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Ezvana
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Ezvana
Jeu 24 Aoû - 20:23

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.
Après tant d'année, je rêve de trouver une âme avec qui errer.

Après des années d'errance, je veut trouver une meute, un autre loup avec qui être. Je ne sais qui cela pourrait être, je ne sais pas comment faire. Mais un jour, alors que je me suis perdu, quelqu'un m'a trouvé.


Une soirée film ?

Soudain des éclairs de souvenirs lui martèlent les yeux. Un grand canapé gris, un homme à ses côtés. Sa tête posée sur son épaule, lui qui tend un doigt vers une télé ou passait un film digne d'un nanar. Le rire de la personne et lui aussi qui se met à rire franchement comme le tintement d'un son qu'il avait oublié. Un popcorn sur le bout des lèvres, la bouche de l'homme contre la sienne pour venir récupérer la friandise. Un élan d'amour.

Méléän chancèle, la jointure de ses doigts blanchirent quand il serre les doigts et manque de briser le verre de la pulpe de ses doigts.
Se reprendre, retenir un grognement de douleur.
Et quand Will parle, il tend l'oreille, se concentre sur ce qu'il disait pour fuir les images si belles et si mélancolique.
Hocher la tête en comprenant les enjeux.

- Je me doute que ce n'est pas de tout repos. Je me suis tenu éloigné de toute meute pour ce genre de problème. Plusieurs fois on a voulu m'intégrer, que j'alimente une nouvelle lignée de mon sang de soi-disant « guerrier ». Certains me voulaient pour combattre et renverser la hiérarchie. D'autre voulait que je devienne le bouc émissaire.

Un soupir, une main qui vient repousser les mèches brunes qui balayent son front.

- Je comprends pourquoi vous fonctionnez ainsi. Mais cela doit être terrible à vivre. D'être ainsi privé de la liberté d'agir, de ressentir. Et d'être puni quand on écoute sa voix intérieure

Un nouveau sourire vint fleurir sur ses lèvres et un rire sans joie se fait entendre.

- Comme ailleurs, je serais un renégat dans votre meute. Je n'ai que faire du sexe et du genre de la personne, de son espèce ou de ses croyances. L'amour et le désir non pas ce genre barrière chez moi, je suis libre d'être avec n'importe qui. Vampire, loup-garou, humain, Chaman et tout les autres, c'est du pareil au même.

Reposer la photo avec délicatesse. Il savait que ce monde n'était pas aussi libre que sa pensée. Lui n'avait pas de responsabilité, n'avait de lignée à faire perdurer, n'avait pas le poids de ses ancêtres sur ses épaules. La liberté avait un prix à payer. Qui était-il pour juger ? Pourtant il trouvait cela réducteur d'être ainsi obligé de procréer par obligation, c'était archaïque.

- Je sais ce que c'est de perdre ses proches. Tous. Tous sont partis. C'est pour cela que je recherche la solitude depuis plus de 200 ans. On dit que la douleur s'atténue avec le temps. Quand notre vie n'a pas de fin cela peut paraître un soulagement. Pourtant elle ne disparait jamais vraiment. Cela devient des flashs. Une odeur, une sensation. C'est toujours là quelque part au fond de nous.

Aucune larme sur le bord des yeux, aucun sanglots coincés dans la poitrine. Non pas qu'il était de ce type d'homme à ne jamais pleurer car il fallait rester viril en toute circonstance. Non, c'était juste qu'il avait déjà trop pleuré. Trop hurlé seul dans des appartements qui ne lui appartenaient pas, dans des caches et autre tanière. Il était vidé, essoré. Et il n'était pas certains de vouloir remplir de nouveau cette jauge.

Ses doigts le démangent, il a presque envie de poser sa main sur l'épaule de Will. Par compassion. Mais il se retient. Peut-être que le geste aurait pu être mal perçus.
Et déjà Will recule, comme s'il voulait échapper à son contact.

- Non tout me va, je ne suis pas difficile. Juste s'il y a de la viande, je la mange saignante.

Un grand sourire qui dévoile ses quatre canines, comme une mauvaise blague que tout le monde connaissait par cœur.
Suivre le Loup aux yeux mauve, avoir un nouveau regard sur ce lieu, moins celui d'un Loup piégé mais plus comme un Humain invité à rester. Il vient aider, chercher une éponge si besoin, passer la serpillière tout en faisant attention à ne pas glisser avec ses pieds nus. Quand Héléna revient, il lui propose son aide pour porter les cartons ou elle le désirait.

De bonne volonté il effectue sa tâche avec une rigueur qui trahit son passé de militaire. Tellement rigide que même quand son pansement s'imbibe de rouge dû à un choc, il n'y prête pas attention. C'était plus facile pour lui de rester occupé, concentré sur une tâche. Ainsi ses pensées ne vagabondaient pas à droite ni à gauche.
Une fois terminé il s'approche de Will.

- Je peux aider pour le repas ? Je ne suis pas le meilleur cuistot, mais je sais me débrouiller avec une lame.

Une franchise presque crue. Mais pour lui c'était sa normalité. Pourquoi mentir ? Il pouvait être efficace, autant le dire.
Un sourire, la tête qui se penche sur le côté.


Léolyne
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Léolyne
Jeu 24 Aoû - 21:11
Le trouble du loup ne passa pas inaperçu pour son hôte, néanmoins ce dernier trouva plus poli de ne pas y prêter attention. Ils ne se connaissaient pas et, bien que son instinct protecteur l'incitait à le réconforter, une partie de lui se méfiait encore. Il ne voulait pas le mettre plus mal à l'aise parce qu'il suivait un peu trop son instinct.

"Même si par malheur Elle venait à découvrir qui tu es, je ne la laisserais pas t'ennuyer avec ces choses-là, sois rassuré sur ce point. Du reste... Le plus problématique est que les instincts primaires de notre part loup ne peut pas primer comme dans d'autres meutes. On peut voir ça comme un avantage à beaucoup d'égards, mais cela signifie également que lorsque l'Alpha en cours se montre abusif et injuste, on ne peut pas simplement lui prendre sa place par la force. Cela reviendrait à contrarier les esprits, et ils se vengeraient sur le monde sans distinction. Ils ne sont ni bons ni mauvais, mais leurs émotions sont vives et non-réfléchies. Ils ne font pas de distinction entre les groupes, les races ou ce genre de choses, notre famille existe justement pour veiller sur cet équilibre précaire. Le bon côté, c'est que des loups comme Héléna ou moi se contrôlent suffisamment pour ne pas réagir outre-mesure quand un inconnu débarque sur leur territoire, même si l'on vit une tempête à l'intérieur."

Il lui adressa un sourire presque amusé, bien que teinté d'une légère tristesse. Il ne doutait pas que d'autres s'étaient laissés aller vu sa méfiance et son mauvais état du début de journée. Héléna, plutôt dominante et territoriale, était rentrée pour trouver un étranger dans son salon et n'avait eu pour réaction que de lui proposer de la limonade -après l'avoir extorqué pour vider sa voiture. C'était un fonctionnement d'humain, pas de métamorphe.

"Je ne crois pas que l'on soit totalement privés de libertés. Nos choix sont réduits et ne sont pas toujours idéaux, mais ils existent. Être reniée de la famille et perdre le contact avec ses proches était difficile, mais ça n'a pas empêché ma soeur de partir. J'ai déjà aimé au point d'être prêt à faire ce sacrifice, je peux la comprendre. Héléna a fait le choix d'assumer qui elle est au risque d'être rejetée par Sierra et quelques autres, mais elle mène la vie qu'elle souhaite avoir. En devenant louve, elle s'empêche de devenir une reproductrice potentielle. En outre, nous sommes nombreux à subir une forme d'injustice de la part de l'Alpha, ça nous rapproche. Elle a quelques appuis de son côté, mais je suis assez haut placé pour faire la jonction entre tout ça et améliorer au mieux la vie de tout le monde. Je reste parce que j'en ai fait le choix, je ne m'y sens pas contraint, même si ça implique qu'un jour, peut-être, on me forcera à épouser une femme que je connais à peine pour assurer une descendance."

