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LE TEMPS D'UN RP

The Anuirean Covenant (feat Jo')

Jo'
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Jo'
Dim 2 Avr - 18:10
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Mélampe Hildegarde Gertrud
de Lanasthël

J'ai 24 ans et je vis où je peux, dans l'Anuire. Dans la vie, je suis fille aînée d'Aymeric Mosse Gawen de Lanasthël, Roi d'Anuire décédé d'une crise cardiaque et je m'en sors bannie du Royaume puisque j'ai convoité le trône.

Valla (Diablo) (c) Kyrie

"Mélampe. Prends garde de ta rationalité."

Elle prit acte de ces mots en emmaillottant un jarret de sanglier, serrant le lin sur la peau d'une fermeté soucieuse. Elle se trouvait à la veille de manoeuvres politiques capitales non seulement pour le coup d'Etat, mais aussi pour le Royaume dont elle hériterait, et craignait de voir son cap chanceler dans la nuance. Les directives de son père avaient été des moules prêts-à-penser qui lui conféraient selon elle une légitimité, et donc une assurance; d'autre part, elle avait un infini respect pour les capacités de leadership de Malvo qui s'inscrivaient pourtant profondément dans l'idéologie et la foi, boussoles qu'elle s'était refusée à frôler.

Elle remplissait les besaces de tout ce qui avait été laissé au camp et releva rapidement les collets alentours. Les bâtisseurs d'abris, quêteurs de viriale et rassembleurs de vivres eurent fini peu ou proue au même moment. Tous se réunirent et s'installèrent - les grands enfants et Nalin alterneraient entre la marche et les traîneaux pour s'économiser, Mina et le doyen resteraient nécessairement allongés tout le long de la traversée, et enfin les petits et nourrissons seraient lovés eux aussi loin de l'épuisement. Emmitouflés entre deux couches de fourrure, le buste confortablement remonté sur les paquetages, les deux convalescents avaient l'avantage de vivre un trajet aussi commode que possible tout en prévenant aux vivres du groupe de chuter des luges. Les enfants se répartirent par affinités et tranches de poids et en une heure seulement le groupe fut prêt à saigner les dunes neigeuses. Le soleil dardait déjà lorsque leurs silhouettes se découpaient dans le ciel bleu, Malvo ouvrant la voie en créant une traînée dans laquelle Mélampe et Ulwazi à sa suite purent plus facilement y faire glisser leur propre fardeau.

Spoiler:

Chacun priait l'Alun de guider leurs pas et une condensation fumeuse s'échappait de la bouche des hommes de trait, les dos grimaçant leur posture retorse et prolongée. Mélampe tolérait peu de pauses pourtant constamment réclamées par Ulwazi, et pour cause - il fallait tenir la distance avec les raksis qui, ne perdant jamais leur proie, ne peuvent pas la pourchasser. Elle voulait quitter leur menace le plus rapidement possible, car alors la fatigue et le flegme pourraient les engourdir un peu une fois les hauteurs abandonnées, mais leur seraient fatal dans le linceul des neiges. Elle aussi pourtant sentait ses omoplates prendre feu entre ses bras écartelés par le poids de la luge derrière elle, elle aussi croyait voir rompre ses chevilles de devoir les contorsionner dans la poudreuse, elle aussi souffrait du souci qui lancinait sa tête. Qu'allaient-ils faire des Palans ? Comment expliquer à Holt, et à sa tante ? Comment serait-elle reçue ? Et ces non-humains avec elle ?

L'après-midi déclinante étira des rayons grenats dans le ciel, et l'héritière fut confrontée à la réalité d'un voyage avec des vulnérables : il arrivait un moment où les malades et les enfants ne pouvaient plus supporter le chahut de la route, quoiqu'ils ne furent pas ceux ruinant leur échine à faire progresser la caravane. La patience n'est pas la vertu des plus jeunes et il fallut bientôt poser campement ; ironiquement, la princesse cachait mal sa propre agitation de vouloir repartir bientôt. Elle était pourtant lucide - tout le monde était épuisé, choqué et malheureux et il était vital qu'ils passent une saine nuit.

