Elle rit un peu, Letty. Ne lui préviens pas que le plaisir de piquer des habits à l’homme qu’on aime, c’est justement de lui piquer. Elle sourit simplement, s’imaginant lui prendre plein d’habit pour le plaisir et attendre qu’il remarque que tout lui manque. Parce qu’elle a tout sur le dos. Elle aimait l’idée. D’être ainsi comme une adolescente amoureuse et piquant le sweat de son amoureux. Avec son odeur dessus. Mais elle ne le dit pas, elle le regarde avec une lueur d’humour dans les yeux, mais ne le dira pas. Elle voulait faire l’enfant, parfois, comme tout adulte. Elle voulait faire l’amoureuse adolescente. Parce qu’elle avait l’impression de pouvoir l’être. Amoureuse et adolescente. Elle se place, elle lui offre son cœur, et elle le regarde alors qu’elle sent qu’il ne va pas bien. Elle caresse toujours sa main contre elle. Elle fit un sourire tendre. L’adolescente attendra.

- Parce que je t’aime, fit-elle sincèrement, je reste avec toi parce que je ne suis jamais aussi heureuse que quand je suis à côté de toi. Te voir me rends heureuse. Te parler me rends heureuse.

Elle fit un petit saut, ramenant son corps un peu plus contre l’homme. Elle voulait des contacts avec lui, mais elle savait qu’il ne pouvait les ressentir. Elle savait qu’il n’aimait pas ne pas ressentir. Alors elle restait simplement là. Assez proche pour regarder son visage et n’avoir que quelques centimètres pour pouvoir le toucher. Elle le regarde et remonta sa main sur son visage pour lui caresser sa joue, puis son nez, puis son front.

- Rien à m’offrir ? James… est-ce que tu m’aimes ? Parce que … si tu m’aimes, ça me suffit. Tu ne me l’as jamais dit. Tu me le fais comprendre et je le ressens. Je n’ai jamais ressenti ça pour personne, ce besoin d’être auprès de quelqu’un. De me dire que je vais être heureuse avec toi.

Elle se sent mal, d’un coup. Pouvait-elle vraiment lui dire ce qu’elle ressentait sans passer pour une espèce de grosse connasse. Parce que c’était égoïste ce qu’elle ressentait. Elle se rapprocha encore, mis sa tête contre la tête de James. Elle ferma les yeux.

- Tu es la première personne avec qui je me dis que l'amour est suffisant, même sans jamais avoir d’enfant. C’est … Je peux comprendre que ça ne signifie rien pour toi. Et avant de savoir que tu étais l’homme de ma chanson. Ou de savoir que tu m’aimais aussi. Je me souviens de quand je me suis dis que je t’aimais, que je voulais être avec toi jusqu’à la fin de ma vie.

Elle se souvient, parce que ce moment l’avait marqué comme rien auparavant. Parce qu’elle avait fait les autres jours en cherchant à comprendre pourquoi elle se sentait ainsi.

- On est sorti dehors, et tu me parlais de Queen. Tu as mis ta tête vers le soleil et tu me parlais de la beauté de la chanson. Je me souviens ne pas avoir réussi à tout suivre parce que sur le moment, je ne pensais qu’à toi. Tu m’as déjà offert tellement James. Alors je compte t’en offrir autant.

Sans la connaître, il lui avait offert l’envie de vivre encore un peu. En la connaissant, il lui avait offert l’envie de croire au futur… et maintenant, elle devait lui rendre ça. Lui rendre tout ce qu’il avait pu lui rendre. Vivre, avec lui en vie mais même s’il ne l’aime plus, ou pas, elle pourrait survivre. Vivre, sans lui en vie, elle ne pouvait même pas y penser.  

Je l'écoutais, sans rien dire. Je savais combien c'était difficile et émouvant de parler dans ces moments là. Je ne voulais pas l'interrompre. Et pour lui dire quoi? Tout ce que j'avais à répondre à tout ça la ferait souffrir. Je ne pouvais pas lui dire que je l'aimais. Je ne voulais pas qu'elle s'accroche à ça, à cette idée. Qu'elle se dise que son amour était réciproque et que ça valait le coup qu'elle se batte pour ça. Moi je ne pouvais pas me battre. C'était sans espoir. Je ne voulais pas qu'elle s'accroche à un espoir qui n'existait pas. Ca la ferait beaucoup trop souffrir quand tout exploserait.

