Ian avait la sensation qu’ils étaient les seuls à être perturbés par les nouveaux projets de Toby, mais la jeune femme le contredit quelque peu. Pour elle, ils n’étaient pas les seuls. En effet, Jiminy et Max ne s’étaient pas particulièrement enthousiasmés à l’annonce de la nouvelle. « Ils désapprouvent peut-être, mais ça ne les as pas empêché de rester passif au Night-club » lui rappela l’agent dont les derniers évènements lui étaient restés au travers de la gorge. Il se souvenait parfaitement du regard de ces derniers. Ils avaient désapprouvés aussi, ce jour-là, mais aucun d’eux n’avait eu le cran d’oser se dresser contre Toby ou Robby. Il n’était donc pas certain d’être capable de leur faire confiance. Avec Eli, c’était différent. Sa seule alliée, au même titre qu’il était le sien également. Elle n’était pas seule, et il avait la sensation que ce soit, il devait le lui rappeler. Sa main sur sa cuisse, Ian comprit aussitôt qu’il devait éviter ce genre de gestes à l’avenir. Ils étaient peut-être devenus amis, mais c’était un lien fragile. Il venait de le ressentir en entendant les mots d’Eli à son encontre « Oui… Désolé » répliqua-t-il en retirant sa main de sa jambe. Elle avait raison. Ils devaient garder leurs distances. Il fallait croire que sa conversation avec son agent de liaison cette nuit était déjà bien loin dans l’esprit de l’infiltré. Un regard pour Eli qui lui avoua sans retenue qu’elle aurait préférée tuer cet homme le premier jour de son arrivée « Tu aurais eu du sang sur les mains Eli… » répliqua-t-il, faisant écho aux révélations que lui avait fait Dwayne quelques heures auparavant. Un soupir tout en posant sa tête contre le siège conducteur « Mais je le regrette aussi… ». Tout aurait pu être si simple s’il l’avait laissé l’abattre de sang-froid ce jour-là. Un nouveau regard pour la jolie brune « On va s’en sortir ». En tout cas, il voulait le croire. Naïvement, sûrement, mais il avait besoin de croire que tout se finirait bien pour tous ces gens, et pour eux deux également. Il faisait tout pour, tout du moins.

La conversation dévia sur sa main violacée et endoloris. Il portait les marques du coup de poing qu’il avait donné à Dwayne au cours de la nuit. Ça ne serait pas arrivé si ce dernier avait su la fermer. Maintenant, il se retrouvait à ajouter un énième mensonge à sa longue liste, et ça commençait à lui peser. Toutefois, la jeune femme se montra un peu moins réceptive cette fois-ci, et se permis de le lui faire remarquer. Il ne dit rien à ce qu’elle lui répondit et justifia le fait qu’il avait payé le taxi au dénommé Phil « La plupart des mecs ne le comprenne pas. Ce n’est pas nouveau » répliqua-t-il tout en condamnant fermement cette partie-là de la gente masculine, et ajouta « Je pense que c’est un peu des deux ». Finalement, Eli désamorça la dispute bien plus vite qu’à l’ordinaire et ce n’était pas plus mal. Ils savaient tous les deux les conséquences que cela engendreraient si jamais ils se criaient dessus. La banquette était trop proche… « Je ne sais pas… Une sensation. Je suis fatigué. Laisse tomber » répliqua-t-il ensuite, avant de refuser les chips proposées par la jeune femme. Il n’avait pas particulièrement faim. Il voulait surtout retrouver son lit au plus vite. Pour le moment, ils devaient continuer à surveiller cette rue, dans l’attente de rencontrer un étranger qui risquait peut-être de les tuer. Eli le fit rire avec son idée de lui faire peur, et décida de rentrer dans son jeu « Je dois avoir un ballon rouge » en faisant référence au célèbre film d’horreur, tout en riant « Qu’est-ce que tu veux faire d’un garage aussi grand ? Une boite d’échangiste ? » et acquiesça « On va devoir tout raser mon ange, je suis désolé » en continuant de la taquiner pour la faire sourire.

Après un bref silence, Ian lui fit la remarque, sûrement irréfléchie, que deux semaines auparavant, ils auraient sûrement finis par s’envoyer en l’air sur la banquette arrière de son SUV. La tête toujours posée contre le siège, il l’observa en souriant légèrement « Tu n’as pas idée ! J’en souffre au quotidien de me retenir » répliqua-t-il, jouant les faussement torturés « En cet instant, j’ai un doute » avoua-t-il alors que l’idée continuait de germer dans son esprit. La savoir à côté, sentir son parfum dans l’habitacle, et prendre conscience qu’ils pouvaient le faire ici et maintenant, que ça pourrait être leur petit secret… Ils n’avaient finalement fait aucun chemin. Ils tentaient seulement de réfréner leurs pulsions primaires au quotidien, en espérant qu’elles disparaitront d’elles-mêmes « Oui » avoua-t-il sans retenue « Je te l’ai dit. Tu me plais vraiment beaucoup… Et la dernière fois… Ta main… Tes lèvres… - Il se racla la gorge – Oui, et toi ? ». Il repensait encore à ses lèvres contre les siennes, ses doigts autour de sa virilité tendue seulement pour elle… Il déglutit avec difficulté sans la quitter des yeux. Il remarqua son regard vaciller entre son jean et lui. Il se souvenait de ce qu'elle lui avait confié la fois dernière, à l'autre bout du fil, qu'elle voulait goûter sa virilité. Ce qui n'aidait pas l'infiltré à prendre de la distance. Ian se pencha pour l’embrasser, mais il sursauta en entendant un bruit au loin. Eli quitta la voiture avec hâte, et quant à lui, il répliqua un « Fait chier ! » pour la frustration qui l’accablait. Ian finit par sortir de la voiture à son tour, non sans un coup d’œil pour la jeune femme, et s’avança jusqu’à elle « Attends-moi » et s’avança d’un pas lent, pour se retrouver finalement nez à nez avec… un chien. Une espère de bâtard beige, aux poils emmêlés et dont émanés de lui, la même odeur que celle des détritus qu’il venait de renverser « C’est ça son danger à Toby ?! Tu parles d’une menace » répliqua-t-il.