C'était loin d'être facile tous les jours, mais Will ne s'était jamais senti obligé de prendre ce rôle. Il y avait plutôt vu une occasion. Il attendait son heure, sachant qu'il était destiné à récupérer la meute après sa grand-mère. Elle voulait le modeler à son image et il savait très bien faire semblant. Néanmoins, il avait conscience que tous n'étaient pas en accord avec eux-mêmes quant à leurs choix de vie. Quand toute votre famille se fait assassiner, il est plus difficile de trouver la force de se battre. Était-il cruel de penser que le renoncement restait une forme de choix ? Sans doute. Mais le courage de ses frères et sœurs, de ses cousins, de son oncle, l'avait inspiré à autre chose. Caleb avait pour priorité son intégrité et ses ambitions, Amara et Héléna, leurs vies personnelles. Lui, c'était sa meute. Sa famille. Toutes ces intentions étaient égales à ses yeux, aussi n'en voulait-il à personne de ne pas se battre à ses côtés sur le chemin qu'il s'était choisi.

"De nombreux membres de la meute n'en ont pas grand chose à faire, honnêtement. La réaction de Sierra dépend de la personne. Quand Héléna était plus jeune, ses moindres écarts étaient un scandale public qui méritaient une lourde punition. Quand elle me surprend avec un homme, elle me passe un savon royal mais n'insiste pas tant que je me montre docile. Enfin, tu mérites de toute façon bien mieux que cette meute dans son état actuel."

La photo venait d'être reposée, mais il continuait de la regarder. Le plus douloureux, à cet instant, c'était d'imaginer la souffrance de sa petite-soeur alors qu'elle venait de tout perdre. Il eut presque envie de prendre Méléän dans ses bras pour le réconforter mais, à nouveau, se contenta de lui sourire en douceur.

"Aussi horrible soit-elle, la douleur est la preuve que quelque chose a autrefois existé. Je suis désolé pour toi."

D'une certaine manière, il venait de lui confirmer ce qu'il pensait déjà : il était vieux. Très vieux. Will était encore trop jeune pour comprendre les tourments de son âme.

Il laissait Méléän l'aider au nettoyage en le priant de faire attention à lui, puis Héléna revint après avoir passé un jogging d'un vieux rose tâché de mille couleurs, d'un débardeur blanc et de deux chignons maîtrisant son afro adorée. Si elle perçut comme une odeur de mélancolie sur les deux hommes, elle ne s'y attarda pas et commença à déblayer son salon, aidée avec plaisir par son invité, pendant que son cousin préparait le repas. Ils emmenèrent le tout dans une petite pièce disposée à l'autre bout de la maison, bien qu'une partie ait fini au garage et une autre dans une salle complètement noire destinée au développement de photos. Son nez était pris par la poussière et celui de Will par les épices qu'il utilisait dans sa marmite, si bien qu'il ne capta pas tout de suite que la plaie s'était rouverte. Ce fut la jeune femme, qui venait de se laver les mains, qui en fit la remarque en jetant un oeil au loup.

"Will, je crois que ton nouvel ami n'aime pas la couleur du t-shirt que tu lui as filé.
-Quoi ?
il se retourna en fronçant les sourcils. Je suis certain de t'avoir dit de faire attention. Hell, tu peux t'en occuper ?
-Marche à suivre ?
-Tout sauf ce que tu m'as fait après ta première chasse.
-J'avais 15 ans !
-Ce qui est déjà trop vieux pour penser que de l'alcool sur une plaie ouverte est une bonne idée. Vérifie si la blessure est propre, mets de l'antiseptique sur une nouvelle compresse et refais le pansement, ça devrait aller. Je me débrouille pour le repas, oust."


La réponse ne se fit pas attendre, elle lui fit une grimace. Il lui sourit en retour. Sans perdre son temps, la jeune femme récupéra la chaise pliante sur laquelle elle invita le loup à s'asseoir avant d'aller se laver les mains dans la salle de bain et de revenir avec le matériel, qu'elle fit vérifier à Will pour être sûre de ne pas faire de bêtise. Elle s'installa ensuite juste à côté du loup en tentant un sourire rassurant.

"Je n'ai pas trop l'habitude de soigner des gens, mais je vais faire au mieux. Tu me permets ?"
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Ezvana
Ven 25 Aoû - 2:51

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.
Après tant d'année, je rêve de trouver une âme avec qui errer.

Après des années d'errance, je veut trouver une meute, un autre loup avec qui être. Je ne sais qui cela pourrait être, je ne sais pas comment faire. Mais un jour, alors que je me suis perdu, quelqu'un m'a trouvé.


Il avait l'impression d'être un louveteau que l'on prenait par la peau du coup pour le rabrouer. Comme s'il était un gamin imprudent que l'on menaçait pour sa bêtise. Par réflexe il fronce le nez, dévoile le début de ses canines et suiv Héléna docilement tout en bougonnant sur le fait que le tee-shirt était intact puisqu'il avait retroussé les manches. C'était un simple langage lupin, un code canin. Dévoiler des crocs, grogner, n'était pas forcément signe de dominance. C'était juste qu'il était plus Loups qu'autre chose et que c'était sa manière naturelle d'agir.

Et cela faisait des décennies qu'on ne l'avait pas traité ainsi. Le dernier avait perdu un doigt. Mais Méléän se doutait que c'était de la bienveillance. Ils en étaient pétris ces deux-là, à se demander s'ils vivaient vraiment dans le même monde.

S'assoir et regarder la femme aller et venir. Et quand elle lui demande son bras il le tend avec moins d'hésitation qu'en début de journée. Avec attention il la voit retirer le pansement. Se pencher et observer la plaie. Les tissus étaient à vif, rose et rouge écarlate à cause de la réouverture de la blessure. Il y avait la blancheur de l'os entre deux muscles. Mais déjà on pouvait voir des tissus cicatriciels se former comme un champignon qui se développe avec une rapidité déconcertante.

Rien de bien dangereux, il devait juste éviter les coups sur sa blessure. Cela passera comme tout le reste. Il aura une nouvelle cicatrice qui accompagnera le reste de sa collection.
Il avait toutes les connaissances nécessaires pour traiter sa plaie, mais il laissa la jeune femme agir. Ils semblaient que tous deux avaient un certain besoin de contrôle sur certaines choses. Et il sentait qu'ils avaient besoin d'aider les autres. Aussi, il reste silencieux, plonge dans ses pensées, repensant à ce que lui avait dit Will.

De ce son point de vue rongé par les années, il se sacrifiait. Cette façon de vouloir le défendre de sa propre meute quitte à en pâtir, pour lui c'était déraisonnable. Noble, mais inconscient. Peut-être que dans sa famille ils étaient plus cléments, mais dans les meutes qu'il a pu connaître, les punitions pouvaient être dévastatrice. L'autorité était suprême et les écarts réprimandés à coups de crocs.
Vouloir ainsi être le pont entre tous, pour maintenir un équilibre précaire. D'ainsi donner de sa personne pour tout porter sur ses épaules.
Négligemment il secoue son visage en se mordillant la lèvre inférieure de la pointe de ses canines. Non, pour lui ce n'était pas sain.

Mais c'était un entre deux. Ils ne pouvaient pas renverser l'Alpha et cela était doux et terrible. Pouvoir renverser un règne de terreur permettait de gonfler les cœurs et d'être résilient. Un mauvais dirigeant, aussi fort soit-il, perdait de son statut quand les membres de la meute s'alliaient. Et en même temps pouvoir perdurer pour asseoir son autorité, faire en sorte que sa propre meute puisse être comblée…

Un reniflement. Se gratter une narine d'un ongle. Ce qui le faisait tiquer, c'était le fait qu'ils se soudaient dans le courroux de l'Alpha. Que ce qui maintenait certains Chamans/Loups ensemble était l'injustice.
L'injustice. Ce qu'il détestait le plus avec l'hypocrisie.
Peut-être que Will avait raison. Que cette meute ne lui conviendrait pas. Un pincement au cœur le fait tiquer, il s'agite sur son siège comme si la douleur de la blessure le tenaillait. Une fois de plus, il n'avait pas sa place quelque part. Ce qui était le plus désagréable était qu'il pensait que cette meute ne le méritait pas.
Connerie.
Il n'avait sa place nulle part, même dans la meute la plus solidaire du monde.

La hargne le prend, rend son souffle plus long, plus puissant. De son autre main il attrape le bord de la chaise jusqu'à la faire craquer. Cela montait en lui comme un tourbillon d'émotion, un besoin primitif de courir de s'époumoner jusqu'à en perdre haleine. Plutôt que de se battre, d'arracher des bouts de chairs et de poil.

Un bref instant les yeux deviennent jaunes et les muscles de la mâchoire se tendent.
Puis il sentit qu'on avait fini les soins. Sans réfléchir il tourne sa tête vers Héléna, cet air sauvage tirant les traits de son visage.

Avec douceur une main se pose sur celle tacheté de la jeune femme.

- Merci pour les soins.

