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Préférence de jeu : Les deux
HATAKE
Mer 23 Déc - 12:09
morgan hill
J'ai 18 ans et je vis en Ecosse, quelque part où tu ne veux aller. Dans la vie, je suis maudit et je m'en sors comme je peux.. Je suis hanté.
Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire. - Luc 10, 19.
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C’est ça le truc. Le doute qui le saisit à nouveau à l’instant où il referme la porte et les coupe des autres. Y a peut-être pas que la porte qui les sépare des autres. En tout cas pour lui, ça a été acté, jugé et reconduit sous les tribunaux depuis un bon bout de temps. Il n’a aucun doute quant à son ostracisation par rapport au reste de la bande de joyeux lurons qui pèlent des pommes de terre et écossent des petits pois de l’autre côté du panneau de bois. Purée, petit pois, d’ailleurs, au fait, ce soir, apparemment.
On s’en fout.
Le problème c’est qu’il a peut-être collé une autre porte, métaphysique bien sûr, un mur, un voile peu importe encore la gamine et les lutins du père Noël. Elle l’a suivi lui.Y a plus qu’à espérer qu’on ne lui colle pas d’étiquette sur la front. Les potes de paria, ça n’existe pas. Y a les arias, et ceux qui ne le sont pas. Pas d’entre deux. T’façon, c’est un peu trop tard pour y réfléchir. Froncer le nez et les sourcils dans ce couloir vide à l'exception d’eux deux n’aura pas beaucoup d’effet. Sinon augmenter le niveau de sympathie qu’il doit inspirer à la jeune fille, là tout de suite. Surtout vu la bobine qu’elle tire. Il est pas très fin psychologue Mo, mais il n’est pas complétement stupide non plus.
Calme-toi, mec. Sinon tu vas définitivement lui faire peur. Et cette fois-ci, ce sera uniquement de ta faute.
Il soupire, passe une main sur son visage pour détendre un peu ses traits. Pas vraiment dans ses habitudes de ces derniers mois. Douche, donc. Il se décolle de la porte, baisse la voix juste pour avoir l’air moins agressif. Ce qui s’avère nettement moins difficile que prévu. Le nouvel enthousiasme de la gamine relevant légèrement le coin de ses lèvres.
_ Si mademoiselle veut bien me suivre.
Petite courbette théâtrale et il passe devant elle pour remonter les couloirs passant devant de nouvelles portes qu’ils présentent comme réserves de bouffe, réserve de fourniture diverses, laverie - où il ira lui trouver de quoi se changer - et des portes qu’ils ne passent pas, bureaux ou cellules du pasteur et des soeurs et autres types qui gèrent l’endroit. Et puis les douches. Communes bien sûr, enfin y'a quand même des panneaux pour délimiter les cabines et préserver le peu d’intimité qu’il leur reste.
_ T’auras la paix à cette heure-ci y a quasi personne. Les produits sont déjà dedans. Sans indiscrétions, tu mets du combien ? C’est pas dit que je trouve mais au moins je saurai quoi chercher. Tu pourras mettre tes fringues là dedans.
Il désigne une bassine déjà à moitié pleine dans un coin de la pièce. Et puis, il lui sourit, à peine, mais ça reste un sourire. Oui, à la question là elle peut répondre sauf si elle veut trébucher dans des godasses trop grandes ou avoir les chevilles à l’air, comme lui, à cause d’un futal trop court. Il répète les tailles dont elle lui fait part à voix haute puis en boucle au fond de son petit crâne, parce que lui et la mémoire à court terme, ne sont pas … en bon terme. Haha. Erm. Et puis il fait demi-tour pour aller à la laverie, avant de se raviser.
_ Au fait … bien joué mon p’tit oignon.
Ouais, elle n’a pas répondu au pasteur, et il en est presque fier. Le sourire s’agrandit une fraction de secondes, et il s’éclipse. Entre les étagères de fringues, il remet cinq secondes avant de se souvenir des nombres que miss oignon lui a donné quarante-trois secondes plus tôt. C’est l’heure de jouer les personal shopper. Ca le fait doucement rigoler et il se met à farfouiller dans les fringues. Fini par lui dégoter des fringues plus ou moins à la bonne taille. Un pantalon en velours brun, un pull gris, et une chemise à carreaux rouge version bucheron. Il lui prend aussi bonnet en laine, une écharpe et une grosse parka kaki parce qu'elle ne va pas rester enfermée. Et puis il se souvient que les sous-vêtements c’est pas optionnel. Enfin entre les slips et brassière en coton, y a pas franchement le choix. Des chaussettes et des baskets pour terminer. Et puis une serviette accessoirement.
Marche arrière et il pose la serviette sur la porte de la cabine de la gamine en silence. Pose les fringues sur un tabouret en face. Et il ressort dans le couloir, glisse contre le mur jusqu’au sol et attend là. A jouer avec ses doigts jusqu’à ce qu’elle ressorte de là. Propre et réchauffée. Ce sera déjà une super avancée pour elle.
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Nellyos
Mer 23 Déc - 15:53
Héloïse
« On me répète sans cesse que c’est pour mon bien ; mais comment pourraient-ils savoir mieux que moi-même ce qui me convient ? »
J'ai 17 ans, et je suis portée disparue depuis deux ans, je crois. Deux ans que je me suis lancée à la poursuite de légendes, de rumeurs. Mais, finalement, cette lueur d'espoir que ces histoires m'offrent, c'est toujours mieux que rien.
On adore raconter les histoires des personnes aux capacités extraordinaires, pourtant, moi, maudite, on n'a fait que me rejeter pour cela. Pourquoi ? Parce qu'on fait peur autant qu'on fascine.
Mon père, lui, son truc c'était de me cacher : la réputation avant tout. Il était comme les enfants qui pensaient que les choses disparaissaient si on les ignorait, mais ça ne marche pas comme ça, hein ? Surtout pas avec les malédictions.
Et puis, il y avait ma mère qui ne disait rien. Je crois que c'était mieux comme ça. Je sais qu'elle m'aime encore, ça n'a rien changé, mais ça compliquerait trop les choses avec mon père qu'elle me le dise.
C'est pour ça que je suis partie, pour la protéger, pour me protéger parce qu'il prenait une pente dangereuse. Et peut-être aussi parce que j'en avais marre.
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Elle leva les yeux au ciel : c'était idiot. Idiot oui, mais ça la faisait tout de même sourire, en soit témoin le coin de ses lèvres qui se recourbait contre son gré. Elle en oublia même le regard noir auquel elle avait eu le droit quelques instants plus tôt et le fait qu'il n'avait même pas daigné lui apporter de réponse quant à son origine. Mais, de toutes manières, elle n'avait jamais été très douée dans l'art de faire la tête : la rancune, ce n'était pas pour elle. Alors, cette simple action, aussi puérile soit elle, cette courbette exagérée, avait suffit à lui arracher ce sourire, presque un rire. Il y avait du bon dans les choses simples, celles qu'elle avait oubliées ces dernières années.
