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Le ciel est un océan suspendu (Val & Dreamcatcher)

Dreamcatcher
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Dreamcatcher
Dim 24 Mar - 14:38
Le ciel est un océan suspendu (Val & Dreamcatcher) - Page 3 Elisim10
Elizabeth Van Sechtelen
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement.

Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux.
Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.

1994

Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri...
Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges.
Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.

Un.
Deux.
Trois.

Le bruissement du rideau qui se lève.
Arrêt sur scène.
Les secondes ralentissent.

Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement
L'audace d'une extravagance
Le chant d'un songe
L'insolence de l'irréalité

Le théâtre. Le RÊVE.

Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.

Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.

Le ciel est un océan suspendu (Val & Dreamcatcher) - Page 3 5mlw



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Un petit oiseau perché sur une branche prête à se briser et l'oiseau va imploser puis disparaître....C'était ainsi qu'Eli percevait Simon : fragile, fracassé à l'intérieur. Il avait eu un accident très grave mais n'en avait pas dévoilé davantage, ne s'était pas confié en profondeur. Qu'avait subi son corps ? Les zones d'ombres et de non dits entouraient le jeune homme telle une armure, une sale armure qui l'emprisonnait. Mais elle ne se sentait pas de le « creuser » maintenant. Déjà, il se noyait dans ses peurs alors mieux valait éviter pour le moment de lui rajouter du stress. L'urgence se déclinait en un point fondamental : accepterait-il de rester chez elle quelques temps ? Au moins celui de se refaire une santé, de ne plus être coincé dans cette gangue traumatisante qui l'empêchait de vivre tout simplement ! Mais que pourrait-elle faire ? Comment l'aider alors même que des spécialistes avaient échoué ?! La tâche, immense, a priori impossible ne faisait pas peur à la rousse cependant. Elle ne pouvait pas faire grand chose hormis lui ouvrir sa maison, lui offrir un refuge, partager ce qu'elle était. C'était simple. C'était fou.

Pourquoi tout en elle aspirait à le ...sauver ? Ce bouillement intérieur surgissant, cette urgence impatiente qui lui prenait les tripes : un manque à aimer l'Autre parce qu'elle même avait été mal-aimée  ? Un creux d'amour a contrario débordant, assoiffé d'humain, annihilant le vide des cœurs pour mieux le combler ?  

Le sentiment d'exil qui lui collait à la peau s'était dissipé avec Ob mais parfois, elle le pressentait, là, ensommeillé dans ses tréfonds. Un rien suffisait pour le réveiller tel un kraken soudain dérangé dans sa latence. Le seul espace où il avait totalement disparu se trouvait dans les airs quand ils avaient volé ensemble...

Mais la vie terrestre n'en avait pas terminé avec elle, pas encore. Alors en attendant le voyage éternel avec l'aigle, elle se devait de protéger Simon. Sans concession, sans explication. Une pépie à assouvir instinctivement, extravagante, fiévreuse. La part irrationnelle, dévorante, émouvante qui la bousculait quelque fois faisaient rire ses amis. Eli et son syndrome de Saint Bernard. Ils ne saisissaient pas la complexité de l'intention et de la puissance pure qu'elle y mettait parce qu'elle n'en avait jamais rien dit tout simplement. Ils ne savaient pas et leur ignorance était une saine chose.

Simon...Simon...Il toquait sans le vouloir sur son cœur et elle lui avait ouvert aussi grand qu'elle pouvait. Tandis qu'il se cramponnait trop fort, elle pensa brièvement qu'elle devrait lui expliquer...

- Je suis désolé. Je n'arrive pas à me contrôler, c'est le problème, je ne contrôle rien tu comprends ? Quand j'entends ça je revois des phares, il n'y a pas beaucoup de voitures, c'est la nuit, je pourrais éviter -je crois- mais je suis figé au sol à voir le camion arriver... Quand j'essaie de me décaler, enfin, la voiture derrière me fauche les jambes, et je suis pris entre les deux...

L'entendre, le comprendre lui fit mal. Visualiser la scène qu'il décrivait lui fit mal. Les conséquences lui firent mal. Que faire pour le sortir de ce traumatisme ?! Que dire ?!

