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Je vis en septembre 2022 ! Et toi ? Quel es-tu ?

La circulation dans Paris est monstrueuse ! Je klaxonne en me faufilant entre les files de voitures ! Pourquoi ne suis-je pas partie plus tôt aussi ! Je savais bien que ce soir est différent des autres à cause des célébrations d'hommage à feue la reine d'Angleterre et en l'honneur du nouveau roi. Comme si je n'avais pas assez d'UN ROI dans ma vie ! Se rendent-ils compte qu'il me faut absolument arriver dans la chambre de Schéhérazade pendant que son abruti de conjoint fera ses ablutions, rassasié de sa jeunesse et de sa beauté, prêt à sacrifier son avenir pour n'être plus jamais cocu ! Je me retiendrais une fois encore de lui dire que les femmes ne trompent pas les hommes intéressants ?  Qu'en sais-je après tout ? je suis célibataire !

Je donne en passant un grand coup de botte dans la portière d'une voiture de luxe, dans ce quartier elles sont légion, c'est tout naturel, mon scooter et ma tignasse qui sort du casque, en bataille ne payent pas de mine mais je suis probablement plus riche que le crétin qui a baissé sa vitre pour m'insulter.

Je dois passer ! coûte que coûte ! Ma sœur est en danger !

Je sors mon téléphone me maudissant aussitôt de mon imprudence, il est ... Par tous les dieux !

J'accélère, louvoie, me maintiens en équilibre en jouant des jambes véritable équilibriste qui entre deux voitures tape des deux bottes m'attirant les hurlements des conducteurs de grosses berlines. Les feux d'artifice tirés éclairent le ciel, je n'ai jamais été aussi malmenée que ce soir... Dans la besace qui me ceinture le torse j'ai le récit à donner à Schéhérazade pour la nuit prochaine, je dois une fois de plus implorer -avant qu'il ne la tue- qu'elle m'embrasse et me raconte une histoire, comme lorsque nous étions petites.

Je sors finalement de Paris et arrivée devant l'imposante grille ouvragée, je donne une fois de plus de mon ridicule avertisseur pour alerter ! Le gardien daigne sortir pour me saluer.

Les battants de la porte ... s'ouvrent LENTEMENT, et... reste bloqués !

Il me faut passer !!! Qu'arrive-t-il encore !

J'aimais  ma mère et je vivais heureuse avec elle mais un jour, j'me suis retrouvée enfermée dans un vieux bateau en plein milieu d'une immense rivière ! On m'avait enlevée!  Un père cinglé qui voulait me marier avec son fils! Moi! Une ado de cinquante centimètres! Désespérée, je pleurais tout le temps, le jour, la nuit, à l'aube, au crépuscule. J'ai tellement versé de larmes, je ne pouvais pas m'arrêter qu'il m'a semblé à un moment que le niveau de l'eau avait monté. Un délire de chagrin. J'appelais ma mère que je ne retrouverai jamais, je criais ma douleur mais il n'y avait guère que les souris qui pouvaient m'entendre! Enfin, pas que, puisque c'est grâce à mes supplications et mes prières que des poissons adorables sont venus me délivrer! Ils sautaient, mordillaient la grosse corde qui retenait l'ancre. Ça a a pris des semaines et des semaines mais à la fin, ça a fait plouf! quand le cordage est tombé dans l'eau. Alors, la coque a tangué et puis le courant l'a emportée. J'étais trop contente, j'avais faim mais je m'en fichais car j'étais enfin LIBRE!

