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LE TEMPS D'UN RP

Guerre froide coeur chaud | Hysy

Hysy
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Hysy
Dim 23 Avr - 19:01
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Hanae Leroy
J'ai 26 ans et je vis au Comté de Queens, New York, US. Dans la vie, je suis Ancienne apprentie geisha, désormais femme au foyer et je m'en sors pas bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée et je le vis plutôt pas bien.
Guerre froide coeur chaud | Hysy - Page 6 Iu-10411

Anciennement Hanae Tosuke, cadette de la famille Tosuke, une famille traditionnelle japonaise. Étant seulement la cadette, elle se dirige vers la carrière de geisha, amoureuse de la tradition de son pays. Cependant, avant la fin de sa formation, Monsieur Leroy, un magnat du pétrole, la réclama comme sa fiancée. Fétichiste des femmes japonaises, il tomba directement en admiration devant Hanae qu’il qualifie d’« incarnation de la beauté ». Au vu de la relation États-Unis – Japon à cette période, la famille Tosuke pressa le mariage pour éviter les moindres représailles -et pour négocier des avantages.
C’est ainsi qu’à 21 ans, elle se retrouva isolée et mariée de force loin de son pays natal. Et toute la richesse du monde ne suffira jamais à apaiser cette douleur.
TW Mention viol conjugal

Je m’apprêtais à retourner à mon bouillon de ramen intouché lorsque, soudain, Henriette replaça une mèche de mes cheveux derrière moi. Un frisson me parcouru et je suspendis mon élan, la regardant dans les yeux, encore émue de ma déclaration et de ce petit garçon. Son ton et sa posture me rappelèrent ma sensei, celle qui me formait lorsque que je n’étais encore qu’une maiko, une apprentie geisha.
Ses mots firent éclater la bulle de bonheur dans laquelle je m’étais lovée. Et, pendant un instant, je la regardai, ahuris. Pourquoi maintenant ? Mais je ne pouvais lui reprocher de me poser la question, après tout. Elle était autant prise dans la galère que moi, après tout.
Le voulais-je ? Bien sûr, je n’avais pas été aussi libre et heureuse depuis longtemps. C’était peut-être même la première fois, Japon inclus. Ne vous y méprenez pas : j’adore mon pays natal et mon ancienne vie me manque, mais ici, je découvre des relations sociales plus libres et moins bridées par les codes… et c’était aussi fascinant qu’effrayant. Si j'acceptais les faits, qui disaient que je voulais tromper mon mari, je m'éloignais indiscutablement de mon éducation. J'étais supposée rester à la maison, lui faire des enfants et les élever. Cela m'arracha un frisson de dégoût rien que d'y penser. Non, ce n'était pas ce que je voulais. Je plongeai mes yeux dans ceux d'Henriette... c'était elle que je voulais.
Mais sa question amenait une autre: je voulais le tromper oui, mais en étais-je capable ? Mon regard se baissa... cet homme m'avait brisée. Toutes ces pénétrations non consenties m'avaient brisées un peu plus à chaque passage. Cette sensation de n'être qu'un défouloir sexuel, un objet à sa merci, me hantait à chaque fois que je montais dans le lit conjugal, même juste pour dormir. Et les longues douches chaudes et interminables ne changeait rien. Comment cela se passerait-il avec une femme ? Comment cela se passerait-il donc avec, elle ? Je n'avais pas besoin de ressentir ce dégout et cette impuissance d'avantage. Mais Henriette n'était pas lui, pas vrai ? Je pouvais dire "non"... je pouvais dire si cela faisait mal avec elle, probablement. Qui sait, peut-être même que je pourrais découvrir le plaisir. C'était supposé l'être, non ?
Je saisis enfin mon bouillon et le bu, lentement. Toutes ses pensées se bousculèrent et des larmes brouillaient ma vision. Ne serais-je pas un poids pour Henriette, au final ? Mariée et traumatisée. Quelle belle affaire ! Pourquoi s'embêterait-elle avec tout ceci ? La jeune femme était libre et batifolante, tel un papillon. Qu'avais-je a lui apporter, moi ? En ce sens, n'étais-ce pas plutôt à moi de m'interroger et par conséquence de l'interroger ? Sûrement, oui.  
Je terminai le bouillon et reposai le bol un peu trop bruyamment aux yeux de la vieille Kaname qui me regarda de nouveau de travers. Un mot d'excuse fusa encore de ma bouche dans ma langue maternelle avant que je réponde à mon amante-enfin-presque:
" Je suis sûre d'une chose, tu m'as fait découvrir ce que même dans mon pays natal, je ne pouvais avoir: la liberté et le choix. Et j'utilise ces nouveaux concepts pour te choisir toi. Pourquoi ? Je ne sais pas. Tu m'attires, tu fais naitre en moi tant d'émotion et malgré moi... c'est toi que je veux. Mais je sais aussi autre chose: je ne suis pas un cadeau, je suis cassée et abîmée par le mariage... donc... la vraie question, c'est: est-ce que, toi, tu veux de moi ?
Pendant tout le discours, je n'avais osé la regarder, appréhendant une réjection que je sentais venir. Mes ongles manucurés s'enfonçaient obstinément dans mon bras gauche, crispés par les émotions.


