Si Nate s’écoutait, il aurait pu sauter au cou de Matt et le dévorer de baisers sur le champ. Tant pis pour les spectateurs. Mais ça aurait été cavalier. Trop. Et pour maitriser ses pensées qui s’enflammaient, il avait du se mordre légèrement la lèvre. Se redressant, Matt récupéra sa main. Nate aurait bien fait durer ce moment un peu plus longtemps encore mais il était déjà comblé par les pas vers l’avant que Matt faisait vers lui et devait de ce fait faire attention à ne pas en réclamer trop. C’était si bien parti. Ce serait dommage de tout gâcher. Nate s’était montré patient et comptait bien le rester. Il s’était contenté d’un sourire dont il avait le secret sans faire plus de commentaire sur ce qui se passait entre eux. « Oh ! T’exagères franchement ! » que Nate protesta inutilement quand Matt l’invita de force pour son anniversaire. Un peu plus et il avait presque l’impression de profiter de lui. Il lui revaudra ça, qu’il s’était promis mentalement. « Merci. » qu’il finit par dire, légèrement gêné par sa générosité. C’était impossible de lui tenir tête. Il était au moins aussi têtu qu’il ne l’était lui-même. Dans un silence assez habituel entre eux, ils étaient revenus dans la voiture de Nate et ce dernier prit la route de l’appartement de Matt. Il était un peu rêveur après cette soirée, il n’avait pas envie de redescendre de son beau nuage tout de suite. La soirée touchait pourtant à sa fin et son cœur s’était serré en arrivant devant l’immeuble de Matt qui lui manquait déjà terriblement. Matt le remerciait ? Nate eut l’air légèrement surpris mais c’était agréable. A vrai dire, il avait plutôt eu l’impression que c’était à lui de le remercier et alors qu’il ouvrait la bouche pour le faire, Matt le fit taire d’un baiser. Et quel baiser ! Il y avait répondu avec envie et passion. Quand Matt s’était écarté, il aurait pu en redemander encore et encore. « Merci à toi… À demain. » qu’il souffla en se contrôlant pour ne pas le rattraper. Ou le suivre. Mon Dieu ce qu’il en avait envie. A la place, il se contenta de le regarder s’éloigner en priant pour que le temps passe très vite jusqu’à la prochaine fois. « Je t’ai dans la peau. » qu’il murmura pour lui-même alors que Matt s’engouffrait dans son immeuble. Il démarra ensuite, fébrile.

 

"T'es suicidaire!! Ou non plutôt masochiste. T'aimes te faire souffrir. Une fois ça t'as pas suffit et tu replonges dedans."

Je soupirais, sirotant mon café. Nous étions en pause. Ou plutôt on prenait une pause pendant que le réalisateur regardait les rushs avec le premier assistant. Je les voyais qui s'énervaient. Ou plutôt le réalisateur qui s'énervait sur le pauvre assistant. Il ne savait pas ce qu'il voulait. Il savait ce qu'il ne voulait pas, ça on l'avait bien compris. C'était tout ce qu'on faisait qu'il n'aimait pas. Mais par contre il n'arrivait toujours pas à nous expliquer clairement ce qu'il voulait. Le savait il lui même? Ca c'était un mystère.

En attendant nous profitions d'une pause, et Dan en profitait pour m'engueuler lui aussi.

- Il a changé. Ce n'est plus le même. Il est plus épanoui que quand il était avec sa femme. Il est entrain de se reconstruire. Et il est prêt à avoir une relation sérieuse. A assumer. On... on s'est tenu la main au resto tu sais...

J'avais l'impression d'être une jeune vierge effarouchée en disant ça, qui s'enthousiasmait parce que le mec de ses rêves lui avait tenu la main.

- Je sais que tu n'approuves pas et que tu as peur pour moi. Mais je suis certain que cette fois ça sera différent. Ca va marcher.

"Comme tu veux. Mais ne viens pas pleurer chez moi quand il t'aura encore brisé le coeur."

- J'irais chez Pamela. Elle a toujours un stock de crème glacé prête pour ce genre d'occasion. Ca lui arrive un peu trop souvent.

"T'as su pour son dernier mec?"

