« Une véritable perle ! » qu’il confirma avec un air faussement solennel. Et il ne parlait évidemment pas seulement de ses qualités de wedding planner bien qu’il ait grandement apprécié en avoir un aperçu. S’il avait déjà une haute estime de la demoiselle, la voir à l’oeuvre n’avait fait que l’accentuer. Alors dire qu’elle était fabuleuse, c’était presque un euphémisme. Elle était parfaite. Aux yeux de Glen en tout cas. Elle l’était même quand elle lui faisait perdre ses moyens. Le coeur de Glen s’emballa dans sa poitrine. L’agent s’était mis à regarder ses pieds, devant son regard de la piste de danse momentanément. Il n’était pas vraiment gêné. C’était juste le seul moyen qu’il avait trouvé pour éviter de croiser le regard de Bee et lui offrir le baiser qu’il s’était retenu de lui donner toute la journée. Pour autant, un large sourire étirait ses lèvres. Il était heureux. Purement et simplement. « Ravi d’entendre que tu n’as pas oublié le spitz… » qu’il souffla à son tour alors qu’il réussissait enfin à décrocher les yeux de ses chaussures parfaitement cirées pour l’occasion. Tout lui plaisait dans ce tableau. Le mariage. La maison. Les enfants. Le chien. Bee… Surtout Bee. Il ne pouvait pas rêver mieux. Son regard balaya rapidement la salle. Est-ce que quelqu’un les observait ? Est-ce qu’il en avait seulement quelque chose à faire ? Étonnamment… Non. Plus maintenant. Ou pas ici plutôt. A Miami, là où ils seraient susceptibles de croiser Mickaël ou des gens qui pourraient tout lui rapporter, il n’était pas sûr de se moquer autant du regard des autres. Et puis ils ne faisaient que discuter. Pour le moment. La mariée avait rapidement pris la parole et, dans son élan, elle avait contraint Glen à danser avec Lullaby. Ce qui, soyons d’accord, n’était pas si terrible que ça. Même pas du tout. Glen eut tout le loisir de récupérer Lullaby dans ses bras. Elle lui avait manqué. Tellement qu’il n’arrivait pas à réprimer le sourire un brin niais qui était apparu sur son visage. « Moi aussi. » qu’il avait sourit avant qu’elle ne remette sur le tapis ses interrogations sur les jours à venir. « Eh bien… Je ne sais pas trop. Sans mon agenda, je suis un peu perdu. » qu’il avoua avec une petite moue. Repenser au travail, c’était presque douloureux pour le coup.  
 

Une vraie perle. Lullaby ne relève pas, mais ces mots lui vont droit au cœur. Elle en frissonne légèrement. Elle adore ça. Vraiment. Entendre tous ces mots trop doux dans la bouche de Glen était incroyable. Parce qu'elle avait longtemps pensé qu'il ne pourrait jamais s'intéresser à elle. La vie lui avait prouvé qu'elle avait tort. Bien tort. Désormais, l'homme était avec elle. Et cette pensée, comme ses mots, étaient incroyables. Elle était avec Glen Holloway. Son compagnon. Qui trouvait qu'elle était une perle. Bon sang !

La jeune femme esquisse un sourire comme l'homme se dit heureux qu'elle n'ait pas oublié le Spitz nain. Comment l'aurait-elle pu ? Quand elle avait appris qu'il en rêvait, elle s'était mise à la recherche d'une petite portée pour lui offrir l'animal de ses rêves. Bientôt, elle pourrait le lui révéler alors que l'animal sur lequel elle avait jeté son dévolu allait sur ses huit semaines et pourrait alors quitter sa maman. La petite Thalya, de fait, rejoindrait bientôt la maison trop vide de l'agent pour y chasser les nuits de solitudes à écouter de la musique un verre à la main. Et les larmes aux yeux. Mais pour le moment toutefois, elle ne lui dirait rien. Elle savait exactement comment elle voulait lui apprendre la nouvelle et pour cela, elle se devait d'être patiente.

”- Bien sûr que non.” souffle-t-elle pour seule réponse.

