Pharell O'Hara Ce n'est pas la destination mais la route qui compte
J'ai vu le jour en Caroline du Sud, à Murphy Village, le 12 décembre 1997. Le « Village »... C'est surtout un campement, un immense campement nomade, où on trouve des baraques en dur -certaines somptueuses- et des caravanes, même des roulottes avec des chevaux encore...
Je vis... là où les routes me mènent, pour l'instant je suis en Finlande près de Helsinki. Dans la vie, je suis un peu touche à tout, je me place comme ouvrier agricole, docker, forain, ça dépend, ça n'a aucune importance puisque je ne reste pas ! Parfois, je me mets brièvement à mon compte épris d'indépendance et en colère contre le monde ! et deviens ferrailleur, chiffonnier enfin fripier, bref... J'ai du mal à tenir en place, j'avoue .
Je m'en sors pas si mal, j'ai le nécessaire et même du superflu, ça suffit ? Non ? Je n'en fais pas étalage, un nomade riche c'est toujours suspect.Sinon, je me suis marié, à dix-huit ans, avec... Emma Byrne, on s'est séparés deux ans après, et jamais revus. Elle veut pas divorcer, ça la regarde, moi je m'en fous. Elle est bien capable de me faire des gosses, à distance, au moins ça ferait plaisir à mon père quelques « O'Hara » en plus... Je le vis parfaitement. De toute manière, on est tous cousins quelque part, alors qu'ils aient mes gènes ou pas ses mômes, je peux bien leur donner mon nom, d'autant qu'aux dernières nouvelles ce serait Brian -mon frère puîné- qui aurait pris ma place dans le cœur et le foyer de mon épouse...
En passant ? Je suis ce qu'on appelle un « Irish Traveller's », un nomade dont les ancêtres sont arrivés d'Irlande, probablement au début du dix-neuvième siècle, mais ça, on n'est pas très doués pour tenir des registres nous autres...
Ma vie, c'est le voyage, la route. Parmi nous certains -de plus en plus nombreux- se sont « sédentarisés », pas moi. J'ai pas besoin de me fixer pour vivre, même, moins je reste en place et moins les autres cherchent à savoir qui je suis, d'où je viens, comment je vis et ce que j'aime.
Quand je donne ma parole, je la tiens, si on me la donne... Vaut mieux en faire autant. L'honneur, c'est la richesse des gens comme moi. Je plaisante pas avec. Contrairement aux bruits qui courent sur ma communauté, on est honnêtes, moi le premier. Je ne vole pas, ne mens pas, ne cherche pas à arnaquer. C'est comme pour la parole, faut pas me chercher trop, je ne suis pas méchant mais j'aime pas qu'on m'emm... La liberté, c'est d'abord le respect.
Ma vision du monde, c'est être indépendant, sans attache, seul ou accompagné selon mon envie du moment. La famille, les amis, ça compte, mais pas au point d'en devenir esclave...
En fait, à part mon chien Devil, mon chatte -Kittybelle- et ma jument Sunshine... Y a pas grand monde pour qui je donnerais ma vie. Parfois, je me pose, et j'aime... C'est rarement très long comme relation, mais ça peut être intense. Mais ça, ça ne regarde que moi.
Centaures
Cette journée-là m'est restée en mémoire... pour de nombreuses raisons. D'abord, par mon état d'esprit dès le début de ce qui devait être une sortie de délassement pour la jument comme pour moi, une fin d’après-midi, des retrouvailles après de peu lucratives occupations humaines et une attente à l'écurie pour Sun. Contrairement à d'habitude, Devil ne nous accompagnait pas, je ne peux que m'en satisfaire, gérer un chien trouillard mais plus qu'impressionnant n'aurait qu'ajouté au bazar...
Parmi les cavaliers croisés j'en ai connu pour lesquels monter un cheval n'était qu'un moyen de plus d'affirmer leur supériorité... Pour moi ceux-là ne sont pas des « hommes de cheval ». Quel honneur et quelle fierté à tirer de maîtriser par le mors, la selle, les éperons une bête qu'il suffirait d'aimer pour gagner son respect ? J'imagine ces gens-là face à leurs proies humaines : ne supportant rien, ni indépendance, ni attachement, ni velléité d'exister en tant que soi et non propriété de l'autre ? Ces êtres-là ont en bouche le possessif comme d'autres ont une arme à la main, Ma femme, MON cheval et bien souvent MON fric ? À moins que leur pouvoir réel ou supposé ne viennent simplement de la force et de la violence dont ils font usage à la moindre rébellion ?
Curieuses pensées non pour un homme qui chevauche Sunshine dans le jour tombant de cette contrée tellement septentrionale ? J'ai beau clamer que je suis « irlandais » je n'en suis pas moins habitué au climat de la Caroline du Sud où ma famille passe tous les hivers... Par « Irlandais », entendez Tinker, traveller, pavee ou n'importe comment vous traduirez mon appartenance à l'un des peuples les plus anciennement présents sur le sol de cette Irlande dont j'ai attendu vingt six ans la découverte, nourri de légendes et souvenirs des autres. Irish traveller's, le dico dit « (en irlandais : Lucht Siúil ; littéralement : « le peuple marchant »), aussi appelés Tinkers sont une catégorie nomade de la population irlandaise). Ce n'est pas faux, ce n'est pas vrai, c'est une définition et comme tel... une demi-vérité.
Je ne suis pas un intello, je pourrais m'interroger sur cet afflux de pensées presque philosophiques. Ce n'est pas dans mes habitudes de cogiter à bâtons rompus pendant mes balades. Monter un cheval ce n'est pas fait contrairement à ce que beaucoup pensent pour admirer le paysage, ça, tu peux le faire en promenant ton chien -et encore, promener un chien c'est être avec lui !- ou en travaillant à l'extérieur pendant tes pauses -toujours courtes dans mon cas, on bosse ou on flemmarde !-. Non, monter à cheval ça permet de communier, non avec la nature mais avec l'âme de ta monture. Et qu'on ne me dise pas qu'une bête n'a pas d'âme, le pasteur de Murphy Village, le père Duncan a bien essayé... Je devais avoir à peine dix ans quand j'ai rétorqué que c'était ridicule parce que nombre d'hommes devaient faire honte à Dieu d'avoir été créés à son image, eux qui avaient moins de sagesse que leur chien et moins de courage que le gibier qu'ils traquaient. Le pauvre n'a rien trouvé à me répondre... De toute manière j'étais un O'Hara, et tout habitant du Village sait bien que si tous les Tinkers sont têtus, parmi eux les O'Hara le sont plus que tous les autres réunis.
Je monte Sun, pas de selle, pas d'étriers, pas de mors, pas de bride et surtout pas d'éperons ! Elle et moi nous connaissons depuis sa naissance, j'étais avec mon père à assister sa mère pour la mise bas. C'est elle qui m'a choisi quand le vieux m'a dit de sélectionner le poulain qui serait mon compagnon pour sa vie durant... Je regardais les quatre nés ces mois derniers quand elle s'est approchée et a bouché la vue des autres... Sun, c'est l'âme jumelle de la mienne, du jour où elle a accepté que je me pose sur son dos, elle a été ma confidente... Plus que la driver je l'éduque, je lui apprends à surpasser ses peurs, ses hésitations et en retour elle me fait part de ses questionnements... Forcer un cheval à passer là où il rechigne à aller c'est une idiotie, si la bête paraît rétive il faut commencer par comprendre pourquoi, l'écouter et non « commander », l'homme a la parole pour lui, bien souvent il en use trop et sans réfléchir. Une fois identifiée la raison du refus, tu peux faire demi-tour et contourner l'obstacle ou expliquer à ta pouliche qu'il ne faut rien craindre dans cette situation.
Parfois, malgré la certitude qui est tienne tu aurais mieux fait de suivre l'instinct de l'animal, mais cela se découvre généralement trop tard. C'est ce qui va m'arriver dans quelques minutes, pour l'instant j'en suis à savourer le galop, à faire corps avec la musculature puissante et la respiration rythmée de ma bête. À chaque foulée mes jambes se serrent contre sa peau, si elle accélère trop et se laisse emporter, je me colle à son échine et pose ma tête près de ses oreilles tout contre la sienne pour murmurer des mots d'apaisement. Devant nous, le soleil se couche si tôt que je ne cesse d'en être surpris depuis mon arrivée. Le ciel a pris une couleur d'automne, le feu et l'ombre s'y mêlent, mais rien ne vaut la sensation d'être centaure... ni homme ni bête, mi homme mi cheval...
Quoi ? Chacun prend son pied comme il veut non ?
La seule sensation qui se rapproche de la présence d'un cœur de cheval contre le mien, c'est de baiser avec passion... Il ne faut pas dire ça ? Pourquoi ? Je me parle à moi là, je connais mes travers et mes avantages ! Peut-être que ça ne signifie qu'une chose : je suis plus porté sur le physique que sur le mental ? Ce n'est pas le moment d'y songer, je m'en sors bien dans la vie, mieux que certaines gens qui ont eu dix années d'école en plus, je n'ai jamais été du genre à user mes derrières de futal sur les bancs des établissements scolaires et ma mère en charge -finalement- de mon instruction savait tout juste lire et écrire. C'est le genre de truc qui ne sert que si tu es confronté aux interminables formulaires que toutes les administrations du monde pondent, remplis de termes que personne ne connaît, pas même des lettrés dont le seul talent sur terre est d'aligner les mots les uns derrière les autres comme on enfilerait un collier de coquillages sur une plage du pays de mes ancêtres. Avoir « de l'instruction » ce n'est pas nécessaire, ça n'empêche pas d'avancer, de se forger une vie, un monde... Je gagne plus de fric que beaucoup -bien moins que d'autres- en soi je suis … comme tout un chacun. Si j'étais des leurs ils trouveraient ça normal. Je ne vais pas m'embarquer sur la vision de ma communauté par les « autres », ça gâcherait ma journée qui est encore potable pour l'instant.
J'en suis là, vautré sur l'encolure de Sun les yeux fermés à vivre à travers elle...quand elle se cabre, hennissant de terreur, m'obligeant à bander mes muscles pour ne pas être désarçonné, sans plus faire gaffe à ma posture et à l'impression que je pourrais donner ! Ma jument une fois debout lance ses antérieurs et danse comme un cheval de cirque, continuant à hurler sa peur à donner à croire qu'on l'égorge, puis elle prend la tangente, moi toujours accroché sur son dos et part droit devant elle, sautant certains obstacles du parcours forestier, en traversant d'autres à grand renfort de bruit de bois brisé, de murets de pierre écroulés... Devant l'eau qu'elle a toujours eu en horreur, elle recommence sa gigue tandis que j'essaie de la calmer de mon mieux... Mon cœur bat la chamade, si elle me largue qui sait où elle va finir ! Il y a peu de routes dans cette forêt de conifères mais elles sont encaissées et n'offrent pas la moindre visibilité de ce qui pourrait jaillir des bois en proie à une panique mortelle !
Le ru n'est pas large mais je bénis Dieu de l'avoir placé là. Sunshine a une phobie de l'eau telle que pour le traverser à gué à l'allée il a fallu toute ma persuasion, je ne suis pas sûr dans l'état où elle est qu'elle ait encore conscience de ma présence sur son dos. Je dois lui apparaître comme un prolongement de son corps, une sorte de verrue qui met toute la puissance de la parole humaine -utile pour une fois- dans le but de la ramener à plus de contrôle.
En moi, la colère commence à monter, se muant en une rage folle quand enfin ma bête revient à un état plus conforme à son caractère facile. Je vais faire la peau à ce putain de chauffard !
Reprenant une assise plus confortable et digne, à coup de murmures lénifiants et de caresses, je parviens à ce qu'elle fasse demi-tour pour s'en retourner vers le chemin rural où elle a cédé à la frayeur devant le bolide surgi du néant ! Avec un peu de chance, le conducteur ne comprendra pas l'anglais ? Cela vaudrait mieux vu ce que j'ai sur le cœur, d'ailleurs, je suis tellement en rogne qu'à la vue de la bagnole arrêtée sur le bas-côté, c'est en shelta et en gaélique que je hurle !
Bouge ! Avant que je ne descende de cheval pour t'abîmer le portrait ! Mais je ne peux pas, remuée comme elle l'est Sun donne déjà des signes de nervosité au ton que j'emploie ! Mon indignation légitime devra donc se parer de retenue et de civilité ! Putain de salopard de... Sunshine est prête à céder à nouveau à la peur alors je fais un effort surhumain pour que ma fureur lui soit moins perceptible.
Je n'ai même pas l'intelligence de me dire qu'il ne s'est pas barré ! Qu'est-ce qui l'a forcé à se garer ? Il lui était loisible d'accélérer et de disparaître ? Après tout, un cheval frôlé et un cavalier foutu à terre, quelle importance ? Rien ne pouvait lui indiquer que si ma bête a bien une blessure que je vais examiner, moi, comme toujours dépourvu de bombe, ne suis pas tombé... Je ne pense pas non plus un instant que si j'avais été jeté à bas, sur le sol pierreux autant que boueux, je ne serais pas là à retenir des insultes...
À l'Ombre des ténèbres, rien ne s'efface, ni les eaux cendreuses, ni les lambeaux des jours.
J'ai 33 ans et je vis sur une île près d'Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis sellière harnacheuse et je m'en sors en broyant du noir. Grâce à mes démons, je suis célibataire et je le vis implacablement.
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-Tu t'es foutu de ma gueule !