- C'est pas assez...

Je fermais les yeux, les larmes coulant en silence sur mes joues.

- C'est pas assez pour moi... juste... juste ça... et ne pas pouvoir être avec toi... c'est pas assez... ça ne le sera jamais...

Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, dire que ça lui suffisait de simplement être avec moi. Et certainement qu'elle le pensait aussi. Mais pour moi ce n'était pas le cas. Je n'arriverais jamais à me contenter de ça, à me contenter de cette vie. Même si je devais la partager avec elle.

Je gardais les yeux fermés tandis que je sombrais petit à petit dans le sommeil. Je ne savais pas si elle m'avait répondu. Il valait peut être mieux que la conversation s'arrête là. J'avais beaucoup trop mal de parler de ce genre de choses, de l'entendre dire tout ça. J'allais faire comme si de rien n'était pendant les jours à venir. J'allais éviter le sujet, me contentant de profiter des journées avec elle.

Je me réveillais le premier. Je tournais légèrement la tête pour la voir endormie à côté de moi. Je la regardais dormir avec un léger sourire. J'attendais qu'elle se réveille et surtout que la nouvelle infirmière arrive pour sortir de là. Non... je ne devais pas me prendre la tête avec tout ça. J'allais gâcher ses vacances à nouveau. Je devais mettre ça de côté. Juste être souriant et la suivre sans rien dire de négatif. Je devais faire ça pour elle, lui offrir des vacances agréables.

Elle le regarde. Simplement. Elle regarde cet homme incroyable qu’elle avait en face d’elle. Qui toucher son cœur au plus profond de son âme. James avait touché son âme. Il avait fait vibrer quelque chose en elle. Quelque chose de profondément enfoui en elle. Il ne pouvait même pas le comprendre. Il disait que ce n’était pas assez. C’était tellement plus que ce qu’elle pouvait avoir. Tellement plus que ce qu’elle méritait. Elle ne méritait pas autant. Il n’avait toujours pas dit « Je t’aime ». Mais elle l’entendait, dans ses veines qui pulsent encore dans ses doigts. James ne pouvait pas bouger mais son sang continuait de vivre en lui. Et tant que le sang couler, il était vivant.

- C’est assez James. C’est déjà tellement.

Elle observe les larmes et remonte un peu alors qu’elle sent qu’il s’endort. Elle le sent et l’observe, elle nettoie ses larmes en l’embrassant doucement. Elle s’approche de ses oreilles.

- Je t’en supplie, James, laisse-moi être égoïste. Lutte pour moi. Pour nous.

Parce qu’elle voulait un « nous ». Oh, s’il revenait à vouloir la vie et ne voulait plus d’elle, elle s’éclipserait. Le bonheur de l’homme était au-dessus de son propre bonheur. Plus important que tout… mais pour le moment, elle voulait un nous. « Nous sommes aux Maldives ». A son tour, elle se mit à pleurer. Elle était contente qu’il dorme. Parce qu’il s’en serait voulu. De ne pas pouvoir la consoler comme il faut, de la rendre triste, de ne pas pouvoir essuyer ses larmes. Mais elle se fichait de tout ça. Elle se remit contre lui.

- Je ne sais pas comment je pourrais vivre sans toi, désormais.

Elle n’était sa dame de compagnie depuis moins d’un an… et elle avait changé avec lui. Son cœur était toujours pour l’aide aux enfants … mais elle ne pouvait s’imaginer aider quiconque si lui n’était pas là. Elle n’arrivait même pas à s’imaginer sourire sans lui. C’était stupide ? Elle perdrait la vie pour un homme ? Non. Ce n’était pas exactement ça. Elle ne se sentait plus en vie depuis son accident. Elle ne se sentait plus vivante. Et elle avait fait semblant, parce qu’elle était « trop jeune pour mourir ». Maintenant, elle avait trouvé une raison de vivre… Qui voulait mourir. Si ce n’était pas ironique. Elle essuya ses larmes et se cala à nouveau contre lui.