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Henriette Spiegelmann
J'ai 27 ans et je vis à Manhattan, New York, US. Dans la vie, je suis héritière d'une toute petite galerie d'art et je m'en sors mal, puisque je m'occupe davantage de mon look que de mes affaires. Sinon, grâce à ma liberté, je suis célibataire et je le vis plutôt dans la liberté sexuelle des 70s.

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Henriette, c'est le bébé Eldorado. Le bébé des Amériques. L'unique enfant, de leur fratrie de trois, à être née sur le sol Etats-Unien.
Issue d'une famille juive Allemande, Henriette est née en 1948, soit plus de cinq ans après la fuite et l'expatriation de toute sa famille menacée par le nazisme, et alors qu'on pensait sa mère plus capable d'enfanter.
Ses parents sont aujourd'hui décédés, et s'ils ont légué les restes de leur grande maison en Forêt Noire, là-bas en Allemagne, à leurs deux fils, ils ont choisi de transmettre à leur unique fille la galerie modeste qu'ils avaient réussi à bâtir et qui les avaient nourris durant leur exil.

Mais Henriette échoue à la faire perdurer, parce qu'elle n'essaie même pas.
Et justement, elle n'essaie pas, car elle a peur d'échouer.

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Madonna :copyright:
"Je suis sûre d'une chose, tu m'as fait découvrir ce que même dans mon pays natal, je ne pouvais avoir : la liberté et le choix. Et j'utilise ces nouveaux concepts pour te choisir toi. Pourquoi ? Je ne sais pas. Tu m'attires, tu fais naitre en moi tant d'émotion et malgré moi ... c'est toi que je veux. Mais je sais aussi autre chose: je ne suis pas un cadeau, je suis cassée et abîmée par le mariage ... donc ... la vraie question, c'est : est-ce que, toi, tu veux de moi ?"

Je détaille son expression sensible, éraflée, criblée de doutes mais aussi d'espoirs. Elle est belle ainsi forte et fragile, résignée mais révoltée et toute en contradictions nuancées qui ébranlent mes certitudes rustres. Sa vie est complexe et continuellement étirée entre ce qui lui est attendu et ses désirs, là où la mienne se plie à mes moindres caprices, parce que ne compte que moi et moi-même, y compris à mes propres dépends. Je l'ai parfois crue faible façon pouliche de luxe parce qu'elle n'aura jamais à s'inquiéter de son argent, parce qu'elle n'aura jamais à travailler, parce qu'elle peut prétendre au luxe et à l'oisiveté sans conséquences. Mais son confort est une prison, aussi bien que mon chaos, une échappatoire.

Si ça ne tenait qu'à moi, je l'aurais embrassée sans plus de cérémonie, car les mots sont surfaits, et qu'à cette question ("Toi, tu veux de moi ?") répondre "oui" est trop peu - je n'ai pas le phrasé pour une déclaration plus élaborée comme Hanae en est capable. Si je ne suis pas avare de mots pour commérer, parler de ses sentiments, c'est autre chose. Les feelings, ça se vit, ça ne se dit pas. Cependant je ne me vois pas tant lui rouler une galoche au comptoir de ce restaurant à ramen où le moindre éternuement un peu bruyant fait retourner toutes les têtes. Si j'ai l'habitude de me cogner des codes de bienséance, j'ai conscience que c'est peut-être ici le seul endroit où Hanae a encore un semblant de chez elle, et je n'ai pas l'envie de ruiner sa réputation. Je me contente de détourner l'intensité de ce moment avec une assurance simple et franche, faute de mieux.

"Liebling, commencé-je. Je peux t'assurer que je n'aurais pas mangé avec des baguettes pour n'importe qui." Je ris un peu. "Je suis pas ici par hasard. Tu me plais et j'ai envie que tu fasses partie de ma vie, peu importe dans quelles modalités. Si on est amies, ça me va. Si on est intime, je vais pas m'en plaindre." Puis la considérant. "C'est pas un choix qui me revient parce que moi j'ai rien à perdre dans cette histoire. Si ça te convient de prendre le risque de perdre ce que t'as, moi, je serais heureuse ..." Et plus bas, les yeux langoureusement univoque quant à mes désirs, assumés mais pas suppliants. "... de faire partie du risque."