Elle n'avait pas oublié le teckel non plus. Mais définitivement elle ne pouvait pas offrir à Glen une saucisse sur pattes. Un Spitz nain, c'était parfait. Et ça avait de longs poils comme elle aime, rappelant vaguement l'allure des petits yorks qui ont sa préférence. Bien sûr les similitudes entre les deux races s'arrêtaient là, mais elle pourrait se ravir d'un Spitz sans problème. Et elle avait hâte que Glen puisse rencontrer celui qu'elle lui avait choisi. Cela ne tardera plus guère. Elle pourrait organiser cela à leur retour aux USA. Mais elle n'était pas pressée. Au contraire, elle espérait même pouvoir rallonger un peu leur séjour et comme ils dansent, elle questionne l'homme au sujet de ses occupations des prochains jours, curieuse de savoir si son projet était possible, sans que l'homme ne l'aide beaucoup.

”- Si c'était vraiment important ou urgent j'imagine que tu t'en souviendrais sans ton agenda.” remarque-t-elle cependant.

Glen avait eu quelques appréhensions à l’idée de passer la semaine à Santorin avec Lullaby. Jamais il n’aurait pensé passé une semaine aussi décisive. Et pourtant. Ce voyage avait littéralement bouleversé sa vie. Dans le bon sens. Il était heureux. Sur une journée il pouvait se mettre à sourire comme ça, sans raison. L’allégresse que lui procurait sa relation toute fraiche avec Bee était délicieuse et il s’en délectait. Mais en secret. Pour le moment, c’est l’attitude qu’ils avaient décidé d’adopter. Ça restait entre eux. Glen n’allait de ce fait pas afficher ça au grand jour à ce mariage. S’ils devaient devenir public un jour… Ils devraient d’abord passer par le père de Lullaby, case inévitable et qui s’annonçait périlleuse. Glen n’était pas pressé. Lullaby était un très joli secret. En les voyant danser, est-ce que les gens se doutaient de quelque chose ? Glen n’en savait rien parce qu’il ne faisait pas attention, trop absorbée par sa belle. Il était pourtant indéniable que quelque chose se tramait entre eux. Même de l’extérieur, leur belle complicité transparaissait. Ils auraient pu vouloir le cacher qu’ils n’y seraient pas arrivés. L’agent avait laissé échapper un petit rire lorsque la jolie blonde lui avait exposé son argumentaire. C’était un très bon point, quoi qu’elle sur-estimait tout de même sa capacité à se souvenir de quoi que ce soit sans son précieux agenda virtuel. Il haussa légèrement les épaules ensuite, un sourire radieux aux lèvres. « Qu’as-tu en tête ? » qu’il demanda simplement, sans pour autant dire oui. Il ne pouvait après tout pas s’engager sur quoi que ce soit sans savoir de quoi il retournait, non ? Et puis, son esprit commençait doucement mais sûrement à divaguer vers son travail… Ça faisait déjà une semaine. Et ça avait été génial de faire une pause, vraiment, mais pouvait-il vraiment se permettre plus ? Et d’un autre côté… comment refuser quoi que ce soit à Bee ?
 

Après une semaine passée à Santorin, le retour à la réalité serait dur, difficile, pour l’un comme pour l’autre, alors que leurs vies actives reprendraient le dessus et ne leur permettraient pas d’être aussi souvent ensemble qu’ils l’avaient été ces derniers jours. Pourraient-ils au moins se voir chaque soir, se retrouver chez l’un ou chez l’autre pour combler le vide, affronter le changement ? Ce n’était pas sûr. D’autant plus que certains soirs, Bee était occupé avec les répétitions de dîner de mariage, les veilles d’union et, parfois même, les célébrations un vendredi. Se voir serait alors difficile pour l’un et l’autre. Après avoir passé toute la semaine ensemble, ce serait loin d’être facile que de retourner à la réalité et l’idée de retrouver son quotidien, sans lui, était désagréable pour Lullaby. Elle avait envie d’autre chose, envie que le temps ici s’éternise. Envie qu’ils aient vraiment le temps de profiter de leur amour naissant, des débuts de leur relation. Ne pouvaient-ils pas s’accorder quelques jours, alors, d’un repos mérité, pour n’être que l’un à l’autre ? Ne pouvaient-ils pas rester un peu plus longtemps, juste le temps de profiter de l'île sans avoir aucune autre préoccupation qu'eux-mêmes ? Ne pouvaient-ils pas s'accorder trois jours d'une vraie coupure dans leurs emplois du temps respectifs, une vraie pause ? Telle était l'idée de Lullaby.