Le propriétaire se tenait debout, la mine condescendante à souhait, imbuvable comme elle l'avait constaté lors de la commande. Il avait demandé la fabrication d'une selle western sans limite de budget. Mary avait donc choisi en conséquence des cuirs gras et crus de première qualité issus d'élevages raisonnés, un arçon en bois massif le plus léger possible. La prise des mesures avait été précise, établie grâce à une maquette en fer qui prenait du temps et un savoir faire spécifique. Elle exigeait que l'animal porte cette armature provisoire aux trois allures, sur des obstacles, observait, notait avec soin les mouvements, les points de frottements inhérents à la future selle, a Le bien être du cheval était sa priorité et si elle estimait que l'exigence du client n'était pas en adéquation avec son confort, elle refusait d'effectuer le travail.
Cet abruti n'avait payé qu'un acompte de la somme due et en général, rares étaient ceux qui n'honoraient pas leur engagement. Elle prenait ses précautions, le devis spécifiant l'identité du cheval et de son humain, copies à l'appui. Chaque étape de fabrication était détaillée avec les matériaux utilisés, le temps estimé. Une signature validait le tout. Une démarche banale.
Mais les plus riches pouvaient être très mauvais payeurs et inventer toutes sortes d'arguments pour faire baisser la facture. Chez certains, pinailler était un sport national, un principe de base auquel ils ne dérogeaient guère en toutes circonstances. Faire durer le délai de paiement les amusait. Le type qu'elle avait en face d'elle se gaussait à la mettre hors de ses gonds.
-Du tout Mademoiselle. Je dis qu'elle ne lui va pas, il faut revoir la courbure. Constatez vous même.
Et de blablater sur tel et tel défaut injustifiés à grands renforts d'explications et de démonstrations.
Une colère sourde monta en elle. Il l'a dédaignait ostensiblement, sachant d'avance qu'elle n'enclencherait aucune action à son encontre. Elle le haït, les haïssait tous !
-Connard.
Ce fut dit froidement et alors qu'elle s'avançait pour reprendre la selle et partir, il eut un sourire...un minuscule sourire. Une rage incontrôlable l'envahit et dans un élan, elle lui colla son poing sur le visage ! Désarçonné, il tituba sur le côté tandis qu'elle s'enfuyait furibonde, portant la selle à bouts de bras.
Portière claquée, elle démarra le pick up en trombe, les roues arrière crachant des gravillons. Elle sortit de la propriété à toute vitesse, déboulant sur la route comme un diable sorti de sa boîte. Musique à fond, elle cria un bon coup, tapa sur le volant, l'insultant copieusement à haute voix. Elle s'était faite avoir ! Elle s'était faite avoir ! Ce mépris qu'il avait affiché, révélateur, qu'il s'était bien gardé de dévoiler lors de leurs échanges pour peaufiner la commande.
-Sale pervers ! PERVERS !
Elle gueula encore, finit par se calmer relativement mais pas suffisamment cependant pour ralentir son allure. Aimant la vitesse, elle dépassait parfois les bornes, roulant à tombeau ouvert, se moquant de se faire arrêter par la police, indifférente à payer une amende quel que soit son montant.
Son ire lui donna l'impulsion de prendre un raccourci situé à travers les bois et sur une route beaucoup plus étroite. Elle accéléra encore, quatre vingt dix, cent, cent dix kilomètres heure... Pas d'espace pour croiser un autre véhicule...Fermer les yeux...Un...Deux...Les rouvrir...Un...Deux...Trois...
-PUTAIN !
Elle donna un violent coup de volant évitant de justesse un cheval au galop et son cavalier ! Le couple se déporta, emporté par la frayeur inévitable qu'elle avait provoquée à la monture. Le freinage stoppa sa course folle à plusieurs centaines de mètres. Brutalement inquiète pour l'animal dont elle avait vu la cabrade, elle se gara sur le bas côté, coupa le moteur laissant la musique à fond.
S'obligeant à respirer profondément afin de s'apaiser, un sentiment de scrupule proliféra en elle chassant la fureur qui l'animait. Elle attendit. Les vit débouler dans le rétroviseur. La bête boitait... Merde.
Elle ne pouvait pas, non, elle ne pouvait pas quitter la place comme une lâche. Coupant le son, elle sortit de la camionnette, entendit -sans la comprendre- la hargne du gars qui était dans tous ses états. Remarqua qu'il ne portait pas de casque. Tiens donc...
Elle marcha vers lui assez lentement évaluant la situation. C'était de sa faute, uniquement de sa faute.
Arrivée près d'eux, elle lança d'un ton péremptoire, les mains légèrement en avant :
-Arrêtez d'aboyer ! Je suis dé-so-lée !
L'animal s'agitait encore, elle reporta toute son attention sur lui, ignorant son maître, utilisant soudainement une voix emplie de douceur :
-Là, ça va aller mon beau, tout doux, douuux. Tout douuux...
Immobile, elle ferma les yeux et se mit à produire un Aum grave, lent, puissant. Cela dura un certain temps, la tension du cheval s'amenuisant au fur et à mesure. Il finit par bouger les oreilles puis avança de quelques pas pour brouter de l'herbe.
-Il a l'air ok. J'aimerais regarder sa blessure.
Aucune formule de politesse, sèche, brute. Non seulement il ne la connaissait pas et de surcroît son comportement lui avait fait un sale coup. Elle s'obligea à en dire plus gardant un ton dur dès qu'elle s'adressait à l'homme.
-J'ai un cheval, je m'y connais et je paierai le véto si c'est nécessaire, je paierai tous les frais.
Il avait beau monter comme elle, avec ce grand respect qui n'usait d'aucun harnachement de contrainte, le fric, ça les calmait toujours.
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Déteste moi...:
Tente encore de me tirer dessus J'adore la façon dont tu Me détestes
Je me fiche de ne pas être assez bien pour toi ... Je me fiche de ce que tu veux penser de moi
Parce que tout ce que tu es C'est tout Ce que je ne veux pas être
Tu dis Je suis Un monstre Je dis Je suis Libre Viens me tirer dessus J'adore la façon dont tu me détestes
Tu dis Je suis folle Je dis Tu as peur Je deviens plus forte grâce à la douleur J'adore la façon dont tu me détestes
Tente encore de me tirer dessus J'adore la façon dont tu me détestes
Tu penses que je ne suis rien Parce que je ne suis rien comme toi Tu penses que tu me connais Tu n'as aucune idée de ce que j'ai traversé Alors tire ton coup Dis ce que tu veux de moi
Tout ce que tu es C'est tout Ce que je ne serai jamais
Tu dis Je suis Un monstre Je dis Je suis Libre Viens me tirer dessus J'adore la façon dont tu me détestes
Tu dis Je suis folle Je dis Tu as peur Je deviens plus forte grâce à la douleur J'adore la façon dont tu me détestes
Je préfère être une pécheresse qu'une esclave Je préfère être une paria que de simplement m'incliner et obéir Quand tout est fini, il n'y a qu'un seul Nom sur ma tombe Je préfère être un monstre qu'un faux
Dis-moi Je suis Un monstre Dis-moi Je suis Une dégénérée Dis-moi ... (Déteste-moi)
Tu dis Je suis folle Je dis Tu as peur Je deviens plus forte grâce à la douleur J'adore la façon dont tu me détestes J'adore la façon dont tu me détestes (Je m'en fiche) J'adore la façon dont tu me détestes (Déteste-moi)
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Val
Ven 15 Mar - 1:24
Pharell O'Hara Ce n'est pas la destination mais la route qui compte
J'ai vu le jour en Caroline du Sud, à Murphy Village, le 12 décembre 1997. Le « Village »... C'est surtout un campement, un immense campement nomade, où on trouve des baraques en dur -certaines somptueuses- et des caravanes, même des roulottes avec des chevaux encore...
Je vis... là où les routes me mènent, pour l'instant je suis en Finlande près de Helsinki. Dans la vie, je suis un peu touche à tout, je me place comme ouvrier agricole, docker, forain, ça dépend, ça n'a aucune importance puisque je ne reste pas ! Parfois, je me mets brièvement à mon compte épris d'indépendance et en colère contre le monde ! et deviens ferrailleur, chiffonnier enfin fripier, bref... J'ai du mal à tenir en place, j'avoue .
Je m'en sors pas si mal, j'ai le nécessaire et même du superflu, ça suffit ? Non ? Je n'en fais pas étalage, un nomade riche c'est toujours suspect.Sinon, je me suis marié, à dix-huit ans, avec... Emma Byrne, on s'est séparés deux ans après, et jamais revus. Elle veut pas divorcer, ça la regarde, moi je m'en fous. Elle est bien capable de me faire des gosses, à distance, au moins ça ferait plaisir à mon père quelques « O'Hara » en plus... Je le vis parfaitement. De toute manière, on est tous cousins quelque part, alors qu'ils aient mes gènes ou pas ses mômes, je peux bien leur donner mon nom, d'autant qu'aux dernières nouvelles ce serait Brian -mon frère puîné- qui aurait pris ma place dans le cœur et le foyer de mon épouse...
En passant ? Je suis ce qu'on appelle un « Irish Traveller's », un nomade dont les ancêtres sont arrivés d'Irlande, probablement au début du dix-neuvième siècle, mais ça, on n'est pas très doués pour tenir des registres nous autres...
Ma vie, c'est le voyage, la route. Parmi nous certains -de plus en plus nombreux- se sont « sédentarisés », pas moi. J'ai pas besoin de me fixer pour vivre, même, moins je reste en place et moins les autres cherchent à savoir qui je suis, d'où je viens, comment je vis et ce que j'aime.
Quand je donne ma parole, je la tiens, si on me la donne... Vaut mieux en faire autant. L'honneur, c'est la richesse des gens comme moi. Je plaisante pas avec. Contrairement aux bruits qui courent sur ma communauté, on est honnêtes, moi le premier. Je ne vole pas, ne mens pas, ne cherche pas à arnaquer. C'est comme pour la parole, faut pas me chercher trop, je ne suis pas méchant mais j'aime pas qu'on m'emm... La liberté, c'est d'abord le respect.
Ma vision du monde, c'est être indépendant, sans attache, seul ou accompagné selon mon envie du moment. La famille, les amis, ça compte, mais pas au point d'en devenir esclave...
En fait, à part mon chien Devil, mon chatte -Kittybelle- et ma jument Sunshine... Y a pas grand monde pour qui je donnerais ma vie. Parfois, je me pose, et j'aime... C'est rarement très long comme relation, mais ça peut être intense. Mais ça, ça ne regarde que moi.
Centaures
S'en prendre à mon cheval, et soyons honnête à mon chien ou mon chat, ça revient à s'en prendre à toute ma fratrie, à ma famille au sens large, à mon peuple, et bien sûr : à moi. Je ne le ressens pas comme une attaque personnelle mais comme un véritable génocide, c'est bien sûr exagéré et je ne le dirais pas comme ça, mais au fond de moi, ça en a le le retentissement.
Cette connasse aux cheveux bleus qui doit se croire « branchée » avec sa gueule de nantie coupable et donc innocente ! Quoi ? C'est contradictoire ? Non ! Ces gens-là jouent d'autant plus les chérubins qu'ils ont fauté, c'est bien connu. En le formulant au fond de moi-même, je réentends la voix du révérend Murphy puis de son successeur le père McMilan... « Pharell, tu te conduis comme eux, tu reproduis ce dont tu les accuses. On ne juge pas une personne en fonction de son appartenance ethnique ou sociale ! » C'est vrai, on ne devrait pas ! Mais est-ce qu'ils se gênent ? Eux !
C'est un de mes travers, il y a longtemps que je l'ai identifié. J'ai mes raisons, j'ai trop été montré du doigt, accusé de tout et n'importe quoi, stigmatisé de toutes les manières possibles, mais les curetons avaient raison, si je suis logique -et je le suis généralement quand je ne suis pas dans une colère noire- je ne devrais pas me retrancher dans un refuge identitaire en niant aux « autres » toute valeur morale ou humaine. C'est tout à fait ce que je leur reproche, de voir le Tinker avant l'homme, « l'Irlandais » comme on dit en Caroline du sud, là où je suis né. S'il y a un Irlandais dans le coin, et un vol ou une agression, pas la peine de chercher plus loin ! Ça donne la haine, mais la haine ne sert qu'à creuser toujours plus le fossé, au point qu'un jour, de part et d'autre, on ne voit plus que l’abîme qui sépare des hommes qui pourraient être proches s'ils oubliaient ces conneries ! Ça, c'est ce que j'admets, d'habitude, parfois difficilement mais je l'accepte. Cogner plus fort que celui qui t'a foutu une trempe ça soulage, mais quand il te revoit, il recommence. Et un jour, au lieu de toi et lui, il y a des potes, des frères, des cousins... et la guerre est déclenchée. Les guerres sont débiles, alors c'est à l'homme d'être plus intelligent.
Seulement là, franchement, j'enverrais en enfer la terre entière à l'exclusion des miens -et encore, je foutrais dans la charretée deux ou trois mal embouchés de Pavees...- Je secoue la tête, essayant de remettre en place mes cheveux trempés par la sueur. J'ai eu peur ? Oui. Pour Sun, et après coup pour moi. Ça ne veut pas dire que je me résoudrai à porter une bombe ou un casque, pour me protéger en cas de chute. Pourquoi ? D'abord parce qu'on me dit de le faire et que c'est donc une bonne raison de s'en passer. Puis, moins stupidement parce que je fais confiance à ma jument. Si l'autre folle n'avait pas jailli de nulle part, l'accélérateur crevant le plancher dans une cacophonie démoniaque, jamais Sunshine n'aurait pris la tangente, c'est une bête calme et douce, mais peureuse. Elle est jeune... Presque un poulain encore ! En tout cas dans mon esprit, je me revois encore à sa naissance, mon oncle à mes côtés, mon père légèrement en retrait.
