Cette journée avait été un fiasco et Glen se savait incapable de réitérer une telle opération sans risquer que ça ne tourne au drame cette fois. Peut-être qu’ils s'étaient mal organisés, qu’ils auraient pu mieux prévoir... mais ils étaient amoureux et ça, ils n’étaient pas en mesure de le contrôler. Et c’était si pur, tout cet amour. Juste beau. Il aimerait tellement que le reste des Watson le voit du même oeil que lui mais il n’était pas certain que ce soit le cas. Et c’est ce doute-là qui le poussait à être aussi lâche. Il avait été si naïf de croire qu’ils pouvaient garder un tel secret ! Il le comprenait maintenant : c’était impensable.
Sentir Lullaby tout contre lui avait été une belle récompense après toute cette tumulte. Glen avait profité, sans rien dire. Il savait que dès qu’ils auraient ouvert la bouche, ils aborderaient des sujets lourds et sérieux. Et pour parler, quoi de mieux que de le faire autour d’un verre de vin ? C’était devenu une petite routine, leur manière bien à eux de profiter de la compagnie l’un de l’autre. Alors qu’ils avaient tous les deux un verre à la main, Glen s’était montré implacable : il ne ferait plus jamais ça. Et Lullaby n’avait pas tardé à confirmer qu’elle ne le ferait plus non plus. Le quarantenaire avait soupiré. Ils étaient sur la même longueur d’ondes, c’était déjà ça. Ils se comprenaient. Comme à chaque fois. Finalement, n’étaient-ils pas toujours sur la même longueur d’ondes ? Comme faits l’un pour l’autre ? Glen l’observa alors qu’elle avait l’air pensive, attendant la suite de sa réflexion. « Hum… » L’espace d’un instant, Glen envisagea sérieusement de ne pas se pointer à l’évènement. Il pourrait prétendre être souffrant ce jour-là. Mais louper un jour aussi spécial et mentir comme un arracheur de dents, ce n’était pas vraiment quelque chose qu’il avait envie de faire. Pas à des amis qui lui étaient aussi chers de surcroit. A nouveau, il soupira. « J’imagine qu’on peut faire ça. C’est toi qui organises ? Faut me mettre loin de toi, de tes parents et de tes frères. » Rien que ça. Glen esquissa un petit sourire désolé avant de reprendre une longue gorgée de vin.

Ils ne veulent plus faire ça. Ils ne veulent plus avoir à mentir. Ils ne veulent plus avoir à prendre des risques. Ils ne veulent plus avoir à dissimuler la vérité et voir la déception dans les regards de leurs proches quand ils doivent décliner des propositions. Seulement ils ne peuvent pas en parler tout de suite. Ils ne peuvent pas faire ça à deux semaines de l'anniversaire de mariage de ses parents, au cas où ils vivent trop mal la révélation. Elle ne veut pas gâcher l'ambiance. Elle ne veut surtout pas créer de tension juste avant l'événement. Plus tard, ce sera mieux. Ses parents auront le temps de digérer avant Noël, au besoin. Mais avant leur anniversaire… non, elle ne peut pas faire ça. Elle ne peut pas prendre ce risque.

"- Oui c'est moi. Tu es à côté de papa à table, je suis avec des cousins. Donc nous sommes plutôt loin."

Ils devraient normalement s'en sortir et puis il y a pas mal de monde de prévu pour l'événement, si bien que leur alchimie sera noyée dans la foule. Entre la famille, les amis, les contacts pros invités par politesse… ça fait pas mal de monde, pas mal d'invitations. Normalement tout devrait bien se passer. Après ça, ils pourront aviser.

"- Et une fois que l'anniversaire sera passé… on pourra leur dire. On commencera par mes parents, sans mes frères, tranquillement. En petit comité. C'est bon pour toi ?" souffle-t-elle en jouant avec son verre, observant son cher et tendre.

C'est ce qui lui semble être le mieux, une annonce en douceur, petit à petit. Quand ses parents sauront, alors ils pourront l'annoncer à ses frères. Mais elle comprendrait aussi que l'homme ne veuille pas faire deux annonces distinctes, vivre deux fois ce genre de moment. Elle comprendrait qu'il veuille leur dire en une seule fois à tous. Elle s'adapte à ce qu'il préférera. Elle fera au mieux pour lui.

"- Et si tu veux… on peut commencer par tes parents, avant." souffle-t-elle bien que son stress augmente d'un cran.

