Crédits : "Have you seen the Yellow Sign ?" Chambers
Univers fétiche : Fantastique, SF
Préférence de jeu : Homme
Houmous
Mer 23 Aoû 2023 - 20:26
Kane Ipsimmus
J'ai 11 ans et je vis à Templegrove, dans le monde de métal. Dans la vie, je suis apprenti du gardien et quelle bénédiction. Sinon, par malchance, je suis jumeau et j’exècre mon reflet
Kane marcha sur les traces de son frère dans leur tour. Il tournait et virait tant bien que mal dans de vastes couloirs aux étranges œuvres d’art ornementales. Tout se ressemblait et rien n’était similaire à la fois. Et puis, il retourna sur ses pas et finit par trouver la grande salle vide avec une table au milieu. Il tourna le regard autour pour essayer de comprendre d’où pouvait bien provenir le pain qu’il avait dans les mains et celui dont Abel était en train de se goinfrer pour croiser le regard l’arrivée d’une grosse bonne femme avec un tablier de cuisine qui venait d’un couloir. Elle releva la tête et le fixa de ses yeux vitreux avant de faire un grand sourire en le saluant de la main.
- J’étais partie vous chercher mais apparemment, vous avez trouvé tous seuls la salle à manger ! s’amusa-t-elle en approchant d’eux avant de les prendre dans ses bras pour les serrer contre elle, avec familiarité. Je suis votre gouvernante, Winona ! Si vous avez faim, n’hésitez pas à revenir que je vous fasse un petit quelque chose à grignoter. C’est que ça creuse d’être des petites graines de gardien, hein ?
Kane la regarda sans trop comprendre avant de jeter un coup d’œil à son frère. Il avait la bouche trop pleine pour parler, sinon il l’aurait certainement assaillie d’une des avalanches de questions dont il avait le secret. Abel s’en amusa et rompit un peu le pain pour le goûter. Il était délicieux et pas étouffant. Contrairement à Abel, Kane avait plutôt tendance à peiner au petit déjeuner alors il était content de découvrir la légèreté de la miche.
- Roh, voyons les garçons ! Installez-vous à table, vous allez mettre des miettes partout, soupira-t-elle en les poussant gentiment sur des chaises qui apparaissaient derrière eux.
Il eut à peine le temps de se retourner pour regarder les chaises que la fameuse Winona avait fait apparaitre des victuailles sur la table. C’était une marée de confitures, de jus et de laitages qui les y attendaient. Kane n’aurait jamais cru que les yeux d’un humain puissent sortir de leurs orbites d’excitation. Pourtant, dès qu’il vit Abel, des doutes se mirent à poindre dans son esprit. Il rit un peu et se servit de certaines des choses qu’il connaissait dans le tas : du jus de raisin en briquette et un yaourt simple au sucre.
Le petit déjeuner achevé, Winona les prit par la main pour les mener dans un couloir avec plusieurs portes de verre fumé de chaque côté. Il semblait que c’était des douches ou des salles de bain… En tous cas, c’était des endroits où ils pouvaient se laver. Elle tourna les talons pour disparaitre dans le dédale des couloirs de la tour lorsqu’ils furent entrés dans une petite salle de bain chacun. L’intérieur était boisé et suffisamment chaud pour inviter à se dévêtir sans crainte. Mais ce qui surprit le plus Kane, c’était l’espèce de chute d’eau qui semblait sortir de nulle part qui s’abattait face à lui. Apparemment, il était question de méditer sous l’eau battante.
- Ne trainez pas trop, les garçons ! Le maitre vous attend pour votre leçon du matin, leur cria-t-elle de l’entrée avant de les laisser à leurs ablutions.
Plus les choses avançaient, plus Kane était partagé. A la fois, il avait l’impression qu’il avait touché le gros lot en ayant droit à une vie de prince, et à la fois, il se demanda où se cachait l’arnaque. Tout était trop parfait pour qu’il n’y ait pas un contrecoup ou une pénalité en retour. Il l’avait appris de son père chez les Ipsimmus : « Rien n’est jamais gratuit, même les meilleures offres ont un coût caché ». Il soupira en se dénudant dans le box et se demanda si le gardien était capable de les écouter où qu’ils soient. Il décida de croire que oui et qu’il ne pouvait pas dire ses inquiétudes sans prendre le risque d’une répression quelconque par la suite. Un robinet exactement identique à celui qu’il connaissait dans son monde lui d’ajuster la température et le débit de la cascade. Il se plongea dans l’eau fumante de l’espèce de source chaude face à la cascade et commença à parler à son frère.
