Elle sait. Tu ne saurais pas l'expliquer, mais elle sait. Elle sait que tu mens, que tu caches quelque chose. Qui a parlé ? Qui à fait en sorte que ton histoire soit vérifiée. Tu la suis du regard, observant le dossier qu'elle sort. C'est quoi la douille ? Tu ne peux cacher la surprise dans ton regard quand elle sort une photo de Silas. Tu serres les dents, serres les poings. Alors on vous a vu hein ? Y a eu des témoins plus bavards que d'autre ? De mémoire, personne n'avait parlé

- La ferme…

Que tu arrives à repondre quand elle demande si tu le reconnais. Si tu connais son nom. Elle pose en question rhétorique ses fréquences de visite ici. Bien sûr, c'est consigné, c'est filmé, c'est marqué. Pourtant, tu avais refusé qu'il vienne autant de fois, qu'il se mette en danger pour toi. C'était plus fort que lui, après tout et tu n'a jamais pu lui refuser quoi que ce soit.

- La…. Ferme…

Que tu rétorques quand elle demande si tu n'as pas une liaison avec Silas. Tu baisses le regard, te ronge un ongle et grimaces, le dos rond, nerveux. S'il était impliqué ? Juste un témoin et victime de ce merdier. Est-ce tu le protégeais parce qu'il avait tué cet homme ? Non. Le brun était incapable de faire du mal à une mouche tant il craignait de toucher une arme à feu et n'était pas violent pour un sous, bien au contraire. Puis il y a cet autre nom qui te fais réagir, qui te fait friller.

- LA FERME ! MON FRÈRE A RIEN FAIT !

Que tu dis en hurlant, te levant d'un coup en tapant du poing dans la vitre. Tu te figes d'un coup, te rendant compte de ce que tu faisais. Tu grimaces et te rassois sur ta chaise alors que les gardes arrivent pour voir si tout va bien. Tu serres les dents, la laissant s'expliquer alors que tu sembles être comme un enfant pris en flagrant délit. Tu attends que le silence revienne et grimace.

- Z'ont rien fait. J'pas tué c'gars et eux non plus. C'tout c'que j'ai à v'dire.

Les gens ne pourront pas le nier. Dos au mur, la confiance écrasé, tu as les mêmes tics de locutions que ton frère jumeaux. Vous mangez les mots, les syllabes et les lettres.

Il s'énerve et c'était prévisible, alors qu'elle évoque le nom de son meilleur ami, avec lequel elle le soupçonne d'entretenir une liaison. Ce soir-là, dans ce bar, ils ont été vus ensemble par un témoin qui s'est exprimé récemment. De plus, le jeune homme rend trop régulièrement visite au détenu pour qu'elle puisse ne pas avoir de soupçon. Et peu importe en réalité qui dort dans le lit de qui, peu importe que ce soit deux hommes ensemble, qu'est-ce que ça peut bien lui faire ? Pourquoi est-ce qu’il ne veut à ce point pas le dire, pas l’avouer, pas le reconnaître ? Elle ne juge pas, mais elle a besoin de la vérité. Elle a besoin qu'il ne lui cache rien, de sorte qu'elle puisse assurer sa défense. Son rôle s'arrête là. Protéger ses intérêts. Pour ça, elle n'est même pas obligée d'inculper qui que ce soit à la place. Mais elle a besoin de connaître toute l'histoire pour pouvoir s'en servir à bon escient.

Il lui demande de la fermer mais elle ne l'entend pas de cette oreille et continue, tout au contraire, poursuivant son raisonnement, ses questions, le poussant un peu en dehors de ses retranchements pour obtenir de lui la vérité qu'elle désire. L'honnêteté dont elle a besoin. Il doit comprendre qu'elle n'est pas son ennemie, mais son alliée, tout au contraire. La personne chargée de l'aider, de le faire sortir de là, de lui permettre de retrouver sa vie, une vie normale, faite de liberté. Lui permettre de retrouver les siens, retrouver la lumière du soleil avant que son père, malade et vieillissant, ne l’ait totalement oublié dans les limbes de la maladie. Chaque jour qu’il passe ici est un jour de moins qu’il peut passer avec cet homme.