Glen avait l’impression d’être passé dans une machine à laver toute la journée et maintenant qu’il était arrivé chez lui, il se sentait complètement essoré. L’heure était grave. Ils auraient pu bêtement se faire prendre et créer un cataclysme chez les Watson qu’ils n’auraient pas pu maitriser. Et c’est tout ce qu’il voulait éviter de faire. Déjà comme ça, il craignait d’être une source de déception immense, mais il ne voulait pas en plus leur faire du mal. Etait-ce seulement évitable ? Glen n’en savait encore rien et si son verre de vin ne lui donnait pas la réponse, il avait au moins l’avantage de le réconforter. Un peu. Le reste du travail, c’était Lullaby qui le faisait par sa simple présence. Elle en valait la peine. Elle valait toutes les peines du monde. A cette pensée, Glen lui avait sourit timidement. « A côté de ton père. Super ! » qu’il avait dit en feignant l’enthousiasme. Quelque part, il se réjouissait sérieusement. Ce serait probablement sa dernière soirée avec son ami avant que ce dernier ne change drastiquement d’avis sur lui. Est-ce qu’il allait avoir l’impression qu’il le trahissait ? Glen se pinça les lèvres, son sourire avait disparut. « C’est bon. » qu’il avait dit, sa gorge serrée ne lui permettant pas de sortir plus de deux mots. Il soupira pour la détendre avant de reprendre : « Tu veux qu’on fixe la date avec eux ou on débarque à l’improviste ? » Il termina son verre de vin, s’en servit un autre. Dans tout ce dilemme, Glen en avait totalement oublié ses propres parents. Pour cette raison, il avait eu l’air un peu surpris. « Ah ! Ça c’est une bonne idée ! Les miens ne pourront pas me dévisser la tête au moins. » qu’il plaisanta alors même qu’il n’avait aucune inquiétude concernant ses parents. Il n’appréhendait pas du tout de leur dire tellement il était sûr qu’ils seraient heureux pour lui. Comment pouvait-il en être autrement ? Lullaby était tout ce qu’ils avaient toujours espéré pour leur fils. « Je rigole. Ce ne sera qu’une formalité avec mes parents. » qu’il rajouta pour éviter d’inquiéter sa chère et tendre qui lui avait déjà confié être nerveuse à l’idée de rencontrer ses parents.

Lorsqu'elle lui annonce qu'il sera placé à la même table que son père pour l'anniversaire de mariage de ses parents, l'homme ne semble pas particulièrement ravi par la nouvelle. Il répète ces mots d'un ton faussement enthousiaste, affirmant que c'est super, sans pour autant la convaincre qu'il le pense réellement. Forcément, elle pouvait comprendre ce qui le dérangeait dans cette optique, mais elle était à peu près sûre qu'il n'y aurait pas de problème ce jour-là, puisqu'ils ne seraient pas, eux-mêmes, à proximité l'un de l'autre. Normalement, tout devrait bien se passer. Normalement. Normalement, tout aurait aussi dû bien se passer aujourd'hui mais... Elle chasse cette pensée en noyant ses lèvres dans son vin. Ce n'est pas le moment de penser à tout ça. Ils ne peuvent pas revenir dessus, de toute façon. Alors autant ne plus s'en inquiéter et seulement être reconnaissants que la bombe n'ait pas explosé aujourd'hui même.

"- J'imagine que je les appelerai en disant que j'ai besoin de leur parler et... Faut que je réfléchisse à comment je vais le meur dire, après. Peut-être que je devrai juste aller les voir toute seule au début et... Que tu entre après ? Juste... Le temps de les préparer, peut-être..." souffle-t-elle.

Tout ça s'annonce tout de même un peu compliqué et, en prime, il faut aussi qu'ils pensent à annoncer la nouvelle aux parents du quadragénaire ce qui, là encore, ne manque pas d'angoisser un peu la demoiselle. Lui est persuadé que tout ira bien, il le lui a déjà dit. Mais, malgré tout, ça reste impressionnant. En réalité, elle connaît déjà le père de son compagnon, puisqu'il était l'agent de son propre père il y a quelques années, avant que son fils ne prenne la relève. Mais être présentée comme la petite amie de leur fils... Lullaby angoisse un peu, oui. Lui plaisante, avant d'essayer de la rassurer.