- Tu as une idée de ce qu’on va apprendre aujourd’hui ? demanda-t-il tout d’abord. Tu crois qu’on commence par apprendre à créer un rocher pour voir et qu’on passe à la suite tout doucement pour pouvoir fabriquer tout ce qu’on veut du néant ? Je veux dire, Winona a créé des trucs dans la salle à manger pour faire notre repas alors on doit bien pouvoir en faire autant si on est censé devenir des gardiens par la suite, non ?
Il commença à se savonner avec application. Dans son monde, il était essentiel de se nettoyer parfaitement pour vivre longtemps. L’air était tellement vicié que le simple fait de ne pas se laver correctement constituait un risque d’empoisonnement lent par la peau. Il récura encore et encore avec un gant rêche à s’en faire rougir la peau. Devait-il faire confiance au gardien ? C’était déjà bien trop tard pour s’attarder sur la question mais était-il bien avisé de le suivre sans le moindre doute ? Il soupira un peu en se rendant compte que quoi qu’il prenne comme position sur cette question, ça n’allait rien changer. Il était déjà bien loin de chez lui. Bien trop loin pour rentrer en un claquement de doigts en tous cas. Il fallait maintenant s’accrocher et voir ce qui pouvait bien les attendre. Il boucha son nez avant de s’immerger complètement pour achever son rinçage. L’eau était parfaitement adaptée, ni trop chaude, ni trop froide, et pas trop calcaire comme il en avait l’habitude. Absolument parfaite.
Messages : 2707
Date d'inscription : 29/12/2020
Crédits : La grinch de mon coeur !
Univers fétiche : Fantastique
Préférence de jeu : Les deux
Clionestra
Sam 2 Sep 2023 - 19:23
Abel River
J'ai 11 ans et je vis à Castleroy. Dans un monde médiéval. Dans la vie, je suis apprenti du gardien apparemment j'ai pas trop eu le choix. Et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis jumeau et ça c'est troooooop cool.
Manger. Parler ensuite. Une chose à la fois. Manger. Pas poser de questions. Les questions pour un autre jour. Jamais. Tant qu’il peut s’empiffrer, en vrai … Il aime bien bouffer. Il n’était pas dans une maison trop riche, alors il ne s’empiffrait pas … mais là, c’était là … alors bon. Il ne se pose pas trop de questions. Très enclin à croire tout cela possible sans vouloir chercher en profondeur les choses. Il était comme ça, Abel. Il prenait les choses comme elles viennent. Comme quand il était coincé dans la crevasse. Il attend et il avise sans se prendre la tête. La nourriture, le lit, la magie, le monde, tout ça était pour lui quelque chose de simple à accepter. Il actait les choses et passait à la suite. Bien sûr, il n’avait jamais eu à apprendre réellement les choses.
Il n’était pas érudit. Il avait appris à lire et à écrire, à compter et à connaître la chronologie des rois, mais au-delà de ça ? Il ne sait pas. Il ne veut pas savoir. Lui, il ne veut pas savoir mathématiquement comment un pont peut tenir, il veut essayer d’en faire un, traverser le pont, et si ça s’écroule, recommencer. Encore et encore. Et encore. De préférence, trois fois encore.
Après le repas, qu’il n’avait pas hésité à prendre une seule petite seconde, ils étaient partis à la douche. Et là ? Rebelote. Zéro prudence le petit loup, il se déshabille et se met à se laver dans une eau chauffé, il imagine par magie, et se mousse avec de la lavande qui emplisse son nez. Il écoute son frère, se surprend à ne pas y avoir pensé une seconde. Et il hausse les épaules.
- Ma mère me dit souvent qu’on doit apprendre à faire la pate avant de pouvoir faire le pain. On ne va peut-être rien apprendre du tout. Peut-être qu’il va nous laisser apprendre par la force des choses. Comme un enfant qui apprends en imitant les adultes pour marcher sur ses deux jambes.
Bon. Lui, il était typiquement le genre d’enfant qui avait appris à courir avant de savoir marcher. Il rampait et courrait, ce qui lui avait valu de bonnes gamelles. Il réfléchit. Bon… Pour quelque chose d’aussi énorme et incroyable … il aura besoin d’aide le petit Abel. Il l’avait déjà dit, et prouvé, il n’était pas la meurtrière la plus étroite de la tour. Il pourrait se faire tuer sans aucune raison, parce qu’il était inconscient, et stupidement curieux. Il avait le genre de curiosité qui oblige à mettre la main dans le feu pour voir si ça brûle vraiment. Depuis toujours. Il se demande si c’était quelque chose qui vient d’ici. Est-ce qu’il avait été « choisi » parce qu’il était comme ça, ou était-il comme ça parce qu’il était un des « élus » ?
Voilà pourquoi il ne réfléchit pas la plupart du temps. Il se fait mal à la tête à réfléchir sur des questions dont il ne peut rien. Qu’importe qui de la poule ou de l’œuf avait été fait en premier. La réponse ne changera pas le fait la poule pond un œuf, et que l’œuf donne une poule (s’il est féminin mais il n’était pas temps de s’enfoncer plus dans la réflexion).