C'est dire que lorsqu'elle sort de sa caisse, seule la crainte affichée par Sun me retient de lui sauter à la gorge, toute femme qu'elle soit ! D'autant qu'elle ne fait rien pour améliorer l'ambiance, me prenant de haut, condescendante et braillarde.
- Arrêtez d'aboyer ! Je suis dé-so-lée !
Bah tiens ! Tu peux. La jument donnant des signes de peur et de nervosité bien marqués, je ferme les yeux, la main dans sa crinière et la tenant contre moi, le contact la rassure, toujours, depuis le premier orage qu'elle a connu au pré, épouvantée par les éclairs. Je l'avais escortée en parlant comme je le fais toujours, lui murmurant tout et n'importe quoi, tout près d'elle, qu'elle me sente là... J'avais toussé trois semaines pour m'être fait tremper par une pluie glacée mais je ne l'ai jamais regretté, elle était entrée dans l'écurie de fortune que je lui avais installée, et on avait passé la nuit ensemble, elle bouchonnée moi à demi-nu pour éviter de la mouiller à nouveau avec mes fringues à tordre !
- Là, ça va aller mon beau, tout doux, douuux. Tout douuux... Il a l'air ok.
Mes mâchoires sont tellement serrées l'une contre l'autre qu'elle doit entendre mes dents crisser... Mes yeux lancent des éclairs, je continue à faire un effort pour que Sunshine ne sente pas à mon rythme cardiaque combien je suis furieux et inquiet. Je m'oblige à parler calmement mais la rage que je ressens doit s'entendre malgré la difficulté que j'ai à trouver les mots dans sa langue. Pas question de lui faire le plaisir de demander si elle parle anglais ! Je me débrouillerai.
- ELLE n'est pas ok, elle boîte et elle souffre.
Si elle me connaissait elle prendrait conscience de la difficulté que j'ai à rester présentable. Ses paroles me donnent envie de me ruer sur elle et de l'agonir d'insultes à défaut de lui taper dessus. De quel droit se permet-elle d'approcher ma monture ! Après ce qu'elle vient de faire ?
- J'aimerais regarder sa blessure. J'ai un cheval, je m'y connais...
Dans cinq minutes elle va me sortir pire encore j'en suis sûr. Ce genre de personne qui sait tout, a tout vu, tout vécu ! Mon regard doit refléter la fureur que je retiens et la haine que je ressens. J'en ai peur, faire ressortir mon accent, je l'ignore totalement le temps de caresser Sun et de lui parler, un chuchotis en shelta, le genre de paroles que ma mère me susurrait aux oreilles quand j'avais fait un cauchemar.
On va rentrer, je vais foncer à la ferme qui nous permet de camper dans un de ses champs pour avoir le nom d'un veto, ils ont des chevaux aussi donc doivent en connaître un ? C'est d'ailleurs ça qui les a fait accepter l'étrange équipage que je tracte et ma ménagerie, surtout le chien, en général Kitty génère des sourires béats d'admiration, jusqu'à ce qu'elle ait griffé à sang les idiots qui veulent la toucher. Le couple n'est pas vieux et l'une de leurs gamines rêve de devenir jockey, lui dire que je l'ai été même pour des courses locales m'a fait prendre du galon... Rentrer, éjecter de ma vie la dame qui continue à m'asséner ses vérités, sans un mot d'excuse plus valable que son « Je suis désolée » ! on le serait à moins non ?
- … vous avez un cheval, donc vous savez tout. Moi je dois monter un âne c'est pour ça que je suis si ignorant !
Elle continue à s'enfoncer, et moi à bouillir intérieurement tout en donnant le maximum de ce que je peux pour me maîtriser, que la jument déjà traumatisée n'aille pas me sentir « bizarre » ! Je doute que la fille prenne ma répartie pour une tentative d'humour, ma voix siffle comme un serpent venimeux malgré un ton uni.
- ... je paierai le véto si c'est nécessaire, je paierai tous les frais.
- Parce que non contente d'amocher ma monture et de manquer me tuer, vous comptez me faire la charité !?
Ça a jailli ! C'était le mot de trop. La voyant approcher et tendre la main pour toucher sa patte, Sunshine se cabre donnant dangereusement des membres antérieurs ! J'ai peur que mes animaux me valent pour le caractère et la méfiance.
- Calme-toi Beauté, on va rentrer doucement et on va te soigner. Doucement, doucement Sun, personne ne te fera plus de mal... Je me retourne vers le chauffard en jupons, enfin en pantalon... Je découvre tout à coup sa voiture, je ne sais pas pourquoi mais je l'imaginais au volant d'une sportive prétentieuse, la nana qui se noie dans son snobisme et sa prétentieuse appartenance à la minorité « bien » de l'humanité ? . - Je n'ai pas besoin de votre argent. Ça ne sert à rien de s'engueuler, elle est très jeune et à peine débourrée, elle prend peur très facilement, elle a eu sa dose aujourd'hui, si elle repart à travers bois sa blessure va s'aggraver !
Je desserre légèrement les mâchoires mais malgré moi je reste presque aussi tendu que ma bête.
Je me demande ce que je suis venu foutre dans ce pays de merde ! Après si je suis honnête, des gens comme elle, il y en a partout ! Et dans l'ensemble les Finlandais ont plutôt été accueillants. Et puis je vais repartir, je n'ai aucune vocation à demeurer dans un pays dont je massacre la langue et qui n'abrite personne que je connaisse. Les paysages sont magnifiques, quand je suis d'humeur normale je reconnais même qu'il y a moins de racisme ici que dans mon Amérique natale, mais que ferais-je ?
Je soupire encore, soupire ? Non, disons que je fais ce que font les mordus de yogas, je décompresse, pour Sun, rien que pour Sun !
- Je l'ai vue naître, c'est mon enfant... S'il lui arrive quelque chose... Je ne finis pas ma phrase, en l'énonçant j'imagine Sun tellement abîmée qu'il ne reste qu'à l'abattre comme dans un western et l'émotion me submerge, me coupant le souffle. J'essaie d'être positif, de calmer les choses... Elle a un cheval, et un vétérinaire elle a dit ? Enfin j'ai compris ça.
Je tends la main qui ne tient pas la jument.
- Pharell O'Hara, je suis Américain, je ne veux pas de votre argent, c'est mon cheval et je la soignerai, mais si vous connaissez un veto qui est compétent je prends ses coordonnées sans problème.
Enfin si, reste le problème de lire mais je peux toujours prétexter que leur langue m'est inconnue, c'est le seul avantage d'un pays étranger, même s'ils utilisent notre alphabet je ne suis pas censé la lire, elle voit bien les difficultés que j'ai à la parler déjà ?
À l'Ombre des ténèbres, rien ne s'efface, ni les eaux cendreuses, ni les lambeaux des jours.
J'ai 33 ans et je vis sur une île près d'Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis sellière harnacheuse et je m'en sors en broyant du noir. Grâce à mes démons, je suis célibataire et je le vis implacablement.
Et la Terre expira la Ténèbre.
-Je vous salue Marie, pleine de grâce...Chuuut, s'il te plaît, arrête de pleurer, ne fais pas de bruit, ne fais pas de bruit...Le seigneur est avec vous...Bouge pas, ça va aller...Vous êtes bénie entre toutes les femmes...Tais-toi tais-toi...Et Jésus, le fruit de vos entrailles...Voilà, on voit pas trop..Tu dis rien hein, sinon tu pourras plus aller à l'école...est béni. Sainte Marie....
Les effluves d'éthanol lui fouettaient les narines, diffusant les sempiternels relents de la mère alcoolique, fanatique de religion. Un délire spirituel qui avait décidé que le petit bébé de 2 kilos et 500 grammes devait incarner la pureté et le sacrifice de l'autre Mère, là-haut dans le Ciel. Il se nommerait donc Mary, fille des anges, conçue par la volonté du Seigneur. Comme Elle, l'enfant devra souffrir et se sacrifier pour la rédemption des pêcheurs de l'Univers.
Ça faisait tellement mal. Tellement...Mais elle avait été méchante, n'est-il pas. Salton Gaberlie, Fleur de Géhenne, l'homme important de l'industrie pharmaceutique, appréciant les courbettes. C'était bien là ses seuls défauts apparents à ce gros connard.
Prince Charmant de sang, Démon d'Eden , l'entendez-vous? Le chant de l'Enfer fredonne sa mélopée d'éternité.
L'Antre deux, l'entre Vie-Mort.
Elle aime le silence, déteste le Monde, adore son cheval et son chien, dort sous les somnifères, instable, agressive, suicidaire et solitaire. Échouée en équilibre sans équilibre au bord du gouffre. L'Inspire du merveilleux Rien, le sublime de l'absence de souffrance : le non-ressentir, le médoc des paumés, des traumas, des sans espoir. Ne plus subir, se vider la tête, se diluer dans le vice de l'alcool, de la drogue, un peu, beaucoup, parfois, souvent, décoller des abysses spectrales, fuir le présent, ne jamais être là, se fuir et puis tout recommencer.
Les émotions en pierre. Elle ne croit plus en rien, se fout de presque tout. Aux catacombes en braises, elle gueule sans cri, s'étouffe dans une colère sans fond, se hait, se grave des sillons vermeil sur les bras, les jambes. Ça fait du bien, ça la calme, ça chasse l'Angoisse et les cauchemars. Pas d'échappatoire, l'équation totalitaire d'une vie de chien. La passion de son taff, galoper jusqu'à l'épuisement. Ouais, y'a qu'ça qui la r'tient. Jusqu'à quand ?
Ça faisait tellement mal. Tellement...Mais elle avait été méchante, n'est-il pas. Salton Gaberlie, Fleur de Géhenne, l'homme important de l'industrie pharmaceutique, appréciant les courbettes. C'était bien là ses seuls défauts apparents à ce gros connard.
Il y eut un soir...Des lames effilées...Une folie de Mal frappa. Encore et encore.
Le geyser pourpre de l’artère qui jaillit. L'orgasme d'agonie.
Elle haletait, trempée d'effort et de haine. Le corps s'affaissa, elle le chevaucha sur le ventre et à demi penchée, poignarda le cœur, scellant les armes improvisées dans la peau transpercée.
Arrêt du Temps. Longtemps.
Froide et brûlante.
Un silence.
Une ère nouvelle se levait. La mort l’avait portée. Mary avait tué. Elle était née.
Lui c'est Valravn. Un séisme, un choc frontal qui fait mal. Son âme sœur. Son malheur, son bonheur. Elle ne sait pas, elle ne sait plus...
«...et il y eut une poignée de lumière pour éclairer plus loin qu'elle, vers lui là-bas... » C .Bobin
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-ELLE n'est pas ok, elle boîte et elle souffre.
-J'parlais pas de ça.
Il ne comprenait rien ce crétin ! La jument s'était suffisamment calmée pour ne plus ruer dans les brancards, c'était ça l'essentiel pour le moment. Le coin n'était pas fréquenté, la route, non entretenue, étroite, serpentait à travers la forêt, criblée de nids de poule, impraticable l'hiver. Il était peu probable d'y croiser d'autres conducteurs générant du bruit et du mouvement stressant pour l'animal.
-Tout doux, tout doux...
L'énergumène retenait sa rage palpable, on le serait à moins. Elle avait merdé et ne s'en sortait pas trop mal. C'eut pu être pire si la caisse avait fauché le cheval, l'avait percuté de plein fouet...Les conséquences la firent respirer avec force. Mais ce mec n'avait pas intérêt à l'enfoncer davantage sinon...
-… vous avez un cheval, donc vous savez tout. Moi je dois monter un âne c'est pour ça que je suis si ignorant !
- Ça suffit ! Ferme ta gueule ! Pas la peine d'en rajouter ok ? J'en ai rien à foutre de toi. Ce qui m'intéresse c'est elle et uniquement elle. Je l'ai blessée, je sais ce que j'ai à faire, merde!
Elle parla les dents serrées, se mettant à le tutoyer afin d'exploser la distance que ça impliquait, crachant les mots en particulier les derniers. Encore imprégnée de sa propre fureur envers le client qu'elle venait de quitter, elle se cognait en sus, celle, légitime certes, de ce type ! Son comportement avait mis en danger et meurtri un cheval qui se baladait tranquillement, qui n'avait rien demandé. Double peine qu'elle tentait de digérer à sa façon alors qu'il ne la cherche pas!
-Parce que non contente d'amocher ma monture et de manquer me tuer, vous comptez me faire la charité !?
Il baragouinait le finlandais avec un accent à couper au couteau, butait sur les mots. Mais alors qu'elle s'approchait ignorant avec superbe sa répartie, la jument se cabra de nouveau. Mary recula, énervée de la situation, énervée du mec, énervée de ce qu'elle avait provoqué ! Prenant sur elle, elle le regarda durement, assénant d'une voix acide quoique extrêmement calme :
-Tu vois bien qu'elle a du mal à redescendre. Et toi tu devrais descendre aussi, la soulager de ton poids et de ta connerie. Elle a mal à une jambe alors la base c'est de la libérer. Je vais chercher un licol.
