâchant de le détourner de ses préoccupations.

Elle revient vers toi, t'obligeant à te redresser pour savoir ce qu'elle fait, te dit. Tu souris un peu en la voyant venir contre toi, poser ses lèvres sur ta tempe, t'arrachant un petit frisson, te forçant à fermer les yeux sous la sensation. Tu essayes de tourner la tête, sentir ses lèvres sur le reste de ta peau et souris un peu. Elle souffle ces mots qui font bondir ton coeur dans sa petite cage. Comme une promesse que vous vous faites pour plus tard, pour un temps plus propice. Elle te promet qu'un jour, tu pourras créer cette famille dont tu as rêvé jadis.

Tu continues de sourire, alors que sa voix te parvient clairement. Tu te décolles de la baignoire, t'approchant d'elle, glissant tes mains dans son dos, fondant sous ses baisers.

- Bien sûr qu'j't'aime, ma Princesse…

Que tu souffles doucement, les yeux fermés, quand elle dit que pour elle c'est le plus important pour le moment. Tu es d'accord avec elle, te fichant bien des conséquences. Te fichant bien de tes géniteurs. S'ils ne l'apprécient pas, tant pis, ils ferront tous avec. Tu imposeras la présence de la brune dans ta vie comme tu as fais avec Lisa. Qu'importe les dires, les jalousies ou les réprimandes. Tu rends le baiser des lèvres en souriant, l'approchant cette fois de toi, tes mains dans le creux de ses reins. Tu fais une petite moue en te mordant la lèvre en rompant le contact.

- Hum… Princesse… L'idée était de se rincer un peu avant d'aller manger… Pas de retourner au lit…

Tu rigoles un peu avant de poser ton front contre le sien, ta main droite cherchant la sienne pour entrelacer tes doigts aux siens, amoureusement.

- Mais merci… Merci pour tes paroles… Et j'sais qu't'as raison… On verra bien un d'ces quatre quand j'te les présenterais… P't-être un par un…

Tu cherches ensuite à accrocher ses bras autour de ton cou, ramenant ses jambes autour de tes hanches. Tu lui fais assez confiance pour qu'elle comprenne le message alors que tu commences à prendre appui sur la baignoire, prêt à te relever avec elle, accrochée à toi comme un koala à son arbre.

- Aller, on a assez barboté… On s'rince et on va manger avant qu'tu finisses dans mon assiette. Et j'dois encore prendre mes médocs.

Un jour c’est sûr ils seront parents. Un jour, elle habillera un petit bout de chou en tenue de hockey, petits patins aux pieds, à moins qu’il ne préfère les tutus de patinage, peu lui importe. Et elle sera heureuse de le faire. Elle sera la plus heureuse des femmes de voir sur la glace l’homme qu’elle aime avec son ou sa mini lui, en train de lui montrer comment faire des passes, arrêter des tirs ou faire tel ou tel porté. Elle sera la demoiselle la plus comblée en pouvant border, chaque nuit, le ou les fruits de leur amour mais… Ce n’est pas à l’ordre du jour. Pas pour tout de suite en tout cas. Ils ont encore le temps et elle a des rêves plein la tête, peu importe ce que le père Sachs en pensera. De toute façon, elle se fiche bien qu’il l’aime ou non, du moment que son fils l’aime, lui.

Il revient vers elle, lui rend son baiser, passe ses mains dans son dos, les glisse sur ses reins et elle frissonne comme elle sent cette tension qui monte bien trop vite juste sous ses doigts et dans tout son être. Une tension qu’il doit remarquer aussi puisqu’il se reprend, affirmant qu’ils étaient supposés se rincer pour manger, pas retourner au lit. C’est vrai. Quoiqu’elle n’exclue pas vraiment de faire l’un puis l’autre. Surtout s’il reste aussi près d’elle, front contre front, à faire tambouriner son cœur dans sa poitrine. Surtout s’il compte continuer de la maintenir trop consciente de leurs nudités comme de leurs proximités.

"- On verra." souffle-t-elle distraitement, comme ses doigts viennent de se perdre sur le buste de son goalie.

Il fait passer ses bras autour de son cou, ramène ses jambes autour de ses hanches et sort ainsi de la baignoire, la portant comme un koala, avant d’affirmer qu’ils ont suffisamment barboté, qu’il est l’heure d’aller manger un morceau, avant qu’elle ne finisse elle-même dans son assiette de nouveau. Cette remarque lui arrache un sourire et elle vient voler ses lèvres alors même qu’il attrape les serviettes pour les envelopper. Les jambes de la brune retrouvent la terre ferme, alors, et elle en récupère une qu’il lui tend, se séchant.

"- Mhh c’est pas une idée qui me dérange particulièrement, donc j’espère que tu vas garder un peu de place pour le dessert…" déclare-t-elle en même temps avant de poser la serviette sur le sèche-serviette et sortir ainsi, consciente de la vue qu’elle lui offre, se faisant.