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"Le plus clair de mon temps, je le passe à l'obscurcir" - Boris Vian
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Sam 6 Mai - 16:30
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Hanae Leroy
J'ai 26 ans et je vis au Comté de Queens, New York, US. Dans la vie, je suis Ancienne apprentie geisha, désormais femme au foyer et je m'en sors pas bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée et je le vis plutôt pas bien.
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Anciennement Hanae Tosuke, cadette de la famille Tosuke, une famille traditionnelle japonaise. Étant seulement la cadette, elle se dirige vers la carrière de geisha, amoureuse de la tradition de son pays. Cependant, avant la fin de sa formation, Monsieur Leroy, un magnat du pétrole la réclama comme sa fiancée. Fétichiste des femmes japonaises, il tomba directement en admiration devant Hanae qu’il qualifie d’« incarnation de la beauté ». Au vu de la relation États-Unis – Japon à cette période, la famille Tosuke pressa le mariage pour éviter les moindres représailles -et pour négocier des avantages.
C’est ainsi qu’à 21 ans, elle se retrouva isolée et mariée de force loin de son pays natal. Et toute la richesse du monde ne suffira jamais cette douleur.
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 Mes ongles se déracinèrent de mon bras lorsque que j'entendis la réponse de mon amie et possiblement, amante, riant même à sa plaisanterie le plus délicatement possible… je ne voulais pas m'attirer à nouveau les foudres de la propriétaire. Cette réponse lui redonna le sourire instantanément. Avait-elle envie de prendre le risque ? Bien sûr. Elle s'était décidée le jour où elle avait fait en sorte que son mari rachète la galerie qu'elle possédait. Avais-je le goût du risque désormais ou était-ce autre chose ? J'avais peut-être l'impression que mon mari ne pouvait pas le découvrir, surtout. Entre son travail et son incapacité à me comprendre, comment le pourrait-il ? De plus, je ne craignais pas de perdre cette vie, car je n'en avais jamais voulu. Pouvait-on parler de prendre un risque ? Je n'en étais pas sûre. Mais probablement étais-ce naïf de ma part de penser cela. La prudence voudrait que je m'éloigne de cela et que j'arrête de prendre mon mari pour un mari pour un imbécile, mais, pour l'un comme pour l'autre, je n'en avais pas envie.
"Alors soit mon risque..." Fis-je tout doucement pour ne pas être trop entendu hormis de mon interlocutrice.
Un sourire continuait de flotter sur mes lèvres tandis que je l'admirais finir ses ramen. J'étais si heureuse qu'elle apprécie cette cuisine, celle du Japon, car, j'avais bien conscience que cela pouvait être particulier pour quelqu'un qui n'avait pas l'habitude, aussi, ce détail, me donna l'impression que l'on était vraiment en train de créer un lien.
Une fois fini, je payai la vieille Kaname, et me hâtai de partir loin de son regard suspicieux et accusateur, lourd de sens.
"Allez viens !" la pressais-je, heureuse de lui faire découvrir mon monde.
Pour le dessert, je l'entrainai dans un petit salon de thé. Il ne ressemblait pas à ceux que l'on pouvait retrouver au Japon: sa façade était bien plus industrielle et défoncée. Mais qu'importe ! Ce qui comptait, c'était l'intérieur.
Aussitôt passé la porte, l'odeur du thé matcha m'assaillit et je souris. J'entrainai ma compagne d'aventure à une table basse et m'assis sur le coussin. Toutes étaient collées donc théoriquement il n'y avait pas d'importance, mais, j'avais choisi une à l'écart du monde présent. J'aimais beaucoup l'ambiance détendue et familiale de l'endroit. Si j'avais pu finir mon entrainement en tant qu'apprentie geisha, aurais-je joué dans ce genre d'endroit ? Probablement. Une vague d'amertume m'assaillit si bien que je ne remarquai pas les regards sur nous deux et les petits murmures chuchotés rapidement, tel un mauvais remix de ce qui s'était passé chez la vendeuse de ramens.
Cependant, je remarquai bien quelque chose: la serveuse ne vint pas vers nous. La colère me noua la gorge. Mais pouvais-je vraiment lui en vouloir ? Je repensai à mon mari et la façon dont je le traitai... Non, pas réellement, je comprenais même. Aussi, laissée de l'attente, j'entrainai Henriette en dehors du bâtiment, loin de cette ambiance raciste entendue et attendue.
"Eh... tu veux rentrer ? Il est encore un peu tôt mais... au moins, je pourrais te prendre la main tranquillement." avouais-je.
Je ne mentionnai pas le racisme... À quoi bon ? Je comprenais très bien la position de mes comparses. J'étais comme eux... avant de la rencontrer.


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J'ai 27 ans et je vis à Manhattan, New York, US. Dans la vie, je suis héritière d'une toute petite galerie d'art et je m'en sors mal, puisque je m'occupe davantage de mon look que de mes affaires. Sinon, grâce à ma liberté, je suis célibataire et je le vis plutôt dans la liberté sexuelle des 70s.