Mais voilà...Personne ne me croira -et tant pis car de toute façon personne sur cette terre ne me connait- mais comme je suis toute petite, un gros gros rapace m'a confondue avec un lapin et m'a prise entre ses serres! Je vous dis pas l'horreur que ça a été! En plus j'ai le vertige, je hurlais: " Lâche moi! Lâche moi! " mais heureusement qu'il ne l'a pas fait sinon je serais morte écrasée sur le sol. Enfin bref, il m'a déposée dans son nid, ça pépiait là-dedans, j'en avais les oreilles qui saignaient mais ses mômes, qu'est-ce qu'ils étaient drôles! Dès qu'il m'a collée avec sa progéniture, me suis bien calée sur mes pieds et j'ai gueulé que s'il me relâchait pas et tout, je balancerai ses p'tiots par d'ssus l'nid! Il a compris le message ce crétin et on a négocié. Résultat, depuis ce temps-là, ben suis dans les bois à survivre comme j'peux. Là, ça va c'est l'été mais après? J'essaie de trouver plein de trucs pour me chauffer cet hiver mais je n'ai pas d'allumettes et j'aimerais aller chercher de la nourriture pour ne pas crever de faim. Le problème aussi est que je ne sais pas comment faire pour ramener des conserves par exemple et puis je n'aurai pas la force de les ouvrir. Si je vais chez les humains avec mes potes animaux, genre je fabrique une carriole pour ramener des vivres etc, ils vont se faire tuer les pauvres. Et moi toute seule, je vais faire comment?! Nan, franchement c'est la galère, parfois j'en ai marre de ma vie pourrie de naine des bois, pfff! Ceci dit, il y a des avantages non négligeables: je connais les coins des fraises, des merises, des prunes sauvages...Mon ami Jeannot (le lièvre) me ramène des bouts de pain quelquefois. Il les pique dans un poulailler me dit-il.  Ça m'fait tout un dîner entier et j'me régale.

En ce moment, suis triste, me sens seule. Va falloir que j'trouve une solution toute façon pour cet hiver...

Je vis en septembre 2022 ! Et toi ? Quel es-tu ?

Que se passe-t-il avec ces grilles ? Comme elles restent coincées je ne peux m'empêcher de chercher du regard le gardien ? Comment peut-on posséder une propriété pareille et laisser un système d'ouverture automatique tomber en panne sans solution de secours ? Il n'a pas l'air de savoir ???

- Cette porte DOIT s'ouvrir ! Ma sœur m'attend ! Je dois la voir ! Comprenez-vous ?!

Il doit comprendre, le roi n'a jamais caché qu'il ne souhaitait garder aucune épouse de crainte qu'encore une fois on ne le trompe ? Le personnel a été diplomatiquement « valisé », uniquement les serviteurs du palais et rien qu'eux ! Schariar n'est pas venu ici pour donner du travail aux autochtones mais pour profiter des plaisirs de la vie et du climat, loin de son désert aride et de ses sujets faméliques ! Ne nous y perdons pas, c'est un odieux tyran, et ma pauvre Schéhérazade ne l'a épousé que parce qu'elle pensait pouvoir arrêter l'hécatombe ! Mais si je ne passe pas, elle sera sa prochaine victime !

- Ouvrez cette porte ! C'est un ordre !

Le pauvre homme à l'entrée n'y peut rien, et s'il a l'habitude d'entendre vociférer ça ne le rend pas plus compétent. Il bredouille que seul l'intendant a le code pour rendre l'ouverture de la porte « manuelle », ce qui pour des raisons de sécurité est logique ? J'ai honte de moi, j'avoue, si je n'avais si peur pour elle, je ne hurlerais pas comme ça, j'ai beau être de noble naissance je suis plutôt agréable en général, même avec les humbles...

- Comprenez, il me faut passer... Sous la porte ! Par dessus, peu importe, mais passer.

Il se gratte la tête qu'il a fort chauve. Regarde autour de lui. Puis fait un signe navré. J'ai beau être mince, fine et musclée, escalader les grilles du palais...

De rage, j'attrape les livres que j'ai dans ma besace et les jette à terre, Encore quelques minutes et ma sœur sera la prochaine à être décapitée ! Un des livres s'est ouvert sur une illustration. Une superbe forêt en été, des animaux sauvages qui gambadent, des fleurs... J'en ai les larmes aux yeux !

-Là, ça va aller, ça va aller...