S'il continuait à la provoquer, elle allait lui claquer un pain sur sa face et se tirer ! Mais ça n'irait pas, oh que ça n'irait pas. La culpabilité l'envahirait, la pourrirait jusqu'à l'os. Abandonner un animal blessé par sa faute...Tout ça pour une bête ? Ouais, parce que Mary avait développé une sensibilité à côté de la plaque. Tout son monde s'était construit à ne posséder aucun lien, aucune amitié qui fragilise, qui engage si menue soit-elle, pas d'attache, rien à devoir à quiconque, ne surtout pas aider son prochain de quelque façon que ce soit ! L'indifférence, ô ma douce indifférence.Mais il suffisait d'une poussière dans le rouage et l'édifice s'écroulait.
Elle alla vers le pick up, prit la corde, revint vers eux.
-Je n'ai pas besoin de votre argent. Ça ne sert à rien de s'engueuler, elle est très jeune et à peine débourrée, elle prend peur très facilement, elle a eu sa dose aujourd'hui, si elle repart à travers bois sa blessure va s'aggraver !
IL refusait son fric, un bon point pour lui qui la fit hésiter à l'invectiver une nouvelle fois. Qu'est-ce qu'il attendait pour mettre pied à terre ?!
-On est d'accord.
Elle allait passer le licol autour du cou de la jument –la logique l'imposait!- quand soudain :
-Je l'ai vue naître, c'est mon enfant... S'il lui arrive quelque chose...
Le point de rupture. L'accent de vérité qui brise la tempête, l'authenticité qui dégouline la paix, l'humilité qui aime. Elle était prête à en découdre la marquise de la croupière, à jouter, à se battre même...La hargne se dissout brusquement. Elle l'observa sans pudeur, froide, directe, le regard transperçant. Il était en nage, apeuré quelque part, émotionné...à ce point là ? Elle le vit malgré lui.
Ce n'était plus la même donne. C'était son enfant. La chair de sa chair de cœur. Elle comprenait ça, le respectait si profondément. On prenait soin d'un tel lien, d'un tel amour. On ne l'abîmait pas. Elle avait mal pour l'animal, elle eut mal pour lui.
-Pharell O'Hara, je suis Américain, je ne veux pas de votre argent, c'est mon cheval et je la soignerai, mais si vous connaissez un veto qui est compétent je prends ses coordonnées sans problème.
Elle ne prit pas sa main, eut un geste « c'est bon, pas la peine » sortant son portable dans la foulée. Elle avait pris sa décision, il ne pourrait pas refuser pour le bien être de son cheval.
-L'argent, laisse tomber, on verra. J'appelle pour qu'on m'apporte un van. Je l'emmènerai où tu veux, ce sera préférable pour elle que de faire des kms avec sa blessure et elle se remettra plus vite. Mieux vaut trop de précautions que pas assez. Une foulure ou une entorse mal soignées tu sais comme moi où ça peut mener.
Elle lui tendit le licol, s'éloigna pour téléphoner puis revint quelques minutes plus tard.
-C'est ok. Il arrive dans une petite heure.
Elle lui imposait la meilleure solution qui soit mais vu son caractère de cochon, allait-il accepter ?
Ne restait plus qu'à attendre ? A s'étriper comme deux coqs cayens ?
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Val
Mar 26 Mar - 18:19
Pharell O'Hara Ce n'est pas la destination mais la route qui compte
J'ai vu le jour en Caroline du Sud, à Murphy Village, le 12 décembre 1997. Le « Village »... C'est surtout un campement, un immense campement nomade, où on trouve des baraques en dur -certaines somptueuses- et des caravanes, même des roulottes avec des chevaux encore...
Je vis... là où les routes me mènent, pour l'instant je suis en Finlande près de Helsinki. Dans la vie, je suis un peu touche à tout, je me place comme ouvrier agricole, docker, forain, ça dépend, ça n'a aucune importance puisque je ne reste pas ! Parfois, je me mets brièvement à mon compte épris d'indépendance et en colère contre le monde ! et deviens ferrailleur, chiffonnier enfin fripier, bref... J'ai du mal à tenir en place, j'avoue .
Je m'en sors pas si mal, j'ai le nécessaire et même du superflu, ça suffit ? Non ? Je n'en fais pas étalage, un nomade riche c'est toujours suspect.Sinon, je me suis marié, à dix-huit ans, avec... Emma Byrne, on s'est séparés deux ans après, et jamais revus. Elle veut pas divorcer, ça la regarde, moi je m'en fous. Elle est bien capable de me faire des gosses, à distance, au moins ça ferait plaisir à mon père quelques « O'Hara » en plus... Je le vis parfaitement. De toute manière, on est tous cousins quelque part, alors qu'ils aient mes gènes ou pas ses mômes, je peux bien leur donner mon nom, d'autant qu'aux dernières nouvelles ce serait Brian -mon frère puîné- qui aurait pris ma place dans le cœur et le foyer de mon épouse...
En passant ? Je suis ce qu'on appelle un « Irish Traveller's », un nomade dont les ancêtres sont arrivés d'Irlande, probablement au début du dix-neuvième siècle, mais ça, on n'est pas très doués pour tenir des registres nous autres...
Ma vie, c'est le voyage, la route. Parmi nous certains -de plus en plus nombreux- se sont « sédentarisés », pas moi. J'ai pas besoin de me fixer pour vivre, même, moins je reste en place et moins les autres cherchent à savoir qui je suis, d'où je viens, comment je vis et ce que j'aime.
Quand je donne ma parole, je la tiens, si on me la donne... Vaut mieux en faire autant. L'honneur, c'est la richesse des gens comme moi. Je plaisante pas avec. Contrairement aux bruits qui courent sur ma communauté, on est honnêtes, moi le premier. Je ne vole pas, ne mens pas, ne cherche pas à arnaquer. C'est comme pour la parole, faut pas me chercher trop, je ne suis pas méchant mais j'aime pas qu'on m'emm... La liberté, c'est d'abord le respect.
Ma vision du monde, c'est être indépendant, sans attache, seul ou accompagné selon mon envie du moment. La famille, les amis, ça compte, mais pas au point d'en devenir esclave...
En fait, à part mon chien Devil, mon chatte -Kittybelle- et ma jument Sunshine... Y a pas grand monde pour qui je donnerais ma vie. Parfois, je me pose, et j'aime... C'est rarement très long comme relation, mais ça peut être intense. Mais ça, ça ne regarde que moi.
Centaures
Toute mon enfance mon père, bien plus sage que je ne serai jamais, a tenté de faire que ma colère me fasse avancer plutôt que me consumer sur place... Il a fallu que je lui fasse un coup bas pour voir la sienne et constater qu'elle valait bien les miennes... Quand marié depuis quelques heures avec la fille d'un de ses amis, j'ai foutu tout mon avoir dans ma caravane, attelé et me suis barré loin de cette femelle à laquelle il avait voulu me lier ! J'en souris maintenant, on a parlé lui et moi, on s'est expliqués, rabibochés.. mais jamais il n'oubliera que son honneur et sa parole avaient été bafoués ce jour là. Il aurait négocié, fait patienter Emma et ses parents, aurait dit sans le dire que « les femmes et moi ça faisait deux...» et lui aurait donné Brian de deux ans mon cadet ! Mais dire oui et en douce faire non... Bref ce n'est pas la question...
J'ai un problème avec les gens, surtout les « autres » qui ne connaissent ni nos codes ni notre culture mais plus encore avec les femmes. Ce n'est pas que je les méprise ou leur en veux de je ne sais quoi, c'est tout simplement que je crois n'avoir jamais compris les méandres empruntés par le raisonnement féminin pour arriver toujours directement à l'inverse de ce qui me paraissait évident. Malgré cela, il y a des choses qu'on ne fait pas, et qu'on ne dit pas à une femme, même une comme elle qui a un sacré répondant, c'est désuet, ridicule, je suis sûr que si elle savait que j'hésite à agir naturellement parce qu'elle est ELLE et non LUI, elle serait aussi vexée que quand moi elle veut se dédouaner en payant le veto ! Clairement, on est mal partis pour s'entendre. Acheter mon silence et … quoi ? Ma traîtrise ? Parce que ne pas soigner Sun, c'est la trahir... Je veux dire, ne pas mettre de moi tout le possible -y compris le fric- pour qu'elle se remette au plus vite ?
- Ça suffit ! Ferme ta gueule ! Pas la peine d'en rajouter ok ? J'en ai rien à foutre de toi. Ce qui m'intéresse c'est elle et uniquement elle. Je l'ai blessée, je sais ce que j'ai à faire, merde ! et d'en rajouter, comme si j'étais sourd ou débile ! J'ai une furieuse envie de lui en coller une pour qu'elle baisse d'un ton, mais je me retiens, à en avoir les phalanges blanches tant je les serre... -Tu vois bien qu'elle a du mal à redescendre. Et toi tu devrais descendre aussi, la soulager de ton poids et de ta connerie. Elle a mal à une jambe alors la base c'est de la libérer. Je vais chercher un licol.
Le pire c'est que je me laisse glisser à terre, je regarde le licol avec méfiance, je n'en n'use jamais... Les chevaux ce sont des dieux dans la nature, d'où tu attaches un dieu avec une ficelle pour l'obliger à te suivre ? Je leur parle, je fais corps avec eux, je « pense » cheval... et ils m'emboîtent le pas. Toutefois elle n'a pas tort, Sunshine est blessée, apeurée surtout, la douleur -qu'elle n'a jamais connue- doit la faire paniquer, c'est pour cela que j'étais resté sur son dos, pour être présent, la guider éventuellement si elle prenait la tangente, mais même mes soixante-dix kilos, ça pèse c'est vrai...
Je confirme, cette gonzesse, le ton qu'elle emploie -si elle était un mec- m'aurait déjà conduit à lui rectifier le portrait... seulement, elle ne l'est pas, c'est ça que je reproche à l'éducation des miens, une femme mal embouchée vaut un homme mal embouché ! Pourquoi on ne peut par réagir pareil ? Mon père me dirait : on doit le respect aux femmes Pharell, une femme c'est une mère, c'est l'espoir de l'humanité... Mon œil ! Elle, c'est pas une mère ! C'est le genre de fille qui perdrait son rejeton ou l'étoufferait à la naissance ! Une chatte dénaturée, une tueuse de chatons ! Après, rien sinon la hargne de son langage ne me permet de la juger ainsi... Ma mère aussi avait la langue bien pendue, l'a toujours, à gueuler plus fort que mon vieux et sa tribu de potes pour le faire rentrer au bercail où était sa place plutôt qu'au coin du feu à refaire le monde entre hommes... Non, si je suis honnête, la seule chose que je sais sur elle c'est qu'elle est aussi en colère que moi, et que pas plus que moi elle n'acceptera d'avouer ses torts en public !
C'est ma faute... Quand on monte un jeune, un presque poulain comme Sun, on fait gaffe à tout, je savais qu'elle pouvait prendre peur à tout moment, surtout dans un environnement inconnu. J'aurais dû au lieu de m'abandonner à l'ivresse du galop en forêt avoir les yeux et les oreilles aux aguets, avec le bruit qu'elle faisait je suis certain que je l'aurais entendue arriver de loin...
Si j'avais écouté.
Seulement je ne l'ai pas fait, et je m'en sors indemne alors que ma perle de jument souffre, à cause de moi, de ce foutu moment d'extase que je me suis permis, les cheveux au vent et les yeux fermés à tout !
- L'argent, laisse tomber, on verra. J'appelle pour qu'on m'apporte un van. Je l'emmènerai où tu veux, ce sera préférable pour elle que de faire des kms avec sa blessure et elle se remettra plus vite. Mieux vaut trop de précautions que pas assez. Une foulure ou une entorse mal soignées tu sais comme moi où ça peut mener.
J'ai le réflexe de dire qu'un van j'en ai un, mais ça me sert à quoi ? Il est à dix ou quinze kilomètres ! Je n'ai jamais mesuré la distance qu'on parcourt Sun et moi dans nos balades, mais si je rapporte la durée de la course à l'allure adoptée ça fait ça... Le van est inutilisable, je n'ai même pas entré le numéro de téléphone de mon hébergeur sur mon portable, je suis coincé, rien à dire à part « Merci beaucoup, je vous en suis redevable » ? Et puis quoi ! Si moi je n'ai pas fait gaffe à l'environnement, elle c'est un chauffard ! Elle ne fait que ce qu'elle doit faire !
Bon sang... C'est bien d'avoir un canasson qui est en phase avec toi mais dès que je m'énerve à nouveau elle redevient fébrile et craintive ! Je ferme les yeux, me mords un bon coup les lèvres qui saignent ! Comme si j'étais pas assez ridicule comme ça ! Je tourne le dos à « Madame je sais tout et je veux tout diriger » pour poser ma tête contre celle de ma monture, je lui murmure des mots doux, elle ne comprend probablement rien mais elle les entend depuis sa naissance et ils l'apaisent. La fille aux cheveux bleus se barre, discute, c'est marrant les gens ici ne font pas de gestes en parlant ? J'ai l'habitude d'être plus démonstratif. Elle revient au pas de charge.
- C'est ok. Il arrive dans une petite heure
- Une heure !
Ouais, je sais, j'aurais dû me taire... Une heure c'est très honnête, le mec est sans doute planqué en ville, avec des consultations, ou alors en train de faire une tournée des éleveurs et perdu à l'opposé, je sais ! Mais la perspective de passer une heure face à l'autre dingue de l'accélérateur ! Je baisse d'un cran pour dire d'un ton franchement pas convaincu...
- Je suppose que je devrais vous remercier.