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Henriette, c'est le bébé Eldorado. Le bébé des Amériques. L'unique enfant, de leur fratrie de trois, à être née sur le sol Etats-Unien.
Issue d'une famille juive Allemande, Henriette est née en 1948, soit plus de cinq ans après la fuite et l'expatriation de toute sa famille menacée par le nazisme, et alors qu'on pensait sa mère plus capable d'enfanter.
Ses parents sont aujourd'hui décédés, et s'ils ont légué les restes de leur grande maison en Forêt Noire, là-bas en Allemagne, à leurs deux fils, ils ont choisi de transmettre à leur unique fille la galerie modeste qu'ils avaient réussi à bâtir et qui les avaient nourris durant leur exil.

Mais Henriette échoue à la faire perdurer, parce qu'elle n'essaie même pas.
Et justement, elle n'essaie pas, car elle a peur d'échouer.

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Trouver sa place sans avoir à se la faire, sans voler celle des autres. Est-ce seulement possible ? Je peux pas concevoir qu'il y ai quelque part un renfoncement, un relief, une alcôve pour chacun d'entre nous. Trop bosche pour les States. Trop Etats-Unienne pour ma famille. Trop juive pour l'Allemagne. Trop athée pour les conservateurs. Trop belle pour travailler. Trop d'égo pour faire le tapin. Trop mâle pour un époux. Trop femelle pour le couvent. Trop blanche pour les quartiers ethniques. Y a les copains bien sûr ! Aussi paumés que moi, notre groupe n'est pas une maison, c'est une broussaille agglomérée par le vent qui se perd en chemin. Là où je suis le plus à ma place assurément, c'est la peau sous des doigts gourmands, des lèvres avides. C'est peut-être entre les cils d'Hanae quand ses yeux fragiles battent sur moi. Je sais plus trop. Mais quand elle me propose de quitter ce salon de thé où mon regard est trop rond et mes cheveux trop bouclés, je ne cherche pas à comprendre.

"Il vaut mieux oui, me contenté-je de dire en me levant plus souriante."

Nous faisons le chemin inverse, quittons le quartier Japonais, décidons de ne pas prendre les transports mais de tout faire à pied - c'est plus joisse et moins stressant pour elle. Quant à moi, qui ai l'habitude d'osciller entre débordements d'énergie et neurasthénie alcoolisée, je suis trop sobre pour passer l'après-midi assise. Le temps se veut clément, une légère brise printanière flatte nos mollets entre deux éclaircies d'un soleil encore timide et la rue nous regarde avec étrangeté - que peuvent bien faire une japonaise à sac de luxe avec une bimbo à bouclettes dans la rue ?

Lorsque nous passons au coin de ma rue, ou bien de notre rue puisque la boutique est désormais sienne, je saisis sa main dans la mienne ; les gens d'ici sont assez pauvres, égoïstes ou malheureux pour n'en n'avoir rien à faire. Pas de cosurveillance ici, nous sommes tous et toutes livrés à nous-mêmes, ce qui n'est pas plus mal. Je ne peux pas supporter les commérages des quartiers bourges ou des bourgades de péquenots. Et puis, sa main est trop bien faite à la mienne pour ne pas s'y trouver collée.

Nous entrons enfin dans l'antre abandonnée qui est nôtre et sommes assaillies par sa fraîcheur encore matinale, les vieux murs humides gardant le froid hivernal des semaines passées le printemps, puis jouant les serres étouffantes deux mois encore après la fin de l'été. Eh bien, si elle est propriétaire, elle se sentira peut-être l'envie de rénover l'isolation ! Ce n'est pas la couche de peinture sans préparation et sans traitement des moisissures au-dessous qui aura fait une grande différence. Je la débarrasse de sa veste d'un pas preste pour mieux l'abandonner sur le petit fauteuil victorien qui aura survécu lui aussi à la vente.

"Tu veux quelque chose ? lui dis-je alors que je retire mon perfecto en simili cuir s'étirant dans un bruit low cost. Je te promets de bien nettoyer ta tasse cette fois, observé-je ensuite en référence à cette fois où elle avait décliné poliment son café parce que la tasse avait une allure usitée."

Un clin d'oeil vient témoigner de ma bienveillance qui n'a rien de vexé.