-Tu n'as pas à être désolé Simon. Personne ne peut...Tu...tu es le seul à avoir subi ça alors tu peux hurler et exprimer tout ce que tu veux, tout ce que tu peux, tout ce qui te traverse au moment où ça te traverse.

Comment l'aider ? Comment l'aider ?! Ce sentiment d'impuissance, insupportable, frustrant... Une révolte sourde gronda en elle. L'injustice incommensurable de la loterie de la vie incarnée en ce bel inconnu désincarné de son essence, déserté de sa mémoire, aligné sur des milliers brisures...

Elle luttera pour lui mais ne pourra pas le sauver malgré lui. Alors, comme d'habitude, Elizabeth se déplia en fossoyeuse, sondant les cœurs et les âmes... Atteindre la lumière enfouie, déterrer une ressource, ressusciter un espoir... Renvoyer le reflet du miroir à sa source pour éclabousser le Noir. Accoster là où ça pouvait faire mal.

Il ne répondit qu'à une infime partie de ce qu'elle interrogeait, peu importait pour le moment. Sa réaction suffit à la conforter dans la mésestime profonde dont il faisait preuve.

-Je ne sers jamais à rien...

Le visage douloureux tout à coup, ses traits en furent déformés ! Eli crut qu'il allait de nouveau crier mais il se contint avec peine. Elle ne pouvait pas le laisser affirmer une telle aberration ! Un aveuglement ! Un mirage !

Une brassée de secondes, elle hésita. N'était-ce pas prématuré ? Stérile ? Déplacé ? Pourtant...pourtant elle n'avait rien d'autre.

Elle se laissa glisser sur le tapis, s'assit sur ses talons, se tourna devant lui pour le regarder en face. Un peu en contre bas, elle tendit la main pour ôter la sienne de sa bouche avec douceur, puis tint serrer ses deux paumes entre ses doigts.

-Simon...


Un soupir, une pause. Ses yeux s'accrochèrent à son regard.

-...Avant, peut-être que tu ne servais à rien. Peut-être aussi que cela t'arrangeait de le croire, de le vivre de cette manière. Ne servir à rien... ça permet de se cacher, de ne pas être vu... Je ne sais pas. Mais à partir de maintenant, entends tu, à partir de maintenant, je te... comment te dire... … … Je t'implore d'ouvrir ton cœur et de prendre conscience que tu as du sens pour moi. Tu-as-du-sens- pour moi. Tu es important pour moi. Tu as de la valeur, beaucoup de valeur dans mon cœur. Donc... si tu me dis que tu ne sers à rien... c'est comme si tu niais cette...préciosité que j'éprouve pour toi. Je t'aime comme tu es Simon, comme-tu-es et comme ce que tu n'es pas parce que tu as perdu la mémoire. Je t'en prie, ne m'efface pas dans ce présent que nous partageons tous les deux.

Aller plus avant ? Lui dire...l'autre chose ? Il pourrait s'en effrayer, ne pas comprendre. Chat échaudé craignant l'eau froide, Elizabeth estima que cet accent de vérité suffisait.

L'histoire avait eu son petit effet, elle se leva, lança un fond de musique entraînante qui se répandit dans la cuisine.

-Ok !

Elle lui indiqua ce qu'il pouvait faire, où se trouvaient les ustensiles, la vaisselle etc. Lui raconta et ci et ça, plaisanta, chantonna, fit un pas de danse en le prenant par les épaules, faillit faire tomber le plat qui sortait du four... Simon avait toujours été là, depuis...n'est-ce pas...

Il pouvait partir dès qu'il l'aurait décidé, alors elle en profitait comme si c'était leurs derniers instants. Leurs derniers instants...


Amène moi
Val
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Val
Mar 2 Avr - 18:08

Simon Smith,
disent-ils...  

J'ai paraît-il 22 ans et je vis pour le moment à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis .. . que dire ? Tout et rien ? En quête d'emploi, d'utilité, d'identité ? Je suis caractérisé par une chose très particulière, je suis amnésique j'ai perdu la mémoire à la suite d'un accident de la route, aux USA en Californie il y a un peu plus de deux ans.