Elle évoque son frère et c’est à ce moment précis qu’il semble devenir fou, se levant d’un bond en frappant contre la vitre qui les sépare et qui prouve là son utilité. Si elle n’avait pas été là, peut-être que c’est elle qui aurait reçu un coup. Peut-être aussi qu'elle n’aurait pas mené sa discussion de la même manière. Peu importe. On se précipite à l’intérieur pour intervenir mais l’homme a déjà réalisé ce qu’il était en train de faire, se rasseyant dans son siège, plus calme.

"- Ce n’est rien, merci." dit-elle pour les gardiens. "Vous pouvez nous laisser."

Le silence revenant dans la pièce, elle l’observe un instant, prête à l’interroger de nouveau, mais il parle le premier, mangeant ses lettres comme le fait son frère, déclarant n’avoir rien de plus à confier que l’innocence tant de Silas que de Søren. Elle pousse un soupir, croisant de nouveau les bras sur sa poitrine, le regardant.

"- Vous savez… Vous ne rendez service à personne en faisant ça. Ni à vous. Ni à eux." remarque-t-elle. "Ma mission n’est que de vous innocenter. Et j’ai besoin de la vérité pour ça, toute la vérité, pour pouvoir travailler efficacement." poursuit la blonde. "Vous disculper ne veut pas dire que je dois faire inculper quelqu’un d’autre pour ça… Mais pour que je puisse vous aider, il faut que vous me laissiez le faire, Sonny."

Tu te masses doucement la paume de la main, espérant que rien n’était cassé de ton côté. La vitre par contre… Tu voyais la fissure qui traversait tout le long, en diagonale, manquant de se péter au moindre contact. Tu y étais peut-être allé un peu fort dans le coup, mais hey… Tu avais déjà cassé des mâchoires et des os par rage, donc… Une vitre… Ce n’était pas non plus un problème. Mais tu sais que peut-être, à cause de ça, Silas risquerait de venir moins que prévu, que tu finirais à l’isolement et sûrement moins protéger par les Aigles déjà en prison.

Alors tu te masses la main, nerveux, alors qu’elle reprend la parole. Tu détournes le regard, te grattant le poignet en soupirant. Tu serres les dents et la regardes doucement. Tu entends bien ce qu’elle dit, son charabia légal à la con, mais elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas bien le souci… Tu grimaces.

- Vous percutez pas… Si j’dis la vérité, faudra qu’j’la répète au tribunal si j’dois témoigner…. Et..

Tu baisses les yeux. Encore. Tu inspires profondément et te redresses doucement avant de venir poser tes bras sur la table.

- J’veux pas l’mettre en danger…

Tu approches ta main de la vitre, ton index cherchant à approcher le plus de la photo sortie de son dossier. Oh, que tu aimerais avoir la photo en main maintenant. Tu souris un peu, ton regard croisant celui du brun sur le cliché avant de reculer de nouveau, te laissant aller dans la chaise en calant tes mains sous les aisselles.

- Et un gars comme lui… Dans notre quartier… Ça fait pas long feu… Alors non… Trouvez un autre pigeon pour vous dire la vérité, moi, je dirais rien…

Que tu termines en tournant la tête. Tu siffles un peu, te basculant sur ta chaise, sur les deux pieds arrière. Tu soupires un peu.

- HEY ! GARY ! J’PEUX SORTIR D’LA ? J’EN AI FINI AVEC L’AVOCATE !

Le garde entre, croise le regard de la jeune femme pour vérifier tes dires, mais tu n’attends pas de réponse, te levant pour le rejoindre. Tu regardes un peu la concernée et pouffes.

- Bon courage pour vot’ proc… J’sais qu’on m’veut ici… Vous aurez très vite des problèmes… D’plus haut. Et passez l’bonjour à Moony si vous allez lui parler !!