Elle se lance à sa suite, ses pas suivant les siens, essayant de se caller sur son rythme pour ne pas se laisser distancer tandis que ses yeux, eux, ils regardaient tous les recoins. Ils essayaient de capter chaque salle qu'il lui montrait pour les associer avec les noms prononcés, chaque couloir qu'ils empruntaient, chaque croisement, chaque angle parce qu'elle savait qu'il ne serait pas toujours là pour la guider et, le moment venu, elle ne tenait vraiment pas à se perdre. Rien que d'y songer, ça l'angoissait. Alors, elle s'appliquait à faire fonctionner sa mémoire, mais elle savait que ça ne servait à rien : les lieux n'étaient peut-être pas très grands, mais il lui faudrait quelques semaines avant de pouvoir s'y retrouver, sûrement la faute de son sens de l'orientation pour le moins douteux.
— Euh.. du 36, pour les vêtements, et.. du 39 pour les chaussures, lui répondit-elle
Sa taille, elle ne la connaissait pas. Non, elle ne se souvenait pas de ce genre de choses. En deux ans, elle avait bien grandit, l'adolescence et les poussées de croissance qui l'accompagnaient en cause, alors le temps où elle portait des vêtements à sa taille et allait faire les boutiques avec sa mère était bien loin. Celui où elle aurait répondu sans hésitation aussi. Faute de le savoir, elle regarda sur les vêtements qu'elle portait, peut-être n'étaient-ils pas tout à fait à sa taille, mais elle s'y était habituée et ça leur donnerait déjà une idée. Relevant le bas de son haut, elle lu sur l'étiquette de ce dernier le nombre qu'elle lui indiqua comme réponse et puis, comme elle n'en avait pas une idée plus claire sur sa pointure, elle fit la même chose avec ses chaussures. La brune releva son pied, se contorsionnant pour y lire à voix haute ce qui était inscrit sous sa semelle.
Elle n'avait pas perdu une seconde avant de se glisser sous l'eau tiède de la douche. Tiède, mais pas moins agréable lorsqu'il s'agissait de la première vraie douche que l'on prenait depuis des semaines.
La brune, avant de voir l'eau salie à ses pieds, avant de sentir cette couche de boue quitter sa peau, ne s'était pas rendue compte d'à quel point elle était sale. Et ça faisait du bien de sentir l'odeur du savon, de frotter sa peau avec le gant. Mais elle gratta sûrement plus que de raison, faisant rougir sa peau en essayant d'enlever ce qu'une simple douche ne pouvait suffire à effacer parce que, après tout, il n'y avait pas que la boue et les poussières qui rendaient les gens sales. À ses pieds, et sous ses yeux attentifs, tourbillonnait et disparaissait l'eau qui s'éclaircissait un peu plus à chaque instant, à mesure que la saleté la quittait ou, en tous cas, une partie.
Lorsqu'elle se lassa finalement de ce spectacle, elle sortit de la douche, enroulée dans une serviette. Elle n'avait pas eu à chercher longtemps les vêtements qu'il lui avait apportés. Un sourire étira ses lèvres. Oui, ils n'étaient pas tout à fait à la bonne taille et oui, ils étaient un peu rêches, mais ils étaient propre et secs, et ça suffisait amplement. En se relevant, son regard croisa celui de son propre reflet dans l'un des miroirs qui ornait la salle d'eau : il n'avait rien à voir avec celui des flaques.
Elle secoua la tête.
Elle ne devait pas s'attarder sur ça, elle n'avait pas de temps à perdre : Morgan devait l'attendre. Et elle ne voulait pas faire attendre celui qui lui donnait déjà suffisamment de son temps alors elle balança ses affaires sales dans la panière qu'on lui avait indiquée plus tôt, quittant avec regret la pièce et ses affaires. Peut-être qu'elles ne payaient pas de mine, mais elle y tenait, surtout à sa parka.
Heureusement pour elle, la brune n'avait eu à faire que quelques pas pour retrouver le jeune homme. Mais il fallait dire qu'elle ne s'y attendait pas à le voir là. En tous cas, pas assis comme ça, par terre, à jouer avec ses mains comme un gosse qui s'ennuie ou qu'on aurait puni.
— Oh.., commença-t-elle, je m'attendais pas à te voir assis.. par terre, ça doit pas être très confortable.. enfin bref, j'ai terminé. Désolée si j'ai mis du temps, se sentit-elle obligée d'ajouter, bien qu'elle n'ait absolument aucune idée du temps qu'elle avait bien pu mettre. Est-ce que tu sais quand je pourrais récupérer mes affaires ?
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Mer 23 Déc - 17:24
morgan hill
J'ai 18 ans et je vis en Ecosse, quelque part où tu ne veux aller. Dans la vie, je suis maudit et je m'en sors comme je peux.. Je suis hanté.
Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire. - Luc 10, 19.
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Lui non plus n’a aucune idée du temps qu’il passe par terre à attendre. Mais c’est clairement son activité principale. Attendre. Attendre que ce soit l’heure d’aller manger. Attendre que se soit l’heure d’aller se coucher. Attendre que les heures de cours ou de prière commencent. Et ensuite attendre qu’elles finissent. Donc non, le temps d’attente d’une douche, aussi longue soit elle, ne le choque pas outre mesure. Il ne voit pas le temps passer. Il voit juste passer deux ou trois personnes dans le couloir, qui n’osent pas lui demander les raisons de sa présence devant la porte des douches. Sauf une sœur à qui il répond simplement qu’il y a une nouvelle. De toute façon, elle le saura dans une dizaine de mètres et une porte poussée, de la part de n’importe qui dans le réfectoire. Donc bon, il se permet. Et puis il préfère éviter de rajouter “voyeur” au curriculum vitae officieux qui circule à son sujet entre ces murs.
Miss oignon sort des douches et il relève le nez vers elle. Il hausse les épaules à ses excuses et se relève.
_ T’inquiètes, et pi’ t’en avais besoin.
Et pas seulement à cause de la crasse. Il devine à sa nature de maudite, à ses regards méfiants, à ses hésitations et, forcément, à sa dégaine, que ça fait un bout de temps qu’elle n’a pas dû pouvoir faire des trucs qui marquent la différence entre les bêtes et les humains. Qui démarquent ce qu’on appelle les “êtres civilisés”. Genre : se doucher. Mo incline la tête sur le côté, marquant la réflexion pendant que ses yeux remontent le couloir.
_ Ça dépend du jour … J’crois que la corvée de lessive c’est demain. Donc après-demain, le temps que ça sèche.
Son attention revient sur la brune et il sourit. Pour de bon. Retient même un petit rire en fronçant le nez.
_ Mais c’est que t’es mignonne quand t’es propre !
Ok, maintenant que la remarque a franchi ses lèvres (au lieu de rester à tourner dans son cerveau) il se marre pour de bon. En tout cas, autant que Morgan soit capable de rire. Du fond de la gorge, les lèvres toujours scellées, les épaules qui se soulèvent. Il secoue la tête et passe une main dans ses cheveux pour la ramener vers l’arrière.
_ Ca va être l’heure de manger. Je pense qu’ils vont te foutre la paix ce soir mais tu vas devoir répondre, ou pas, à quelques questions demain. Et ils te feront aussi un examen médical. Pour ce soir, faut juste que tu te trouves une cellule.
Il a pris l’habitude de les appeler comme ça. Comme forme d’ironie. Peut-être aussi de provocation. Mais pour la gamine qui vient de débarquer ici, dans la quête d’un refuge très certainement, ça doit sonner plutôt désagréablement à ses oreilles. Alors il se corrige vite fait. Tout en la ramenant plus lentement vers la salle à manger.
