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LE TEMPS D'UN RP

Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux

Oskar
Messages : 192
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patrick
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Oskar
Jeu 2 Mar - 12:55

Oskar Benedikt Jensen, dit "Ob"
J'ai 32 ans et je vis à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis chauffeur de maître et je m'en sors bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis bien.

Accessoirement, j'ai la faculté de me transformer en ... aigle royal. Mais ne le dites pas, c'est un secret !

O. B. Jensen a écrit:
Le destin dit-on, donne à chaque homme, chaque femme, un être "lié" qui viendra le compléter. Chacun porte une phrase, une marque, qui lorsque cette moitié qui lui est réservée sera croisée, changera de peau pour aller sur la sienne, celle que portait l'âme-soeur venant orner la vôtre.
Depuis la fin des temps, les textes et les légendes rapportent que jamais cette phrase ne disparaît... Parfois, elle change, parfois immuable, elle avoue votre échec à trouver votre double. Si l'on tente de la supprimer, elle renaît, sur une autre partie du corps...
Elle ne s'efface, que lorsque le lien est rompu, lorsque amputé de votre moitié, vous errez entre l'être et le non-être, à jamais solitaire.
Je viens de perdre la mienne, ce qui signifie que Maïween, mon faucon blanc, a disparu. Pourtant, je ne me sens ni déchiré, ni en deuil, j'ai accueilli cette découverte comme l'aveu d'une erreur de la destinée, sinon, pourquoi elle et moi ne serions-nous jamais parvenus à nous rejoindre, remettant au lendemain, sans cesse, nos projets ?
Je suis un homme d'honneur et de devoir, alors j'ai téléphoné, cherché, me suis adressé à tous ceux qui connaissaient mon âme soeur... Elle a non seulement disparu de mon bras, le libérant de toute inscription, mais également de toutes les mémoires ?
Une ébauche de rêve, retournée à la nuit dont elle était sortie ? Etais-je le rêve de l'ombre qu'elle est redevenue ?

Le rêve, encore lui, s'est imposé à moi, brûlé par le feu d'une chevelure et l'incandescence d'une personnalité hors du commun... Le hasard est parfois cruel, à mettre en présence des êtres improbables et fragiles... Elizabeth, croisée déjà trois fois, à chaque fois, sa présence ruine tous les projets de raison et de sagesse que je peux me faire...
Je succombe, je me noie, entraîné par les sirènes d'un espoir insensé ! Je t'aime ! Je t'aime ! Dans ce royaume inaccessible et magique, magnifique et irréel, le rêve, je partage avec toi une intimité que le réel nous interdit !


@Dreamcatcher

Comme une langue de chimère,
comme une flamme liquide et bleue,
le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux. (*)

 « Derrière les nuages, le ciel est toujours bleu. »
(Proverbe norvégien) »

Avant ce chapitre...:

Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux Tromvi12

Fin mars 2023 :

« Qui court après l'incertain néglige bien souvent le certain » dit un proverbe de chez moi... Un autre précise « On ne peut choisir quand on va aimer » Il m'est toujours étrange de penser à la sagesse populaire que d'aucuns ont entreposée dans tant de sentences que nos contemporains entendent sans les comprendre... Posé sur la terrasse à regarder la mer, soutenu par la paire de béquilles comme un arbre serait tuteuré pour tenir droit, j'essaie de ramener à moi son parfum...

Je suis rentré... Sur le toit du monde, au pays des neiges éternelles, habité par des trolls et des elfes... En fait à Tromsø, Tromvik pour être exact... chez mon père Bjorn, dans sa grande « petite-maison » isolée, entre le fjord et la montagne, à vol d'oiseau à vingt-cinq kilomètres du centre ville, à roues de voiture à plus d'une heure, parce que la Norvège côtière impose des tours et des détours avant d'arriver à destination. Je pense que les temps de trajet imposent la réflexion, et que -pensant- mes compatriotes sont moins impulsifs que d'autres ? En fait je me leurre et le sais, l'immaturité et la précipitation n'ont pas de nationalité, elles sont inhérentes à l'Humain... Mais j'aime à croire que les hommes du nord sont plus sages que les autres... ça ne me fait aucun mal de le penser, alors je me berce de l'illusion...

