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La lune hurle aussi, mais le loup ne l'a jamais su • Ezvana [+18/!\]

Léolyne
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Léolyne
Sam 13 Mai - 14:06
Le contexte
Mise en situation
Méléän est un loup-garou isolé, reclus dans les basses villes ou dans des forêts profondes. Plus le temps passe, plus l'absence d'une meute ou d'une interaction lui fait du mal. Cela se passe dans un univers où toutes les créatures peuvent exister. Les humains connaissent leur existence et vivent avec, avec plus ou moins d'harmonie.

Will et Héléna Kwanita sont issus d'une famille particulière de chamans dotés de gênes lupins. Ils tentent de faire leur vie malgré l'ombre de leur Alpha qui plane sur eux, et cherche à diriger l'intégralité de leur vie. Si Will est haut placé dans la hiérarchie malgré ses réticences, Héléna est au contraire une paria qui a bafoué les règles de l'Alpha. Les deux cousins sont pourtant très proches et vont faire de leur mieux pour aider Méléän après que Will l'ait trouvé par hasard sur le territoire, et surtout faire en sorte de dissimuler son existence à l'Alpha.

Contexte provenant de nos p'tites têtes, mais voilà une jolie image pour illustrer le post parce que c'est jouli.La lune hurle aussi, mais le loup ne l'a jamais su • Ezvana [+18/!\]  Wolf-pack-on-rock-formation
Léolyne
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Léolyne
Sam 13 Mai - 23:25
Parfois, alors que le soleil s'éveillait lentement, illuminant la forêt qui s'étendait en contre-bas, il se demandait si tout cela servait à quelque chose.

Cela faisait maintenant cinq décennies qu'il se posait régulièrement la question, sans jamais trouver une réponse acceptable. Son existence avait un sens, un but, et il était de son devoir de veiller sur sa famille et d'obéir à sa grand-mère quoiqu'elle lui dise. Quoiqu'il en pense également. Mais chaque fois qu'elle prenait une mauvaise décision, qu'elle laissait parler son coeur au lieu de sa raison et qu'il devait en assumer les conséquences, il envisageait sincèrement de tourner le dos à cette vie et d'aller se reconstruire ailleurs. Sa soeur l'avait bien fait, elle. Elle était partie un matin sans se retourner pour suivre son amant, elle avait eu une belle vie, de charmants enfants -et il le savait parce qu'à défaut d'avoir le droit de communiquer avec sa soeur, il le pouvait avec l'une de ses nièces- et elle était heureuse, du moins jusqu'au tragique incident de l'an passé. Et il ne pouvait même pas lui venir en aide. Un soupir lui échappa alors qu'il se détournait du panorama forestier visible depuis la fenêtre de sa chambre, pour plutôt se concentrer sur le texto qu'il venait de recevoir. Sa cousine, sans être partie à son tour, avait elle aussi rejeté l'Alpha à sa manière et ne s'en portait pas plus mal, comme le prouvait ce message où elle lui parlait d'un photo shoot incroyable qu'elle venait de faire. Cela lui arracha un bref sourire. Elle était restée, elle subissait parfois la pression et le jugement de la meute, mais elle était là et elle vivait ses projets à fond. Il l'enviait pour ça, lui qui ne savait qu'obéir sans jamais prendre ses propres décisions. L'on frappa à sa porte et cela le tira de ses sombres pensées. Il inspira un grand coup, tapota légèrement ses joues pour se donner contenance, puis alla ouvrir avec un grand sourire de façade qui trompait absolument tout le monde depuis des années.

"Tiens, tu n'as pas cours aujourd'hui ?
L'adolescente qui lui faisait face secoua négativement la tête, en faisant la moue.
-Sierra m'a demandé de faire le rituel de purification en début d'après-midi, mais officiellement je fais une indigestion. Elle m'envoie te demander d'aller faire un tour dans la forêt car elle sent les esprits un peu agités.
-Je m'y attèle. Comment tu te sens, par rapport au rituel ?
-...Nauséeuse.