Le feu leur fit à tous du bien et les abris anticipés par Malvo n'étaient pas de trop face aux courants glacés qui s'élevaient dans le soir. Si les palans purent faire montre de leur capacités à endurer le froid, cumulant leur chaleur en se serrant les uns aux autres, ce n'était pas le cas des humains qui en souffrirent beaucoup ce soir-là. Le doyen, auprès duquel Ulwazi redoublait de soins, semblait bien plus agité que dans le confort de sa tente où on le croyait déjà dans le repos éternel. Ses yeux s'ouvraient par moment de concert avec sa bouche, comme frappé soudainement par une surprise indicible, et il donnait l'air d'expectorer quelque chose qu'il n'arrivait pas à sortir. Il refusait toute nourriture et il témoignait enfin d'une quelconque présence d'esprit depuis ce qui paraissait être un millénaire. Mais cette attitude plus alerte n'était pas pour rassurer Ulwazi, ce que personne ne releva - le déclin du vieillard était évident et nul ne voulait donner de faux espoirs, ou de grain à moudre aux angoisses de son descendant.

Les réfugiés faisaient vivre leur communauté sous les abris de fortune et Nalin, Malvo et Mélampe représentaient un genre de Conseil restreint plus affairé autour du feu.

"Il est temps que je sois entièrement honnête avec toi, Nalin, puisque tu places suffisamment d'espoir en nous pour vous mettre en sécurité." Elle attisa le feu d'une brindille, le regard concentré sur la danse du foyer. "Le monde des haks est partagé en d'immenses Royaumes dont tu ne peux même pas imaginer l'ampleur. Ces Royaumes ont tous une personne à leur tête, et cette responsabilité se partage de père ... en fils, normalement." Une moue contrariée. "Il se trouve que par un concours de circonstances, je devais prendre la gouvernance du Royaume dans lequel je suis née. Mais des personnes mal intentionnées en ont décidé autrement." Elle ne précisa rien sur les circonstances de mort de son père - Nalin avait suffisamment d'informations à emmagasiner. "Aujourd'hui je compte me venger et si nous sommes passés par tes montagnes, c'est pour rejoindre des alliés potentiels."

Elle prit le temps de soupeser ses prochaines paroles. "Si je parviens à récupérer mon trône, alors tu peux compter sur moi pour trouver un espace où les Palans pourront vivre, dussé-je les faire protéger. Dans le cas contraire ..." Elle contempla un instant ses perspectives d'échec, sans totalement y plonger. "... Eh bien, les humains ne seront pas tendres avec vous et vous saigneront probablement jusqu'au dernier, mais vous aurez eu un peu de sursis."


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"Le plus clair de mon temps, je le passe à l'obscurcir" - Boris Vian
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Houmous
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HOUMOUS
Houmous
Ven 14 Avr - 12:34
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Malvo
J'ai 39 ans et je vis en Anuire. Dans la vie, je suis au service de la Flamme et je m'en sors bien.

Je suis un protecteur qui trouve du sens.


copyright: aenaluck
Malvo trainait le traineau à l’avant du convoi. Il était logique que, malgré la perte de son bras, on compte plus sur sa force pour forcer le passage dans la poudreuse et la tasser. Ainsi qu’il avait toujours fait, il mordait sur sa chique sans se plaindre. Chaque pas étant déjà une victoire, la douleur du froid et de l’effort complétait parfaitement ce contrat qu’il passait avec lui-même et avec la Flamme. A mesure que le convoi ralentissait l’exercice devint plus exigeant. En avançant vite, on avait le plaisir relatif de pouvoir compter sur la force du pas précédent pour faciliter le suivant. Et de ce pas, on tirait l’élan d’en faire un autre de plus. Les pas entrainaient les pas et les monts se succédaient patiemment au gré de chaque avancée, si minime pouvait-elle être. Pour Malvo, c’était ces moments d’introspection qui pouvaient être encore les plus dangereux. Son esprit vaquait au gré de ses convictions. Ces dernières, à la manière des premières neiges, n’avaient pas encore eu le temps de cristalliser complètement dans ses pensées. Parfois, il en allait même jusqu’à questionner chacun de ses vœux et chacun des choix qui l’avaient porté jusqu’en cet instant précis. Et puis, un pas mal avisé manquait de le renverser et alors la corvée devint bénédiction, accaparant son attention. Il sentait sur son épaule la main douce de ses errements le guider et alors il ne doutait plus autant et il faisait un pas de plus.