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Anciennement Hanae Tosuke, cadette de la famille Tosuke, une famille traditionnelle japonaise. Étant seulement la cadette, elle se dirige vers la carrière de geisha, amoureuse de la tradition de son pays. Cependant, avant la fin de sa formation, Monsieur Leroy, un magnat du pétrole la réclama comme sa fiancée. Fétichiste des femmes japonaises, il tomba directement en admiration devant Hanae qu’il qualifie d’« incarnation de la beauté ». Au vu de la relation États-Unis – Japon à cette période, la famille Tosuke pressa le mariage pour éviter les moindres représailles -et pour négocier des avantages.
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J'acceptai avec plaisir la proposition d'Henriette et nous rentrâmes à pied. Marchant côte à côte, nos ombres étirées s'entremêlèrent, m'arrachant un sourire. Bien que consciente des regards sur nous, j'étais heureuse et profitais des timides rayons de soleils transperçant dans la masse de nuages gris. Un duo improbable, nous faisons, mais le mot "duo" était la seule chose que je retenais dans cette histoire. Dans notre propre bulle, c'était là que je me sentais le mieux. Là, où je respirais le mieux. Inconsciente que j'allais devoir rentrer à un moment, car, comme on dit, toutes les bonnes choses ont une fin.
Lorsque nous entrâmes dans la galerie, mes doigts étaient toujours entrelacés aux siens et je n'avais pas envie de lâcher. C'était là que ma main avait sa place, pas vrai ? Et même le froid de l'endroit, qui me faisait doucement frisonner, ne dispersait pas la chaleur de ce contact tant désiré.
Je voulus me débarrasser de mon sac à main et ma veste, mais elle le fit pour moi et lorsqu'elle me proposa à boire, soulignant l'attention qu'elle mettrait à la propreté du verre. Je rougis à cette mention. Elle avait remarqué, quelle impolitesse. Son clin d'œil indiquait qu'elle ne l'avait pas mal pris, heureusement. Je m'assis, dénouant à contrecœur mes doigts des siens, avant de répondre tendrement:
"Si tu as du thé, je veux bien sinon de l'eau, c'est très bien, s'il te plait"
Je la laissai préparer en silence les boissons, la couvant du regard. Un léger sourire apparu sur le coin de mes lèvres. Sa beauté, dynamique et pétillante, me ravissait.
Mais je laissai infuser le thé dans un coin aussitôt qu'elle me le tendit, préférant aller me lover dans ses bras, la tête dans son cou.
"T'es trop loiiiin" geignis-je.
C'était plutôt à vivre, je n'avais jamais ressenti ce besoin de proximité avant. Ce n'était certainement pas dans mon éducation, et, bien que mon mari avait essayé, je restais distante avec lui. Ce besoin constant d'être en contact avec elle était prompt, inédit et dévorant. Je fis un léger baiser sur sa joue, laissant une fine trace de rouge à lèvre, avant de m'excuser d'être collante, hésitant à me détacher. Sa boisson pourrait-elle attendre ? Peut-être n'aimait-elle pas de contact ? Étais-je immature ? Probablement ! Aaah, être auprès d'elle faisait émerger une nouvelle moi que je ne savais dompter.


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J'ai 27 ans et je vis à Manhattan, New York, US. Dans la vie, je suis héritière d'une toute petite galerie d'art et je m'en sors mal, puisque je m'occupe davantage de mon look que de mes affaires. Sinon, grâce à ma liberté, je suis célibataire et je le vis plutôt dans la liberté sexuelle des 70s.

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Ses parents sont aujourd'hui décédés, et s'ils ont légué les restes de leur grande maison en Forêt Noire, là-bas en Allemagne, à leurs deux fils, ils ont choisi de transmettre à leur unique fille la galerie modeste qu'ils avaient réussi à bâtir et qui les avaient nourris durant leur exil.

Mais Henriette échoue à la faire perdurer, parce qu'elle n'essaie même pas.
Et justement, elle n'essaie pas, car elle a peur d'échouer.

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Spoiler:

"T'es trop loiiiiiin !"

Elle se colle dans mes bras et je suis assaillie depuis la racine de ses cheveux d'un parfum de fleur et de sucre, comme un onguent de sureau, légèrement hâlé du pincement acidulé - néanmoins agréable - de sa transpiration après une journée de marche. Dans mon cou, je sais qu'elle ne peut que sentir le fumet âpre d'une eau de toilette aspergée en abondance pour couvrir la moindre senteur de ma peau - pudeur dont je ne démords pas. Je ris avec étonnement de la voir se ravir dans mon étreinte, elle dont le contact paraît si difficile et auquel je m'efforce de me distancier pour ne pas la heurter, la voilà qui, quelques semaines après m'avoir volé un baiser, est celle qui embrasse ma joue en y laissant le carmin de son sourire. Je l'embrasse sur le nez, première chose qui tombe sous mes lèvres, et elle se retrouve à son tour la trace de ma bouche sur la peau. Je lui essuie de l'index.

Alors qu'elle donne l'air de bientôt se décoller, s'excusant pour son emport, je la ressers contre moi. Perdant l'inconséquence de nos hilarités, nos regards se plantent l'un dans l'autre avec soudain beaucoup d'en jeu. Comme chez elle, dans sa cuisine, où nous nous sommes unies. Mes yeux vacillent vers le dessin vermeil de ses lèvres, je m'approche sans les toucher, l'arrête de nos nez se frôlent, je sens son souffle caresser mon arc de Cupidon - le nom de ce sillon nous sied si superbement.

"... tu peux faire marche arrière à tout moment, murmuré-je dans un sourire qui viendrait presque se faire toucher nos lèvres."