Je devrais, c'est presque sûr, son toubib elle doit le connaître pour qu'il accepte comme ça de venir sur les lieux d'un accident consulter un cheval inconnu, seulement je ne le fais pas. Pas question que je me force à lui faire un sourire non plus ! Si elle n'avait pas déconné, on serait rentrés à cette heure, Sun en pleine forme, moi en train de la bouchonner, revigoré par la nature et le sport, sa compagnie aussi... Au lieu de ça on glande dans le brouillard qui tombe à attendre un veto qui va me bouffer tout mon profit du mois ! Parce que pas question qu'elle paye, ça j'en fais... une affaire d'honneur.
- Comment ça se fait que vous avez un licol dans votre bagnole ? C'est pas commun dans une caisse ?
Elle a dit qu'elle montait Pharell... Pourquoi j'ai peine à le croire ? Parce qu'elle est fringuée cuir et se teint les cheveux ? Je la verrais plutôt sur une Harley avec un biker comme mec ? Après, moi j'ai l'air de quoi ? J'en sais rien, j'ai changé de jean et celui que je porte est franchement minable, le blouson lui a été fait pour un cavalier, mais pas pour moi, mes cheveux doivent être emmêlés et trempés autant par la brume que par la sueur, mes bottes ont mon âge même si je trouve qu'elles le portent bien, je préfère les mitaines aux gants, j'aime avoir le bout des doigts libre mais ça donne l'impression que j'ai coupé les bouts -ce qui est vrai sur cette paire en cuir- pas de bombe ou de chapeau, jamais ! C'est pour les gens qui ne tiennent pas sur la monture, ça va avec la selle, le mors et toutes ces conneries...
Je ne la laisse pas répondre, après tout, je m'en tape ? Elle va se tirer quand on sera rentrés à la ferme, et basta, même pas besoin d'en savoir plus sur elle... De toute manière elle a ignoré ma main et pas donné son nom, chez nous, c'est une façon de dire merde...
- Puis c'est pas mes affaires après tout. Vous pourriez trimbaler une bombe atomique que je m'en foutrais...
Tenant toujours Sunshine et lui caressant l'encolure, je monte sur un vieil arbre couché et tourne le dos à la fille.
À l'Ombre des ténèbres, rien ne s'efface, ni les eaux cendreuses, ni les lambeaux des jours.
J'ai 33 ans et je vis sur une île près d'Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis sellière harnacheuse et je m'en sors en broyant du noir. Grâce à mes démons, je suis célibataire et je le vis implacablement.
Et la Terre expira la Ténèbre.
-Je vous salue Marie, pleine de grâce...Chuuut, s'il te plaît, arrête de pleurer, ne fais pas de bruit, ne fais pas de bruit...Le seigneur est avec vous...Bouge pas, ça va aller...Vous êtes bénie entre toutes les femmes...Tais-toi tais-toi...Et Jésus, le fruit de vos entrailles...Voilà, on voit pas trop..Tu dis rien hein, sinon tu pourras plus aller à l'école...est béni. Sainte Marie....
Les effluves d'éthanol lui fouettaient les narines, diffusant les sempiternels relents de la mère alcoolique, fanatique de religion. Un délire spirituel qui avait décidé que le petit bébé de 2 kilos et 500 grammes devait incarner la pureté et le sacrifice de l'autre Mère, là-haut dans le Ciel. Il se nommerait donc Mary, fille des anges, conçue par la volonté du Seigneur. Comme Elle, l'enfant devra souffrir et se sacrifier pour la rédemption des pêcheurs de l'Univers.
Ça faisait tellement mal. Tellement...Mais elle avait été méchante, n'est-il pas. Salton Gaberlie, Fleur de Géhenne, l'homme important de l'industrie pharmaceutique, appréciant les courbettes. C'était bien là ses seuls défauts apparents à ce gros connard.
Prince Charmant de sang, Démon d'Eden , l'entendez-vous? Le chant de l'Enfer fredonne sa mélopée d'éternité.
L'Antre deux, l'entre Vie-Mort.
Elle aime le silence, déteste le Monde, adore son cheval et son chien, dort sous les somnifères, instable, agressive, suicidaire et solitaire. Échouée en équilibre sans équilibre au bord du gouffre. L'Inspire du merveilleux Rien, le sublime de l'absence de souffrance : le non-ressentir, le médoc des paumés, des traumas, des sans espoir. Ne plus subir, se vider la tête, se diluer dans le vice de l'alcool, de la drogue, un peu, beaucoup, parfois, souvent, décoller des abysses spectrales, fuir le présent, ne jamais être là, se fuir et puis tout recommencer.
Les émotions en pierre. Elle ne croit plus en rien, se fout de presque tout. Aux catacombes en braises, elle gueule sans cri, s'étouffe dans une colère sans fond, se hait, se grave des sillons vermeil sur les bras, les jambes. Ça fait du bien, ça la calme, ça chasse l'Angoisse et les cauchemars. Pas d'échappatoire, l'équation totalitaire d'une vie de chien. La passion de son taff, galoper jusqu'à l'épuisement. Ouais, y'a qu'ça qui la r'tient. Jusqu'à quand ?
Ça faisait tellement mal. Tellement...Mais elle avait été méchante, n'est-il pas. Salton Gaberlie, Fleur de Géhenne, l'homme important de l'industrie pharmaceutique, appréciant les courbettes. C'était bien là ses seuls défauts apparents à ce gros connard.
Il y eut un soir...Des lames effilées...Une folie de Mal frappa. Encore et encore.
Le geyser pourpre de l’artère qui jaillit. L'orgasme d'agonie.
Elle haletait, trempée d'effort et de haine. Le corps s'affaissa, elle le chevaucha sur le ventre et à demi penchée, poignarda le cœur, scellant les armes improvisées dans la peau transpercée.
Arrêt du Temps. Longtemps.
Froide et brûlante.
Un silence.
Une ère nouvelle se levait. La mort l’avait portée. Mary avait tué. Elle était née.
Lui c'est Valravn. Un séisme, un choc frontal qui fait mal. Son âme sœur. Son malheur, son bonheur. Elle ne sait pas, elle ne sait plus...
«...et il y eut une poignée de lumière pour éclairer plus loin qu'elle, vers lui là-bas... » C .Bobin
Avatar: Alissa White Gruz copyright:️ Ma pomme
Elle avait envie de rentrer chez elle, musique à fond, cloper tranquille, se reposer. Les nuits de la semaine s'étaient mal passées, insomnies, angoisses. Elle le* sentait dans sa chambre, les yeux perçants, méchants, à l'affût pour lui faire du mal. Encore. Violemment réveillée, les poumons affolés, elle terminait les heures qui traînaient avec la lumière, la télé allumée, ordonnait à son chien de grimper sur le lit.
Ce crétin qui fichait tout par terre ! Il n'y était pour rien mais vive la mauvaise foi ! Personne ne prenait jamais ce raccourci ! Le macadam était défoncé par endroits, les nids de poule innombrables, des flaques d'eau en permanence, des branches mortes tombées à cause du vent jonchaient le sol par endroits...Il n'aurait pas pu se balader ailleurs ?!
Elle le vit se mordre la lèvre au sang. S'interrogea vite fait sur son état mental. Eh bien quoi ? Sa jument n'allait pas mourir ! Elle allait être soignée efficacement alors pourquoi se sentir aussi mal ? Et s'il lui faisait une crise de délirium ? S'il pétait son plomb là, d'un seul coup sans qu'elle ne puisse rien y faire ? S'il devenait...fou de rage ? Une fraction, une milli fraction de seconde, Mary redevint la gosse soumise et maltraitée. Elle eut peur et puis les abysses se volatilisèrent aussi vite qu'elles s'étaient imposées. Le vertige intérieur la rendit mauvaise, extrêmement mauvaise. Le voyant prendre soin de sa jument comme d'une amante, elle sourit en coin, s'éloigna brusquement, l'ignora, respira fort pour se calmer. Elle n'était vraiment qu'une conne, une pauvre conne.
-Ouais. Une heure.
En plus il râlait ! Oh putain cette envie de... de lui faire mal pour qu'il se la ferme, pour qu'il n'existe plus, pour qu'elle se tire d'ici !
-Je suppose que je devrais vous remercier.
Il était débile ou quoi ? La remercier ? Grand bien lui fasse ! Elle ne demandait rien, RIEN. Le cheval possédait une valeur bien supérieure aux humains, c'était ça le deal : réparer sa connerie, s'assurer que l'animal recevrait les soins appropriés, fin de l'histoire. L'idée lui tira un éclat de rire sec qui s'arrêta aussi promptement qu'il était venu. Elle haussa les épaules, lui tendit le licol.
- Comment ça se fait que vous avez un licol dans votre bagnole ? C'est pas commun dans une caisse ? Puis c'est pas mes affaires après tout. Vous pourriez trimbaler une bombe atomique que je m'en foutrais...
L’œillade franche et directe elle le regarda d'un air insolent. Plissa les yeux, le dévisageant de haut en bas, de bas en haut. Elle le scannait ostensiblement, crâneuse. Tiens tiens...Un je-m’en-foutiste. Authentique ou qui se la jouait ? Il ne portait pas sur lui ces fringues de riches qu'elle remarquait d'ordinaire. Son allure était simple, voire négligée avec ses cheveux en bataille, son jean usé et ses bottes écaillées. Mais quelque chose de racé émanait de sa personne et elle appréciait son répondant. Au moins, il semblait tenir à sa jument de manière intense et sincère. Ça lui suffisait pour le considérer un minimum.
-T'en es vraiment sûr ? Ta pauvre jument, Sun c'est ça ? brûlerait comme un fétu de paille et ça te fracasserait le palpitant. Je me trimballe avec du matos parce que c'est mon job et j'apprécie ceux qui montent sans contrainte. On n'est pas beaucoup alors respect.
Elle s'arrêta brièvement puis cracha :
-Je parle au nom de tous les chevaux maltraités, pas pour toi.
Les courses, les centres, les disciplines équestres...lui donnaient la nausée. Dès que le fric s'insinuait, c'en était terminé du bien être des bêtes et la monte à l'américaine, l'éthologie ne représentaient que trop peu de pratiquants. Lorsqu'on la contactait pour du matériel fabriqué sur mesure, elle travaillait systématiquement pour améliorer le confort de l'animal avant celui du cavalier.
Sans transition, il lui tourna le dos et s'assit sur un vieux tronc. Ça l'amusa étrangement quoique fugacement. Un sale caractère à sa mesure. Ce n'était pas souvent qu'elle rencontrait des gens amoureux des chevaux au point de les monter « cul nul » comme elle disait. En conséquence, il n'était pas tout à fait un ennemi, un humain à ignorer.
Soupirant d'agacement cependant, elle retourna vers le pick up fouilla dans le coffre. Prit une grosse boîte et se ramena face à lui, distancée de quelques mètres.
-Tiens, le prévint-elle, balançant la boîte afin qu'il la rattrape. Une recette perso, plus efficace que les produits du commerce, 100 % bio. Ta jument a le sabot sec, ça l'aidera.
Elle ne précisa pas « à nourrir et assouplir la corne ». Il le savait. Ce faisant, Mary ne se rendait même pas compte qu'ils se « parlaient » en sous textes avec une complicité de connaisseurs, de passionnés.
Elle s'éloigna, pianotant sur son tél, allumant une cigarette. Encore trois quart d'heures à attendre Matti !
*Son père qu'elle a tué.
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Val
Mer 1 Mai - 21:04
Pharell O'Hara Ce n'est pas la destination mais la route qui compte
J'ai vu le jour en Caroline du Sud, à Murphy Village, le 12 décembre 1997. Le « Village »... C'est surtout un campement, un immense campement nomade, où on trouve des baraques en dur -certaines somptueuses- et des caravanes, même des roulottes avec des chevaux encore...
Je vis... là où les routes me mènent, pour l'instant je suis en Finlande près de Helsinki. Dans la vie, je suis un peu touche à tout, je me place comme ouvrier agricole, docker, forain, ça dépend, ça n'a aucune importance puisque je ne reste pas ! Parfois, je me mets brièvement à mon compte épris d'indépendance et en colère contre le monde ! et deviens ferrailleur, chiffonnier enfin fripier, bref... J'ai du mal à tenir en place, j'avoue .
Je m'en sors pas si mal, j'ai le nécessaire et même du superflu, ça suffit ? Non ? Je n'en fais pas étalage, un nomade riche c'est toujours suspect.Sinon, je me suis marié, à dix-huit ans, avec... Emma Byrne, on s'est séparés deux ans après, et jamais revus. Elle veut pas divorcer, ça la regarde, moi je m'en fous. Elle est bien capable de me faire des gosses, à distance, au moins ça ferait plaisir à mon père quelques « O'Hara » en plus... Je le vis parfaitement. De toute manière, on est tous cousins quelque part, alors qu'ils aient mes gènes ou pas ses mômes, je peux bien leur donner mon nom, d'autant qu'aux dernières nouvelles ce serait Brian -mon frère puîné- qui aurait pris ma place dans le cœur et le foyer de mon épouse...
En passant ? Je suis ce qu'on appelle un « Irish Traveller's », un nomade dont les ancêtres sont arrivés d'Irlande, probablement au début du dix-neuvième siècle, mais ça, on n'est pas très doués pour tenir des registres nous autres...
Ma vie, c'est le voyage, la route. Parmi nous certains -de plus en plus nombreux- se sont « sédentarisés », pas moi. J'ai pas besoin de me fixer pour vivre, même, moins je reste en place et moins les autres cherchent à savoir qui je suis, d'où je viens, comment je vis et ce que j'aime.