Que tu termines, parlant de la hiérarchies légales dont elle appartient… Tu le sais… Tu rigoles un peu avant de sortir de la pièce, rejoindre ta cage de fer, la laissant sans réponse.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le jeune homme n'est pas prêt à coopérer pour se sortir de là, et qu'il ne lui facilitera pas la tâche. Elle le comprend parfaitement bien. Elle a besoin qu'il parle, mais lui veut seulement protéger le brun sur la photo duquel il approche la main, signalant qu'un garçon comme ça, dans un quartier comme le leur, ça ne fait pas long feu. À vrai dire, elle le croit sur parole. Ce garçon n'a strictement rien à voir avec celui qu'elle a en face d'elle, ni même avec l'autre garçon sur l'autre cliché. Ce garçon a l'air doux, incapable de faire du mal à une mouche, le genre de garçon qui se laisserait marcher sur les pieds s'il n'était pas bien entouré.

Elle pousse un soupir en observant la photo, remarquant comment son interlocuteur semble la vouloir, sans pouvoir l'avoir. Mentalement, elle se promet de lui faire parvenir des photos de ses proches le plus rapidement possible. Pour l'instant, il devra se contenter de sa seule présence. Ou pas.

Il appelle le garde pour qu'il le sorte de là, affirmant qu'il en a fini avec elle, la laissant en plan. Elle pousse un soupir. Elle voudrait lui dire que l'innocenter ne le forcera pas à témoigner dans le procès du vrai coupable, qu'elle peut se débrouiller sans cela, qu'il a juste à lui dire la vérité pour qu'elle puisse ensuite l'utiliser au mieux, dans ses intérêts. Ils ont seulement besoin de l'innocenter lui. Pas d'inculper quelqu'un d'autre à sa place. Mais il ne l'écoute pas, trop focalisé sur ses positions, campé sur celles-ci, affirmant qu'elle aurait des problèmes très rapidement, parce qu'on veut le voir ici. Elle fronce les sourcils. Si tel était le cas, pourquoi rouvrir l'enquête ? Ça n'avait pas de sens. Poussant un soupir, elle se redresse alors qu'il s'engouffre par la porte pour lui échapper.

"- Je n'oublierai pas de transmettre vos pensées à Søren. Ni même à Silas." déclare-t-elle d'un ton assuré.

Parce qu'il peut être sûr qu'elle ira les voir, aussi bien l'un que l'autre, même si on lui met des bâtons dans les roues.

Sa rencontre avec Sonny Aagaard la veille n'a pas donné grand-chose, c'est le moins que l'on puisse dire, et elle n'est pas sûre que la journée d'aujourd'hui sera plus fructueuse, alors qu'elle s'apprête à aller interroger Søren Aagaard. Au vu de la conversation qu'ils avaient eu la dernière fois, quand il lui avait demandé de ne pas se mêler de ses affaires, en quelque sorte, elle n'est pas certaine qu'il soit plus coopératif que son frère, mais elle ne peut pas partir de ce postulat sans essayer. Alors elle se prépare consciencieusement à cette rencontre, choisissant des vêtements simples pour passer relativement inaperçu dans le quartier de Mjølnerparken, avant de se mettre en route, décidant de prendre un taxi pour se rendre dans le dit quartier, consciente que sa voiture pourrait trop attirer l’attention. Non pas qu’elle conduise un véhicule de luxe mais une voiture totalement propre dans ce coin et plutôt haut de gamme, ça suffirait pour briser l’effet de simplicité recherché et ne pas passer inaperçu. Elle ne s’avançait pas vraiment en terrain connu, loin de là.

S’assurant une nouvelle fois qu’elle trouvera bien Søren Aagaard dans son garage ce jour-là, la jeune femme regarde le paysage qui défile par les fenêtres de la voiture, dévoilant petit à petit la misère sociale du quartier, loin des rues bien entretenues d’Østerbro ou même de Frederiksberg, où elle vit.

