"Oh je t'assure que je ne pense déjà plus ca à grand-chose."

Non. Warren n'a pas besoin de faire beaucoup plus d'efforts pour qu'elle ne pense plus à grand-chose Maki. A deux doigts de ne plus penser à rien du tout. Elle est déjà très loin. Très très loin de ce qui est censé être sa réalité. Et elle n'y pense même plus. Ni à sa vie sur Shiloe. Ni à sa famille. Ni à son équipe de foot. Ni au papillon rose. Tout ça … c'est looiiiinnnnnn dans sa tête. Elle devra s'efforcer à faire le lien entre les deux, mais demain. Oui, parce qu'elle veut faire le lien entre les deux. Elle ne veut pas Shiloe d'un côté, et Warren de l'autre. Non. Elle ne sait pas ce qu'elle veut. Mais elle sait au moins ce qu'elle ne veut pas.

"Je suis ravie d'être privilégiée alors …"

Oh oui. Elle aime beaucoup savoir qu'il n'est pas comme ça avec tout le monde. Ça aurait été dommage. Triste même. Bien sûr que non, Warren ne lui a jamais semblé être simplement en train de jouer avec elle comme il aurait pu le faire avec une autre. Mais c'est bon de l'entendre.

Ça et tout le reste aussi. Elle se laisse faire, Maki. Elle se laisse convaincre. Elle l'écoute et se laisse aller dans la douceur de ses gestes et de ses mots à son égard. Et à celui de son corps. Maki, elle a toujours été trop grande et trop large. Par rapport aux gamins de son âge. Elle ne l'a jamais remarqué parce qu'elle était la seule gamine à bord du vaisseau de papa, ou de celui de maman. Elle n'a jamais fait gaffe, parce que papa et maman sont plus grands que tous les autres, alors ça lui paraissait normal de dépasser la plupart de gens à quinze ans. Elle a pas fait gaffe à là taille de ses bras, aux muscles qui se développaient trop vite, trop fort, à force de faire tout, TOUT ce qu'elle pouvait faire à bord des vaisseaux pirates. Elle a jamais fait gaffe à ce à quoi elle ressemblait, jusqu'à ce qu'elle se retrouve … "en société". Avec des filles normales. Avec des garçons normaux.

La première à s'être extasiée sur son apparence, c'était une petite rose qu'elle avait tiré d'une situation fort fâcheuse. Trixie, elle avait toujours adoré se suspendre à ses bras ou grimper sur son large dos. Elle jalousait même le volume de ses mèches blanches. Trixie, elle l'a toujours trouvée trop cool, trop forte, trop belle. Et plus il y avait eu les autres, ses quelques amant.e.s qui dans la grande majorité des cas … disons qu'ils s'étaient surestimés …

Mais là maintenant. C'était autre chose. Encore. Elle se sent belle Maki. Et peut-être encore mieux que ça, elle ne se pose pas de questions avec Warren. Elle se contente d'être. Simplement.

"Merci Warren."

Il n'y avait pas grand chose d'autre à dire. Elle murmure contre ses lèvres avant de poser ses doigts contre sa joue pour approfondir ce baiser empreint de gratitude, des deux côtés.

"Ouais, je t'appellerai. Les jours où j'abandonne mes efforts vestimentaires parce que je trouve qu'y a rien qui me va à part mes fringues de pirates …"

Elle fronce le nez et sourit doucement. Comment dire qu'elle a que trois tenues à peu près féminines dans sa garde robe. Dont une robe que Maki a acquis il y a peu, pour un certain gala. En parlant de ça…

"Tsais que j'étais tellement mal à l'aise dans cette foutue robe que j'ai failli pas aller au gala. C'est les filles qui m'y ont traînée."

La jeune femme tourne encore un peu la tête pour pouvoir croiser le regard de Warren.

"Ça aurait été dommage que je n'y aille pas …"

Est-ce qu'ils en auraient là sans ça ?? Sans doute que non. A moins que … il l'avait remarquée, pendant le match contre les Shadows. Mais aurait-il demandé à avoir son numéro de téléphone dans ses circonstances ? No sait.

"Tu m'aurais quand même contactée si on s'était pas vu au gala ?"

Ça l'intéresse. Elle ne voit pas bien comment mais … enfin quand elle voit comment Trixie a eu le numéro de son snowkid, elle se dit que tout est possible. Et puis tout à coup, elle se rend compte que la réponse à cette question l'angoisse soudain. Maki se détache de Warren et glisse doucement vers le bord de la table avec un petit sourire en coin. Faisons diversion.

"Eh on se prend une douche ?? Tous les deux bien sûr. Je me souviens que je t'en sois une depuis Volmir."