« -ouais… t’as raison. » c’était compliqué de leur faire confiance. Le seul a qui elle voulait faire confiance, c’était lui. Et Brennan l’avait fait douter. Bien comme il fallait. Alors quoi que pouvait dire ou imaginer Ian, Eli savait que finalement si, elle était seule. C’était sur l’agence qu’elle devait compter. Pas sur lui. Il osa poser sa main sur sa cuisse, et elle lui fit comprendre que c’était bien plus sage qu’ils gardent leur distance. Vraiment plus sage. Parce que malgré ce qu’elle avait apprit durant la nuit, l’envie de lui était toujours présente. Si elle avait tiré ce jour-là, si Ian n’était pas venu s’interposer entre son arme et Tobby, alors tout serait déjà terminé. Mais il était impossible de revenir en arrière. Du sang sur les mains… ça n’aurait pas été la première fois qu’elle prenait une vie. Seulement ça, Ian l’ignorait toujours. Et elle n’était pas prête à lui avouer cette partie sombre de son passé. Elle s’était déjà confiée au sujet de Jeb, sans trop en dire, mais tout de même. Il était au courant maintenant du passé de la véritable Eli. Elle ne souhaitait pas en dire plus. « -on va trouver une solution. » avait elle soufflé, sans grande conviction.

Ian lui avoua avoir frappé le type avec qui elle discutait la veille au bar. Il avait riposté, et l’avait renvoyé chez lui. Bien. Puis il avoua également la trouver différente. Elle demanda pourquoi, mais la réponse ne fut pas vraiment celle qu’elle aurait voulu entendre. Enfin, cela l’éclaira sur le fait qu’elle mettait peut-être trop rapidement de la distance. Que cela semblait louche. Et ce n’était pas l’effet désiré. « -ok… » pas la peine d’en demander plus. Quant à la personne qu’ils guettaient ce soir, la jeune femme préféra mettre un peu d’humour dans le plan d’action. Un nouveau rire. « -et pourquoi pas ! ça dois bien gagner ce genre de truc ! » même si le décor actuel était un peu sombre et lugubre. Mais c’était un trou pommé alors ça pouvait coller. Un sourire en entendant le surnom. Ça faisait du bien de rire un peu. Elle qui riait si peu depuis si longtemps.

Pourquoi est ce qu’il avait évoqué leur relation ? Bien sur que c’était tentant de savoir qu’ils n’étaient que tous les deux ici. Que la banquette arrière n’attendait qu’une chose, qu’ils s’arrachent leurs vêtements pour s’envoyer en l’air jusqu’à crier de plaisir. A son tour de ne pas aider du tout. Elle en avait envi. Fortement envi. Il n’y avait pas grand-chose entre eux. Seulement cette volonté fragile de ne pas franchir cette limite qu’ils s’imposaient. S’il n’y avait pas eut ce bruit, elle l’aurait laissé l’embrasser et ils auraient fait une belle connerie. Ce fut ce qu’elle se dit en descendant de la voiture. Rapidement. Trop peut-être. Mais c’était mieux. « -chut… » souffla Eli alors qu’Ian se rapprochait.

Un mouvement de recule en voyant surgir un chien de derrière les poubelles. « -putain de merde ! » cracha Eli en venant de planquer derrière Ian. « -qu’est ce qu’il fait là ce sac à puces ! » elle avait horreur des chiens. Le chien se rapprocha et Eli posa ses deux mains sur les épaules d’Ian, prête à lui grimper sur les épaules si nécessaire. « -non ! tu restes où tu es ! » hors de question qu’il s’approche plus d’elle. « -fais le partir ! » ordonna la belle brune en faisant tourner Ian afin qu’il fasse barrière. Elle restait là, coller dans son dos, se servant de lui comme barrière ou bouclier « -le touches pas ! » elle agita une main : « -dégages ! Rentres chez toi ! » Le chien se mit à aboyer et elle ajouta: "-mais fermes la!"