Il lui adressa un doux sourire et ébouriffa sa chevelure de jais, indifférent à ses protestations.
-Tu es douée, et tu ne seras pas seule. Je viendrai t'encourager."

Elle acquiesça en silence, mais rassurée, et le salua avant de repartir à l'autre bout du manoir. Son interlocuteur se dirigea donc vers la sortie après avoir verrouillé sa porte de chambre, suivant le chemin pavé qui menait à l'orée de la forêt. Il procédait toujours de la même manière : d'abord le tour des habitations sur deux jambes, puis l'exploration des profondeurs à quatre. Cela lui permettait de voir les membres de la famille présents ce jour-là, de discuter un peu avec certains, d'aviser l'état mental des autres... Si certains lui reprochaient de ne jamais confronter Sierra lorsqu'elle faisait de mauvais choix, ils restaient conscients qu'il faisait de son mieux pour eux, pour les protéger d'elle comme du monde extérieur. Et si quelques uns venaient parfois à l'oublier, sa cousine n'avait aucun scrupule à monter dans les tours. Il sourit en pensant à elle et lui envoya un message pour l'inviter à parler plus longuement de sa séance photos.
Après une bonne heure à faire le tour des maisons sans rien constater de louche, il s'enfonça un peu plus dans les bois et retira ses chaussures, son jean, son boxer et son t-shirt avant de laisser La Bête le remplacer. Contrairement à la plupart des métamorphes, son changement était indolore, bien qu'il prenait un peu de temps. Il ne ressentit rien alors que ses os se brisaient, que sa peau se déchirait, révélant au fur et à mesure une fourrure argentée parcourue de tâches blanches similaires à de la neige tombant sur un tas de cendres. Le loup s'ébroua pour faire passer les derniers fourmillements de la transformation, vérifia que ses effets étaient soigneusement rangés et à l'abri, puis il s'élança à petites foulées à travers les arbres. Jusqu'ici, les esprits lui paraissaient aussi nuageux qu'à l'ordinaire, jusqu'à ce qu'il finisse par capter un peu d'agitation pas très loin du lac. Parce qu'il était là pour ça mais également par curiosité, l'animal se dirigea sans un bruit jusqu'à l'étendue d'eau, attentif à la moindre anormalité. Et il en vit une, de taille plutôt conséquente : un autre loup paisiblement endormie à l'ombre d'un chêne, avec un joli pelage poivre et sel qui ne ressemblait à celui d'aucun des loups de la meute. Il ne semblait pas hostile, mais ce n'était pas une raison pour ne pas se méfier. Il s'approcha donc jusqu'à être totalement à découvert, pour ne pas le surprendre et éviter sois une fuite, soit un combat, puis se retransforma en homme pour pouvoir communiquer. Il était loup depuis trop longtemps pour être pudique, et bien qu'il ne semblait pas stratégique de reprendre un corps moins protégé face à un inconnu, il était sur son territoire et entouré d'invisibles qui feraient bouclier. Ainsi, à quelques mètres de l'intrus, il se tint fièrement alors qu'il engagea la conversation.

"Tu n'as rien à faire ici, Loup. Et il pourrait t'arriver malheur si tu ne te décidais pas à partir."

Son ton était ferme, mais doux. Il se fiait toujours à son intuition, et l'étranger lui semblait plus égaré qu'hostile. Il croisa les bras sur sa poitrine tout en appuyant l'une de ses hanches contre un arbre. Il était grand et fin, avec un tatouage en forme de lierre enroulé tout le long de son corps et s'arrêtant dans son cou, de longs cheveux de jais voletant au gré du vent et des traits amérindiens marqués. Ses iris, d'un mauve profond, soutinrent le regard du loup poivre et sel en attendant qu'il daigne se soumettre.
Ezvana
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Ezvana
Dim 14 Mai - 18:42

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.
Après tant d'année, je rêve de trouver une âme avec qui errer.

Après des années d'errance, je veut trouver une meute, un autre lou avec qui être. Je ne sais qui cela pourrait être, je ne sais pas comment faire. Mais un jour, alors que je me suis perdu, quelqu'un m'a trouvé.

