Le déhanché des modèles, les flashs des appareils photo, les discussions ambiantes, les coupes de champagne, les robes de soirées et les smokings. Une soirée agréable. Une légère drague, deux trois sourires, un beau blond mystérieux. La vigilance plus basse, l'alcool délicat et salvateur. Deux trois paroles vides, deux trois frôlements, une intention évidente au milieu d'un regard. Des excuses, un regard sur le  smoking bleu sombre. Un couloir plus loin, vide. Des sourires entendus à un couple dans un recoin. Un autre recoin. Le mur contre son dos, les langues emmêlées, le froissement des étoffes. Le sixième sens à cause des mains absentes. Le sixième sens plus fort que l'alcool, plus fort que le désir, plus fort que tout. Les yeux ouverts d'un coup, l'éclat de menottes bleues, frappées par la lumière, les mains qui repoussent, le corps qui fuit devant le regard de glace.

Raah mais quelle conne. Erynh court dans les couloirs du bâtiment, le beau gosse à ses trousses. Sa robe noire ne l'aide pas à aller vite, mais elle ne peut pas se téléporter devant tout le monde. Alors elle fuit, elle court, elle a pas le temps de le narguer là, elle n'est pas suicidaire non plus. Un autre couloir, sans caméra de surveillance, la Mauve se téléporte dans une ruelle sombre. Merde, ils l'attendaient là. Y'en a trois, en costard, avec des armes et une insigne bleu vif. L'HBO, Human Beings Only. Quelle blague.
"Vous vous croyez dans Men in Black ?"
Réfléchit, Erynh, gagne du temps. Où peux-tu te téléporter pour laisser le moins de traces magiques possibles ? L'autre ruelle. Devant Songlass Street. Tu prends un taxi et le tour est joué.
"Assez plaisanté, mon chaton."
Il se croit drôle ? Soudain l'un d'eux lance un OVNI (objet volant non identifié, du moins par Erynh) et la jeune femme se téléporte dans la ruelle prévue par réflexe. Manque de pot, le truc se téléporte avec elle et bipe en une fraction de seconde. Ho-ho...

Soudain, on entendit une explosion et Erynh vint s'écraser contre la fenêtre d'un taxi à un feu rouge. Elle avait la chance d'être un peu plus résistante que la normale, donc ça allait. Mais bon... Elle se relève péniblement et ouvre la portière, apercevant du coin de l’œil une limousine noire un peu loin encore. Elle se tourne illico vers la chauffeure.

"Fuyez cette voiture !"

Elle lui avait toujours dit, mama. Et elle savait qu’il fallait toujours écouter ce que disait mama. Mais là non, là pour une fois, pouf, elle sait pas pourquoi, mais elle à éclipser la troisième margarita. JAMAIS DEUX SANS TROIS, c’est pourtant la base. (Sauf si elle n’a rien compris à l’histoire, ce qui est fort possible par ailleurs). Mais non, hier soir, elle n’avait pris que deux verres (va savoir pourquoi, puisque d’habitude faut l’arrêter avant qu’elle n’arrive plus à tenir debout). Et du coup, forcément ! Aujourd’hui, c’était une journée pourrie. Enfin il ne s’était pas vraiment passé quoique ce soit qui sorte de l’ordinaire, sinon que les clients n’étaient pas bien drôles ni d’humeur très bavarde. Rien jusqu’à ce que Noa l’appelle à la rescousse. Toujours à voir jouer les grands dealer le frère, mais toujours à se mettre dans la mouise. Enfin lui c’est juste parce qu’il est né malchanceux. Rien à voir avec le nombre trois. Quoiqu’il est quand même le troisième de la fratrie. Enfin sur sept, on s’en bat un peu les steaks. Peu importe. Noa l’avait appelé plus tôt dans la soirée pour qu’elle vienne chercher une cargaison qu’elle devait bouger un point A à un point B, ce que soit dit en passant, elle n’avait jamais fait de sa vie. Mais si elle y arrivait avec des êtres humains, le faire avec quelques kilos de cocaïne ne devrait pas être si compliqué. HEIN ?

Pourtant elle est là, Lupe, toute crispée sur son siège, persuadée qu’un flic va venir fouiller l’intérieur de sa banquette arrière avec une horde de setter irlandais sans muselières. Alors qu’on a du la contrôler une seule fois dans sa vie depuis qu’elle a le permis. Paranoïa bonjour. Donc oui, c’est bien elle qui aurait pu en avoir terminé depuis vingt minutes si elle ne faisait pas détours sur détours pour semer un potentiel pisteur d’un gang rival. Sauf que vérifier si t’es pas suivit quand tu as un déficit de l’attention, c’est pas gagné. Bref. Elle est certaine que ça va mal tourner à un moment où à un autre. Et qu’on se le dise, c’est de sa faute si finalement ça tourne mal, puisqu’elle n’aurait jamais dû se retrouver dans cette ruelle.

Bang la portière qui claque aussitôt ouverte. Une brune échevelée sur sa banquette arrière (et sur sa cocaïne !! bordel !) “Fuyez cette voiture !” Quewa ? Elle se retourne, la bouche ouverte pour lui demander si elle ne se serait pas trompé de verbe des fois. Bah oui, comme dans tout bon film qui se respecte, c’est “suivez”, pas “fuyez”. Mais vu la tronche que tire le conducteur, elle tombe rapidement d’accord avec la brunette.

_ Okkkkk !!

Pied au plancher, le taxi se barre à toute vitesse dans les rues plus larges puis les grandes artères. Un vrai bolide, elle maîtrise à force de rouler comme une folle (mais que fait la police en fait si elle n’a été contrôlé qu’une seule fois ??). Un œil dans le rétroviseur pour voir si la voiture les suit toujours mais euh … à quoi elle ressemblait déjà ?

_ Bordel ! Ils m’ont retrouvé c’est ça ? C’est qui ? Les flics ? La CIA ? Interpol ? (genre ils savent qu’elle existe chez interpol, mais oui…) _ Nannn, pas les russes pitiés. Pas les putains de russes ! Et t’es qui toi au fait ? Oui, hein, au fait ? Pas d’agressivité dans la question, même si elle braille à moitié. Excusez, c’est l’émotion.