Elle, elle aurait maté. Clairement. Pas spécialement parce que c’était une voyeuse, mais parce que le corps de James était un mystère très mystérieux et qu’elle avait envie de le voir. Alors, elle aimerait certainement le toucher et le regarder, même à la dérober. Elle n’était pas si pure que ça. Cependant, comme elle ignore qu’il l’avait vue, elle ne dit rien et se laissa simplement aller dans la suite de l’histoire. Pizza, Télévision et James. Vraiment, quoi demander de plus ? De la soupe. Ouais. Elle se tait et évite de le faire remarquer avant que ça ne le lasse.

Elle avait trouvé le film avec un sourire et lançant le film pour qu’ils puissent profiter des acteurs et de leurs jeux d’acteurs. Elle réfléchit pendant le début du film. A la phrase de James, mais aussi à quelque chose qui danse dans ses yeux. Un souvenir qu’elle devrait avoir plus tôt mais qu’elle n’avait pas… Bon, elle s’en souviendrait plus tard.

- Si tu le fais avec moi, alors je te laisserais être ta poupée. On l’a dit, tu as besoin d’habits, mon pretty man, et elle s’approche pour faire un bisou esquimau avant de se remettre proche de lui, les pizzas devant elle.

Puis, elle se souvient. Est-ce que la prostituée était en train de faire … Un bisou intime entre les jambes de l’homme ? Bha oui. C’est ce qu’elle est … Fin, elle n’est pas payée pour jouer aux cartes. Sans pouvoir s’en empêcher, elle plaque ses deux mains sur ses joues rougit et chaude. Bon. Elle allait mangé une pizza en faisant semblant qu’elle a rien vue. Clairement, elle n’avait jamais fait ça. BREF. La suite était pire, puisque ça passa sur un bisou intime de l’homme à la femme, sur un piano.

- Et si quelqu’un entre ? dit-elle totalement paniquer à l’idée qu’il se fasse attraper. Tu imagines ? Je pense que je m’enterre sous la couette plus personne ne me retrouve, jamais.

Elle n’avait jamais vu que le début du film. Soupirant à l’époque que son copain, de l’époque, celui qu’elle déteste le plus maintenant pour une sordide histoire de trahison, qui n’arrêtait pas de lui dire qu’elle devrait être « libérée » comme ses femmes. N’empêche l’idée de le faire avec James était plus vivace que de le faire avec lui. Une fois la pizza fini, elle tend un essuie tout pour s’essuyer, pose le tout par taire et se met en longue le long de James, posant sa tête sur son buste pour pouvoir profiter du film et d’un câlin.

- Quand on ira faire notre shopping, on mettra la musique sur nos téléphones, hein ?

Je la regardais discrètement tandis qu'elle était plongée dans le film. Son visage était un véritable livre ouvert. Je pouvais suivre le cours de ses pensées en voyant la succession d'émotions sur son visage. Je pouvais deviner le malaise qu'elle ressentait lors des différentes scènes de sexe du film. Elle semblait vraiment... innocente à ce point. Ca aurait du m'effrayer, ça en aurait certainement rebuté plus d'un. Être en couple avec une femme aussi peu attirée, carrément effrayée même, par le sexe, ça avait de quoi décourager. Mais je ne voulais pas prendre ça comme ça. Je voulais être celui qui arriverait à le guider, à lui faire découvrir ces plaisirs, à lui faire aimer ça. C'était sûrement un peu prétentieux dis comme ça. J'avais la prétention de croire que je pourrais lui faire aimer ça alors qu'il n'y avait jamais vu le moindre intérêt. Mais je voulais y arriver. Je voulais être doux et prévenant. Je voulais être l'amant qu'elle méritait d'avoir.

Je souris légèrement alors qu'elle réagissait à la scène sur le piano.

- C'est le risque d'être surpris qui peut être excitant. Mais vu l'heure, ils savent qu'ils sont seuls et qu'ils ne seront pas dérangés. Et même si ils le sont. Ils ne sont pas nus. Quelqu'un arrivant ne verrait pas grand chose. Il devinerait juste ce qu'ils font. Et il n'y a aucune honte à ça. Il n'y a pas de raison de se cacher quand on est juste un couple s'aimant et prenant du bon temps.