La douce lumière réchauffait son corps meurtris. Allongé sous l'ombre d'un arbre, le Loup c'était mis en boule après avoir erré pendant des heures. Perclus de douleur, abattu par la fatigue, il s'était écroulé sur un tapis de mousse. Pendant de longues minutes il avait nettoyé sa plaie, balayant de la langue humide l'estafilade qui ouvrait sa chaire et mettant son os à nu.

Une rixe dans un bar pour une connerie, un homme qui avait sortit un couteau. Il c'était protéger le visage et son avant-bras fu ouvert en deux. Il avait alors couru pour échapper à la sécurité, avait courut jusqu'à en perdre haleine. Dévalant le bitume de ses chaussures de cuir, atteignant la forêt ou précipitamment il avait retiré ses vêtements qu'il avait recouvert de terre pour que l'on ne puisse pas les retrouver grâce à l'odorat. Il avait pris sa forme lupine puis il avait à nouveau couru. Courir malgré la douleur lancinante, courir jusqu'à sentir son cœur battre à ses tempes. Taire le geignement de douleur derrière des crocs serrés. Sentir la terre et l'humus sous les coussinets, louvoyer entre le territoire des meutes qu'il connaissait.


La fatigue l'avait rattrapé et il c'était effondré près d'un lac, au bord du gouffre. Tremblant sous la douleur, la langue pendante, il resta replier sur lui-même, attentif au moindre craquement dans la forêt. Il était résistant, il était solide. Mais toute être vivant avait ses limites et les siennes étaient atteintes.
Posant sa truffe dans la mousse, il avait sombré dans un sommeil qui le libérait de toute forme de souffrance.
Méléän ne baisse jamais sa garde ainsi. Parce que c'était son instinct de survie qui l'avait maintenue vivant depuis toutes ces décennies. Un instinct aiguisé depuis qu'il fu devenu un loup-garou.
Mais il était fatigué.

Fatigué. Fatigué de courir. Fatigué de faire le guet nuit et jours. Fatigué d'errer toutes les journées et toutes les nuits dans des lieux mal famé de la ville pour dégoter le moindre petit contrat que l'on veuille bien lui refourguer. Il n'était qu'un déchet de plus dans ces immenses cités ou il ne trouvait pas sa place. On se méfiait de son apparence, on se posait des questions sur sa nature. Depuis des années les êtres dits magique côtoient les humains et pourtant il y avait encore de la méfiance. Certains bars affichés sur leurs portes qu'ils étaient interdits pour les non-humains. La haine entraîne la haine, les non-humains ouvrent leurs propres boîtes interdites aux humains. Parfois cela devenait exclusif à une seule race.

Alors Méléän se faisait discret sur sa nature. Lui qui avait été humain autrefois, il y si longtemps, comprenait parfois le rejet viscéral de sa nouvelle nature. Lui-même est allé au front quand il a fallu lever les armes contre eux. Maintenant il était de l'autre camp. Les années lui ont permis de s'adapter et d'accepter cette condition étrange.

Fatigué de devoir supporter les humeurs des autres. Fatigué de devoir de se méfié tout le monde. Rejetant toute forme de complicité, fuyant le contact. C'était peut-être plus simple comme ça. Pourtant c'était une condition qui commençait à éreinter son endurance. Un loup c'était fait pour avoir une meute, des compagnons. Avoir des interactions. Et son esprit partait à la dérive à s'isoler ainsi.

Une voix l'arrache brutalement des bras de Morphée. Avec une rapidité terrifiante il se retrouve sur ses pattes. Sa crête est hérissée, il déplie les dents en grognant sourdement. La terreur avait fait dilater ses pupilles. Un jappement sonore retentit autour d'eux alors qu'il se remet à grogner sourdement, prêt à se battre pour sa vie. Un pas en avant pour être plus menaçant. Aucune boiterie apparente. Surtout ne jamais dévoiler sa faiblesse à l'adversaire. Pourtant sa plaie se remet à saigner abondamment, liquide rouge dévalant sa patte antérieure droite.