Une fois lavé, et purgé des pensées parasites, ils s’habillent. Les mêmes habits propres. Des tuniques marron, très austères… C’était … triste. Abel jeta un regard vers son jumeau. Il avait la classe. Une classe qui se reflétait dans ses prunelles. Même si la ressemblance était indéniable … Il y avait quelque chose de plus chez son frère. De la tenue. Du maintien. Quelques contrôles qui échappent totalement à Abel.
Ils arrivent dans une salle vide. Une salle vide où méditait le vieux sage. Il était en tailleur, deux sphères de monde à côté de lui, il les regardait, les yeux dans le vague. Il ne semblait pas les avoir attendus avant que les sphères ne disparaissent dans un « Bouf » de bulle de savon et qu’il se retourne pour poser les deux pieds à Terre.
- Selon vous, qu’est-ce qui est le plus important, le corps ou l’esprit ?
Abel n’en savait rien. Il jeta un regard vers son jumeau avant qu’un claquement de doigt se fasse devant son visage. Les mains osseuses du gardien avaient claqué mais Abel entendait le glas des enterrements dans ce claquement. Il se recula d’un pas.
- Le corps et l’esprit sont deux choses indissociables. Le corps protège votre âme des attaques physiques. L’esprit protège votre âme des attaques psychiques. La connaissance permet au deux de devenir plus fort.
Le gardien parti dans la pièce qui était maintenant vide. C’était comme si le sol et les murs n’étaient qu’un bloc uni. Il n’y avait plus de murs, plus que l’horizon bleu et clair qui s’étend à l’infini. Il n’y avait même plus la porte qui les avait fait venir.
- Alors, vous allez devoir travailler votre corps, votre esprit, vos connaissances et votre magie pour devenir des gardiens.
Abel pensa qu’un pouvoir aussi grand dans les mains de deux personnes, ou d’une pour le gardien seul, c’était … flippant. Il fit un autre pas en arrière. Il n’avait pas envie d’avoir le pouvoir des mondes, d’être impossible à battre. Il ne voulait pas. Il sentait son cœur battre la chamade. La peur remontait le long de ses jambes en frisson d’effroi. Non. Non. Et non. Triple non. Il tremblait alors qu’il sentait ses veines pulsaient son sang dans ses membres. Le gardien revient vers lui et claque à nouveau ses doigts devant son nez alors que ses jambes cédèrent sous lui.
- L’esprit, pour éviter que je ne contrôle à nouveau ta peur. Le corps, pour que tu ne tombes plus jamais à genoux.
Abel avait l’impression d’être écartelé. Il avait l’impression qu’on venait de lui ouvrir les muscles alors qu’il reprenait doucement sa respiration et que son cœur pulsait plus lentement. Il se releva et regarda son frère, inquiet que le gardien avait pu lui faire vivre ce genre de chose, à lui aussi.
HRP – Je te laisse libre de dire qu’il a fait pareil, ou un autre sentiment ou rien du tout ;)
Crédits : "Have you seen the Yellow Sign ?" Chambers
Univers fétiche : Fantastique, SF
Préférence de jeu : Homme
Houmous
Lun 11 Sep 2023 - 22:13
[/size][size=12] Kane Ipsimmus
J'ai 11 ans et je vis à Templegrove, dans le monde de métal. Dans la vie, je suis apprenti du gardien et quelle bénédiction. Sinon, par malchance, je suis jumeau et j’exècre mon reflet
Une étendue blanche à perte de vue, un pseudo-monde. Pourtant, tout y était : la lumière d’un soleil invisible, un ciel bleu uni par l’absence de nuages, une roche blanche à perte de vue et pas âme qui vive à part les leurs. Tout était là pour que Kane appelle ça un monde mais pour lui, l’absence de vie, de sentiments et de mouvements, faisait de cette étendue aride et morte un pseudo-monde. Il regarda un peu son frère reculer devant l’attitude inquisitrice du gardien. Il ne comprenait pas la peur d’Abel mais ressentit très nettement son propre embourbement dans ce qui lui parût être du sable, comme écrasé par son propre poids. Si seulement il était plus fort, il aurait été capable de ressortir de lui-même mais, malheureusement, ce n’était pas possible. La pression était si lourde que l’air refusait de sortir même de ses poumons pour exploser en un cri de détresse à l’extérieur de son corps. Il n’avait pas peur à proprement parler mais plutôt, il se rendit bien compte qu’il n’était pas capable de s’en sortir seul. Oui, c’était plutôt un emballement qu’il ressentait.