Glissant quelques pièces dans la main du chauffeur, elle ouvre sa portière, descendant prudemment du véhicule avant d’avancer à grande enjambées en direction du garage situé à peine cinquante mètres plus loin et devant lequel elle se présente bientôt, demandant au type posté à l’entrée à pouvoir voir Søren Aagaard, espérant qu’il n’ait pas profité de son repos au café pour faire Dieu sait quoi en ville, où elle ne saurait le retrouver. Et à voir la tête de l'homme qui lui faisait face, il était aussi possible que, même si Søren était présent, il ne la laisse pas arriver jusqu'à son chef, car il lui semblait déceler dans son regard l'éclat de l'hésitation.

- Vous déconnez les gars… Le néon ?

Tu regardes chaque prospect devant toi comme si tu attendais par miracle qu’une illumination viennent à eux… Mais rien. Tu baisses alors la tête vers ce qui reste de la lumière qui servait surtout pour éclairer les toilettes du club house, éclaté en morceau par terre. Par chance, la base électrique n’avait rien, mais le reste… Tu te pinces le nez doucement en faisant signe, sifflant pour que tes hommes prennent en charge les presque adulte devant toi et passes une main sur ton visage. On te demande à l’oreille quoi faire pour les punir. Tu récupères le luminaire et hausses les épaules.

- Qu’y récurrent l’chiottes à l’brosse à dent… Ou ‘vec l’cure-dent.. M’en fous, du m’ment qu’y s’rendent bien compte qu’y ont été con et qu’c’est pas comme ça qu’y auront du plomb dans les plumes et l’cuir.

Que tu clames avant de tout prendre pour aller dans ton atelier, au calme, mettant de la musique assez forte pour qu’on te foute la paix. Tu en avais bien besoin après tout. Apprendre par tes indics que le dossier de ton frère avait été ouvert était une chose… Mais ne pas encore connaître l’identité de l’avocat qui lui avait rendu visite et qu’il avait pété une pile en cassant presque la vitre, c’était autre chose. Silas était revenu dans la matinée en pleurs, n’ayant pas été capable de lui rendre visite à cause de cet incident d’ailleurs. Lui qui était réglé comme une horloge dans son emploi du temps.

Tu avais réussi à le calmer en lui donnant le travail administratif que tu voulais avancer en son absence. Il s’était quasiment enfermé et n’avait fait des pauses que pour boire, manger un peu, aller pisser et pour te dire que tout allait bien. Donc, oui… Tu avais besoin de calmer tes nerfs à réparer un néon à la con plutôt que de te venger sur une carcasse de voiture à détruire. Pas le moment, pas de client pour… Te voilà donc avec tes tournevis, secouant un peu la tête de temps en temps au rythme de la musique, ne voyant pas le temps passer avant de sentir une présence dans ton dos.

Tu fronces les sourcils et passe juste la tête par-dessus ton épaule et fronces les sourcils.

- Silas ? S’passe quoi ?

Il semble blême, tremble et montre la porte extérieur.

- La… L’avocate… Elle… Dehors…. Te voir et...

Oh merde… Il ne manquait plus que ça. Tu soupires, baisses la tête et fait signe.

- Dit à Pitt de l’laisser passer et qu’elle ramène son cul ici… J’bouge pas moi, j’dois réparer cette merde.

Que tu demandes en baissant un peu la musique alors que tu termines de placer le nouveau néon pour commencer à le brancher, priant pour que les petits cons n’aient pas endommagé les fils. Tu entends des pas dans ton dos, des talons hauts et soupires. Tu ne te retournes pas encore, trop occupé avec ton merdier.

- J’sais pas c’qu’vous a dit mon frère, mais vous l’avez sal’ment mis en colère il paraît...