”- Je me disais que nous pourrions peut-être rester un peu plus longtemps ici.” souffle-t-elle pour lui, suivant ses pas de danse. ”Notre appartement n'est pas reloué avant samedi prochain, je me disais que nous pourrions peut-être en profiter.” murmure-t-elle à son oreille, sous couvert d'être rapprochée de lui par la danse. ”Juste toi et moi, sans mariage à préparer, sans obligations à tenir…”

Trois jours de plus ce serait bien court. Mais ce serait déjà bien pour profiter de l'endroit encore un peu et s'offrir une réelle coupure, sans avoir à s'adapter aux préparatifs de quelques épousailles. Dans l'immédiat, elle ne pouvait rien proposer de mieux. Pour partir ensemble s'offrir de vraies vacances, ils devraient être patients. Ce n'était pas pour tout de suite, tant elle savait son agenda plein pour les semaines à venir. Le début de la saison des mariages avait sonné et, avec lui, le gros des festivités serait bientôt là.

”- J'ai envie qu'on puisse profiter encore un peu. Et…” elle se mord la lèvre inférieure. ”S'organiser pour la suite. Pour quand on sera rentré.” souffle-t-elle. ”Ça me semble déjà si difficile de penser que l'on ne sera plus ensemble tout le temps…” confesse la demoiselle, quoiqu'elle s'efforce de ne pas trop y penser pour le moment.

Glen n’avait aucune envie de voir leur séjour s’achever. Mais c’était inévitable. Il voyait arriver la fin, un pincement au coeur. Il essayait de ne pas y penser mais c’était presque impossible. Par moment, il avait l’impression d’entendre son téléphone sonner et il ne suffisait que de ça pour qu’il entrevoit tout le boulot qui l’attend. Tous ces gens qui comptaient sur lui… Et Lullaby, est-ce qu’elle comptait sur lui ? Menant la danse, Glen la contemplait. Il n’avait pas été trop tôt pour parler mariage et même enfant… Alors pourquoi le serait-ce d’accorder leurs plannings ? Et puis l’idée de prolonger leur petite idylle sur l’ile ne pouvait que le séduire… Mais une petite partie de lui ne pouvait s’empêcher d’avoir peur. Il avait mis tellement de sueur et fait tellement de sacrifices pour en arriver là. L’idée même de compromettre son dur labeur le faisait légèrement paniquer. Un seul coup d’oeil à Lullaby suffisait à l’apaiser néanmoins : elle en valait la peine. « Des vacances, des vraies ? » qu’il demanda, un petit sourire aux lèvres. S’il donnait l’impression d’y réfléchir, ce n’était déjà plus le cas. Dans sa tête, il avait déjà accepté. C’était le choix le plus raisonnable. Il reprendra bien assez vite le chemin du travail et il aura alors tout le loisir de voir tout son temps libre aspirer par ses diverses obligations. « S’organiser ? » Glen haussa un sourcil, interrogateur. Il n’avait pas encore réfléchi jusque-là. Il espérait néanmoins qu’elle ne prévoyait pas un diner avec ses parents pour leur annoncer la grande nouvelle car il n’était clairement pas prêt. « Mais oui… On va rester. J’aurais peut-être un ou deux coups de fil à passer mais rien de méchant… Promis. » Et sans qu’il ne s’en rende compte la chanson romantique qui leur servait de slow avait touché à sa fin, enchainant sur une autre, mais il n’avait pas lâché sa belle.
 

