J'ai ... qu'est-ce que ça peut bien faire mon âge ? Je dirais, plus de 700 ans et je vis dans la cambrousse une baraque qui surplombe une ancienne mine désaffectée, et qui en indiquait l'entrée. Dans le royaume magique des contes et légendes. Dans la vie, je suis alchimiste ? et mage, si ces mots là ont encore une sens et je m'en sors assez bien malgré les changements survenus au fils des ans dans mon environnement. Sinon, grâce à ma malchance, je suis veuf une fois encore et je le vis mal pourquoi les femmes que j'épouse sont-elles incapables de me rester fidèles ?
FC : Ryan Hurst
Je croyais n'avoir jamais rien à ajouter... Mon dernier mariage remonte à l'époque où Louis le XVe en France -encore enfant- succédait tout juste à son irascible mais génial grand-père, lequel a eu le tort de vouloir trop éradiquer de ce monde toutes les croyances autres que la sienne. Le roi dit "soleil" ne porte toutefois pas la responsabilité de tout ce qui suivit... Certes il a agit pour la préséance d'un culte sur les autres mais les hommes sont fainéants de nature, et...
S'il a échoué, ses descendants ont emprunté la voie qui mène au discrédit de toutes les fois, sans doute lassés des preuves d'allégeance à donner et ce faisant tué leurs dieux, tous, et les être de la féerie et du monde magique par la même occasion...
Quelque part, à un moment donné, dans un monde où la magie doit bien exister encore ?
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- Veux-tu m'épouser ? Je suis chevalier, alchimiste, mage... et riche.
A peine les mots ont-ils jailli de mes lèvres que je le regrette ! Non pas que je n'ai pas le désir de re convoler en justes noces avec une jeunesse au minois aussi joli que le sien -même si elle n'a en fait de jambes qu'une queue de poisson- mais... mes mariages n'ont guère été heureux. D'épouse en épouse, jeune, moins jeune, belle, passable, laide, intelligente, futée ou au contraire plus stupide qu'un morceau de charbon extrait... toutes, m'ont fait faux bond... D'une qui partit avec un amant jamais quitté, l'autre tombée amoureuse de son confesseur, la troisième évaporée probablement tombée dans un puits de ma mine sans pouvoir en sortir -c'est d'elle que me vient cette réputation de tueur farouche d'épouses infidèles, la pauvre, la seule qui n'était que curieuse et non pas traîtresse-. Bref. Me remarier, fusse avec une fée du dessous de la mer, c'est certainement la pire sottise que mes bientôt huit cent ans auraient inventée.
Pourtant, je ne suis pas sauvé par un refus outré ? Je me sais pourtant négligé dans ma mise, et apparemment pas très jeune, j'ai dépassé la quarantaine -du moins en apparence- et la solitude couplée à la disparition progressive de mon habitat de toujours m'ont bien mis à mal.
À moins que ? Je me mire dans l'eau ? Non. La magie en revenant ne m'a pas donné l'air plus accueillant ni bel homme. Cela n'est pas la question, comment après lui avoir demandé sa main lui dire soudain que je cache le lourd secret d'être cocufiable à merci par toutes les femmes du monde -magique ou pas- ? C'est que c'est une calamité, une malédiction plus effroyable qu'être condamné à cracher des serpents ou dissoudre instantanément du regard quiconque vous intéresse ! Non seulement je suis ou ridicule -ou craint à l'extrême- selon la version retenue par mes interlocuteurs, mais en plus cela me condamne à la plus épouvantable méfiance, de laquelle naît un isolement que mes mineurs -sont-ils revenus à la vie eux aussi ?- ne parviennent pas à combler.
Je choisis de répondre d'abord à sa première question... C'est un terrain moins... friable.
- Comment sais tu cela ?!
J'ai un sourire triste... Les fées, j'en ai côtoyées, de multiples, des fées des bois, des champs, de la terre ou des airs... Certaines prenaient à loisir l'apparence d'un animal et te faisaient tourner en bourrique, te causant le déplaisir de passer pour fou tandis que tu tenais la conversation avec une chèvre ou un roitelet ! D'autres étaient plus malignes, non espiègles mais bien... mauvaises. Si elles se muaient en animal elles choisissaient une bête venimeuse et repoussante, magique ou réelle, un dragon, un serpent grand ou petit, un crapaud cracheur de bile verdâtre et empoisonnée... J'ai connu des fées, j'en ai même aimé une... que je n'ai pas épousée, cela n'a rien changé à sa disparition. Les fées ont besoin de magie, et au fur et à mesure que les hommes autour n'y croyaient plus, elles se sont étiolées et flétries, comme autant de plantes privées d'eau et de substrat. En dernier sont restés mes nains, fées à leur manière puisqu'ils ont le pouvoir de changer la terre en minerai. Leur seul défaut est d'aimer autant le fer et le bronze que l'or ou l'argent, les nains aiment -comme les pies- ce qui brille... D'où mon obligation de recourir à l'alchimie pour faire de ce qu'ils extrayaient ce que j'attendais de la terre ! Eux aussi ont finis figés dans les longs couloirs étroits de la mine, plus de magie rapportée par le sol, plus de foi, plus d'espoir... les hommes qui se voulaient pragmatiques se tuaient eux également, lentement mais sûrement en oubliant tout ce qui les avait soutenus dans les temps d'antan.