- Je ne te laisserais pas mourir.

Elle s’endormit proche de lui. Elle voulait tellement tout lui donner. Si elle pouvait lui donner son corps cassé, elle le ferait. Si elle pouvait lui donner son cœur, son âme. Elle lui donnerait tout. Il fallait qu’il reste en vie. Elle avait besoin de lui. Elle était si égoïste, elle en avait conscience mais l’idée même d’un monde sans lui la plongea dans un sommeil sans rêve. Elle voulait rêver que de James. Elle ne pouvait pas se le permettre tout de suite. Elle se réveilla le lendemain avec l’impression d’être passer dans un brouillard sans phare. Elle papillonna des yeux, se reconnecta pour voir les yeux de James en remontant son regard.

- Bonjour, bel endormi, fit-elle en se relevant à peine pour se coller à nouveau contre lui.

Sa tête contre sa tête. Parce que. Cela lui suffisait. Et James appréciait non ? Elle n’en savait rien. James ne disait rien. Il ne lui disait pas plus « Je t’aime » que « embrasse-moi ». Si elle arrêtait de l’embrasser comme elle en avait envie tout le temps, finirait-il par lui demander ? Elle en doute. Parce qu’il lutte aussi contre ses envies au lieu de lutter pour sa vie. Elle avait envie de le secouer et de pleurer. Alors elle prit quelques secondes pour sortir sa tête du sommeil et chercher des solutions à long terme. Le secouer ça ne ferait que la défouler, et ça agacerait son bien aimé. Elle reste là, quand elle entend le son d’une voiture. Elle grommelle quelque chose de fort peu poli, pour des enfants, comme un « flûte de mouche avec des poils aux pattes » avant de se relever. Elle secoue la tête.

- Je vais le chercher.

Elle se lève. Elle en avait rien à faire de sa tenue quand elle arriva sur le devant de la porte pour l’ouvrir avant que l’homme, un fort et grand gaillard, ne sonne. Elle mit les mains sur les hanches.

- Mon petit ami est ronchon tout le temps et moi le matin. Bonjour. Evitez de faire des commentaires sur quoi que ce soit, et en échange j’offre un café.

Ou un litre de café. Ou deux. Sa tête en vrac, elle ramena l’infirmier dans la chambre et s’éclipsa. James n’aimait pas qu’il voit ce qu’il se passait « médicalement » parlant et elle pouvait le comprendre. En réalité, ce n’était pas du tout parce qu’elle était dégouté qu’elle ne pourrait pas le faire… C’est parce qu’elle aurait besoin de mettre sa tête dans une piscine de café pour émergé. Elle trouva une salle de bain et fini toute nu en un temps recors pour se réveiller. Elle se sentit d’un coup toute vide sous le jet d’eau et elle s’assit à même le sol. Elle avait le temps. Elle pouvait réfléchir ici. Non ? Ce soir, la plage aux papillons. Elle sortit de la douche et attrape son téléphone pour passer un appel. Il fallait que l’homme miraculeux, qu’elle n’appellera certainement pas comme ça devant James, accepte de rencontrer James. Elle avait déjà plusieurs fois appelé et envoyé des messages, mais l’homme doutait qu’une confrontation avec James fonctionne. Letty devait lui faire changer d’avis. Que James la déteste après, ça lui brisera le cœur, mais ça ne la tuera pas. Que James meurt, si. Fin de l’histoire. Elle finit son appel et revient ensuite pour se poser sur la terrasse. Un bol de café en face d’elle, qu’elle avait préparé avant sa douche, qu’elle bu à la paille par flemme de monter le bol à sa bouche. Elle avait promis une tasse de café à l'infirmier qu'elle avait laissé sur le bar, s'il le voulait. Sinon tant pis. Elle soupira et se mit à chanter une comptine qu’elle aimait bien enfant, sur le fait que le matin était compliqué mais que ça permettait de vivre une nouvelle journée. Ouais. Toujours une journée de plus.

- Salut toi...