La jeune femme acquiesce d’un gracieux mouvement de la tête comme Glen la questionne quand à ses intentions. Oui. Des vacances, des vraies. Autant que possible, pendant trois jours, Lullaby comptait bien couper son portable et n’accorder qu’une heure par jour à traiter les messages que certaines mariées ne manqueraient pas de laisser sur son répondeur. Mais les vingt-trois autres heures de la journée seraient, elles, toutes concentrées sur Glen et leurs vacances. Ce serait les premières vraies qu’elle s’accordait depuis… La dernière fois qu’elle était partie avec sa famille, il y a presque un an de cela.

”- Oui.” souffle-t-elle. ”De vraies vacances. Sans courir partout. Sans mon téléphone pour sonner toutes les dix minutes…”

Voilà qui leur permettrait de parler sereinement de leur retour à Miami et leur donnerait le temps de profiter l’un de l’autre avant qu’ils ne rentrent et ne retrouvent le train-train quotidien de leurs vies blindées par le travail. Bee voulait s’organiser, parler de ces semaines à venir, qu’ils puissent parler à coeur ouvert de ce qu’ils voulaient pour la suite, pour quand ils seraient rentrés. Elle voulait qu’ils puissent s’exprimer sur ce retour et organiser ensemble les semaines à venir. Ou au moins les premiers jours. Non pas qu’elle tienne à être une control freak, mais leurs confidences passées avaient prouvées que le travail avait une grande place dans leurs vies. Et elle ne tenait pas à ne pouvoir voir son cher et tendre que tous les 36 du mois, lorsqu’ils auraient une heure de libre concordante dans leurs emplois du temps. L’idée d’en être séparé était déjà trop difficile. Et elle hoche la tête de nouveau.

”- Oui. S’organiser.” confirme-t-elle. ”Sinon, tu n’auras jamais de temps pour moi dans ton agenda !” remarque-t-elle en faisant mine de bouder. ”Tu oublies déjà de manger parfois !”

Elle aussi, du reste. Et si elle pouvait sacrifier quelques dîners solitaires elle ne voulait pas en revanche le sacrifier lui. Ni leur histoire. Donc, ils allaient devoir en parler, voir comment ils comptaient faire, pour allier à la fois leur vie professionnelle active et leur relation naissante. Déjà, l’idée de ne plus le voir tout le temps lui était pesante. Et elle savait qu’elle ne le verrait pas même tous les soirs. Seulement… quand ils le pourraient. Ce qui ne pourrait pas être facile, après cette merveilleuse semaine.

”- On pourra prendre une heure par jour pour s’occuper de traiter nos appels urgents.” suggère-t-elle. ”Mais tout le reste de mon temps sera uniquement pour toi et moi.” promet la demoiselle.

Et bon sang, qu’elle voudrait l’embrasser là, tout de suite, alors qu’elle oublie le monde autour d’eux. Ils ne se sont même pas rendus compte que la musique avait changé depuis qu’ils dansaient.

Les mots de la wedding planner font écho dans l’esprit de Glen car il aurait lui-même été capable de les dire. Un téléphone qui sonne toutes les dix minutes, ça pourrait très bien être le sien. Certaines journées, Glen passait tout son temps pendu au téléphone à faire les cent pas dans son bureau. Ça ne s’arrêtait jamais vraiment. Et il avait laissé le travail prendre tout cet espace dans sa vie, la faute à une passion dévorante pour sa vocation… Mais aujourd’hui, il réalisait doucement qu’il allait devoir faire de la place à autre chose. Et ce n’était pas qu’il ne voulait pas. Evidemment. Mais il avait comme oublier comment faire. Heureusement, Lullaby était là pour lui donner la clairvoyance dont il avait besoin. « C’est tentant. » qu’il opina du chef avec un mince sourire sur les lèvres. Il avait oublié la musique, il avait oublié les autres. Il ne restait qu’elle, il ne restait qu’eux. « Eh ! Je te rappelle que toi aussi très chère ! » qu’il rétorqua du tac-au-tac, feignant de s’offusquer. Ce n’était pas le cas. Il comprenait parfaitement le message. Elle appréhendait qu’il n’ait pas le temps… Et il appréhendait également. Avec leurs deux agendas respectifs, c’était presque inévitable. Ils allaient tous les deux devoir faire des concessions. Et c’était bien la base d’un couple non ? Volontaire mais absolument pas habitué aux concessions, Glen ne savait pas par quel bout commencer. « Le ratio me parait bon. Dommage qu’on ne puisse pas appliquer ça tous les jours… » Une heure de travail pour tout le reste des heures de la journée pour Lullaby, le fringant amoureux qu’était Glen trouvait forcément séduisant à défaut d’être réaliste. Mais pour des vacances, ça irait très bien. « Adjugé vendu ! Vous êtes une négociatrice hors pair madame ! » qu’il s’enthousiasma avant de la faire tourner sur elle-même d’une main.
 