Il est lourd cet oiseau, mais qu'est-ce qu'il est lourd ! Je l'ai trouvé inanimé au bord du ru près des chênes. Il a une estafilade assez profonde sur son ventre. Ça saignait beaucoup alors j'ai nettoyé sa plaie comme j'ai pu avec de l'eau sauvage, j'ai fait un bouchon avec de la mousse pour arrêter le sang mais le plus difficile a été de le tirer jusqu'au pied d'un arbre ! Je transpirais, j'avais mal aux bras mais j'ai fini par réussir ! Ensuite, je suis allée chercher des morceaux de bois, des feuilles, de la mousse pour reposer sa tête. J'ai mis tout ça autour de lui pour le réchauffer un peu. Et puis j'ai attendu, longtemps, longtemps. Je lui ai donné à boire, j'ai entassé des baies, des fruits des bois en essayant de lui donner à manger. Je lui parlais, je lui racontais tout, des histoires, ma vie, mes espoirs, la forêt, le soleil, les étoiles...Je dormais tout contre lui pour qu'il n'ait pas froid. Une nuit, il a bougé et il s'est réveillé. Il était sauvé ! Il a repris de l'appétit, des forces. Sa blessure s'est complètement refermée. Alors, bien sûr, il m'a annoncé qu'il devait partir. J'ai beaucoup, beaucoup pleuré. Je l'ai entouré avec mes bras, je sentais ses plumes toutes douces et chaudes contre moi. Il allait tellement, tellement me manquer !

-Si tu veux, je t'emmène ?

Moi ? Quitter ma forêt ? Partir vers l'inconnu ? Je l'ai regardé avec intensité, j'ai réfléchi mais je n'ai pas laissé ma peur me dominer. Le destin jusqu'à présent ne m'avait pas trop malmenée, je m'en étais bien sortie alors j'ai pensé que c'était un signe et j'ai accepté. Le temps de faire mon balluchon et hop, j'ai grimpé sur son dos ! Je m'accrochais fort à ses plumes. Lors de son envol, j'étais terrorisée !

-Va doucement ! Criais-je.

Une fois dans le ciel, mon dieu...Je me suis dit que je pouvais mourir après  ça ! C'était...somptueux, magnifique ! Poucette avait disparu, ne palpitaient que des sensations sublimes, mon corps était en transe de liberté, de vent, d'espace, d'infini ! Je souriais aux anges, à la vie. Mais une drôle de chose s'est produite, mon ami m'a dit tout à coup : « Je te donne de retourner dans ton monde, va et n'aie pas peur, ton cœur et ton âme y grandiront merveilleusement, tu verras... » Et là, il a fait un mouvement qui m'a éjectée, j'ai fait un vol plané qui a duré une éternité, j'ai traversé un énorme nuage et me suis retrouvée le cul par terre sur un gros bouquin tout près d'une paire de pompes rose bonbon ! J'ai pas bougé d'un pouce, j'ai même pas osé me frotter le postérieur alors que j'avais très mal. J'ai regardé à droite, à gauche tout doucement, fallait que rien ni personne ne me remarque ! Mais soudain, une opulente flaque d'eau m'est tombée dessus ! Puis une autre et une autre...Mais il ne pleuvait pas? Alors j'ai levé la tête pour voir d'où ça venait et là...oh misère, là...Je l'ai VUE... !!!

Je vis en septembre 2022 ! Dans un monde j'en ai peur assez réel...

Je pleure. Voilà, c'est fait, il me faut bien avouer que ce soir je ne sers à rien et que ma pauvre Schéhérazade va le payer de sa vie ! Je ne suis pas une jeune femme calme et soumise -comme les aimerait mon beau-frère le roi- je clame haut et fort mon désaccord et mon impuissance ! Je tape du pied, je tourne en rond comme une lionne en cage, le portier à l'abri derrière ses grilles closes et moi dehors. L'intendant ?!

- Et bien allez le chercher !

Aussitôt, je regrette, l'Intendant d'un palais royal ce n'est pas n'importe qui, si moi je le connais très bien en princesse sœur de la reine, ce pauvre bougre lui le voit comme un croquemitaine inflexible et cruel, et il n'a probablement pas tort.

Je trépigne tellement, que j'en lâche mes livres et qu'en me baissant j'ai au moins la chance d'échapper à … une chiure de pigeon ! Ces oiseaux sont la plaie de Paris ! Ils te bombardent de fiente sans la moindre vergogne.

Un livre est ouvert, sur la page il y a -non pas une immonde bouse aviaire- mais... un petit personnage féminin joli comme un cœur, une petite rouquine qui trépigne autant que moi... Elle voudrait rentrer dans le conte ? Qui peut-elle être ? Je regarde le titre du livre ouvert : Aladdin et la lampe magique ?