Mes mains restent sages et cherchent à la mettre en confiance, supportant un peu de son poids qui semble s'écrouler contre moi, à plat dans son dos.

"... mais moi, pour l'instant, je dirais en avant toutes."

Je ris doucement, la ligne entre le toucher s'amenuise encore. Il n'appartient qu'à elle d'y donner une suite.


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Hanae Leroy
J'ai 26 ans et je vis au Comté de Queens, New York, US. Dans la vie, je suis Ancienne apprentie geisha, désormais femme au foyer et je m'en sors pas bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée et je le vis plutôt pas bien.
Guerre froide coeur chaud | Hysy - Page 6 Iu-10411

Anciennement Hanae Tosuke, cadette de la famille Tosuke, une famille traditionnelle japonaise. Étant seulement la cadette, elle se dirige vers la carrière de geisha, amoureuse de la tradition de son pays. Cependant, avant la fin de sa formation, Monsieur Leroy, un magnat du pétrole la réclama comme sa fiancée. Fétichiste des femmes japonaises, il tomba directement en admiration devant Hanae qu’il qualifie d’« incarnation de la beauté ». Au vu de la relation États-Unis – Japon à cette période, la famille Tosuke pressa le mariage pour éviter les moindres représailles -et pour négocier des avantages.
C’est ainsi qu’à 21 ans, elle se retrouva isolée et mariée de force loin de son pays natal. Et toute la richesse du monde ne suffira jamais cette douleur.
(c) IU
musique d'ambiance:

Et soudain, tout s'emballe et tout s'emporte. Le tempo change tandis qu'elle me maintient contre elle. Un tempo à la fois familier et étranger. Un tempo à la fois plein de désir et de peur. Et, ce tempo ambivalent, je ne le maitrise pas. La sensation du léger baiser sur mon nez demeure alors que je m'accroche à la vue de ses yeux, si profond. Perdue dans son parfum, que j'inspirais à chaque respiration, comme si je la respirais elle, me donnait l'impression qu'elle aussi se cachait, à sa manière. Dans cet instant, figé dans l'espace-temps, je savourais tout ce qu'elle avait à m'offrir. Pas besoin d'ôter ses vêtements pour savourer sa personne.
Mais je l'ai dis, je ne maitrise pas ce tempo, et je panique un peu à cette proposion "d'aller de l'avant". Je me raidis quelque peu dans ses bras tandis que ma respiration s'accélère, se défaisant de ce tempo inconnu. Mes yeux scrutent son son visage, et, je réalise. Elle, elle est sereine. Désireuse aussi, mais pas comme mon mari, ce n'est pas un désir brusque. Elle n'est pas comme lui. Elle fait attention. C'est pour cela que ces mains attendent chastement dans mon dos et me soutiennent doucement. Elle attend. J'ai le choix. Je peux dire non. Et je peux dire oui puis non ! Avec elle, je comprends un nouveau concept: le consentement.
Réalisant cela, je me calme. Mes muscles se détendent et je me calme même d'avantage contre elle, l'enlaçant. Mais toujours sans l'embrasser. Pas encore, du moins. Je souris et nos lèvres se frôlent pour de vrai, cette fois.
"En avant toute..." Je murmure, quasiment contre ses lèvres.
J'étais revenue dans le tempo, et cette fois si, j'essayais de le suivre. Bien sûr, je n'y connaissais toujours rien. Mais je pouvais au moins... Oui, je pouvais au moins l'embrasser. Nos se scellèrent enfin, après avoir passer tant de temps à se chercher. J'étais peu assurée et peut-être un peu tremblante, certes, mais l'envie était bien présente. Et, le rouge aux joues, ma langue demanda gentiment à aller chercher la sienne.


I forge
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Lun 29 Mai - 22:25
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Henriette Spiegelmann
J'ai 27 ans et je vis à Manhattan, New York, US. Dans la vie, je suis héritière d'une toute petite galerie d'art et je m'en sors mal, puisque je m'occupe davantage de mon look que de mes affaires. Sinon, grâce à ma liberté, je suis célibataire et je le vis plutôt dans la liberté sexuelle des 70s.

Guerre froide coeur chaud | Hysy - Page 6 4pYe
Henriette, c'est le bébé Eldorado. Le bébé des Amériques. L'unique enfant, de leur fratrie de trois, à être née sur le sol Etats-Unien.
Issue d'une famille juive Allemande, Henriette est née en 1948, soit plus de cinq ans après la fuite et l'expatriation de toute sa famille menacée par le nazisme, et alors qu'on pensait sa mère plus capable d'enfanter.
Ses parents sont aujourd'hui décédés, et s'ils ont légué les restes de leur grande maison en Forêt Noire, là-bas en Allemagne, à leurs deux fils, ils ont choisi de transmettre à leur unique fille la galerie modeste qu'ils avaient réussi à bâtir et qui les avaient nourris durant leur exil.

