J'affirme sincèrement à Dana qu'elle ne m'ennuyera jamais avec ses problèmes , ressentiments. Je ne suis pas comme on pu l'être ses proches. J'ai besoin de comprendre ce qu'elle ressent.
C'est ce qu'on fait dans un couple , non ?
Je n'ai pas d'expériences dans ce domaine , c'est vrai. Mais , justement j'ai la fâcheuse tendance à ne pas comprendre les femmes , à tout interpréter à la va-vite et...Je ne veux surtout rien gâcher avec Dana. Je ne veux pas risquer de m'énerver pour un truc stupide , comme ça a pu arriver.
Puis , j'ai surtout envie de tout connaître d'elle. J'aime cette idée de pouvoir tout se confier. Après tout , elle est bien la première , l'unique à qui je parle si facilement.

Dana me promet donc qu'elle sera transparente avec moi , quitte à me vexer et je hoche simplement la tête en souriant. C'est vrai que cet aspect là pourra être désagréable , mais j'ai confiance en nous pour pouvoir régler d'éventuels conflits de la meilleure manière qui soit.

Nous mangeons nos plats ensuite , et Dana me propose de goûter son plat. Je ne me fais pas prier , lui faisant remarquer que c'est délicieux. Elle le confirme d'ailleurs , tandis que je lui propose de goûter mon maigret de canard , également. Elle est d'accord pour dire que c'est tres bon , et comprend mieux pourquoi je veux toujours le commander quand je viens ici.
C'est effectivement indétrônable.

Je m'intéresse ensuite à d'éventuels projets ou envies qu'auraient pu avoir Dana dans son époque.
Des études ?
Des rêves ?
Je ne sais pas , à elle de me dire.
Je souris à la mention de son "rêve ". Être publiée , ou lectrice pour une maison d'édition. Tout le contraire de moi plongé dans mes formules et inventions...J'ai l'impression qu'elle se dévalorise , encore une fois.
Pourquoi pensé que ça ne sert à rien d'essayer ?

"Ce n'est pas forcément innacessible, tu sais. Après tout , les plus grands écrivains ont été refusé de plusieurs maison d'édition." , même ceux qui ont eu beaucoup de succès par la suite.

"Si tu veux écrire à nouveau , on pourra t'acheter un ordinateur si tu veux ? Je peux te laisser la tablette que je t'ai prêté sinon , mais il faudra te trouver un clavier à connecter dessus pour être plus à l'aise." , je propose tout sourire .
En fait , ça me rend enthousiaste cette idée . J'ai même envie de réellement l'encourager dans cette démarche. Serveuse c'est bien pour gagner de l'argent dans l'urgence mais...Je veux aussi qu'elle fasse ce qu'elle aime. Elle n'est pas obligé de se condamner à se voir comme ça...surtout à se dire qu'elle n'est bonne qu'à ça.

"Et pour tes nouvelles déjà écrites...tu sais qu'on peut rapidement aller les récupérer ? Je sais que j'ai dit qu'il fallait éviter de trop se servir de la bête mais , si on s'arrange pour que ton toi passé ne nous rencontre pas...pourquoi pas ?" , c'est une proposition très sérieuse. J'espère qu'elle le comprends.

"C'est ennuyant d'être réaliste." , je plaisante puis j'hésite un peu avant de continuer , en jouant avec ma fourchette. "Tu sais que je ne veux pas me vanter mais quand j'aurai fini mes études ..." , sûrement deux ans si je veux avoir le plus "haut" diplôme .

"Ben , je gagnerai très bien ma vie. Je ne dis pas que tu devras rester chez nous si tu préfères travailler mais...techniquement on pourra très bien vivre correctement , aisément même sans que tu ne travailles. Ce n'est pas que pour la passion que je me suis lancé dans ces études , après tout...Donc...ne te sens pas obligé de sacrifier tout. Ni de devoir bosser comme une dingue."

Je ne veux pas la forcer à devenir euh...mère au foyer.
Mais , quel intérêt de se tuer au travail tout les deux si je gagne assez ? Pourquoi ne pas en profiter pour essayer de concrétiser ses anciens projets ?
2 ans. Ce n'est pas si long. Et , rien ne l'empêche de continuer à y travailler, en attendant.

Visiblement , je suis plus emballé par son projet qu'elle ne l'est elle même. Je vois bien qu'il y a quelque chose qui la gêne dans mes propositions.
C'est vrai qu'aller chercher ses nouvelles n'est pas très prudent , et que je n'ai plus assez d'argent pour lui prendre un ordinateur portable. Mais , l'argent viendra plus tard. Je ne veux pas qu'elle abandonne complètement cette idée. Puis , pour être honnête , j'aimerais bien lire ce qu'elle a écrit également !