Le type devant elle, l’air patibulaire, semble être prêt à lui dire de dégager mais, de toute évidence, il se ravise au dernier moment, probablement conscient que ce n'est pas lui qui dicte les règles, ici. Ce n'est pas elle non plus, bien sûr, toute avocate soit-elle. Elle sait qu'elle n'est vraiment pas en territoire amical. Plutôt… tout l'inverse. Non, mais il y a bien quelqu'un au sommet de cette hiérarchie à qui il est contraint d'obéir. Auprès de qui il doit prendre ses ordres. Alors il disparaît, entrant dans le garage pour aller voir un autre type qu'elle reconnaît alors même qu'elle ne l'a jamais vraiment vu, jamais de près. Quand elle était au café, elle l'a vu une ou deux fois. Et puis elle l'a revue la veille, sur des clichés. Le garçon au regard doux, dont on ne sait pas vraiment ce qu'il fiche là, au beau milieu de ce garage, dans cet univers duquel il semble parfaitement déconnecté.

À la mine qui se dessine sur son visage lorsqu'il l'aperçoit à son tour, il est évident que, lui aussi, la reconnaît. Et elle n'est pas sûre que cela ait à voir avec le café. Son instinct, probablement, lui souffle qu'il sait parfaitement qui elle est et pourquoi elle est là. Pour voir son meilleur ami, bien sûr, Søren, mais pour le voir lui aussi. Et en le voyant si proche, elle se mord la lèvre inférieure. L'occasion de lui parler au sujet de l'affaire était belle. Mais elle n'a pas le temps de l'interpeller qu'il a déjà disparu dans le garage, l'autre revenant vers elle. Évidemment, elle ne peut pas vraiment se lancer à sa poursuite pour lui poser les questions qui lui brûlent les lèvres. Elle n'aurait pas le temps de traverser la cour avant d'être arrêtée et elle n'est pas certaine d'avoir vraiment envie de voir les moyens qui seraient employés. Alors elle se contente de rester devant la porte, réfléchissant, attendant patiemment qu'on la mène voir Søren. Le frère d'abord. Le petit ami ensuite. Elle a le temps. Si on le lui donne.

Silas Dam revient, glissant un mot à l'autre type sans même la regarder, semblant la fuir alors qu'il donne l'impression d'avoir vu quelque chose de paranormal. Il lui semble qu'il est plus livide, plus pâle, que sur la photo qu'elle a de lui dans son dossier. Ouvrant celui-ci, elle jette un œil au cliché, confirmant ses doutes, reportant son attention sur lui. Mais déjà sa silhouette s'éloigne, le pas pressé. Intérieurement, elle se flagelle. Elle aurait pu lui demander à lui parler plus tard. Mais c'est peut-être mieux comme ça. S'il pense qu'elle ne veut pas lui parler, alors il ne devrait pas partir loin d'ici dans les prochaines heures et elle aura alors peut-être une chance de lui parler plus tard.

On la conduit jusqu'à un petit bureau, un petit atelier, lui ouvre la porte et elle pénètre dans la pièce. Søren Aagaard lui tourne le dos, lui parlant sans même se donner la peine de se retourner, évoquant son frère, qu'elle a mis en colère. Elle hausse les épaules, alors même qu'il ne peut pas le voir.

"- Oh... je lui ai seulement demandé s'il mentait pour protéger son petit ami. Ça ne lui a pas vraiment plu." informe-t-elle en s'avançant dans la pièce, omettant volontairement de mentionner son interlocuteur comme un potentiel suspect, contournant le bureau pour l'avoir en face d'elle. "Votre frère ne semble pas avoir bien compris que j'étais là pour défendre ses intérêts. Alors j'espère que ces derniers sont suffisamment importants pour vous pour que vous l'aidiez." Elle croise les bras. "Il ment. Je le sais. Et il sait que je le sais. Partant de ce postulat, on pourrait penser qu'il me dirait ce que j'ai besoin de savoir. Mais il n'a pas… vraiment coopéré. Pourtant, il affirme que son compagnon n'a rien à se reprocher. Si cela est vrai, alors pourquoi s'entêter avec une version erronée ? Si on ne dit pas la vérité à son avocat, à qui la dit-on ?"

