Il prononça quelques paroles, mais elle ne sut les distinguer. Tout ce qu'elle voyait, ce qui l'obnubilait, c'étaient ses pas à lui, qui se rapprochaient inexorablement d'elle, provoquant chez elle un pic d'anxiété comme elle n'en n'avait jamais ressenti. Était-ce de la peur ou de l'impatience ? Ou tout cela en même temps ? Elle l'ignorait, mais Bianca avait été si éprise par ses propres pensées qu'elle n'avait su réagir lorsque ce jeune homme décida de se montrer très familier envers elle. Il la toucha, ce n'était que sa main sur sa joue, mais cette caresse agit comme un électrochoc pour elle. C'était comme si elle était déjà habituée à ce toucher, comme si elle l'avait déjà connu, et qu'il lui avait manqué. Pourtant elle en était certaine, elle ne l'avait jamais croisé, elle ne l'avait jamais connu. Des coups d'un soir, elle en a eu, à de rares occasions, mais il n'était pas l'un d'entre eux. Elle ne ressentait pas autant d'indifférence envers lui qu'envers tous les autres, ceux qu'elle avait eu dans son lit.

Il semblait si intimidé par elle, pas du tout menaçant, pas dragueur, juste... c'était comme si ce geste leur avait semblé naturel à tous les deux. De son côté à elle cependant, Bianca préféra faire un pas en arrière. Elle ignorait encore pourquoi elle voyait cet homme dans ses rêves, pourquoi leur rencontre en chair et en os les poussait l'un vers l'autre, et elle se méfiait du piège que cela pouvait révéler par la suite.

« Pas de problème, mais ne refaites plus jamais ça sans me prévenir. »

Elle arborait une mine colérique, presque en colère contre elle-même de n'avoir pas avoir réagi. Elle n'avait plus la hargne qu'elle montrait aux autres lorsqu'on lui manquait de respect, elle n'était plus celle qui semblait pouvoir tuer d'un seul regard. Elle n'était plus la Bianca qu'elle avait toujours été, et il n'y avait que ce parfait inconnu pour l'avoir transformé ainsi.

« Vous n'avez pas l'air du coin, et j'ignore pourquoi vous êtes là, mais si vous êtes un touriste, vous feriez mieux de partir quand vous le pourrez. »

Ce n'était pas un démon, elle le ressentait bien, ni un sorcier d'ailleurs. Des sorciers, surtout des sorcières, elle en avait traqué, beaucoup, et ce depuis son plus jeune âge. Elle pouvait les ressentir à plusieurs mètres. Cependant, Bianca avait également bien conscience qu'ils pouvaient couvrir leurs traces, et tromper leur monde. Alors elle demeurait sur ses gardes. Qui pouvait lui confirmer que cet homme ne s'était pas immiscé dans son esprit pour mieux la manipuler par la suite ? Il avait agi si familièrement envers elle qu'il était impossible qu'il ne sache pas quelque chose sur cette situation. La coïncidence était trop belle. Ou devenait-elle paranoïaque ?

« Surveillez votre... cavalière, je ne sais pas qui elle est, mais elle semble vouloir prendre ce bar pour une boîte de nuit, et j'espère d'ailleurs qu'elle est majeure. Ce serait bête que vous ayez des problèmes avec le chef d'établissement. »

Elle voulait qu'il s'en aille, le plus rapidement possible. Elle ne voulait plus l'avoir dans son champ de vision, car il produisait en elle des sensations qu'elle ne parvenait pas à comprendre, qui la tiraillait intérieurement. Son coeur semblait sur le point d'exploser, et l'inconfort dans son ventre grandissait de minutes en plus. Qu'il s'en aille, qu'il cesse de lui parler, et qu'elle oublie qu'elle ait un jour croisé son regard... c'était tout ce qu'elle souhaitait.

.