Le sexe ne devait pas être quelque chose d'honteux ou de gênant. Je voulais qu'elle puisse me parler de tout, me décrire toutes ses envies sans la moindre gêne. C'était comme ça que devait être le sexe dans un couple. Rien de ce qu'elle pourrait me dire ne me choquerait. J'avais eu ma période rock star débridée. C'était plutôt moi qui risquait de l'effrayer si elle apprenait ne serait ce que le quart de ce que j'avais pu faire dans ma vie.

- On la mettra oui bien sur. Et je te regarderais danser comme elle le fait sur la petite scène.

Avant que je ne puisse danser à mon tour il faudra encore du temps. Je ne savais même pas si j'y arriverais un jour. Le médecin m'avait prévenu. Je ne retrouverais peut être jamais la force que j'avais connu avant. Mon corps avait énormément souffert pendant ces années de tétraplégie. Mon objectif aujourd'hui était de pouvoir être dans un fauteuil simple, me déplacer seul, être autonome pour me lever, me coucher. Ce serait déjà beaucoup.

Ce film aura eu raison de son âme. Elle était désespérée. Non mais … Elle savait que c’était une prostituée mais elle ne s’attendait pas à ça … mais elle était aussi, quelque part, un peu jalouse. Cette femme faisait de manière naturelle ce qu’elle n’arrivait pas à se figurer. Et bon, elle semblait en prendre du plaisir. Alors qu’elle elle trouvait cela inutile. C’était… Inutile. Pourquoi faire ? Mais, elle ne comprenait pas l’idée de se faire du bien avec un risque de se faire choper. Déjà qu’elle ne comprenait pas bien l’intérêt des préliminaires. Bref. Elle n’allait pas revenir sur ça. Elle le regarde.

- James Baker, si on fait ça, tu fermes la porte à clé, sinon tu le feras seul, répondit-elle très sérieusement alors qu’elle tourne la tête vers lui. Je t’aime et je le dirais et le montrerais mais pas comme ça.

Non… Parce que faire ce genre de chose avec lui, oui, ok, elle aimerait pouvoir avoir envie et elle espère qu’elle arrivera à avoir envie… mais alors si la porte n’est pas fermé à clé pour éviter quiconque, c’était mort. La simple idée de faire ce genre de chose et se faire attraper la dépasse. Nope. Jamais. Tout le monde faisait ce qu’il veut avec sa sexualité, mais elle ne voudrait pas être « attrapée ». Même si la personne ne voit rien. Le savoir. Bref. Même s’il ne faut pas avoir honte, ça, ça se fait dans l’intimité. Elle ne comprendrait jamais qu’on trouve ça excitant de se faire attraper … ou le faire avec des gens autour. Genre les voyeurs. Elle sait que ça existe. Mais non. Elle promet qu’elle dansera et elle continue le film. Quand la fin arrive, elle s’outre pratiquement contre l’homme riche qui ne demande pas à Vivian de rester. Mais Mais. MAIS. Puis, elle respire à nouveau quand il arrive avec un gros bouquet de fleur.

- Mouhais, fit-elle, moi je lui aurais fait manger ses fleurs avant de pardonner.

C’était faux. Quand on la connait on sait qu’elle pardonne souvent rapidement et pour de grosses choses. Ce qui donne sa rancune bien plus puissante que celle des autres. Elle finit par s’endormir alors qu’un autre film commence. Elle s’endort contre James. Elle fit un rêve étrange entre le Pretty Woman et la pizza. Très étrange. Mais bon … C’était normal. La pizza ressemblait à l’homme qui avait causé la colère de James … et James le mangea. Ouais. Super étrange.


Une semaine plus tard, elle avait enfin signé le bail, avec Paul, pour le local de leur association. Le nom avait été choisi. L’association Far Too Young. Oui, elle avait eu gain de cause. Parce que c’était important pour elle de marquer James dans cette association. James et elle. Eux. Et elle n’avait pas eu la certitude que ça serait validé avant le jour J. Elle avait été invité par James le soir même … Elle était toujours contente de pouvoir le voir… elle préférait quand elle dormait avec lui, logique… mais c’était encore autre chose. Là… Elle allait manger avec lui, lui présenter officiellement la carte de l’association avec le nom et l’adresse qu’elle avait imprimée. C’était une impression rapide. Pas quelque chose de très jolie pour le moment. Juste le nom, l’adresse et les deux associés.