_ Une chambre j’veux dire. Faudra voir si quelqu’un a une place dans la sienne.
Genre comme lui.
Bah t’as raison, toi. Elle peut faire difficilement mieux comme suicide social que de venir crêcher dans la même piaule que toi.
Pour ça que ça ne lui effleure même pas l’esprit de lui proposer le lit libre de sa propre cellule. Pas qu’il n'ait pas envie de compagnie … quoique. Il sait qu'il n'est pas facile à vivre, Mo. Peut-être parce qu’il a toujours galéré à vivre. Il doit y avoir un lien de causalité. Mais ce n'est pas franchement lui le sujet de la discussion et des réflexions. Plutôt miss oignon, nettement plus pimpante que tout à l’heure. Et qui aura encore meilleure mine après un vrai repas et une vraie nuit de sommeil. Où qu’elle la passe.
_ Au fait, j’ai le droit de connaître ton prénom, ou je le contente de miss oignon ? Ou tu peux choisir n’importe quel prénom si tu veux. C’est le moment de faire preuve d’imagination. T’as une tête à avoir un prénom russe. Genre Anya, ou Nastasia…
Il délire un peu sur les bords, oui. Mais ce n’est pas très souvent qu’il a l’occasion d’avoir des échanges sociaux normaux avec quelqu’un d’autre. Alors il profite, pour les quelques minutes que ça va encore durer avant qu’elle ne préfère se fondre dans la masse des autres et avec le sourire. Plutôt que de venir de son côté froid du monde. Comme dans deux minutes, quand ils auront atteint le réfectoire et récupérer leurs assiettes. Et que Mo ira s’asseoir à la table près de la porte. Là où il n’y a personne parce que loin du feu, et proche des courants d’air. parce que c’est plus simple de s'asseoir tout seul qu’à côté de ceux qui vont s’appliquer pendant tout le repas à éviter son regard.
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Mer 23 Déc - 19:19
Héloïse
« On me répète sans cesse que c’est pour mon bien ; mais comment pourraient-ils savoir mieux que moi-même ce qui me convient ? »
J'ai 17 ans, et je suis portée disparue depuis deux ans, je crois. Deux ans que je me suis lancée à la poursuite de légendes, de rumeurs. Mais, finalement, cette lueur d'espoir que ces histoires m'offrent, c'est toujours mieux que rien.
On adore raconter les histoires des personnes aux capacités extraordinaires, pourtant, moi, maudite, on n'a fait que me rejeter pour cela. Pourquoi ? Parce qu'on fait peur autant qu'on fascine.
Mon père, lui, son truc c'était de me cacher : la réputation avant tout. Il était comme les enfants qui pensaient que les choses disparaissaient si on les ignorait, mais ça ne marche pas comme ça, hein ? Surtout pas avec les malédictions.
Et puis, il y avait ma mère qui ne disait rien. Je crois que c'était mieux comme ça. Je sais qu'elle m'aime encore, ça n'a rien changé, mais ça compliquerait trop les choses avec mon père qu'elle me le dise.
C'est pour ça que je suis partie, pour la protéger, pour me protéger parce qu'il prenait une pente dangereuse. Et peut-être aussi parce que j'en avais marre.
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Elle sourit, une nouvelle fois. Elle rit même avec lui. C'est discret, certes, mais c'est là et ça fait du bien. L'espace de quelques minutes, elle se sent plus légère : le poids sur ses épaules semble s'alléger et, elle, elle a l'impression de revivre un petit peu. Rire, pour de vrai, ça aussi ça faisait parti des choses qu'elle n'avait pas fait depuis longtemps et, même si on était loin des fous-rires de l'époque, c'était déjà bien. Peut-être que ce n'était pas si mal, d'être venue jusqu'ici, d'être restée.
Mais rien n'est éternel, et elle revint à la réalité des choses un peu trop brutalement à son goût. L'annonce du programme de la soirée, et même du lendemain, se heurta à l'enthousiasme très peu présent de la jeune fille dont les lèvres se pincèrent. Après tout, elle ne pouvait rien dire, pas plus qu'elle ne pourrait y échapper.
Elle n'avait pas faim. Non, plus maintenant. Elle voulait juste s'allonger et dormir, seule, pour pouvoir faire le point. Avoir la paix comme il disait, mais ça ne durerait pas longtemps, hein ? C'est avec l'estomac noué qu'elle continuait d'avancer à sa suite, mais, cette fois, elle ne prenait même pas la peine de regarder les lieux à cause de ces autres pensées qui avaient, soudainement, envahi son esprit. Ce soir, ça devrait aller, s'il ne se trompait pas, mais demain ? Demain, elle devrait faire un effort. Demain, elle devrait rendre les sourires, être gentille, faire des efforts, faire semblant d'être ravie de leur parler alors qu'elle sait d'avance que ça ne sera pas le cas : les relations sociales, ça n'avait jamais été son truc. Et ça n'avait été qu'en s'empirant ces deux dernières années où elle n'avait eu qu'à se soucier d'elle-même. La brune avait peur. Peur, oui, que ce soit trop brusque, d'être dépassée, de ne pas savoir comment se débrouiller, mais elle verrait bien, hein ? Et elle s'adaptera. Comme toujours, parce que, dans ce monde, tout n'était qu'une question d'habitude.
Seulement, en cet instant, elle n'avait pas envie de faire d'efforts. Pas ce soir, pas alors qu'elle venait d'arriver et qu'elle était juste épuisée. Dans sa tête, une seule solution, un seul objectif : celui de coller Morgan. Peut-être que ça ne lui plairait pas, à lui, qui semblait pas plus adroit avec les autres qu'elle-même, mais c'était son seul repère alors, tant que sa présence ne l'agaçait pas, elle la lui imposera. Et, quand il ne pourra plus la blairer, parce qu'elle sait que ça arrivera, parce que ça finit toujours pareil, elle se débrouillera, elle ira voir les autres parce qu'elle n'aura pas le choix.
Choisir un prénom ? Choisir son prénom ? Elle n'y avait pas pensé, non, en tous cas, jamais toute seule. Sûrement, à la place, aurait-elle fini par donner le vrai, même au père Cullen. Mais l'idée lui plaisait, la faisait sourire et, maintenant que la proposition avait été faite, elle n'arrivait à se la sortir de la tête. Un nouveau départ se devait d'aller avec un nouveau prénom, non ? Non. Parce que les choses ne marchaient pas de cette manières, parce qu'elles n'étaient pas aussi simples, mais ça lui tenait à cœur. C'était symbolique : elle allait laisser son prénom derrière elle et elle essayerait d'en faire de même avec le reste, avec tout ce qui y était associé.
Seulement, la brune n'avait jamais été dotée d'une grande imagination, pas pour ce genre de choses en tous cas. Alors, elle ne se cassa pas la tête, pourquoi l'aurait-elle fait alors que Morgan, lui, avait déjà énoncé des prénoms ? C'était ridicule, oui, mais désormais elle serait russe ou, en tous cas, son prénom le serait, lui.
— Anya, répéta-t-elle à voix basse, Anya, c'est très bien, affirma-t-elle finalement après quelques secondes de silence, de réflexion.
Anya c'était elle désormais, c'était son nouveau prénom, sa nouvelle identité.
