Il y avait quelque chose d’incroyablement réconfortant dans l’idée que Matt tienne encore à lui au point de l’héberger s’il en avait besoin. Il le disait comme si ce n’était rien mais pour Nate, ça voulait dire beaucoup. Il avait envie de penser que tout était encore possible entre eux. Il n’avait jamais eu l’histoire qu’ils auraient aimé avoir mais peut-être qu’aujourd’hui il était enfin l’heure… Et c’était sûrement un peu prématuré de penser comme ça alors Nate secoua la tête pour s’ôter cette idée. Ils allaient diner ensemble pour fêter son anniversaire et c’était déjà énorme, plus qu’il ne l’aurait espéré. Il pourrait très bien s’en contenter pour le moment. Nate n’avait qu’une requête : que Matt prenne une coupe de champagne pour trinquer à ses trente-trois ans. C’est ce qu’ils auraient fait avant si Nate ne s’était pas découvert ce vice pour la boisson. Il avait d’abord été un peu surpris quand Matt avait refusé. Et puis il avait compris. Ce n’était pas une question de champagne ou de bière… mais d’alcool. Matt voulait le soutenir. Alors, loin d’être vexé, il avait acquiescé : « Ok, ça me va. Merci. » Il avait sourit avant de lancer sur le ton de la malice : « Tu sais… Je ne fume pas non plus. » Et l’idée de ne pas voir Matt fumer l’avait fait doucement rire. Ça paraissait impossible. Il l’avait toujours connu avec une clope au bec et s’il y a bien quelqu’un sur qui l’odeur du tabac ne le révulsait pas, c’était Matt. « Oh, il parait que la gastronomie française est la meilleure au monde… J’ai hâte de voir si c’est vrai. » Et si c’était le cas, il n’hésiterait pas à s’en inspirer dans de futures recettes. Une fois garés à proximité du restaurant, ils étaient tous les deux sortis de la voiture. Nate se sentait étrangement fier d’avoir Matt à ses côtés. Avant, il aurait plutôt cherché à rester discret et ne pas trop se montrer. Aujourd’hui, il n’y pensait même plus. Il vivait. Sans se soucier du regard des autres et mon Dieu ce que c’était libérateur. Un large sourire aux lèvres, il s’était dirigé jusqu’à la réception du restaurant accompagné de son acolyte de toujours. Il était heureux, il n’y avait toujours aucune ombre au tableau.

- Ca par contre je ne suis pas prêt de réussir à m'en passer!!

Je ris légèrement en y pensant. J'avais commencé à fumer à l'âge de quinze ans quand j'avais besoin de me détendre après une journée particulièrement difficile à la ferme. Je me planquais derrière la grange et je sortais mon paquet de cigarette pour m'en griller une et profiter de quelques instants de répit avant de retourner travailler. L'habitude était resté au fil des années. Puis les moments où j'avais besoin de fumer étaient devenus de plus en plus nombreux. Pour supporter la santé de plus en plus déclinante de mon père, et son humeur avec. Pour supporter les journées de travail à rallonge entre le puit de pétrole et la ferme. Pour supporter le rejet de mes soeurs, les dettes qui n'en finissaient plus. Pour surmonter l'absence de Nate... Autant de raison de continuer de fumer et aucune d'arrêter.

- Mais c'est logique pour toi. Tu ne fumais pas quand on s'est connu. J'étais même surpris que tu t'y mettes.

J'étais descendu de la voiture et je l'avais guidé vers le restaurant qui se trouvait un peu plus loin. Je hochais la tête à sa remarque sur la cuisine française. Je lui expliquais que je n'y avais jamais mangé mais que le restaurant été assez réputé en ville. Je donnais le nom de Riley mon agent et laissais le serveur nous conduire à notre table. Nous étions plutôt bien placé, pas collé aux baies vitrés mais pas trop loin d'elles quand même, assez près pour admirer la vue sur la mer en contrebas. Le restaurant était classe, la petite touche française qui rappelait la personnalité du restaurant sans en faire trop.

Je détaillais le menu, essayant de comprendre quelque chose à l'énoncé compliqué des plats.

- Bon... donc on va boire du pétillant sans alcool pour fêter ton anniversaire. Je vais prendre le filet mignon en plat et... Je suis d'humeur courageuse ce soir. Je vais goûter les escargots, histoire de savoir ce que les français leur trouvent.

Je prenais certainement un gros risque en allant gouter ça mais pourquoi pas. J'étais venu pour profiter de la soirée avec lui, des soirées comme nous n'avions jamais pu en vivre par le passé.