Elle se regarde dans la glace. Elle avait acheté une robe, petite robe rose. Elle avait relevé ses cheveux dans un chignon tressé. Des mèches dépassent, mais elle ne peut rien y faire. Elle avait un chouchou avec des tagadas roses comme décoration. Elle arrive chez James, entre en toquant mais sans attendre. Elle sait qu’elle a le droit. Elle avait apporté des fleurs, parce qu’elle aime les fleurs et dépose son chapeau sur l’entrée.

- James, je suis là, répéta-t-elle au cas où il ne l’aurait pas entendu.

"Allez encore trois James.... trois.... deux... c'est très bien... et la dernière. Je te laisse souffler."

Je laissais tomber ma jambe avec un soupir de soulagement. Mon kiné me souriait, l'air plutôt content de la séance.

- Tu es un véritable tortionnaire.

Je lui souriais moi aussi alors que ce sadique éclatait de rire. Il me répliqua que c'était pour la bonne cause. Je le savais et il savait que je le savais. Nous ne faisions que nous taquiner. Ca me permettait d'encaisser plus facilement la douleur que je ressentais en faisant ses exercices. Rien que le fait de lever et tendre mes jambes était un effort insurmontable.

"Je pense que tu as assez souffert pour aujourd'hui. On se revoir demain. Même heure, même endroit?"

- Je serais là oui.

Je lui souriais alors que je me faisais glisser tant bien que mal sur mon fauteuil. Il me tardait de le laisser tomber. Il était devenu trop grand, trop encombrant. Certes il avançait sans que j'ai besoin de faire le moindre effort. Mais maintenant que je commençais à bouger de plus en plus facilement seul, il devait plus gênant qu'autre chose. J'attendais juste d'avoir assez de force dans les bras pour propulser seul un fauteuil roulant et je quitterais celui qui avait été ma prison pendant tant d'années.

Je rejoignis ma mère sur le parking. Elle m'attendait, un sourire aux lèvres. J'étais encore obligé de monter à l'arrière, comme un cheval qu'on chargeait dans sa bétaillère. Ca aussi ça changerait, quand j'aurais changé de fauteuil roulant.

"Ca s'est bien passé?"

- Il m'a épuisé. J'ai mal partout. Mais c'est tellement bon d'avoir mal que je ne me plains pas.

Je lui souris et je pouvais voir à quel point ça lui faisait du bien de me voir sourire ainsi à nouveau, d'être joyeux et optimiste.

J'avais mal mais c'était largement préférable à la sensation de ne plus rien ressentir. Mon corps n'était plus mort. Il était vivant. Je le sentais. Il me faisait mal mais je le sentais à nouveau.

On discuta les deux, faisant des projets comme nous n'en faisions plus autre fois. On s'arrêta chez un traiteur, prenant un repas pour Letty et moi. Ca aussi c'était nouveau et je savais que ça la remplissait de joie. J'avais quelqu'un dans ma vie, quelqu'un de stable. Et comment ne pas aimer Letty alors qu'elle m'avait littéralement sauvé la vie? Je pris notre repas avant de rentrer chez moi avec ma mère. Elle m'aida à tout déballer avant de me laisser. C'était notre soirée, elle ne voulait pas s'imposer.

J'étais entrain de m'activer en cuisine, réchauffant le repas que j'avais pris, mettant la table quand je l'entendis entrer.

- Je suis dans la cuisine. Je termine de mettre la table.

J'avais passé du temps à mettre des bougies un peu partout dans la pièce. Elles étaient notre seule source de lumière, celles de la pièce et celles que j'avais mis sur la table. Je ne l'avais pas vu de la semaine. Elle avait été trop prise par la création de son association pour ça. Et elle m'avait terriblement manqué.

Je souris en la voyant arriver.

- Bonjour ma belle.

Je la pris par la main et tirais doucement dessus pour la faire tomber sur mes genoux. Je la serrais contre moi alors que j'allais l'embrasser tendrement.

- Tu m'as manqué.

Elle vérifie à nouveau sa tenue. Pourquoi c’était important maintenant ? Alors que James l’avait vu se coller des stickers de couleur sur le bras et le visage, l’avait vue en bikini avec les trois cicatrices dû à ses coups de couteaux et … Il l’avait vue pratiquement dans toutes les tenues. Même une autre sorte de petite robe à fleurs comme celle-ci … mais…. Là, elle avait eu envie d’être jolie, mignonne, un peu plus cute que d’habitude. Pas forcément femme fatale, elle doute pouvoir l’être un jour, mais un peu plus… Mieux. BON. Elle n’allait pas dire qu’elle savait les femmes de base de James, mais elle sait déjà que c’était mieux que … ça. Elle. Fin. Bref. Elle n’allait pas perdre le moral maintenant. Elle s’approche, laissant l’entrée et le miroir en « paix ». Elle s’approche pour voir des bougies. Elle observe la douce couleur qui émane de la flamme. C’était paisible d’être ici.