Comme je me berçais de celle qu'un jour, une rousse Finlandaise, célèbre et belle, pourrait baisser son regard sur mon humble blondeur...

Je voulais du froid, des paysages hivernaux.

Je ne peux reprocher à l'Afrique et aux Africains de m'avoir mal accueilli, mais mon séjour au Congo a été aussi bref que dramatique, le soleil dans le ciel et les cœurs n'a pas suffi, j'ai failli perdre mes ailes et ma vie, je me voulais dans mon nid.

À nouveau, une image se superpose au soleil couchant, ou levant ? Une masse d'orangé qui se baisse sur mon lit de douleur, la peur qui me saisit ! Elizabeth ! Éloigne-toi ! « Ils » vont te prendre, t'enfermer, te torturer ! Des jours durant je n'ai eu que cela en tête, les bruits de l'hôpital me ramenant en arrière, loin, il y a plus de douze ans ? Quinze ? Je ne sais plus ! Je revoyais des couloirs larges dans lesquels des chariots et brancards circulaient, des hommes et femmes en blanc, des seringues, des entraves pour quand la souffrance menaçait de mettre à mal les expériences... Elizabeth ! N'approche pas ! Tu es dans l'antichambre de l'enfer ! Sauve-toi ! Sauve-nous !

L'ai-je rêvée ? A-t-elle vraiment traversé deux continents presque pour retrouver ma trace ? Elle est si lointaine, si fuyante ? L'avion qui m'a ramené ici n'a été qu'un intermède, j'aurais pu être téléporté que j'aurais eu la même impression ? J'y étais tellement sédaté que j'aurais pu m'imaginer dans le ventre d'une baleine volante traversant un royaume imaginaire. Un souvenir effleure mes lèvres, je me revois en Hongrie à quatorze ou quinze ans, avec pour distraction le sport à outrance et les jeux vidéo. J'aurais dû y rester, ne jamais me mettre en tête de financer ma participation aux Jeux Olympiques ! J'aurais dû grandir auprès des miens, mes parents, ma sœur et mon frère... Je ne serais qu'un homme banal, dépourvu d'ailes et peut-être de rêves ?

De rêves ? De féerie ? Non !

J'ai le nez qui cherche en vain, les aigles même humains n'ont guère d'odorat, c'est leur vue qui les aide en tout... Ma mobilité est si réduite dans ce corps d'homme brisé ! Je voudrais ouvrir les ailes et m'envoler ! Mes jambes disputent à mon cœur le titre de rescapé de l'extrême. Où es-tu ? S'il te plaît !

Redonne-moi une chance ? Je pensais faire pour le mieux ? Je nous ai juste sacrifiés aux convenances et à la bienséance stupide de notre société ! Je voulais te préserver, t'éviter d'avoir à rendre des comptes ! Aime-t-on un chauffeur de maître ? Un domestique ? Un invisible ?

Je t'aime !

Un autre proverbe norvégien dit avec justesse « Une occasion qui passe rarement repasse ». Je soupire, ai-je laissé passer ma chance ? Notre chance ? Que puis-je te dire ?

Ob le rêveur a écrit:
Jamais mon cœur ne s'est senti si lourd que quand soudain le lien qui nous unissait, comme au son d'un tambour ensorcelé a été rompu... Privé du poids de l'amour, il s'est senti entraîné dans les abysses, lesté du chagrin de nos deux âmes... Te souviens-tu ? Cette rose de fée agonisante que je t'avais offerte ? Elle a fané tout à coup, parce qu'il lui fallait les larmes de ton bonheur pour éclore ? Je t'ai fait mal, en voulant faire bien, j'en porte la coulpe et l'affliction. « L'amour et les pleurs viennent des yeux, et tombent sur le cœur » le mien peine à battre sans toi, et sans reine, le chevalier servant que je suis n'a plus de sens à sa vie... Pourquoi réparer ces jambes si jamais plus elles ne me porteront jusqu'à toi ? Pourquoi ouvrir ces yeux s'ils ne captent pas ta lumière ? Imagine... Voir un lever d'Elizabeth plutôt qu'un lever de soleil ?
Bien sûr je ne l'ai pas dit, à qui aurais-je dit tout cela ? Tu n'es pas là à mes côtés ! Bjorn dit qu'il t'arrive de venir, souvent ? Pourquoi toujours quand moi je ne suis pas au logis ? Tu pourrais prendre de mes nouvelles aussi bien de ma bouche que de la sienne ?