Dana reste terre à terre : en attendant que moi-même je puisse gagner correctement ma vie, je n'ai que de maigres revenus pour l'instant , il va falloir qu'elle travaille. Je n'ai rien contre le fait qu'elle veuille redevenir serveuse mais...ce n'est pas si facile non plus.
Cela dit , étant donné que ce serait bien que nous puissions avoir notre propre appartement , un surplus d'argent ne serait pas de refus :

"Comme tu préfères. Je ne te forcerai pas à travailler dans un domaine qui ne te plaît pas , en tout cas. Mais , n'oublie pas que pour le moment , sans papiers , tu ne pourras rien trouver. En plus , avoir du travail en ce moment n'est pas si évident que ça. La hausse du chômage tout ça..." , je lui fais remarquer en serrant tendrement sa main dans la mienne.

Dana ne pense pas que ses nouvelles pourront captiver les gens de notre époque. Je ne sais pas trop , à vrai dire , je lis peu. Mais , je sais que certaines personnes regrettent l'époque où les machines étaient moins présentes , donc c'est possible qu'ils aiment ce genre d'histoires ?
En tout cas , les histoires de voyage dans le temps continuent à passionner les foules , c'est sûr et certain !

"Ta des nostalgiques des années 90 tu sais. Quant aux histoires temporelles faut trouver quelque chose de suffisamment original pour pas te perdre dans la masse de ce qui est publié. Et évidement donne pas trop de détails sur nous !" , j'ajoute en souriant.

La suite de sa phrase me fait éclater de rire et heureusement que je n'étais pas en train de manger d'ailleurs. Je lève les yeux au ciel , un sourire toujours sur les lèvres :

"Comment ça ta vie est pas captivante ? T'a renversé un voyageur temporel qui t'a ensuite sauvé la vie...sans compter le tour en moto...Ça te suffit pas ?" , je plaisante bien entendu.

Je suis sûr que beaucoup trouverait notre vie trépidante. Une vie qui a rapidement changé pour moi en tout cas. 1 semaine et tout est bouleversé.

"On va devoir se focaliser sur ça bien sûr. Néanmoins , saches que je vais garder ton envie d'écrire en tête. Je ne vais certainement pas oublier ça." , je réponds finalement avec un clin d'œil.

Quand mes études seront terminés , il va de soi que je remettrais le sujet sur le tapis. Peut être même avant qui sait. Je ne vais pas la laisser abandonner si facilement.

On finit nos plats , et pour le dessert , je me commande une forêt noire. J'en profite aussi pour réserver discrètement sur mon téléphone le taxi pour le retour , sachant que notre repas va bientôt prendre fin. Je m'excuse même auprès de Dana une fois que notre commande du dessert est passé , pour aller payer la note. Comme cela , une fois que nous aurons fini , nous pourrons partir directement.

J'insiste pour que Dana se donne une chance de réaliser son rêve. Je ne veux pas l'avoir arraché à son époque , et qu'elle abandonne tout ce qui lui a un jour tenu à cœur. Je ne lis pas vraiment , mais la lire , elle , me plairait bien. Et , je suis tout heureux qu'elle accepte de s'y consacrer quelque peu. Elle aura effectivement tout le temps qui lui plaira pour écrire. Car , comme elle le dit elle même , elle n'existe toujours pas en 2020. Trouver un travail n'est pas envisageable , et il faudra bien qu'elle puisse s'occuper un peu :

"Je suis content que tu acceptes. Je suis sûr que tu ne vas pas le regretter ." , je lui répond tendrement en souriant.

"Puis , tu ne vas pas travailler en permanence même après , hein. Enfin , bien sûr , qu'on pourra aller chercher tes nouvelles. Mais , il faudrait qu'on réfléchisse à un moment , une date précise. Tu as encore les clés de chez toi ? L'idéal serait d'y aller à un moment où tu travaillais. Histoire d'être sûr que tu ne te croises pas. Ou que moi je ne te vois pas , si j'y vais seul."

Je ne suis pas rassuré à l'idée de trop utiliser la moto , alors je veux prévoir un plan pour être certain qu'on aura aucun problème. Je ne veux pas me retrouver à nouveau coincé dans le passé , ni provoquer une hécatombe. Et si , je tombe seul sur Dana comment être sûr que cela n'aura pas d'autres conséquences sur nous aujourd'hui ? Elle ne comprendrait pas pourquoi je refuserai de rester ou de parler avec elle , et peut être quelle refuserait de me suivre plus tard.

Enfin , j'imagine que l'on pourra en discuter plus précisément demain ou dans les jours à venir.
En attendant , je réserve le taxi pour le retour, commande le dessert , et m'en vais régler discrètement la note.