Elle rougit un peu. « Ma belle ». Il le faisait exprès ? Peut-être. Depuis qu’elle avait laissé échapper un « mon chéri », il lui donnait des surnoms, et ça la faisait toujours rougir. Elle avait envie de répondre toujours, plus fort, et de sourire, mais elle n’ose pas. Elle se laisse faire pour finir sur les genoux de l’homme et répondre à son baiser. Quand elle l’embrassait, elle oubliait totalement toutes les questions sur elle, ou ses peurs. Parce qu’elle sentait l’amour en lui. Elle se sentait parfaitement à sa place. Elle sourit en frottant son nez doucement contre le sien. Elle sourit parce qu’elle était si heureuse d’exister avec lui, dans le même univers, le même espace temps, le même monde.

- Tu m’as manqué aussi, même si je parle toute la journée de toi…

Elle lui sort le petit flyer, tout simple, Association Far too Young. Avec son nom, Letitia Parker et Paul McCarty. Les deux noms étaient plus petits pour laisser le plus important en gros. « Assistants sociaux » et « aide à la famille ». Elle sourit en déposant un nouveau bisou sur sa joue.

- Ta journée s’est bien passée, mon amour ?

Elle se pince les lèvres, observe à nouveau James, voir si ça passe bien. Elle ne sait pas. Elle n’ose pas encore complètement … mais … elle avait envie. Elle a vraiment envie de lui répéter encore et encore, qu’il était son amour. Qu’il était adorable. Et qu’elle l’aime. Elle avait envie de lui dire mais elle n’osait pas toujours. Bon. Parfois, l’amour qu’elle tenait pour lui sortait par tous ses pores et elle finissait par lui dire. Incapable de se taire la petite dame.

- J’ai oublié un anniversaire ? dit-elle en montrant une bougie qui laisser passer sa lumière douce et chaude.

Elle n’avait jamais été anniversaire. Elle pouvait l’avoir oublié. Leur premier baiser, leur rapprochement, le moment où ils sont ensemble, elle se souvient des moments. Pas de la date.

J'attrapais la petite carte pour la regarder, souriant légèrement. J'étais heureux de voir qu'elle pouvait reprendre à nouveau ce travail qu'elle aimait tant. Ca avait toujours été dans mes projets de lui permettre de rouvrir son association. Simplement, je ne pensais pas initialement que je pourrais assister à tout ça. Dans ce cas j'avais prévu, elle devait toucher cet argent à ma mort. Je ne pensais pas le lui donner de mon vivant. Je ne pensais pas avoir envie de vivre encore.

- De la kiné, encore de la kiné. J'ai un peu mal partout.

Je ris doucement en lui disant ça. Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète trop. J'avais mal mais je me sentais bien malgré tout. Mes muscles souffraient de devoir bouger à nouveau après être resté tant de temps sans bouger. Mais c'était comme les courbatures qu'on avait quand on reprenait le sport. Au fil des temps, quand ils retrouveraient l'habitude de bouger, je souffrirais beaucoup moins.

- Pas que je sache non. Je n'ai pas retenu les dates importantes pour nous je t'avoue. Il faudrait peut être qu'on y réfléchisse d'ailleurs. Qu'on ait un anniversaire à fêter toi et moi.

Je me penchais pour l'embrasser à nouveau. Je n'avais jamais été du genre à fêter les anniversaires dans une relation. Mais j'avais l'impression que cela pourrait lui faire plaisir. Ca nous donnerait aussi une excuse pour passer une soirée ensemble, se faire des cadeaux. C'était le genre de trucs qu'on était sensé faire quand on était en couple.

- Je voulais juste passer la soirée avec toi. Ca fait trop longtemps qu'on a pas passé un moment toi et moi.

Je la poussais doucement au niveau de la taille pour qu'elle descende de mes genoux. Je retournais dans la cuisine, allant servir le repas que j'avais réchauffé.