Alors que ce putain de néon décide de faire sa loi et clignote au lieu de fonctionner correctement, tu te figes d’un coup en entendant la voix de l’avocate qui fait le tour du bureau pour se retrouver face à toi. Tu lèves les yeux, l’observant de haut en bas et … Et merde… Elle… Qu’est-ce qu’elle fout là, si loin de son quartier ? Si loin de ses habitudes, de ses quartiers lumineux et entretenus ? Tu pourrais avoir un bug, mal réagir ou juste la contempler comme un ange tomber du ciel, mais ses paroles te ramènes à la réalité.

Petit ami qu’elle dit. Donc c’était vrai ? Silas et Sonny ? Tu t’en doutais, mais tu n’avais jamais rien dit à l’un ou l’autre, attendant qu’ils se manifestent d'eux même, rien qu’à voir la réaction du brun quand il avait appris qu’il ne verra pas ton frère pendant un moment. Tu te retournes vers la porte pour savoir si on vous épiez, si on risquait de vous entendre alors qu’elle parle. Tu te lèves rapidement, lui laissant le loisir d’observer ton cuir sur le dos et ferme la porte. Tu grognes un peu, écoutant ce qu’elle a à te dire, tu te retournes, l’approchant de près.

Elle peut mieux voir tes patch ainsi, malheureusement. Ceux que tu ne montres jamais quand tu viens dans son quartier pour bosser, ceux que tu ne portes pas sur les épaules… MC, Vice-President, Devil’s son… Des titres que tu détestes, qui te représentes ici. Tu grimaces et fais signe de chuchoter avant de lui montrer la chaise qui était en face de toi.

- Posez vot’ cul et éviter d’dire des trucs pareils aussi fort.

Tu passes une main sur ton visage et retournes devant ton bureau, triturant le néon, comme si de rien n’était et marmonnes entre tes dents.

- Merci d’confirmer c’que j’pensais déjà sur Sonny et Sil’. Mais ça veut pas dire qu’j’parlerais. Et non, il a rien à s’reprocher. Il est incapable d’tuer quelqu’un, même s’il le voulait. Et sûr’ment qu’mon frère n’a fait qu’s’défendre dans l’histoire.

Tu fais un sourire mauvais alors que tu redresses la tête, continuant de tourner le tube en verre dans tes doigts pour qu’il s’allume correctement.

- Vous savez c’qu’mon père a déjà fait à des mecs comme eux quand on était môme ? Pas encore capable d’tenir seul sur une bécane et pas encore assez grand pour porter c’qu’jporte aujourd’hui ?

Que tu demandes, en question rhétorique alors que, miracle, la lumière entre vous s’allume, comme une confirmation de ce que tu comptes dire, éclairant ton visage par-dessous dans la maigre luminosité de l’atelier.

- Il l’a pendu, l’laissant s’vider de son sang par la teub qu’il avait arraché en lui faisant bouffer ses couilles. J’vous laisse d’viner la tête d’mon frangin d’vant ça… Alors ouais… J’comprends qu’il parle pas ouvertement d’ça avec moi, ou avec n’importe quel autre gars du club… Surtout les anciens qui suivraient encore mon père si c’dernier était pas en train d’les oublier un par un.

Tu te redresses, éteignant le luminaire pour le poser plus loin. Tu croises les bras devant toi, la toisant du regard.

- Et pour info, c’samedi, j’étais ici toute la nuit. Les gars pourront confirmer, j’étais en train d’signer les papiers pour foutre mon daron en maison d’santé. C’est la vérité qu’vous vouliez entendre, Mam’Zelle ?

Que tu termines, froidement.