- Je vis depuis presque huit cent ans, sous cette forme. Je me sens forcé de préciser, avant, j'existais aussi mais … - Avant, j'étais un être de la terre, pas un humain comme tu es un être de l'eau, pas une humaine. A cette époque là nous n'aurions jamais pu nous rencontrer, au contact de ta mer je me serais dissout ... Puis, au fur et à mesure que la magie s'enflait là-haut à la surface, que les humains croyaient, exécutaient des rituels, incantaient des supplications, j'ai pris forme et suis devenu tel que tu me vois. Pas tout à fait, j'ai été JEUNE... je souris à cette image, j'étais déjà laid, en fait je dirais que je me suis bonifié en prenant de l'âge. - Vois-tu, je suis arrivé à l'humanité avec les pouvoirs qu'ont les miens, et j'ai pu en acquérir bien d'autres... C'était une époque bénie des dieux de toutes les formes et origines, les hommes et les femmes … ne pouvaient vivre sans l'invisible, ils expliquaient tout par lui, et leur croyance profonde, leur foi sans faille nous renforçait, nous, les êtres féeriques, en nous donnant cette impression d'une immortalité gagnée pour l'éternité.
Je suis l'un de ceux qui ont vu l'époque changer, il en reste peu, elle en est une ! J'ai dans le regard une expression qui doit être mièvre, je suis en adoration devant ce qu'elle est et en admiration devant ce qu'elle a réussi à faire, simplement en étant là. Mais...
J'obéis, stupéfait qu'elle n'ait pas d'un coup de palme rejeté ma demande. Va-t-elle trouver des mots si durs que je doive être assis pour les entendre ? Nul n'est besoin de me blesser pour rester libre comme l'eau dont elle est sortie, il suffit de dire un seul mot : non. Je la vois avec surprise quitter la retraite sûre de la mare -pardon du lac désormais, à demi-salé d'ailleurs à l'estuaire qui le relie à la mer- J'oublie un moment l'instant pour regarde mes montagnes revenues à la vie et murmure...
- Les géants dorment à nouveau pour nous protéger du monde trivial, vois-tu ? Ils se sont couchés pour empêcher le passage des hommes... Certes, si l'époque est au-delà de leur barrière, restée ce que je l'ai connue la protection est moins sûre qu'il y a quelques siècles, les hommes volent désormais dans des choses nauséabondes qui font un bruit d'enfer, mais pourquoi viendraient-ils ici ? Il me suffit de retrouver assez de pouvoir pour qu'un dôme d'opacité cache notre monde au leur ? J'en suis de mes rêveries et de mes supputations, de ma planification pour conserver cette fois-ci ce qui n'appartient qu'à nous quand...
Que fait-elle ? J'ai l'impression que mes veines abritent des milliers de poissons minuscules qui en visitent chaque recoin ?
Et ?
Mais ça n'est pas loyal !
- Par la barbe du Nain Premier ! Mais que fais-tu !? Il suffit de demander ! Ai-je essayé moi de te visiter ainsi !?
Je me renfrogne, blessé au plus haut point par ce manque de franchise ! Les femelles, poiscaille ou humaine, sont autant de traîtresses ! Dans l'égarement de mon émerveillement j'ai offert ma main, elle est certes rugueuse et assez grande pour tenir sa taille presque d'une seule traite mais … je ne suis pas un être fourbe qui s'insinue dans les pensées des autres !
Sous nos postérieurs posés à terre, le sol est martelé de coups de pioches et de masses... La magie est totale, bientôt en plus de mes mineurs et des licornes arriveront les dryades endormies et les fées j'en suis presque assuré dans l'attente de cet événement.
- Tu as peut-être raison... Ton don est tel que t'enchaîner à un bonhomme dont la seule gloire est d'avoir survécu plus que les autres... c'est probablement du gâchis...
Je m'allonge de tout mon long, le dos contre la glaise et l'herbe qui la recouvre, je sais qu'elle est fausse mais j'ai l'impression de grandir à chaque pulsation tellurique que je sens dans les tréfonds... En moi la puissance du chant de ma mère la terre et de mon père géant banal mais plein de piété se font plus fort ! Je suis redevenu moi ! J'en ai peur le moi "d'avant", avant l'ère où les hommes ont cru pouvoir maîtriser notre pouvoir...
Elle... Est une reine des profondeurs, la paix et la joie me font délirer !
La musique... et les sources:
- Epic Music//Oceane war Ship - Gealdýr & A Tergo Lupi - Inn Riki (si tu l'as déjà entendu c'est que Sam me la met trop souvent ^^)
- Et pour qui veut la VERITABLE histoire de Barbe-Bleue... ni le monstre ni le magicien que j'en ai fait !
Bon, on avait dit s'inspirer des contes, on n'a jamais dit les suivre à la lettre hein ? Aux sources j'ajoute la recherche du Graal par les chevaliers arthuriens, Merlin, et la version de Barjavel autrement plus simple à appréhender que les écrits plus anciens...