Je lui souris doucement alors que je la voyais se réveiller tranquillement, venant se blottir contre moi. Je voulais lui réclamer un baiser quand on fut interrompu par l'infirmier. Je la laissais partir en soupirant doucement. Il fallait voir le côté positif, j'allais pouvoir sortir de ce lit. Le point négatif, c'était que je ne pouvais pas profiter réellement d'un moment à se prélasser au lit avec elle. J'aurais tellement aimé pouvoir lui apporter le petit déjeuner au lit, profiter d'un réveil calin avec elle avant d'attaquer la journée à deux.

Je me forçais à sourire alors que l'infirmier arrivait.

"Selon ma collègue et selon votre petite amie, vous auriez un sale caractère. Vous êtes mal barré, parce que moi aussi."

Je ne pouvais m'empêcher de rire en l'entendant parler comme ça. Je me prêtais au jeu, plaisantant avec lui.

- Et vous croyez des femmes? Voyons je suis sage comme tout, je n'oppose aucune résistance.

Il rit avec moi avant de me sortir du lit. Je l'appréciais beaucoup plus que la râleuse de la veille. Il me manipulait d'une main experte, sans avoir l'impression de forcer. Il me parla des Maldives pendant toute la durée des soins, me donnant des conseils pour nos excursions à deux. Je le remerciais avant de le laisser partir. Il me promit de revenir le soir même et tous les jours le temps de mon séjour. Il avala rapidement le café, saluant au passage Letty.

"A ce soir madame."

Il lui fit une petite révérence avant de partir. Je m'installais à ses côtés sur la terrasse, souriant légèrement.

- Je l'aime bien. Il est beaucoup mieux que l'autre conne d'hier soir qui a osé critiquer notre lit.

Notre lit... ça faisait tout drôle de dire ça. Cela faisait même des années que je n'avais jamais dit ça à personne, pas depuis mon accident en tout cas. C'était toujours mon lit et ce dernier avait toujours plus ou moins ressemblé à une prison plutôt qu'à un endroit confortable où passer mes nuits.

- Il m'a donné tout un tas de conseils d'activités pour nous deux. J'aime beaucoup ces idées. Est ce que... tu pourrais venir t'installer sur mes genoux? Et si tu venais avec une tasse de café pour moi et un croissant ce serait encore mieux.

Ils me faisaient de l'oeil depuis que j'étais arrivé sur cette terrasse et c'était vraiment une torture que de ne pas pouvoir me jeter dessus.

Letty grogna à la salutation de l’homme. Même après une douche et un bol de caché, toujours sa paille dans la bouche, elle était fatiguée. Aussi, elle n’était clairement pas une femme du matin. Elle était clairement une fille de la journée et du soir. Le matin, elle avait les cheveux en vrac, qui dégoulinait de sa douche, et le cerveau embrumé. Elle n’arrivait même plus à se souvenir de la discussion qu’elle avait eue avec l’homme au téléphone, c’était dire. Elle mit sa tête contre la table et la tourna à l’arrivé de James. Il n’avait pas dit « Je t’aime ». Pourquoi ça la dérange autant. Ce n’était que trois mots qu’il prouvait tous les jours … mais elle voulait l’entendre et elle le regarda doucement. Elle sourit.

- La réceptionniste me l’a conseillé. Contente que tu es trouvé chaussure à ton pied, fit-elle en se relevant, prête à préparer le petit déjeuner de l’homme.

Elle n’avait pas l’habitude d’être là, le matin avant son repas du matin, mais elle connaissait le bonheur de manger et sa propre envie. Elle se calquait sur lui pour essayer de faire au mieux. Elle n’avait rien dit à « notre » lit parce que ça lui faisait des émotions contradictoires. En soi, elle était heureuse d’être avec lui dans le lit, mais elle savait aussi que, pour lui, dans sa tête, ça n’était pas définitive.

- Tant qu’on reste ensemble, ses idées me plaisent aussi, et ça même si elle ne connaissait pas du tous les idées en question, tant qu’elle était avec lui.