 
Lorsqu’enfin il fut question de poser le camp dans une gorge un peu abritée du vent, il ne ralentit pas le rythme. Le froid fait ralentir jusqu’à l’arrêt donc le meilleur moyen de le combattre reste encore de ne pas ralentir dans un premier temps. Cette leçon, il l’avait déjà reçue en campagne, par le passé, mais le temps qu’il avait passé seul dans une crevasse à manquer de mourir le lui avait rappelé vivement. Quand Ulwazi s’y reprenait à plusieurs fois pour planter le clou dans la glace et tendre la tente de l’abri, Malvo se contentait de les enfoncer en poussant de sa main dans la neige. Les callosités de ses mains se déchiraient à cause des engelures et des frottements mais les petits attendaient de pouvoir se reposer à l’abri et au sec alors il fit en sorte de cesser d’y penser.
 
Les tâches avaient été préparées et réparties à l’avance alors, comme prévu, il n’eut qu’à s’asseoir au plus près du feu une fois que tout le convoi se trouva installé. La chaleur chassait des raideurs si omniprésentes et lasses que Malvo se rendait compte plus de leur disparition que de leur existence passée. Dans un grand soupir, il se laissa aller, assis dans la neige ramollie. Le sang qui coulait légèrement accéléra son flux avec le retour à une décontraction. Nalin le remarqua et, sans même que qui ce soit n’ait le temps de le dire, s’affaira à soigner la blessure tandis qu’elle écoutait patiemment les révélations de son invitée devenue hôte.
 
- Pourquoi les mâles dirigent-ils les haks ? Les femelles ne sont-elles pas aptes à lire les mystères dans vos basses terres ? se risqua-t-elle finalement, surprise de voir donc un homme énorme comme Malvo se laisser diriger par Mélampe.
 
Dans un échange de regards, les deux étrangers commençaient à se jauger l’un l’autre. Nalin voulait montrer la reconnaissance qu’elle avait pour cet inconnu qui sauvait bien la moitié des petits de sa tribu sans sembler rien attendre en retour. La méfiance qu’elle avait s’était bien affaiblie et la laissait en proie à une hésitation. L’idée la plus proche de ce qu’elle ressentait était les bénédictions qu’elle apportait à l’animal qu’on abat et qui transmet sa vie à la tribu pour la rendre plus forte. L’idée qu’il soit un hak et ses intentions étaient, pour leur part, encore des idées trop nouvelles et nébuleuses pour qu’elle parvienne à les fixer avec aisance.
 
Malvo, lui, avait du respect pour cette créature qu’il découvrait à peine. Elle était douée de raison et il était aisé de voir qu’elle portait le feu de la même manière que tous les autres Hommes. Certainement était-elle différente dans sa manière de s’exprimer et de raisonner mais il n’y avait qu’un pas à ses yeux pour la considérer comme faisant partie de la communauté qu’il avait juré de protéger de sa vie. Le dilemme n’en était pas un pour lui : il devait les mener à bon port et il se porterait garant d’eux auprès de qui voudrait encore reconnaitre son statut et son autorité de paladin. Un royaume aussi éloigné que celui du roi Holt ne serait certainement pas encore averti de sa défection et le seul insigne qu’on cherchait pour prouver l’appartenance à l’Eglise pouvait être les épées du Temple. Il pourrait certainement tirer partie de cet état de fait pour influer dans le bon sens.
 