Tout en adressant un coup d’œil à la jeune femme assise sur le siège passager, il rétorqua un « Je sais » tout en arborant un maigre sourire. Aucun membre de cette cellule, à l’exception d’Eli, n’était digne de confiance. Peu importe ce que pouvait attester son agent de liaison, la jeune femme était son unique alliée dans cette mission. Il le savait. Ce n’était pas une question d’attirance physique ou de sentiments. Eli avait su lui prouver, à maintes reprises, qu’elle désavouait les actes de Toby. Maintenant, ils devaient trouver une solution pour l’empêcher d’anéantir une partie de la population de Washington, et ce n’était pas une mince affaire. Parce que ce n’était pas leur seul problème. L’ingérence de l’Agence dans leur relation, leur relation, les changements de plan de leur machiavélique gourou, les doutes de Jiminy et de Max. C’était un beau bordel ! « Tu n’as pas l’air d’y croire… » lui fit-il remarquer en constatant le manque de conviction dans la voix de cette dernière. Une absence de conviction qu’il décela également lorsqu’il lui conta la manière dont il avait abimé sa main cette nuit. Un nouveau mensonge. C’était nouveau chez Eli de douter de ses paroles, et décida de considérer que c’était sa fatigue qui le laisser penser qu’elle était différente aujourd’hui. Un mauvais tour de son esprit résultant de sa conversation avec son agent de liaison. Peut-être qu’elle était seulement fatiguée, elle aussi. Lassée de cette cellule, des plans de Toby… Ils décidèrent donc de changer de conversation pour se concentrer davantage sur leur mission de ce soir, les faisant rires quelque peu dans l’habitacle du SUV dans lequel ils patientaient depuis un moment déjà « On pourrait bénéficier des prestations gratuitement » répliqua ce dernier en échangeant un long regard avec Eli. Même s’il n’y en avait qu’une seule qui lui faisait de l’effet, et c’était elle. Ce soir ne faisait pas exception. Amis… Mon œil ! Ils ne l’étaient aucunement. L’attirance était toujours omniprésente. Cette tension sexuelle palpable. Ian avait vu son regard et son esprit avait fait le reste. Il savait ce qu’elle avait souhaité lui faire, et entendre le bruit des poubelles le fit jurer. Ce type n’aurait pas pu choisir un autre soir pour faire son apparition ?!

Ian avait rejoint la jolie brune dans la rue et leva les yeux au ciel lorsqu’elle lui demanda de se taire. Finalement, l’individu suspecté par Toby de les espionner n’était nul autre qu’un chien. Un pauvre chien abandonné ou perdu. La réaction d’Eli ne se fit pas attendre. Elle avait peur des chiens. Elle le lui avait dit par le passé. Quant à Ian, il riait de la savoir derrière lui « Il cherche à manger » répliqua l’agent qui se rapprocha d’un pas « Il ne va pas te croquer » rétorqua l’agent qui sentait les mains de sa partenaire dans son dos. Il posa la sienne à hauteur de sa hanche, peut-être trop proche de ses fesses « Je suis là » et approcha son autre main du chien « Non. On va l’emmener chez le vétérinaire. Il doit bien avoir un maître ». La peur de la jeune femme agaça le chien qui aboya, faisant rire l’infiltré « Plus tu auras peur et plus il va aboyer » répliqua ce dernier en tournant la tête vers elle. Il se baissa à hauteur du canidé et tendit sa main « Salut toi. Tu as un collier ? » et passa sa main dans les poils crasseux de ce dernier « Apparemment non. Qu'est-ce que tu pues ! Mon dieu ! Allez viens là » et se retourna vers Eli « Je ne vais pas laisser ce chien ici. Retourne dans la voiture, il doit y avoir une laisse dans un coin du coffre, tu peux me la ramener » et ajouta « Je fais barrage, ne t’inquiète pas. Tu ne risques rien, je protège ton cul » et laissa la jeune femme s’éloigner pendant qu’il continuait à amadouer le chien. Il récupéra la laisse et la noua autour du cou « Allez viens mon toutou. Viens avec moi. T’inquiète pas » et l’attira jusqu’au coffre, le porta pour le glisser dedans et referma le coffre. Il s’approcha de la jeune femme « Je peux te ramener avant si tu as vraiment peur » et approcha ses lèvres de son oreille « J’ai toujours très envie de toi » et déposa un baiser dans son cou, avant d’échanger un regard avec elle « Pense à ce chien-là - en se désignant de la main - plutôt que de celui dans le coffre de la bagnole » et lui adressa un sourire espiègle avant de prendre place côté conducteur, se dirigeant vers la clinique la plus proche. Mais le chien avait décidé de passer sur la banquette arrière « Eh ! Ne me nique pas mes sièges. Non, pas bouger. Eli, tu peux t’en occuper s’il te plaît, je conduis là » répliqua-t-il en surveillant le clébard par le biais du rétroviseur.

Un chien ! Un putain de chien dégueulasse ! Voilà ce qui mettait Toby en mode parano ! Et Eli dans tous ses états. Elle avait horreur des chiens. C’était plus fort quelle ! Elle ne supportait pas ça. En plus il était moche et il empestait. Rien à foutre de son égo, elle se réfugia derrière Ian rapidement. « -ouais ba qu’il aille chercher ailleurs ! » avait elle répliqué. « -t’en sais rien ! y’a peut être pas que toi qui me trouve appétissante ! » elle resserra ses mains sur les épaules d’Ian. Ce n’était pas ainsi qu’elle avait imaginé s’y accrocher… « -non le touches pas ! » répéta la jeune femme alors qu’Ian approchait sa main du truc à quatre pattes. « -quoi ?! T’as vu son état ?! » il croyait au conte de fée ou quoi ? Si ce machin avait un maitre, il pouvait partir en prison pour maltraitance animal ! « -arrêtes de te foutre de ma gueule bordel ! » râla Eli sans pour autant se décoller de lui. « -ahah c’est ma faute en plus ! » il voulait qu’elle lui dise quoi alors ? gentil le chien, pas faire de bruit le chien, roh tu vas me faire vomir le chien ! « -le quittes pas des yeux ! » elle tourna la tête d’Ian en direction du chien priant pour qu’il change d’avis. Le vétérinaire non mais sérieux !