Doucement, elle rapprocha la tasse de café et l’assiette de croissants et se leva. Elle regarda James tout le long et avec douceur, elle vient s’installer sur ses genoux comme il l’avait demandé. Elle se mit les deux jambes qui partent sur le côté. Elle n’avait pas envie de vivre dans un monde sans lui. Alors elle étire ses lèvres dans un sourire et accepte qu’elle donne sa vie pour lui. C’était étrange parfois. Elle voyait leur histoire comme le destin, ou la fatalité. Ou on l’a puni ou on l’a récompensé. Peut-être un subtil mélange des deux. Elle apporte le bol de café avec la paille rose et lui tends. C’était le même bol mais elle était clairement bien réveillée maintenant et elle sourit en lui proposant doucement.

- Tout ce que Monsieur désire, fit-elle en repoussant le bol pour prendre un croissant et lui tendre ensuite, piquant aussi un bout du croissant avec délice et taquinerie. Que veux-tu faire d’ici dix-huit heures ? C’est l’heure où nous aurons un taxi pour nous amener vers la plage !

Elle avait hâte de prendre le bateau et de faire un nouveau meilleur souvenir sur le bateau à James. Elle avait hâte de voir les papillons. Bon, elle ne pourrait toujours pas avoir de photos … il fallait qu’elle choisisse ses combats. Pas de photos ce soir, mais un repas demain qui ne va pas plaire à James….

- J'aime quand je suis avec toi.

Je la laissais grimper sur mes genoux. Je voulais lui faire plaisir et je me doutais que cette proximité lui plairait. J'aimais bien la voir près de moi, ce n'était pas le problème. Ca restait perturbant pour moi. Je savais qu'il y avait quelqu'un sur mes genoux, je la voyais. J'avais senti mon corps être légèrement remué quand elle s'était installée. Mais je ne ressentais pas tout ce que j'étais sensé ressentir en cet instant. A ses yeux je devais avoir autant de réaction qu'un banc sur lequel elle se serait assise. Je ne pouvais pas la prendre dans mes bras. Je ne pouvais pas me pencher pour piquer un bout du croissant comme elle venait de le faire pour moi.

Je chassais cependant ces pensées de mon esprit, essayant de garder l'esprit plus positif que je m'étais promis d'avoir.

- Je pensais qu'on pourrait rester un peu tranquille ici, profiter de la plage. J'avoue que j'ai particulièrement envie de te voir en maillot de bain, profitant de l'eau.

Je lui souris, la taquinant légèrement. Je voulais la voir s'amuser c'était vrai. Je restais un homme et bien entendu que j'avais envie de me rincer l'oeil. Mais mon corps n'était plus en état non plus d'encaisser les activités comme autrefois. Le vol, le décalage horaire, tout cela m'avait épuisé. J'avais besoin de rester un peu au calme, de reprendre des forces avant que nous ne repartions tous les deux ce soir.

- Alors il m'a parlé d'un type qui organise des tours en hydravion accessible aux fauteuils roulants. On pourrait survoler toutes les îles ça serait sympa.

De quoi profiter d'une vue sublime, d'en prendre pleins les yeux, se faire de beaux souvenirs ensemble, comme elle le voulait.

- Il y a aussi la ville de Malé à visiter. Il y a un beau musée à voir, des marchés avec des produits locaux... on pourrait y passer une journée. Et....

Je lui souris avant de lui parler de ce qui me tentait le plus. Tout avait l'air super bien entendu mais je trouvais que le dernier était une belle expérience, au même titre que la plage ce soir.

- Il y a des bateaux qui te font suivre les dauphins.

Le mieux aurait été de nager avec eux mais je savais qu'elle n'accepterait pas de me laisser pour le faire. J'avais tenté de le lui proposer mais j'avais bien senti qu'elle ne lâcherait pas. C'était pour ça que j'avais noté précieusement les conseils de visite de l'infirmier, des choses qu'on pourrait faire à deux, comme elle le voulait.

- Me voir en maillot de bain ? repeta-t-elle en penchant sa tête adorablement sur le côté avant de reporter son regard vers son ventre.

Elle avait prit un maillot. Oui. Mais un maillot utilitaire. Le genre de maillot qui était une pièce, faisait shortie et qui ne laissait rien voir de la féminité d’un corps. Elle réfléchit. Non. C’était faux. Elle avait prit deux maillots de bain. Parce qu’elle avait toujours laissé son bikini dans sa trousse de toilettes. Elle était rasé et propre … Elle lui avait déjà montré ses cicatrices si affreuses … et il voulait la voir. Alors, après avoir regardé son ventre un instant, elle releva les yeux vers lui et fit un sourire. Tout ce qu’il veut. S’il voulait la regarder, parce que ça lui faisait plaisir de la regarder, qu’il n’hésite pas.