Quand je donne ma parole, je la tiens, si on me la donne... Vaut mieux en faire autant. L'honneur, c'est la richesse des gens comme moi. Je plaisante pas avec. Contrairement aux bruits qui courent sur ma communauté, on est honnêtes, moi le premier. Je ne vole pas, ne mens pas, ne cherche pas à arnaquer. C'est comme pour la parole, faut pas me chercher trop, je ne suis pas méchant mais j'aime pas qu'on m'emm... La liberté, c'est d'abord le respect.
Ma vision du monde, c'est être indépendant, sans attache, seul ou accompagné selon mon envie du moment. La famille, les amis, ça compte, mais pas au point d'en devenir esclave...
En fait, à part mon chien Devil, mon chatte -Kittybelle- et ma jument Sunshine... Y a pas grand monde pour qui je donnerais ma vie. Parfois, je me pose, et j'aime... C'est rarement très long comme relation, mais ça peut être intense. Mais ça, ça ne regarde que moi.
Centaures
*****
- T'en es vraiment sûr ? Ta pauvre jument, Sun c'est ça ? brûlerait comme un fétu de paille et ça te fracasserait le palpitant.
Je me retourne d'un bloc, mais elle est vraiment si con ?! Ok, je monte vite, le pire c'est que je ne suis pas « soupe au lait » comme disait ma mère, parce que le lait sitôt retiré du feu, ça retombe... moi pas. Moi, je sais que j'ai la rancune facile et tenace, on est comme on est, puis si j'avais pas sorti une connerie plus grosse que moi, elle aurait pas répondu du tac au tac en enchérissant ? Elle continue, et la rage sur mon visage se change en intérêt...
- Je me trimballe avec du matos parce que c'est mon job et j'apprécie ceux qui montent sans contrainte. On n'est pas beaucoup alors respect.
- Monter à cru, c'est comme marcher dans la rue sans une armure et un masque à gaz ? Ou tu es capable de mériter ton canasson, ou ça ne sert à rien de le contraindre, parce qu'un jour il te foutra au sol... C'est quoi ton boulot ? T'es éleveuse ? Non, t'as pas la gueule à ça...
Perdu une occasion de la fermer ? Je dirais « comme d'habitude... » c'est un autre de mes défauts, autant je suis « taiseux » quand je suis calme, autant la colère me fait dire tout et son contraire... Je reviens à son analyse de la bombe atomique, un sourire involontaire me fait découvrir les dents...
- Puis t'as tout faux, si t'avais foutu une bombe dans ton coffre, Sun se serait embrasée mais toi et moi aussi, donc plus personne ne palpiterait... Putain je m'en souviendrai de la Finlande, pour une fois que je voyage loin, j'aurais dû rester chez moi...
Au pire en Irlande, au moins là-bas, il y a des gens pour me comprendre quand je parle sans m'obliger à ouvrir mes esgourdes à plein et à lire sur les lèvres pour bien prononcer leur putain de langue ! Pourquoi les lèvres ? Parce que la prononciation ça vient de la position de la langue dans la bouche, et que les lèvres le traduisent... C'est indispensable si tu veux apprendre très vite les rudiments d'une langue, foi de Pavee !
Pas éleveuse, elle confirme :- Je parle au nom de tous les chevaux maltraités, pas pour toi.
Les chevaux maltraités ? Elle fait partie d'un de ces groupes qui parcourent les routes à la recherche de mauvais maîtres ? Je ne sais pas s'il en reste beaucoup, probablement, l'homme est capable du pire en toute circonstances... Chez nous, je veux dire parmi les éleveurs d'Irish cob de ma connaissance, il n'y en a plus, ou presque, les mecs vivent pour vendre leurs bêtes, et s'ils sont soupçonnés de ne pas avoir le respect qu'il faut pour leurs animaux, ils ne trouvent tout simplement pas de clients, il n'y a pas pire commère qu'un Traveller's pour faire courir la rumeur qu'Untel ou Untel n'est pas correct et que le cheval acheté a été traumatisé quand il était poulain...
- J'étais venu pour acheter un Finlandais, Sunshine se fait chier toute seule, mais je ne sais pas... C'est sans doute débile de me trimballer avec deux chevaux, et puis si je prends un étalon ça va être l'enfer... Aucune des femelles proposées ne me plaisait vraiment, pas assez de gnaque chez celles que j'ai vues...
Je n'ai pas précisé qu'il s'agit de chevaux, c'est évident ! D'abord parce que je ne suis en rien esclavagiste, ensuite parce que qu'est-ce que j'aurais besoin d'un mec ? Même si « acheter » était pris dans le sens de payer ou soudoyer, j'ai assez de contacts aux USA pour ce que je fais -ou pas- dans la vie... Sous-entendu, je ne veux pas castrer un mâle et pendant les chaleurs de Sun, les séparer peut être compliqué, ça dépend d'où je suis, de ce que j'ai comme capacité à les loger, je bouge... Si je dois prévoir de passer chez mon père à chaque fois ça peut devenir gênant ; autre sous-entendu : monter un cheval amorphe, ça n'a rien de fun, ça doit être donnant-donnant, le respect comme elle dit, ça se gagne, je n'aurais aucun plaisir à grimper sur un cheval de bois...
- Enfin je ne sais pas pourquoi je te raconte ma vie ? Tu t'en fous.
Et là seulement, je me rends compte que je suis passé du « Vous » de distance au « Tu » de confidence ? Ça ne va pas non ? Elle manque tuer ma monture, me foutre à terre au risque de me faire m'ouvrir le crâne -je sais je devrais être couvert... pourquoi pas une armure de chevalier aussi ? Tu montes ou tu ne montes pas ! Un cheval c'est pas un blindé- et là je lui cause, comme si je parlais à … Emma tiens, ou plutôt à Keld... Bref, à un(e) ami(e).
Je la vois aller à sa bagnole...
- Tiens, une recette perso, plus efficace que les produits du commerce, 100% bio. Ta jument a le sabot sec, ça l'aidera.
Je tends la main, surpris, regarde Sun, elle a raison mais ici je ne trouve rien, je repars bientôt -heureusement- quand tu comprends la langue tu ne te rends pas compte que l'écrit pourrait t'être utile, mais quand tu n'entraves que la moitié de ce qu'on te dit... Je tourne la boîte dans tous les sens pour essayer de savoir ce qu'elle fout dedans, ça doit être noté ? Cela dit, aux States il y a des mots que je reconnais et d'autres... Le mieux c'est de sentir... Ouais, ok, l'humain n'a pas d'odorat ? Enfin il paraît ? Je soulève le couvercle et renifle, sans me gêner, certaines odeurs font écho, d'autres …
Je retiens le « C'est ta façon de te faire pardonner ? » pour n'émettre que la suite « Tu vends ça combien ? C'est ça ton job ? Fourguer des trucs pour canasson ? »
Je l'inspecte de nouveau, du bout des godasses jusqu'à la chevelure d'un bleu fort naturel... Mes yeux brillent... Elle doit effrayer certains coincés ! La perspective de voir un con de cavalier d'opérette, cuir de marque ostensiblement portée « à l'extérieur » des fringues, hey, le fric ça s'affiche, cravache, bombe réglementaire, peut-être écusson d'un centre équestre fameux... terrifié par l'apparition d'une nana en mode gothique, piercing et sans doute tatouages...
Je la fixe, j'attends la réponse. Pourquoi ? Qu'est-ce que ça me fiche ! Je délire là... Elle s'allume une clope, je parcours le paysage alentour, on n'est pas sudiste pour rien la forêt ça brûle... Mais là, vue la flotte que vomit le sol, même si elle lâche son mégot, je parierais sans un risque que ça s'éteindra.
- File m'en une tu veux ? J'en emporte jamais quand je monte.
Je tends la main, entre fumeurs on s'intoxique facile, il ne me vient pas à l'esprit qu'elle pourrait m'aboyer « Dommage pour toi, je paye les miennes, fais en autant ! »
- C'est quoi ton nom ? C'est pas pour te harceler, je m'en tapes de ton nom de famille, c'est juste...
Juste quoi ? Allez, crache le morceau quoi ! Elle a dit « j'apprécie ceux qui montent sans contrainte, ON n'est pas beaucoup » !
- Quand tu ne tues pas les gens en bagnole tu montes quoi ? T'as une bête à toi ou tu vas dans un Centre ?
Non, pas un Centre, après sa tirade sur les chevaux maltraités, sur le respect des cavaliers qui ne s'embarrassent pas de mors, éperons, cravache et tout le reste...
- Puis merde ! Je souris à nouveau - On s'en fout ! Pas vrai ?
Je referme la boîte et la fous au fond de mon sac à dos, ici c'est pas la peine, quand Sun sera bandée ou que le veto lui aura collé une attelle, il sera temps. D'un signe de tête je montre le sac que je suis en train de refermer.
- Merci. Elle en a besoin oui, mais ici je ne connais personne, je ne pensais pas rester plus d'une semaine, si j'avais prévu ça j'aurais fait des stocks. C'est pas clair mon truc, mais je ne peux pas lui dire qu'en ne parlant que très imparfaitement sa langue et en n'en lisant pas un mot, je ne sais pas me repérer... Mon ordi et mon téléphone parlent anglais, aux States et même en Irlande, je peux leur demander oralement de trouver un spécialiste, ici le moteur de recherche galère autant que moi... Après je ne vais pas lui raconter ma vie...
Je souris à nouveau, me foutant ouvertement de sa gueule ? Peut-être... - Mais si je ne sais pas ton nom, je ne pourrai même pas te dire ce que ça vaut ton machin...
À l'Ombre des ténèbres, rien ne s'efface, ni les eaux cendreuses, ni les lambeaux des jours.
J'ai 33 ans et je vis sur une île près d'Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis sellière harnacheuse et je m'en sors en broyant du noir. Grâce à mes démons, je suis célibataire et je le vis implacablement.
Et la Terre expira la Ténèbre.
-Je vous salue Marie, pleine de grâce...Chuuut, s'il te plaît, arrête de pleurer, ne fais pas de bruit, ne fais pas de bruit...Le seigneur est avec vous...Bouge pas, ça va aller...Vous êtes bénie entre toutes les femmes...Tais-toi tais-toi...Et Jésus, le fruit de vos entrailles...Voilà, on voit pas trop..Tu dis rien hein, sinon tu pourras plus aller à l'école...est béni. Sainte Marie....
Les effluves d'éthanol lui fouettaient les narines, diffusant les sempiternels relents de la mère alcoolique, fanatique de religion. Un délire spirituel qui avait décidé que le petit bébé de 2 kilos et 500 grammes devait incarner la pureté et le sacrifice de l'autre Mère, là-haut dans le Ciel. Il se nommerait donc Mary, fille des anges, conçue par la volonté du Seigneur. Comme Elle, l'enfant devra souffrir et se sacrifier pour la rédemption des pêcheurs de l'Univers.
Ça faisait tellement mal. Tellement...Mais elle avait été méchante, n'est-il pas. Salton Gaberlie, Fleur de Géhenne, l'homme important de l'industrie pharmaceutique, appréciant les courbettes. C'était bien là ses seuls défauts apparents à ce gros connard.
Prince Charmant de sang, Démon d'Eden , l'entendez-vous? Le chant de l'Enfer fredonne sa mélopée d'éternité.
L'Antre deux, l'entre Vie-Mort.
Elle aime le silence, déteste le Monde, adore son cheval et son chien, dort sous les somnifères, instable, agressive, suicidaire et solitaire. Échouée en équilibre sans équilibre au bord du gouffre. L'Inspire du merveilleux Rien, le sublime de l'absence de souffrance : le non-ressentir, le médoc des paumés, des traumas, des sans espoir. Ne plus subir, se vider la tête, se diluer dans le vice de l'alcool, de la drogue, un peu, beaucoup, parfois, souvent, décoller des abysses spectrales, fuir le présent, ne jamais être là, se fuir et puis tout recommencer.
Les émotions en pierre. Elle ne croit plus en rien, se fout de presque tout. Aux catacombes en braises, elle gueule sans cri, s'étouffe dans une colère sans fond, se hait, se grave des sillons vermeil sur les bras, les jambes. Ça fait du bien, ça la calme, ça chasse l'Angoisse et les cauchemars. Pas d'échappatoire, l'équation totalitaire d'une vie de chien. La passion de son taff, galoper jusqu'à l'épuisement. Ouais, y'a qu'ça qui la r'tient. Jusqu'à quand ?
Ça faisait tellement mal. Tellement...Mais elle avait été méchante, n'est-il pas. Salton Gaberlie, Fleur de Géhenne, l'homme important de l'industrie pharmaceutique, appréciant les courbettes. C'était bien là ses seuls défauts apparents à ce gros connard.
Il y eut un soir...Des lames effilées...Une folie de Mal frappa. Encore et encore.
Le geyser pourpre de l’artère qui jaillit. L'orgasme d'agonie.
Elle haletait, trempée d'effort et de haine. Le corps s'affaissa, elle le chevaucha sur le ventre et à demi penchée, poignarda le cœur, scellant les armes improvisées dans la peau transpercée.
Arrêt du Temps. Longtemps.
Froide et brûlante.
Un silence.
Une ère nouvelle se levait. La mort l’avait portée. Mary avait tué. Elle était née.
Lui c'est Valravn. Un séisme, un choc frontal qui fait mal. Son âme sœur. Son malheur, son bonheur. Elle ne sait pas, elle ne sait plus...