- Et toi alors?

Nate n’avait pas manqué de rire quand Matt lui avait dit qu’il ne serait pas prêt à se passer de la cigarette. Il n’en doutait pas. Nate l’avait toujours connu fumeur, il était presque impensable de le voir sans une clope au bec. Quant à lui, il s’y était mis tardivement et Matt lui fit remarquer. Nate haussa les épaules. Oui, c’était surprenant. Avant l’alcool et la cigarette, Nate avait toujours été un homme à l’hygiène de vie irréprochable. Sport, alimentation… Son mariage avait mis tout ça à mal. Il était beaucoup trop malheureux et il avait pris tout ce qu’il pouvait pour supporter sa réalité de l’époque. « Avec le recul, c’était idiot. » qu’il avoua, pas très fier d’être passé par là. Que ce soit l’alcool ou la cigarette d’ailleurs. Il était tombé bien bas et il n’avait eu besoin de personne pour ce faire. Attables en tête-à-tête à une table avec vue sur la mer, Nate ne se défaisait pas d’un large sourire qui illuminait tout son visage. Menu en mains, les deux hommes étaient à la découverte de plats typiquement français. Nate était particulièrement concentré quand Matt lui énonça son choix. Des escargots. Il avait sourit. Ça le changerait de ses éternels steak frites. « Je vais prendre les Saint-Jacques en entrée et les cuisses de canard confites ensuite. » Et c’est un choix qu’il avait répété au serveur quand il était venu prendre leurs commandes, les débarrassant au passage de leurs cartes. « Je te laisserais faire testeur pour les escargots et si tu m’assures que c’est bon… Alors je goûterais aussi. » qu’il avait doucement rigolé, nettement moins courageux pour le coup que l’était Matt. Et ça avait toujours été le cas d’ailleurs. Le courage, c’était d’avantage la qualité de Matt que celle de Nate.

- Hmm... oui bien sur. Et tu me feras goûter toi aussi tes Saint Jacques. Je n'en ai jamais mangé.

Je n'avais jamais été du genre à tenter des expériences culinaires. J'avais toujours été un mec simple, le gars typique de la campagne, de son petit ranch perdu au fin fond du texas. C'était différent en arrivant à L.A et surtout en commençant à fréquenter le milieu du cinéma. Mon agent voulaient toujours m'inviter à diner dans des restaurants en vu, comme celui ci, et qui faisaient des plats compliqués. Il désespérait, Dan aussi, de me voir toujours prendre le steak le plus basique qu'il soit. Mais ce soir c'était différent. C'était l'anniversaire de Nate, le premier qu'on fêtait ensemble, alors je voulais faire les choses bien.

Je remerciais le serveur alors qu'il nous apportait notre bouteille pour trinquer. Je le laissais nous servir et attendis qu'il parte pour lever mon verre.

- A ton anniversaire... le premier qu'on peut fêter ensemble et j'en suis heureux.

Je lui souris doucement. Ca rendait les choses plus vraies, plus réelles. Je n'étais plus un honteux secret qu'il dissimulait à son entourage. Une relation cachée qui n'existait pas vraiment, qui n'était faite que des visites épisodiques pour s'envoyer en l'air sans rien de plus sérieux. Là c'était différent. Nous partagions des moments de vie ensemble. Nous fêtions son anniversaire. Il m'avait partagé son projet professionnel et je l'aidais dessus.

Je bus une gorgée de mon verre avant de le reposer.

- Alors, parle moi un peu de ton salon de thé. Tu comptes faire quoi? Thé, café mais aussi des trucs à manger? Tu pensais à quoi?

Je le regardais sincèrement intéressé par la réponse. J'étais fier de lui, de le voir se lancer dans un projet de cette envergure, un projet qui serait vraiment à lui, quelque chose qu'il avait vraiment voulu.