L'ambiance s'était détendue et nous avions fini par commérer sur les déboires amoureux de notre collègue maquilleuse. Je savais qu'il lui faudrait du temps pour accepter mon couple avec Nate. C'était difficile pour Dan mais je savais qu'il y arriverait. Il le ferait, parce qu'il n'avait pas envie de me perdre quoi qu'il en disait.

Le tournage finit par arriver à son terme, avec un petit sourire du réalisateur qui avait fini par avoir deux prises qui le satisfaisaient. Un miracle! Il était seize heures passés. Je n'avais pas fait de vrai repas mis à part les donuts et les cafés que j'avais pris pendant les pauses. Mais j'avais hâte de pouvoir retrouver Nate.

Je frappais doucement à la porte de son café avant de passer la tête à l'intérieur.

- Les renforts sont là! Comment tu t'en sors?

Nate avait encore les lèvres qui le brulaient et le coeur qui battait la chamade alors qu’il était rentré chez lui. Il ne redescendait pas. Il touchait du bout des doigts le rêve ultime et tout ça le jour de son anniversaire après de (trop) nombreuses épreuves… Comment cela pouvait-il en être autrement ? Son appartement lui paraissait bien vide tout à coup. Il avait peut-être fêté ses trente-trois ans aujourd’hui mais il avait plutôt l’impression d’en avoir dix. Un vrai gosse qui se touchait encore les lèvres pour être sur de ne pas avoir halluciné les baisers de Matt. La sonnerie de son téléphone l’avait sortit de ses rêveries. Qui l’appelait si tard ? Nate eut l’espoir un brin naïf que ce soit Matt pour lui dire qu’il voulait poursuivre la soirée. Mais ce n’était pas lui. Nate n’eut aucun mal à reconnaitre la voix de sa mère au bout du téléphone qui entonnait, la voix un peu fatiguée, joyeux anniversaire. En voilà une autre qui avait encore l’impression que Nate avait dix ans ce qui ne manqua pas de le faire doucement rire. « Qu’est-ce que tu fais debout si tard ? » Nate jeta un oeil à l’horloge de son salon qui lui indiqua que sa mère dormait déjà depuis deux bonnes heures en temps normal. « Mais enfin ! Je voulais avoir mon fils au téléphone pour son anniversaire ! » que la veille dame s’exclama, comme si c’était du pur bon sens. « J’ai essayé de t’appeler toute la journée. Et toute la soirée… » Nate avait rit plus franchement cette fois. Sa mère, toujours dans la demi-mesure. Même si elle n’était pas parfaite, elle lui manquait. A sa façon. « Désolé. J’étais occupé. Tu sais, tu aurais pu m’envoyer une carte… » qu’il tenta de la tempérer une première fois. « Quoi tu n’as pas reçu ma carte ?! » Evidemment, elle avait aussi pensé à la carte. Nate leva les yeux au ciel dans un sourire. « J’ai pas consulté ma boite aux lettres aujourd’hui. Demain à la première heure… Promis. » Le trentenaire s’installa dans le fauteuil à côté du téléphone, un sourire béat encore sur les lèvres. Il ne pensait qu’à Matt et, comme si ça se devinait même à l’autre bout du fil, sa mère demanda : « Tu t’es bien amusé ? » Nate s’était mis à jouer avec le cordon du téléphone. « Plus que ça. » qu’il souffla en fermant les yeux pour se remémorer sa soirée d’anniversaire. « Mon fils va bien ? » Nate rouvrit les yeux, un sourire amusé aux lèvres cette fois. « Il va très bien. Et toi maman, comment tu vas ? » La femme à l’autre bout du téléphone marqua une pause avant de dire : « Mieux. » La dernière fois qu’il lui avait parlé de vive voix, c’était quand il était repassé par le Texas pour lui faire ses aveux. C’était étrange de discuter avec elle mais ça paraissait beaucoup moins toxique que ça l’était avant. Est-ce qu’elle avait accepté pour autant ? Nate ne s’avancerait pas jusque-là. Il n’en savait rien et il n’avait pas prévu de le lui demander. « Va te coucher maman… On s’écrit si tu veux. » Et pourquoi pas ? C’était une habitude avant qu’ils avaient perdu. S’il n’était pas prêt à recommencer à lui écrire tous les jours, il pouvait bien le faire une fois par mois ? « C’est une bonne idée… Nate ? » Il s’était redressé, prêt à la congédier et aller se coucher. « Oui ? » Sa mère s’était éclaircit la gorge avant d’articuler distinctement : « Bon anniversaire, mon fils. Je t’aime. » Pourquoi est-ce qu’il fallait que ça le touche autant ? L’amour d’une mère, peut-être, quel enfant ne court pas après ? « Moi aussi, je t’aime maman… Bonne nuit. » Et il raccrocha.