Je suis un idiot, ne me le dis pas. J'ai fait fondre la banquise qui protégeait notre pôle. Au contraire du conte où l'hiver gagne gelant les cœurs, j'ai fait naître un été permanent qui expose à tous ma sottise et liquéfie mon monde. Je brûle Elizabeth, je brûle de te revoir ! Et n'y parvenant pas me consume dans les braises de mon amour si maladroit.

D'un revers de la main, lâchant l'un de ces instruments de torture qu'on nomme béquille, je chasse mes regrets. A rien ni à personne ils ne sont utiles... Je sais depuis l'enfance qu'il faut regarder devant et non derrière, et qu'une erreur commise n'est jamais effacée, il s'agit juste de ne pas récidiver et d'en tirer un enseignement, s'il est encore temps.

Je me muerai en pierre pour t'attendre... Nul ne pourra me bouger, tant que je ne t'aurai pas revue.

et... If I be wrong :


(*) Biographie de Isaac Félix Suarès dit André Suarès (1868-1948) poète et écrivain français.



Prendre son envol

et tout oublier
Dreamcatcher
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patrick
Dreamcatcher
Ven 17 Mar - 9:52
Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux Tumblr21
Elizabeth Van Sechtelen
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement.


Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux.
Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.

1994

Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri...
Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges.
Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.

Un.
Deux.
Trois.

Le bruissement du rideau qui se lève.
Arrêt sur scène.
Les secondes ralentissent.

Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement
L'audace d'une extravagance
Le chant d'un songe
L'insolence de l'irréalité

Le théâtre. Le RÊVE.

Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.

Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.

Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux Ob12

avatar :Daria Sidorchuk
copyright:️ @littlewildling-rpg


L'infini n'est autre
Que le va-et-vient
Entre ce qui s'offre
Et ce qui se cherche
Va-et-vient sans fin
Entre arbre et oiseau,
Entre source et nuage.

F.Cheng
Wings to Paradise


Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux Tromvi12

Le cœur échoué, elle pêchait des étoiles sur un coin de lune
Ne savait plus où il était, ce cœur, mais savait que lui, ne l'oubliait pas
Et s'accrochait aux larmes du soleil pour ne pas noircir complètement


***

Helsinki. Ce fut bon de retrouver ses repères, les habitudes, le froid des petits matins, le printemps qui pointait son nez, l'immaculé sur les montagnes, sa maison, ses amis. Eli sortait souvent, allait danser, écouter des concerts, flânait à droite à gauche. On la trouvait tristoune, sans entrain mais elle souriait malgré tout, empreinte de la joie des grandes douleurs secrètes.

La jolie rose, ô douce rose, traînait sur la table de nuit. La plume se nichait sous son oreiller, doudou des heures creuses au bout des nuits d'insomnies. Elle s'en servait comme marque page, caressait machinalement sa joue avec, dessinait des arabesques dans l'air lorsque son esprit s'envolait. Mais il n'allait plus très loin se heurtant à un néant abyssal. Eli survivait sans rêver.

Les cauchemars la taraudaient, saignants, violents, récurrents : l'aigle noir arrachait ses entrailles, son cœur, défigurant ce qui lui restait d'humanité. Parfois, elle hurlait dans son sommeil agité ou bien se réveillait en nage, paniquée, horrifiée, terrifiée. Non ! Tout allait bien. Ce n'était qu'un mauvais rêve.

Seule. Creuse.

Eino avait appris son retour et l'avait appelée à plusieurs reprises laissant des messages éloquents dans sa boîte vocale. Mais la comédienne n'avait plus envie de jouer, se vivait au jour le jour et cela suffisait. Assassinée de l'intérieur par son propre rôle, il n'y avait pas de place pour quoi que ce soit d'autre.