Ne pas oublier son humanité. Ne pas ressembler à un monstre aux yeux des autres. Il n'attend pas la moindre réponse, se contente juste de se redresser et d'aller prêt d'une fenêtre et de laisser les rayons du soleil parcourir son visage. Fermer les yeux et se concentrer sur sa respiration.

Non, il ne pouvait pas rester avec eux. Il ne serait jamais la bienvenue dans cette meute. Trop compliqué, trop loin de ses propres valeurs. Rien qu'avoir une relation avec Will serait considéré comme une erreur. Et son fort instinct de protection se serait activé.
S'il avait été plus jeune, il aurait peut-être versé une larme. Une fois de plus la réalité l'avait rattrapé.
Cette envie de fuir à nouveau qui étreint son cœur. D'errer. Il était peut-être qu'un Loup des villes, un chien errant qui cherche un os au fond des poubelles. Il avait l'impression d'avoir un collier et que quelqu'un d'invisible le retenait pour le voir avancer avec peine.

Quand on lui annonce que le repas est prêt, il se détourne de l'astre solaire pour se diriger dans la cuisine. Une respiration contrôlée lui avait permis de reprendre contrôle sur ses émotions. Il demande ou son les assiettes et les couverts, met la table sans rien dire tout en essayant de ne pas déranger les deux membres de la même famille. Il ne savait même plus s'ils étaient frères et sœurs. Leur meute était complexe de ce côté-là.

Une fois à table, il garde toujours le silence. Il mange consciencieusement, écoute la conversation des deux autres Loups.
Puis il se racle la gorge, s'essuie la bouche.

- Je tenais à vous remercier pour votre… aide. Pour tout ça.

Il désigne son pansement, le repas. Et tel une fissure sur un vase, un sourire vient étirer ses lèvres.

- Surtout que je sais que je ne suis pas un hôte facile. Je peux être un vieux con, borné, qui à plus l'habitude d'être sous sa forme lupine qu'en bipède.

Rire doucement de sa propre description.
Rien de méchant, rien de dénigrant. Juste une vérité qu'il préférait trouver drôle qu'autre chose.
Et pour la première fois depuis longtemps, une chaleur se diffuse dans son ventre.



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Léolyne
Ven 25 Aoû - 9:37
Qu'un loup étranger ait l'idée de dévoiler ses crocs en pestant aurait pu poser problème à d'autres, mais Will s'était contenté de lui tirer la langue en guise de réponse. Que Méléän soit plus âgé que lui n'avait pas d'importance non plus : il ne faisait pas attention à lui. Héléna non plus ne s'en offusquait pas, au contraire elle s'amusait de comparer leurs réactions en se disant qu'elle avait à faire à deux enfants. Elle n'avait ni vu ni posé de questions sur les blessures de leur invité, néanmoins elle se doutait bien qu'il fallait quelque lame d'argent pour abîmer autant une créature aussi robuste. Elle n'avait même pas pensé à demander à son cousin favori s'il savait ce qui était arrivé.
Sans bruit, parce qu'elle mobilisait ton son esprit disponible pour se concentrer sur sa tâche et éviter une bourde telle que celle citée par Will un peu plus tôt, elle s'appliqua à changer le pansement en grimaçant devant ce qu'il dissimulait. Certes la plaie en elle-même avait la tête d'un truc en bonne voie de guérison, mais la blessure avait été profonde et sans doute douloureuse. Elle ne dit pourtant rien, l'une de ses mains tenait son avant-bras pour avoir une position stable, l'autre tamponnait délicatement la plaie d'antiseptique, avant qu'elle ne pose la compresse et commence à la fixer. De la cuisine, Will ne faisait pas grand bruit, mais une odeur de curry assez nette emplissait l'air. Elle avait presque terminé lorsqu'elle sentit son patient s'agiter. Elle entendit le bruit de la chaise craquant sous sa poigne, vit ses yeux changer de couleur, sa respiration se faire plus rapide. Elle sentit, tapie au fond d'elle, sa Bête réagir en conséquence. Elle ne la laissa pas faire. Héléna se concentrer pour terminer son pansement aussi délicatement et rapidement que possible puis, en sentant qu'il posait la main sur la sienne, elle releva les yeux pour le contempler. Un sourire étira ses lèvres, sa main se retourna et vint saisir celle du loup, son pouce caressant naturellement sa paume.

"Tu t'égares là où nous ne pouvons pas t'atteindre. Si tu as besoin d'aide pour retrouver ton chemin, il suffit de demander."

La formulation était étrange, mais compréhensible pour qui vivait dans une meute aussi surprenante que la leur. Elle le laissa partir sans un mot de plus avant d'entreprendre un rangement du matériel. En constatant la fêlure sur la chaise, son premier réflexe fut d'aller récupérer l'un de ses appareils photos et de commencer à se positionner d'une façon inconfortable au possible afin d'avoir le meilleur angle. Elle prit quelques clichés, puis rangea le reste des affaires avec un petit sourire sur le visage.

Will ne tarda pas à les appeler une fois que le repas fut prêt. Héléna lui montra l'emplacement des différentes affaires et l'aida à mettre la table, puis son cousin les rejoignit avec la nourriture. Non content de préparer un copieux curry à base de légumes, de riz et de poulet, il avait confectionné une salade composée en guise d'entrée, et un gâteau au chocolat accompagné de crème anglaise en dessert. Il était loin d'être le meilleur cuisinier de la meute mais se débrouillait admirablement bien, devoir s'occuper de sa soeur et de son frère avait pas mal joué là-dessus. Son plus gros problème était la présentation : ses plats étaient aussi laids que bons, et Héléna ne manqua pas de le charrier à ce sujet.

"Tu dois être la seule personne qui arrive à produire un curry dont la couleur n'est pas homogène.
-Est-ce qu'on parle de tes oeufs au vin ?
-Ils étaient très bons !
-Ce n'est pas normal de pouvoir se prendre une murge avec ce genre de plat !"


Parfois, ils se chamaillaient vraiment comme deux enfants. Leur nouvel échange de piques fut cependant interrompu par leur invité, auquel ils adressèrent tous les deux un sourire.

"C'est normal. Je n'allais pas te chasser ou te laisser moisir ici vu ton état, surtout dans cette partie de la forêt.
-Et je ne vais pas te laisser dormir dehors ! En plus, j'aime bien avoir du monde chez moi, on s'ennuie vite ici. Tu es loin d'être la personne la plus désagréable que j'ai pu héberger."


Pour eux, c'était une réaction parfaitement normale. Même leurs loups s'acclimataient assez rapidement, ils ne le considéraient d'ores et déjà plus comme un envahisseur, plutôt comme un visiteur imprévu dont ils devaient prendre soin.

Après avoir terminé le repas et débarrassé la table et la cuisine, Héléna se laissa choir dans son canapé en s'étirant comme un chat après une sieste, grognant à moitié tout du long. Elle avait au préalable récupéré son ordinateur portable dans l'idée de travailler un peu, tandis que Will s'approchait de Méléän pour le saluer.

"Je vais devoir rentrer à la maison-mère, et vu le travail qui m'attend cette semaine, je ne pourrai sans doute pas repasser avant deux ou trois jours. Probablement pas avant la soirée films. Je serais content de te revoir à cette occasion, si tu décides de rester un peu.
Il sourit, encore. Il était parfaitement sincère. Le mollusque du canapé se redressa.
-Oh, j'y pense, je ne sais pas quel est ton job, mais si tu veux gagner un peu d'argent facile, tu ferais un excellent modèle pour un shooting. Et sinon, je peux toujours t'employer pour m'aider sur une ou deux séances à venir demain. Je rémunère plutôt bien, pour info. Par contre ça implique de faire mes comptes donc... Fais comme chez toi. Si tu vas dans ma chambre à l'étage tu trouveras une collection de bouquins d'un peu tout et n'importe quoi, j'ai un autre ordi, la télé, et du matériel pour tailler du bois dans le garage. À faire en extérieur de préférence.
-Et il y a mon matériel de peinture dans ta chambre, d'ailleurs je n'ai rien rangé, excuse moi."[/b]

La limace tachetée sourit en se laissant tomber à nouveau sur son sofa, visiblement peu emballée à l'idée de travailler ses comptes. Will ne put s'empêcher de rire en la voyant.
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Lun 28 Aoû - 3:05

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.
Après tant d'année, je rêve de trouver une âme avec qui errer.

Après des années d'errance, je veut trouver une meute, un autre loup avec qui être. Je ne sais qui cela pourrait être, je ne sais pas comment faire. Mais un jour, alors que je me suis perdu, quelqu'un m'a trouvé.