J'ignore ce que j'y faisais, et qui je suis et personne ne peut me le dire autour de moi L'enquête menée après le carambolage qui a causé la mort de six personnes, n'a pas permis de définir d'où je sortais ni ce que je faisais là. Je suis très probablement célibataire, mon jeune âge le laisse supposer mais si j'ai eu dans ma vie une personne aimée, elle est désormais dissimulée comme le reste sous la chappe de plomb qui me sert de mémoire.




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Le ciel est un océan suspendu.  

Elizabeth &  Simon

Le ciel est un océan suspendu (Val & Dreamcatcher) - Page 3 Foret11


« Le ciel est un océan suspendu. De temps à autre, il fond sur nous, lavant les collines et les maisons à l'eau de mer. » (*)

Décembre 2023

- ...Avant, peut-être que tu ne servais à rien. Peut-être aussi que cela t'arrangeait de le croire, de le vivre de cette manière. Ne servir à rien... ça permet de se cacher, de ne pas être vu... Je ne sais pas.

Peut-être que ça t'arrangeait de le croire ? De le vivre de cette manière ? De moi on peut dire beaucoup de choses... que je ne suis pas un manuel, que mes mains refusent de suivre les instructions de mon cerveau dés lors qu'il s'agit de construire, réparer, nettoyer ou même servir quoi que ce soit... Mes jambes ne m'aident pas non plus, encore peu sûres après deux ans, réticentes, tremblotantes, craintives à l'idée de supporter mon corps et de lui permettre de se mouvoir. Pourtant, quand je suis seul, je marche, l'arrive même à courir, sous l'effet de frayeurs que je ne peux nommer... mais malgré tout cela, mon intellect fonctionne, trop probablement, il cherche, creuse, analyse, compare, dissèque la moindre sensation, la moindre interrogation... Je le sens méthodique et acharné, tenace, cartésien, mathématique... J'ai dans la tête un ordinateur auquel on a laissé son processeur mais dont on a reformaté les disques, plus de données mais la capacité de calculer  à l'infini. Il fait ce qui est nécessaire pour recomposer sa base d'information, stocke, range, essaie de relier les bouts, et pour l'instant échoue.

J'essaie de ne pas soupirer physiquement, je ne sais pas par quel hasard elle a été mise sur ma route mais elle m'aide, elle veut m'aider ! C'est la première, pourtant je jurerais qu'elle ne sait rien de moi ? Après... justement parce que j'ai un esprit plus mathématique que rêveur, je me doute bien que les probabilités de tomber dans ce pays sur quelqu'un qui m'ait connu sont infinitésimales.

Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Que pourrait me dire, sur celui que je ne suis plus, une ancienne connaissance ? Elizabeth a-t-elle raison ? Ai-je choisi de n'être rien ? Ai-je choisi d'oublier ? Suis-je à l'origine de ce que toute une partie de moi dirait une douleur infernale et mortelle ? Imaginez... Vous réveiller un jour dans un corps inconnu, entendre des voix que vous ne situez pas, allongé dans un lit, relié à l'existence par des tuyaux, des fils, des écrans, des aiguilles scotchées sur la peau... Puis lentement revenir au présent, vous dire : ce corps doit être le mien... Puis ouvrir les yeux et découvrir que... la page est blanche, les précédentes aussi ! Le livre de la vie n'est plus, vous ne savez plus quel nom on vous donnait, d'où vous veniez avant ce qui vous a amené ici, qui vous aimait ou vous détestait, quel métier vous exerciez ou quelles études vous suiviez, si vous aviez une famille ou pas ? Vous êtes posé sur ce lit, recollé de partout, la douleur malgré les calmants vous possède, et dans vos yeux qui cherchent, creusent, écartent les ombres de toutes leurs forces, la détresse s'installe, vous êtes aveugle, vous arrivez au monde aujourd'hui, avant il n'y avait rien, après... Il n'y aura rien non plus. Je n'ai pas eu accès aux journaux, ni à aucun média pendant les premiers mois, je les ai découverts plus tard, ai reçu comme un poignard dans le cœur les supputations sur « le garçon de l'autoroute », « l'assassin involontaire que son amnésie arrange bien », on m'a soupçonné de simuler, on a inventé des complots, pendant quelques mois les suppositions et hypothèses les plus folles ont circulé, faisant de moi tour à tour une victime poignante ou un meurtrier froid et d'une intelligence rare !