Comme elle parle, l'homme se redresse rapidement, avançant jusqu'à la porte derrière lui pour la claquer, exposant à son regard le cuir qu'il porte sur le dos et qui présente son appartenance au milieu, ses titres de noblesse dans celui-ci. Quand il se rapproche d'elle, contournant le bureau pour lui faire face, la jeune femme l'observe, son regard déviant sur les patchs qu'il arbore et dont elle ne connait pas toutes les significations, mais suffisamment pour savoir qu'ici, il est quelqu'un d'important. Au cas où elle ne l'aurait pas déjà remarqué dans le dossier de son frère. Cette information, bien sûr, y était également consignée. C'est leur père qui a fondé ce gang. Puisque l'un des fils est en taule, il est normal que le second ait pris la relève en l'absence du paternel aujourd'hui dans une maison de santé. Ça aussi, c'était dans le dossier.

Il lui demande rudement de poser son cul dans le siège qui lui fait face et elle s'exécute tandis qu'il contourne le bureau, retournant à sa place, continuant de s'acharner sur un néon sur lequel il travaillait déjà avant qu'elle n'arrive. Évidemment, à peine s'est-il installé, que comme son frère, il affirme qu'il ne dira rien, lui arrachant un soupir. Décidément, elle semblait avoir à faire à deux têtes de mule. Le dossier allait être beaucoup plus difficile à gérer qu'il n'y paraissait de prime abord.

"- Je veux bien vous croire quand au fait que Silas Dam est incapable de tuer qui que ce soit, monsieur Aagaard. Malheureusement, ce n'est pas moi que vous devez convaincre. Et si votre frère ne se décide pas à raconter la vérité, à me la confier pour que je puisse m'en servir, alors il y a un avocat, dans une salle de tribunal, quelque part dans ce pays, qui décidera peut-être que cette protection… c'est une raison suffisante de soupçonner Silas Dam."

Elle pince les lèvres l'une contre l'autre, l'écoutant parler non sans un haut le cœur comme il lui raconte ce que son propre père a déjà fait à des types comme Sonny et Silas quand tous les trois n'avaient même pas l'âge de savoir ce que homosexualité et homophobie voulaient dire. Elle en frissonne. Le traumatisme évident que cela avait été était palpable. Pour autant, elle n'était pas comme eux, elle n'était pas de leur monde et dans l'affaire qui l'occupait, elle n'avait pas d'autre choix que d'avoir la vérité. Une vérité qu'elle réclame mais qu'elle ne peut obtenir, visiblement, Søren décidant de lui indiquer davantage son alibi que celui de son frère, lui arrachant un nouveau soupir.

"- Je suis désolé que vous ayez eu à vivre tout ça, d'autant plus à un si jeune âge et je suis navrée pour votre père, mais ce n'est pas votre vérité que je suis venue chercher Søren. C'est celle de votre frère. Comprenez bien que je suis son avocate. Mon seul intérêt est de défendre les siens. Mais pour ça, j'ai besoin de la vérité. J'ai besoin qu'il comprenne que je ne suis pas son ennemie. Ce n'est pas mon but de retourner la vérité contre lui."

Tu le sais. Silas est incapable de tenir une arme dans ses mains, d’appuyer sur la détente, ou d’avoir une arme blanche en main. Tu grimaces doucement quand elle commence à dire que les gens, les autres avocats et juges pourraient utiliser ce lien, la protection que tu lui offres, pour faire croire éventuellement qu’il est responsable de quelque chose. Puis tu sais que bon, vu qui s’occupe du dossier, ils peuvent se servir de tout et n’importe quoi s’ils ont quelqu’un dans leur ligne de mire. Et pourtant, elle insiste. Elle insiste et confirme que contrairement à certains, elle ne veut pas vous enfoncer.

Tu éteins ton néon, commençant à te lever pour attraper ton paquet de cigarette pour caler un mégot entre tes lèvres, aller t’adosser à un mur loin d’elle. Pour éviter de lui cracher la fumée à la gueule surtout, plus que de rester loin d’elle. Réflexe. Tu soupires.