Ouais, et pendant ce temps, ils continuaient d'avancer, et ils arrivaient devant le réfectoire, mais elle sentait que ses bonnes résolutions d'un peu plus tôt l'avaient quittées. Elles avaient disparues, toutes, soufflées comme de vulgaires poussières. Elle s'y habituera, mais bien sûr.. même elle elle n'y croyait plus vraiment. Alors, elle se décala. Oui, elle préféra se cacher, fuir, et elle le laisser passer devant, après tout, c'était lui, l'habitué, non ?
— Je sais pas comment fonctionne le réfectoire.., lui dit-elle simplement.
Il n'avait rien demandé, et encore moins une explication, elle le savait. Peut-être même qu'il n'avait pas remarqué qu'elle se cachait derrière lui, ou qu'il s'en fichait mais, en se décalant, elle avait posé ses yeux dans les siens et elle s'était sentit honteuse. Encore une fois. Et sa conscience avait parlé avant même qu'elle ne réfléchisse, l'obligeant à se justifier de cet acte qui, à présent, lui paraissait ridicule parce qu'elle n'était plus une gamine pour agir de la sorte.
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Mer 23 Déc - 20:44
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Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire. - Luc 10, 19.
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Il hoche la tête. Ce sera Anya, alors. L’identité russe semble plaire à la gamine. C’était juste une idée lancée en l’air, mais elle l’a rattrapée au vol. Bien décidé à s’en servir pour se protéger et suivre les conseils qu’il lui a donné plus tôt. Ne rien raconter, ou en tout cas un minimum. Ou alors mentir, oui. C’est une excellente alternative. Même si toute cette histoire n’est pas la sienne et qu’il ferait sans doute mieux de s’occuper de ses affaires, Mo’ est plutôt content d’avoir offert cette possibilité à la gamine. Celle de choisir ce que les autres savent ou non. Ici, c’est l’un des seuls pouvoirs qu’ils leur restent. Malgré leurs malédictions. Ou Bénédictions. Ou peu importe comment on appelle ça. Lui n’a pas eu ce choix. Et ce sont sans doute les conditions de son arrivée ici qui ont signé son arrêté … de mise à l’écart.
_ Enchanté Anya.
Il lui sourit doucement et tire la porte du réfectoire. Il y a presque de la tristesse dans son sourire. Un goût de fin. Elle va presque lui manquer miss oignon. Mais… bah va falloir passer à autre chose, hein. Et c’est pas comme s’il la connaissait depuis des années... Il y a un peu plus de monde que tout à l’heure. Mais ça, Mo s’en fout, de toute façon, il a l’habitude. Il se dirige vers un coin de la pièce, à deux doigts de passer à autre chose, quand son regard trouve celui de miss oignon, toujours visiblement mal à l’aise. Un sourcil en l’air interrogatif, il écoute le semblant d’explication qui franchit ses lèvres. Il sourit, croise un autre regard et son sourire s’efface aussitôt. Il soupire. Il comprend qu’elle ne va pas le lâcher de si tôt. Pas que ça le dérange particulièrement, lui. Pas du tout, mais…
Faut pas que tu restes avec moi.
Il la regarde encore un instant, figé dans sa route. Poussé en avant par cette responsabilité qu’il s’est auto-attribué à ne pas faire suer son monde. Encore moins les petites nouvelles. Mais tiré en arrière par une envie terriblement égoïste et enfantine. Avoir une amie. C’est beaucoup trop puéril. Mais c’est encore un de ces trucs dont il a été privé, et qui le font encore trébucher à l’heure actuelle. Il fronce les sourcils, Mo. Regarde Anya, les autres, son regard qui croise celui de Cullen à la table des grandes personnes. Sa langue glisse entre ses lèvres et il recule d’un pas. Il recule. Fait un signe à la jeune fille pour qu’elle s’approche. Et puis il lève un doigt.
_ Là bas, t’as une table avec les plats t’as juste à te servir. L’eau est sur les tables, quelqu’un s’en chargera pour toi si la carafe est vide. Tu sauras plus tard.
Non, c’est pas de ça dont il voulait lui parler en se mettant à l’écart. Il aurait pu le faire sans bouger de sa place initiale, et même sans continuer d’avancer. Mais il a reculé. il s’éclaircit la gorge, tente d’avoir l’air moins … moins. Grognon, agressif ou n’importe quel air qui traîne sur ses traits quand il y a du monde autour. Un mélange de réflexe de protection, de dissimulation de peine et de pur, et d’effet pygmalion. Il s’éclaircit la gorge, pourtant il baisse la voix quand il dit ce qu’il a à dire.
_ Ils ont peur de moi. Tous. Personne m’aime et tu vas vite te rendre compte qu’il y a un paquet de rumeurs qui courent à mon sujet. Vraies ou fausses c’est la pas question. Le truc c’est que si tu restes avec moi, il va t’arriver la même chose.
Ou pire. Si elle reste et décide d’écouter les autres, pour me laisser plus tard…
C’est pas dit qu’il s’en remette. Alors bon, derrière cet avertissement, il cherche autant à se protéger d’elle, qu'il cherche à la protéger de lui.
_ C’que j’veux te dire, c’est que je suis un paria. Soit tu vas avec les autres, soit tu restes avec moi et t’en deviens une aussi. C’est aussi simple que ça.
Cruellement simple. Mais il y a des limites à la bienveillance chrétienne, semblerait. Morgan, lui adresse un dernier petit sourire et un signe de tête. Lui disant plus ou moins au revoir. Et puis il la laisse sur place, avec suffisamment d’indications pour tenir jusqu’à demain. Au pire, elle ira demander un coup de main à Cullen. Toujours ravi d’aider son prochain le brave Cullen. Mo se sert en purée, en petit pois et en ragoût d’une viande non-identifié. Puis va se poser à sa table quasi attitrée, tout seul près de la porte et des courants d’air.
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Mer 23 Déc - 22:12
Héloïse
« On me répète sans cesse que c’est pour mon bien ; mais comment pourraient-ils savoir mieux que moi-même ce qui me convient ? »
J'ai 17 ans, et je suis portée disparue depuis deux ans, je crois. Deux ans que je me suis lancée à la poursuite de légendes, de rumeurs. Mais, finalement, cette lueur d'espoir que ces histoires m'offrent, c'est toujours mieux que rien.
On adore raconter les histoires des personnes aux capacités extraordinaires, pourtant, moi, maudite, on n'a fait que me rejeter pour cela. Pourquoi ? Parce qu'on fait peur autant qu'on fascine.
Mon père, lui, son truc c'était de me cacher : la réputation avant tout. Il était comme les enfants qui pensaient que les choses disparaissaient si on les ignorait, mais ça ne marche pas comme ça, hein ? Surtout pas avec les malédictions.
Et puis, il y avait ma mère qui ne disait rien. Je crois que c'était mieux comme ça. Je sais qu'elle m'aime encore, ça n'a rien changé, mais ça compliquerait trop les choses avec mon père qu'elle me le dise.
C'est pour ça que je suis partie, pour la protéger, pour me protéger parce qu'il prenait une pente dangereuse. Et peut-être aussi parce que j'en avais marre.