"- Je vais croiser les doigts vraiment très fort pour que ça se passe aussi bien que tu semble le croire... Et qu'ils ne me devissent pas la tête effectivement !"

Avant de soulager sa conscience avec la vérité, Glen n’avait aucune envie de passer du temps avec le père de sa bienaimée. Surtout pas en tête-à-tête mais pas non plus dans une fête. Même la plus réussie des fêtes n’arriverait sans doute pas à le détendre. Il prenait le sujet beaucoup trop au sérieux. Il faut dire qu’il n’y avait pas que son amitié avec l’un de ses plus fidèles amis qui était en jeu. Son couple naissant l’était aussi par la force des choses. Résisteraient-ils vraiment à une pression familiale si elle devait exister ? Bee aimait beaucoup trop sa famille et Glen aimait beaucoup trop Bee pour la priver des siens. Dès le départ, Glen avait été inquiet. Bien avant qu’ils se mettent ensemble d’ailleurs. Un moment, il avait tenté de lutter contre ses sentiments. « Ouais… C’est une bonne idée. » Rien que de l’imaginer, il avait déjà envie de s’enterrer mais ça restait une bonne idée. Il grimaça. Le niveau de courage qu'il lui fallait pour exposer son couple aux Watson était définitivement beaucoup trop élevé. « Et si… » Glen détourna le regard. « Et si ton père me colle un poing en pleine tronche ? Tu crois qu’il pourrait être tellement en colère ? » Ok, Glen avait peut-être regardé un peu trop de rom com. Il secoua la tête et reporta son regard sur sa chère et tendre. Celle-ci se faisait du soucis concernant les parents Holloway. Il excluait totalement que ça puisse mal se passer de son côté. Pas une seule seconde, Glen ne doutait de l’ouverture d’esprit de ses parents. Peut-être avait-il tort, en tout cas, il était sûr de lui. Il attrapa Lullaby dans ses bras et la serra tendrement contre lui. « Ils vont t’adorer. Vraiment. J’en suis certain, c’est pas possible autrement. » Il l’avait gardé un moment contre lui. « On fait ça quand ? »

Et si son père en colle une à Glen ? Elle préfère imaginer qu’il ne le fera pas. Elle voudrait pouvoir penser que tout va bien se passer, que ses parents seront évidemment surpris mais, finalement, heureux de voir qu’elle a trouvé chaussure à son pied. Avec un mec bien. Un mec qu’ils connaissent suffisamment pour savoir qu’il l’est. Un mec qu’ils espéraient voir se caser, aussi. Alors oui, évidemment, ils n’avaient sûrement pas imaginés que l’ami en question et leur fille pourrait tomber amoureux l’un de l’autre mais… Elle grimace. Bon sang, bien sûr qu’il y a un risque infime pour que son père frappe Glen, pour qu’il prenne mal la chose.

”- On va essayer de faire en sorte que ça n’arrive pas…”

Elle soupire. Elle sait que ça ne va pas être facile et elle aurait aimé pouvoir retarder le moment encore un peu, pour profiter pleinement de sa relation naissante mais… Ce n’est pas possible, ils ne peuvent pas passer une autre journée comme celle-ci, ils en ont parfaitement conscience. Ils ne seront pas pleinement libres tant qu’ils ne l’auront pas annoncé aux familles. Alors autant s’y préparer.

”- Je pourrai… Je pourrai commencer par leur dire que je suis vraiment heureuse. J’imagine que c’est le plus important pour eux… Je pourrai aussi leur dire que j’ai hésité longtemps à me déclarer parce que c’était compliqué mais… mais qu’années après années j’aimais toujours cette personne alors… Y’a quelques semaines…”

Oh bon sang, elle ne sait vraiment pas comment elle va le leur dire. Elle n’est pas sûre qu’il y ait de bonne formulation. Et pourtant… Avec le recul… Ça ne lui semble pas si grave. Pas si dramatique. Bien sûr, Glen est un ami de la famille. Mais il l’avait connu adulte. Il n’y avait rien de malsain, ce n’était pas comme s’il l’avait vu grandir.

Il est sûr et certain que sa famille à lui prendra bien la nouvelle, saura accueillir la demoiselle sans lui faire sentir qu’elle n’est pas à sa place, ou qu’elle est trop jeune pour ce dernier. En soit, elle connaît déjà vaguement son père, se souvenant d’une époque où il était l’agent du sien. Mais les deux hommes étant moins proches, elle l’avait bien moins vu et connu, finalement, que son fils.