Il reste ainsi de longues secondes, cherche du regard d'autres loups dans les fourrées. Il s'attendait à être attaqué par derrière, d'être prit en traîtrise. Pourquoi celui-ci viendrait le prévenir ? Il devrait le chasser, le tuer s'il le fallait.

Le temps passe et Méléän reste toujours agressif. Pourtant il sentait que cette situation n'allait pas pouvoir être éternelle. Il perdait trop de sang, il était trop faible. Impossible de courir pour s'enfuir, il serait vite rattrapé. Il pourrait se battre, avec toute la hargne et la maîtrise qu'il possédait. Mais il doutait de pouvoir s'en sortir.

Alors, il réfléchit, cherche à effacer ses pensées brumeuses de loups qui lui demandent d'agir. Lentement la crête s'aplatit, lentement le grognement se fait moins impressionnant. Il cherche.
Trouver une solution. Vite.

Il était acculé. Il ne pouvait rien faire hormis parlementer. Alors, résigné, il reprend sa forme humaine. Presque aucun bruit pour celui qui erre depuis tant d'année. Être invisible, un fantôme. Se tient alors un homme à large carrure dont les épaisses cicatrices se lisent aisément sur le corps musclé. Aucune peur de la nudité, même s'il n'aimait pas que l'on puisse ainsi voir son passé. Il avait un corps taillé pour le combat, et ceux depuis sa prime jeunesse. Ancien militaire, il était rigoureux sur l'entretien de son corps. Et ce n'était certainement pas la tenant d'Adam qui allait le faire rougir.

Bien plus visible sous cette forme, la plaie était béante, rouge écarlate. Le sang glissait le long de son avant-bras, s'attardait sur ses doigts avant de gouter au sol. Pourtant il se tenait droit, presque aussi menaçant que sous sa forme de loup.

- Je me suis égaré. Je ne voulais pas violer votre territoire.

Une voix rauque, de celui qui ne parlait jamais. Comme un outil qui avait prit la rouille avec le temps.

- Me laisseras-tu partir ?

Ou allons-nous nous battre ?
La question était muette, bien qu'évidente.


Léolyne
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Léolyne
Mer 17 Mai - 13:27
Bien que ses instincts primaires l'incitent à dominer ce loup étranger, à l'écraser pour le contrôler et endiguer la menace, il restait parfaitement calme. C'était cette maîtrise de son loup, couplée à ses dons qui avaient survécu au Changement, qui le rendait si intéressant pour son Alpha. Le fait étant qu'il était aussi intelligent et qu'il savait parfaitement comment détourner les ordres de Sierra à son avantage, notamment pour faire quelque chose qu'il aurait regretté. Cet étranger n'était pas un ennemi. Il avait senti l'odeur du sang, et fronça légèrement les sourcils en voyant une plaie béante se rouvrir suite à son mouvement trop brusque. Colère, peur, agressivité... L'inconnu avait l'habitude d'être chassé, il s'attendait certainement à une embuscade ou quelque chose du genre... Cela ne faisait que renforcer l'intuition de l'amérindien, qui refusait de céder à quelques bas instincts pour satisfaire sa bête. Les esprits considéraient le loup comme un danger parce qu'il n'avait pas été invité à pénétrer leur territoire, il suffisait simplement que cela soit fait pour les calmer... Et c'était tout ce qu'on lui avait demandé : apaiser les invisibles. Il attendit que l'animal s'apaise un tant soit peu, qu'il comprenne qu'il voulait simplement discuter, et cela finit par se faire. Il l'observa changer et se sentit quelque peu jaloux de sa rapidité, mais peut-être souffrait-il ? En tout cas, il ne put cesser de l'observer une fois redevenu humain. Une posture de soldat, un corps mutilé... Quoiqu'il ait vécu, il avait toutes les raisons du monde d'être méfiant.

"Je sais."