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Elle était paumée, perdue, et tous les synonymes auraient été bons pour la qualifier en cet instant. Cette jeune fille qui clignait des yeux dans le vide, le regardant l'éloigner. Cette gamine avec ses bras ballants qui ne bougeait pas, mais ce n'était pas qu'elle ne voulait pas : elle ne pouvait pas. Encore une fois, il l'avait prise de court avec ce qui ressemblait à une décision irréversible. Elle détestait, non, elle haïssait les décisions, surtout celles qui mettaient pas la pression, pas comme celle-ci. Oui, parce que, là, elle avait beau être paumée, elle savait exactement ce qu'elle allait et ce qu'elle devait faire : certaines situations ne laissaient pas la place à ne serait-ce qu'une once d'hésitation.
Mais elle pinça ses lèvres, de colère et d'angoisse.
L'angoisse d'avoir été abandonnée, qu'il l'ait laissée seule en lui balançant quelques indications. C'était étrange, elle était étrange, mais être seule au milieu de toutes ces personnages l'angoissait même si elle donnerait n'importe quoi pour l'être, justement, seule. Mais pas comme ça, pas dans le réfectoire au milieu de tous ces visages qui ne lui disaient rien.
Et puis, venait s'y mêler un certaine colère. Contre lui. Elle n'était pas idiote, elle l'avait compris qu'on l'appréciait pas ici, il aurait fallut qu'elle soit aveugle pour ne pas s'en rendre compte. Ne serait-ce qu'avec l'attitude du père Cullen, mais il y avait eu les regards en biais, les murmures, les discussions qui se stoppaient et ses regards, les siens : elle l'avait deviné au fond de ses pupilles.
Mais est-ce qu'elle en avait quelque chose à faire ?
Pour l'instant, non. C'étaient peut-être des rumeurs qui avaient guidé ses pas jusqu'ici, mais, plus jeune, c'étaient ces mêmes « on dit » qui l'avait détruite, l'avait tirée plus bas que terre. Alors non, elle n'écouterait pas ce genre de bêtises, même s'il y avait une part de vérité : n'était-ce pas plus amusant, plus excitant, de découvrir les dangers par soi-même ?
Et puis, la brune, elle n'avait jamais été du genre de personne à peser le pour et le contre pendant des heures, encore moins à tenir compte des conséquences de ses actes. Elle voulait le faire ? Elle le faisait. C'était plus ou moins comme ça qu'elle marchait : aller au plus simple des choses. Et, en l'état actuel des choses, le plus et le moins fatiguant, c'était lui et sa table à l'écart.
Alors, ses jambes se mirent en route vers l'endroit qu'il lui avait indiqué. Elle se servit de petites portions, ouais, elle n'avait plus l'habitude de manger beaucoup, dans la rue les denrées étaient limitées. Et puis, ses jambes, continuant toutes seules leur chemin, la conduire vers cette table à l'écart, celle où il faisait froid.
Alors, comme animée de leur propre volonté, ses jambes se mirent en route vers l'endroit qu'il lui avait indiqué, celui des assiettes et des plats. Elle se servit, une petite portion : elle était raisonnable. Ou, plus vraisemblablement, elle avait perdu l'habitude des portions normale. Dans les rues les denrées étaient limitées, son appétit et son estomac n'avaient fait que suivre, que s'adapter. Et puis, une fois ce détour effectué, ses pas continuèrent leur route jusqu'à cette table. Celle qui était à l'écart, celle qui était mal chauffée et mal éclairée, mais ça ne pourra jamais être pire que les bancs de villes, n'est-ce pas ?
Et elle s'y assit tout de même, laissant d'abord tomber son assiette sur la table puis elle-même sur la chaise. Elle était en face, mais pas tout à fait, laissant un décalage d'une place entre celles qu'ils occupaient. Mais ce n'était pas parce qu'elle ne voulait pas voir sa tête, c'était plutôt qu'elle ne voulait pas lui imposer sa présence, du moins pas trop. Pas après le speech qu'il venait de lui sortir.
— Moi, c'est les autres qui me font peur, dit-elle simplement.
Peut-être que, si ces mots lui avaient été si simples à prononcer, si naturels, c'était parce qu'ils étaient vrais. Lui, elle lui parlait facilement, mais les autres ? Elle avait peur de ne pas savoir comment s'y prendre, de se les mettre à dos en essayant de faire ami-ami. Au moins, là, pas de risque de fauter, les choses seraient déjà actées : ils la détesteraient. Elle n'aurait pas besoin de se fatiguer à essayer pour rien, comme à chaque fois. Mais ça, elle le lui dira pas.
Et puis, de toutes manières, ces regards et ces murmures, elle les supportait depuis son adolescence alors ça ne changerait pas grand chose. Pas grand chose, hein ? Peut-être, mais ça ne sera pas tout à fait pareil non plus et, même si elle en avait conscience, elle préféra mettre cela de côté pour l'instant.
— Et puis.. je serais peut-être une paria, mais, maintenant, je serais une paria avec un toit sur la tête, des vêtements propres, un lit, de la nourriture et un compagnon : c'est déjà pas mal, non ? lui dit-elle avec un petit sourire.
Un peu crispé le sourire, oui, mais pas moins sincère. Elle avait peur, mais pas de lui, non, d'elle-même et de ses mots. Elle avait peur que ces derniers soient boiteux, qu'ils aillent de travers et qu'ils finissent par blesser ou par énerver alors elle prenait des pincettes, elle y allait doucement, en tâtonnant comme le pouvait.
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HATAKE
Jeu 24 Déc - 1:53
morgan hill
J'ai 18 ans et je vis en Ecosse, quelque part où tu ne veux aller. Dans la vie, je suis maudit et je m'en sors comme je peux.. Je suis hanté.
Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire. - Luc 10, 19.
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Il préfère ne pas regarder, Mo. Il joue avec ses petits pois, même si ce n'est pas bien de jouer avec la nourriture. Ce n'est vraiment pas le genre de considérations dont il fait preuve. Qu’il soit de bonne humeur ou pas. Là, il est coincé entre deux eaux. A la fois heureux d’avoir un semblant de vie sociale normal pendant un quart d’heure. D’avoir pu sourire et rire avec quelqu’un d’autre que lui-même. Ce qui arrive plutôt rarement, comme il n’est pas vraiment d’une très bonne compagnie. Mais aussi évidé par le mal-être de se dire que c’est très certainement fini et qu’il va retourner à sa solitude et à lui-même. Un peu le sentiment de se réveiller d’un rêve plutôt sympa, et de retrouver le monde réel. Triste, gris et insipide. Enfin son monde à lui quoi. Il peut être vachement coloré pour d’autres gugusses. Pas pour lui. Peu importe. Il s’enfile une bouchée de purée aux petits pois sans grande conviction.
T’as plus qu’à t’en remettre, mon vieux. Ce n’est pas le pire que t’ais vécu.
Ouais, ça devrait aller. Au moins, question abandon, cette fois, il est d’accord. Il l’a même encouragé.
Sauf que non. Il replante sa fourchette avec un manque d’entrain manifeste dans sa nourriture et une assiette tombe dans son champ de vision. Il garde les iris fixés sur la faïence qui vient squatter son champ de vision. Rate un battement cardiaque et sent son palpitant se serrer dans sa cage thoracique. Il ne veut pas y croire, même s’il reconnait le pull gris qu’il a choisi quelques minutes plus tôt. Et il ose relever les yeux qu’une fois qu’elle prend la parole. Lentement, l’air un peu paumé. Parce qu’il l’est. Son cerveau boucle sur ce qu’elle vient de dire. Il cherche à faire sens.