Ob. Au fur et à mesure des semaines qui passèrent, les souvenirs affluèrent, viles vagues rongeant une psyché en détresse. Ils mordaient, lacéraient. Ob qui avait brutalement réduit en miettes ce sentiment d'exil qui la poursuivait depuis toujours, Ob qui lui avait donné l'espoir d'un amour à sa mesure, Ob dont le regard lumineux lui avait renversé le cœur, Ob suintant l'infini, l'absolu, l'éternité. Ob... qui l'avait abandonnée. C'était ainsi, point final.  L'histoire s'était répétée, le trauma s'amenuisait lentement au fil du temps. Le choc l'avait éclatée en morceaux épars, elle apprenait simplement à marchander avec. Le manque s'en était allé, les émotions avaient muté en une espèce de bouffissures d'abîmes. Elle l'avait aimé, soit. Un amour réduit en une vieille chose poussiéreuse, calcinée, sans odeur et sans couleur. Elizabeth ne ressentait plus rien. De haut potentiel émotionnel, elle sombrait désormais dans une apathie parfaite. Peut-être était-ce cela la sagesse de l'expérience. Reposant, étrange. Ces fines ridules apparues autour de ses yeux lorsqu'elle souriait. Le pli du chagrin, la marque d'une épreuve. Peut-être le clin d’œil d'un courage.

Mais elle ne pouvait s'empêcher de se rapprocher de lui. Ainsi, aussi souvent que l'envie lui prenait, elle réservait un vol pour Tromsø, louait une voiture pour le rejoindre. Parfois, restait quelques jours dans un hôtel à Tromvik. Jusqu'à présent, le hasard œuvrait pour ses absences. À chacune de ses visites, il n'était pas là. Drôle de coïncidence qui la faisait sourire nourrissant l'indifférence des sentiments. Ne jamais rien forcer... Au fond, elle ne venait pas pour lui mais pour elle.

Elle discutait plus ou moins longtemps avec son père de choses et d'autres, jamais de son fils. Une connivence silencieuse et délicate était née entre eux. Parfois, ils se parlaient sans mot.

-Voulez-vous marcher un peu ?

Elle acquiesçait sans rien dire, ils partaient aux alentours dans un silence apaisant. Lui, laissait venir ce qui venait, elle, se laissait aller à ce qui lui passait par la tête. Elle demandait le nom d'une fleur, contemplait un oiseau qui voletait, respirait l'air pur de l'altitude. Leur lien se tricotait avec beaucoup de discrétion et de respect.

Et puis arriva ce fameux matin du premier mai, Vappu, le carnaval du jour de la fête du travail et du printemps qui avait commencé la veille. En fin de matinée, le parc de Kaivopuisto se noircissait déjà d'une foule joyeuse prête à pique niquer. Les rues s'encombraient des habitants bien décidés à s'amuser. Havis Amanda portait sa casquette blanche, ici et là s'éparpillaient des musiciens, des acrobates, des ballons, des serpentins, des stands de tippaleipä et de sima...Toute cette joyeuseté fit fuir la finlandaise. Trop de bruit, trop de gens.

Le front collé à la fenêtre à regarder sans voir le défilé qui passait, elle prit tout à coup une décision brutale, radicale : aller en Europe. Paris ! Tout quitter. Elle était riche Eli, pouvait se permettre de ne pas travailler. Vagabonder de par le monde pour oublier, pour remplir ce creux abyssal qui lui trouait les os et la peau. Dire adieu à Bjorn. Lui dire adieu, à Lui, l'Invisible, à sa façon. L'ultime voyage. Passer à autre chose, tailler dans le vif. Se désengluer. S'arracher. Demeurer ici à courir après une chimère, des milliers de riens, c'était s'enterrer vivante. Partir...S'enfuir...Se fuir.

Elle claqua la portière, s'avança vers la maison. D'ordinaire, au bruit du moteur, le vieil homme sortait à sa rencontre ou bien venait vers elle s'il était à l'extérieur. Pour une fois, il n'était pas là, lui aussi...Elle marcha encore un peu, jeta un œil à droite à gauche. Et puis elle le vit. Il était là, installé dans une chaise longue sur la terrasse. Elle ralentit, ralentit... Sidérée, se figea.

Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux Images16

Et le vent murmurait...Even if the time will pass by...
Spoiler:
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