J'ai 23 ans et je vis dans les océansde la planète. Dans la vie, je suis une sirène. Pour les humains nous ne sommes qu'une légende, pourtant, j'existe bel et bien! Sans savoir pourquoi, je suis passionnée par le monde "d'en haut" et je le vis plutôt tristement.
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La Forme de l'eau
-Huit cents ans ? Répété-je à mi-voix.
J'essaie de comprendre ou plutôt de saisir dans mon esprit cette « chose » qui passe et abîme les humains. Comment disent-ils déjà ? « ...Temps » ? Oui, c'est cela « temps ». Le son ne possède qu'un accord unique et pourtant il semble signifier une sorte de...ligne, très longue. Une marée perpétuelle qui use les espèces de la terre. Chez nous, les mouvements de la mer et du ciel ne nous étreignent pas jusqu'à nous détruire. Nous évoluons très doucement, sans aucune rapidité quelconque et je ne sais pas de quelle manière je pourrais expliquer cette singularité à un étranger. Nous ne possédons pas « d'âge » comme ils disent.
Je le contemple avec ce ding de toutes ces années qui apparaît sur son visage. Les traces qui y sont empreintes sont d'une légèreté que je ne peux définir. Sa peau sourit de soleil et je trouve cela très beau. Rayonne t-elle à la lune ? Je lui demanderai... peut-être.
-Une impression d'immortalité ? N'es tu pas immortel ?
C'est étrange car je perçois l'infinitude de son aura.
-Quelle est ta tristesse ? Tu te languis de ton ancienne forme ?
Le sang froid qui coule dans mon corps se tiédit soudain. C'est une réaction naturelle qui se produit lorsque j'éprouve de la compassion.
Tout à coup, j'entends la musique de ce qu'il ne dit pas. Son tempo est grave, accablé, nostalgique. Attentive à la mélodie invisible, je me tais. Je pensais, j'imaginais qu'il se suffisait à lui même ce grand gaillard. Mais de fait, je me suis trompée ! Les humains ne semblent pas le combler, il leur ressemble pourtant ! Quelle est la nature de cette lassitude qui se dépeint en son sein ?
-...Ils se sont couchés pour empêcher le passage des hommes.
À ses mots, je contemple l'onde qui clapote par endroits. Empêcher le passage des hommes... Quelle quête m'aurait envahie si leur multitude n'avait pas existé ? Me serais-je contentée des miens ? Mon âme se serait-elle consumée avec autant de passion ? Aurais je eu une vie comblée ? Je ne sais pas...Je me laisse aller comme l'eau dans ses profondeurs et je rêve... Courbes et ondulations me définissent. Sans angle, sans mur...
- Par la barbe du Nain Premier ! Mais que fais-tu !? Il suffit de demander ! Ai-je essayé moi de te visiter ainsi !?
Je souris tout en fermant les yeux. Il parle comme un mortel effrayé, contrarié, alors je pose ma main sur la sienne, ma paume sécrétant délicatement une effluve qui aide à chasser les remparts.
-N'ayez crainte je vous en prie, je vous demande pardon, c'est difficile à expliquer et je sais que c'est une action délicate à recevoir. Dans mon monde, nous naviguons ainsi dans les intimes des uns des autres. Ce n'est pas une visite mais une tendresse. Je suis une sirène, un flot qui coule là où il va. Je ne demande pas en effet, je m'accueille dans votre chez vous en vous aimant. Si je vous épouse, je devrais tout quitter alors je viens en vous comme les gouttes de pluie qui s'épanchent sur votre peau. Comme les vagues qui vous caressent lorsque vous vous baignez. Demandez vous à la mer l'autorisation de la pénétrer lorsque l'envie vous prend de vous y prélassez? Imposez vous au vent de s'incliner devant vous avant d'effleurer vos cheveux ? J'ai besoin de savoir si vous êtes possible, comprenez vous ? Ma nature a ses lois et je me dois de les respecter. Je vous regarde de l'intérieur naturellement comme l'air que vous respirez parce que c'est ainsi que cela est et vous aussi vous devrez le faire si vous voulez que nous nous épousions.
Agitant le bout de ma queue dans l'eau, je réfléchis brièvement au rituel avec lequel il pourra me parcourir à l'intérieur. Je me sens ballottée dans une houle toute nouvelle et des embruns lointains remontent à ma mémoire. N'est-ce pas un miracle qui est en train d'éclore ? Mon rêve deviendrait une réalité ?! Oh Père ! Je pressens ton chagrin ! Le géant s'allonge, je demeure assise, songeuse. Il profère soudain des paroles terribles. Aussitôt des épines d'oursin me traversent de part en part. Quel intérêt a t-il de se mépriser avec autant d'envergure ?
-M'enchaîner ? M'enchaîner... -clap clap chantonnait la rivière éclaboussée par les écailles- Cette idée me fait peine alors même que vous ne me connaissez pas. Penseriez vous à ma place ? En quoi serait-ce du gâchis ? Doutez vous de ma capacité à vous chérir ? Vous mésestimez vous à ce point ?
Il y eut un silence. Un souffle.