Une bulle. C'était ainsi qu'il le ressentait cette ambiance chaleureusement. Il mangeait, savourant chaque bouché avec patience. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas mangé un si bon repas. D'habitude il chassait dans la forêt un lapin ou une biche. Certes le visuel n'était pas au rendez-vous, mais après avoir passé l'hésitation et pris la première fourchette les saveurs étaient délicieuses. Cela fondait en bouche, les épices lui picotaient les papilles, la chaleur descendait dans son estomac.

Et puis il y avait les deux qui se chamaillaient sans cesse, leurs rires perçants son propre silence, suffisamment pour qu'il rigole naturellement sans se soucier du reste.
Oui c'était cela la différence. Il n'était pas sur le qui-vive.
La main s'immobilise quand il prend lentement conscience de ce que cela voulait dire.
Il se sentait accepté.
Battre des cils, l'émotion lui serrant la gorge. Reprendre le mouvement de sa fourchette pour passer sous le radar, mâchant avec lenteur son morceau de poulet.
C'était presque trop pour lui. Il aurait pu sortir de table, prendre une grande goulée d'air frais pour se rafraîchir les idées. Mais pour une fois, il accepte. Il prend juste ce qu'il peut avoir.

Manger le plus de calorie possible pour alimenter son corps, cette machine au métabolisme trop rapide. Depuis qu'il est devenu ce qu'il est aujourd'hui il a besoin d'une grande quantité de nourriture pour tenir la route. Beaucoup de Loups étaient comme lui. Mais ces derniers temps il a perdu en masse. Ces muscles sont moins volumineux lui qui a toujours été très grand, très musclé. Son corps c'était son arme de défense, d'attaque. Il ne pouvait pas se permettre la moindre faiblesse. Mais c'était ce qui ce passé quand on ne mangeait pas à sa faim. Boire de l'alcool et fumer des cigarettes ne permettaient pas de tenir.
A cette pensée il se disait qu'il en aurait bien fumé une. Mais il n'osait pas demander aux deux jeunes.

Il croqua dans une part de gâteau, se remplit la bouche de crème anglaise. Bu de longue gorgée d’eau désaltérante. Et quand enfin le repas fut terminé il pose une main sur ses abdos, repus.

- C’était délicieux.

Un long soupir de satisfaction. Un Loup qui n’a plus faim est un Loup apaisé. Il entend un rire et il rejoigna cette esclaffade, se moquant de lui-même. Peut-être un peu trop à l’aise tout compte fait.
Débarrasser la table, mettre le tout dans le lave-vaisselle qui commence son cycle. Puis Will l’intercepta lui annonçant son départ. Il eut une pointe d’appréhension.
Curieux.

- Je ne promets rien. Mais je vais essayer d’être là. Fait attention à toi.

Un franc sourire. Il ne savait pas comment le remercier, le saluer. Devait-il lui serrer la main ? Une accolade ? La bise ? Il se contente de serrer son avant-bras, de manière douce et rapide avant de se tourner vers Héléna.

- Je n’ai pas vraiment de boulot. Je fais tout et n’importe quoi tant que je suis rémunéré.

Un haussement d’épaule pour balayer la graviter de ses propres. Peut être qu’ils ne se rendront pas compte de l’importance du sous-entendu. Peut-être qu’ils le verront d’un autre œil quand ils com-prendront.
Et bien que la vérité ne soie pas belle, c’était sa réalité.

- Mais je dois avouer que l’on ne m’a jamais proposé de devenir modèle photo.


Un reniflement amusé. C’était définitif, pour lui, il n’avait pas la tête de l’emploi.
Il était étrange de s’apercevoir qu’il était plus dérangé d’être prit en photo et de dévoiler son passé gravé dans sa chair, que de prendre une arme pour traquer quelqu’un.

- En revanche pour ce qui est des comptes… je ne ferais pas ce que je fais si je pouvais en tenir. Je ne suis pas expert en la matière. Mais je t’aiderais du mieux que je le peux.

Un sourire. Puis après avoir dit au revoir à Will, il se met en quête de trouver un passe-temps. L'ordinateur, la télé, c'était un confort dont il n'avait plus l'habitude. Tailler le bois ?

Trouver le garage, chercher les outils nécessaires à son travail. Et pendant plusieurs minutes il reste indécis, incapable de trouver l'inspiration.

Il se sentait…. Vide. Il était un homme d'action, il ne se posait jamais pour souffler, réfléchir, prendre du temps pour lui. Aussi cette simple tâche lui semblait une épreuve. Quoi faire ? Quoi faire ? Quoi faire ?
Cela tourbillonne en lui, le lacère de l'intérieur La douleur est presque physique, lui fait ployer les épaules. Ne pas réfléchir. Agir.
Sans même savoir ce qu'il allait faire, il commence à tailler le boit, à lisser les angles. Racler encore et encore, faire des copeaux qui tombent autour de lui tel des plumes d'un oiseau.
Un oiseau en cage.
Lentement mais surement la forme d'un bec apparaît, des ailes se forment déployés comme prenant le vent. Le temps passe et les pensées s'effacent, trop concentré sur son œuvre pour être ailleurs. Cela lui fit du bien. Parfois il se râpe les doigts, nettoie le sang qui habille de rouge le volatil. Aucune importance, d'ici demain cela sera parti.

La sculpture était petite et grossière. On voyait où il avait passé la râpe, où il avait creusé. Ce n'était pas du tout lisse et parfait. Mais il l'avait fait avec le cœur.
Il repose l'objet en boit sur l'établit, l'observe sans rien dire.
Une pulsion soudaine lui donne envie de le saisir et de briser ses ailes dans un crit.

Se contenter de se relever, de tout nettoyer avec lenteur. Et quand enfin son esprit fût apaisé, il récupère l'objet et se dirige vers le salon. Poser l'oiseau sans un mot avant de monter à l'étage. A l'odeur il trouva la chambre d'Héléna. Le Loup entre et ne cherche aucun détail dans ce lieu qui n'était pas le sien. Il ne fouille pas les placards, ne défait pas le lit pour y trouver des odeurs, ne cherche pas de photos. Respecter l’intimité était important à ses yeux. Il se contente de la bibliothèque où il parcourt les livres sans vraiment avoir d'idée en tête. Prendre un bouquin au hasard et redescendre, sortir de la maison et rester devant le porche de la maison.

S'asseoir le dos contre la maison, laissant les rayons du soleil caresser son visage, les pieds chatouillaient par l'herbe. Il plonge dans sa lecture, bercer par le son du vent et le chant des oiseaux. Parfois il laissait son nez flairer des odeurs qui lui émoustillaient les sens, réfrène ces frissons qui lui hérissent le poil.

C'est ainsi que les heures passent, que le soleil descendit à l'horizon et qu'il ne fit aucun bruit pour perturber le silence. Et quand il en prend conscience il referme son lit, regarde le ciel devenir d'un orange magnifique, des touches de rose colorant les nuages.
Puis il se lève et s'étire, rentre en faisant bien attention de ne pas ramener de la terre sous ses pieds. Poser le bouquin et se diriger vers la propriétaire des lieux.

- Est-ce que tu aurais du fil chirurgical et du fil ?

Désigner sa blessure d'une main.

- J'aurais besoin de recoudre. C'est trop profond et cela mettra beaucoup moins de temps à cicatriser si je referme la plaie.

Il avait envie de la remercier pour la quiétude de cette après-midi, mais il se retient, de contente d'afficher un léger sourire.
Léolyne
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Léolyne
Mer 30 Aoû - 17:19
Dans leurs rêves les plus fous, ceux qu'ils n'avouaient jamais, ils vivaient très loin de là. En communion avec les esprits et les Hommes ils s'épanouissaient dans la joie, l'honnêteté et la tranquillité. Malheureusement ils étaient coincés ici, dans une meute gangrénée par l'égoïsme et la manipulation. Ils aimaient leur famille, du moins la plupart des membres, ils aimaient ce qu'ils étaient et leur rôle dans ce monde, néanmoins il n'y avait que lorsqu'ils étaient ensemble qu'ils se sentaient enfin apaisés. Si le semi-exil d'Héléna était une véritable punition, ils y trouvaient certains avantages. Ils se relâchaient sans penser à leurs contraintes ou leurs rôles respectifs, ils ne faisaient que s'amuser comme lorsqu'ils étaient plus jeunes. Sans le savoir, Méléän assistait à un moment privilégié entre eux.

"Ne t'y habitues pas trop, je ne suis pas aussi bonne cuisinière que Will."

Les cousins éprouvaient un certain plaisir à voir leur invité se détendre de la sorte.