Mais de moi, ce vrai moi confronté au vide, personne n'a parlé. Les médecins et la police ont fait en sorte qu'aucun journaliste ne franchisse le pas de ma chambre, je n'ai pas pu raconter mes cauchemars, ma terreur, ma douleur physique comme morale ! Je n'ai pas pu donner mon point de vue, et lorsque j'aurais pu -enfin- je n'avais plus aucune envie de retourner ce lopin de boue mêlée de fumier délétère... J'ai réappris à marcher, à me servir de mes mains, on a creusé les décombres de ma mémoire... mon corps a répondu présent, mon esprit non. Se peut-il qu'il refuse d'ouvrir la porte parce que ce qui se cache derrière est encore pire que tout ce que je peux imaginer ?

Pendant le repas, mes yeux s'embrument parfois avant que ma volonté n'ordonne à mon cerveau d'écouter la musique et de manger. J'ai peur d'être bien silencieux pourtant … manger, en compagnie, une compagnie qui prend plaisir à vous avoir à sa table et non un locataire du foyer qui vous a accepté parce qu'il voyait bien qu'il n'y avait plus d'autre place dans cet espèce de réfectoire où moyennant une misère on arrivait à se nourrir à condition de ne pas prendre garde au goût, à l'odeur et à la texture de ce qu'on ingurgitait...

- ...Tu-as-du-sens- pour moi. Tu es important pour moi. Tu as de la valeur, beaucoup de valeur dans mon cœur. Donc... si tu me dis que tu ne sers à rien... c'est comme si tu niais cette...préciosité que j'éprouve pour toi. Je t'aime comme tu es Simon, comme-tu-es ...

j'ai laissé passer … dix ? Quinze minutes ? J'ai écouté, entendu, synthétisé puis soudain ce que je pense sort de mes lèvres...

- Pourquoi ?

Je jette un coup d'oeil autour de moi, elle a presque tout fait, comme d'habitude mes mains si habiles pour certaines choses demandant du calme et de la précision -j'ai découvert les maquettes auprès d'un type chargé de me rendre mon agilité- se sont avérées incapables de mettre une table sans risquer de lâcher les assiettes... Je souris, piteusement...

- Pourquoi  ai-je de la valeur pour toi ? Je ne suis qu'un inconnu rencontré dans la rue ? Tu ne me connais pas ? Je pourrais être un type immonde qui attend son heure pour te sauter dessus ?

En ai-je l'air ? Pourrais-je agresser une femme qui m'a aidé ? Honnêtement, j'ignore à quoi je ressemble mais une chose est sûre pour moi, ni aujourd'hui ni jamais je ne pourrais m'en prendre à qui que ce soit, j'en mettrais ma main au feu... Rien que l'idée d'une violence, directe ou détournée, me donne la nausée. Mais ce que je dis est vrai, elle ne sait rien de moi ? J'ai raconté une histoire, j'ai très peu dit d'ailleurs, enfin il me semble... mais j'aurais pu mentir ? Avoir ce conte misérabiliste en stock pour attendrir les gens ? Je sais que je fais très jeune, je pourrais sans trop de difficultés passer pour un ado, ça joue dans l'appréciation qu'ont les gens de moi, parfois en ma faveur, parfois contre.. J'ai aussi l'air d'un garçon bien élevé et je suis poli, presque anachronique, cela aussi influe. En fait, à nouveau, je voudrais savoir qui je suis réellement, pas seulement ce que je semble être... Me sait-elle si sincère ? Elle est comédienne, elle sait peut-être déceler le mensonge comme la vérité ?

Dans ma tête, comme si je me dédoublais, j'entends une voix réciter, puis chanter... Elle dit que cette langue est du russe ? Alors je suis quelque part en Russie, là-bas dans mon imaginaire ? Une Russie dont je ne sais rien, simplement ce que les médias en racontent et qui n’incite pas vraiment à vouloir y vivre ? Mais la voix est là et ce qu'elle dit est beau... curieusement, la traduction est instantanée mais celui qui la dit... ne pourrait s'exprimer autrement, les paroles sonnent comme autant de larmes de joie...