”- Quand tu veux ? Quand… ça les arrange ?” souffle-t-elle en restant contre lui, dans son étreinte rassurante.

L’idée de se faire cogner par le père de Lullaby ne quittait pas la tête de Glen. Ça pouvait arriver. Pourquoi est-ce que ça n’arriverait pas, hein ? Après tout, s’il avait une fille et qu’un ami à lui la convoitait, ne ferait-il pas la même chose ? Il aimait penser que non mais, évidemment, il n’en avait aucune idée. Il se faisait confiance pour privilégier une manière non violente de s’exprimer mais il savait également qu’il avait des limites. « Je peux porter un casque sinon. » qu’il avait dit dans une tentative d’humour maladroite. Il avait beau sourire, on voyait l’inquiétude derrière le masque. « Et même un gilet pare-balle. » qu’il rajouta ensuite, pas sûr de ne pas être allé trop loin cette fois. Mickael n’allait quand même pas le descendre. Un oeil au beurre noir, pourquoi pas… Mais c’était tout. Enfin, c’est ce qu’il espérait. « Tu vas leur dire que ça fait des années que tu as des sentiments pour moi ? Je sais pas si c’est une bonne idée. J’aimerais pas qu’ils remontent trop loin, tu vois… » Glen avait déglutit, en proie à la panique de nouveau. Quand il avait rencontrer Bee, elle était mineure. C’était déjà assez délicat comme ça pour qu’il n’ait pas envie de le leur rappeler. La blonde dans ses bras, Glen tentait de se décrisper. Son contact lui faisait du bien. Quoi qu’il en soit, Glen était sûr d’une chose : elle en valait la peine. « Je les appellerais. Ma mère va sauter au plafond ! Et te parler bébé… Prépare-toi. » Il passa sa main dans son dos qu’il caressa tendrement.

Il ne semble pas bien optimiste sur la manière dont pourrait se dérouler la révélations aux parents de Lullaby et bien que la jeune femme aime à croire que ses parents ne veulent rien d’autre que son bonheur, que de la savoir heureuse, elle doit bien avouer qu’elle n’est pas franchement plus rassurée que son cher et tendre sur le coup. Elle aimerait penser que tout va bien se passer, que ses parents seront simplement heureux pour elle et pour lui qu’ils se soient trouvés, que deux bonnes personnes soient ensemble… Mais elle sait que c’est trop en demander. Elle sait qu’il n’y a pas vraiment de chance pour que ça se passe aussi bien. Elle sait que ses parents se poseront forcément des questions et que, peut-être, le fait qu’ils soient amis avec Glen ne passera pas, même s’il n’a pas vu leur fille grandir et qu’il n’a finalement que douze ans de plus qu’elle. Est-ce que ça change vraiment quelque chose, qu’ils le connaissent, que ce soit un ami ? Ne vaut-il mieux pas une personne que l’on connaît, en qui on a confiance, qu’un autre qui aurait le même âge et dont on ignore tout des intentions.

"- T’en fais pas, si papa avait une arme, j’aurais été la première à te proposer de fuir. L’angleterre, c’sympa non ?"

D’un autre côté elle sait aussi que tout va se jouer sur la manière qu’elle aura d’annoncer les choses et Glen n’est pas sûr de la manière dont elle veut s’y prendre, si bien que la demoiselle semble pensive quelques minutes, pesant le pour et le contre. Bien sûr sa méthode présente des désavantages, comme n’importe quelle autre mais…

"- Ben ça expliquerai pourquoi je suis resté célibataire si longtemps et… que j’ai essayé de tourner la page, de réfreiner ça mais… que j’ai pas réussi ? Y’a quatre ans j’en avais vingt-quatre, c’est pas si… dérangeant, si ?"

Il semble croire en tout cas que la discussion avec ses propres parents sera plus simple, affirmant que sa mère voudra absolument lui parler, après avoir sauté au plafond, rajoutant un surnom auquel elle ne s’attendait pas. Elle bugue un peu avant de relever la tête vers lui.