Le retour à Miami serait des plus étranges et difficiles. Si pour le moment le couple avait tout le loisir de passer tout son temps ensemble, pouvait projeter de passer les trois prochaines journées seulement l'un avec l'autre, en ne passant qu'une heure par jour sur la consultation de leurs messages téléphoniques, tous deux savaient très bien qu'une fois qu'ils seraient rentrés chez eux, le temps à passer ensemble serait plus compliqué à trouver. Tous les deux avaient ce trait commun d'être des bêtes de travail, de mener des vies d'enfer pour en partie oublier leur vie solitaire. Maintenant qu'ils étaient ensemble, il leur faudrait apprendre à réorganiser leurs vies, pour la réussite de leur relation. Et c'était exactement de cela que la wedding planner souhaitait parler au cours des trois prochains jours, afin de s'organiser pour la suite. Afin de discuter de leurs emplois du temps et les accorder, sans quoi ils passeraient des jours et des jours sans se voir. Ce qui n'était tout bonnement pas possible. Pas envisageable. Pas supportable. Et comme elle remarque que l’homme ne prend pas forcément le temps de manger parfois, pour justifier qu’il puisse ne pas avoir de temps pour elle sans s’organiser, Glen ne manque pas de remarquer que l’inverse est aussi vrai et que sa belle, elle aussi, est une femme très occupée, ce qu’elle ne peut nier.

”- Tu vois que nous devons nous organiser !” souffle-t-elle alors, dessinant un sourire sur ses lèvres.

C’est ce qu’ils feraient donc, ces prochains jours. S’organiser en vue de la suite, en vue de préserver leur liaison. Ils auraient besoin de mettre en rapport leurs agendas pour s’intégrer dans ceux-ci, combler du mieux qu’ils pouvaient la nouvelle dynamique de leur retour à la vie normale. Puisqu’ils ne pouvaient pas décemment s’installer ensemble tout de suite. N’est-ce pas ? Non pas que ça la dérangerait vraiment. Mais elle n’était pas sûre que lui soit prêt pour cela ou pour ne serait-ce qu’évoquer cette idée complètement folle. Parce que ça pouvait être trop rapide. Que la vie ensemble dans le contexte de tous les jours, ce n’était pas comme les vacances.

”- Si seulement !” souffle la demoiselle. ”Une heure sur mon téléphone, huit à dormir entre tes bras, deux autres à dîner en refaisant le monde et tout le reste à danser avec toi…” imagine la demoiselle.

Ce serait parfait. Et des pensées qui pourraient bien trop les trahir alors qu’ils oublient le monde tout autour, le mariage, la fête, les paires d’yeux qui pourraient s’attarder sur eux, remarquer qu’ils dansent encore sans plus faire attention à rien, qu’ils sont dans leur bulle.

”- Vous ne demandiez pas mieux que d’être convaincu, monsieur Holloway…” souffle-t-elle en revenant tout contre lui sur la musique.