« -oui j’ai collier, viens je vais te filer la rage… » marmonna Eli avec une petite voix de gamine. « -le touche pas… » ajouta encore une fois la jeune femme. « -ah non putain tu l’as touché… » elle grimaça à la limite du haut le cœur. Bon parfait, il venait de ruiner toute ses chances de s’envoyer en l’air. « -de… non… n’importe… rah ! » elle leva les yeux au ciel : « -si il bouge je te jure que… » menaça la belle brune avant de reculer des quelques pas qui la séparait de la voiture. Elle chercha rapidement dans le coffre, avant de balancer la laisse à Ian : « -attrapes. » hors de question qu’elle approche de nouveau. Elle observa Ian et le chien de loin et elle répliqua quand il s’approcha d’elle : « -ah non ! T’approches pas ! Tu pue autant que lui maintenant ! » et c’était la vérité ! « -et j’ai pas peur, j’aime pas ça c’est tout ! » ajouta la jeune femme en reculant vers la portière passager. Toujours envie d’elle ! Ba de son côté ça lui était clairement passé !

Elle monta et grimaça. « -oh mon dieu ! » elle ouvrit la fenêtre rapidement. « -putain Ian ! » le chien venait de passer sa tête entre eux, sa langue pendant et son souffle répugnant… Elle eut un haut le cœur : « -arrête toi ! Arrête toi je prends le volant ! » hors de question qu’elle touche ce truc. Ian se gara et descendit de la voiture. Elle lança un regard noir à Ian : « -montes à l’arrière avec ton… ton truc tout baveux. » elle claqua la portière et mit le contact. « -c’est où la clinique véto la plus proche ? » demanda la jeune femme qui n’avait pas la moindre idée d’où aller. « -oh c’est immonde… » elle passa le reste du trajet à râler : « -fait le reculer, je vais vomir… » elle détestait ça, vraiment. Elle finit par se garer rapidement devant la clinique. « -géniale ! C’est pas ouvert ! Et on fait quoi maintenant ?! » puis elle poussa un cri : « -putain il vient de me lécher ! Il m’a lécher la main ! » pourquoi est ce qu'elle avait levé les mains?!

Finalement, ce n’était pas un humain qui causait des crises de paranoïa à Toby, mais nul autre qu’un chien affamé. La réaction de la jeune femme ne se fit pas attendre alors qu’elle vint se blottir dans son dos, utilisant l’agent comme bouclier humain. Il ne s’en offusqua pas. Ça le faisait rire. Il n’avait jamais eu peur des chiens, peu importe leur gabarit « Si le Doc arrêtait de manger, ça ne l’aurait pas attiré » répliqua Ian qui se mit à sourire en tournant la tête en direction de la belle brune « Regarde, sa queue est presque aussi grande que la mienne ». Il voulait la faire sourire un tant soit peu, sachant qu’elle n’était pas du tout dans son élément en cet instant. Il pouvait sentir l’emprise de ses mains se resserrer sur sa veste « S’il avait voulu me bouffer, ça serait déjà fait » répliqua l’agent qui tentait d’amadouer l’animal afin de l’emmener jusqu’au vétérinaire pour que ce dernier le soigne et le rende à son propriétaire « Il peut très bien s’être perdu » ou les propriétaires avaient déménagés et cela avait chamboulé le canidé qui peinait à retrouver son chemin. « Je ne peux pas m’en empêcher, désolé » répliqua l’infiltré en continuant d’arborer un sourire moqueur à l’attention d’Eli « Les chiens sentent la peur » et s’approcha pour vérifier si ce dernier avait un collier. Non. Cela n’allait pas aider à retrouver la trace de ses maîtres « Il n’a pas l’air malade » répliqua l’agent tout en caressant le chien « Eli, c’est juste un chien » et leva les yeux au ciel, et décida de l’éloigner pour qu’elle aille récupérer une laisse dans le coffre de son véhicule « Que quoi ?! Tu as juste envie de me sauter » renchérit Ian en arborant un sourire satisfait, puis se reconcentra sur le canidé « Elle n’aime pas les chiens. Ce n’est pas contre toi mon gros » et récupéra la laisse qu’elle lui jeta. Il la noua autour du cou de l’animal qu’il emmena jusqu’au coffre, puis s’approcha de la jolie brune « Tu vas puer aussi tout à l’heure » répliqua-t-il alors qu’elle allait monter dans la voiture elle aussi. Il déposa un baiser dans son cou et prit place côté conducteur « J’aurais préféré entendre ces mots dans un autre contexte » répliqua l’infiltré en esquissant un sourire, puis baissa son regard sur le chien « Qu’est-ce que tu pues ! ». Comme si le chien allait le comprendre…