"- Bébé ?" qu’elle répète avant de déposer un baiser sur sa mâchoire. "J’aime bien…"

Glen savait qu’ils allaient lâcher une bombe sur la famille Watson. Il n’était à vrai dire pas réellement pressé de le faire mais il réalisait cependant à quel point c’était nécessaire. Il ne pouvait plus mentir, il ne pouvait plus contenir tout ce qu’il ressentait. Il était temps et tout ce qu’il pouvait espérer maintenant c’est que ça fasse le moins de dégât possible. « L’Angleterre ? Si déjà je devais changer de continent, je choisirais un pays qui fait du vin. La France. Paris. Ohlala, Paris… On a tellement de trucs à faire ensemble. » qu’il s’était mis à rêvasser avant de secouer la tête pour se concentrer à nouveau. Ce n’était peut-être pas le moment de prévoir des vacances ensemble. Déjà parce que Glen venait de prendre des vacances et ensuite parce qu’ils avaient clairement d’autres chats à fouetter chez eux. « Je sais pas. » Il haussa les épaules. « J’imagine que non. A vrai dire, tout ce que je veux éviter c’est qu’ils pensent que je t’aie dans le viseur depuis que je te connais. » Au contact des lèvres de la blonde sur sa mâchoire, il frissonna. C’était dur d’être raisonnable à ses côtés et ça l’était tous les jours de plus en plus. « Il y a une étape à passer avant de parler bébé et ça n’a rien à voir avec tes parents… » qu’il souffla en capturant ses lèvres. Etait-il proche de craquer ? Peut-être. Il ne savait plus trop. Après tout, s’il était décidé qu’ils allaient parler aux parents de Bee alors pourquoi continuer à avoir de grands principes ?

Elle esquisse un fin sourire. Il est vrai que s'ils devaient fuir à l'étranger et à fortiori en Europe, elle n'irait pas non plus en Angleterre, même si c'est rassurant parce qu'ils ont le mérite d'être anglophones, contrairement aux Français que son cher et tendre évoque. D'un autre côté, pour ce qui est de la nourriture comme du vin, ces derniers sont plus doués que les sujets de sa majesté. Naturellement, Glen choisirait un pays producteur de tout ce qu'ils préfèrent, plutôt que la grisaille anglaise. Elle ne peut que le comprendre et accepter sa vision. Elle ne peut que se ranger à son avis. C'est vrai qu'ils ont énormément de choses à faire, aussi, comme voir Paris, la ville de l'amour. Elle esquisse un sourire.

"- Heureusement nous avons toute une vie devant nous pour accomplir tout ça." assure-t-elle avec un fin sourire. "Et je note, si on a besoin de fuir le pays le plus vite possible, je prendrais les premiers billets pour Paris !" poursuit-elle en essayant de faire une touche d'humour.

Mais elle préfère imaginer que l'annonce aux parents se passera bien dans les deux cas et qu'ils n'auront pas besoin de fuir le pays et perdre leurs repères pour être heureux. Elle ose espérer qu'ils n'en arriveront pas là. D'autant plus qu'elle sait qu'en partant elle briserait probablement le cœur du petit Noah. Et c'était bien la dernière chose qu'elle pouvait accepter.

"- Effectivement." concède-t-elle. "Mais mes propres sentiments ne veulent pas dire que les tiens sont aussi anciens je..." elle semble réaliser. "En fait, te concernant, je ne sais même pas quand est-ce que c'est arrivé..." remarque la blonde, pensive.

Depuis combien de temps avait-il vu son regard sur elle changer ? Depuis combien de temps était-il intéressé par elle, attiré par sa personne ? Elle n'en savait rien. Elle réalisait qu'elle ne le lui avait tout simplement jamais demandé. Qu'il l'aime avait été suffisant pour qu'elle ne cherche pas à savoir depuis quand ses sentiments avaient mués. Tant qu'ils étaient bel et bien existants, c'était tout ce qui comptait pour elle.

"- Oh, je... Quelle idiote..."

Elle réalise son erreur et secoue la tête. Bon sang non, bébé, ce n'était pas pour elle. Elle réalise ce qu'il a vraiment voulu dire. Il ne voulait pas dire que sa mère voudrait lui parler. Il ne l'avait pas surnommée bébé. Il voulait dire que sa mère penserait à la maternité. C'était ça, le point. Le propos. Mais ses lèvres toutes proches des siennes, les capturant finalement, balaient ces considérations rapidement et elle se perd à répondre à ses lèvres, consciente cette fois de ce qu'il avait voulu insinuer. Elle ne savait pas à quel point il était peut-être prêt pour ça. Mais elle était curieuse de le découvrir.