Je vous aimais… et mon amour peut-être
Au fond du cœur n’est pas encore éteint.
Mais je saurai n’en rien laisser paraître.
Je ne veux plus vous faire de chagrin.
Je vous aimais d’un feu timide et tendre,
Souvent jaloux, mais si sincèrement,
Je vous aimais sans jamais rien attendre…
Ah! puisse un autre vous aimer autant.
 

Pourquoi encore ? Pourquoi une simple déclaration d'amitié fait-elle remonter cela ?

- Je ne sais pas moi-même qui je suis Elizabeth... Enfin qui j'ai été. Aujourd'hui, je suis un Américain perdu en Finlande, avec quarante dollars en poche, aucun diplôme, pas de compétence particulière, qui ne sait pas vers qui se tourner pour même savoir s'il a le droit de rester ou s'il doit repartir... et qui a totalement oublié dans quel endroit bizarre il a caché son sac !

Ma belle poésie d'amour est rayée de la carte, le présent me revient en pleine figure... L'angoisse, la peur, l'absence de visibilité en un avenir hypothétique me figent, le repas que je viens de faire menace de ressortir tant je suis tendu... Je me mords les lèvres, ne me rends même pas compte que je me tords les doigts en serrant mes mains l'une contre l'autre dans un geste d'authentique désespoir...

- Je ne peux par y retourner... Ils vont me demander de rembourser !  Je secoue la tête, comme pour m'excuser d'être incompréhensible... - Quand je me suis réveillé, une Association avait accepté de prendre mes soins en charge, il n'y a rien de prévu là-bas pour ceux qui n'ont pas d'argent et si j'avais une assurance, comme personne ne connaissait mon nom, elle n'a pas été sollicitée pour payer... Et ensuite ils m'ont expliqué que je devais rembourser, pour qu'ils puissent assister d'autres victimes. J'essaie de me calmer, d'être audible, je ralentis mon débit, m'oblige à respirer de grandes lampées d'air pour ne pas céder  à la panique...

- Je n'ai pas un sou, je suis incapable de travailler plus de deux semaines sans me faire virer ! Et puis... huit mois d'hospitalisation et un an de rééducation... Jamais je ne pourrais rembourser ça... Ils auraient dû me laisser crever !

Je suis redevenu le gamin en fuite, j'ai le sentiment d'ailleurs de ne pas fuir qu'eux. Quand la somme  déboursée pour me garder en vie est apparue sur une feuille dactylographiée, j'ai failli avoir un arrêt du cœur... J'aurais dû négocier, arguer que c'était impossible, qu'ils devaient bien le comprendre ! Pourquoi ont-ils payé ? N'y avait-il chez eux personne pour comprendre qu'on ne condamne pas un homme pour une vie entière ? Si je ne m'étais pas réveillé, ça n'aurait fait de différence pour personne ! Je ne manquerais pas, je n'existe pas.

Je ne dis plus rien, je revois la mer... cette mer si froide qu'on ne peut y tenir plus de quelques dizaines de minutes... Je ne peux pas payer, je ne veux pas « rentrer », et je n'ai nulle part où aller...

Je murmure...

- Tu aurais dû me laisser tomber... je me serais assommé, je n'aurais eu conscience de rien...

Et le lendemain les services de voirie du port auraient trouvé un sans-abri noyé, tombé du quai, fin de l'histoire...

Mais non, je ne pourrai plus ?

Je baisse la tête,

Je n'ai plus la force...

de rien.



Ne m'abandonnez pas:

-------
(*)  Frédéric Beigbeder Un roman français (2009)





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Mer 10 Avr - 2:44
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Elizabeth Van Sechtelen
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement.

Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux.
Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.

1994

Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri...
Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges.
Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.

Un.
Deux.
Trois.

Le bruissement du rideau qui se lève.
Arrêt sur scène.
Les secondes ralentissent.

Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement
L'audace d'une extravagance
Le chant d'un songe
L'insolence de l'irréalité

Le théâtre. Le RÊVE.

Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.

Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.

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Emotions


-Pourquoi ?


La question tombe comme tombe la pluie : drue, douce, trempée, invasive, vraie, pure.

Pourquoi ?