- J’ai l’impression d’être belle quand tu dis ça, avoua-t-elle, alors avec plaisir. J’irais profiter de l’eau en maillot de bain.

Ou nue. Elle se fit la réflexion avant de rougir franchement et se cacha derrière un mouvement pour ne pas qu’il puisse lire sa pensée. Cela serait méchant de le laisser regarder alors qu’il n’a pas la possibilité de toucher. Est-ce qu’elle le laisserait le toucher ? Elle n’avait jamais laissé un homme la toucher sans qu’elle ne le désire. Surtout parce qu’elle voulait un enfant à chaque fois. Pour elle, l’acte était l’unique moyen d’avoir ce qu’elle désire le plus … et maintenant … elle se retrouve à avoir envie que James la voit nue ? Elle avait dû se taper une insolation. Elle rougit donc et mit sa main devant sa bouche pour se gratter la gorge. Ne pas y penser, c’était mieux.

- Cela me plairait bien, préféra-t-elle dire au lieu de vocaliser des pensées clairement à ne pas avoir, de voler avec toi. Et les dauphins. Et le marché. Mais on laisse ma carte bleue ici. Je me connais je vais vouloir touuuut acheter pour faire des cadeaux. D’ailleurs, doit-on prévoir un cadeau pour ta mère ?

Si elle pouvait faire des activités avec James, ça ne pourrait que la rendre heureuse. Si elle pouvait ne penser qu’à son bonheur égoïstement, ça la rendait heureuse … mais ça la faisait un peu culpabiliser. Parce que la mère de James devait se ronger les sangs. Parce qu’elle était toujours craintive pour son fils, ce qui était normal vue ce que James lui avait dit. Devrait-il lui ramener un cadeau ? Ou non ? Oh. Elle préférait se prendre la tête sur le fait de se mettre en maillot que sur la mère de James. Doucement, elle passa un bras derrière la nuque de James et elle caressa son crâne, là où il pouvait le sentir, elle croit, elle est presque sûr.

- Je ferais tout pour toi James. Alors j’irais nager, et ensuite on ira suivre les dauphins. Mais si tu veux autre chose, dit-le.

Elle était heureuse. Ici, maintenant. Dans ses bras. Elle regarda un peu les lèvres de l’homme. Elle détourna la tête. Elle avait envie de l’embrasser. Réellement. Pas juste un smack comme elle faisait depuis le début. Quelque chose de plus … Plus. Mais il ne le demandait jamais et elle avait l’impression parfois de lui imposer l’amour qu’elle lui porte. Elle prit un autre bout de croissant pour lui proposer doucement.

- Je ne suis plus allée nager depuis longtemps, je resterais proche de la plage.

Et aussi, il pourra la regarder s’il le veut. Il n’existe pas quelque chose pour que les personnes paralysées puissent profiter de la mer ? Genre… Une bouée pour se mettre dedans et dérivé comme elle, elle le ferait. Elle n’osait pas lui proposer. Pas avec ce qu’elle savait avoir prévu.

- Matinée baignade, après manger, on se fait la balade et on part ensuite pour la plage. J’ai si hâte de voir les papillons avec toi ! Ou les méduses, ou qu’importe comment s’appelle ce qui crée la couleur dans les vagues.

- Mais tu es belle.

Je ne voulais pas qu'elle pense le contraire un seul instant. Et encore moins qu'elle se compare à des femmes que j'ai pu connaitre dans le passé. Parce que j'avais connu des filles qui étaient actrices, chanteuses, mannequin... qui avait le corps parfait pour poser dans les magazines. Je m'en fichais de tout ça. Elle était belle, beaucoup plus belle que certaines d'entre elles. Elle avait un charme, un sourire, qui me faisaient littéralement craquer. Alors la voir en maillot, s'amusant dans l'eau avec son sourire, ça serait sublime.