Il se redressa un peu, se détachant de l'arbre sur lequel il était appuyé, et lui adressa un infime sourire.

"Pas sans t'avoir soigner d'abord. Si tu t'étais enfoncé un peu plus dans le bois, ton sang aurait attiré quelques créatures... affamées. Je préfère ne pas les tenter. Will, enchanté."

Il se permit même une petite révérence avant de tourner les talons, prouvant ainsi qu'il ne le considérait pas comme un ennemi. On ne tourne jamais le dos à son ennemi, surtout lorsqu'il se sent acculé. Will ne prit pas la peine de s'approcher ou de lui proposer son aide, craignant que l'inconnu prenne cela pour une ruse ou une attaque, et de toute façon ils n'iraient pas bien loin. Il commença à se diriger de l'autre côté du lac, conscient d'être suivi, rattrapant un petit chemin de terre qu'il parcourut durant une centaine de mètres, arrivant enfin devant une maison qui semblait totalement incongrue au milieu de la forêt. Grande, moderne et fraîchement repeinte, elle aurait plutôt eu sa place dans une grande ville qu'ici. Will obliqua en direction du garage dont la porte n'était jamais verrouillée, et s'immisça dans une maison qui n'était pas la sienne en laissant l'égaré le rejoindre à son rythme. Si de prime abord la maison semblait propre et bien rangée, le garage était une véritable caverne d'Ali-Baba, bardé de costumes, d'éléments de décors et de tout un tas de choses qu'on imaginait difficilement réunies au même endroit. Il ne s'y attarda pas et passa à l'intérieur de la maison pour arriver dans un salon de bleu et d'or, décoré de dizaines de photographies allant du paysage au nu sans la moindre logique. Il grimaça en voyant la tête qu'il ramenait sur le parquet et se promit de descendre nettoyer ça très vite. Il alla récupérer deux chaises pliables qu'il installa au milieu du salon mais loin des meubles et des tapis, et hocha légèrement la tête pour les désigner.

"Installe-toi, et ne touche à rien. Parfois je me dis que ma vie vaut moins que ce mobilier, et j'aime bien vivre."

Il n'était qu'à moitié-sérieux. Sa cousine avait investi pendant des années pour se créer la maison de ses rêves, et Will ne résisterait pas à sa colère si l'étranger qu'il amenait ici souillait le tapis avec son sang. Mais elle ne le tuerait pas. Enfin, peut-être. Il préféra ne pas y penser et alla plutôt récupérer une trousse de soin ainsi que des linges humides dans la salle de bain avant de revenir, déposant le tout sur la deuxième chaise. Sans lui laisser le temps de protester il épongea autant de sang que possible avant de venir panser sa plaie pour arrêter l'écoulement, constatant au passage qu'il s'agissait d'une trace de couteau. Une larme en argent, sans doute. Ce n'était pas courant, mais ça expliquait une guérison plus lente. Quant au pourquoi du comment il avait été blessé...
Will récupéra tout son matériel pour aller le ranger puis se nettoyer les mains, et passa cette fois par la cuisine pour aller y piocher un grand verre d'eau, et un reste de sandwich au thon. Il rapporta tout ça au loup, puis s'éloigna pour lui laisser suffisamment d'espace.

"Ma cousine devrait rentrer d'ici une heure. Elle n'est pas en très bons termes avec notre Alpha, alors elle t'accueillera sans problème. La salle de bain est juste là, il se tourna pour désigner la deuxième porte dans le couloir face à eux, je vais aller te trouver une tenue à ta taille, elle doit avoir ce qu'il faut. Ne mouille pas ton bandage. Pour les questions, on verra plus tard, les tiennes comme les miennes."