Profonde comme les étoiles, brûlante comme le soleil. Ce soleil qui t'habite et que tu ne vois pas parce que tu es aveuglé par le vide de ta mémoire.

Pourtant.

Si tu savais.
Si tu voyais.


Foudroyée de surprise, Elizabeth s'arrêta de mâcher, fourchette en l'air.

Pourquoi ?


« Pourquoi pas »
s'inscrivit en lettres de feu dans sa tête. Une réponse trop dure qui évitait l'essentiel. Interdite, elle avala, prit une autre bouchée.

En fond, la musique coulait, son attention s'y fixa. Se taire, s'envahir pour fuir...Levant les yeux sur lui, elle contempla ses prunelles, les traits de son beau visage.

D'ordinaire, d'habitude, c'est elle qui touche les âmes et les cœurs, qui ramasse les morceaux, qui console, qui cajole. Elizabeth EST dans ce sens et non dans l'autre depuis des siècles. Elle aime s'y perdre, ne pas être trouvée.

Symphonies des ordres et des désordres
Sons de lumière
Chaos des bonds et rebonds des émotions
Couleurs du Temps
Qui pleurent les débordements

Pourquoi ?

Projetée immobile. Là où c'était douloureux, là où personne n'était invité, là où le néant se criait.

Une joie vient et s'efface.


Elle posa deux doigts sur le pied du verre en cristal et le fit tourner. Les yeux vagues à observer le mouvement silencieux, elle finit par relever la tête. Dévora Simon du regard.

-Parce que...Je suis comme ça, je n'ai pas besoin de raisons pour aimer quelqu'un. Je suis amoureuse de l'irrationnel, des chemins où l'on peut se perdre. J'ai toujours été attirée par ce qui ne se voit pas.

Soupir.

-Ce serait comme répondre au pourquoi avoir choisi ce restaurant et cette date de soirée avec des amis, pourquoi s'être séparés à cette heure précise, pourquoi avoir garé ma voiture face à la mer, pourquoi tu as eu envie de...à ce moment là, tu ne crois pas ? Ce sont des circonstances, de l'aléatoire, peut-être un destin...


...Un hasard ? La rousse préférait s'ondoyer d'un acte de foi. Ils avaient été mis en présence pour vivre quelque chose ensemble ! Plus les secondes passaient et plus son intuition la croquait toute entière mais lui partager une telle... « dimension mystique » allait le faire fuir !

-Tu cherches, tu te cherches sans relâche, tu cherches ce qui ne peut se trouver. Quand je pense à toi, je t'imagine pâmé face à la nuit, face au silence d'éclat des étoiles brisées sous tes pas, les astres évaporés de ton âme. Tu espères l'étincellement du jour te déchirant telle une faille incandescente brûlant les écumes noires de ta mémoire.


Sourire.

-Tu peux te moquer de ces mots que tu jugeras sans doute pompeux mais je n'ai pas envie de te le dire autrement. Tu es comme... des flammes de lune, brillant, baigné de vérité et d'amour. Mais tu t'es trompé de face, tu t'éparpilles sur son côté sombre, celui que l'on ne voit jamais. L'autre... tu l'as oublié de fait. Mais moi je le vois. Il est toujours là.

Elle avait remarqué par ailleurs à quel point il s'empêtrait pour effectuer des actes simples : ses hésitations à trouver le tiroir du haut, les couverts qu'il avait fait tombés sur la chaise, la bouteille qu'il avait manipulé avec une  maladresse de nouveau né ! Elle en avait eu le ventre serré pour lui.

-Pourquoi  ai-je de la valeur pour toi ? Je ne suis qu'un inconnu rencontré dans la rue ? Tu ne me connais pas ? Je pourrais être un type immonde qui attend son heure pour te sauter dessus ?


Elle rit puis sa réaction fusa, évitant de répondre complètement :

-En effet mais je te renvoie la balle : je pourrais être une fille immonde qui attend son heure pour te sauter dessus, te tuer, te torturer.

« Te dénoncer de n'importe quoi. Ta parole contre la mienne, tu vois ce que ça pourrait donner ? Je ne donne pas cher de ta peau ». Cette pensée demeura confidentielle, le pauvre garçon en aurait eu des sueurs froides, chamboulé, terrorisé par une éventualité de principe. Il avait besoin d'être rassuré avant tout !