Le coeur léger, il avait rattaqué le chantier le lendemain. Toutes ses pensées avaient été parasitées par Matt. Quand est-ce qu’il allait venir ? Est-ce qu’il allait seulement venir ? Il avait malgré tout réussi à avancer. A vrai dire, il avait avant tout nettoyé les dégâts qu’il avait causé la veille. Les heures lui avaient parues longues et pas seulement parce qu’il galérait. Matt lui manquait, purement et simplement. Lorsqu’il franchit enfin la porte du café, Nate dut se faire violence pour ne pas lui tomber dans les bras. « Je crois que j’avais besoin d’une pause. » qu’il affirma en se rendant compte qu’il ne s’était pas arrêté de la journée. Il soupira avant de se rapprocher timidement pour déposer un baiser sur la joue de Matt. « Et toi, ça s’est bien passé ? » qu’il demanda en s’écartant de nouveau.

- Je venais pour me mettre au travail. Mais d'accord pour la pause.

Je souris en le sentant venir déposer un baiser sur ma joue. Je fis quelques pas dans le café, essayant d'évaluer comment il avait avancé.

- Ca a été. C'était long. Terriblement long même. Mais au final il est ENFIN content de la scène. Je peux être enfin en vacances et m'occuper des travaux avec toi.

Au moins maintenant, je pouvais mettre ce tournage derrière moi. Je devrais juste me rendre à la première dans quelques mois. Peut être qu'à ce moment là je pourrais y aller avec Nate. Je me disais que les choses pourraient avoir assez avancé entre nous d'ici là. On serait peut être réellement ensemble. On ne vivrait peut être pas ensemble mais on serait peut être un couple et... peut être qu'on pourrait aller faire ce genre de choses ensemble.

Mais c'était loin et pour le moment nous avions un café à mettre en état pour son ouverture.

- Et toi la journée s'est bien passé? Tu as pu avancer? Tu en es où? Je peux faire quoi pour t'aider?

Je parlais tout en retirant ma veste, me préparant à me mettre au travail. Il était déjà tard. Je voulais l'aider au moins un peu ce soir avant qu'on ne soit obligé de s'arrêter.

- On pourrait diner ensemble ce soir. Prendre quelque chose à emporter et à aller manger chez toi ou chez moi.

Peu importe ce qu'il voulait tant qu'on pouvait passer la soirée ensemble. Je n'étais pas prêt à aller plus loin avec lui pour le moment. Mais je voulais l'embrasser. Je n'arrêtais pas d'y penser depuis la veille. J'y pensais encore plus depuis que j'avais mis le pied dans son café et que je l'avais revu. Je voulais le serrer dans mes bras et l'embrasser sans jamais m'arrêter.