Puis, d'un coup de rein, je saute dans l'eau, nage sur quelques mètres, m'amusant avec les flots de la cascade. Je me mets à chanter joyeusement, des cercles se forment sur le courant, frémissants sur les tonalités merveilleuses. Enfin je m'arrête, louvoie vers lui toute guillerette à donner un grand coup de queue sur la surface pour l'éclabousser !
-Je vous invite à venir chez moi ! Acceptez s'il vous plaît et vous comprendrez ! C'est un cadeau, j'aimerais vous remercier de m'avoir sauvée.
Il découvrirait ainsi pour la première et dernière fois de son existence, ce qu'est mon pays. Que je l'épouse ou non n'y changerait rien, il ne redescendra jamais dans les abysses.
Il m'offre de vivre la plus secrète, la plus sublime, la plus douloureuse de mes soifs! Aurais-je, en substance, la volonté d'un tel sacrifice ?
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J'ai ... qu'est-ce que ça peut bien faire mon âge ? Je dirais, plus de 700 ans et je vis dans la cambrousse une baraque qui surplombe une ancienne mine désaffectée, et qui en indiquait l'entrée. Dans le royaume magique des contes et légendes. Dans la vie, je suis alchimiste ? si ce mot là a encore une sens et je m'en sors assez bien malgré les changements survenus au fils des ans dans mon environnement. Sinon, grâce à ma malchance, je suis veuf une fois encore et je le vis mal pourquoi les femmes que j'épouse sont-elles incapables de me rester fidèles ?
Quelque part, à un moment donné, là où la magie existe encore ?
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- Une impression d'immortalité ? N'es-tu pas immortel ?
Je comprends qu'elle soit surprise... les êtres magiques le sont, enfin... tant que l'humanité croit en eux. Elle a la chance d'appartenir au monde de la mer, à notre époque encore il y a des films, des comédies musicales et autres attractions qui mettent en scène des sirènes, très déformées et qu'elle ne reconnaîtrait pas mais... ce sont des sirènes ! Des créatures des eaux nanties comme elle d'un visage humain et d'une queue de poisson, vivant sous l'eau sans avoir de mal à respirer -et dans l'air parfois pas plus gênées-. Moi à l'origine j'étais un être de la terre, nous sommes multiples, les nains « terrestres » sont les seuls survivants dans l'imaginaire des hommes ça ne leur a pas évité un long sommeil parce qu'ils ont été oubliés trop longtemps, comme les géants et plus encore les figures de terre qu'ils ont renommées « golem » se vantant de les avoir créées et animées ! Allons donc, comme si la terre mère avait besoin de l'homme pour autre chose que la dénaturer !
Mes semblables dorment, tous, à l'exception de ceux qui comme moi de « magiques » sont devenus « mages » et la plupart de ceux-là -perdant leur immortalité en mutant- sont désormais morts. Comme dorment les dragons que j'ai vu voler dans les cieux et flamber des chevaliers, les licornes que l'aube voyait se lever pour ensuite se terrer loin de tout, et même... ces curieux êtres mi-loups mi-hommes maudits par des sorcières exterminées depuis. Mon monde était mort, avec elle... qui sait ce qu'il en adviendra !?
- J'ai perdu cette capacité en devenant humain... les miens sont morts -ceux qui ont fait comme moi refusant le sommeil- les autres dorment ! Vois-tu, l'homme qui ne croit plus te condamne, tu as la chance d'être encore dans leurs mémoires, moi... nous n'existions plus dans leur rêve et pour cela sommes tombés l'un après l'autre dans une étrange léthargie, ils dorment, dorment, j'ignore même si quelque chose peut les réveiller.
Je ne mens pas, ce sommeil prolongé est comme un coma, plongé dans une autre dimension je ne sais ce qui pourrait les ramener dans celle-là.
- Quelle est ta tristesse ? Tu te languis de ton ancienne forme ?
Je lui souris. Elle est curieuse de tout, curieuse tout court ?
- oui... et non. Je me languis surtout d'avoir trop vécu, trop vu. Quand je suis « né » à l'humanité j'ai acquis un corps mortel sans perdre mes pouvoirs d'antan, j'avais l'impression d'avoir gagné en puissance, en expérience ! J'en ai peur pas en intelligence. J'étais naïf, crédule, je ne voyais pas l'importance de faire le mal pour le bien... Les humains m'ont montré l'injustice et la méchanceté, ils aimaient -plus encore à cette époque- faire souffrir, par peur, par envie, pour s'affirmer. J'ai servi des rois qui torturaient leurs prisonniers, et leurs sujets aussi d'ailleurs pour certains. Que font tes semblables pour punir une trahison ou un délit ? Nous -sous ma forme d'antan- donnions parfois la mort mais rapidement, en prenant soin de priver le condamné de douleur inutile, et uniquement pour des crimes impardonnables ! J'ai vécu des époques dans le monde du dessus où voler pour se nourrir parce que personne ne te vient en aide valait la torture, où des innocents simplement « différents » étaient emprisonnés dans des conditions ignobles...