- Mélampe est une sire de confiance, appuya Malvo à l’issue du discours qu’elle avait prodigué. Si elle certifie qu’elle trouvera le moyen de vous offrir une vie nouvelle, c’est qu’elle le fera certainement. Les Palans feront partie de ses sujets mais de la même manière que tous ceux qui portent le feu en eux se doivent de reconnaitre l’autorité des Seigneurs. Mais certainement, vous aurez le temps de voir quelle forme cette coopération prendra en temps et en heures ! Pour l’heure, il nous faut d’abord prendre l’avantage dans la succession pour pouvoir nous offrir une chance face aux ténèbres qui s’étendent. Les raksis ne sont qu’une des nombreuses formes qu’elles peuvent adopter. Chacun sera la proie de ses propres démons sous peu… sauf si on parvient à organiser nos défenses.
 
Pour Nalin, l’idée même de voir une tribu s’entretuer sur un sujet si futile que la domination n’avait aucun sens. Si elle n’avait pas été la prêtresse de son peuple, jamais elle n’aurait pris la peine de se rebeller pour le devenir. Et il lui parut même évident qu’aucun des Palans n’aurait eu cette idée non plus… Alors voir les haks s’entretuer quand ils savaient que des horreurs similaires aux raksis approchées lui parut plus insensée encore. Elle ne prit pas pour autant la peine de questionner plus avant le reste du petit concile et se contenta d’achever un pansement garni de plantes médicinales concassées à la mâchoire.


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Jo'
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Dim 16 Avr - 10:33
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Mélampe Hildegarde Gertrud
de Lanasthël

J'ai 24 ans et je vis où je peux, dans l'Anuire. Dans la vie, je suis fille aînée d'Aymeric Mosse Gawen de Lanasthël, Roi d'Anuire décédé d'une crise cardiaque et je m'en sors bannie du Royaume puisque j'ai convoité le trône.

Valla (Diablo) (c) Kyrie

"Pourquoi les mâles dirigent-ils les haks ? Les femelles ne sont-elles pas aptes à lire les mystères dans vos basses terres ?"

La question était aussi ingénue que brûlante, et Mélampe sembla en accuser le coup. S'il était vrai qu'elle s'était toujours sentie plus légitime à gouverner que nombreux hommes qu'elle avait vus accéder à des postes de décision, elle n'avait jamais remis en question le paradigme salique de la transmission masculine. En réalité, si elle jugeait des femmes comme elle-même ou Vergile pertinentes à la tête d'une Seigneurie, c'était qu'elle les estimait supérieures à l'idée par défaut qu'elle se faisait des femmes de la cour, en particulier de celles comme sa mère ou sa tante, qui étaient plus diplomatiques que martiales, et plus portées sur les mariages arrangés que sur les alliances commerciales. Le regard externe de Nalin lui fit reconsidérer que la diplomatie et les mariages étaient leurs propres forme de gouvernance, et qu'il était proprement irrationnel qu'elle réserve à ses homonyme un traitement qu'elle exécrait pour elle-même, et qui lui venait généralement des hommes. Elle déglutit, embarrassée par ce que la question lui élevait.

"Disons que les mystères des basses terres ont tous été écrits par des mâles, alors forcément ..."

Elle n'était pas satisfaite de sa réponse et sentait ses socles chancelants. Etaient-ce la fatigue, la maigreur et le froid qui entamaient ses convictions roides auxquelles elle était parvenue à se cramponner jusqu'ici ? Etait-ce la dépossession de toutes ses affaires par les Palans ? Etait-ce d'avoir eu peur de perdre Malvo ? Elle écouta distraitement la confiance ferme du paladin en elle et ses propos au sujet des créatures du Chaos. Cet affrontement, qui serait décisif non pas seulement pour Anuire mais pour la race humaine, devrait davantage la préoccuper - or elle sentait bien ses lacunes spirituelles et martiales en la matière. Sa crispation autour des affaires des Hommes, de la vengeance, de son accession au trône tendait à trop l'éloigner de ces questions pourtant plus vitales encore. Elle mettait en doute son discernement ; décidément, le blizzard de ces montagnes n'ébranlait pas que le corps.