Maki dormit comme une bienheureuse. Le corps et l'esprit brisés mais gorgés d'endorphine, de sérotonine et d'ocytocine à en vomir. Elle dort Maki. Parfaitement. Lourdement. D'un sommeil absolument dépourvu de rêves. Rien, personne, juste la paix et … une aura bleutée qui l'enveloppe avec beaucoup de douceur. Et un grand sentiment de bien-être. De protection. Et quand elle se réveille, ces sentiments ne disparaissent pas. Même si elle bat bêtement des paupières un instant. En se demandant où elle est. Quand elle est. Qui elle est même. Drôle d'émotion de ne plus savoir qui elle est pendant trois longues secondes avant que son cerveau ne rétablissent toutes les connexions.

Ah. Oui. Warren. Elle sourit. Prend conscience de la sensation des doigts du lightning dans ses cheveux. Maki essaye de bouger mais son corps lui fait mal. Elle gémit un truc sans queue ni tête avant de se forcer à articuler quelque chose.

"D'accord … J'avoue tout ... J'ai menti …. Jsuis pas une vraie sportive. J'espère qut'as pas prévu l'escalade aujourd'hui. Je suis même pas sûrE d'arriver à descendre du lit …"

Elle râle à moitié comme le panda qu’elle est tous les matins. Machouille de l’air, dans un geste habituel pour se réveiller, faire monter le sang à son cerveau et retrouver les sensations au niveau de son visage. Maki arrive finalement à se tourner vers Warren, en grognant de pseudo-douleur, et elle se frotte les yeux avant de tourner un regard semi-accusateur, semi-amusé (et très embué par le sommeil) vers le lightning.

“Azy … ça faisait longtemps que je m’étais pas faite démonter comme ça. Et je ne parle pas forcément de sexe.”

Même niveau baston pure et dure contre la technoïd … ouais, ça faisait longtemps que ne serait-ce que bouger les orteils ne lui avait pas été aussi pénible. Mais. C’est une bonne nouvelle. Maki couvre son visage de ses deux mains pour dissimuler un bâillement peu classe. Et puis tend ses doigts vers celui de Warren, effleure sa joue du bout des doigts. Comme pour vérifier que c’est bien bien vrai tout ce dont elle se souvient de la veille.

“Le dernier truc dont je me souviens, c’est mes mèches de cheveux dans l’eau, par terre dans ta salle de bain. Mission accomplie donc.”

La jeune femme rit doucement, et laisse glisser son index sur la lèvre inférieure de Warren. Se demandant soudain si elle peut vraiment se le permettre. Hier, c’était, bah hier. Et maintenant ? Elle ne sait pas trop. Leur proximité lui paraît naturelle, mais elle a aussi l’impression d’un poids à l’horizon. D’un truc qui va lui tomber sur le coin de la tronche au moment où elle s’y attendra le moins. Elle ne sait pas trop. Maki retire son doigt, laisse sa main retomber sur le matelas. Et au lieu de chercher une réponse à ses interrogations, elle demande :

“Bien dormi ?”

Warren caressait ses cheveux avec douceur, l’observant s’éveiller. Hier, ils y étaient allés fort. Fort était même un euphémisme en réalité. Ils y étaient allés vraiment vraiment fort. La baise la plus … Intense qu’il n’avait jamais eut. Il espérait que ça ne serait pas la dernière mais ils avaient le temps pour en reparler. Il pouvait lire le trouble dans les yeux de la jeune femme. Il ne savait toujours pas ce qu’ils étaient officiellement l’un pour l’autre mais … Ils avaient le temps aussi pour ça, aussi.

- Repose-toi, fit-il tranquillement, nous n’avons aucune obligation dans la journée.

Bon, il avait prévu des « choses » mais il n’avait rien prévu qui ne pourrait pas être annulable en un tour de main. Il avait l’habitude de préparer des plannings avec l’option « au cas où ». Il l’observe encore, regard cette jeune femme alors qu’ils sont tous les deux nus dans le lit, lui moins qu’elle cependant. Il lâcha un sourire, puis une petit rire avant de mettre de la fierté dans son regard.

- J’en suis heureux, avoua-t-il, cela faisait longtemps pour moi aussi.

Bon, pas se faire démonter parce que …. La jeune femme l’avait comprit il était un peu un dominant dans le couple. Et même s’il accepte d’être dirigé, il y a des choses qu’il ne ferait pas. Il sourit à son dernier souvenir. Refit un nouveau rire.

- Oh, fit-il faussement outré, donc tu as oublié ton dernier orgasme une fois étalé au sol ? Il faudra que je rectifie le tir la prochaine fois.

Il n’était pas dérangé par les gestes de la jeune femme, et lui, il n’hésita pas à faire un doux baiser sur sa joue avant de se lever. Il ne savait pas ce qu’ils étaient, ni s’il y avait un nom pour leur relation sportive et mentale, mais il ne comptait pas se prendre la tête. Le monde était déjà assez compliqué.

- J’ai très bien dormi, j’espère que c’est ton cas aussi.

Il glissa pour se relever hors du lit, se montrant avec sa tenue holographique avant de s’étirer. Il avait ramené le téléphone de la jeune femme et le vit s’allumer d’un appel. Il sourit.