À la grande surprise de Johanna, le jeune homme en face d'elle agissait comme n'importe quel garçon à qui elle adresserait la parole en soirée. Certaine de son charme, la lycéenne fut pourtant agréablement surprise de ne pas être repoussée, au sens propre comme au figuré. Si ce garçon était un démon, il devait agir bien plus subtilement.

« Enchantée Hélios, je suis Johanna »

Elle attrapa la main qu'il lui tendait pour la serrer, puis elle détourna la tête vers son cousin lorsqu'il le mentionnait. Bianca ? Elle croyait avoir déjà entendu ce nom, mais elle la balaya bien vite de ses pensées. Les histoires de Chris n'avaient jamais été les siennes, et l'adolescente avait de son côté eu ses propres problématiques, suffisamment pour ne pas s'intéresser à ceux des autres. Elle adorait les gossips oui, mais elle allait rarement les chercher par elle-même. Elle échappa un rire franc lorsque son interlocuteur confondit son cousin avec son petit ami.

« Mon mec ? »

L'idée de jouer avec le jeune homme lui vint subitement, lui mentir et prétendre qu'elle était effectivement en couple, mais elle ignorait à quel point elle pouvait être intéressante à ses yeux. Certains mecs lâchaient l'affaire lorsqu'ils savaient qu'une fille était prise, d'autres, au contraire, tentaient de la séduire pour le challenge. Et Johanna souhaitait tout, sauf devenir un défi à relever.

« Ah le type là-bas ? C'est mon cousin, et honnêtement, si cette Bianca arrive à lui soutirer quoi que ce soit, ce serait plutôt un exploit... il est si taciturne qu'elle risque de rapidement s'ennuyer avec lui. »

Déclara-t-elle nonchalamment. Ce n'était pas seulement son envie de charrier son cousin qui poussait la lycéenne à lui casser du sucre sur le dos, c'était surtout son envie de le rendre bien plus inoffensif aux yeux des inconnus. Si elle faisait croire à tout le monde qu'il n'était pas très fin avec les autres, voir peu intéressant, peut-être n'allaient-ils pas s'y intéresser plus que cela, et se dire que c'était un paumé parmi tant d'autres. Mais Johanna ne souhaitait cependant pas apparaître de la sorte.

« Moi par contre, je suis d'humeur joueuse ce soir, alors je veux de la boisson qui me retourne la tête ! »

Déclara-t-elle joyeusement en levant les bras en l'air. Bien sûr, elle n'avait pas perdu le nord, elle devait apparaître confiante, et soutirer des informations à cet Hélios. Dans le pire des scénarios, il lui révélait des choses qui la forceraient à le voir comme un ennemi, dans le meilleur des cas...elle aurait peut-être son premier crush, qui sait ? Johanna avait beau être une sorcière, elle demeurait la prisonnière de sa propre naïveté, elle était encore une adolescente qui rêvait de mauvais garçons, de frisson, et d'amour interdit. Ce genre de gros cliché de l'adolescente qui souhaitait découvrir ses premiers émois de la façon la plus dangereuse possible.

« Helios, c'est le Dieu du soleil dans la mythologie grec, non ? C'est pour ça que tu m'éblouis à ce point ? »

Merci Google. Toujours là pour aider en cas de besoin. Surtout pour une pick-up line bien nulle.

HRP : Oui j'ai vu ! Ils sont trop pipous ensemble. J'aime tellement le fait que leur relation soit plus 'innocente' que celle de Chris et Bianca qui est beaucoup plus chargée et qui a un plus gros passif. Les deux couples sont totalement différents l'un de l'autre.