Sur le départ, Will vérifia qu'il n'avait rien oublié tandis que sa cousine proposait du travail à son colocataire temporaire. Si le sous-entendu de sa réponse lui passa au-dessus de la tête, le regard que lui adressa le loup aux yeux d'améthystes laissait entendre qu'il comprenait. Son sourire rappelait qu'il ne le jugeait pas pour ça. Il ne pouvait pas imaginer ce qu'était sa vie, ce qu'il avait dû traverser, et lui-même n'aurait peut-être pas mieux fait à sa place.

"À bientôt, Mél. S'il y a le moindre soucis par rapport à tes blessures, n'hésitez pas à me contacter. Je n'ai pas validé mon diplôme comme ma petite soeur, mais j'ai quand même pas mal de connaissances dans le domaine médical.
-Bon courage, camarade. Et n'oublie pas de rappeler à Pietro qu'il est en charge de la nourriture pour samedi !
-Je le ferai."


Il leur adressa un signe de main avant de s'enfuir en passant plutôt par le garage. Il devait sans doute vouloir emprunter quelque chose à Héléna, qui n'y prêtait plus attention depuis longtemps. Elle préféra se reconcentrer sur le loup et la proposition qu'elle venait de lui faire.

"Il faut une première fois à tout, tu as un certain potentiel. Mais je ne te force pas la main. Et pour les comptes... Ah, j'apprécie ta proposition, mais je vais plutôt appeler mon comptable en pleurant un peu pour qu'il m'aide."

Nouveau rire, avant de s'en retourner à son travail. Bien qu'elle payait quelqu'un pour le gros du boulot il fallait qu'elle gère toutes les informations à lui transmettre, qu'elle s'occupe des ventes et des achats, qu'elle fasse des statistiques... et tout un tas de choses particulièrement désagréables. Ses débuts avaient d'ailleurs été difficiles, mais elle avait appris bien qu'elle rechignait toujours à le faire. En outre, son activité n'étant pas des plus classiques, il fallait toujours qu'elle justifie le moindre petit achat, le moindre projet comme s'il s'agissait de quelque chose d'exceptionnel sur lequel elle prenait un risque. Et cela même quand cela concernait une commande de la part d'un client. Elle avait besoin de minimiser ses distractions, mais surtout, son invité avait probablement besoin de temps en solitaire. Elle n'était pas aussi vive que Will pour cerner les gens ou leurs besoins, mais elle était attentive et observatrice. Méléän était un solitaire, et voilà qu'il venait de passer la journée avec deux personnes se chamaillant comme des ados et s'occupant de lui comme s'il faisait partie de la meute depuis toujours. Cela leur était venu naturellement, mais c'était sans doute très étrange pour lui.

Les heures défilèrent au rythme des migraines de la jeune femme. Elle était passée d'étalée sur son canapé, son ordinateur sur les genoux, à assise en tailleurs à même le sol au milieu de piles de documents et de factures diverses afin de faire le point sur ces derniers mois. Elle laissait le loup vaquer à ses occupations pendant que son comptable la torturait -avec un plaisir malsain, elle en était certaine. Elle ne savait même pas s'il resterait, bien qu'une part d'elle se demandait si l'idée de revoir Will ne le pousserait pas à rester quelques jours de plus. Elle sourit à cette idée, qu'elle garderait pour elle. Pour l'instant.
Héléna finit par terminer bon gré mal gré son travail en poussant un petit cri de satisfaction, avant de grommeler comme une mamie en se relevant, courbaturée qu'elle était par ses mauvaises postures et son installation désastreuse. Si elle considérait mériter un petit plaisir sucré pour cette tâche fastidieuse, elle se motiva d'abord à ranger tout son bazar histoire d'avoir l'esprit tranquille. Méléän la rejoignit alors qu'elle s'en prenait à une tablette de chocolat avec autant de délicatesse qu'un enfant ayant volé une boîte de bonbons, mais elle ne s'en sentie pas particulièrement gênée et déposa son goûter pour s'approcher du loup. Elle jeta un oeil à la statuette qu'il avait déposé un peu plus tôt, qu'elle n'avait pas touché tant elle était absorbée par une ribambelle de chiffres dénués de sens.

"Tu aurais dû demander ça à Will. J'ai le matériel nécessaire, mais je n'arrive même pas à reprise mes chaussettes, alors une main... Il faut que je l'appelle."

D'abord, elle se retourna pour lui couper un morceau de sa tablette et le lui tendre, à lui de voir s'il souhaitait partager son petit caprice de fin de journée ou non.

"Je voulais te proposer de visiter notre territoire demain, si ça te dit. Tu pourras te déplacer tout seul sans problème comme ça."

Une idée sembla lui traverser l'esprit. Elle retourna dans la salle de bain pour récupérer une énième fois la trousse de toilettes, puis elle grimpa à l'étage et revint de sa chambre armée d'un grand album photo vert et noir, qu'elle déposa sur la table basse à côté de la statuette. D'un signe de tête, elle incita le loup à la rejoindre et s'installer à ses côtés.

"C'est l'un des premiers photo-shoot que j'ai fait en tant que professionnelle. C'est aussi mon préféré, et Will m'a un peu aidée."

S'il décidait de feuilleter l'ouvrage, il pourrait voir une série de photo mettant en avant tout un tas de physiques atypiques dans un style noir et blanc assez épuré. Le fond était sobre, les postures diverses, les expressions neutres ou attristées. Les modèles étaient de différentes carnations, corpulences, certains étaient couverts de cicatrice, d'autre d'acné, ou avaient la peau lisse comme des nouveau-nés. Il y avait même quelques personnes ayant un vitiligo, et un ou deux autoportraits d'Héléna. Ces images dégageaient quelque chose de doux et triste à la fois, sans être pour autant démoralisantes. L'autre partie de l'album comprenait des photos groupées qui, au contraire, évoquaient un sentiment de bonheur et d'insouciance plaisante à regarder. C'était des moments de partages qu'Héléna avait capturé là : les modèles, armés de pinceaux, décoraient ce que le monde estimait comme leurs imperfections. Quelqu'un avait décoré les tâches blanches qui parsemaient sa peau de fleurs colorées, la cicatrice sur le ventre d'une femme était devenue une rivière bordée d'animaux curieux, un homme eu bec de lièvre avait désormais plusieurs sourires égayant son visage... Il était important pour la jeune femme de mettre en lumière des physiques dits atypiques, de les sublimer, de montrer tout ce qu'il avait à offrir. Elle n'obligerait jamais Méléän à quoi que ce soit, elle voulait simplement qu'il comprenne la façon dont elle les voyait, lui et son corps marqué par sa longue vie.
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Ezvana
Dim 3 Sep - 3:04

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.
Après tant d'année, je rêve de trouver une âme avec qui errer.

Après des années d'errance, je veut trouver une meute, un autre loup avec qui être. Je ne sais qui cela pourrait être, je ne sais pas comment faire. Mais un jour, alors que je me suis perdu, quelqu'un m'a trouvé.


- Je peux le faire moi-même. J'en ai l'habitude.

Ce n'était pas pour rien qu'il avait des cicatrices parfois boursouflées sur des parties de son corps. Bon nombre de fois il a dû se soigner lui-même, ne comptant pas sur sa cicatrisation accélérée, et parfois il piquait trop profondément dans l'urgence.

Prendre un morceau chocolat qu'il savoure en silence. C'était bien un aliment qu'il ne s'autorisait plus depuis des lunes et voir Héléna s'y faire les dents lui arrache un semblant de sourire qu'il essai tant bien que mal à camoufler.

- Volontiers. Tant que je ne me retrouve pas pourchasser par une meute en furie ou des esprits mal intentionnés.

A moitié sérieux. S'il devait se défendre, il le ferait. Et s'il pouvait éviter des ennemis invisibles il serait satisfait. Et en même temps l'idée d'être à l'extérieur faisait chanter son cœur. Non pas qu'il avait l'impression d'être en prison dans cette maison perdue dans les bois, mais la liberté avait un goût unique qu'il ne pourrait jamais oublier.

Docilement il rejoignit Héléna pour s'asseoir à ses côtés. Elle ouvrit l'album photo et il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. Il n'était pas imperméable à l'art, c'était juste par son domaine de prédilection. Il aimait un peu lire, regarder des films c'était à peu près tout. Il ne s'arrêtait jamais devant un tableau pour l'admirer, n'a jamais dessiné de sa vie et sa voix grave et souvent guttural ne convenait pas à du chant. Se souvenir vaguement de quelque œuvre chez lui, quand il était encore un humain, mit en place par son compagnon.