« Avec plaisir. » que Nate acquiesça, ravi de découvrir un Matt plus curieux sur le plan gastronomique. Les restaurants, les moments passés avec lui, faire des découvertes ensemble… C’était une vie dont il ne pourrait pas se lasser. Ils avaient après tout perdu tellement de temps déjà. Etait-il possible de rattraper tout ce temps-là ? Nate en doutait. Pour autant, il ferait tout pour que ce soit le cas. Le regard de Nate brillait d’une lueur nouvelle. Il avait foi en la vie, presque confiance en l’avenir. Le serveur était venu leur ramener leurs apéritifs et Matt ne tarda pas à lever son verre en sa direction. A son anniversaire. Le premier qu’il fêtait ensemble comme le faisait si bien remarquer Matt. Un large sourire étira les lèvres de Nate. « Je le suis aussi. En espérant que ce ne soit que le premier d’une longue série… » Et ils avaient du attendre le jour de ses trente-trois ans pour pouvoir le faire. C’était incroyable. Nate esquissa un clin d’oeil complice à l’attention de Matt. Il n’allait quand même pas faire semblant de ne pas avoir envie d’en faire une habitude. Il avalé une gorgée de son breuvage, une découverte. Il ne s’était jamais renseigné sur les alternatives sans alcool à la boisson. Ce n’était pas mauvais. Et surtout, c’était sans risque. « C’est pas mal ! » qu’il s’exclama en reposant son verre. Le rouge lui était légèrement monté aux joues quand Matt l’avait questionné sur son futur salon de thé. Faire tourner la conversation autour de lui, ce n’était pas ce qui le rendait le plus à l’aise. Mais il se sentait en confiance alors, très vite, il prit la parole : « Eh bien, je pensais pouvoir faire un plat du jour le midi en plus des pâtisseries le reste de la journée. J’aimerais bien développer toute une gamme de cookies parce que, comme tu le sais, c’est un peu ma spécialité… » Un flash de toutes les fois où Nate avait fait à manger à Matt lui était venu en pleine tête. Il aimerait tellement pouvoir retrouver ça dans son salon de thé. Evidemment, ça n’égalerait pas de pouvoir faire plaisir à Matt mais Nate était certain d’y retrouver un peu de satisfaction quand même. Et il ferait quelque chose de ses mains. Il avait assez passé de temps dans un bureau, loin de toutes fonctions manuelles. Ça ne lui ressemblait pas. « Et cette scène demain alors... C'est compliqué ? » qu'il demanda, profitant du premier prétexte pour parler de Matt plutôt que de lui.

- Oui j'ai eu l'occasion d'y gouter il... il y a longtemps.

Je lui souris doucement, me sentant un peu triste et nostalgique à la fois. Je me souvenais de la première fois où il m'avait fait goûter ces cookies alors que nous vivions au ranch. Je n'en avais jamais gouté d'aussi bon. Après par la suite il m'en avait fait de temps en temps. Parfois quand il venait passer le week end chez moi dans mon minable petit appartement, il arrivait qu'on trouve le temps de se poser un peu pour faire autre chose que de baiser. Il s'installait dans ma cuisine et me préparait des cookies. J'avais du mal à manger des cookies sans penser à lui.

Je haussais vaguement les épaules alors qu'il m'interrogeait sur la scène.

- Non non. On est dans une vieille cabane abandonnée. Le chef nous parle et nous expose son plan pour une attaque qu'on doit mener. J'espérais qu'on en aura pas pour longtemps. La dernière fois on a fait une vingtaine de prise. C'est juste décourageant de voir qu'on doit encore recommencer.

C'était d'autant plus râlant que j'avais prévu de passer la journée avec Nate, de l'aider dans sa boutique qui en avait cruellement besoin. Après ce qui s'était passé un peu plus tôt, j'avais besoin de passer du temps avec, de voir si j'arrivais à faire taire la peur que je ressentais pour retenter quelque chose avec lui.

Je laissais de côté notre discussion alors que le serveur arrivait avec nos plats. Je regardai curieux le plat de Nate. Il avait des espèces de grands coquillages avec toute une garniture à l'intérieure. Je doutais que les coquillages ressemblent à ça dans la nature. J'étais un peu sceptique en voyant son plat et je l'étais d'autant plus en regardant le mien. Bon les escargots ne ressemblaient pas aux escargots tel qu'on les voyait dans la nature, c'était plutôt encourageant. Il n'y avait que la coquille et quelque chose qu'ils semblaient avoir fourré à l'intérieur.

- Bon... je crois que c'est le moment de se lancer.

Je lui souris alors que je prenais le premier. Je plantais ma fourchette dedans avant de porter ce que j'avais pu récupérer à mes lèvres.

- Ouais... c'est pas mauvais. Ca ne vaut pas un bon steak mais ce n'est pas mauvais.

Je ris doucement avant d'en prendre un autre pour continuer à manger. Vraiment pas mauvais du tout, je n'en reprendrais pas tous les jours mais ça se mangeait.

- Les cookies je pense que c'est une très bonne idée. Un plat du jour simple avec de bons produits, ça peut bien marcher.