Je vais l'effrayer ! Mais il faut qu'elle sache ce qu'est ce monde, il n'est pas tellement plus civilisé, dans certaines contrées la torture n'est plus que morale mais le fond de l'homme est un mystère pour moi, ils savourent le chagrin et la peine dirait-on ? Se sentent d'autant plus forts et appréciables que leurs semblables sont tristes et soucieux ? Je me trompe peut-être.
- Je suis las vois-tu. Il a couru sur moi des bruits atroces,on m'a accusé de tuer mes épouses, d'être une brute sanguinaire, je t'assure qu'hormis une qui a disparu sans doute tombée dans un puits de ma mine, jamais je ne les ai tuées... mais elles m'ont bien causé du souci en s'enfuyant, parfois en me volant, me préférant d'autres mâles plus … agréables à regarder bien que moins riches... J'en ai pris mon parti, la civilisation des hommes dans cette contrée impose la fidélité. Cela t'est peut-être inconnu ? Les Miens, les primordiaux de la terre s'appariaient, se séparaient, sans que jamais personne n'y voit de faute, mais chez les humains, un homme et une femme doivent traverser la vie ensemble sans jamais aller à droite ou à gauche... Moi, je suis immense, peu raffiné même si je l'ai été plus, ma voix porte loin et mes manières sont rustiques. Ma richesse et la protection des rois incitaient de jeunes femmes à accepter ma main, puis à le regretter.
Si ELLE l'accepte puis la regrette, je reviendrais à mes coutumes ancestrales, nous nous dirons au revoir en nous conservant l'amitié pour l'autre ? Je l'espère. J'ai beaucoup trop sacrifié aux exigences des mortels. Je me demande un moment si je le suis toujours ? Après tout, elle a réveillé la magie ? Mon château est réapparu, les montagnes que sont les géants profondément endormis aussi, mon lac salé qui communique avec la mer, la terre bruit de milles sons qu'on n'y entendait plus !
Elle parle, me sortant de mes pensées et des explications embrouillées que je donne
... Ce n'est pas une visite mais une tendresse. Je suis une sirène, un flot qui coule là où il va. Je ne demande pas en effet, je m'accueille dans votre chez vous en vous aimant... J'ai besoin de savoir si vous êtes possible, comprenez vous ? Ma nature a ses lois et je me dois de les respecter. Je vous regarde de l'intérieur naturellement comme l'air que vous respirez ...
Elle y pense donc SERIEUSEMENT ? Qu'ai-je fait ! Au moins mon brouillon de biographie lui a-t-il fait comprendre pourquoi j'ai peur soudainement ? Je ne suis pas doué pour le mariage même si je n'aimerais rien tant que voir des bambins courir dans les couloirs de ce château, se baigner dans le lac... Si nous avions des enfants, tiendraient-ils de leur mère autant que de moi ? Sauraient-ils nager jusqu'au fond des océans sans avoir besoin d'air ? Pourraient-ils ouvrir la terre pour s'y réfugier en cas de danger, se transformer en roche anodine, sentir à des lieues l'arrivée d'envahisseurs ? Je l'ignore. Elle est belle comme aucune de mes femmes ne l'a été et intelligente aussi.
N'est-ce pas normal ? Elle vient du monde magique ! Comme j'en suis venu il y a si longtemps.
Puis, me prend une peur ? Et si... si comme moi vivre à la surface la condamnait à l'humanité ? Lui fasse perdre cette immortalité pour devenir comme moi un être qui vieillit, se fane, se perd ? Ai-je le droit par égoïsme de lui demander cela ?
Je la regarde puis me morigène. Je n'impose rien, elle est -justement- intelligente et saura peser le pour et le contre, tenir compte des risques... Est-ce vrai ? J'en étais là quand....
- M'enchaîner ? M'enchaîner... Cette idée me fait peine alors même que vous ne me connaissez pas. Penseriez vous à ma place ? En quoi serait-ce du gâchis ? Doutez vous de ma capacité à vous chérir ? Vous mésestimez vous à ce point ?
Je fais un geste vague, flou, lâche soyons franc.
- Je te l'ai dit, je ne suis guère aimable semble-t-il. Mais peut-être les sirènes ne voient-elles pas les choses comme les femmes humaines ? Et puis, je te promets que j'ai tiré la leçon de mes échecs ! J'essaierai de me montrer aussi charmant et loquace qu'elles l'auraient voulu.
Loquace... C'est une bien grande promesse, j'ai dû dire aujourd'hui plus de mots qu'en deux cent ans ! Les gens comme moi ne parlent pas beaucoup, mais si quelqu'un comme elle qui sait lire les cœurs écoute, alors sans doute découvrira-t-elle combien je suis prêt à l'aimer !
- Je vous invite à venir chez moi ! Acceptez s'il vous plaît et vous comprendrez ! C'est un cadeau, j'aimerais vous remercier de m'avoir sauvée.
Mon sourire montre mes dents -même celle en granit que j'ai placée moi-même après une rixe et qui me valait chez les pirates le surnom de « dent noire »- je vais avoir la réponse à sa première question : es-tu immortel ? Si en entrant dans l'eau je commence à fondre c'est qu'elle aura réveillé TOUTE la magie et que je ne suis plus humain ! Mais alors, les choses deviendront plus complexes encore... Il me faudra inventer à toute vitesse un moyen de ne pas me dissoudre dans l'eau.