Son visage s’approchait de la terre blanche sans qu’il ne lui soit encore possible de se défendre d’une manière ou d’une autre. Il voyait la fin arriver et une panique sans nom s’emparer de son cœur. Il échangea un dernier regard avec son frère, celui d’un condamné qui voit l’échéance approcher si vite mais qui veut perdurer même un instant dans le regard de quelqu’un. Son œil gauche s’enfouit et une main se profila devant son œil droit, encore miraculeusement à l’air libre. Les doigts noueux se mouvèrent pour réaliser un claquement et aussitôt, il fut vomi de cette terre aride et avide. Traumatisé, il toussota et inspira à pleins poumons. La sensation d’asphyxie était tout ce qu’il y a de plus réel à ses yeux alors, forcément, il lui fallut plus de temps qu’Abel pour se remettre.
- Mes enfants, vous voyez maintenant que vous manquez d’entrainement, constata le gardien, sans appel aucun. Ici, vous avez l’éternité pour apprendre et gagner ce pouvoir. Je pourrai vous aider lorsque vous aurez franchi les premières marches sur le chemin que nous devons tous arpenter. J’ai confiance en vous.
Il acheva ses encouragements en se laissant à son tour engloutir par la matière polymorphe du pseudo-monde. Le silence régna alors à l’exception des sanglots étouffés de Kane qui finit par prendre son frère dans ses bras. La peur avait besoin de déborder, de s’exprimer et de se déverser quelque part, peu importe les apparences. La confiance ayant commencé à s’établir entre les jumeaux, c’est avec naturel que Kane prit son reflet pour y trouver le réconfort nécessaire. La terreur s’expurgea lentement et après de longs moments à s’inquiéter d’un nouvel enterrement, il finit par revenir à lui, une feuille blanche lavée de l’encre de ses craintes à nouveau. Presque trop vite d’ailleurs.
- Bon… On fait quoi alors ? demanda-t-il à voix haute à une conscience supérieure à eux deux. Comment avance-t-on vers ces fameux escaliers ? Je ne veux pas rester ici éternellement !
Il regarda Abel avant de comprendre son malaise et sa crainte. Il les partageait à vrai dire, pleinement d’ailleurs. Mais il n’arriverait pas à rester sans rien faire pour y remédier. Fallait-il marcher vers quelque chose, ou au moins l’espoir d’un autre chose ? Il ne le savait mais s’il avait l’éternité, il avait le désir de commencer par marcher. Quand il était encore dans son monde, c’était bien le fait de marcher en rond qui lui offrait la moindre once d’introversion et le moindre sentiment de liberté. Dans ce monde, lui parût-il, il aurait en plus le plaisir de ne pas marcher en rond mais bien d’avancer. Alors, il prit par la main d’Abel, parce que c’était là tout ce qu’il pouvait bien lui proposer en tant que grand frère qui veut son bonheur et son bien-être. Lui prendre la main et l’emmener avec lui sur cette étendue infinie avec l’espoir pour seule boussole.
Marcher jusqu’à plus sentir la faim, la soif et la fatigue. Marcher jusqu’à ne plus réaliser le mouvement de ses propres jambes. Marcher jusqu’à plus sentir la main d’Abel dans la sienne, peut-être sans plus entendre sa voix. Kane se réveilla en sursaut. Encore ce rêve ? Il fallait bien le croire… Malgré le jour infini dans lequel ils vivaient et l’absence de fatigue ou d’aucun besoin, Kane avait voulu continuer à dormir une fois de temps en temps, pour préserver les apparences. Pouvait-il accepter ne plus être un simple homme pour se prendre pour un dieu au simple prétexte qu’il vivrait éternellement dans l’étendue blanche et bleue ? Il considérait que non. S’il était réellement un dieu, il pourrait sortir d’ici de ses propres moyens. Il pourrait montrer quelque chose de plus intéressant à Abel que ce néant purgatorien.
- Ca va Abel, tu tiens le coup ? se risqua-t-il à demander à son jumeau. J’espère qu’on va atteindre le bord de ce monde ou quoi que ce soit d’intéressant. J’en ai vraiment marre de marcher au hasard sans même savoir où on est…
Dans toutes les directions, tout semblait identique. Ce monde l’était-il réellement ? Un peu à la manière d’un papier qui se déroule en permanence sous leurs pieds sans même qu’ils ne se rendent compte qu’ils faisaient du sur-place. Kane se mit à souhaiter de toutes ses forces un arbre à l’ombre duquel ils pourraient s’abriter et se reposer. Le soleil de plomb les écrasait comme un véritable four. Sans trop savoir dans quelle direction se rendre, il porta la main à son visage, à la manière d’un porte-vue, pour remarquer que l’arbre qu’il avait à l’esprit en le souhaitant assez ardemment était apparu au loin.
- Abel !! Regarde là-bas !! s’écria-t-il, fou de joie.