«...et il y eut une poignée de lumière pour éclairer plus loin qu'elle, vers lui là-bas... » C .Bobin
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Ça l'amusait Mary de souffler sur les braises : qu'il pète les plombs une bonne fois pour toutes quitte à finir par se castagner ! Elle connaissait ça par cœur et tordue comme elle était, être frappée se résumait à une manière de susciter l'intérêt, non ? Il avait beau être plus grand et fort qu'elle, elle n'avait peur...de rien. Au fond, quel était le problème ? Elle n'aimait pas les autres, l'humanité l'emmerdait, tout l'emmerdait ! Et donc? Donc, quelque chose en lui lui plaisait, quoi qu'elle en dise. Leur amour des chevaux, son allure de type qui s'en foutait, sa crasse du jour, sa tignasse dans tous les sens... Il ne jouait pas. Un type authentique qui ne se prenait pas la tête, brut de pomme. Elle aurait mis sa main à couper qu'il ne mentait jamais.
- Monter à cru, c'est comme marcher dans la rue sans une armure et un masque à gaz ? Ou tu es capable de mériter ton canasson, ou ça ne sert à rien de le contraindre, parce qu'un jour il te foutra au sol... C'est quoi ton boulot ? T'es éleveuse ? Non, t'as pas la gueule à ça...
À ces mots, elle eut une grimace, ricana, ajoutant la mine exagérément condescendante :
-Gnagnagna ! Et j'ai une gueule à quoi ? Pfff... Mais tu es chiant! Un VRAI et BON GROS chieur !
Il te dérange n'est ce pas Mary ? Il te bouscule là, à l'intérieur, et tu sais pertinemment pourquoi. Les raisons. Son caractère de merde. Sa passion. Sa façon d'être sans filtre. Sa liberté. Son franc-parler. Il s'en balance de ce que les gens pensent. Il te ressemble ma fille... Il te ressemble et tu as cette impression déroutante de jouter...avec toi-même...Ça t'agace et ça t'enlace. Ça te touche et ça te terrorise.
-Putain je m'en souviendrai de la Finlande, pour une fois que je voyage loin, j'aurais dû rester chez moi...
-Ça c'est sûr, on est bien d'accord.
Elle se mordit les lèvres se retenant de rire. Elle n'allait tout de même pas se marrer avec ce concombre !
- J'étais venu pour acheter un Finlandais, Sunshine se fait chier toute seule, mais je ne sais pas... C'est sans doute débile de me trimballer avec deux chevaux, et puis si je prends un étalon ça va être l'enfer... Aucune des femelles proposées ne me plaisait vraiment, pas assez de gnaque chez celles que j'ai vues...
Froncement de sourcils. Cette sincérité qui plana soudain dans l'air l'adoucit.
- Enfin je ne sais pas pourquoi je te raconte ma vie ? Tu t'en fous.
Haussement d'épaules.
-Si tu le dis.
Une poignée de silence. Un sourire en coin.
-Tu n'es pas en train de parler de toi mais de ta jument, ça me va. Te trimballer ? C'est à dire ? Si Sunshine se fait chier alors tu as raison de faire attention car certains chevaux finissent par déprimer. Un étalon c'est ok s'ils sont séparés surtout pendant le printemps et l'été. Ça dépend des cycles de ta jument aussi. La cohabitation est possible mais il faut gérer si tu tiens absolument à prendre un étalon sans la faire pouliner.
Un terrain d'entente venait de se mettre en place naturellement sans que ni l'un ni l'autre n'ait vu la vague de paix arrivée. Une pause, un répit entre deux mondes. Un pont d'or et d'étoiles, invisible, indicible, entre deux êtres si différents et tellement similaires.
C'était éphémère, irrémédiablement, mais Mary, très brutalement, l'apprécia d'un seul coup.
Et lorsque tel un animal il huma la boîte remplie de sa recette secrète, elle plissa des yeux à sa réaction, « Tu vends ça combien ? C'est ça ton job ? Fourguer des trucs pour canasson ? » avant d'éclater de rire à ses mots !
-Trop cher pour toi ahah et ouais mec, je fabrique des trucs pour les canassons un peu plus complexes qu'un pot de crème quand même.
Comme il se mettait à la dévisager ostensiblement des pieds à la tête, elle posa ses mains sur ses hanches, lança : -J'ai une tâche ? Avant de s'allumer une cigarette et de s'éloigner, un peu.
Leur complicité ne durerait pas, ils repartiraient chacun de leur côté. Autant entamer la fin de l'histoire et se distancer en attendant le véto.
- File m'en une tu veux ? J'en emporte jamais quand je monte.
Elle marmonna un hummm tout en restant concentrée sur son téléphone, finit par lever le nez, soupira, sortit son paquet d'une poche tout en râlant : - tu m'emmerdes mais lui tendit une clope et un briquet.
Oui, il la harcelait ! Mais quel curieux !
-C'est juste quoi ? Ben je tue sans bagnole ça m'est arrivé une fois, j'ai un frison, une appaloosa traumatisée que j'ai recueillie, vu ma gueule tu crois franchement que je vais dans un centre de tortures et de maltraitances ? T'as rien capté mais ça ne m'étonne pas.
Elle replongea sur sa machine, un grand et provocateur sourire sur les lèvres cette fois ci. Elle l'écoutait mine de rien, le laissant parler seul, une joie de gosse au fond de l'estomac. Il termina enfin son monologue, -Mais si je ne sais pas ton nom, je ne pourrai même pas te dire ce que ça vaut ton machin... Elle laissa mijoter un silence puis de but en blanc daigna déclarer :
-Mary.
Au loin, un bruit de moteur se fit entendre. Le van arrivait.
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Jeu 24 Oct - 17:17
Pharell O'Hara Ce n'est pas la destination mais la route qui compte
J'ai vu le jour en Caroline du Sud, à Murphy Village, le 12 décembre 1997. Le « Village »... C'est surtout un campement, un immense campement nomade, où on trouve des baraques en dur -certaines somptueuses- et des caravanes, même des roulottes avec des chevaux encore...
Je vis... là où les routes me mènent, pour l'instant je suis en Finlande près de Helsinki. Dans la vie, je suis un peu touche à tout, je me place comme ouvrier agricole, docker, forain, ça dépend, ça n'a aucune importance puisque je ne reste pas ! Parfois, je me mets brièvement à mon compte épris d'indépendance et en colère contre le monde ! et deviens ferrailleur, chiffonnier enfin fripier, bref... J'ai du mal à tenir en place, j'avoue .
Je m'en sors pas si mal, j'ai le nécessaire et même du superflu, ça suffit ? Non ? Je n'en fais pas étalage, un nomade riche c'est toujours suspect.Sinon, je me suis marié, à dix-huit ans, avec... Emma Byrne, on s'est séparés deux ans après, et jamais revus. Elle veut pas divorcer, ça la regarde, moi je m'en fous. Elle est bien capable de me faire des gosses, à distance, au moins ça ferait plaisir à mon père quelques « O'Hara » en plus... Je le vis parfaitement. De toute manière, on est tous cousins quelque part, alors qu'ils aient mes gènes ou pas ses mômes, je peux bien leur donner mon nom, d'autant qu'aux dernières nouvelles ce serait Brian -mon frère puîné- qui aurait pris ma place dans le cœur et le foyer de mon épouse...
En passant ? Je suis ce qu'on appelle un « Irish Traveller's », un nomade dont les ancêtres sont arrivés d'Irlande, probablement au début du dix-neuvième siècle, mais ça, on n'est pas très doués pour tenir des registres nous autres...
Ma vie, c'est le voyage, la route. Parmi nous certains -de plus en plus nombreux- se sont « sédentarisés », pas moi. J'ai pas besoin de me fixer pour vivre, même, moins je reste en place et moins les autres cherchent à savoir qui je suis, d'où je viens, comment je vis et ce que j'aime.
Quand je donne ma parole, je la tiens, si on me la donne... Vaut mieux en faire autant. L'honneur, c'est la richesse des gens comme moi. Je plaisante pas avec. Contrairement aux bruits qui courent sur ma communauté, on est honnêtes, moi le premier. Je ne vole pas, ne mens pas, ne cherche pas à arnaquer. C'est comme pour la parole, faut pas me chercher trop, je ne suis pas méchant mais j'aime pas qu'on m'emm... La liberté, c'est d'abord le respect.
Ma vision du monde, c'est être indépendant, sans attache, seul ou accompagné selon mon envie du moment. La famille, les amis, ça compte, mais pas au point d'en devenir esclave...
En fait, à part mon chien Devil, mon chatte -Kittybelle- et ma jument Sunshine... Y a pas grand monde pour qui je donnerais ma vie. Parfois, je me pose, et j'aime... C'est rarement très long comme relation, mais ça peut être intense. Mais ça, ça ne regarde que moi.
Centaures
Je suis con ? Ouais, on est d'accord... Elle a réussi à me tirer des sourires, à moi ! Comme si j'étais un de ces abrutis de mâles alpha qui frétillent dés qu'ils flairent une meuf, se mettent à exhiber leurs ratiches -étincelantes- enfin la plupart voudraient bien, c'est pas toujours le cas : les dents, même entretenues, elles en font à leur idée, comme le reste du corps d'ailleurs, si tu culmines à 1m90 et que tu atteins le quintal tu peux toujours faire du sport et t'affamer, tu resteras un grand gabarit, c'est comme moi avec ma ligne de jockey si je décidais de taper en poids lourds, resterait pas grand chose de moi, même avec la rage que je tiens quand je monte sur un ring ! Bref... Elle se fout ouvertement de ma gueule, répond par monosyllabes, choisit visiblement les mots qui vont me déplaire, a une tête de femen lesbienne -ouais, je sais, je dérape là, c'est pas moi qui vais reprocher à une nana d'aimer les femmes, elle aurait l'occasion -franchement- de pouffer à en vomir son dernier repas-. Je veux dire par là que c'est pas une gonzesse charmante et charmeuse, c'est une putain de bitch qui mord !
Et j'en donne encore pour me faire battre, j'aurais dû rester chez moi que j'ai dit, c'était pas à son intention, c'est juste que j'en ai marre de ce pays où personne n'entrave l'anglais, ou s'ils comprennent font bien ceux qui veulent qu'on cause la langue nationale... Leur galimatias de mots bizarres, je l'ai jamais appris, alors même si comme beaucoup des miens j'ai le don des langues, faut pas me demander de parler comme un dico !
- Ça c'est sûr, on est bien d'accord.
Et j'ai presque ri ! Non mais je déconne grave, je vire au mouton, je rigole quand on me tond ? Pourquoi je lui ai pas cassé la gueule tout à l'heure ? Sun a une patte abîmée, moi j'ai failli clamecer parce qu'elle roulait comme une malade ? Et parce que c'est une femme et qu'elle s'est arrêtée sur le bord de la route j'en oublie ma rancœur ? Je fais ami ami ? Comme si un natif embrassait sur les joues l'assassin de toute sa tribu ? Pire, je socialise, je lui soutire une clope : « Tu m'emmerdes » qu'elle a dit, mais je tire dessus nerveusement, j'en ai besoin. Je discute, j'écoute ce qu'elle dit, j'accepte son pot de vin sous forme de crème pour les sabots.
Pourquoi ?
Parce qu'on se crêpe le chignon, méthodiquement, sans hésitation... Faut bien avouer que je suis pas pacifiste, rien de meilleur qu'une bonne bagarre -même verbale- pour calmer la frayeur que j'ai eue. C'est un échange de mots doux comme je les aime.
- Tu vends ça combien ? C'est ça ton job ? Fourguer des trucs pour canasson ?
- Trop cher pour toi ahah et ouais mec, je fabrique des trucs pour les canassons un peu plus complexes qu'un pot de crème quand même.
Qu'est-ce qu'elle en sait que c'est trop cher ? Elle sait rien de moi ! Dans le commerce, c'est important de faire plutôt pitié qu'envie, un marchand trop prospère ça n'attire pas le chaland, qui se dit que s'il a fait tant de fric c'est sur le dos des clients. Donc ses machins, je pourrais sans doute les acheter, mais pourquoi j'irais faire ça ? Elle me nique ma jument et je vais l'enrichir ? Faut pas non plus charrier ! Elle me cherche, et j'ai bien du mal à empêcher mes yeux de briller, je kiffe, je suis dans mon élément, j'ai trouvé une chieuse à ma mesure, j'en oublierais presque Sunshine, j'ai une bouffée de honte ! Je prends mon pied alors qu'elle souffre, comme l'humain égoïste que je suis.
- C'est juste quoi ? Ben je tue sans bagnole ça m'est arrivé une fois, j'ai un frison, une appaloosa traumatisée que j'ai recueillie, vu ma gueule tu crois franchement que je vais dans un centre de tortures et de maltraitances ? T'as rien capté mais ça ne m'étonne pas.
C'est juste quoi ? Elle a raison, juste que je lui trouve une gueule de gosse de riche capricieuse et teigneuse, enfin, de moins en moins, un frison, un appaloosa, une, traumatisée... Y a des fils de pute sur terre, j'ai un grand mouvement d'empathie dont je me fais immédiatement le reproche, mais comme elle a dit, on se parle pas de nous, on parle chevaux.
- Tu tues sans bagnole ? L'activité te manque à ce point ? T'as buté quoi ? Un bourreau de chevaux ? Un de ces bourges qui montent avec deux paires d'éperon, pour traquer un renard avec une meute de chiens qu'on nourrira après la chasse ? Un salopard qui étranglait son clebs avec un collier sur lequel il tirait comme je tire sur un mégot ?