À la demande de la jolie brune, Ian gara la voiture sur le bas-côté et pris place à l’arrière avec le chien qu’il garda en place « Un chien Eli. C’est un chien ». Il leva les yeux au ciel plus d’une fois durant le trajet, l’entendant se plaindre tout du long, et finirent par arriver à destination « Toi, tu n’as jamais eu de chien » et ouvrit la portière avant de rire « Tu arrêtes un peu de te plaindre ?! » et fit descendre l’animal, appela le numéro du vétérinaire de garde et revint vers Eli « Il arrive ». Un froncement de sourcils en entendant la porte s’ouvrir « Il doit dormir sur place » et emmena le chien à l’intérieur « On a trouvé ce chien près de chez nous. Je pense qu’il s’est perdu ou qu’il a été abandonné » « Faites-moi voir ça » « Je peux vous emprunter les toilettes pour… » et leva les mains en l’air. Le vétérinaire lui désigna la porte voisine et Ian disparu le temps de se laver les mains à plusieurs reprises, puis revint vers le canidé, le vétérinaire et la belle brune, glissant sa main dans le bas de son dos « Je sens meilleur maintenant ? » « Vous ne l’avez jamais vu auparavant ? » « Non. C’est la première fois. C’est le voisin qui nous a signalé qu’il y avait quelque chose qui tournait autour de la maison. Il est peu cinglé, donc on ne l’a pas cru sur l’instant. C’est ma femme qui l’a vu en premier, mais elle a horreur des chiens » répliqua ce dernier en lui adressant un large sourire « Il doit avoir une puce. Je vais le garder pour la nuit et appeler ses propriétaires demain matin » « Merci Docteur » et serra la main de ce dernier avant de quitter la clinique avec Eli. Il fixa son SUV et poussa un soupir « Je suis bon pour le laver… » et se tourna en direction de la belle brune « On fait quoi maintenant ? » tout en se rapprochant de cette dernière, arborant un petit sourire en coin.

Elle lui donna un tape sur la tête : « -je préfère la tienne, t’es content ?! » railla Eli qui n’avait pas du tout envie de rire. Elle aurait peut-être préféré un raton laveur ! Ce chien ne ressemblait à rien. Il devait être bouffé par les bestioles, sans compter l’odeur qu’il trainait. Même à cette distance elle pouvait le sentir. « -non mais vu son état, il est pas dehors depuis seulement quelques heures ! » ça sentait le chien errant, pas le chien perdu. Le bien vieux clochard des poubelles. « -il a pas l’air mignon pour autant ! » non mais c’était quoi cette compassion-là ?! « -ah ba oui t’as raison, fais moi passer pour l’hystérique de base ! » c’était plus fort quelle ! Impossible de lutter. Elle ne voulait pas approché ce truc. Alors elle ne se fit pas prier pour s’éloigner, même si elle aurait préféré s’enfermer dans la voiture et mettre les voiles. « -oh non crois moi, l’envie s’est envolée ! » oh que oui ! Elle le regarda mettre le chien dans le coffre. N’importe quoi ! Et en plus il pensait vraiment qu’elle allait lui faire un câlin ?! « -la faute à qui ?! » elle leva les yeux au ciel à la réplique d’Ian, alors qu’elle mettait sa main devant son nez.

Eli força Ian à se garer. Hors de question qu’elle touche au chien. Son idée, il se démerdait avec le sac à puce. « -ah bon ?! J’ai cru que c’était un éléphant ! » ironisa la jeune femme en essayant de se concentrer sur la route. Elle plissa les yeux en se voulant menaçante lorsqu’Ian fit son constat. Non, elle n’avait jamais eu de chien. Et elle n’en aurait jamais ! « -il vient de me lécher putain Ian ! Avec sa langue! » râla-t-elle à nouveau en descendant de voiture. Elle s’installa plus loin, grimpant sur le capot de la voiture, pour attendre que le doc veuille bien sortir de son lit. « -moi aussi ! » elle patienta le temps qu’Ian se lave les mains. « -toujours pas non. » Elle en fit de même en frottant avec force. « -beurk… » gémit Eli avant de remettre du savon. « -ah ba super ! Nickel ! Voilà parfait ! » ils allaient pouvoir se tirer sans le sac à puce. Merveilleux !

« -y’a pas que ta caisse qui a besoin d’être lavé. » répliqua la jeune femme en allumant une clope. Même la clope froide ça sentait meilleure que ça. « -tu me déposes chez moi, et tu rentres chez toi. Prendre une douche. » elle tira sur sa clope : « -et dormir. » il pensait vraiment qu’elle allait lui sauter dessus là ? « -mais ravie de voir que ma psychose n’a pas tué tes envies… » C’était ironique. Son égo en avait pris un coup. Elle monta en voiture après avoir finit sa cigarette et finit par demander : « -tu vas appeler demain n’est-ce pas ? Pour savoir si il a retrouvé son maitre. » elle ouvrit grand la fenêtre. « -tu penses vraiment que c’est lui que Toby avait vu ? » et s’il y avait quelqu’un d’autre ? Et le chien n’avait fait que la diversion ? Eli se massa les paupières. « -j’ai besoin de dormir… » ça devenait urgent.