Il n’avait jamais pris le temps de draguer. Il n’avait jamais pris le temps de flirter. Il ne savait pas du tout comment parler à une femme… en tout cas comment lui parler pour qu’elle s’intéresse à lui. Parce que dans son esprit, il n’y avait toujours eu qu’elle. Depuis toujours. Il ne se souvient pas de ne pas l’avoir aimé un jour. Avant, c’était les souvenirs de l’autre Chris. Puis, cela avait été des rêves. Des rêves si forts, si vivaces, si profonds, qu’ils avaient marqués son caractère. Il aimait Bianca. Il l’appréciait avant, dans les souvenirs de l’autre Chris… il n’avait commencé à avoir des élans amoureux que quand les rêves étaient devenus les siens. Il était tellement sous le charme de cette Bianca, celle qu’il voyait… qu’il n’arrivait pas à la séparer de celle qu’il voyait en face d’elle. Il ne pouvait pas croire que la Bianca de ses rêves était réellement celle en face de lui. Non. C’était juste un moyen de le torturer un peu plus. Mais… et s’ils pouvaient s’aimer ? Cette idée le tétanise. Il voulait aimer Bianca, avec tout son cœur. Faire fi de tout et lui montrer un monde meilleur. C’était pour elle, que l’autre Chris s’était battu. C’était pour un monde meilleur, qu’il se battait, maintenant.

- Donc, si je préviens, je pourrais encore te toucher ?

Cette phrase lui avait échappé. Mais… Si elle l’autorise, il la touchera. Il laisserait courir ses mains sur sa nuque pour rejoindre ses cheveux, il caresserait son visage pour en apprendre le moindre contour. Oui, il l’avait déjà touché dans ses rêves, mais il voulait la toucher, réellement. Lui. Pas un souvenir, pas un rêve, dans cette réalité. Il sentait des démangeaisons dans tout le corps. Il voulait lui sourire et qu’elle lui sourit. C’était stupide. Quand elle lui dit qu’il devait partir, il ne put empêcher une moue. La raison à leur venu était simple, trouver ce qu’il se passait. Mais… il ne pouvait simplement pas dire ça à Bianca. Il ne pouvait pas lui dire qu’il avait trouvé cette rumeur sur internet, de cette ville au Mexique… et qu’il était venu pour se battre avec les démons qui y vivent… Parce que c’était le plan, non ? Mais que pourrait-être ce plan quand la jeune femme le regarde. Quand elle existe.

- Je ne compte plus partir, avoua-t-il simplement. Même si on doit me tuer pour ça, je reviendrais.

Il ne dit pas le « vers toi » qui lui brûle les lèvres. Même si on venait à lui écraser la mémoire, le simple fait qu’il l’avait trouvé, une première fois, prouvait qu’il la trouverait à nouveau. Ils étaient deux aimants qui se rapprochent. Il ne pouvait pas le voir autrement. Ou alors, il était simplement le seul à vouloir se rapprocher… mais il n’avait pas assez d’esprit et de logique, là, tout de suite, pour penser à ça. Il lui fallu quelques secondes pour comprendre de qui elle parlait à en disant « cavalière ». Il tourna à peine la tête, fronça les sourcils en sans regarder Johanna, … il lui faisait confiance. Il avait besoin de faire confiance.

- Ma cousine est un peu folle, mais elle n’est pas stupide. Et bien que mineure, elle ne risquerait pas les foudres de ma colère en faisant quelque chose qui risquerait de nous poser des problèmes.

Il l’espère en tout cas. Non… Non. Il le sait. Et elle sait que si elle finissait par boire de l’alcool, alors qu’elle avait été kidnappé par son copain, ses parents et ses tantes allaient le tuer, lui… Normalement, elle l’aime assez pour ne pas risquer sa vie comme ça. Et disant cela, il ne l’avait pas quitté des yeux. Pas une seconde. Il ne sait pas ce qu’il doit dire. « Hé, tu vis dans mes rêves depuis des années ». Ou bien « Dans un monde parallèle, tu as accepté de m’épouser » ou le pire, et pourtant le plus proche de la vérité « Je t’aime, aimes-moi, sinon je vais en mourir ».

- Puisque tu parles de musique, tu voudrais danser avec moi ? proposa-t-il sans réellement trop savoir comment il ferait pour danser sans musique, ou sans place… mais il trouverait. Tant qu’il peut la toucher encore.