_ Ok…
C’est tout ce qu’il parvient à dire. La gorge serrée, la douleur dans la poitrine, il reconnait les signes juste avant d’avoir les yeux qui piquent. Il les baisse, se concentre sur sa bouffe en battant excessivement des paupières.
Nan mais tu vas pas chialer …
Non. Non, il ne va pas s’mettre à pleurer. Au prix d’un certain effort. Surtout quand la gamine continue de parler. Que le mot « compagnon » tombe, juste avant sa fourchette sur la table. Morgan passe ses deux mains sur son visage, pour effacer les traces lacrymales au coin des yeux et reprendre un peu de constance. Sinon elle va vraiment se barrer. Les types qui pleurent, c’est vraiment pas ouf comme compagnie. Il s’éclaircit la gorge, ramasse sa fourchette et adresse un sourire fragile à Anya.
_ Merci miss oignon.
Il se doute bien qu’elle ne fait pas ça pour lui. Mais ça n’empêche qu’elle fait plus que lui rendre un service en s’asseyant là. Il s’éclaircit, encore, la gorge, une foutue boule qui obstrue le passage de la nourriture dans un sens mais aussi le passage de sa voix dans l’autre sens. Un peu enrayée.
_ J’avais mangé avec personne depuis plus d’un an.
Depuis qu’il était là. Oh, il y avait bien le père Cullen qui avait partagé sa table quelque fois. Mais ce n’était pas pareil. Plutôt des petites séances de psychanalyse ou d’interrogatoire, appelez ça comme vous voulez, à peine dissimulé. Rien à voir avec juste s’asseoir et faire un truc du quotidien, un truc civilisé, comme prendre une douche, avec quelqu’un d’autre. Sans trop d’arrières pensés. Un peu quand même. Mais rien de méchant, rien de sournois. Juste le besoin de la gamine de ne pas se retrouver paumée au milieu des autres certainement. Et malgré les conséquences, pour la première fois, il se réjouit de s’être mêlé des affaires des autres et d’avoir suivi la parka jaune boueuse.
Il soupire doucement, baisse et relève le regard plusieurs fois vers la gosse. Se dit qu’il va la faire flipper s’il continue comme ça. Alors bon il attaque pour de bon son assiette, pour rompre l’immobilisme dans lequel il tend à se fondre. Pour pas que ça devienne trop bizarre. Et pour remplir son estomac qui vient de se rouvrir avec le sentiment de soulagement qui l’envahit. Il mange en silence, ignorant les regards en coin des autres et quelques murmures. Bien sûr que ça n’a pas traîné. Tant pis, maintenant que c’est fait, c’est fait. Il se vide un verre d’eau et reprend doucement la parole. Avec une précaution nouvelle dont il se foutait pas mal quand il était persuadé qu’elle allait finir par le garder à distance avec les autres.
_ Je suppose qu’il va falloir que tu te trouves une chambre vie du coup… Ou …
Pousse pas le bouchon. Tais-toi. Non, non …
_ … ou j’ai toujours pas de coloc…
Bon bah voilà. Il lui a dit. Enfin il l’a surtout dit au morceau de viande piqué sur sa fourchette qu’il observe avec scepticisme avant de le manger. Bœuf, poulet ? Il ne sait toujours pas. A moins que ce ne soit de la dinde …
C’est ça, pense à autre chose …
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Nellyos
Jeu 24 Déc - 9:06
Héloïse
« On me répète sans cesse que c’est pour mon bien ; mais comment pourraient-ils savoir mieux que moi-même ce qui me convient ? »
J'ai 17 ans, et je suis portée disparue depuis deux ans, je crois. Deux ans que je me suis lancée à la poursuite de légendes, de rumeurs. Mais, finalement, cette lueur d'espoir que ces histoires m'offrent, c'est toujours mieux que rien.
On adore raconter les histoires des personnes aux capacités extraordinaires, pourtant, moi, maudite, on n'a fait que me rejeter pour cela. Pourquoi ? Parce qu'on fait peur autant qu'on fascine.
Mon père, lui, son truc c'était de me cacher : la réputation avant tout. Il était comme les enfants qui pensaient que les choses disparaissaient si on les ignorait, mais ça ne marche pas comme ça, hein ? Surtout pas avec les malédictions.
Et puis, il y avait ma mère qui ne disait rien. Je crois que c'était mieux comme ça. Je sais qu'elle m'aime encore, ça n'a rien changé, mais ça compliquerait trop les choses avec mon père qu'elle me le dise.
C'est pour ça que je suis partie, pour la protéger, pour me protéger parce qu'il prenait une pente dangereuse. Et peut-être aussi parce que j'en avais marre.
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Est-ce qu'il allait pleurer, vraiment ? On dirait bien qu'il était en bonne voie en tous cas. Elle s'en fichait qu'il pleure, ouais, c'était pas ça le problème à ses yeux. Le problème, une nouvelle fois, c'était elle, elle qui se retrouvait complètement perdue. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il paraissait être au bord des larmes ? Elle était démunie, c'était ça, le mot adéquat. Et elle ne pouvait s'empêcher de penser que, ces larmes qui menaçaient de faire leur chemin le long de ses joues, c'était de sa faute et de celle de ses mots ; est-ce qu'ils étaient allés de travers ? Elle les repassa dans sa tête, mais rien.
Alors que devait-elle faire ? Une tape dans le dos, un sourire et une parole réconfortante, ce devait être ça. Mais elle n'en fit rien : c'était pas son domaine, à elle et elle doutait qu'un sourire crispé et des mots maladroits aident en quelques chose. Alors elle ne fit rien. Ne rien faire, c'était bien comme solution, ça éviterait d'empirer les choses. C'était ça, s'assoir et commencer à manger en silence, porter toute son attention sur son repas et attendre que ça lui passe. Parce que ça lui passerait forcément, qu'il pleure ou pas finalement.
Mais jamais elle n'aurait songé que ça pourrait être bien plus qu'à cause d'elle : que ça pourrait être grâce à elle. Ouais, des larmes comme ça elle en avait jamais vues. Non, celles de joie, de soulagement ou de n'importe quelle émotion plutôt positive, elle en avait entendu parlé, ça, ouais, mais jamais elle n'avait eu le droit de les voir. Alors, pour une fois, on dirait que ses mots étaient allés parfaitement droit et même à elle ça lui faisait plaisir, ça la faisait sourire. Peut-être même que ça la soulageait aussi parce qu'elle aurait pas voulu le blesser, lui. Pas après qu'il ait été gentil avec elle, pas après avoir vu comment les autres le regardaient. Les autres ils en faisaient déjà assez, elle aurait pas voulu en rajouter une couche.
— Eh bien maintenant t'en as une ! lui dit-elle, dans tous les cas, les autres voudront pas de moi dans leurs chambres et je suis trop fatiguée pour me prendre la tête à en chercher une, ajouta-t-elle en haussant les épaules.