Mon sourire s'élargit tandis que je retire ma botte de moto, mes chaussettes, je vais tremper un orteil dans le lac, s'il ne disparaît pas instantanément, je mettrais le pied, puis s'il résiste, tout le reste !
J'ose les dés ?:
J'ose les dés ? Pile ou face ? si pile ta jolie dame de sirène lui a rendu son immortalité et ... son incapacité à entrer dans l'eau sans devenir une flaque de boue ?
Bon... Il va perdre un orteil dans un premier temps ? Ensuite ils vont devoir accepter deux choses : 1/ Il est probablement redevenu immortel 2/ Il aura du mal à rencontrer sa belle-famille et même à serrer sa (peut-être) future contre lui si elle n'a pas séché
La musique... et les sources:
- The Dragonborn Comes - Malukah - Lyrics - Asaf Avidan – My old pain
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Dim 24 Mar - 21:00
Saskia dite la petite sirène
J'ai 23 ans et je vis dans les océansde la planète. Dans la vie, je suis une sirène. Pour les humains nous ne sommes qu'une légende, pourtant, j'existe bel et bien! Sans savoir pourquoi, je suis passionnée par le monde "d'en haut" et je le vis plutôt tristement.
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-Vois-tu, l'homme qui ne croit plus te condamne, tu as la chance d'être encore dans leurs mémoires, moi... nous n'existions plus dans leur rêve et pour cela sommes tombés l'un après l'autre dans une étrange léthargie, ils dorment, dorment, j'ignore même si quelque chose peut les réveiller.
Je fais confiance à ce grand homme et ne mets pas en doute ses paroles. Mais leur écho me peine beaucoup. Jusqu'à présent, je croyais mon peuple libre d'exister par lui-même, or là, il affirme que nous dépendons...du rêve des humains ? J'avoue avoir du mal à intégrer ce fait, il me dérange et je ne suis pas d'accord avec cette situation. Mon père, notre Souverain Neptune et son royaume sont bien ancrés dans notre mère Océan. Aucun d'entre nous n'a jamais émis une quelconque réserve sur notre avenir. Mais l'heure n'est point à s'inquiéter, je réfléchirai à cela plus tard.
-J'entends vos mots, votre déception, la suavité de la douleur particulière qui vous étreint. Mais voyez vous, je suis incapable de conserver dans mes sentiments l'aspect sombre d'une maladie du cœur des êtres vivants, qu'ils soient tels que nous ou bien humain ou animal. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un ou quelque chose qui ne possède pas une once de bon en lui. Quand je me cache derrière les rochers pour observer la race des hommes et des femmes, j'ai toujours, toujours perçu un bout de lumière. Certains en sont inondés et leur reflet illumine ceux à qui ils s'adressent, d'autres la gardent cachée plus ou moins profondément. Peut-être que leurs semblables ne les voient pas comme je les vois mais cela ne m'appartient pas.
Sa main caresse l'eau puis elle reprend :
- "Trop vécu ? Trop vu ?..." J'aimerais pouvoir en dire autant. J'aime la vie qui est mienne mais je souffre aussi d'une soif inextinguible depuis ma naissance. Je suis une sorte de...d'accident parmi les miens. Je suis différente, on s'adresse à moi d'une autre manière. Je vis avec mon peuple mais mon cœur bat ailleurs. J'aime ma mère l'eau, je la vénère et la respecte mais je peux aussi m'en détacher et ne plus y penser. Je n'ai donc pas cette sensation de débordement que vous avez traversée et cela me manque.
L'épouser ? Il ne sait pas à quoi il s'expose!
-Pour vous répondre, il n'y a pas de « trahison » ou de « délit ». Je devine le sens de ces mots qui n'existent pas chez nous. Notre existence est issue d'une paix ancestrale et...
Comment lui dire tout son univers ? Comment lui expliquer pour qu'il en comprenne toutes les subtilités et les essences ? Il faut qu'il vienne ! Qu'il voit de ses yeux ! De son âme ! Avec son cœur !
-Cela m'est inconnu en effet car hormis mon père et notre dieu, chaque enfant nait sirène et l'amour qui nous unit est...
Elle cherche ses mots.
-...il est d'une intensité égale et infinie envers chacune d'entre nous. Nous nous aimons les unes les autres aussi fort que vous pouvez l'imaginer et chaque amour est différent pour chaque sœur. Le sentiment dont vous parlez, je ne le connais pas. C'est bien pour cela qu'il me fascine, qu'il m'attire comme la lune appelle la marée... Je crois que... j'essaie de le comprendre depuis...très longtemps.
Elle murmure son aveu, tourne la tête, rêveuse. La vague de sel monte à chaque fois qu'elle en parle.
-Oui, vous, vous êtes immense...
Elle ferme les yeux, s'emplissant de cette immensité qu'il dégage. Elle s'y plonge si fort qu'elle faillit s'en étourdir, ne pas revenir...
-...J'essaierai de me montrer aussi charmant et loquace qu'elles l'auraient voulu.