D'abord soigner, ensuite demander. Will passa en premier dans la salle d'eau pour sortir une serviette -et se nettoyer les pieds, histoire de sauver le parquet-, puis il ressortit pour aller dans la porte juste avant celle de la salle de bain. Il en ressorti vêtu d'un jean noir et d'un pull crème, et tenant dans ses bras un boxer, un jogging gris et un t-shirt jaune relativement large qu'il alla déposer dans la pièce. Ensuite il commença par ranger les chaises, nettoyer le sol et toutes les traces possibles de leur passage, avant de se rendre à la cuisine. Armé d'une boîte d'oeufs, de champignons pré-émincés et de pommes de terre, il prépara une omelette copieuse qui fut terminée juste au moment où le loup avait terminé sa douche. Will déposa le plat sur la table de cuisine, suivi d'un verre et d'un pichet, ainsi qu'une boîte de muffins chocolat en guise de dessert. Et vu le regard qu'il lançait à son invité, ce n'était pas une option.

"Ton corps a besoin de reprendre des forces. Quand tu auras fini, tu pourras tout mettre au lave-vaisselle."

Et il le laissa là sans autre forme de procès, préférant s'installer dans le canapé pour feuilleter un magasine de mode.
Ezvana
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Ezvana
Mer 24 Mai - 20:27

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.
Après tant d'année, je rêve de trouver une âme avec qui errer.

Après des années d'errance, je veut trouver une meute, un autre lou avec qui être. Je ne sais qui cela pourrait être, je ne sais pas comment faire. Mais un jour, alors que je me suis perdu, quelqu'un m'a trouvé.



Un sourire, une présentation. Et déjà l'homme s'éloignait de lui en l'invitant à le suivre.
Méléän reste sur place quelques secondes, indécis. De ses yeux sombres il cherchait un piège, une alternative, un mirage. Il était anormal pour un loup-garou de se comporter ainsi envers un inconnu qui avait franchi la limite du territoire, personne n'était aussi accueillant.
Se tourner, fouiller les fourrés. Il était toujours persuadé qu'un autre loup était là, tapis et qu'il était prêt à lui arracher un bras ou à l'égorger.
Et quand la silhouette semble disparaître derrière les troncs, il fait un pas. Hésite. Puis un autre.
Méfiant Mel, de celui qui fu toujours traqué.
Alors, il suit celui qui s'était présenté comme Will. A distance, suffisamment loin pour voir quel chemin il parcourait tout en ayant la possibilité de se glisser ailleurs s'il le fallait. A plusieurs reprises il faillit reprendre sa forme lupine pour de nouveau courir. Tenter sa chance plutôt que de foncer de son propre chef dans la gueule du loup.
Pourtant, la curiosité le picoter. Que pouvait attendre une telle personne ?
Sans émettre le moindre son il observe ce corps un peu plus loin, admire les courbes de cette peau caramel, ce tatouage qui s'enroule autour tel du lierre sauvage.
Jamais il ne se ferait tatouer. A moins d'y être obligé. Son corps avait subi suffisamment de marque par les autres au cours de sa vie. Et jamais encore il n'eut l'occasion de se plier à ce rituel que beau-coup de meute faisait sur leurs membres.

Déjà une maison. A l'apparence étrange, bien trop ordonné pour être perdue ainsi dans une forêt. Il continue de suivre son guide, s'approche en essayant de calmer les battements de son cœur qui tam-bourinait sous l'effet du stress. Rien ne lui prouvait que ce n'était pas une jolie cage dorée. Il avait suffisamment donné il y a quelques décennies.
Les yeux s'attardent sur les bibelots, cherche une cohérence dans tout ce bazar amassé. Un indice sur le propriétaire des lieux, une confirmation d'un potentiel piège.
Rien. Tout semblait normal.

Avant d'entrer il essuie ses pieds sur de grosses touffes d'herbe grasse, plus par réflexe d'une an-cienne vie que par sympathie. Avec précaution il passe le seuil de la porte, admire les couleurs qui l'entouraient. Analyser l'endroit, repérer les différentes portes, les issues potentielles. Sa large thora-cique se gonfle, ses vertèbres craquent, alors qu'il prend de longues inspirations profondes pour sen-tir la moindre odeur partielle. Les narines frémissent, les yeux font des allés et retour.
Il ne s'attendait pas à une telle tanière pour un Loup. Bien qu'il ne savait pas du tout à quoi cela pouvait ressembler. C'était plutôt chaleureux, un peu trop désordonné, mais accueillant.