*

Il nota le prénom de l’inconnu dans un coin. Johanna. Il trouvait la plupart des prénoms stupides. Mais pas le sien. D’ordinaire, il disait qu’un prénom qui n’annonce rien sur la personne ne devrait pas être donné. Il s’appelait Hélios après tout. Mais Johanna avait une consonance douce et presque chantante. Il aimait aussi particulièrement le son que produisait son prénom dans sa bouche. Il sourit.

- Enchanté, Johanna.

Tout irradier chez elle. Son sourire, sa main douce, son aura. Elle avait une aura… S’il n’était pas sûr que cela soit impossible pour un démon, il dirait qu’elle avait une partie d’elle qui irradiait comme les cupidons. Mais les Cupidons n’étaient pas aussi lumineux. Même eux ne pouvaient arriver à son niveau. Il continua de se concentrer sur le second inconnu. Il le regardait et pouvait sentir la même aura. Une lumière, bien que moins profonde, plus noir. Il y avait quelque chose de triste en cet homme qu’il ne pourrait définir. En réalité, s’il regardait bien, il pouvait voir son aura au bord de désespoir. Le genre qui pousse un homme à commettre des folies. Il haussa les épaules.

- Est-ce qu’il est taciturne, ou le fait-il croire pour ne pas montrer sa souffrance ? qu’il annonce sans le vouloir avant de reporter les yeux vers elle. Beaucoup de personne donnent l’impression d’être simplement ennuyeux alors qu’ils sont simplement triste.

Est-ce qu’il devrait lui dire de faire attention à son cousin ? Il pouvait voir l’âme de son cousin. Elle était là. Bienveillante et protectrice… mais surtout prête à mourir. L’homme était prêt à mourir tout de suite, demain, dans un mois, sans faire le moindre cas de sa survie. Et même s’il pouvait voir une réaction face à Bianca, Hélios savait que ça n’aurait pas réellement d’impact si personne ne soigner son âme. Il observa Johanna et sourit avant de lui tendre son verre. Ici, l’alcool était autorisé … et surtout parfaitement distillé pour ne pas rendre fou. Le goût y était, mais pas les effets néfastes. C’était un démon qui avait appris à faire ça, pour le plaisir de boire sans perdre la tête. Il fit un signe de tête au barman qui lui resservit la même chose avant de donner le nouveau verre à Hélios sans avoir besoin de payer. Après tout, il était l’héritier de la ville. Il sourit à sa phrase.

- Tiens, on ne me l’avait jamais faite, celle-là. Mais le plus lumineux, de nous deux, c’est bien toi. La lumière est bien plus que ce que l’on voit, c’est ce qu’on ressent.

Et s’il n’était pas obligé de faire attention… il lui montrerait. Il avait envie de lui montrer la lumière qu’il pouvait avoir dans ses mains, comment il pouvait appeler le soleil (métaphoriquement parlant, mais une boule de feu dans le ciel, c’est un soleil, ok ?). Il sourit. Il aimait voir qu’on l’admire, le trouve fort ou simplement intéressant, et la jeune femme le faisait. Pourquoi ?

- Pourquoi vous-êtes là ? finit-il par demander en l’observant de ses yeux sombres, je ne crois pas que le cocktail de notre barman soit assez renommé pour que deux inconnus, pas humains mais presque démon, viennent nous rendre visite.

Il sentait le démon sur eux. Tout le monde pouvait le sentir. Mais, déjà, ils ne sentaient pas comme eux, qui étaient des démons à part… et il y avait autre chose qui n’était pas comme il faut.

HRP – Une idée pour la suite, genre là une soirée, et demain une autre, sauf qu’un groupe de « vrais démons » pas gentil viendrait essayer d’attaquer, ça pourrait être intéressant, non ?