- Je t'ai pris de la soupe en entrée. Soupe au pesto et je ne sais plus trop quoi. Et j'ai pris des lasagnes pour la suite.

Je m'installais à table avec de mon côté plusieurs petites tartines. Il était bien entendu hors de question que j'aille manger de la soupe, même pour lui faire plaisir. Je gardais des mauvais souvenirs d'enfance et des traumatismes d'adulte en pensant à ce plat. Et même si c'était devenu un sujet de taquinerie entre nous, je n'étais quand même pas capable d'en manger.

- Raconte moi ta journée à toi. J'ai l'impression que ça avance bien ton association. Mon avocat t'a aidé?

Letty grimace pour lui. Elle n’avait jamais eu le besoin de faire de la kiné. La dernière, et seule, chose dont elle se rappelle pour elle-même était quand son grand-père avait dû en faire. Le kiné avait une espèce d’échelle en bois, et elle s’y était accroché comme un cochon pendu pendant que son aïeul faisait sa séance. Sinon,  elle n’avait jamais été manipulée par un kiné. Même pas après son aggression. Parce qu’il n’y avait rien à faire pour elle. Les blessures étaient sur son ventre, à son utérus, et elle n’avait même pas eu envie d’écouter, à l’époque, si elle avait besoin d’autres choses que ses yeux pour pleurer. Elle se rassoit comme il faut pour le regarder, sourit quand il lui propose de la soupe, cet homme était décidément le plus incroyable de la terre. Et réfléchit à comment expliquer sa journée. Mais d’abord …

- Je pense que nous devrions choisir le 27 novembre (//Date du début de notre rp :p) le jour où l’on s’est rencontré.

Parce que c’était le destin qui avait décidé de les mettre sur la route l’un de l’autre. Si James avait l’impression que c’était « elle » qui était venu à lui (pour travailler simplement), elle elle voyait ça comme deux comètes qui se seraient rencontré. Le fils rouge du destin était entouré autour de leur petit doigt, et il avait juste fallu un peu de temps pour que ce fils se tende et les rapproche. Si on écoutait Letty, elle serait toujours dans les pattes de James, dans son lit, dans ses bras, sur ses genoux, alors heureusement pour elle, et pour lui et sa santé mentale, elle avait été occupé, en effet. Elle prends de la soupe dans un bol avant de se mettre à goûter avec une grosse cuiller. Elle sourit, rit un peu devant James et ses tartines et réfléchit donc au début de sa réflexion. Comment avait été sa journée.

- ça avance … étrangement je dirais. Rien de grave. Juste avec ton avocat, qui est d’ailleurs super gentil j’ai envie de lui offrir une bouteille de soupe, on ne comprend pas ce qu’il fait. Avec Paul, on est fasciné. Cela fait plusieurs jours qu’on appelait et trimait pour le local, et lui il a réussi à nous avoir le local en deux heures, le papier d’ouverture de l’association en quatre heures. Il a juste fallu qu’on attend et répond à ses questions au fur et à mesure. C’est pour ça qu’on a eu le temps de faire des cartes de visites.

Elle prends un peu de soupe, sourit de bienêtre devant les textures. Non, vraiment, sauf pour les personnes comme James à qui on dégouté de la soupe, Letty ne comprenait pas que l’on aime pas ce mets. C’est comme boire, sauf qu’il y a une explosion de saveur et que ça comble la faim. Elle se rappelle d’un souvenir de son grand-père.

- Mon grand-père disait souvent que si on aimait la soupe, lui, moi et ma sœur, c’était parce qu’on avait la flemme de mâcher. Je ne crois pas que cela soit la vérité, mais le souvenir me revient.

Elle aurait voulu que James rencontre son grand-père, et inversement. Le dernier homme que son grand-père l’avait vue avec, c’était son ex. Et il ne l’avait jamais aimé. Cela bien avant sa trahison. Elle se demande ce qu’il dirait de James, mais elle sentait qu’il n’en dirait que du bien. Il dirait qu’il est passionné, et que ça lui va bien. Il dirait qu’il n’aime pas la soupe, mais que personne n’est parfait. Il dirait que tant qu’il aime précieusement sa petite fille, il était heureux. Elle se penche et fait un doux sourire nostalgique.