-Ne me repousse pas pour de mauvaises raisons Simon. J'ai un tout petit peu de matière grise que j'utilise pour savoir à qui j'ai affaire. De surcroît, mon intuition est mon guide suprême et indéfectible qui ne m'a jamais fait défaut ni ne s'est trompé. Crois moi, je te perçois peut-être mieux que toi même, en tous cas différemment. Je sais ce que je fais, ce que je choisis de faire et que ce soit toi ou quiconque, personne ne m'empêchera de faire ce que je veux. Ceci dit, admettons que je me plante sur toute la ligne, tu serais un pourri ? Soit. De fait, je m'en fiche, j'en prends le risque, où est le problème ? C'est mon choix de t'ouvrir ma maison, mon cœur et ce que je fais des deux ne regarde que moi.


Elle but une longue gorgée. Sa franchise n'avait d'égal que la sincérité qui l'animait. Elle s'exprimait avec une douceur infinie cependant, prenant soin de ne pas heurter le jeune homme. Par intermittence, le visage masculin trahissait une émotion mais par pudeur, elle faisait comme si elle ne remarquait rien.

-Essaie une autre...stratégie ? Plutôt que t'arcbouter sur ce passé qui pour l'instant est figé dans une gangue de glace et de rien, vis le présent ? Prends conscience de ce qui se passe maintenant. Tu ne sais pas vers qui te tourner ? Eh bien, tourne toi vers moi ? Tente l'expérience...Ton sac ? Il n'est pas dans un endroit bizarre, il est là-haut, rangé dans l'armoire de ta chambre.

Elle souriait, le prenait au mot, lui rappelait ce qu'elle lui avait donné, détournait à sa façon le drame qu'il subissait.

-Perdu en Finlande ? Non Simon, tu es au 15 Joukolavägen
.

Constatant la crise d'angoisse qui pointait le bout de son nez, son geste aux phalanges blanchies, elle tenta de l'en détourner.

-Tu veux un morceau de gâteau ? Café ? Thé ? Je crois que je n'ai plus de chocolat.


Elle alla chercher le dessert, lança la machine à café.

-Tiens, sers toi.


Elle l'écouta soigneusement, le laissa s'épancher. Une dette colossale... Comment trouver la paix avec cette épée de Damoclès qui risquait de lui tomber dessus du jour au lendemain sans crier gare ? Au fur et à mesure qu'il parlait, elle prit sa décision. Rapide. Radicale.

-Tu aurais dû me laisser tomber... je me serais assommé, je n'aurais eu conscience de rien...


-Bien sûr et moi j'aurais passé le restant de ma vie avec ta mort sur la conscience et le cœur. Ça ne se passe pas comme ça mon ami. J'ai le palpitant qui bat régulièrement avec un rythme qui me convient, hors de question qu'il se mette à cogner n'importe comment à cause d'un petit jeunot comme toi qui me dit comment je dois l'utiliser ! Non mais !

Joyeuse, elle lui lança sa serviette de table qu'elle avait promptement roulée en boule. Un peu d'humour ! De recul ! Noyer le poisson. Détourner son attention tout en le raccrochant au présent.

-Quelle est le nom de cette association ? Tu en reprends ? Après, je vais te montrer quelque chose si tu veux.

En secret, Elizabeth était suspendue à sa réponse.

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Spoiler:


Val
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Val
Dim 28 Avr - 14:48

Simon Smith,
disent-ils...  

J'ai paraît-il 22 ans et je vis pour le moment à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis .. . que dire ? Tout et rien ? En quête d'emploi, d'utilité, d'identité ? Je suis caractérisé par une chose très particulière, je suis amnésique j'ai perdu la mémoire à la suite d'un accident de la route, aux USA en Californie il y a un peu plus de deux ans.



J'ignore ce que j'y faisais, et qui je suis et personne ne peut me le dire autour de moi L'enquête menée après le carambolage qui a causé la mort de six personnes, n'a pas permis de définir d'où je sortais ni ce que je faisais là. Je suis très probablement célibataire, mon jeune âge le laisse supposer mais si j'ai eu dans ma vie une personne aimée, elle est désormais dissimulée comme le reste sous la chappe de plomb qui me sert de mémoire.