Mais il pouvait toujours s'instruire. Alors il se penche un plus, pose un doigt sur une deux photos qui le touchent plus particulièrement. C'était beau d'avoir ainsi une vision sur la beauté des gens malgré les blessures de la vie. Il comprenait le mouvement, même si ses propres yeux sont voilés par la violence des marques. Comment pouvait-il trouver beau ce qui était gravé dans sa chair ? Souvenir d'un passé d'esclave, de la torture chaque jour pour la mater, pour lui briser l'esprit rebelle qu'il gardait avec ferveur.

- J'avoue avoir une préférence pour les premières. Il se dégage de celle-ci une certaine mélancolie.

Cela lui parle. Fait écho à ses ressentis qui le poursuivent depuis des années. Méléän n'était pas forcément quelqu'un de joyeux, d'heureux dans la vie. Il était plutôt taciturne, gardant pour lui sa douleur quitte à en souffrir sur le long terme. S'ouvrir aux autres, il ne savait pas ce que c'était. Incapable de se souvenir de quand la dernière fois il a pu interagir normalement avec des congénères. Et ces deux Loups avaient une bonté qui lui était presque inconnue.

- Tu es un bon modèle également. Cela fait ressortir ta beauté naturelle. Tes photos sont magnifiques.

Un sourire. Un autre aurait put rougir de faire ainsi un compliment si sincère. Mais pas lui. Bien trop vieux pour être ainsi pudique et être mal à l'aise face à la vérité. Héléna était d'une beauté envoutante, ses yeux sont perçant et sa peau tachetée la rends unique. Pendant un instant il se demande quel était son apparence lupine. Visiblement leur physique humanoïde ne correspondait pas forcément à la forme de Loup, l'exemple étant Will.

- Si je devais poser dans la seconde partie, faudrait que je sois avec des fleurs.

Pensif, se grattant la barbe d’un tic qu’il n’arrivait pas à se défaire. Il réalise qu’il venait de parler à voix haute. Agrandir ses yeux, se figer dans le mouvement.
Puis un rire étranglé qui le secoue. Se frotter le visage de ses mains comme s’il venait de commettre une bourde.
Craquement de ses genoux quand il se relève, qu’il affiche un sourire en coin.

Dehors les derniers rayons du soleil rasaient l’horizon, la nuit tombant peu à peu. Renifler l’air, à la recherche de cette odeur du soir si particulière, de cette terre cuit par le soleil et l’humidité dans l’air qui amène toutes les odeurs possibles.
Se dirigeant vers la cuisine il prépare la table, sachant dorénavant ou était les ustensiles. Il mit à ré-chauffer la nourriture du midi, servant des portions généreuses dans les assiettes.

A table il discute, essayant de chasser cette solitude qui lui colle à la peau. Il ne parlait pas vraiment de lui-même, ne parle pas de son passé de son histoire. Beaucoup écouter, rebondir sur les opportunités qu’on lui offre. Il se sentait à l’aise dans cette maison mais il n’oubliait pas que cela ne faisait qu’une journée qu’il était ici. Sa méfiance naturelle restait là.
Débarrasser la table, souhaiter une bonne nuit à la louve.

Se diriger dans la salle de bain et prendre une douche rapide avant de prendre le fil et l'aiguille. Il préférait être seul pour cette action pour ne pas être jugé sur sa manière de faire. Tel l'animal sauvage qui reste dans son coin à se lécher la plaie, il ne voulait pas être dérangé.

Défaire le pansement, observer la plaie. Toujours dans le même état que tout à l'heure. Et avec patience il enfonce l'aiguille, tire sur le fils. Le fait qu'il le fasse lui-même atténuait la douleur. Et puis il la connaissait depuis si longtemps qu'elle n'était pas vraiment dérangeante. Piquer profondément pour être certains que ça tienne au vu de la profondeur de la blessure.
Le travail n'était pas des plus fin, mais c'était efficace.
Satisfait il se dirige vers la chambre.

Méléän reste debout devant le lit, hésitant à se glisser dans les draps. Toute la pièce portait l'odeur de Will, il ne s'y sentait pas à sa place. Pendant un instant il se demande s'il n'allait pas tout tirer par terre et dormir en boule. Se réconforter en retrouvant la dureté du sol dont il avait l'habitude dans les squattes où il logeait.
Ne soit pas con.
Pour une fois qu'il avait droit au confort il ne pouvait pas refuser.

La nuit fût courte. Peuplé de souvenirs, d'émotions négatives, d'horreurs. Pendant son sommeil il tremble, s'agite, grogne. A deux doigts de se transformer, le corps suant à grosse goutte, la douleur déformant les traits de son visage.
Et naturellement il se réveille avant le lever du soleil. Horloge biologique parfaitement huilée. Il n'avait pas le temps au repos. Chaque journée c'était une nouvelle recherche de travaille, de nouvelles errances dans la ville ou dans les bois pour échapper à ses fantômes qui susurraient à ses oreilles des choses qu'il préférait oublier. L'action lui permettait de ne pas réfléchir, alors il préférait s'épuiser plutôt que d'attendre.
Impossible de refermer l'œil alors qu'il repousse la couverture d'une jambe. Se lever et se rhabiller. Il lui était difficile de s'endormir avec des vêtements qui lui collent à la peau.

Silencieusement il sort de la pièce, passe par la salle de bain pour se passer de l'eau fraîche sur le visage et chasser ses démons. Se diriger vers le salon et s'asseoir par terre, le dos contre le canapé, à regarder le soleil se lever par la fenêtre.
Impossible de savoir combien de temps il était là, à attendre que le temps passe. Se concentrer sur sa respiration, chasser l'angoisse qui forme un nœud dans sa poitrine. Et quand il entend du bruit derrière il tourne la tête et affiche un léger sourire.

- Bonjour Héléna.

Léolyne
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Léolyne
Dim 3 Sep - 16:37
Une grimace déforma les traits de la jeune femme, qui n'insista pas pour autant. Elle était à la fois soulagée de ne pas avoir à le faire elle-même -ce qui était mieux pour lui- et dérangée à l'idée qu'il se fasse mal en voulant s'en occuper tout seul. Mais elle n'insista pas, elle respectait les choix d'autrui même lorsqu'elle les désapprouvait, elle. Elle ne pourrait pas se faire face devant un miroir si elle en venait à agir comme... Elle préférait ne pas y songer davantage.

"La meute n'est pas vraiment vindicative, sois rassuré. Nous ne sommes que huit loups mais une trentaine de personnes vivent ici. Tu ne fois faire attention qu'à deux choses : la maison à l'est de chez moi seule en forêt, et le loup allemand. Lui, il est dangereux et violent, et c'est le mâle Alpha. Mais comme de toute façon même lui ne peut pas outrepasser Sierra et qu'elle écoute son petit-fils plus que son époux, tu n'auras pas de problèmes... Et pour les esprits, évite simplement de te promener seul la nuit dans les alentours."

Elle lui adressa un petit sourire suivi d'un clin d'œil, espérant ne pas le mettre mal à l'aise par ses remarques. Ce n'était pas la première fois qu'elle ramenait un étranger ici, même un non-humain, et Sierra passait outre puisqu'elle ne pouvait rien faire d'elle de toute façon. Ça ne l'intéressait pas. Mais Hans... Il était mauvais, réellement mauvais, et la moindre petite chose pouvait lui servir d'excuse pour taper sur quelqu'un, sans que personne ne soit jamais au courant. Instinctivement elle porta sa main à sa joue en repensant à leur dernière rencontre, juste un instant.

Sur le canapé, un sourire aux lèvres en voyant Méléän être au moins un peu réceptif à son travail, la jeune femme lui transmis l'album pour le laisser feuilleter à son aise.

"J'avais à peine vingt ans quand je me suis lancée dans ce projet, et par la suite je l'ai peaufiné, amélioré. C'est un peu ma marque de fabrique dans le monde de l'art, et dans le monde professionnel. Il m'arrive d'être employée par des marques pour faire des mises en avant de produits, je n'accepte qu'à conditions d'utiliser mes modèles réguliers qui, comme tu peux le voir, ont des physiques assez variés. Cet album n'est pas le plus qualitatif, mais j'y tiens beaucoup. "

Héléna ne les voyait pas comme des employés ou des collègues, mais comme de véritables amis. Elle tenait à beaucoup d'entre-eux qu'elle avait vu grandir, vieillir, et parfois même... C'était douloureux d'y repenser, mais elle savait à quoi s'en tenir lorsqu'elle avait fait le choix d'être louve.