La scène pouvait presque paraître invraisemblable. La femme qui veillait à la sécurité de tous au sein de la cellule, celle qui avait osé braquer son arme sur l’homme le plus dangereux de Washington, qui était capable de jouer une partie de poker avec des criminels russes… Cette femme-là se tenait derrière lui, ses doigts serrant fermement sa veste, comme s’il craignait qu’il décide brusquement de se dérober à son rôle de protecteur, parce qu’elle avait peur du chien qui s’était dressé devant eux. Pour Eli, c’était peut-être une soirée qui tournait au cauchemar, mais pour Ian, c’était une nouvelle embrasure sur sa personnalité, continuant ainsi de découvrir la Eli qu’elle ne voulait pas afficher aux yeux des autres. Alors, pour la détendre un peu face à cette situation inconfortable pour cette dernière, l’agent décida d’opter pour l’humour en comparant la queue du chien à la sienne, et se mit à sourire en entendant sa réponse. Sa main sur la hanche de celle-ci, il tourna légèrement la tête en sa direction « Oui, assez » confirma-t-il juste avant de se concentrer à nouveau sur le chien « Il a peut-être perdu son chemin. Ça arrive ». Il voulait croire que cet animal n’était pas seul dans cette ville, sans attache, sans personne pour veiller sur lui. « Il le sera lorsqu’il sera propre » répliqua-t-il en continuant de garder le chien à l’œil. Il avait toujours aimé les chiens. Celui-ci ne faisait pas exception. « Si tu ne l’étais pas, je n’aurais pas à le faire. S’il attaque, c’est moi qui ferais bouffer. Qu’est-ce que tu crains ? ». Ils finirent par faire monter le chien dans la voiture, et échangea un regard avec Eli « Tu m’en veux, avoue ! » et sourit tout en prenant place côté conducteur. Son sourire toujours en coin, il fronça les sourcils en posant son regard sur la femme à ses côtés « Tu es en train de me dire que si le chien n’avait pas fait de bruit… Nous deux ? ». Oh… Il ne s’était pas attendu à cela. Un coup d’œil pour le chien dans le rétroviseur, et quelques minutes plus tard, il se retrouva assis à ses côtés « Il ne serait pas rentré dans la voiture Eli, voyons » renchérit Ian en se foutant ouvertement de sa gueule.

Et voilà que le chien avait osé lécher la jeune femme qui s’en offusqua, alors que l’agent s’en amusait « Je sais, tu aurais préféré la mienne » et se mordit la lèvre inférieure pour ne pas rire davantage, et quitta la voiture avec le chien. Eli garda ses distances, installée sur le capot de la voiture « Si je vois une marque sur la bagnole, tu vas m’entendre par contre ! » avait répliqué Ian en la désignant du doigt. Il confia ensuite le canidé au vétérinaire, et s’éclipsa le temps de se laver les mains. Il revint quelques minutes plus tard, et sourit à la réponse d’Eli « Tu ne sens pas la rose non plus » et la laissa l’imiter à son tour. Quelques échanges avec le vétérinaire et se retrouvèrent à nouveau sur le parking de la clinique, rien que tous les deux. « J’ai compris, j’irais prendre une douche en rentrant » répliqua-t-il, mais en attendant, il avait d’autres idées en tête « Tu m’en veux vraiment toi » et acquiesça. Lui non plus n’était pas contre l’idée d’une bonne nuit de sommeil. Les sourcils au milieu du front, Ian se rapprocha à nouveau de la jeune femme, son regard dans le sien « Tu appelles ça une psychose, j’appelle ça une faille. Mais pas de celles qui t’affaiblissent, mais de celles qui te rend… » et lui sourit avec douceur « Plus humaine, plus accessible pour un type comme moi. Alors non, ça ne risque pas de tuer quoi que ce soit chez moi. Bien au contraire » et passa ses doigts dans les cheveux bruns de cette dernière, avant de se diriger jusqu’au SUV dans lequel il prit place par la suite, conduisant en direction de l’appartement d’Eli « Oui… » et posa brièvement son regard sur la jeune femme « Je suis comme ça. J’aime bien les chiens, même lorsqu’ils puent ou qu’ils ont des puces… J’avais un chien. Rusty. On avait fait une garde partagée avec mon ex-femme » et sourit « Tu dois trouver ça absurde, n’est-ce pas ? » et se reconcentra davantage sur la route « Je n’en sais rien », puis posa à nouveau son regard sur la belle brune « Je te ramène chez toi ». Quelques minutes plus tard, il se gara au pied de son immeuble et répliqua « Je ne vais pas descendre. La dernière fois… Enfin tu comprends. Bonne nuit Eli ».

« -je ne suis pas hystérique. Et j’ai peut-être pas envie que tu te fasses bouffer ! » avoua Eli sans perdre de vu l’animal. Non, elle n’était pas capable de redescendre d’un cran ou de le trouver attendrissant. C’était impossible. C’était comme ça, plus fort quelle. « -oui. » il n’était pas obligé de faire monter ce truc puant dans la voiture. Et en même temps, c’était un être vivant… ça lui prouvait aussi qu’Ian avait du cœur et encore une fois, cela venait à l’encontre de ce qu’on avait pu lui raconter. Un type capable de battre sa femme et de tuer deux flics de sang-froid, serait il vraiment capable de venir en aide à un pauvre chien errant ? Il l’aurait plutôt chassé à coup de cailloux dans la gueule. « -ba quoi… c’était bien parti pour non ? » roh mais elle se baffa mentalement. C’était vraiment le moment pour mettre de l’huile sur le feu ? C’était lui qui s’était penché pour l’embrasser non ? Alors il n’allait pas lui dire qu’il n’avait pas penser à ça ou eut envie de ça !

« -roh n’importe quoi ! Tu m’aurais pas lécher la main ! » bon d’accord, elle esquissa un sourire. « -ah parce lui là il peut dégueulasser la voiture, rendre l’air irrespirable mais l’emprunte de mon cul sur le capot ça te pose problème ? » Lavage de main, largage de chien et retour dehors. « -non, si t’avais pas été là, j’aurai fait une crise de panique, alors je devrais plutôt te dire merci. » clairement, seule face au chien, elle se serait probablement mise à courir, le truc débile à ne pas faire. Mais elle l’aurait fait. Agent de terrain de la CIA mon cul ! Elle était bien plus à l’aise avec un flingue sous le nez qu’avec un chien. « -ah ba encore mieux ! » coupa Eli avec ironie. Une faille ! Nickel ! il ne manquait plus que ça ! Elle plissa les yeux à son tour, tout en tirant sur sa cigarette. Puis un haussement de sourcils. Un type comme lui ? ça voulait dire quoi ça ? Elle articula avec lenteur un : « -ok… » peu convaincu ou alors un peu perdu parce qu’il venait de dire. Elle venait clairement de se couvrir de ridicule et lui il trouvait ça… adorable ?