Il osait la provoquer, et ce malgré le fait qu'ils ne se connaissaient qu'à peine. Car oui, elle ne le connaissait pas, elle se martelait cette idée dans sa tête, elle ne l'avait jamais connu ici, elle ne l'avait jamais vu de sa vie. Et pourtant, ce sentiment étrange l’étreignait encore, et l'empêchait d'avoir l'esprit apaisé. En tant que sorcière, Bianca était au courant que les réalités n'étaient jamais simples à appréhender, surtout dans un monde ou la magie pouvait vous surprendre. Alors peut-être... qu'une réponse à ses questionnements existaient, et qu'elle n'était pas aussi simple qu'il paraissait.

«Oui, préviens-moi la prochaine fois que tu souhaiteras me souhaiter, que je démolisse tes doigts avant qu'ils ne me frôle. »

Passé le choc, Bianca était redevenue la femme qu'elle était. Une femme froide, et trop honnête dans le venin qu'elle lançait aux autres. Pourtant elle ne pouvait continuer dans sa lancée, car il était évident que quelque chose en elle n'était pas si catégorique, qu'elle demeurait hésitante, que les paroles de l'étranger l'avaient malgré elle un peu chamboulée. Rendue curieuse de la sensation qu'aurait son touché sur sa peau... non, qu'elle idée... si elle commençait à se laisser aller à cette idée, alors elle redoutait qu'il n'y ait plus de retour en arrière. Il prétendait que nul n'arriverait à le faire partir, et bien que Bianca imaginait qu'il était au courant de la signification et de la singularité de cette ville, elle souhaitait pourtant demeurer prudente à son égard.

« Tu ne comptes pas partir ? T'es... »

S'il était là, qu'il ne comptait pas partir, était-il comme la majorité des gens ici, à la recherche du calme ? Ce gars, était-il un démon ? Bianca imaginait qu'il serait dangereux de le laisser divaguer s'il n'était qu'un badeau s'étant perdu, mais elle sentait qu'il n'était pas un simple humain. Et cette sensation ne suffisait pas à lui faire baisser sa garde, bien au contraire.

« Ne fais pas de grabuge ici, c'est tout ce qu'on te demande. »

Alors cette fille qui l'accompagnait, il s'agissait donc de sa cousine ? Et mineure en plus, un bel exemple qu'il lui donnait tiens. Maintenant qu'elle y réfléchissait cependant, la famille de Bianca lui avait apprit à tuer, alors elle imaginait qu'elle ne pouvait pas donner de leçon de moral. La jeune femme échappa un rire lorsque l'homme dont elle espérait se débarrasser afin de chasser le sentiment étrange qui l'accompagnait à chaque fois que son regard croisait le sien lui demanda de danser avec lui. Etait-il déjà sous l'influence de l'alcool ? C'était à se le demander.

« Non mais tu m'as regardé ? Je ne suis pas le genre de fille qui danse... mais si c'est ce qu'il faut pour me débarrasser de toi, je prends. Mais pas de slow, mets tes mains sur mes hanches, et je t'arrache les ongles.»

Pourquoi lui avait-elle dit cela ? Elle l'ignorait, sa stupidité sans doute. Elle ne voulait pas avoir l'air d'être une espèce de midinette en fleurs, mais elle agissait toujours de sorte à ne jamais regretter ses journées, et Bianca avait conscience que fuir maintenant allait lui laisser un goût d’inactivement. Bien sûr, elle ne le dirait pas à ce garçon, et elle se devait bien de percer son mystère, pour enfin avoir l'esprit tranquille. Elle s'approcha alors de lui, une étrange attraction se dégageant de son corps à chaque pas qu'elle entreprenait dans sa direction.

Une fois arrivée à sa hauteur, elle hésitait un instant. Danser, Bianca appréciait l'exercice, lorsqu'elle était seule, et qu'elle tentait d'oublier ses problèmes. Cette danse là cependant risquait de lui en attirer davantage, et cela ne lui faisait pas froide au yeux. C'est donc en se déhanchant, et ce sans que la honte ne l'étreigne, que la jeune femme commençait à bouger sur la musique, elle n'était pas des plus sensuelles, mais elle dansait avec suffisamment de confiance en elle et de maîtrise pour séduire ceux qui la regardait. Et une fois encore, elle n'admettrait pas non plus vouloir surtout avoir ses yeux à lui, sur elle.