- Mais ? Qui es-tu toi ? Tu n'es pas Jazmine ? Elle n'a jamais été rouquine ! Et que fais-tu là ?

Ne croyez pas que j'ai oublié ma sœur ! Ni que le désespoir d'être la cause de son trépas m'a jeté dans la folie, je suis -après tout- issue d'un conte, même s'il a été très... comment dire ? Modernisé ? Il me paraît donc normal que d'autres personnages de conte vivent !

J'essaie de comprendre. Se peut-il qu'en tombant un de mes livres ait... perdu un personnage ? Avec toute mon imagination j'essaie de me faire une idée de la chose, je dois regarder les titres, Schariar aime surtout les histoires où un mâle tout puissant -si possible roi- se joue des importuns et la petite-là ne semble pas du tout être un des quarante voleurs qu'Ali pousse à la faute, ou le Petit Poucet que mon stupide beau-frère adore parce qu'il arrive à vaincre toute une famille d'ogres !

- Je m'appelle Douniazad, mais on dit Dounia, et toi ?

-Mais ? Qui es-tu toi ? Tu n'es pas Jazmine ? Elle n'a jamais été rouquine ! Et que fais-tu là ?

Depuis mon enlèvement, je ne suis pas retournée chez les géants humains. Je crains qu'ils ne me fassent du mal car je ne pourrai pas me défendre. Ma petite taille est un atout mais uniquement lorsque PERSONNE ne me remarque ! Autrement ben c'est la catastrophe !
Je suis donc aux pieds joliment colorés de rose d'une grande et très belle dame qui a l'air fort en colère ma foi. Elle me harangue avec sa voix puissante qui me résonne dans les oreilles. « Jasmine » ? Qui c'est ça ? Non, je ne suis pas Jasmine, je suis POUCETTE ! Je fronce un peu les sourcils car elle n'a pas l'air aggressif, au contraire, cela me met plutôt à l'aise et elle se présente gentiment alors je lui réponds:
 
-Bonjour Dounia ! Je suis POU-CE-TTE ! C'est mon ami l'oiseau qui m'a poussée ici !

Elle crie la p'tiote car elle sait que pour que sa voix grimpe tout là-haut pour être entendue, il faut s'époumoner ! Elle fait un grand signe avec son bras en demi cercle pour que la dame se penche vers elle sans la contraindre à s'abîmer les cordes vocales.

-Je suis toute seule et j'ai peur, je ne sais pas où aller...

Elle poussa un gros soupir. Sa mère se trouvait quelque part sur la planète...une aiguille dans une botte de foin.

-Et puis j'ai faim.

Le voyage avait duré longtemps, longtemps...Cela avait été si bon ! Le souvenir tout frais la fit sourire puis elle reporta son attention sur Dounia :

-Tu as déjà volé dans le ciel ?

Les yeux pétillant de bonheur, elle se reprit soudain.

-Pardonne moi, je pensais à autre chose...

Il y eut un coup de vent et la page d'où elle avait surgi se tourna brusquement contre la suivante.

Je vis en septembre 2022 ! Dans un monde j'en ai peur assez réel...

- Bonjour Dounia ! Je suis POU-CE-TTE ! C'est mon ami l'oiseau qui m'a poussée ici ! Je suis toute seule et j'ai peur, je ne sais pas où aller... Et puis j'ai faim.

Je regarde le livre ouvert sur lequel elle se tient ? Poucette ? De « la petite Poucette » ? cette toute petite fille qui ??? Tiens ? Je ne me souviens plus de son histoire ? Ai-je au moins son livre ? Je regarde ma pile de contes tombés au sol lorsque je me suis... échauffée dirons-nous. J'ai peur de n'avoir que des histoires « orientales », Aladdin et la lampe magique , Ali Baba et les quarante voleurs, Ali Schar et Zoumourroud, le barbier de Bagdad et les six frères... Schariar est un grossier personnage imbu de son prestige et ne veut en rien sortir de son confort, s'adapter à un conte qui se passerait en Occident lui causerait un déplaisir que je ne peux surtout pas risquer !