Mais Henriette échoue à la faire perdurer, parce qu'elle n'essaie même pas.
Et justement, elle n'essaie pas, car elle a peur d'échouer.

~ Girls just want to have fun ~
Madonna :copyright:
Sa chair égrène des impiétés, exhalaisons lovées
Dans les fruits sirupeux d'une ardente journée d'été.
Le frétillement des cils lorsque ses yeux se renversent
Battent subtils la mesure de son ivresse,
Et moi voilà esclave de la fuite de ses reins
Si mon appétit veut trouver ses Saints.

Le chaos autour se fait alcôve de ses tendus soupirs,
Ce sont ses mains qui cherchent mes cheveux, je n'ai qu'à leur obéir ;
Je ne jalouse pas Orphée car j'ai volé sa lyre :
Elle épouse le bureau de ses hanches, me voilà Ménade martyr.

Non, le portrait d'aïeux austères ne peut plus rien pour nous
Si je suis toute livrée à l'étreinte de ses noues
Et que bientôt désaltérée aux violons de sa grâce
Je serai moi aussi graciée en sa paroisse.

Demain les murs à défaut des draps
Garderont le pli des poussées de sa voix
Et dans mon corps je chérirai toujours
La rémanence de chacun de ses contours.

*

Bon. C'est bien beau tout ça.
Il n'empêche que je l'ai dévorée devant le portrait de mes parents, sur le bureau qu'ils ont acheté avec ce qu'il leur restait d'économies après leur fuite parce que "On ne peut pas travailler correctement sur un matériel de mauvaise facture." Je suis pas sûre qu'ils soient très fiers de moi là, tout de suite - pas qu'ils le soient habituellement mais je crois que particulièrement à ce moment, leur moue réprobatrice m'est spécifiquement destinée. Je laisse échouer ses derniers soupirs enivrés en l'embrassant. Nous sommes toutes habillées à défaut de son dessous à elle, et je me félicite de son extase, ravie qu'une personne au moins dans cette pièce ai de quoi être fière de mon expertise. Lui souriant, je m'allonge à côté d'elle sur le bureau.


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"Le plus clair de mon temps, je le passe à l'obscurcir" - Boris Vian
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Hysy
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Préférence de jeu : Femme
Sabrina
Hysy
Lun 12 Juin - 16:04
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Hanae Leroy
J'ai 26 ans et je vis au Comté de Queens, New York, US. Dans la vie, je suis Ancienne apprentie geisha, désormais femme au foyer et je m'en sors pas bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée et je le vis plutôt pas bien.
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Anciennement Hanae Tosuke, cadette de la famille Tosuke, une famille traditionnelle japonaise. Étant seulement la cadette, elle se dirige vers la carrière de geisha, amoureuse de la tradition de son pays. Cependant, avant la fin de sa formation, Monsieur Leroy, un magnat du pétrole la réclama comme sa fiancée. Fétichiste des femmes japonaises, il tomba directement en admiration devant Hanae qu’il qualifie d’« incarnation de la beauté ». Au vu de la relation États-Unis – Japon à cette période, la famille Tosuke pressa le mariage pour éviter les moindres représailles -et pour négocier des avantages.
C’est ainsi qu’à 21 ans, elle se retrouva isolée et mariée de force loin de son pays natal. Et toute la richesse du monde ne suffira jamais cette douleur.
(c) IU
Un deux trois, je suis tout à toi,
Quatre cinq six, sans artifice,
Sept huit neuf, pas de bluff,
Dix, victime de ce plaisir dont tu es la créatrice.

Cette flamme de la passion me dévora toute entière. Le plaisir, je le découvris pour la première fois, là, sur ce bureau, ne remarquant qu'une fois que ce fût terminer l'austère portrait au-dessus de nous. Henriette s'allongea à côté de moi. Son sourire me fit fondre autant qu'il me faisait culpabiliser: Malgré ce que désirait mon cœur, je ne pouvais rester. Je venais de tromper mon mari. Mais je ne craignais pas un quelconque enfer: il existait déjà, c'était lui. Nul besoin de rédemption, je ne buvais à cette coupe-là, c'était sa religion, pas la mienne. Il paraitrait qu'il y avait cette histoire de pierres jetées, eh bien, pour un telle extase, un tel bonheur, une telle sensation, je veux bien être enfouie sous ces pierres de haine. Celle des autres. Je n'ai personnellement aucun regret: ma haine à moi se trouvait sous les draps conjugaux, pas sur ce bureau. Glisser en dehors de ces derniers, c'était tout retrouver, tout ce qu'avait détruit ce dernier.
Je ne savais pas quoi dire alors, je ne dis rien. Que pourrais-je bien dire de toute façon ? "Merci" ? Cela faisait étrange vu le contexte, bien que je le ressentais ainsi. "Désolé" ? Désolé de quoi ? Devoir partir ? Encore une fois, je le ressentais ainsi, profondément et désespérément. Mais elle connaissait le deal, pas vrai ? Et je n'étais pas sa première amante. Sûrement pas sa dernière, bien que cette pensée éveilla une pincée de jalousie en moi. Moi aussi, je connaissais le deal.
Écoutez-moi bien, je ne voulais pas partir. Mon bonheur s'écrivait de deux "H" majuscules entrelacés, mais, je n'avais aucun alibi, aucune excuse qui me venait à l'esprit, je ne pouvais passer la nuit dans ses bras. Mais je ne voulais pas partir ainsi. Cela reviendrait à fuir. Et pourquoi donc voudrais-je fuir mon eldorado ? Je restai donc ainsi, sur ce bureau, jouant avec ses cheveux et discuter, jusqu'à que je ne puisse plus reculer.