"Je te remercie. C'est grâce à Will, tout ça. Il m'a en partie élevée et quand les autres se sont moqués de moi à cause de ma différence, il s'est armé d'une palette de peinture et m'a proposé de les mettre en valeur. Ça m'a beaucoup aidée à prendre confiance en moi, et j'ai voulu faire la même chose par la suite. Si jamais tu as envie d'essayer... Sache qu'il y a un fleuriste pas très loin d'ici."

Tandis que le loup préparait la table et le repas du soir, Héléna rangeait son matériel avant de se saisir de la petite statuette, un sourire aux lèvres tandis qu'elle en effleurait chaque trait, chaque sillon avec un sourire attendri. Elle déplaça un vase de fausses fleurs sur l'étagère du salon pour le remplacer par la statuette, sans rien ajouter de plus. Durant le repas elle préféra ne pas l'assaillir de questions tout en lui laissant l'opportunité de parler de lui s'il le désirait. Elle en profita également pour lui parler de la meute : un peu plus au nord, une sorte de petit village était établi pour permettre aux membres d'y vivent tranquillement. Puisqu'il fallait au moins une quarantaine de minutes de route jusqu'à la ville la plus proche, ils avaient bâti une sorte de magasin fourre-tout au centre du territoire. Nourriture, vêtements, point postal... Le strict minimum au plus proche de la famille. En outre, certains cultivaient chez eux des herbes, des animaux ou autre dont ils pouvaient revendre le surplus dans une partie du dit magasin. Il était généralement tenu par les ados pour se faire un peu d'argent de poche, sous la surveillance de la propriétaire des lieux. Elle-même y avait travaillé quelques mois pour s'offrir son premier appareil photo de qualité. Comme il avait tout préparé pour le repas, la jeune femme rangea et nettoya la table avant de lui souhaiter une bonne nuit, récupérant son ordinateur pour aller s'enfermer dans sa chambre.

Contrairement à son invité, elle s'endormit rapidement et longtemps. Lorsqu'elle s'éveilla le soleil était déjà haut dans le ciel, elle n'avait jamais été du genre lève-tôt. Elle se dirigea dans la salle de bain attenant à sa chambre pour prendre une douche rapide mais revigorante, enfila une jupe noire courte par dessus un débardeur de même couleur, et descendit à son tour dans le salon. Peu surprise de trouver Mél assis par terre plutôt que sur le canapé, elle lui adressa un grand sourire en lui tendant la main pour l'aider à se relever.

"Salut toi. J'espère que tu n'as pas attendu trop longtemps."

Elle ne lui demanda pas s'il avait bien dormi, il n'avait pas l'air très en forme et elle ne souhaitait pas le mettre mal à l'aise. En guise de petit-déjeuner elle lui laissa le choix entre café, thé ou chocolat chaud accompagné de pancakes, et cela fait il fut temps d'aller faire le tour des lieux.

"Dans la chambre en face de la tienne c'est mon stock de tenues, tu devrais trouver des vêtements à ta taille si tu veux te changer."

Dès qu'il fut prêt, elle enfila une paire de sandales compensées et l'incita à la suivre jusqu'à sa voiture, qui était plus ou moins pleine de choses qui n'avaient rien à faire là. Des appareils et batteries de rechange, une trousse de maquillage, des bijoux un peu partout, une peluche en forme de dinosaure... Elle grimaça devant l'état déplorable du véhicule, qui n'était pas particulièrement sale mais totalement encombré.

"Ne fais pas attention au désordre, c'est toujours comme ça quand j'ai un mois chargé..."

Piètre excuse, bien que réelle. La voiture était équipée pour crapahuter sur les chemins forestiers sans trop de problèmes, il leur fallut plus d'une demi heure pour arriver à destination. À moins d'avoir ses quatre pattes, il était hors de question qu'elle marche aussi longtemps dans les bois. Ces derniers étaient remplis de vie : ils avaient croisé bon nombre d'animaux en tout genre, notamment des sangliers qui avaient causé un arrêt un peu sec et les avaient contraint à patienter jusqu'à ce qu'ils s'éloignent suffisamment. Heureusement, les bêtes s'étaient habituées à leur présence et ne chargeait pas les voitures qui passaient.

Le chemin conduisit à un petit parking à moitié rempli dessiné dans la terre sèche et dressé tout autour d'un large bâtiment à grandes vitrines qui était sans conteste le magasin dont elle parlait la veille. Une route plus large se trouvait à l'autre bout, le chemin de la ville emprunté pour aller travailler ou par les camions de livraison. Sur la droite, un petit chemin étroit qui menait au village dans lequel les voitures n'étaient pas les bienvenues. C'était une autre raison d'apprécier sa mise à l'écart : elle pouvait se garer directement chez elle pour décharger ses affaires. Héléna laissa tout le temps nécessaire à Méléän pour observer ce qui l'intéressait. Elle lui proposa de passer par le magasin plus tard s'il le désirait, puis l'amena sur le sentier menant aux habitations. La première chose que l'on remarquait était une sorte de gigantesque manoir entouré d'un large terrain à plusieurs centaines de mètres d'eux. Le chemin menait directement là-bas, mais il était possible, en suivant des sentiers encore plus étroits, de se rendre à l'une ou l'autre des maisons sur la route. Il n'y en avait que dix : cinq de chaque côté les unes derrière les autres. Aucune clôture pour la majorité, bien que certains aient voulu un peu d'intimité chez eux. La plupart avaient des jardins fleuris, des potagers, et parfois même des animaux de basse-cour qui ne se privaient pas de piailler en continue. Quelques personnes se baladaient ci et là mais personne ne leur prêtait vraiment attention. Juste avant d'arriver au portail du manoir, Héléna désigna un chemin presque invisible derrière un buisson.

"Personne ne va jamais là-bas, mais c'est un coin sympa. La plupart des membres de la meute vivent dans le manoir avec Sierra et Hans, la fenêtre de la chambre de Will est tout en haut à gauche, d'ailleurs. Il y a du terrain derrière sur lequel ils peuvent aussi cultiver des choses si l'envie leur en prend, et un étang assez profond pour se baigner quand il fait chaud. J'aime bien venir à cette heure-là car tout le monde travaille ou presque, donc c'est plus tranquille."

Le territoire était bordé par la forêt, mais elle semblait moins dense que là où Héléna vivait. Après avoir emprunté le petit sentier dissimulé, ils arrivèrent au pied d'une immense statue de bois représentant un loup hurlant à la lune,  et son corps était en partie recouvert de gravures de loups différents portant une initial sur le poitrail. Il y en avait un, haut et fier, qui regardait avec une tendresse infini ses congénères l'entourant. Il portait un W sur lui. Non loin, un loup plus petit dans une posture de jeu semblait se chamaillait avec un autre un poil plus impressionnant, respectivement H et P. Un sourire attendrit se dessina sur les lèvres de la jeune femme.

"Ça m'attriste de constater que personne ne s'en occupe vraiment. Si l'on passait près du manoir, on trouverait des jeux pour enfants et une sorte de mini salle de classe pour dix personnes à peine, mais je t'avoue que je préfère ne pas m'y rendre, je suis pas la bienvenue."
Ezvana
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Ezvana
Dim 10 Sep - 21:26

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.
Après tant d'année, je rêve de trouver une âme avec qui errer.

Après des années d'errance, je veut trouver une meute, un autre loup avec qui être. Je ne sais qui cela pourrait être, je ne sais pas comment faire. Mais un jour, alors que je me suis perdu, quelqu'un m'a trouvé.


Après avoir mangé Méléän se dirige vers la fameuse pièce, trouve des cartons et des portants avec des vêtements. Il est un peu mal à l'aise d'ainsi fouiller, même en ayant la permission. Il cherche, bouge les vêtements, les colles sur lui pour estimer la taille. Trouver un jean n'était pas une grande difficulté même s'il manquait quelques centimètres au niveau de ses jambes au vu de sa grande taille. Ce qui le gênait le plus c'était la taille du haut. Bien trop souvent ils étaient trop serré au niveau des bras et il avait horreur de cette sensation. C'était comme si on le retenait prisonnier tout au long de la journée. Et enfin il trouve un ample tee-shirt gris qui camoufle certaines de ces cicatrices et lui laisse une amplitude de mouvement agréable.
Une paire de basket à sa taille et déjà il se trouvait dans la voiture. Il ne fit aucun commentaire sur l'état du véhicule, plutôt concentré sur le fait qu'il était aussi excité qu'inquiet. Même si cela ne faisait qu'une journée qu'il était ici, il n'avait pas l'habitude d'un contact prolongé avec d'autre personne. Cette sortie lui permettait de penser à autre chose, de se changer les idées. Mais il serait sur le territoire d'une meute et dans son esprit apparaissait tous les scénarios catastrophes.
Pendant le trajet il reste silencieux, se contente d'observer la forêt aux alentours et de compter le nombre d'animaux sauvages. Il y en avait beaucoup pour un territoire de Loup. Certainement cette histoire d'équilibre dont il ne percevait que la surface.