-

Johanna fut prise par surprise dés lors qu'Helios analysa son cousin comme s'il avait vu à travers lui. Il était... étrangement dans le vrai, et ce bien que Johanna ne connaissait pas encore toute la complexité de l'esprit de Chris. Elle le savait cependant mélancolique de temps à autre, mais il était vrai qu'elle aussi, ne devait pas tout comprendre de ce qu'il vivait au quotidien. Après tout, bien qu'ils étaient cousins, et faisaient parti d'une famille unie, chacun avait son jardin secret, et elle était encore une ado qui ne possédait pas toute la maturité d'une adulte à qui on pouvait se confier en toute confiance. Johanna espérait cependant qu'elle pourrait devenir ce genre de personne de confiance un jour, elle l'espérait grandement.

« Eh bien... oui, quelque chose comme ça. Chris n'apprécie pas trop montrer ses faiblesses, en fait, c'est pas trop un truc de famille. On se doit d'être forts, et en toute circonstance, alors... Chris n'est que l'un d'entre nous au final, juste un membre du clan qui souffre en silence de peur de paraître faible. »

Johanna se dévoilait sans en dire trop à son interlocuteur, elle se savait suffisamment gaffeuse pour prononcer le nom d'Halliwell si elle ne se retenait pas, alors elle devait soigneusement peser chacun de ses mots pour éviter de devoir quitter le bar, voir la ville, à la hâte, et en évitant de se faire tuer. Johanna prit alors une gorgée d'alcool, en se pensant rebelle à l'extrême, sans avoir conscience qu'elle ne finirait pas bourrée ce soir.

« Oh ? Et du coup, tu penses que j'ai beaucoup de lumière en moi ?  J'avoue que je suis une personne assez lumineuse au quotidien ouais, j'suis un peu le soleil, la terre entière tourne autour de moi.»

Dit-elle en flirtant clairement avec le jeune homme face à elle. A la base, elle pensait qu'il s'agissait plutôt d'une phrase un peu bateau, le genre qu'on utilisait afin de séduire une inconnue rencontrée au hasard dans un lieu public. Mais ce qu'il dit par la suite cependant, commençait à la faire paniquer malgré elle.

« Des inconnus presque démon ? »

Elle eu un moment de silence suite à cette phrase. Alors il se passait réellement des choses ici... et Johanna avait conscience qu'elle ne devait pas avoir l'air trop surprise face à de cette information, car le garçon face à elle parlait de démon comme s'il en avait toujours cotoyé, et elle ignorait si cela était une bonne ou une mauvaise chose. Alors elle feint un rire, avant de reprendre.

« Eh bien... mon cousin et moi... on a quelques petits problèmes familiaux, dirons-nous, en fait... je l'ai suivi, il voulait partir, quelque part dans un endroit tranquille, et on s'est retrouvé là. En espérant pouvoir se refaire une santé ici, surtout mentale, en fait... Tu crois qu'on pourrait se plaire ici ? »

Hélios avait l'air gentil, et Johanna n'appréciait pas lui mentir, mais aussi beau qu'il était, aussi adorable et attirant se révélait-il aux yeux de la lycéenne, s'il lui parlait de démon sans sourciller, c'est qu'elle ne pouvait prendre le risque de se montrer trop sincère avec lui, elle ne le pouvait pas.

« Et toi ? Ca fait longtemps que t'es ici ? C'est vrai que c'est un peu au milieu de nul part, j'imagine que la plupart des gens ici veulent être plutôt à l'abris des regards, non ? »

Elle tentait de jouer les ingénues pour récolter un maximum d'informations à ramener à Chris, mais elle espérait qu'elle n'apprendrait rien qui ne puisse remettre son crush en question. Mais si cela devait arriver, le cœur d'artichaut qu'elle possédait souffrirait un peu moins en ayant toute la vérité maintenant avant de tomber amoureuse de lui. Elle qui était une amoureuse professionnelle.