Sa crise de confiance la précipita dans son couchage ce soir là, mais elle ne parvint pas à dormir.

*

Dans un demi somme des insomnies abattues, Mélampe fut sortie de sa torpeur par une sensation étrange auprès d'elle. Elle s'effaroucha prête à poignarder ce qui se trémoussait sous sa couverture mais en adressant un regard à l'intrus, elle ne vit que deux perles tout sourire s'élever vers elle. C'était un enfant Palan qui avait jugé bon de se lover contre elle puisque les turbulences des autres petits l'empêchaient de dormir. Manifestement, s'il avait déménagé pour mieux se reposer, l'excursion l'avait tout à fait sorti de son sommeil.

"Tu m'as fais peur." Le petit garçon se mit à rire, elle lui mima le silence puisque le reste du camp était encore dans la léthargie de la somnolence. "C'est quoi déjà ton nom ?" L'hostilité naturelle des palans envers elle, et son désintérêt pour la jeune génération par ailleurs, lui rendaient nombre de ses compagnons de route totalement étrangers malgré la semaine qu'elle avait passé parmi eux. "Toki, lui répondit-il."

Elle tenta de s'étirer pour défaire son corps des courbatures de la veille, mais le froid lui refusait de sortir le moindre membre de la peau qui les recouvrait - il était vrai qu'à deux, la chaleur se gardait mieux.

"Qu'est-ce que tu dirais qu'on commence, en silence (elle insista sur ce terme), à préparer le réveil de tout le monde ?
- Ouais !
s'exclama-t-il
- Chht !
- ... ouais,
acquiesca-t-il plus bas."

Ils sortirent de leur couchage et Mélampe enveloppa Toki dans la fourrure, s'astreignant à subir le froid de plein fouet, mais se hâtant de s'affairer à l'éveil du feu pour redonner vie à la troupe. Le petit quant à lui se rendait utile à la manière des enfants : par l'inutilité de déplacer les choses en se donnant l'air de les organiser, alignant les brindilles de bois toutes dans le même sens dans leur besace, puis les exposant avec fierté à sa comparse.

Une fois le brasier suffisamment amorcé pour être autonome, l'héritière détacha deux lapins qu'elle avait relevés la veille à l'une des luges. Elle pinça la peau de la nuque du premier, y glissa la lame d'un couteau de chasse, et fit une belle entaille sur toute la largeur cervicale. Elle n'avait plus qu'à se saisir de la toison et tira dessus un coup sec, la détachant nettement de la chair qui perlait sans saigner. Elle fractura du pied l'articulation des pattes et les retira du reste du corps, puis cingla l'abdomen en renversant l'animal tête en bas, laissant chuter les tripes viciées dans la blancheur de la neige. Elle enfonça sa main sans plus de rituels dans le corps et retira sous les côtes les poumons, le coeur et le foie qu'elle réunit dans un baquet en corne. Son poignet changea d'angle et les reins du lièvre virent rejoindre ses viscères au sol. Elle plongea la main dans la neige pour se débarrasser des caillots avant d'empoigner à nouveau son couteau pour détacher la chair tendre de la carcasse - les flancs, les cuisses - puis les embrocha. Elle répéta l'opération avec l'autre animal.

Dans le baquet de corne, elle fit fondre de la neige et prépara les abats en court-bouillon au-dessus du feu. Du même coup, elle installa la broche avec la chair. Quelques oignons sauvages amenés vaillamment par Toki firent semblant de donner du goût à l'ensemble. Plus animal, habitué à la chair crue préservée dans la morsure des glaces, le petit garçon prit son déjeuner avant chacun en vidant les têtes du gibier avec régal. Satisfait, incapable de contenir plus longtemps son impatience, il alla réveiller quelques camarades. Très vite, la rumeur se propagea entre les endormis et avec elle la chaleur du feu puis les exhalaisons de nourriture. Le camp s'anima tranquillement sur la fatigue de la princesse qui se refusait à questionner comment elle réussirait encore à tracter toute la journée, car se poser la question, c'était se donner le choix d'abdiquer un peu.


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