Arrivé devant un grand bâtiment ils sortent de la voiture s'aventurent sur le territoire. Méléän essayait tant bien que mal de se détendre, écoutant avec attention les indications d'Héléna. C'était curieux ce petit village perdu au milieu de la forêt, comme des exilés qui ont ramené la modernité au pied des chênes centenaires. Lui avait connu des meutes qui ne vivaient que sous forme lupine ainsi dans les sous-bois, préférant garder leurs formes bipèdes pour la ville et ses environs, comme une césure entre l'animal et l'homme. Mais ici c'était différent. Un brin admiratif le lycan qui continue d'avancer en regardant chaque détail comme un enfant que l'on emmène en vacances.

Le manoir le met mal à l'aise. Il s'y dégageait de nombreuses odeurs qui lui hérissaient le poil. Trop d'individus au même endroit, pour lui c'était une source d'angoisse, lui qui avait l'habitude de l'isolement depuis des années. Il n'imaginait même pas l'organisation que cela pouvait demander pour vivre au quotidien avec autant de personnes.
Quand elle lui indique la chambre de Will, brièvement il lève le regard, essai de capter un reflet, une ombre. Il se demande ce que pouvait faire l'homme aux yeux mauve. Mais déjà ils s'aventurent sur un petit sentier et une grande sculpture les accueilles.
Un sentiment étrange lui serre l'estomac à la vue de ce loup qui hurle. Avec lenteur il s'approche et tend sa main pour effleurer le bois taillé. C'était comme s'il était empli d'une énergie, de sentiments, d'une histoire.

- Je ne te forcerais pas à aller dans un endroit ou tu ne veux pas aller. C'est déjà très généreux de ta part de me faire découvrir votre univers.

Il comprenait un peu mieux ce qui retenait Will à resté ici plutôt que de s'éclipser pour avoir une meute plus conventionnelle. Le principe de famille était ici bien plus fondamental qu'ailleurs et les liens tissés sont impossibles à dénouer. Peut importe que tu t'éloignes, le sang parlera toujours. Cela devait être un poids terrible à porter.

Lui-même avait souvent décrit son isolement comme une malédiction. Il a perdu son compagnon, ses amis, ses frères de combats. Tous ont disparut ne laissant que des fantômes et des banshees susurrant à son oreille des souvenirs presque oubliés. Mais peut être qu'être bloqué dans une telle famille était pire. Il n'était personne pour juger, mais en tant que Loup, c'était terrible à vivre.
Mais lui n'était qu'un loup-garou alors qu'eux était des chamans. C'était une différence qui pouvait tout changer.

- Qu'est-ce que cette sculpture signifie ? Elle est très belle. Puissante.


Léolyne
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Sabrina
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Léolyne
Dim 10 Sep - 22:20
Légèrement en retrait, Héléna observait le comportement de Méléän, ses réactions vis à vis de ce qu'elle lui montrait, sa façon de se tenir, de réagir à ce nouvel environnement. La délicatesse dont il fit preuve pour effleurer la statue de bois la toucha plus que de raison, tandis qu'un sourire étira ses lèvres à sa question. Elle se rapprocha un peu, contemplant les différentes gravures face à eux.

"Notre famille existe depuis presque aussi longtemps que les premiers Homme, mais le gêne du loup n'est présent que depuis quelques générations seulement. Les chamans sont des êtres solitaires et dénués d'intérêts personnels ou de sentiments, uniquement dévoués à leur cause. Pour les métamorphes, qui n'apprécient guère la magie en général, ce sont des proies faciles puisqu'il suffit de réussir à se rapprocher pour avoir l'avantage, aucun humain ne rivalise de force avec un loup. Kewanee était l'une des plus puissantes chamanes que ce monde ait vu naître, mais comme les autres elle vivait seule dans cette forêt qu'elle protégeait à sa façon, jusqu'au jour où elle a trouvé une Bête gisant sur son territoire. Un loup évincé par un rival plus jeune pour prendre le contrôle de la meute. Il avait courut sans se retourner pendant des jours avant de s'écrouler à moitié mort et, au lieu de l'achever pour se protéger, elle a préféré le soigner. Ils ont fini par se rapprocher, tomber amoureux, puis Kewanee est tombée enceinte. À sa demande les esprits ont béni leur union et depuis nous sommes porteurs du gêne loup. Je te passe les détails, mais un jour Kewanee s'est transformée à son tour et a perdu ses pouvoirs. Elle avait beau aimer son époux et sa descendance, elle ne pouvait plus supporter de vivre de cette façon. Tokea a construit cette statue pour elle, pour lui rappeler qu'elle n'était plus seule, qu'elle n'avait pas à porter ce fardeau sur ses épaules. Elle avait désormais une famille, une meute. Que l'on soit humain, chaman ou loup, tous ceux qui font partie de cette famille sont liés par quelque chose d'intangible et d'indéfectible. Nous le symbolisons en gravant une effigie pour chaque nouveau-né ici, même si la tradition s'est un peu perdue depuis que Sierra est devenue l'Alpha. C'était la soeur de Will qui s'en occupait avant son départ, et c'est lui qui a reprit le flambeau depuis."

À nouveau, elle recula, regardant à présent le manoir qui s'élevait au-delà des buissons.

"Tokea disait qu'un loup n'était jamais seul, parce que la Lune veillera toujours sur lui. Même si l'on vient à perdre ses amis, sa famille, sa meute, il y aura la Lune pour nous accompagner sur le chemin de notre vie."

Nous sommes tous ensemble sous le même ciel. Même séparés par des milliers de kilomètres, ils restaient unis les uns aux autres. Même ceux que l'on appréciait pas, mais il n'y avait aucun intérêt à les renier pour autant. Bon ou mauvais, leur existence mérite d'être respectée, c'est aussi pour cela qu'une révolte contre Sierra n'était pas envisageable. Peut-être que ceux connaissant ses sombres secrets n'étaient pas du même avis, mais ils n'étaient pas là pour le dire.

"Ton regard m'est familier, Mél. Tu as l'air... seul. Véritablement seul. Par choix ou par contrainte, c'est une question que je ne poserai pas, mais j'aimerais que tu saches que tu trouveras toujours de la compagnie ici."

La meute n'était pas des plus accueillantes pour un étranger, néanmoins la plupart des membres avaient un trop-plein de bonne conscience, un besoin viscéral de venir en aide à ceux qui en avaient besoin. Un trait probablement hérité de Kewanee et de ce que leur imposait leur nature chamane : œuvrer à l'équilibre des énergies, au respect de tous les êtres peuplant ce monde. Ils n'étaient ni chamans ni loups, ils étaient les deux, même ceux dépourvus de magie comme Héléna. Ils avaient le choix. Will, alors qu'il ressentait une envie insupportable d'éliminer cet étranger, avait transformé cette colère en une volonté de lui venir en aide, de panser ses blessures et de l'aider à aller mieux. Il choisissait la voie qui lui semblait la plus juste, mais rien n'était figé, rien ne le contraignait à poursuivre ce chemin la prochaine fois. Peut-être que cette dualité était inquiétante ou malaisante pour d'autres, mais eux le voyaient plutôt comme une bénédiction. Avec ses défauts, mais surtout ses bons côtés.
La louve décida de s'asseoir au pied de la statue sans s'inquiéter outre-mesure de salir ses vêtements. Elle songea rapidement au fait que son invité était grand et que même sa gigantesque garde-robe d'emprunt n'avait pas grand chose à lui proposer, aussi faudrait-il se prévoir une virée shopping s'il décidait de rester plus longtemps. Il n'avait peut-être pas beaucoup d'argent, cela dit ? L'ébauche d'une proposition qu'il pouvait accepter lui traversa l'esprit et elle sourit à cette idée. Son planning du mois était assez chargé, ses tâches énergivores, et c'était sans compter tous les imprévus qu'elle subissait au quotidien. Le problème principal de son métier était que tout ne dépendait pas d'elle, elle avait dû apprendre à connaître ses collègues et à anticiper leurs actions pour s'organiser au mieux. Un bref soupir lui échappa lorsqu'une notification fit vibrer son téléphone, et qu'elle y vit un rappel d'un rendez-vous qu'elle n'avait pas du tout envie d'avoir.
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