Ça faisait tellement de bien de le voir ici. L’espace d’un instant, Nate avait douté. Il aurait pu se raviser, se dire que ce n’était pas une bonne idée… Nate n’avait aucun de mal à imaginer Dan lui dire de l’oublier sur-le-champ. Mais il était là, lui prouvant une nouvelle fois à quel point il avait pu compter sur lui. Il avait toujours pu compter sur lui. Sauf que maintenant qu’il est là, Nate a nettement moins envie de travailler. Il faut dire aussi pour sa défense qu’il ne s’était pas arrêté depuis ce matin. « J’ai pas arrêté… Mais je t’en prie, va travailler. Je me ferai un plaisir de te regarder à l’œuvre… » qu’il plaisanta, à moitié sérieux quand même. Il aurait du mal à le voir galérer seul. Ceci dit, il n’aurait aucun mal à admirer le spectacle. Il avait toujours aimé l’observer dans les tâches où il était le plus concentré. « Hâte de voir ça. » qu’il avait sourit, tellement charmé par sa première expérience. Alors, à vrai dire, le moment avait été horrible. MAIS il avait vraiment aimé le voir à l’écran. C’était assez impressionnant. Cette fois en plus, il devrait pouvoir être un peu plus détendu. Les choses se sont arrangées. « Ca va. J’ai nettoyé les dégâts de la fuite et arraché la moquette. Il faudra prévoir un passage à la déchèterie et je t’attendais pour savoir par quel bout on commence avec la plomberie… » Nate attrapa une bouteille d’eau dont il s’abreuva. Est-ce qu’il avait oublié de boire jusque-là ? Oui. « Et j’ai reçu une carte d’anniversaire de ma mère qui me demande… de te passer le bonjour. » Il l’avait découverte ce matin en ouvrant la boite aux lettres et la demande de sa chère mère n’avait pas manqué de le faire sourire. C’était pas si mal. Pas parfait, c’est vrai, mais vraiment pas si mal que ça. « Chez moi. Je fais à manger. » Un large sourire étira ses lèvres. Il ne se ferait pas avoir. Cette fois, il était hors de question que Matt l’invite. Donc ils allaient passer leurs journées ensemble ? Mais leurs soirées aussi ? L’idée emballa le petit coeur déjà bien excité de Nate qui décida de se remettre au travail avant que l’envie de bosser ne lui passe totalement. « C’est parti ! » qu’il avait lancé, encourageant, en glissant une clé de serrage dans les mains de Matt.

Je le regardais un peu surpris alors qu'il me disait que sa mère m'envoyait le bonjour. Elle ne m'avait vu qu'une fois, des années auparavant. Je doutais qu'elle puisse se souvenir de moi. A moins qu'il ne lui ait parlé de moi, qu'il ne lui ait dit...

- Pourquoi est ce qu'elle me passe le bonjour?

Si elle savait, si il lui avait dit, elle devrait même me détester pour avoir éloigné son fils de sa petite vie parfaite avec sa femme. Mais sorti de ça, j'étais heureux de voir qu'il était toujours en contact avec sa mère. Peut être qu'elle finirait par l'accepter avec les années. Je doutais de pouvoir devenir vraiment ami avec elle, mais si au moins elle pouvait garder contact avec son fils ce serait une bonne chose.

Je hochais doucement la tête alors qu'il me proposait de cuisiner.

- Bien sur, ta cuisine m'a manqué.

Je lui souris alors que je prenais la pince et allais m'installer pour m'occuper de sa plomberie. Pendant l'heure suivante il ne fut plus question entre nous que de discussion à propos des outils et de la meilleure façon de réparer cette plomberie fatiguée. Je fis de mon mieux pour faire quelque chose de bien qui tiendrait dans le temps. Je n'avais pas envie que dans quelques mois ça pète à nouveau et qu'il se retrouve une fois de plus dans la merde avec son café inondé.

Je finis par sortir de ma cachette pour lui demander d'allumer l'eau. Je souris légèrement, soulagé de voir qu'on avait réussi à réparer la catastrophe. Il ne resterait plus qu'à jeter la vieille moquette et à installer un nouveau sol. Beaucoup de boulot en plus et de dépenses supplémentaires pour lui.

- Bon... ça c'est fait. Je pense qu'on peut s'arrêter pour aujourd'hui et aller diner. On reprendra demain.

Je me levais pour aller essuyer mes mains et reprendre ma veste.

- Tu as prévu de mettre quoi comme sol à la place de la moquette?

Ce n'était peut être pas plus mal dans le fond qu'elle ait été fiche. Elle commençait à dater. Un truc plus neuf, plus moderne, donnerait sûrement un meilleur effet à l'endroit.