- J’l’ai pas la vérité, Mam’zelle. C’’quand il a finit au tr’bunal qu’j’ai appris qu’il avait d’pr’blème. J’même pas eu l’temps d’réagir quand il a finit en taule. Même pas pu témoigner. Puis j’ai d’viner tout seul pour les deux.

Tu attrapes ton briquet pour allumer l’incendiaire, prenant une grande bouffée de nicotine. Tu soupires et secoues la tête négativement avant de baisser la tête en te grattant la tempe.

- Essayez d’arracher l’histoire à Sil’. Si vous dites qu’z’êtes bien d’not’ côté…. P’t-être qu’il parlera… Mais faudra l’convaincre.

Elle y arrivera. C’est sûr. Pour ça que tu restes méfiant. Après tout, tu ne la connais pas bien, juste qu’il s’agit d’une nana qui est cliente là où tu travailles. Mais sinon… Puis, si elle a compris pour Silas et Sonny, elle va trouver une idée pour permettre à ton frère de sortir tôt en échange de son témoignage. Ou pas, qui sait. Tu fais signe.

- B’soin d’autre chose ou on a fini ? J’ai d’aut'es trucs à faire, vous m’cuserez ?

Il se lève sans répondre, dans un premier temps, éteignant son néon avant d’attraper un paquet de cigarettes pour en glisser une entre ses lèvres, se posant contre un mur plus loin pour fumer tranquillement. Au moins, à cette distance, il évite de lui expulser toute la fumée dans la figure. Certains ne se gêneraient pas pour le faire, sans la moindre considération pour son inconfort, pour le fait qu’elle n’aime pas forcément l’odeur de fumée. Odeur qu’elle n’apprécie effectivement pas, elle qui ne fume pas, elle qui n’a même jamais essayé de brûler le moindre cancer en barre.

La vérité, il ne la connaît pas, lui non plus. Elle s’en doutait, puisqu’il semblait n’avoir que des soupçons sur la relation de son jumeau avec leur ami. Mais elle ne lui demandait pas tant de lui donner cette vérité que de convaincre son frère de la lui dire. S’il parle à Sonny Aagaard, elle a peut-être une chance de parvenir à quelque chose. Peut-être une chance que ce dernier coopère et comprenne que pour sortir de prison, pour retrouver sa vie, son frère, son amoureux, il a besoin de parler. Au moins de lui parler à elle. Car dans les faits, actuellement, il ne s’aide pas et n’aide pas plus Monsieur Dam, en fin de compte, en le plaçant sur la ligne de mire tout en voulant le protéger.

Convaincre Silas Dam de lui dire la vérité, lui. En tant que témoin oculaire de premier plan, il sait ce qui s’est passé ce jour-là. Si elle arrive à lui parler, elle n’aura peut-être pas besoin de Sonny Aagaard pour établir l’enchaînement des évènements de la soirée et conclure définitivement à l’innocence du jeune homme. Elle peut toujours espérer que ça se passe aussi bien, même si le garagiste, en tirant de nouveau sur sa cigarette, remarque qu’elle devra se montrer convaincante.

"- Je peux espérer que vous demandiez à Monsieur Dam de me rejoindre ici pour que je puisse lui parler, ou est-ce que je dois faire le tour du propriétaire pour le chercher ?" demande-t-elle en levant un sourcil.

Elle n’est pas certaine qu’ils en aient très envie, sachant ce qui se passe très probablement entre ces murs… Pas besoin d’être Sherlock pour comprendre que ce n’est pas juste un garage. Pas au vu du dossier de Sonny Aagaard. Il n’y était pas franchement décrit comme un enfant de cœur. Le reste de la bande pas vraiment non plus et si elle sait qu’elle doit prendre les constats de ce dossier avec des pincettes, elle se doute bien que tout ne peut pas être mensonger ni résulter d’un travail bâclé. Il l’avait dit lui-même, elle devait rester en dehors de ses affaires. Probablement qu’il y avait plus à trouver dans les parages que des carcasses ou des pièces de voiture.