HRP – Ok, ça me va ! Le feu de l'action va forcer tout le monde à se dévoiler un peu plus aux autres, ça peut être très interessant

Chris savait ce qu’il se cachait derrière la véhémence de la jeune femme. Elle était une sorcière. Un démon. Une femme. Elle avait dû se battre depuis sa naissance pour une place qui lui revient pour toutes ses raisons. Elle était plus que les autres, et d’un sexe dit « faible ». Après tous, les sorcières étaient souvent vue comme blanches ou monstrueuses mais ne valant rien face aux sorciers. Si les sœurs Halliwell avaient niqué le game, il n’en restait pas moins un préjugé qui faisait toujours office de certitude parmi les êtres dotés de magie. Et Chris le savait. Sa Bianca avait du prouver ne pas être qu’une victime et un corps parfait, mais aussi une guerrière capable de se défendre… jusqu’à en perdre la vie pour sauver l’autre Chris. Elle était une bonne âme. Il n’avait pas besoin de savoir plus et ne prit pas garde à ses menaces. Elle pouvait lui casser les doigts, qu’importe. Il ne pourrait pas s’empêcher de la toucher. Il fit un sourire, encore, face à la jeune femme. Il ne pouvait pas lui dire qu’il ne pouvait plus partir à cause d’elle. Il allait prendre un appartement ici et y faire sa vie. Il réfléchirait ensuite de quoi faire de sa cousine. Il se penche vers elle, sans la toucher mais assez proche pour qu’elle sente son souffle.

- Je suis…, reprit-il, fou de toi.

Oups. Bon. Il l’a dit mais quand il se recule, il n’avait pas le visage d’un homme qui fait une blague, ou d’un homme ensorcelé. Il avait le visage d’un homme déterminé qui ne pouvait faire autrement que suivre la suite de sa destinée. Parce que c’était le destin qui avait choisi de la mettre PILE dans la ville qu’il était venu vérifier… et si sa cousine n’avait pas été assez clairvoyante pour comprendre sa fuite, il serait maintenant un homme comblé loin de sa famille… Il ne sentait même pas de culpabilité à cette pensée. Après tout, ses parents et même son frère préférait l’autre Chris. Il n’y avait que sa petite sœur qui n’avait connu que lui et qui le sentait capable de tout faire. Il promit d’un sourire, pas de grabuge… même s’il trouvait cela assez ironique qu’une ville de démons lui demande à lui, qui était un être de lumière à moitié, de ne pas faire de grabuge. Il allait en faire du grabuge s’il ne pouvait pas la toucher pendant qu’elle dansait. Il la laisse venir à lui, souffle dans son cou alors qu’elle bouge à ses côtés sans qu’il puisse la toucher. Alors, il ne mit pas ses mains sur ses hanches. Quand elle s’approcha de lui, il lui prit la main pour la faire tourner… mais il sentit un électrochoc. Il la voulait contre elle. Il voulait l’embrasser et lui faire l’amour. Il entendait des millions d’alerte qui le prévenait que c’était une mauvaise idée, mais il s’en fou. Il avait sa main dans la sienne et il lui fit un nouveau large sourire alors qu’il s’amusa avec elle en dansant jusqu’à ce qu’elle finisse le dos plaquer contre son buste. Il avait sa tête sur son épaule et il pouvait voir le profil de son visage alors que son cœur tapait fort dans sa poitrine. Il n’avait pas suivi le rythme de la musique, du tout, mais celui de son cœur pour l’avoir dans ses bras.

- Sors avec moi, demain. Un rencard. Toi. Moi. Et personne pour nous voir. Laisse moi une chance et tu verras que jamais personne ne t’aura vénéré comme je compte le faire.