On lui ordonne de s'asseoir et un tic nerveux agite sa lèvre supérieure. Comme une envie de grogner, de ce rebiffer. Visiblement il avait l'habitude de se faire obéir mais Mel n'était pas un bon candidat. Pourtant, il prend place sagement, attend patiemment le retour de ce Will.
Quand il s'approche de sa plaie, il se retient de ne pas enserrer ce coup de sa poigne et de serrer jus-qu'à le faire glapir. Il lui était difficile de laisser quelqu'un s'approcher ainsi d'un point faible.
Mais cet homme est doux, appliqué dans ses mouvements. Alors il se concentre plutôt sur la très belle couleur de ses prunelles, de ce violet soutenu qu'il avait rarement croisé dans les membres de sa race. On ne pouvait pas douter une seconde de sa nature magique.

La douleur était lointaine, un vieux reflux passé au loin, ignoré. Elle était la compagne de sa vie et depuis longtemps il savait danser avec elle. Parfois son étreinte était étouffante, de celle qui fait pleurer en silence recroquevillé dans un coin. Mais les années et le vécut lui avait appris à se détour-ner de ses pas trop pressant. Ce n'était plus un tango mais il valse et c'était lui qui devait guider.
Alors quand on panse sa plaie, il n'emmenait aucun son. Il juge plutôt la capacité de nettoyer et de faire un bandage, tel l'ancien militaire qu'il était.

On lui apporte un reste de sandwich, un verre d'eau. Nerveux Mel, qui prend ce qu'on lui donne, se met à renifler la nourriture pour y sentir le moindre poison connu. Cela serait une méthode bien étrangère pour un loup, surtout après lui avoir laissé la vie sauve. Mais il avait suffisamment de per-fidie dans sa vie pour faire attention à tout. Toutes les races pouvaient être mauvaises, toutes pou-vaient être bonnes. Mais les personnes ont la fâcheuse tendance à se tourner vers le mauvais côté.

Il ne repère rien et sans quitter du regard cet étranger, il mange le sandwich en deux bouchées à peine, engloutit le verre d'eau sans respirer. L'idée de se faire questionner le dérange, le fait s'agiter sur son siège. Il n'avait rien à dire, rien à prédire. Cela faisait déjà bien longtemps qu'il ne faisait qu'errer. C'était devenu une habitude, une routine à laquelle il se pliait douloureusement. Mais il comprenait. Alors, il se plie à la demande, récupère les vêtements en remerciant d'un mouvement de tête et entre dans la salle de bain.
Une fois seul, il chancelle. Il se rattrape au rebord du lavabos. Les jointures blanchissent, le teint est pâle. Dans un souffle heurté il relève son visage et regarde son reflet. Dans son regard danse une flamme ambrée, un appel sauvage de la facilité. Une grimace dévoile ses quatre canines qui trahis-sent sa nature. Deux en haut, deux en bas. Moins impressionnantes que celle d'un Vampire, mais suffisamment présente pour percer la chair. Un trait que tous les loups n'héritaient pas de ce qu'il avait put apercevoir. Lui n'avait pas de beaux yeux violets, plutôt des marques d'une sauvagerie qui le hante.
Un air de dégoût lui tire les traits, plisse ce nez aquilin. Comme si son corps avait été étreint par un rosier sauvage, sa peau était triée de cicatrices profondes, témoignage de son ancienne condition d'esclave, rappel constant de tout ce qu'il avait perdu.
Une nouvelle fois, il essaie de se souvenir. De son prénom. De sa présence. Il ne se souvient que d'un reflet dans des prunelles, une odeur épicée qui reste dans l'air. De rage il serre les dents, con-tracte les muscles de sa mâchoire. Il pleur en silence ce qui avait été perdu, dans la vie comme dans son esprit.
Un soupir tel un sanglot.
Il devait arrêter. Il ne pouvait pas ainsi baisser la garde dans la maison d'un inconnu.