- Je te laisse réserver les différentes activités. L'infirmier m'a dit que tu pouvais voir avec l'accueil, qu'ils se chargeraient de tout et mettraient la facture sur notre compte.

Les petits avantages à résider dans un hotel de luxe, tout était fait pour qu'on puisse profiter sans avoir à se soucier de grand chose. Nous avions besoin de ça tous les deux, des vacances détente sans aucune prise de tête.

Le reste de la journée se déroula calmement. On passa la matinée sur la plage. J'étais installé dans un coin à l'ombre avec un cocktail à portée et une liseuse en face de moi. Je la regardais par moment du coin de l'oeil. Quand elle se baignait ou quand elle se prélassait à côté de moi sur son transat. Je lui souriais de temps en temps, ne pouvant m'empêcher de la trouver adorable ainsi.

On déjeuna sur la plage avant de continuer notre programme détente. Je me sentais reposé et d'attaque quand la navette arriva le soir. Je souriais en la voyant excitée à l'idée de partir.

- Bon tu es prête? Tu as pris l'appareil photo? Prête à en prendre pleins les yeux?

Je lui souris alors que le chauffeur venait m'installer dans la navette. Il nous faudrait un peu de temps pour nous y rendre. D'abord le trajet en voiture puis le bateau. Mais ensuite nous passerions la soirée au bord de la plage. On dinerait près de l'eau. On profiterait d'un diner spectacle avec danse et jongleur de feu. Tout ça en admirant la vue sur la plage phosphorescente.

« Belle » ? Elle, elle était belle ? Si ça ce n’était pas de l’amour, elle ne sait pas ce que ça peut être. C’était bien l’amour qui faisait dire à un homme si parfait qu’elle puisse être belle. Elle. Elle ne l’était pas. Après le repas, elle avait fait en sorte de se changer. Elle avait mis son bikini dans la salle de bain. Elle se regardait. Le haut était un petit haut noir avec des lacets sur les épaules et le dos. Le bas avait le même lacet sur les côtés de sa culotte. Pas de nœud. Juste des lacets. C’était sexy. Elle n’avait jamais vraiment mit ce maillot de bain, avant … parce qu’elle s’était dit que c’était trop. Qu’elle ne pouvait pas s’habiller ainsi. Qu’elle était même trop vieille. Elle se regarda encore. James la trouve belle. James aimait son corps ? Elle n’en sait rien, mais il la trouvait belle. Alors elle serait la plus belle possible pour lui, à sa manière bien à elle. Elle serait belle.

Elle était revenue avec timidité, elle l’avait regardé et elle lui avait fait un bisou sur la joue. Elle s’était promis de ne plus l’embrasser mais un bisou sur la joue, ça ne compte pas. Pendant la matinée elle revenait à intervalle très régulier pour lui demander si ça allait ou simplement lui faire un bisou comme celui-là. Parce qu’elle en avait simplement envie. Pas parce qu’elle s’inquiétait pour lui, mais parce qu’elle avait envie d’être à ses côtés. Simplement. Elle voulait toujours être à proximité de lui. Elle avait appelé la réception en faisant toutes les réservations avec la jeune femme au téléphone, et en bikini parce qu’elle voulait faire plaisir encore un peu plus à James.

Elle décida de se changer pour une nouvelle robe en fleur. Elle était en rose pâle avec des fleurs plus foncé. Des lys, si elle ne se trompe pas. Elle aime les petites robes à fleurs. Elle trouve que ça lui va. Elle était trop contente. Elle avait bronzé, un peu, mais aucun coup de soleil à déploré. Elle sautait d’un pied sur l’autre. Elle était en train de sautillait, se rappelant qu’elle ne devait pas passer pour une idiote, rougit mais continua de sourire.

- J’ai …, elle montre son téléphone, j’ai pris. Tu voudras une photo ?

Elle veut une photo avec lui. Sinon, sa mémoire suffira pour se souvenir du moment. Alors, s’il change d’avis … il pourra avoir sa photo, ensemble, d’amoureux. Sinon… Ce n’était pas réellement la peine. Elle ne se formalise pas de cela, à nouveau. Elle était juste prête s’il change d’avis. Elle parla dans la voiture, de la mer, du soleil, du fait qu’elle avait envie de faire une sieste sous le soleil, en sachant que le soleil allait la transformer en écrevisse. Elle arriva vers le bateau. Elle s’extasia que la grandeur du bâtiment. Oh. Mon. Dieu.