Matt avait gouté à ses cookies. Il y a longtemps. Nate s’était mis immédiatement à réfléchir. Si longtemps que ça ? Oui, probablement. Ça faisait tellement longtemps qu’ils n’avaient pas passé un moment en tête-à-tête et qu’il ne l’avait pas régalé de ses pâtisseries. L’espace d’un instant, le coeur de Nate se serra. Le temps perdu lui laissera toujours un goût amer. Avec le recul, s’il avait pu ne jamais avoir Alison dans sa vie… Tout aurait différent. Il n’aurait jamais été tiraillé entre son devoir de père et son amour pour Matt. Jamais. Le regard des autres n’aurait sans doute pas été simple à gérer mais ils auraient pu affronter ça ensemble. Il esquissa un petit sourire triste. « Ça a l’air assez imprévisible comme métier… Non ? » que Nate acquiesça, très attentif à ce que pouvait lui dire Matt. Il était l’amour de sa vie. Le seul et l’unique, malgré la bague qu’il avait un jour eu au doigt. Tout ce qu’il pouvait avoir à lui dire l’intéressait au plus haut point. Leurs entrées étaient arrivées et Nate avait observé avec amusement les réactions de Matt. Il avait l’air curieux. Intrigué, aussi. Il n’avait jamais gouté d’escargot mais des saint Jacques à certaines grandes occasions, si. Quand il se lança à la dégustation de son entrée, Nate n’avait pas pu regarder ailleurs. Il était son testeur. Il voulait absolument voir la tête qu’il faisait en goutant quelque chose qui a l’air aussi bizarre pour lui-même être convaincu de gouter. A son grand étonnement, il n’avait pas eu l’air dégouté. Son commentaire en revanche ne manqua pas de le faire rire. « Les vaches de ce pays ont du soucis à se faire avec Matthew Jansen. » Et puisque Matt était lancé dans la dégustation, Nate s’affaira à la sienne également retrouvant avec plaisir le goût si particulier du coquillage. « Merci. » qu’il répondit dans un premier temps alors que la conversation revenait sur son projet. « Je vise pas quelque chose de sophistiqué comme ici… Simple et bon. C’est tout. » Un peu comme lui, simple et bon, sans mauvais jeu de mot.

- Je sais que niveau nourriture ça sera délicieux. Tu sais bien que je suis fan de ta cuisine.

Je lui souris doucement. J'avais toujours adoré le voir cuisiner. Il était particulièrement sexy quand il était installé aux fourneaux, concentré sur ce qu'il faisait. Et ces bons petits plats... bon d'accord vu que moi je me nourrissais que de boites c'était forcément bon. Mais même sans ça, Nate avait toujours été bon en cuisine. Je trouvais dommage qu'il ait arrêté à cause de sa femme, qu'elle ne l'ait pas laissé se faire plaisir, qu'elle ait si peu connu et compris son mari.

- Et on va retaper le local pour en faire un lieu chaleureux où les gens aimeront passer du temps. Un lieu à ton image.

Un lieu simple, sans prétention, sans artifice comme Nate, un lieu où tout le monde se sentirait bien.

J'attrapais un petit bout de mes escargots avant de tendre la fourchette vers lui.

- Allez y vas y goûte. Tu vas voir ce n'est pas mauvais.

Je le laissais goûter avant de reprendre ma fourchette pour reprendre mon repas. Je mangeais un peu méditant sur ce qu'il avait dit sur mon boulot. Ca ne changeait pas. J'aimais toujours aussi peu parler de moi. Si on ne faisait que parler de lui, de sa vie, de ses projets, ça me convenait parfaitement. Mais je m'étais promis qu'on tenterait de communiquer un peu plus et ça devait aussi passer par moi.

- J'ai conscience que mon travail n'est pas le plus sécure du monde. Je sais que tout peut s'arrêter du jour au lendemain. Alors je fais attention. Je mets de l'argent de côté. J'en ai investi une partie pour payer l'apport de l'achat de mon appartement. Je suis prudent. Je profite tant que ça dure.

Si un jour on ne me proposait plus rien, je chercherais un autre boulot. J'avais déjà connu la misère. Je pourrais faire n'importe quoi, ça ne me gênait pas.

- Peut être qu'un certain salon de thé serait d'accord pour me recruter comme serveur quand ma carrière sera terminée.

Je lui souris malicieusement. Je ne serais pas contre l'idée de travailler à ses côtés.