Quand je reviens , je remarque que Dana a commandé un dessert au chocolat , excellent choix , et je commence à manger le mien. Une délicieuse forêt noire.

"Non. Leurs desserts ne sont pas toujours les mêmes , alors j'essaie de varier les plaisirs. Mais, la forêt noire c'est ce que je préfère ici." , je réplique à sa curiosité .

Je laisse un peu de silence s'installer ensuite pendant que nous finissons notre dessert. Je lui propose de partir , quelques minutes après que nos assiettes soient vides.

"J'ai déjà payé." , je lui indique alors qu'on se dirige vers les vestiaires pour récupérer nos affaires.

Je lui tiens la main en sortant du restaurant , et comme à l'aller , je lui ouvre la portière du véhicule qui va nous ramener chez moi. J'entoure ses épaules de mon bras , et ne la quitte que quand nous sommes arrivés. Les lumières de l'appartement sont éteintes , et j'en conclus que Ryan et Evan doivent déjà dormir.

La réaction que j’espérais déclencher chez mon amoureux se confirme dès que mes paroles sont énoncées. Il est content que je change d’avis quant à l’éventualité de laisser une chance à mon rêve de se réaliser, avant de me partager son assurance quant au fait que je ne puisse pas le regretter. En effet, quelque soit le résultat, j’aurai au moins la satisfaction d’avoir essayée. Toutefois, je ne me vois pas débuter un roman dès demain. Je suis donc partante pour qu’on aille récupérer mes nouvelles dans le passé, même si je réfléchis déjà aux indications qu’il me donne quant à ce nouveau voyage. Déjà, il faut que cela soit impérativement un jour où je travaillais, afin qu’on ne me croise pas en double. Je veux bien, oui, mais je ne me souviens pas exactement de mes journées de travail en… mille neuf cent quatre-vingt-quinze ? Quatre-vingt-seize ? En quelle année ai-je commencée à les délaisser véritablement, au profit d’autre chose ? Car là n’est pas le tout de revenir avec ces nouvelles sans créer de paradoxe. Il faut aussi que mon ancienne moi ne remarque pas la disparition de ces nouvelles. Tu te formalises de tellement peu de chose, Dana. Me dirait ma vilaine conscience, piquante comme elle était lorsqu’elle me parlait encore. Ce qui aurait été sûrement vrai, puisque j’en ai eu naturellement l’idée.

« _ Oui, j’ai toujours les clefs de mon appartement. Je souffle en réponse à sa question, l’esprit toujours préoccupé par mes réflexions. _ L’idéal serait réellement que tu t’y rendes seul. Je n’ai pas une mémoire très exacte sur mes dates de congés et ce serait trop risqué que je me croise. On ne sait toujours pas quel genre de catastrophe son invention peut provoquer dans un tel cas de figure. _ Le hic est que la seule période où j’ai cessée de penser à ces nouvelles, c’est à partir du moment où tu es entré dans ma vie. Dès cet instant je n’ai directement plus eu que toi en tête et… ton départ n’a pas arrangé cet état de fait. Il faudrait donc que tu te rendes entre la date de ton départ et celle de ton retour, en espérant que la date choisie ne coïncide pas avec l’une de celles où je restais enfermée chez moi à pleurer. »

J’ai comme qui dirait oubliée de marquer ma mémoire des petites choses qui ne concernaient pas mon scientifique. Je n’ai donc plus qu’un immense flou concernant cette année passée sans lui. Ce qui rend ce voyage réellement dangereux. Peut-être devrions-nous l’annuler ? Qu’est-ce que ça me coûte de me pencher sur une nouvelle histoire ? Je réfléchis à cette éventualité, quand le serveur vient prendre nos commandes pour le dessert. Je choisis un trio de mousses aux chocolats qui s’avèrent succulent, tandis que je questionne mon amoureux quant à son propre choix. Commande-t-il toujours une forêt noire lorsque ses parents l’invitent dans ce restaurant ? Non. Les desserts ne sont pas toujours les mêmes à la carte, et la forêt noire est ce qu’il préfère. J’acquiesce d’un sourire entendu, tandis que le silence nous tiens compagnie jusqu’à la fin de nos dégustations respectives. Ensuite, mon amoureux me propose que nous rentrions à l’appartement, et je valide cette proposition d’un hochement de tête, souriante.

« _ C’était donc ça le motif de ton absence à table. Je déduis amusée, après qu’il m’ait indiqué qu’il a déjà payé la note. _ Tu ne voulais pas que je puisse entendre le total de l’addition. »

J’en ris doucement, récupérant mes affaires aux vestiaires, bien que je trouve cette attention totalement adorable. ‘Fin, si c’était bien l’intention évidemment. Je ne prétends pas que sa volonté n’était pas non plus de simplement prendre de l’avance. Ce que je n’exclus pas, surtout lorsque je remarque que le taxi nous attend déjà à l’extérieur du restaurant.