C'est sa voix qui la ramène. Pour le coup, elle éclate de rire.
-Je ne suis pas « elles » ! Je ne veux rien qui ne soit vous même. Taisez-vous si cela vous sied, boudez, dormez, chassez, chantez, dansez, criez, vivez ! Mais ne vous dénaturez pas.
Il sourit à son invitation, elle en est heureuse ! Ainsi il accepte ! Joyeusement impatiente, elle attend qu'il mette son pied dans l'eau mais à peine a t-il effleuré l'onde que...son orteil se dissout totalement !
-Oh ! Mais... ?
Admirative, elle le regarde, lui sourit en grand :
-Vous vous êtes retrouvé n'est-ce pas ?
Nul besoin de le rêver pour réveiller sa magie. Le fluide éternel s'était disloqué de sa prison de verre, avait traversé les âges et les espaces pour enfin, se couler à sa place. Sa place.
Dans le cœur de la sirène.
Siren
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Crédits : Targui himself
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J'ai ... qu'est-ce que ça peut bien faire mon âge ? Je dirais, plus de 700 ans et je vis dans la cambrousse une baraque qui surplombe une ancienne mine désaffectée, et qui en indiquait l'entrée. Dans le royaume magique des contes et légendes. Dans la vie, je suis alchimiste ? si ce mot là a encore une sens et je m'en sors assez bien malgré les changements survenus au fils des ans dans mon environnement. Sinon, grâce à ma malchance, je suis veuf une fois encore et je le vis mal pourquoi les femmes que j'épouse sont-elles incapables de me rester fidèles ?
FC : Ryan Hurst
Bon enfin depuis que j'ai rencontré une sirène-fée j'ai retrouvé mon château, entouré de montagnes qui sont des géants ! Mais ça, c'est justement l'histoire que personne n'a encore racontée.
Quelque part, à un moment donné, là où la magie existe encore ?
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- Je ne suis pas « elles » ! Je ne veux rien qui ne soit vous même. Taisez-vous si cela vous sied, boudez, dormez, chassez, chantez, dansez, criez, vivez ! Mais ne vous dénaturez pas.
Aurais-je trouvé la perle rare ? À près de huit cent ans ? Une femme, si l'on excepte … sa queue que je commence à trouver fort seyante, une femme qui me prendrait pour ce que je suis, sans se préoccuper de richesse et d'influence mais moi, c'est à dire un grand gaillard plutôt rustre, barbu comme un nain des origines, tatoué de partout, avec même une dent d'ébène sur le devant du sourire ? Je voudrais y croire, soyons honnête, je vais y croire ! Ai-je jamais su résister à une femelle ? Aussi fausse que soit son attitude ? Non, alors à plus forte raison elle qui paraît si sincère... Mon garçon, c'est une sirène ! Ces créatures enjôleuses et magnifiques dont le chant entraîne par le fond les infortunés marins assez stupides pour voir en elles leur salut ? Ça, c'est la version humaine... et si … loin de les noyer elles les accueillaient, comme elle parle de le faire avec moi ?
Peut-être suis-je en train de faire une sottise... J'en ai fait tant et tant en si peu de temps sur terre ? Huit cent ans -pas encore !- peu de temps ? C'est que je suis né de la race des géants et des pierres, de la terre et des minerais, l'or, l'argent, le fer, le cuivre... toutes ces merveilles dont ma mère la terre se parait et que les hommes -cupides- lui ont arrachées les unes après les autres ! Tout cela pour faire de moi « la barbe-bleue », tueur d'épouses ou cocu de génie, selon les époques et les opinions. « la barbe-bleue », conseiller royal, seigneur des terres du tréfonds, alchimiste qui rendait à sa mère l'or volé par les hommes, bourreau d'elfes -parfois malgré moi, mais ils ont la vie dure-, libérateurs de fées... De cela rien n'est resté, à croire que les humains ne s'intéressent qu'à l'épousaille et à la fornication... Cocu ? Tuons donc l'infidèle ! Que nenni, jamais je n'ai fait cela ! Voyez-vous je les aimais ! Chacune à ma façon, de la plus jolie à la plus laide, de la plus douce à la plus violente, de la plus futée à la plus stupide... Je ne les ai jamais tuées mais il est vrai que toutes ont disparu sans laisser de traces, et que les manants d'antan n'osaient pas demander : Mon Seigneur, où donc est passée votre épouse ? Donc ils ont brodé, femme qui n'est plus là, n'est plus... et si elle n'est plus, alors que tous -sauf moi- la connaissaient coquette et allumeuse, c'est que je l'ai occise... La logique est respectée, ils ne me connaissaient pas, on ne connaît jamais son suzerain. Et puis, beaucoup -trompés eux-aussi par une accorte moitié, dont parfois j'usais je l'admets- projetaient leur légitime colère sur moi qui dans leur esprit avais tous les pouvoirs !
Passons.
La question n'est pas de savoir si j'ai été cocu ou meurtrier d'épouses. Elle là, s'en contrefiche ! Je l'ai pourtant avertie de ma réputation ?
Je regarde avec autant de plaisir que de déplaisir mon orteil disparaître, tâche de boue dans l'eau du lac...