- Je vais préparer un petit déjeuner, reste au lit, je te l’amène, fit-il avec douceur avant de faire le chemin pour sortir de la chambre et lui laisser l’intimité pour un appel.

Warren avait un mauvais présentiment quand il attrapa les fruits pour en faire une petite salade de fruit pour la jeune femme. Il envoya plusieurs fois le regard vers la chambre. Il ne savait pas combien de temps il devait rester là, à la laisser parler. Il n’avait pas peur de ce que la jeune femme dirait, non. Il était au-delà de ça. Il avait juste l’impression que quelque chose allait blesser Maki. Il prit un croissant et du nutella qu’il mit sur le croissant de la meilleure des manières. Il se rapprocha de la porte et l’ouvrit avec précaution avec le plateau dans les mains.

Aucune obligation. Tant mieux. Parce que là, Maki a la force d’avaler un petit déjeuner et … de faire une sieste. Oui, très certainement de faire une sieste. Et de se triturer le cerveau à propos de Warren, ouais, ça, elle le sent venir comme un essaim d’abeille. Y a déjà deux solitaires qui sont passées dans son champ de vision. Et elle entend un grondement sourd s’élever peu à peu au loin. Même si elle ne devrait pas se poser autant de questions. Elle est comme ça, Maki. Quand ça concerne elle et quelqu’un d’autre, peu importe la situation, la relation, elle hésite, se pose des questions. Et dans le cas du lightning, nourrit par le cas Trixie, c’est encore plus compliqué. Alors que ça pourrait être aussi simple que le baiser que Warren dépose sur sa joue. La jeune femme pouffe doucement à la remarque précédente.

“Il faudra me rafraîchir la mémoire alors.”

Bah bravo. Gnagnagna ça minaude dans sa petite tête. Ouuh Warren, on l’aime bien ? On l’aime pas ? C’est du sexe ou autre chose ? Ca fait l’adolescente dans son petit crâne mais à côté de ça, ça invite à une prochaine partie de jambes en l’air. Tss. N’importe quoi. Maki se mord l’intérieur de la joue pour retenir un soupir et continue plus sérieusement.

“En vrai ça me dit quelque chose … il me semblait que c’était un rêve. Mais oui. J’ai très bien dormi.”

La jeune femme s’assoit dans le lit, suit Warren qui se lève du regard. Se retenant de rire en voyant que ses attributs masculins ont soudain disparu. C’est dommage. C’est triste. Non c’est très drôle. Et plutôt pratique il faut l’avouer. Elle, elle doit fouiller pour trouver un t-shirt (à Warren puisqu’elle est dans sa chambre) et éviter de passer son coup de téléphone complètement à poil. Va savoir pourquoi ça la dérange, mais ça la dérange. Surtout qu’elle a vu la photo de la rose illuminer son écran. Alors non, elle n'a pas envie de lui répondre à poil.

“Ooh. C’est le grand luxe ici. Merci. C’est Trixie, alors … ça risque d’être long.”

Elle arrive toujours à faire une montagne de pas grand chose la petite, mais sachant qu'elle est sur Akillian à l’heure qu’il est … ça risque d’être carrément une chaîne montagneuse à ce point-là. Maki a râté l’appel, mais c’est pas grave. Le temps d’enfiler le haut qu’elle a trouvé, la rose la rappelle et cette fois, elle décroche. Et elle a l’impression de tomber. ou que tout tombe autour d’elle. Elle en sait rien. Elle entend sans l’écouter Trixie lui parler de sa nuit avec AHito. Enfin commencer à lui en parler et. Maki l’interrompt. Elle fait de son mieux pour maîtriser sa voix et éconduire avec douceur son amie. La rediriger vers Kate. Prétextant qu’elle n’a pas le temps là tout de suite, une urgence (une urgente envie d’aller hurler, pleurer ou casser un truc oui), mais qu’elle la rappellera plus tard. Demain. Peut-être. Et puis elle raccroche.

Maki regard l’écran noir de son téléphone comme si elle regardait le fond d’écran qu’elle n’ose pas voir pour autant. C’est débile. Débile, débile, débile, débile. C’est crétin, stupide. Hypocrite. De s’sentir aussi mal alors qu’elle s’est juste faite pelotée par le gosse dans les cages des snowkids. Alors qu’elle vient de s’faire sauter toute la nuit, quasi à mort, par monsieur galactik football. Warren, putain, Warren, c’est pas juste pour lui, non. Pauvre Warren. Mais. Trixie. C’est.

Maki inspire et sent nettement un truc se tendre, et claquer, se rompre, entre ses côtes. C’est. Fini. Elle couine, étouffe le bruit qui lui échappe en plaquant une main contre ses lèvres. Elle relève les yeux vers la porte, pour vérifier qu’elle est toujours seule, mais elle ne voit absolument rien. La vue obscurcie par l’eau qui se met à couler sur ses joues quand elle bat des paupières. Merde, mere, merde. Elle ne veut pas pleurer. Mais elle n'a pas le choix.