« _ Tu es si prévoyant. Je souffle doucement en grimpant dans celui-ci, avant de me fondre dans ses bras sur la banquette arrière. _ J’ai passée une magnifique soirée. Merci pour ce dîner. »

Je joins dès lors un baiser à cette parole, confirmant ainsi ma gratitude, demeurant tout de même dans la retenu. Le trajet se passant alors dans un silence apaisant, je rentre dans l’appartement en compagnie de mon amoureux, sans la moindre appréhension de croiser ses colocataires, quand je constate qu’ils sont déjà couchés. J’imagine qu’il est tard. C’est du moins ce dont je m’assure sur la première horloge que mes yeux croisent, avant qu’elle ne confirme cette pensée : il est un peu plus de minuit. Josh doit être épuisé de cette longue journée. Je l’invite à se mettre à son aise, pendant que je vais moi-même me changer dans la salle de bain où j’en profite pour me brosser les dents. Ensuite, je lui reviens doucement, prête pour la nuit, prenant place dans le lit tendrement blotti dans le creux ses bras, comme la nuit précédente.

« _ Je suis bien avec toi. Je lui murmure, tournant mon visage, plongé dans la pénombre, pour l’embrasser. _ Tu me rends tellement heureuse. »

Je ne pensais pas que cela puisse être possible avant de le rencontrer. Et je ne pensais pas non plus que je pourrais désirer un homme comme je le désire en cet instant. Je me surprends à laisser ma main vagabonder naturellement en de douces caresses sur son torse, à même le tissu de son haut, tandis que ma langue se fraye un chemin dans le creux de ses lèvres. Je ne le brusque pas, du reste. Je tiens à ce qu’il puisse me dire « stop » à tout moment. Mais aux soupirs que je laisse glisser entre nos bouches enamourées, ainsi qu’aux caresses que j’aventure maintenant directement à même sa peau, je lui laisse entendre que je suis prête à m’offrir à lui intégralement.

Faisons-le cette nuit mon amour.
Je suis prête à être totalement tienne.

Il va falloir qu'on réfléchisse à une date pour aller récupérer ses nouvelles. Évidemment, elle ne peut pas se souvenir de quand est-ce qu'elle travaillait exactement , et on va devoir y aller un peu à l'aveuglette. Moi qui suit justement du genre à foncer sans réfléchir , je me promet de planifier mieux ce voyage-là. Il est hors de question que je fasse n'importe quoi , cette fois-ci. J'ai pu voir à quel point ça peut être dangereux donc...Autant éviter.
Mon père va suffisamment gueuler quand on passera les voir , alors si en plus je lui dis qu'on a fait un "voyage inutile"...Faudra que je pense à dire à Dana de ne pas mentionner ses nouvelles devant mes parents , d'ailleurs .

Mon cœur se serre quand Dana me rappelle qu'elle a grandement souffert de mon départ. Il ne s'est pas écoulé beaucoup de temps pour moi , mais pour ma petite amie , elle a vécu sans moi pendant 1 an. J'ai du mal à m'en rendre vraiment compte, parfois. Ce décalage me perturbe , ou plutôt de l'incompréhension.
Je lui sers tendrement la main. Elle sait que j'ai regretté mon choix de la laisser derrière . Je ne vais donc pas revenir dessus.

"D'accord . Sûrement dans la fin de l'année 95 alors. Il faudra que tu me dises où tu les as rangé , et je me ferai le plus discret possible."

On poursuit notre conversation , avant que je ne l'invite à regagner l'appartement. Sa remarque sur pourquoi je me suis absenté de table me fait rire , et doucement je viens déposer un baiser sur sa joue pour toute réponse. Je voulais gagner du temps en premier lieu , mais c'est vrai que je suis heureux qu'elle ne sache pas combien j'ai payé. J'espère qu'ainsi , elle "culpabilisera" moins. Ses compliments me font toujours autant plaisir , et je profite que nous soyons l'un contre l'autre , tout le long du trajet retour.

Je récupère quelques affaires dans la salle de bains avant que Dana n'y aille se mettre à son aise. Je me rafraîchis un peu , me brosse les dents rapidement dans la cuisine , avant d'enfiler un vieux pyjama , et de me mettre dans mon lit. La journée a été plutôt longue , et je crois que je suis beureux de pouvoir enfin me poser un peu.
Dana me rejoint quelques minutes plus tard , et je souris contre ses lèvres au mots qu'elle prononce :

"Tu me rend tout autant heureux. Je t'aime." , je murmure en réponse , tendrement blottit , dans le creux de ses bras.