- On va vraiment monter là-dedans ? On va être dedans ?

Ils se firent monter… Elle sauta sur le sol pour en vérifier la stabilité. Elle n’avait pas l’impression de tanguer, comme elle l’aurait cru. Elle avait cru qu’elle aurait l’impression de bouger, mais non. Elle avait l’impression d’être immobile. Elle cherche quelque chose à regarder.

- James ! On a l’impression que le ciel et la mer ont la même couleur.

C’était incroyable, déjà. Parce qu’il n’y avait pas de réelle délimitation entre le ciel et la terre. Elle avait envie de se pencher sur l’eau pour pouvoir voir la sensation contre ses doigts. Elle se tourne et se rapproche de James. Elle caressa de la main le visage de l’homme avant de sourire.

- On va faire en sorte que tu apprécies le bateau, comme tu m’as fait apprécier l’avion.

- Tu vas prendre tout un tas de photo de la plage oui. Et du spectacle aussi certainement. Je veux être sur que tu ne regrettes pas de ne pas avoir pu immortaliser cette vue.

Et je ne parlais absolument pas de faire une photo de nous. Je n'avais pas envie d'apparaitre sur une photo souvenir avec elle dans cet état là. Je voulais qu'elle repense à moi en regardant des photos de mon ancien moi. Des photos de mes concerts, quand j'étais sur scène et que je savourais vraiment la vie. Je voulais que mes proches garde cette image de moi quand je ne serais plus là, pas celle d'un handicapé.

Je la suivis alors que nous nous allions d'abord dans la navette et ensuite dans le bateau. Je souriais de la voir aussi excitée. Je m'installais à côté d'elle sur le bateau alors qu'elle admirait la vue. Je grimaçais en l'entendant me parler bateau.

- En fait je n'ai pas été complètement honnête avec toi.

Je soupirais doucement avant d'ajouter.

- Ma première balade en bateau a été plutôt catastrophique. Mais les suivantes étaient plutôt bien. J'aime faire du bateau. J'ai raconté ça pour t'aider à te détendre en avion. Ne m'en veux pas s'il te plait.

Je lui fis une petite moue en disant ça. C'était un mensonge innocent. Je n'avais juste pas dit toute la vérité. Le voyage m'avait traumatisé sur le moment mais j'avais remis ça et j'avais fait d'autres balades en bateau. Elles n'avaient jamais excédé une journée par contre. Il était hors de question que j'aille passer une nuit en mer. A moins que ce ne soit sur un immense bateau de croisière, mais je n'en voyais pas l'intérêt. Ca ressemblait plus à un immeuble en mouvement qu'à un vrai bateau.

- Mais voilà, je n'ai aucun problème à aller me balader en bateau avec toi pour aller voir la plage ou alors pour profiter des dauphins.

Je l'aurais quand même fait, même si j'en avais gardé de mauvais souvenirs. L'idée de la voir aussi souriante et excitée que maintenant valait le coup de passer un mauvais moment.

Je descendis du bateau avec elle. Je laissais le petit groupe que nous étions nous dépasser pour rester avec elle. Je ne supportais pas les regards compatissants que je voyais. Je savais très bien ce qu'ils pensaient. Ohhh le pauvre coincé dans ce fauteuil roulant. Qu'est ce qu'il venait faire là alors qu'il ne pouvait pas profiter de faire de la plongée ou même ne serait ce que se baigner. Et surtout, quelle courage elle avait de supporter de vivre avec un handicapé à qui il fallait tout faire. Ils devaient même se dire que je n'étais pas en état de lui faire l'amour et s'imaginer tout un tas de choses. Les enfoirés... plus ils restaient loin de moi et mieux c'était.

- On se trouve un coin tranquille pour admirer le coucher de soleil avant d'aller diner. Un coin pour mon fauteuil et toi sur mes genoux. Si c'est assez confortable pour toi.