Pourquoi est-ce qu’elle lui passe le bonjour ? Nate s’arrêta un instant pour regarder Matt, interloqué. Alors il ne lui avait pas dit… qu’il lui avait dit. Ça lui avait totalement échappé. Il se gratta un peu nerveusement le sourcil avant de dire : « Eh bien elle te passe le bonjour parce que… parce que je lui ai tout dit. Je lui ai dit que je t’aimais depuis le ranch où elle était venue nous voir. Elle a pas sauté au plafond mais j’imagine que ça fait doucement son chemin… puisque qu’elle te passe le bonjour. » Il haussa les épaules en feignant une certaine désinvolture. Il ne l’était évidemment pas mais le sujet le gênait assez pour qu’il n’ait pas envie de s’attarder dessus. Sa mère, c’était et ce serait toujours un sujet sensible. « Juste la cuisine ? » qu’il le railla en rigolant doucement. Ils avaient pris ensuite chacun le chemin de leurs tâches respectives. Nate n’avait pas eu le coeur au travail d’entrée de jeu mais la simple présence de Matt l’aidait à trouver tout moins pénible. Le reste de la journée était finalement passé vite. Matt avait réussi à rattraper la plomberie et Nate ne pouvait pas lui être plus reconnaissant parce qu’il aurait clairement eu du mal à le faire seul. Quant à embaucher quelqu’un pour le faire… C’était hors de question. C’était clairement hors budget. Il aurait tout fait tout seul mais il aurait certainement mis deux fois plus de temps. Voire trois. « Ça me parait être une bonne idée, oui. J’ai pas mangé depuis hier soir, je suis à deux doigts de la syncope. Merci encore. » qu’il le remercia chaleureusement alors qu’il remettait sa veste. « Du parquet. Massif ou stratifié je sais pas encore, faut que je calcule le budget… » C’était tellement de travail, il le découvrait au fur à mesure. Il n’avait pourtant pas sous-estimé la tâche mais il y avait deux-trois trucs qu’il n’avait pas vu venir. « Tu as besoin de passer par chez toi ou on va directement chez moi ? » qu’il demanda alors qu’ils sortaient tous les deux du café que Nate fermait à clés. Il restait devant la devanture, attendant la réponse de Matt. Il n’avait encore jamais invité chez lui… dans son nouveau chez lui en tout cas, celui qui ne présentait aucune trace d’une quelconque présence féminine.

D'accord... sa mère savait qu'il y avait quelque chose entre eux. Et que son fils comptait me rejoindre maintenant que sa femme l'avait foutu à la porte. Je doutais qu'elle m'apprécie un jour. Dans son esprit, je devais certainement être le sale type qui avait perverti son fils si parfait. Elle m'envoyait le bonjour d'accord, mais je doutais qu'on puisse vraiment s'apprécier un jour tous les deux.

La plomberie était réparée et devrait tenir. On devrait pouvoir tenir un moment comme ça. Dés le lendemain on pourrait avancer sur tout ce qu'il restait encore à réparer. Une fois tout ça fait on pourrait enfin passer à l'aménagement du lieu, pour faire un endroit chaleureux qui lui ressemblerait. On avait encore beaucoup de boulot mais on devrait pouvoir s'en sortir à deux. J'espérais juste qu'on arrive à tout terminer avant que mes tournages ne reprennent. Je ne voulais pas le laisser se démerder seul avec le chantier qui l'attendait.

Je hochais doucement la tête alors qu'il me parlait du sol qu'il voulait mettre.

- C'est sur que le massif est plus beau. Mais c'est aussi plus cher et moins facile à entretenir.

Je haussais distraitement les épaules. Le choix lui appartenait de toute façon. J'étais là pour l'aider, le soutenir, pas pour décider à sa place. C'était son entreprise, c'était normal que ce soit lui qui prenne les décisions importantes.

- Je te suis chez toi c'est bon. Je n'ai besoin de rien. Et j'ai hâte de découvrir ton appartement.

Je lui souris doucement avant de quitter le café pour aller rejoindre sa voiture. C'était la première fois que j'irais chez lui. Ici à Los Angeles mais même en général. La seule fois où j'avais mis les pieds dans sa maison, c'était à la naissance de sa fille. Ca n'avait pas été la même chose. J'étais entré chez eux, à lui et à sa femme. Là ce serait son appartement, rien qu'à lui, sans la présence gênante d'une épouse.