- Mon grand-père t’aurait aimé. Et tu l’aurais aimé. Je pense. Bref, dit-elle en papillonnant des yeux pour chasser le sentiment un peu trop nostalgique qui lui sert le cœur, on a donc officiellement un local. Pas celui que l’on voulait, mais le second choix, qui n’est déjà pas mal du tout. On ira faire l’état des lieux, et vérifier la quantité de travaux à faire pour le rendre présentable dans la semaine. Mais c’est déjà une grosse épine du pied en moins ! Merci !

Elle aurait dû lui demander de l’aide avant. Mais ce qui était fait est fait. Elle avait déjà demandé pardon pour ça. Maintenant, elle ne pouvait que le remercier avec son sourire de mignonne toute heureuse.

- Tu voudras venir le voir pour nous donner des conseils ? proposa-t-elle doucement, on va faire appel à Lisa, la femme de Paul, qui est décoratrice d’intérieur. Elle va nous faire tout ça mais il nous faut des idées, un thème, et je crois que si je parle de mon idée de mettre une statue géante de toi, on refusera. Ce qui est une honte. Je mettrais des photos à la place, pour te voir toute la journée.

Elle parle trop. Elle le sait. Alors elle reprend un peu sa dégustation et rougit. Non mais. Il fallait qu’elle se dispute mentalement pour se faire taire.

- On fêtera nos un ans le 27 novembre alors.

Je lui souris doucement en lui disant ça. C'était plutôt bien, d'avoir un anniversaire comme ça, quelque chose à fêter. C'était une bonne date. Le jour où elle était entrée dans ma vie avait été le meilleur de ma vie. C'était grâce à elle que j'étais encore elle. Je ne pourrais jamais l'oublier. Quoi qu'elle en dise, elle m'avait sauvé la vie.

Je l'écoutais parler, me racontant comment ça avançait pour son projet. J'étais heureux de voir que tout se passait bien avec mon avocat. Je ne le lui avais pas envoyé pour rien. Il avait été d'un grand secours pour moi à l'époque. Je savais qu'il pourrait faire la même chose pour elle. Le monde des affaires, quand on ne connaissait, c'était quand même assez difficile.

Je souris, rassuré, quand elle me proposa de venir visiter le local.

- J'allais te le demander... si je pouvais venir le voir.

Parce que je ne voulais plus me sentir mis à l'écart comme elle l'avait fait avant. Je voulais faire partie de sa vie, l'accompagner dans ses projets. Je ne serais pas resté sans rien lui dire. J'avais compris la leçon. Je n'allais pas laisser une situation s'envenimer. J'allais lui dire les choses clairement, lui dire que j'avais envie de voir son local. Mais tout allait pour le mieux. Elle m'avait invité à venir le voir. Elle ne s'en rendait sûrement pas compte mais elle n'aurait pas pu me rendre plus heureux.

- Par contre je ne pense pas que ce soit une bonne idée de mettre une statue de moi. Je serais terriblement gêné de voir un tel truc trôner dans ton local chaque fois que je viendrais.

Je terminais de manger mon entrée avant d'aller sortir le plat de lasagnes du four pour le déposer sur la table. Je pris son assiette pour la servir avant de faire de même avec mon assiette.

- Et tu devrais juste mettre les photos dans ton bureau. A moins que tu ai envie de passer ton temps à expliquer aux personnes venant pourquoi il y avait une photo de moi. Tu ne m'avais peut être pas reconnu en venant travailler ici, mais crois moi ce n'est pas le cas de tout le monde.

Elle devrait passer son temps à expliquer que oui c'était bien moi, que oui elle sortait avec le célèbre chanteur. Ca serait contre productif par rapport à son travail. Je ne voulais pas interférer dans ce qu'elle allait faire.

Je lui souris alors que je commençais à manger mon plat.

- Est ce que ça veut dire que je vais rencontrer ton ami Paul?

Elle était contente d’avoir une date maintenant. Même si elle n’était pas tombée amoureuse de lui tout de suite, et lui encore moins, ça lui faisait plaisir … et elle n’avait besoin que de cette date là. La date où tout changeant, doucement mais surement. C’était leur petit pas pour leur vie, mais un grand pas pour leur histoire d’amour. Bref, elle avait fini par lui parler, parler, parler, de tout parce qu’elle était bavarde en vrai, et qu’elle pouvait parler des choses qu’elle aime toute la journée. D’ailleurs, elle parlait de James toute la journée à Paul. Ce qui allait le rendre fou, mais comme il faisait pareil avec Lisa (sa femme), il ne disait trop rien. Il faisait aussi pareil pour sa fille, Sally, qu’il n’arrête pas de montrer des photos à tout le monde en disant que c’était un petit ange tombé du ciel. Les deux ensembles étaient deux amoureux transi de leur compagnon et c’était assez difficile d’en placer une quand ils étaient à leur apogée.