Sortis de l'eau, tu vides la baignoire avant de tendre une serviette pour ta belle qui se détache un peu de toi pour que vous puissiez vous sécher comme il faut. Elle revient te voler un baiser alors que tu aimerais un peu prendre en main cette journée qui attaque gentiment l'après-midi. Il faudrait que vous mangiez, que tu prennes tes cachets, que tu ranges un peu cette chambre qui ressemble à celle d'un adolescent à peine pubère qui a découvert les premières joies de la sexualité… Faudrait que tu ouvres les fenêtres aussi, aérer l'air ambiant. Bref, il faudrait peut-être que tu te bouges quoi… Mais…

La petite brune a une autre idée en tête. Tu as à peine eu le temps d'attacher ta serviette autour de la taille que tu la vois repartir comme elle est arrivée. Tu jettes alors un regard vers elle, voyant bien ce qu'elle essayait d'entreprendre, pourquoi elle se dandine légèrement, dans sa tenue la plus naturelle qui puisse exister. Tu serres les dents, passes une main lentement sur ton visage avant de murmurer pour toi-même :

- Ah Seigneur… Ça m'avait manqué…

Et tout pouvait se traduire dans cette phrase. Que ce soit son corps, ses caresses, ses baisers, sa voix, mais aussi ses subtiles tentations, ses gestes doux, ses regards vicieux qui pouvaient faire vriller un homme… Toi en l'occurrence. Elle savait comment te faire retomber, c'était grisant. Tu grognes doucement, jetant la serviette qui te servait pour les cheveux plus loin et tu sors de la salle de bain comme un fauve affamé, la cherchant du regard. Tu te jettes sur elle, l'attrapant par les hanches pour lui mordiller l'épaule en râlant doucement.

- C'pas l'dessert que j'veux là.. C'est l'entrée…

Non… Il n'y a pas à dire… Tu perds la notion de self-control en sa présence.

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Enfin debout, habillé par miracle d'un simple jogging, tu termines l'omelette aux herbes et blanc de poulet que tu avais prévu pour ce midi. Ton rythme est totalement décalé, ton ventre râles, tu as à peine pris tes médicaments, mais le sourire que tu abordes vaut mille fois cette journée. Tu termines les assiettes, les poses sur un plateau, récupères les boissons et arrive sur le canapé en posant tout sur la table basse.

- Le repas de la Princesse est avancé.

Tu souris, venant l'embrasser sur le front avant de la rejoindre à côté.

- Ça ira ou tu veux qu'j'rajoute autre chose?

Elle sait parfaitement ce qu’elle fait, à vrai dire, quand elle quitte la salle de bain et ce n’est pas pour lui déplaire que de remarquer l’effet qu’elle a toujours sur lui, même trois ans plus tard. Elle sait en passant la porte qu’il n’en fera pas son dessert, qu’il ne pourra pas attendre jusque-là. Et il lui donne raison, puisqu’elle le voit sortir un instant après elle, une simple serviette nouée autour de sa taille dévoilant son corps athlétique, taillé par les heures d’entraînement dans la pratique de son sport, le hockey.

Il est contre elle en un rien de temps, attrapant ses hanches et les agrippant pour la rapprocher de lui, mordiller son épaule, souffler qu’il n’a pas envie du dessert mais bien de l’entrée et elle esquisse un sourire en passant ses mains sur ses fesses malgré la serviette, le rapprochant d’elle à son tour. Elle embrasse ses lèvres, souriant contre elle lorsqu’elles se séparent, avant de murmurer.

"- Et je veux exactement la même chose…"

Elle ne saurait dire avec exactitude combien de fois ils l’ont déjà fait depuis la veille, combien de fois il l’a fait sienne. Un certain nombre. Un certain nombre dont elle ne rougit pas malgré tout ce que certains pourraient dire que cela sous-entend à son sujet. Elle s’en moque. Ils ont trois ans à rattraper. Trois ans de solitude à combler. À oublier. À effacer.


Installée dans le canapé, sa peau nue seulement couverte d’un vieux maillot du goalie, la demoiselle l’observe tandis qu’il s'affaire en cuisine, préparant le déjeuner. Comme il ne porte qu’un jogging, elle a tout le loisir d’observer les lignes de son corps, les abdos et les biceps dessinés, toute cette musculature qui lui rappelle le sport qu’il pratique. Et que beaucoup de filles, à la patinoire, ont déjà bavé sur lui. Avant qu’ils ne sortent ensemble. Après qu’ils aient rompu, aussi. Et elle mentirait si elle prétendait qu’elle ne ressent aucune satisfaction à l’idée de briser à nouveau tous leurs espoirs. Elle en esquisse même un léger sourire comme il approche avec leurs assiettes et qu’il dépose un baiser sur son front.

"- Non, c’est parfait !" assure-t-elle en récupérant son assiette, ne se faisant pas prier pour y planter directement sa fourchette. "Ça fait tellement de bien !" commente-t-elle à peine quelques secondes plus tard, quand le soulagement de manger commence à se faire sentir.