Un sourire étira ses lèvres quand Ian confirma. « -et tu vas l’adopté si jamais il a pas de maison… » au moins ça lui ferait une bonne raison pour ne jamais remettre les pieds chez lui ! Il évoqua sa femme, Eli regarda par la fenêtre. Puis elle tourna la tête et observa Ian, juste après sa question. « -non. » pourquoi ça serait stupide. « -c’est… c’est un peu comme ce que tu as dit avant de monter en voiture. Ça te rends plus humain… » et ça renforçait son côté attendrissant qui la faisait tant frémir. « -ok… » oui, c’était mieux qu’ils rentrent. Un sourire lorsqu’il précisa ne pas descendre. « -bonne nuit Ian. »

Durant toute une semaine, ils étaient parvenu à garder leur distance. En même temps, ils s’étaient très peu croisé, ce qui aidait. Eli était presque fière d’elle. Mais ce soir, ils avaient une transaction. Alors ils s’étaient retrouvés au bureau, une petite heure avant l’horaire prévu, histoire de faire un petit point. « -comment va le chien ? » demanda Eli lorsqu’Ian entra dans sa pièce. Enfin la leur… elle était certaine qu’il avait récupéré l’animal. « -pitié dis moi que ta voiture n’a plus l’odeur… » ils devaient se rende au rendez-vous avec.

Pas une seconde Ian avait envisagé que la jeune femme, effrayée et blottie dans son dos, puisse s’inquiéter de sa sécurité à lui. Peut-être parce qu’il était davantage focalisé sur sa sécurité à elle, plutôt que la sienne. Elle avait peur des chiens, et ne les aimait pas de surcroît. Ce qui n’était pas son cas. Pas un instant, il avait songé à ce que l’animal puisse l’attaquer. Il ne voyait qu’un chien mort de faim et livré à lui-même dans les rues de Washington. Il avait alors tourné la tête en direction d’Eli, l’avait observé une seconde ou deux sans mot dire, et avait finit par rétorquer un « Il ne m’arrivera rien ». La preuve en était, il était parvenu à faire monter le chien dans le coffre de la voiture sans la moindre difficulté, et roulait dorénavant en direction de la clinique vétérinaire la plus proche. Pour tenter de changer les idées de sa partenaire, Ian revint sur ce moment de flottement qu’ils avaient partagé avant que le chien ne renverse l’une des poubelle du garage. « Tu… » tenta-t-il en bafouillant et se racla la gorge par la suite « Tu es en train de me dire que si je t’avais embrassé tout à l’heure, tu ne m’aurais pas repoussé ? ». Parce que c’était bel et bien le sujet. À chaque fois, l’Univers était toujours intervenu. Cette fois-ci ne faisait pas exception. Mais si ça n’avait pas été le cas, Eli n’aurait pas fait preuve de sagesse en le repoussant et en lui rappelant qu’ils ne pouvaient pas, que ce n’était pas envisageable entre eux deux.

« Qu’est-ce que t’en sais ?! » avait répliqué par la suite Ian, quelques minutes plus tard, alors que le chien avait osé lécher la main de la jolie brune sur le parking du vétérinaire. Par ses conneries, l’agent était parvenu à la faire sourire, et il avait sourit aussi de cette petite victoire. Cela ne l’empêcha pas de la mettre en garde quelques secondes plus tard, alors qu’elle était assise sur le capot de sa voiture, de ne pas faire la moindre rayure. Ce qui la fit réagir aussitôt, bien évidemment « Je préfère ton cul autre part que sur la carrosserie » et caressa la tête du chien « Et lui, il ne s’est pas plaint du trajet contrairement à certains. Bah oui mon pépère ! ». Finalement, il laissa le chien à la bonne garde du vétérinaire et retrouva Eli sur le parking « Parce que tu n’en as pas fait une là ?! » rétorqua-t-il en la taquinant une dernière fois. Ian reprit son sérieux par la suite « La ferme pour une fois, et écoute-moi » et poursuivit en lui confiant qu’il avait aimé voir cette part là de sa personnalité, peu importe qu’elle puisse en penser. Depuis leur rencontre, il la voyait comme une femme capable de tout, tout le temps, sans éprouver la moindre peur, sans avoir besoin de qui que ce soit au quotidien. Il avait la sensation de faire pâle figure à ses côtés. Le nouveau venu, alcoolique, sensible et parfois un peu trop romantique. Alors ce soir, il avait pu voir une Eli qui n’était pas à l’épreuve de toutes les balles, et il avait aimé voir qu’elle était tout aussi humaine que lui, et qu’elle acceptait de se dévoiler à lui de cette manière, sans crainte.