- Mais bien sûr que tu peux ! Tu dois. Quoi que tu dises, cette association t’appartient en grande parti. On la gère, mais elle n’existerait pas sans toi. Et en plus ça me ferait plaisir. J'aime te montrer ce qui compte pour moi.

Même s’il n’avait pas mis un centimes, elle aurait voulu lui présenter les locaux, lui montrer comment ils sont, pourquoi l’avoir choisi. Il avait été là pour elle, et il était l’homme qu’elle aime. C’était logique de partager le moindre bonheur avec la personne à qui on tenait. Elle fit une fausse moue boudeuse.

- Je comprends, je mettrais des photos … ou bien des poupées et des funkopop. Tu savais que ça existait à ton effigie ? Ce sont des customs, mais je trouve ça tellement classe.

Elle se laisse servir, le regarde faire alors qu’une main était posée sous son menton et qu’un sourire amoureux flotté sur son visage. Ouais. Elle, elle n’aurait aucun mal à voir une belle statue de lui toute la journée. Mais elle allait mettre autre chose. Il fallait un thème, qui fasse sérieux mais aussi qui fasse aimer l’endroit. Avec Paul, ils avaient souvent fait remarquer que leur ancien local était austère et triste. Les gens y venaient en étant déprimé. Pourquoi ne pas faire un espace de travail et de courage plus optimiste ? Peut-être en mettant des fleurs, ou un style zen ? Ils n’en savent rien. Ils n’ont pas envie de faire croire être une agence de voyage non plus. Mais quelque chose qui fait du bien. Elle rit un peu.

- On ne compte pas cacher le fait que tu es notre mécène, tu sais. Déjà pour l’image de l’association. Savoir que tu es connu aidera à nous faire connaître. Et un peu simplement, quand ils vont voir que tu nous soutiens, les gens seront plus rassurés parce que justement « ils te connaissent ».

« C’est l’association de James Baker ? Je l’aime trop. Peut-être que je pourrais leur demander de l’aide ». Et elle comptait bien mettre des photos dans son bureau, déjà, pour le voir. C’est juste que l’idée de l’avoir partout la fasse rire. Elle avait proposé beaucoup de bêtise à Paul, qui avait renchérit pour sa propre chérie. Elle tourne la tête avant de froncer les sourcils.

- Tu n’as jamais rencontré Paul ? Je pensais que tu lui avais parlé quand tu m’as retrouvé sur le pont.

Bon, elle n’avait pas réellement envie de penser à tout ce qu’il se passait dans sa tête à ce moment là … ni même à la discussion qui en avait coulé, mais … Il lui avait parlé, non ? Mais pas assez pour qu’ils se rencontrent réellement et s’apprécie. Elle ouvre la bouche, écarte les lèvres dans un visage de surprise totale.

- Oh, mon dieu. Les deux personnes que j’apprécie le plus au monde ne se sont pas encore rencontrées. Je suis stupide ! J’aurais dû faire ça dès le début, mais ma tête n’a pas percuté ! On va faire une rencontre entre vous. En plus, tu pourras lui sauver la vie pour les soirées avec Lisa. Qu’on fini souvent par discuter entre nous alors si vous vous entendez bien, c’est parfait !

Elle prend une fourchette, l’apporte à ses lèvres avant de froncer les sourcils.

- Il faut que je te dise. Paul et moi, on se connait depuis la maternelle. On a déjà dormi ensemble, on a pris des bains ensemble, on a fait les quatre cent coups ensemble, mais il n’y a jamais eu rien de romantique. Même pas un baiser, sauf si on considère la fois où on s’est violemment cogné la tête en se regardant en même temps à sept ans, mais crois-moi, ni lui, ni moi, ne considérons ça comme un baiser. Lisa avait eu peur de ma présence, mais il faut te dire que Paul c’est mon frère. Pas de sang, mais seulement mon frère, il n’y a jamais rien eu et il n’y aura jamais rien.