Plaisir ? Parce que comme elle le comprend tout de suite :
Oui, il semble bien ! Mon sourire s'élargit si c'est possible ! Déplaisir ? Parce que la visite à sa famille est fort compromise... Comment présenter aux siens un promis qui fond dans l'eau ? Je prends précautionneusement un peu de boue proche de la rive, me gardant bien de toucher de la terre trop imbibée d'eau, et me modèle un doigt de pied qui posé où il faut prend instantanément une apparence « humaine »... C'est à la fois fort contrariant et si inespéré ?!
Je creuse dans ma mémoire... Il y a si longtemps que je n'ai plus été autre chose qu'un homme, trop grand, trop massif, mais indéniablement de chair, d'os et de sang, même si je n'avais pas trouvé l'ultime but de ma vie, celle qui clôt l'existence des mortels... Je vieillissais, je devais donc un jour mourir ? Mais quand ? J'avais de beaucoup dépassé le terme des vies autour de moi ? J'aurais dû y prendre garde, j'ai négligé un indice et ce que sa magie a fait la mienne l'aurait pu faire ?
Reste mon problème immédiat : je ne peux pas plonger et la suivre... Je savais nager, mais là une incapacité majeure est apparue ? Comment diable faisais-je ? Je ne me dissolvais pas sous la pluie ? Elle était douloureuse mais pas mortelle alors qu'un simple bonhomme de terre modelé et sans âme sous le coup des gouttes d'eau perd forme et disparaît ?
Voyons... Que me disais ma mère quand j'étais, jeune demi-géant issu des nains de fer je voulais sortir de l'antre où ma naissance s'est faite ? J'ai un souvenir vague de caverne rougeoyante, de chaleur surnaturelle, de larges flammes, de métal porté au blanc... Une fournaise sécurisante, un lit de magma...
Par la flamme et le feu, Dissipons corps et âme, Entrons ici sous peu, Chaud, froid, issu de flamme, Solidifions le creux Qui empli de la Dame, Forge l'esprit des preux, Terre, fer et blâme, Fils de l'enfer acclame, l'air et le jour que veux, Va, marche, vis et déclame, Hors l'antre et en tout lieu, la lave est ton sésame, Honore-la de ton vœu.
Mais oui ! Avant de sortir des cavernes ventre de la terre, l'initiation impose un bain de lave ! La surface de notre corps fait de glaise autant que de métal devient alors... brillante et solide, à l'épreuve des pires intempéries ! Il me faut me... ré-initier. Ma folle parenthèse d'humanité m'a valu de perdre mes défenses ! Je regarde ma Mie et lui souris !
- Avant de te suivre, il me faut trouver un volcan ou retourner dans les entrailles de la terre ! Tu ne pourras m'y suivre, ton corps délicat y brûlerait !
Et je n'ai guère d'envie d'épouser un poisson grillé ! J'y gagnerais en plus la réputation d'être un cannibale mangeur d'épouse ! Encore que, qui désormais se préoccupe de moi ? Non, il faut que je me fortifie, une fois « métallisé » je pourrais fendre les flots avec elle, je serai juste plus lourd qu'aujourd'hui encore, et ce n'est pas rien... En fait il est probable que je coulerai par le fond comme une enclume, mais au moins j'arriverai entier dans le royaume des flots ?
Je regarde autour de moi... Il y a la mine, mais depuis des lustres je n'ai pas fait creuser au point d'y trouver le feu ? Je tends l'oreille, le bruit et l'onde de choc des pioches est bien présent, mes nains se sont aussi réveillés ! J'ai deux options, ou je me souviens du géant qui a recouvert le cratère de son corps en s'endormant -mais outre que je ne sais plus du tout duquel il s'agit, un volcan actif si près de ma jolie et fragile fiancée...- ou bien je donne l'ordre de creuser jusqu'à ce que les hommes nommaient : l'enfer ! Et qui n'est que le ventre de ma mère la terre.
- Vois-tu, en m'humanisant j'ai perdu mon essence et mon intégrité, chaque jeune géant -comme aussi nos nains- doit subir une initiation avant de partir par le monde... il semble que la mienne soit à refaire, ce n'est pas grave mais ça va retarder ma visite aux tiens.
Je soupire, et le vent qui en résulte fait plier les arbres de la rive ! Oui, comme elle dit : je me suis retrouvé et je vais devoir en tenir compte pour ne pas la briser comme un fétu de paille !
Je me mets à rire et j'entends au loin le bruit d'une avalanche -une toute petite- de roches qui tombent des montagnes... Je suis à nouveau moi, mon rire pour les hommes écartés loin de ce lieu paradisiaque par des montagnes de géants couchés doit sembler un orage dont le tonnerre fait trembler les maisons et les cœurs !
Qu'il est bon d'être soi...
ça va loin ?:
On est loin de Barbe-Bleue ? J'avoue, mais les conteurs précédents étaient humains, moi, je lui donne la parole... C'est un personnage méconnu et vilipendé par la race humaine qui comme il le dit ne pense qu'à... Bref, je lui permets de s'exprimer, et on en apprend des choses non ?