« Non » répliqua-t-il ensuite tout en regardant un instant Eli, puis fixa à nouveau l’horizon « Je vais sûrement mourir dans un mois et demi. Je n’aurais personne pour le récupérer. C’est irresponsable de l’adopter pour qu’on le mette dans un refuge dans quelques semaines. C’est… Il a assez enduré comme ça » répliqua-t-il sans quitter la route des yeux. Son ex-femme ne voulait plus de chien depuis la perte du leur il y a de ça quelques années. Il tourna à nouveau le visage en direction de sa partenaire et lui adressa un sourire tendre « Merci… ». Il oubliait parfois qu’Eli devait le voir comme un assassin sans cœur qui avait buté deux flics en uniforme. Elle ne connaissait que partiellement le vrai Ian. Celui qui n’avait pas de casier judiciaire à son actif. Il gara la voiture au pied de son immeuble et lui adressa un dernier sourire, l’observant rentrer chez elle, puis redémarra la voiture pour rejoindre son propre appartement.

Durant la semaine qui suivit, Toby leur avait annoncé que la vente du gaz sarin aurait lieu plus tard. Les Syriens avaient d’autres affaires plus urgentes à gérer, mais ce n’était que partie remise. Quant à Eli, il ne l’avait que peu croisé avec son emploi au centre-commercial une bonne partie de la journée. Et ça aurait sûrement duré ainsi si Toby ne leur avait pas programmé une transaction pour Robby. Du matériel sophistiqués permettant d’améliorer la composition de ses bombes sales. Ian avait donc rejoint la jeune femme dans leur antre, parce que c’était ce qu’était devenu ce bureau. Leur antre à tous les deux. « Bien » puis plissa les yeux en souriant « Comment tu… » et sourit davantage « Je l’ai confié à un ami qui voulait en adopter un depuis quelques temps ». Benny avait été plus que ravi du cadeau. « Oui, elle est propre » et se rapprocha d’elle, humant son parfum « Elle sent presque aussi bon que toi », et prit place sur le tabouret « On part dans combien de temps ? ».

« -tu peux pas le savoir, on peut jamais savoir… à moins d’être devin ! T’es devin ? Non ! Voilà ! » rah mais sérieusement il était obligé de venir en aide à ce truc à quatre pattes ? Et en même temps, en le voyant mettre le chien dans le coffre et lui parler, une partie d’elle-même trouva ça vraiment attendrissant. « -oui ba je suis humaine au cas où tu serais pas au courant ! Si toi tu approches ton visage, genre aucune volonté, pourquoi est ce que moi je serais plus forte ? » non mais c’était du délire ! S’il était incapable de rester à sa place, de respecter le pacte conclus, pourquoi est ce que de son côté elle serait plus forte pour tenir leur engagement ? Il l’avait très bien compris, sur l’instant, elle avait clairement envie de lui. Maintenant que le chien était là et qu’Ian l’avait touché, clairement elle avait bien moins envie… tant mieux. Ainsi ils éviteraient les ennuis.

Elle avait grimacé en entendant la réplique d’Ian. « -les deux sont pourtant pas incompatible. » son cul sur la carrosserie… mais pourquoi est ce qu’elle jouait le jeu ? C’était plus fort qu’eux. Il était drôle Brennan ! Prenez vos distances. Elle aurait dû lui demandé comment ça c’était passé pour lui. Il lui avait dit comprendre. Est-ce qu’il s’était laissé avoir ? Ou est ce qu’il avait été capable de résister ? Est-ce que ça s’était mal terminé… « -je te permets pas de faire une telle comparaison ! » râla de nouveau Eli malgré le sourire qu’elle affichait. Quelques minutes plus tard, il était temps pour eux de rentrer. « -non, là c’était… c’était pas grand-chose. » clairement pas. Elle avait déjà fait pire. Genre crise d’angoisse… mais ça n’empêchait pas qu’elle se sentait comme une merde maintenant que le chien avait disparu. Eli resta bouche bée en l’entendant lui dire de la fermer. Elle le dévisagea et cela la fit sourire plus qu’elle ne l’aurait souhaité. Elle ne le remercia pour autant, plus perturbé que touchée à dire vrai.

Ils devaient rentrer. C’était bien plus sage. Eli tourna la tête avec lenteur, avant de baisser lentement son regard, songeuse. Ce genre de pensée ne devait pas seulement s’appliquer au chien. « -t’as raison… c’est mieux pour lui de pas trop s’attacher… » elle se mura ensuite dans son silence, regardant dehors. Ils se souhaitèrent une bonne nuit, avant de devoir à nouveau collaboré quelques jours plus tard. Même si elle aurait préféré ressentir l’inverse, Eli fut contente de le voir arriver. Elle demanda des nouvelles du chien, certaine qu’il savait parfaitement comment allait la boule de poil. Un sourire en coin. « -tu pourras le revoir de temps en temps comme ça. » lui qui aimait les chiens. Elle s’inquiéta ensuite de savoir si la voiture était propre, et elle inspira un grand coup alors qu’il venait de poster dans son dos et lui souffler quelques mots à l’oreille. Mais pourquoi son corps était-il incapable de réagir autrement. Heureusement il prit place sur un tabouret et elle finit par avancer vers la table à son tour pour exposer le truc. Le point de rendez-vous, l’horaire… Ils allaient mener cette transaction ensemble. Sauf qu’elle n’avait pas vu venir la demande de leur interlocuteur. Debout à l’arrière de la voiture, elle regarda Ian, puis le coffre, alors qu’on lui collait un flingue sous le nez. « -ok ! Pas la peine d’être impoli. » railla la jeune femme, avant de faire un pas en avant. Quelques minutes plus tard, le coffre se refermait sur eux. Ian était monté en premier, Eli juste après, son corps contre le sien, son dos contre son torse. Il y avait peu d’espace. Ils étaient limité en terme de mouvements. « -j’avais pas vraiment prévu le voyage comme ça… » ironisa la jeune femme.