De touuuuuuuus les hommes de la terre, Paul était le dernier en qui il fallait avoir peur. Déjà, James n’avait besoin d’avoir peur de personne, mais Paul était hors concours. Leur sentiment l’un pour l’autre étaient vraiment fraternelle, et même la « découverte sexuelle » n’avait pas été fait ensemble. Cela les dégoute de le penser. Lisa avait eu du mal avec ça, au début, la voyant, elle, Letty, comme l’âme sœur non déclaré de Paul, mais non. Ketchi. Jamais.

- Et j’ai tellement hâte que vous vous rencontriez pour de vrai alors ! Sans histoire de pont et de tristesse. Peut-être devrions-nous faire quelque chose avant la visite du local ? Genre, prendre un café ici pour y aller ?

Elle avait tellement hâte qu’il rencontre Paul, et qu’elle soit là pour le voir. D’ailleurs, elle réalisa autre chose. Premièrement, elle n’avait jamais parlé de son ex à James. Elle devrait le faire un jour, mais la discussion la dérange. Pas à cause de l’amour. Mais parce qu’elle avait fini par avoir la haine envers son ex. Une haine qu’elle n’avait pas envie de montrer à James. Deuxièmement, son ex était « l’homme parfait » selon sa sœur. Sœur qu’elle n’avait pas envie de présenter à James. Elle sourit. Plus tard sa sœur. Jamais, si elle peut. Mais Paul et James. Elle veut une photo avec eux, 5. Lui, elle. Paul, Lisa et Sally ! Une fois qu’ils auront fini de mettre le local en forme, ils pourront l’imprimer sur un cadre qui sera à l’accueil !

- Je crois en avoir vu déjà passé sur les réseaux sociaux oui.

C'était il y a longtemps. C'était avant tout ça. A l'époque quand j'allais encore sur les réseaux. Quand les inventions de mes fans avaient le don de me faire sourire. J'avais fini par ne plus y aller après mon accident. Ca faisait beaucoup trop mal de voir tout ça, de voir les messages qui s'inquiétaient, qui se demandaient ce que je devenais et qui me suppliaient de revenir. Ils n'étaient pas les seuls, malheureusement. Il y avait toujours les haters qui étaient là pour venir critiquer, pour dire que ce je n'étais pas une grosse perte pour la musique et bla bla bla. Je m'étais détaché de tout ça avec l'accident. J'avais tiré un trait sur ma carrière sur tout ce qu'avait été ma vie. J'allais peut être m'y remettre un jour mais je n'en savais rien encore pour le moment. C'était une décision à laquelle je n'avais pas encore réfléchi. Je me concentrais sur ma rééducation, le reste attendrait.

- Je préférerais que tu caches que je suis votre mécène pour le moment. Je ne suis pas prêt à refaire parler de moi, à redevenir un personnage public. Peut être plus tard mais... pas pour le moment.

Je n'étais pas prêt à entendre parler de tout ça, à voir mon nom ressurgir. Je n'avais pas envie que les gens se demandent où j'étais passé pendant tout ce temps et pourquoi j'avais choisi de financer une association en particulier, pourquoi j'avais choisi de faire ça au lieu d'annoncer mon retour.

- Je lui ai parlé à peine quelques instants pour lui demander où tu étais et je lui ai raccroché au nez quand j'ai eu ma réponse. Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle une conversation, encore moins une rencontre.

Je souris doucement alors qu'elle tentait de me rassurer vis à vis de sa proximité avec Paul. Depuis le temps qu'elle me parlait de lui, j'avais bien conscience de tout ça. Je savais qu'il n'était pas une menace pour moi. Je sentais bien qu'il ne la draguait pas, qu'il la considérait comme une amie ou une soeur. C'était plus les mecs qui lui faisait du rentre dedans sous mes yeux que je n'appréciais vraiment pas.

- Je sais qu'il n'y a rien que de l'amitié entre vous. Ne t'en fais pas. Et d'accord pour un café. Je pense qu'il est temps qu'on se rencontre officiellement maintenant. Et qui sait, peut être qu'un jour je pourrais te présenter mes amis aussi.

Les membres de mon ancien groupe, les amis chanteurs que j'avais... toutes ces personnes à qui j'avais tourné le dos après mon accident. Il faudrait que j'essaie de renouer avec eux. Peut être qu'ils ne voudraient plus jamais me revoir. Mais peut être qu'avec un peu de chance ils reviendraient dans ma vie et que je pourrais les présenter à Letty.