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Mer 21 Juin - 17:27
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Henriette Spiegelmann
J'ai 27 ans et je vis à Manhattan, New York, US. Dans la vie, je suis héritière d'une toute petite galerie d'art et je m'en sors mal, puisque je m'occupe davantage de mon look que de mes affaires. Sinon, grâce à ma liberté, je suis célibataire et je le vis plutôt dans la liberté sexuelle des 70s.

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Henriette, c'est le bébé Eldorado. Le bébé des Amériques. L'unique enfant, de leur fratrie de trois, à être née sur le sol Etats-Unien.
Issue d'une famille juive Allemande, Henriette est née en 1948, soit plus de cinq ans après la fuite et l'expatriation de toute sa famille menacée par le nazisme, et alors qu'on pensait sa mère plus capable d'enfanter.
Ses parents sont aujourd'hui décédés, et s'ils ont légué les restes de leur grande maison en Forêt Noire, là-bas en Allemagne, à leurs deux fils, ils ont choisi de transmettre à leur unique fille la galerie modeste qu'ils avaient réussi à bâtir et qui les avaient nourris durant leur exil.

Mais Henriette échoue à la faire perdurer, parce qu'elle n'essaie même pas.
Et justement, elle n'essaie pas, car elle a peur d'échouer.

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L'instant d'après est joyeux, son sourire d'extase et la course de ses doigts dans mes boucles me confirment le goût d'un travail rondement mené. Elle paraît hésitante et le contraire, pour tout dire, m'aurait étonnée : elle n'a connu qu'un homme auquel elle vient d'être infidèle pour la première fois, avec une autre femme qui plus est. Je laisse flâner mes doigts sur sa cuisse, tournée vers elle, un regard ensoleillé irradiant dans le sien. Le silence nous engloutit un instant, troublé par la circulation au dehors, alourdi par la musique de son extase plus tôt. Ce n'est pas un silence difficile, mais il témoigne d'un malaise, car l'une comme l'autre donnons l'air d'avoir envie d'en parler.

Je me lance la première puisque je ne suis pas troublée ... et même plutôt habituée, disons-le.

"Comment tu te sens, après tout ça ?"

J'embrasse son front, sa joue, sa bouche comme un encouragement.

"Tu sais, ça n'a pas besoin d'être compliqué. Je connais ta situation, tu connais la mienne. Je sais que tu n'as aucune envie de rentrer mais aussi que tu n'as pas le choix."

J'arrange un tantinet sa frange, fugace rideau de geais qui balaie son front. Nous nous sourions, plus sorores qu'amantes en cet instant, dans une connexion douce et solidaire. "T'es belle." Je ris pour instaurer un peu de légèreté. Et c'est vrai : elle est onirique, ses yeux dans le vague d'une hésitation plue, le corps troublé de bonheur. Mais toujours si peu à l'aise dans la navigation de sentiments doux, je change de registre, convaincue que ça rendra les choses plus simples pour toutes les deux.

Je dépose un baiser énergique sur ses lèvres interrogatives et descend du bureau pour ramasser la culotte que je lui avais retirée il y a quelques instants. "Je suis pas contre les souvenirs hein, mais s'il se rend compte que t'es partie avec et revenue sans, il risque de se poser des questions ..." Puis je ris. "... enfin, couillon comme il est, c'est pas sûr !" Je pouffe carrément. Nos cafés et thés se sont refroidis à mesure que nous avons brûlé, et je bois ma tasse d'une traite, jamais très difficile. Hanae se vêtit et époussette les plis de sa robe pour retrouver toute sa pudeur élégante, alors que je la prends dans mes bras pour humer son odeur fruitée à pleins poumons. Un baiser sur la joue achève de banaliser cette cérémonieuse première fois.

"Bon, je devrais probablement finir de redéballer mes cartons. Tu sais où me trouver si mon bazar te manque. T'es chez toi ici après tout !"

A demi-mot, c'est une plaisanterie et une invitation perpétuelle tacite tout à la fois.


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