Santorin aura été une chance énorme pour le couple. Tout aura commencé ici, loin de Miami et de toutes les obligations qui les y attendaient. Et ils avaient la chance de pouvoir prolonger ça… Mieux encore, ils allaient vivre trois jours sans la charge des préparatifs d’un mariage. Juste eux. Et, accessoirement, une heure de communication professionnelle par jour. On ne refait pas deux bourreaux de travail. C’était bien leur problème. Comment allaient-ils faire pour se voir quand ils seront tous les deux écrasés par le devoir ? Glen comprenait alors aisément pourquoi sa belle voulait s’organiser. Mais ça lui faisait drôle. C’était si loin de ses habitudes… A quel point ces dernières allaient être changées ? Glen se retrouvait à être aussi excité qu’angoissé. Un peu comme devant un manège à sensations fortes. On sait qu’on va s’éclater mais ça n’empêche pas d’avoir un peu peur. « Ok, d'accord… On va s’organiser alors. » qu’il avait répondu, presque trop sérieux pour le coup. Ils avaient continué de danser sans s’arrêter malgré les chansons qui défilaient. Glen n’en avait aucune idée mais ils avaient commencé à se faire remarquer parmi les autres invités qui dansaient près d’eux. « Je n’aurais jamais autant dansé de ma vie… » qu’il avait répondu avec un sourire tendre, l’envie de l’embrasser se faisant pressante tout à coup. Il était à deux doigts de le faire d’ailleurs alors qu’elle venait de se coller contre lui mais une voix le coupa dans son élan. « Glen ! Tu peux venir deux minutes ? Sara veut pas me croire quand je lui dis que tu connais Kate Moss ! » Sur le moment, Glen s’était senti tout penaud. Comme engourdi. Il avait cligné des yeux en s’écartant doucement de Lullaby. C’est là qu’il avait remarqué les regards amusés de certains convives. Ça se posait des questions. « Euh… Oui ? » qu’il avait finalement balbutié alors qu’on l’avait littéralement attrapé par le bras pour l’emmener vers la dite connaissance sceptique. Un dernier regard désolé derrière lui et un petit signe de la main plus tard, leur bulle d’amour était définitivement rompue. Pour ce soir seulement.
 

Comme ils l’avaient présagé et même redoutés, le retour à Miami avait été particulièrement… intense. Dès qu’elle était sortie de l’aéroport, le téléphone de Bee avait sonné d’une avalanche d’appels manqués au cours des heures de vol et sur un dernier baiser pour Glen, elle avait filé à ses obligations, rassurer quelques mariées au bord de la crise de nerf à l’approche de leur grand jour. Et depuis cinq jours, elle n’avait tout bonnement pas eu une minute à elle. Alors, si elle n’avait pu s’empêcher de lui envoyer des messages tout au long de cette séparation pour combler le manque de lui, elle n’avait pas eu la moindre occasion de le voir, rentrant chez elle parfaitement épuisée chaque soirs, à pas d’heure, après des journées chargées pour rattraper ses dix jours d’absence.

Aujourd’hui, toutefois, Bee avait organisé sa journée de sorte à pouvoir aller le voir lorsque l’homme sortirait du travail et rentrerait chez lui. C’était le grand jour. En début d’après-midi, elle était allée chez l’éleveur qu’elle avait trouvé à une heure de route de Miami, pour aller chercher la petite Thalya qui avait attendu leur retour de Miami pour connaître son futur maître. Le coffre de la demoiselle déjà chargé de tout le nécessaire pour l’animal, et notamment le sac dont Glen rêvait pour transporter sa princesse partout avec lui, la jeune femme avait reprit la route en s’assurant régulièrement que l’animal aille bien et ne soit pas malade en voiture.

En arrivant sur Miami, elle avait alors pris la direction du quartier dans lequel habitait Glen, à seulement dix minutes à pied de chez elle, passant par sécurité un coup de fil l’air de rien à son père en même temps. Elle ne pouvait pas débarquer chez l’homme de sa vie par surprise, la bouche en cœur, sans s’être assuré que, pour une raison ou pour une autre, son père n’y soit pas lui aussi. Elle n’était pas encore prête à ébruiter cette histoire, désireuse de conserver leur cocon. Et Glen ne l’était pas davantage, naturellement.

Rassurée, la demoiselle se stationne avant de quitter son véhicule, attrapant la petite Thalya dans ses bras avant de verrouiller la voiture pour aller finalement sonner chez Glen, attendant patiemment que l’homme se manifeste. Et lorsque la porte s'ouvre sur la silhouette de l'homme, elle lui adresse un grand sourire, le spitz toujours dans ses bras.

"- Bonjour ! Il paraît que c'est à vous ça ?" annonce-t-elle amusée.