- Douniazad Ben Jaafar ? Voulez-vous VRAIMENT que j'appelle l'intendant ?

Le pauvre homme est en train de se faire dessus, terrifié à l'idée de voir débouler Mourad ben Bakhtiar réputé aussi féroce que riche et érudit. Je regarde la minuscule petite créature elle aussi terrorisée, à mes pieds. Peut-être pourrons-nous l'éviter... Je sors de mon sac à main un paquet de gâteaux minuscules qui doivent lui paraître monstrueusement gros et m'assoie sur mon scooter la prenant délicatement pour la poser sur la large selle devant moi.

- Si tu as faim, tiens ? Je n'ai que ça moi j'ai fini de manger comprends-tu ?  

- Tu as déjà volé dans le ciel ? Pardonne moi, je pensais à autre chose...

- Volé dans le ciel ? Oh ! Tu veux dire comme toi et l'oiseau ? Jamais ! Sauf peut-être en rêve... Je suis désespérément humaine, normale, dénuée de tout pouvoir... La seule chose que je sais faire c'est raconter des histoires.

Raconter des histoires ! Palpitantes pour que mon imbécile de beau-frère ait envie d'entendre la fin de la bouche de ma sœur à laquelle je l'aurais racontée... Moi je donne l'histoire à Schéhérazade et elle la raconte avec le ton adéquat, et son idiot de mari gobe ses paroles et ne l'assassine pas ! J'ai à nouveau un énorme pincement au cœur tandis que le gardien, timidement, me demande à nouveau

- Princesse ? Vous ne voulez pas me répondre ?

Je regarde la toute petite.

- Accepterais-tu de m'aider ? Ensuite nous discuterons de ce que tu voudrais en échange, mais je ne suis pas magicienne j'en ai peur...



La petite Poucette - conte

L'homme de l'autre côté de la grille a l'air très inquiet mais Dounia ne répond pas à sa question. Ce ne sont pas mes affaires tout ça !

Me voilà dans le monde des bruits énormes, des agitations sans fin, des cris, des rires et des larmes. Hormis des chats, des chiens, des piafs et parfois des espèces de putois ou des écureuils, la faune n'est pas très variée en ville. Respirant à quelques dizaines de centimètres du sol, je me souviens que souvent ça puire toutes sortes d'odeurs qui me font me boucher le nez ! Là où je suis cependant, je devine que derrière le portail se trouve un parc immense car on aperçoit de très jolies tours qui s'élèvent dans le ciel.

Et puis...hop ! L’ascenseur en bras de la belle dame me portent sur sa machine ! Trop cool ! Elle est vraiment gentille car elle me donne un énorme morceau de biscuit. Je m'installe confortablement sur le cuir, je la remercie puis croque à pleines dents dans le gâteau. Que c'est bon ! J'ai tellement faim et puis cela fait tellement longtemps que je n'ai pas mangé une sucrerie que j'oublie toutes mes misères pendant que je déguste voracement.

Elle dit qu'elle sait raconter des histoires ! Oh comme j'aimerais qu'elle m'en raconte des tas ! Des milliers ! Cela me rappellerait les soirées douces que je passais avec ma mère...

C'est une princesse ? Une vraie ?! Je fronce un peu les sourcils regardant tour à tour le gardien et Dounia. Eh ben, si j'avais su que je rencontrerais un jour une altesse royale, ma petite vie aurait peut-être été plus lumineuse ?

-T'aider ? Bien sûr ! Mais je ne veux rien en échange ! Qu'est-ce que c'est que cette idée ? C'est parce que tu es riche que tu crois que tout s'achète ? C'est moche ça ! Si je peux t'aider, je le ferai gratuitement tu comprends ?! Et ce monsieur attend ta réponse depuis tout à l'heure, pourquoi ne lui réponds tu pas ?

Je me dresse de toute ma hauteur, les jambes bien campées autour de la selle. J'ai l'air un peu en colère, le regard sombre et les lèvres serrées mais au fond je me sens incomprise et cela m'attriste. Une fois de plus...Une fois de plus on m'imagine telle que je ne suis pas...Personne n'a jamais pris le Temps dans son cœur pour me connaître, personne...Et il court le Temps. Il court si vite...