Ces regards, elle les sentait déjà qui pesaient sur lui, sur elle, sur leur table : ils avaient pas perdu de temps. Et les murmures qui les accompagnaient non plus, et elle les entendait. Peut-être pas aussi clairement qu'elle le voudrait. Ouais, elle aurait bien voulu rire un peu, savoir ce qu'ils se disaient, se rendre compte d'à quel point ils étaient ridicules : ça n'aurait fait que la conforter dans son choix. Alors, elle tourna la tête vers les autres. Ils les regardaient, elle pouvait bien en faire de même. Peut-être pas très discrète, mais elle promena ses yeux sur ces visages qu'elle détestait déjà sans même les connaître, sans même les avoir vus de près et, lorsqu'elle s'en lassa, elle se reconcentra vers son assiette. Non, elle n'avait rien perdu en décidant de s'assoir à cette table plutôt que n'importe laquelle des autres, bien au contraire.
Et ça la soulageait, cette proposition. C'était comme une petite délivrance, celle qu'elle attendait, mais qu'elle n'aurait jamais osée demander et qu'elle acceptait sans hésitation. Lui, elle le connaissait, enfin.. un peu, très peu, mais c'était déjà plus que les autres. Et ouvrir des portes au hasard en demandant à des inconnus si la chambre était occupée n'était pas vraiment un programme de soirée qui l'aurait enchantée. Elle se connaissait, elle et son manque de patience. Au bout de deux, peut-être trois portes et autant de refus, ça l'aurait saoulée et elle serait venue dormir sur un des bancs du réfectoire : une double peine que lui évite cette proposition.
— J'vous pensais pas si sensible, m'sieur, lui dit-elle alors, sûrement dans une tentative de détendre un peu l'atmosphère.
Un petit rire accompagne ses paroles, il lui échappe, comme ça, alors qu'elle a le regard en coin dirigé vers lui. Il était pas moqueur ce rire, bien au contraire, il était plus à mi-chemin entre un réel amusement et elle ne savait pas trop, peut-être une envie de l'embêter un peu à son tour.
Mais il y avait une part de vérité dans ses mots. Si, quelques heures plus tôt, on le lui avait demandé, elle ne serait pas imaginée que les choses se passent de cette manières. Ça ne se passe jamais comme on l'imagine, ouais, et encore une fois ça venait d'être prouvé. Alors ouais, le voir comme ça, la tête baissée vers son assiette à deux doigts de pleurer, ça la faisait sourire, rire même. Il y avait sûrement un peu de peine qui venait se mêler à tout ça. Celle de voir que, même ici, même dans ce refuge qu'elle avait idéalisé, on rejetait encore les gens : même entre eux, même entre ceux qui se comprenaient.
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Ven 25 Déc - 19:51
morgan hill
J'ai 18 ans et je vis en Ecosse, quelque part où tu ne veux aller. Dans la vie, je suis maudit et je m'en sors comme je peux.. Je suis hanté.
Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire. - Luc 10, 19.
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Il grogne, Mo. La remarque de miss oignon lui arrache un rire solitaire qu’il tente de retenir. Résultant de cette manœuvre un approximative : un grognement. Mais les coins de ses lèvres se soulèvent en même temps que son regard amusé vers la gamine. Il a décidé qu’il l’aimait bien. Pas trop non plus, parce qu’il se méfie toujours. Pas d’elle, mais de la vie en général. Après avoir connu la pire trahison qui soit, il ne peut pas vraiment se permettre d’abattre les murs et les barbelés en une fraction de seconde. De toute façon, même s’il le voulait bien, ce ne serait pas si simple de se débarrasser d’années de remparts qu’il a méticuleusement construits les uns après les autres. Et pour l’instant, pour continuer sur la métaphore, il a abaissé le pont levi.
On verra bien ...
Il la regarde encore un moment. Dans un mélange mélancolique d'amusement et de reconnaissance, qu’il tente de dissimuler derrière un air de reproche tout à fait factice. Oh non il ne lui en veut pas de son audace. Au contraire. Ca lui fait du bien qu’on s’adresse à lui sans peur, sans mépris, sans appréhensions. Sans pincettes tout simplement. D’égal à égal. Ce qu’ils vont définitivement finir par être puisqu’elle a accepté de suite de venir squatter sa cellule. Chambre. Bref. C’est la naissance de la team paria.
_ On ira te chercher des draps après manger. Je suppose que tu dois avoir hâte de pioncer.
Ce n’est pas très difficile à deviner à voir les traits tirés d’Anya et les efforts qu’elle fait pour tenir à peu près la route dans son attitude et … sa compréhension de ce qu’il se passe. Mais Morgan imagine bien qu’elle doit être épuisée à l’image de la dégaine qu'elle arborait avant sa douche. Et son relooking maison signé Hill.
_ Demain c’est debout six heures trente … Tu manges, ou pas, en préparant la bouffe pour midi, ou en faisant ta corvée. Faudra voir ce que tu vas faire. De huit à neuf c’est sport. Neuf heures c’est la messe. Cours jusqu’à 13h et déjeuner. Ensuite on a la paix jusqu’à la messe de quinze heures, et de nouveau cours jusqu’à dix-huit heures. Et pi’ cathé’ et préparation du repas, et autres corvées jusqu’à vingt heures.. Et puis tu fais ce que tu veux jusqu’à vingt-trois heures ou tout le monde rejoint sa cellule. C’est pareil tous les jours. Sauf le dimanche, debout huit heures, grand messe, et brunch, et vers treize heures on est libérés.
Ça marche mieux de retourner sur un sujet plus trivial pour Morgan. Une petite explication de l’emploi du temps qui va désormais rythmer les journées de miss oignon. Enfin petite c’est vite dit. Mais ce n’est pas comme si elle allait avoir besoin de tout retenir par cœur. On leur rappelle suffisamment tous les jours ce qu’ils ont à faire. Ce n’est pas particulièrement réjouissant, mais il se doute que les … semaines, mois ? qu’elle a passé dans l’état dans lequel il l’a trouvé devaient être bien moins réjouissant que deux messes par jours, une corvée et des cours.
_ Enfin je suppose que demain tu vas participer à la messe du matin et puis Cullen te fera passer un petit interrogatoire d’arrivée pour savoir quoi faire de toi. Niveau cours j’veux dire. Et puis pour avoir un aperçu de tes capacités, de ce que tu peux en faire, du fonctionnement et du prix à payer. Et t’auras une visite médicale aussi …
Il soupire, repousse son assiette vide et passe ses mains sur son visage. C’est vrai que ça fait un paquet de trucs à intégrer d’un coup, en fait. Lui n’était pas en état de se rendre compte de tout ça, quand on l’a collé ici. Alors les choses s’étaient faites, et puis quand il avait repris pleinement conscience de lui et de son environnement, les habitudes étaient déjà quasiment toutes prises, elles, inconsciemment.
Ça va aller, t’inquiètes pas.
En tout cas, pas pour l’emploi du temps. C’est ce que veut dire son regard alors qu’il incline la tête sur le côté en lui adressant un petit sourire.
D’autres jeunes se lèvent dans le réfectoire et débarrassent toutes les tables y compris la leur. Ceux préposés à la vaisselle du soir selon le commentaire de Mo’ qui affiche un rictus après qu’un jeune gars soit venu débarrasser leur table. En faisant bien gaffe de ne pas les regarder dans les yeux, ni de traîner très longtemps. Et puis Morgan désigne du menton une femme devant la porte qu’ils avaient emprunté plutôt, occupée à distribuer de minuscules goblets à ceux qui sortent.