Parce que Bianca était sa déesse. Cela, il lui avait déjà dit dans ses rêves… très souvent d’ailleurs. D’ailleurs, ils avaient aussi dansé ensemble de cette manière là dans leurs songes. Les pas étaient venus automatiquement alors qu’il se sépare d’elle à regrette et lui tend ses doigts.

- Tu peux les démolir, demain je serais comme neuf pour te proposer de danser à nouveau.

Hélios détourna les yeux de l’analyse du « cousin ». Bianca avait les choses en main, et de ce que pouvait voir le démon de la lumière, c’était une situation bien inédite et privée qui se passait aux yeux de tous. Il préféra s’occuper de sa propre nouvelle lumière qui irradiait.

- Tu n’es pas comme lui, précise-t-il cependant en l’observant de bas en haut en analysant sa lumière, tu es… plus franche. Plus lumineuse que lui. Et tu ne sembles pas être le genre à souffrir jusqu’à l’étouffement.

Puis qu’elle parlait des souffrances ainsi, il pensait que la jeune femme était le genre de personne à réussir à se soigner, tout simplement. Elle semblait apte à faire en sorte de ne pas laisser ses pensées parasites devenir des nuages noires… Ce que son cousin ne savait pas faire. C’était une aura bien différente. Et oui, dans une famille, peu était les personnes comme ça.. Hélios ne serait pas surpris qu’elle soit l’unique phare dans la nuit pour une famille bien plus triste et morne qu’elle ne le pense elle-même. Après tout, si son clan était le genre à se serrer les coudes, pourquoi seraient-ils ici ? Au moins son cousin devait penser pouvoir et devoir vivre seul.

- Oui, fit-il en s’accoudant un peu plus vers elle, tu es un centre d’attraction. En tout cas, tu m’attires terriblement.

Oui. Il la drague. Quoi ? Il était peut-être le seul fils et héritier de l’endroit, mais s’il pouvait passer une nuit de rêve avec une flamme olympique, il n’allait pas dire non. Si elle devait repartir, tant pis… si elle restait, ils pourraient remettre ça. Il se demande un instant si elle était pure aussi d’attraction charnelle et une petite voix, celle du démon à ne pas douter, se ferait un plaisir de lui faire découvrir des situations excitantes et jouissives si elle le désire. Il sourit à son étonnement. Il était un démon de la lumière et du souvenir, il pouvait voir les auras et elle n’avait rien d’humaine.

- Tu n’es pas humaine, souffla-t-il, mais ne t’en fais pas. Ici, personne ne l’est.

Il ignore être en train d’avouer exactement ce que la jeune femme était venu chercher. La preuve que les démons régnaient sur cette ville. Il sourit à la réponse et l’explication, qui tombait sous le sens, de la jeune femme.

- Je me doutais que ton cousin avait besoin de partir. Et je le pense oui. Ici, c’est un refuge pour les personnes comme nous. Loin des Halliwell et des forces du bien qui désirent nous tuer pour notre existence. Tant que tu as à cœur le bien commun et ne décide pas de faire du mal à la communauté, alors tu es la bienvenue.

Parce que… il n’y avait pas plus raciste que les êtres de lumières, les cupidons ou les sorcières du bien. Les trois ne supportaient pas les démons… et bien qu’il puisse y avoir des monstres et des mauvaises personnes dans chacun de leur rang, il ne leur était jamais venu à l’esprit qu’il puisse y avoir aussi des personnes biens dans le rang de leurs ennemis. Stupide donc.

- J’ai toujours vécu ici. Mes arrière-grands-parents ont fondé cette ville pour protéger ceux qui voulaient l’être du monde extérieur et des humains. C’est… un havre de paix pour les réfugiés de cette guerre. Si tu n’es pas humaine, tu n’as aucune raison de partir si tu ne le désires pas. C’est moi qui m’occupe de renvoyer les humains hors de la zone sans les blesser, tu as dû en voir un en arrivant. Je protège cet endroit avec ma famille.