Le temps de rougir, Nate avait baissé les yeux sur son assiette. Les compliments, ça l’avait toujours énormément gêné. Quand on parlait de ses compétences seulement, ça allait encore, mais quand il était question de son physique il ne faisait pas face. Heureusement pour lui alors, il n’était que question de ses talents culinaires. En relevant les yeux, il avait esquissé un sourire entre tristesse et émotion. L’époque où Matt était fan de sa cuisine lui manquait. Il aurait tout donné pour l’avoir chez lui et lui cuisiner un truc comme ils avaient un jour eu l’habitude de faire. « Un lieu à mon image… » que Nate répéta, songeur. Il avait tellement fait semblant. Il ne voulait plus être quelqu’un d’autre aujourd’hui. « Ce serait parfait. » qu’il affirma ensuite, offrant un sourire plus enjoué à son interlocuteur. La conversation se détendit totalement quand Matt lui proposa un escargot. Nate avait fait l’erreur de regarder ce qui se trouvait sur sa fourchette et, franchement, ça ne lui donnait pas envie. Mais Matt avait goûté alors… Lui aussi il pouvait. Un sourire amusé aux lèvres, il avait fini par goûter et… Il ne détestait pas. Ok, c’était même carrément plutôt bon. « C’est pas mal mais si tu veux mon avis… Sans ce truc vert au beurre, ce serait vraiment pas terrible. » Parce que la mastication d’un escargot, ça ressemblait vraiment beaucoup à celle d’un chewing-gum. « Ok, à toi ! » Délicatement, il découpa un morceau d’une de ses Saint-Jacques et la tendit à Matt. « Prépare-toi, c’est une tuerie. » Et si on les voyait faire, ils ressemblaient presque à un petit couple. Ça ne gênait absolument pas Nate qui se sentait comme jamais de vivre au grand jour. « C’est bien… Si tu arrives à te faire plaisir quand même ? » Et sur ce point, Nate doutait un peu. Est-ce qu’il s’était déjà permis de la fantaisie avec son argent ? Des folies ? L’idée que lui suggéra Matt ensuite ne manqua pas de le faire rire. « Eh bien, je crois que tu as une touche avec le patron de ce certain salon de thé alors il serait bête de ne pas te garder à ses côtés. » Une touche, le mot était faible. Nate était raide dingue de Matt, fou d’amour. Il sourit. « Mais il ne devrait pas trop compter sur ça… Je ne crois pas que ta carrière s’arrêtera comme ça. T’es magnétique. T’as ta place sur le grand écran. » S’il était magnétique, Nate était un aimant indéniablement attiré par lui.

- Je me fais plaisir dans mon travail oui bien sur.

Et c'était ça le plus important non? Que je fasse quelque chose qui me plaisait, un métier dans lequel je m'éclaterais. Ce n'était pas ce que j'aurais rêvé de faire mais j'aimais bien ça en fin de compte. Je gagnais plutôt bien ma vie, je faisais quelque chose que j'aimais et j'avais des personnes sur qui compter. De quoi pourrais je avoir besoin en plus? Maintenant que Nate était revenu dans ma vie, plus rien ne me manquait.

Je hochais doucement la tête alors qu'il me faisait gouter ses saint jacques.

- Pas mauvais. J'en prendrais la prochaine fois.

Si jamais on me trainait à nouveau dans ce genre de restaurant je pourrais en prendre et les surprendre tous. Ils me taquinaient un peu trop souvent sur le fait que je ne me nourrissais que de steaks quand j'en avais l'occasion.

Je secouais doucement la tête en soupirant alors qu'il parlait de mes talents sur grand écran. Il m'idéalisait un peu trop. J'étais loin d'être un grand acteur, je le savais. Je ne ferais pas une brillante carrière, je ne deviendrais jamais une super star vivant dans une immense villa de plusieurs millions de dollars. Ce n'était pas moi de toute façon. Je n'avais aucune envie d'être une tête d'affiche. Être un petit acteur me convenait parfaitement. Ca me permettait de gagner décemment ma vie et c'était bien assez.

- Je crois que tu n'es pas très objectif en ce qui me concerne ou ce qui concerne mes talents d'acteur. Je sais que ça ne durera pas éternellement. Alors j'en profite tant que ça dure. Quand ce sera fini, et bien je ferais autre chose.

Et j'étais sérieux quand je parlais de venir l'aider à bosser dans son salon de thé. J'avais déjà travaillé comme serveur, ce n'était pas quelque chose d'inconnu ou qui pourrait me mettre en difficulté. Travailler à ses côtés, pouvoir l'aider, ce serait des choses qui me rendraient tout aussi heureux que le boulot d'acteur.