Ici, ils ne chassent peut être pas le renard, mais une chasse à coure, partout c'est pareil, c'est une bande de faux cavaliers friqués qui se distraient en effrayant le gibier qu'ils torturent s'ils le rattrapent assistés d'une meute de cabots affamés... Je suis pas chasseur, ça se voit ? C'est pourtant prisé dans la campagne américaine, surtout dans le sud dont je viens... Une tradition qu'ils disent ? Je veux bien que tu tues un animal si tu crèves de faim et que ta famille attend le ventre vide, vite, bien, sans qu'il souffre inutilement... mais voir un groupe de types obèses et dégueulant la bière au point de ne pas marcher droit ? Qui vont buter une bête relâchée au mieux l'année d'avant après une enfance en élevage ? Où est la nécessité, et même où est le sport ?
Je regarde d'un air attristé la cigarette consumée, j'ai pas assez gazé mes poumons j'arrive encore à sentir la laideur du monde...
- Mais t'as raison, j'ai rien capté ! Je suis juste un connard d'Irlandais, un plouc incorrigible qu'il faut avoir à l’œil de peur qu'il te choure ta face en te regardant trop !
Pourquoi j'ai sorti ça ? Parce que j'ai la haine, elle m'a mis pile dans le bon état d'esprit ! Toute ma rancœur est en trait de suinter, bientôt elle fera pire encore, je ressemblerai à une fontaine dont l'eau sera le fiel emmagasiné depuis l'enfance !
- Mary
j'étais en train d'étaler ma rage, les yeux baissés à monologuer. Je les relève, cette fois-ci, l'insolence et la complicité éclairent mon regard... Mary, ma copine de bagarre comme j'aurais dit enfant.
- Tu es chiante tu sais ? Une VRAIe et BONne GROSse chieuse !
Mon sourire est retenu, tu veux te foutre de moi ? Je sais faire aussi... L'arrivée du van me retire instantanément sourire et amusement de la figure, j'avance en sa direction pour aller examiner ça, Sun, son van c'est ce qui se fait de mieux, on voyage longtemps, c'est normal qu'elle soit à son aise, avec assez de place mais pas trop, de bons amortisseurs, juste ce qu'il faut de lumière pour qu'elle se sente bien mais pas effrayée par la route qui défile... Faut dire que pour moi aussi je privilégie le confort, on peut rouler d'un bout à l'autre du monde en étant bien non ? Pas obligé de le faire avec une carriole de merde et une roulotte qui prend l'eau ?
- Vu la distance à parcourir ça ira, mais si elle devait voyager là-dedans elle finirait taumatisée aussi ma Sun...
Je la fixe, le regard dur et interrogateur, c'est à elle cette poubelle ? On dirait un carcan pour condamnés du moyen âge, c'est un demi-trait ma jument pas un poney shetland ! J'imagine son frison à l'étroit dans cette boîte... Elle est belle l'amazone avec ses leçons de morale.
À l'Ombre des ténèbres, rien ne s'efface, ni les eaux cendreuses, ni les lambeaux des jours.
J'ai 33 ans et je vis sur une île près d'Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis sellière harnacheuse et je m'en sors en broyant du noir. Grâce à mes démons, je suis célibataire et je le vis implacablement.
Et la Terre expira la Ténèbre.
-Je vous salue Marie, pleine de grâce...Chuuut, s'il te plaît, arrête de pleurer, ne fais pas de bruit, ne fais pas de bruit...Le seigneur est avec vous...Bouge pas, ça va aller...Vous êtes bénie entre toutes les femmes...Tais-toi tais-toi...Et Jésus, le fruit de vos entrailles...Voilà, on voit pas trop..Tu dis rien hein, sinon tu pourras plus aller à l'école...est béni. Sainte Marie....
Les effluves d'éthanol lui fouettaient les narines, diffusant les sempiternels relents de la mère alcoolique, fanatique de religion. Un délire spirituel qui avait décidé que le petit bébé de 2 kilos et 500 grammes devait incarner la pureté et le sacrifice de l'autre Mère, là-haut dans le Ciel. Il se nommerait donc Mary, fille des anges, conçue par la volonté du Seigneur. Comme Elle, l'enfant devra souffrir et se sacrifier pour la rédemption des pêcheurs de l'Univers.
Ça faisait tellement mal. Tellement...Mais elle avait été méchante, n'est-il pas. Salton Gaberlie, Fleur de Géhenne, l'homme important de l'industrie pharmaceutique, appréciant les courbettes. C'était bien là ses seuls défauts apparents à ce gros connard.
Prince Charmant de sang, Démon d'Eden , l'entendez-vous? Le chant de l'Enfer fredonne sa mélopée d'éternité.
L'Antre deux, l'entre Vie-Mort.
Elle aime le silence, déteste le Monde, adore son cheval et son chien, dort sous les somnifères, instable, agressive, suicidaire et solitaire. Échouée en équilibre sans équilibre au bord du gouffre. L'Inspire du merveilleux Rien, le sublime de l'absence de souffrance : le non-ressentir, le médoc des paumés, des traumas, des sans espoir. Ne plus subir, se vider la tête, se diluer dans le vice de l'alcool, de la drogue, un peu, beaucoup, parfois, souvent, décoller des abysses spectrales, fuir le présent, ne jamais être là, se fuir et puis tout recommencer.
Les émotions en pierre. Elle ne croit plus en rien, se fout de presque tout. Aux catacombes en braises, elle gueule sans cri, s'étouffe dans une colère sans fond, se hait, se grave des sillons vermeil sur les bras, les jambes. Ça fait du bien, ça la calme, ça chasse l'Angoisse et les cauchemars. Pas d'échappatoire, l'équation totalitaire d'une vie de chien. La passion de son taff, galoper jusqu'à l'épuisement. Ouais, y'a qu'ça qui la r'tient. Jusqu'à quand ?
Ça faisait tellement mal. Tellement...Mais elle avait été méchante, n'est-il pas. Salton Gaberlie, Fleur de Géhenne, l'homme important de l'industrie pharmaceutique, appréciant les courbettes. C'était bien là ses seuls défauts apparents à ce gros connard.
Il y eut un soir...Des lames effilées...Une folie de Mal frappa. Encore et encore.
Le geyser pourpre de l’artère qui jaillit. L'orgasme d'agonie.
Elle haletait, trempée d'effort et de haine. Le corps s'affaissa, elle le chevaucha sur le ventre et à demi penchée, poignarda le cœur, scellant les armes improvisées dans la peau transpercée.
Arrêt du Temps. Longtemps.
Froide et brûlante.
Un silence.
Une ère nouvelle se levait. La mort l’avait portée. Mary avait tué. Elle était née.
Lui c'est Valravn. Un séisme, un choc frontal qui fait mal. Son âme sœur. Son malheur, son bonheur. Elle ne sait pas, elle ne sait plus...
«...et il y eut une poignée de lumière pour éclairer plus loin qu'elle, vers lui là-bas... » C .Bobin
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Haunted
Haunted:
Un vent hurlant A howling wind
Chuchoter le péché Whispering sin
Dans des pensées désordonnées In disordered thoughts
Des moments que j'ai vécus Of moments I've lived Le silence s'estompe The silence fades
Des restes dormants From dormant remains
Mène encore une fois Leads once again
Aux sentiments de dédain To feelings of disdain Une lente défaite A slow defeat
Suit ci-dessous Follows Beneath
Et seulement des rediffusions And only replays
Pour que mon esprit voit For my mind to see Un scintillement de tous les A flickering of all the
Moments de rêves Moments in dreams
Je me souviens I Remember
Seulement partiellement Only partially Et donc je suis hantée And so I'm haunted
Par les ombres du passé By shadows of the past
Le chagrin qui résonne des cendres Sorrow that echoes from ash
Un silence qui dure pour toujours Silence that forever lasts Tu sais que je suis hantée You know I'm haunted
Par les ombres du passé By shadows of the past
Le chagrin qui résonne des cendres Sorrow that echoes from ash
Un silence qui dure pour toujours Silence that forever lasts Tromperie des regards Peering deceit
Descendre pour répéter Descend to repeat
Un affichage vide An Empty display
Ignorer le plaidoyer Ignoring the plea D'images pour toujours Of imagery forever
Disparition de la portée Fading from reach
Par des pensées obscurcies By obscured thoughts
Penchée sur moi Hanging over me Et donc je suis hantée And so I'm haunted
Par les ombres du passé By shadows of the past
Le chagrin qui résonne des cendres Sorrow that echoes from ash
Un silence qui dure pour toujours Silence that forever lasts Tu sais que je suis hantée You know I'm haunted
Par les ombres du passé By shadows of the past
Le chagrin qui résonne des cendres Sorrow that echoes from ash
Un silence qui dure pour toujours Silence that forever lasts Et donc je suis hantée And so I'm haunted
Par les ombres du passé By shadows of the past
Le chagrin qui résonne des cendres Sorrow that echoes from ash
Un silence qui dure pour toujours Silence that forever lasts Tu sais que je suis hantée You know I'm haunted
Par les ombres du passé By shadows of the past
Le chagrin qui résonne des cendres Sorrow that echoes from ash
Un silence qui dure pour toujours Silence that forever lasts
Rarement, extrêmement, intensément rarement, Mary ne refoulait pas l'autre comme une vulgaire merde ennemie. Sans doute grâce et à cause des gènes de panthère qui coulait dans ses veines, elle savait quand elle pouvait se dire si elle en avait envie. Pas de filtre, pas de faux semblant, du pur et dur, brut comme du béton armé. Bien qu'elle ne s'autorisait guère à mentir ou faire genre avec la race de ses semblables, il lui fallait parfois composer avec des clients, des commerçants, avec le véto, les fournisseurs de foin, le médecin si par malheur elle tombait malade, etc. Bonjour, au revoir, merci, la base pour survivre en société. Solitaire dans l'âme, elle n'avait pas la vocation à vivre en ermite cependant.
Pharell lui inspirait cette espèce de confiance nonchalante empreinte d'une insolence notoire. Il n'était pas du genre à s'emmerder avec des blablas inutiles, allait droit au but, parlait comme il pensait et ses hésitations de langue, son accent à couper au couteau la faisait marrer au fond. Il s'empêtrait à essayer de baragouiner un minimum le finlandais et l'effort lui donnait un air de gosse paumé. Vous savez quoi ? Ce n'était pas pour lui déplaire à la fille torturée. La carapace d'indifférence s'était muée en compassion pour sa jument à laquelle il tenait comme à la prunelle de ses yeux. Ça aussi ça en disait sur le mec sans qu'il n'en dise rien. Un point commun. Deux sdf de la vie, chacun avec ses raisons et ses déraisons s'essayant à ne pas crever dans un monde qui ne les intéressait pas.
- Tu tues sans bagnole ? L'activité te manque à ce point ? T'as buté quoi ? Un bourreau de chevaux ? Un de ces bourges qui montent avec deux paires d'éperon, pour traquer un renard avec une meute de chiens qu'on nourrira après la chasse ? Un salopard qui étranglait son clebs avec un collier sur lequel il tirait comme je tire sur un mégot ?
Sur le coup, elle le mata avec toute la haine dont elle était capable ce qui n'était pas peu dire. Elle n'avait pas imaginé une seule seconde qu'il relèverait sa provocation. C'était tellement énorme, qui aurait osé une telle curiosité, pire, une telle crédulité à moins qu'il ne soit lui-même aussi cinglé qu'elle ?
-J'ai tué mon père, répondit elle sur un ton laconique.
Qu'il la croit ou non, peu importait. Ça lui fit un bien fou de vomir proprement un bout de sa tragédie. Il avait fini sa clope alors elle lui en tendit une autre en se servant à son tour. Se donner une contenance ? Même pas. Une fille pitoyable qui s'avouait entre deux bouffées comme si de rien n'était. Un meurtre ? Banal.
- Mais t'as raison, j'ai rien capté ! Je suis juste un connard d'Irlandais, un plouc incorrigible qu'il faut avoir à l’œil de peur qu'il te choure ta face en te regardant trop !
-Si tu le dis mais je suis sûre qu'au fond de toi tu sais que c'est faux. Aboie sur ta carcasse autant que tu veux, j'en ai rien à foutre. Un mec qui est prêt à tout pour sa bête mérite le respect. Tu peux te cracher dessus jusqu'à t'assécher la gorge, ça n'y changera rien.
Elle faillit lui lancer une vanne acide mais se retint. Ce type était un écorché vif et il avait ce truc en lui qui l'empêchait d'être pleinement mauvaise à son égard.
- Tu es chiante tu sais ? Une VRAIe et BONne GROSse chieuse !
-Ouais, c'est pas nouveau. T'es perspicace pour un connard.
Elle se mordit la lèvre pour ne pas rire. Franchement, il avait de l'humour celui là !
Le véto arrivait enfin. Ils s'avancèrent vers le van qui se gara sur le côté, warning allumés. Mary dit simplement « salut » au médecin, lui expliquant brièvement ce qui s'était passé.
- Vu la distance à parcourir ça ira, mais si elle devait voyager là-dedans elle finirait traumatisée aussi ma Sun...
-Toi ta gueule, c'est à prendre ou à laisser, ok ? Juhani, comme tu le vois, le proprio est flippé de trouille à l'idée qu'on lui abîme sa jument. Fais au mieux, ajouta t-elle avec une moue complice. Je vous attends ici.
Qu'ils se débrouillent entre eux ! Ce n'était pas à elle de gérer la blessure. Elle estimait qu'il n'y avait pas à s'alarmer mais avec les articulations il fallait se méfier. Durant quelques secondes, elle imagina le pire : opération, rééducation, des soins à n'en plus finir qui couterait une blinde, attelle, ostéo, kiné, piscine, massages...Le Pharell serait dans tous ses états ! Mais elle assumerait, elle paierait le tout. Il suffisait d'un ordre auprès de Juhani et le tour était joué.