Matt n’avait pas commenté les révélations de Nate concernant sa mère. Tant mieux. Sa mère étant une des raisons, voire la raison principale, de toutes ces années vécues dans le déni de qui il était vraiment, Nate se doutait que le sujet n’était pas heureux. Quoi qu’il pourrait comprendre. Pour d’autres raisons, il ne l’aurait jamais dit à son père non plus. Ce dernier était d’ailleurs mort sans savoir et il n’y aurait de toute évidence eu aucun moyen pour que ça se passe bien s’il savait. Nate, lui, pouvait espérer qu’un jour elle avale la pilule. Si sa mère l’aimait vraiment comme elle le lui disait… Elle y arriverait. Il en était intimement convaincu. « Clairement. J’aime un beau plancher qui grince mais… On verra bien. » Nate haussa les épaules. Ils n’en étaient pas encore là dans les travaux. Il espérait tout de même que ça vienne vite. Plus ils mettaient du temps à mettre le local en place, plus il perdait de l’argent. Et de l’argent, il n’en avait pas de manière illimité même s’il avait été intelligent dans la gestion de son porte-monnaie ces dernières années. « Hâte ? Tu risques d’être déçu… » que Nate avait sourit, légèrement nerveux à l’idée de lui montrer son chez lui tout à coup. Est-ce que ça allait lui plaire ? Il n’avait pas vraiment pris le temps d’en faire un endroit très décoré ou accueillant, il était allé à l’essentiel. Ce n’était pas un appartement très grand non plus mais à lui tout seul, il n’avait pas vraiment besoin de plus. Sans compter que les loyers dans le secteur étaient exorbitants. Une fois qu’ils furent tous les deux installés dans la voiture de Nate, ce dernier démarra en direction de son appartement. Dans l’ascenseur qui le menait à son étage, Nate eut du mal à ne pas s’imaginer retrouver les lèvres de Matt. Cette proximité, son odeur, les souvenirs de la veille… Ça avait été terriblement tentant mais il était resté sage comme une image, les mains dans les poches. « Et voilà ! » qu’il avait déclaré en déverrouillant la porte de chez lui. C’était propre. Très propre. Nate s’était découvert une petite tendance à la maniaquerie. A moins que ça ne soit héréditaire, sa propre mère étant très ordonnée et propre. « Je t’en prie, entre. » qu’il l’invita gentiment en retirant ses chaussures et sa veste pour les ranger soigneusement. Il prit ensuite le chemin du frigo dans lequel il étudia ce qu’il pouvait faire à manger. « Je te proposerais bien quelque chose à boire mais… A part de l’eau… » Il haussa les épaules, un peu gêné. S’il avait su il aurait pu faire l’effort.

J'entrais derrière lui dans le petit appartement, détaillant les lieux. La montée en ascenseur avait été une vraie torture. Je ne savais pas ce que je devais faire, si je devais me laisser aller à l'embrasser ou non. L'envie avait été bien présente. La proximité du lieu, son odeur qui me semblait envahir toute la cabine. J'étais pourtant resté sans bouger, restant sage. Je l'avais gentiment suivi dans l'appartement, me promettant d'attendre pour l'embrasser.

J'avais le tour de la pièce à vivre pendant qu'il fouillait dans son frigo.

- De l'eau c'est parfait ne t'en fais pas.

Je finis par le rejoindre dans la cuisine, le remerciant pour le verre d'eau. Je m'adossais dans un coin, le regardant préparer à diner. J'avais toujours adoré le regarder faire. Il avait un côté terriblement sexy quand il était occupé à préparer le diner. Ca m'avait manqué. Etre avec lui dans une cuisine, le regarder préparer le repas tout en discutant de tout et de rien.

- C'est très mignon ici. J'aime bien l'endroit.

Ce n'était peut être pas hyper grand mais pour une personne seule c'était amplement suffisant. Mon appartement n'était que légèrement plus grand. Vu les prix des loyers en ville, c'était certainement le mieux qu'il pouvait se payer. Et c'était déjà vraiment bien. On tombait souvent sur des escrocs qui nous louaient des trucs absolument dégueulasse pour un prix exorbitant. Ca m'était arrivé lorsque j'avais débarqué en ville. J'étais tombé sur un mec sans scrupule qui m'avait loué un appartement qui tombait presque en morceaux. J'étais dans l'urgence à l'époque. Je n'avais pas eu le choix. mais je n'étais pas resté très longtemps dans ce taudis.

- Alors... qu'est ce que tu nous prépares de bon?

Je lui souris doucement, impatient à l'idée de pouvoir goûter ses délicieux plats à nouveau.