_ C’est des calmants. T’es pas obligée d’en prendre, mais ça peut aider à pioncer pour les premières nuits.
Lui, il les prendra en sortant de là, comme d’habitude. Ça évite les cauchemars. Cela dit, peut-être qu’il n’en fait plus depuis le temps … mais il a bof envie de vérifier. Surtout que maintenant, il y aura quelqu’un à faire flipper dans sa piaule, s’il se met à hurler en pleine nuit.
Pour une fois que quelqu’un veut bien me tenir compagnie. ON va éviter de lui donner une raison de plus de la faire fuir …
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Lun 28 Déc - 19:30
Héloïse
« On me répète sans cesse que c’est pour mon bien ; mais comment pourraient-ils savoir mieux que moi-même ce qui me convient ? »
J'ai 17 ans, et je suis portée disparue depuis deux ans, je crois. Deux ans que je me suis lancée à la poursuite de légendes, de rumeurs. Mais, finalement, cette lueur d'espoir que ces histoires m'offrent, c'est toujours mieux que rien.
On adore raconter les histoires des personnes aux capacités extraordinaires, pourtant, moi, maudite, on n'a fait que me rejeter pour cela. Pourquoi ? Parce qu'on fait peur autant qu'on fascine.
Mon père, lui, son truc c'était de me cacher : la réputation avant tout. Il était comme les enfants qui pensaient que les choses disparaissaient si on les ignorait, mais ça ne marche pas comme ça, hein ? Surtout pas avec les malédictions.
Et puis, il y avait ma mère qui ne disait rien. Je crois que c'était mieux comme ça. Je sais qu'elle m'aime encore, ça n'a rien changé, mais ça compliquerait trop les choses avec mon père qu'elle me le dise.
C'est pour ça que je suis partie, pour la protéger, pour me protéger parce qu'il prenait une pente dangereuse. Et peut-être aussi parce que j'en avais marre.
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Elle n'avait rien retenu, ou presque, de ce que venait de lui raconter Morgan. Pourtant, elle avait essayé, mais c'était comme tenir de l'eau entre ses mains : ça filait, ça coulait sans qu'on ne puisse rien y saisir. Mais elle songea que ce n'était pas très important. Ouais, pas très important pour l'instant parce qu'elle était nouvelle, parce qu'il y avait Morgan et que, si elle avait un soucis, elle irait lui demander. Elle était certaine qu'il répéterait. Et puis, au pire, c'était sa première semaine, on ne lui en voudrait pas de s'emmêler les pinceaux, d'être en retard,.. si ?
Elle souffla, passa une main dans ses cheveux sans que celle-ci ne s'y accroche. Il y avait beaucoup d'horaires et beaucoup d'obligations et elle ne s'attendait pas à ça. Ou peut-être que si, un petit peu, après tout c'était une communauté et chacun devait faire sa part, mais là.. là, c'était exagéré. Ou alors c'était qu'elle n'avait plus l'habitude de tout ça. Ouais, devait il y avoir un peu de ça aussi : tout ceci c'était pas pour les vagabonds comme elle. Ces dernières années, elle les avait vécues sans montre, sans règles - ou presque -, en se fiant à rien justement. Là, elle était ramenée brutalement à sa vie d'avant : à celle qui était civilisée, à celle qui était la réalité de presque tous les gens. Celle qui était normale.
En fait, il y avait peut-être bien une chose qu'elle avait retenue, et ça tournait en boucle dans sa petite tête. Ouais et, plus ça tournait, plus son imagination s'en donnait à cœur joie, faisant naître et grossir une angoisse qui avait pas lieu d'être. Et c'était l'interrogatoire à venir du père Cullen qui s'était lancé dans cette folle danse. Elle avait rien contre lui, bien au contraire, avec son sourire, ses quelques kilos en trop et son hospitalité, elle l'aimait bien même sans le connaître. Et c'était ça, justement, qui l'effrayait : cette sympathie envers un homme qui n'était qu'un inconnu. Comment se débrouillera-t-elle lorsque, seule devant lui, elle devra répondre à ses questions ? Est-ce que, même sans que Morgan ne soit là pour lui jeter des regards noirs, elle sera capable de répondre correctement ? Des mensonges ou pas de réponse : « C'est pas vos oignons », comme il dirait l'autre.
Est-ce qu'elle serait capable de ça ? Elle en savait rien, mais elle l'espérait, elle croisait les doigts même.
En sortant de là, elle les prendra, ces fameux calmants. Non pas que ça l'enchante, c'était même plutôt le contraire et son visage le montrait bien, mais elle savait qu'elle en besoin, qu'elle en avait envie. Malgré ses soupçons face à cette fille qui distribuait ces calmants comme des sucreries, se trouvait la fatigue. Un combat qui, sans grande surprise, avait été gagné par cette dernière : les Hommes avaient tendance à emprunter le chemin le plus facile et elle ne dérogeait pas à la règle. Cette nuit, elle voulait qu'elle soit calme et, ce petit cachet blanc qu'elle tenait entre ses doigts en était la clef : mais ce ne sera que cette nuit. Ouais, une nuit avec un problème de moins, quelque chose de moins dans la tête et ce serait tout.
En tous cas, c'est ce qu'elle se disait alors qu'elle avalait le machin.
Ça, et elle repensait aux nuits précédentes, celles qui n'avaient pas été aussi calmes que celle qui s'annonçait. Elle doutait, de toutes manières, que ses songes puissent, un jour, redevenir aussi calmes qu'avant sans aide. Ah.. il était loin le temps des rêves et des nuits calmes. Des songes qui étaient comme des balades en barque sur un lac les soirs de pleine lune. Non, maintenant c'était plus comme être embarqué dans une épave et se retrouvé pris au piège par une tempête en pleine mer. C'était violent, sourd. Ça impressionnait, donnait l'impression de mourir : comme les cauchemars. En bref, ça faisait peur et c'était le genre de chose inévitable qu'on redoutait. Et elle savait que ce n'était sûrement pas une question qui se réglait en changeant de lit : sur les bancs de la ville ou dans une vraie couchette, ils reviendraient. Il en fallait plus pour les faire fuir.
Ouais, « plus », comme des calmants par exemple, comme celui qu'elle venait d'avaler.
— Est-ce que c'était d'ça qu'il parlait Cullen quand il t'a dit d'pas oublier de prendre tes médocs ? lui demanda-t-elle après quelques minutes de silence.
La question fusait et, l'instant d'après, elle regrettait. Ouais, c'était le mot pour décrire ses lèvres pincées parce que, au final, ça la regardait pas. Foutue curiosité. Elle avait jamais su tenir sa langue, c'était pas nouveau ça, et ça la rongeait parce que, dans le fond, elle s'en foutait de la réponse. Elle s'en foutait qu'il soit malade ou quelque connerie que ça puisse être c'était juste qu'elle avait fait le lien entre ce cachet blanc et les paroles presque amères du père Cullen, elle y avait juste pensé. Et, comme beaucoup de choses auxquelles elle pensait, c'était sorti tout seul. Ouais, c'était ça, tout seul. Sa langue et sa bouche s'étaient mises à parler avant son esprit et en voilà le résultat.