Mécaniquement il prend sa douche, fait bien attention à ne pas mouiller son bandage. Il se frotte la peau jusqu'à la faire rougir, se décrasse chaque parcelle de son corps. L'eau chaude lui fit du bien, décontracta quelques muscles noueux.
S'essuyer, s'habiller. Le haut serre son torse et ses bras, mais il était suffisamment à l'aise. A peine eut-il le temps d'ouvrir la porte qu'une odeur de nourriture lui chatouille les sinus.
Reflexe d'agiter son nez, de humer, d'identifier ce qui pouvait sentir aussi bon.
Presque aussi vite on lui ordonne de manger.
Il s'assoit, renifle sa nourriture en épiant du coin de l'œil ce Will. Son esprit balance entre la méfiance et se désir viscéral de se nourrir. Tel le chien qui se jette dans sa gamelle par peur du manque, il a la salive qui emplit sa bouche. Cela faisait combien de temps qu'il n'avait pas mangé un vrai repas ? Bien trop longtemps. Il avait perdu du poids, de la masse et il s'en était rendu compte.
Prendre une décision.
Manger.

Il se précipite sur la nourriture, engouffre cette omelette simple mais terriblement satisfaisante. Il mâche consciencieusement sa bouchée, avale un long trait d'eau entre chaque. Aucune miette n'a été laissé et il n'y avait que son éducation stricte qui l'empêcha de lécher l'assiette. Il prend un muffin, croque à pleins crocs. Il roule des yeux quand la saveur sucrée chatouille ses papilles, se reprend avant d'engouffrer le reste du gâteau. En prendre un autre. Puis un troisième. Et quand enfin il semble être calé il s'arrête.
Docilement il prend la vaisselle, cherche le lave-vaisselle et dépose le tout soigneusement, sans faire aucun bruit.
Malgré sa taille et sa corpulence, il se déplaçait silencieusement sur ses pieds nus. Une habitude qu'il a gardé depuis ses années à l'armée et depuis qu'il est devenu Loup-garou. Être discret était devenu une seconde nature. Une personne qu'on n'entendait pas était invisible.
Revenir vers le salon, trouver un fauteuil et s'y asseoir.
Il se racle la gorge avant de braquer son regard dans celui de son hôte. Il préférait fuir les conflits, mais il n'avait aucun mal à confronter quelqu'un s'il le fallait. Et la vérité pouvait se lire dans les yeux.

- Je voulais vous remercier pour tout ceci. Les soins, la douche, le repas. Je m'appelle Méléän.

Une grande inspiration, comme pour reprendre confiance en lui.

- Pour ce qui est des questions je peux déjà vous aiguiller sur certaine chose. Je me suis fait cette blessure dans un bar très fréquenté par les lycans. Un homme alcoolisé a voulu s'en prendre à une femme. J'ai dû intervenir. Je n'ai pas fait asse attention et il a dégainé un cou-teau. J'ai dû me protéger avec l'avant-bras. Et vu la couleur de la lame, il n'était pas venu pour ce faire des amis.

Un sourire en coin, un sourire amer.

- Pour éviter tout contrôle je me suis enfui. Et non, je n'ai pas de meute, non je n'ai pas de lien avec d'autres Loups. Longue histoire. J'avais juste besoin… de courir. De m'évader.

Un mouvement de bras, cette main qui se tend vers l'avant pour appuyer son propos. Aller tout droit. Avancer. Son hôte le comprendrait certainement.

- Et j'ai surestimer ma résistance. J'ai dû m'arrêter auprès de ce lac. Voilà pourquoi je me suis retrouvé sur votre territoire.

Sa main qui vient frapper doucement sa cuisse comme pour terminer sa tirade. Il reste silencieux à regarder Will. Il ne voyait pas ce qu'il avait à dire d'autre mais au vu de la situation il voulait bien rester ouvert et se plier à d'autres questionnements.



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La lune hurle aussi, mais le loup ne l'a jamais su • Ezvana [+18/!\]
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