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Le ciel est un océan suspendu.  

Elizabeth &  Simon

Le ciel est un océan suspendu (Val & Dreamcatcher) - Page 3 Foret11


« Le ciel est un océan suspendu. De temps à autre, il fond sur nous, lavant les collines et les maisons à l'eau de mer. » (*)

Décembre 2023

- … je n'ai pas besoin de raisons pour aimer quelqu'un. Je suis amoureuse de l'irrationnel, des chemins où l'on peut se perdre...

Ses paroles amènent sur mes lèvres un sourire perdu. « Je n'ai pas besoin de raison pour aimer quelqu'un » a-t-elle dit ? Ai-je aimé ? Qui ai-je aimé ?

C'est vrai, les « pourquoi » n'ont pas leur place dans ces choses... Elle continue et je voudrais croire ! « Tu es comme... des flammes de lune, brillant, baigné de vérité et d'amour. Mais tu t'es trompé de face, tu t'éparpilles sur son côté sombre, celui que l'on ne voit jamais. L'autre... tu l'as oublié de fait. Mais moi je le vois. Il est toujours là. »

Mon sourire se fend, comme une vitre qui se brise à force d'être exposée au vent, au soleil et au passage des hommes...  

- Tu cherches, tu te cherches sans relâche, tu cherches ce qui ne peut se trouver. Quand je pense à toi, je t'imagine pâmé face à la nuit, face au silence d'éclats des étoiles brisées sous tes pas, les astres évaporés de ton âme... 

J'entends ce qu'elle dit, je cherche oui, je cherche... Parce que si je ne cherche pas je sombre. C'est comme ces étoiles, ne sait-elle pas qu'une théorie dit que les étoiles mortes deviennent des trous noirs ? Je suis un trou noir. J'aspire en moi et le désintègre tout ce qui me rapprocherait du moi passé... Je vis par impacts, chaque souvenir qui s'ouvre et disparaît aussitôt est comme une balle que le trou avale, ne lui laissant pas même l'opportunité de mettre fin à mes souffrances !

... a écrit:
J'ai rêvé que j'étais avec une femme, je ne sais plus qui elle était... Nous étions sur une plage, mais pas une plage gaie et ouverte, pleine de soleil et de joie, de monde, de légèreté... C'était une plage sombre, presque en noir et blanc, au bord d'une forêt épaisse, entre la forêt et la plage il y avait une sorte de clairière d'herbe rase et grise, sur la plage des arbres flottés, lâchés là comme au hasard, comme autant d'épaves...

Le seul endroit lumineux appelait l’œil sur un homme, couché sur le dos, au sol, il avait les yeux fermés et -s'il respirait bien- il y avait quelque chose d'étrange dans sa respiration. Comme une douleur, une espèce d'arythmie cardiaque comme en ont les gens qui peinent à pomper le sang dans leurs veines, à le faire circuler. Je ne saurais pas plus dire qui il était, il était nu, sa peau était d'un blanc comme réverbérant, il éclairait les parages, à environ deux mètres autour de l'endroit où il gisait.

La femme paraissait effrayée, elle me disait « j'ai voulu le repousser du pied pour le retourner, je n'arrivais pas à le toucher de mes mains, et le sable autour a bu du sang! » Comme je regardais sans rien voir, elle a crié « Je t'assure que c'est vrai ! ». Alors je me suis baissé, agenouillé, et j'ai essayé à mon tour de le retourner ? Pourquoi ? Sans doute parce que son immobilité et sa respiration trop saccadée me le désignaient en danger et que la face visible étant intacte il fallait chercher leur raison de l'autre côté ?

J'ai senti une résistance, et il a gémi. J'ai eu le sentiment qu'il était -non en train de mourir- mais de dormir d'un profond sommeil. Je me suis baissé encore un peu pour regarder ce qui le maintenait au sol, et j'ai vu...

Des racines !

Il était en train de s'enraciner sur cette plage. À ce que j'avais entrevu, des dizaines de tentacules sanglants sortaient de sa peau pour chercher la terre, sous le sable, une sorte de lutte effrénée pour se lier avant qu'il ne soit trop tard, mais si je sentais cette urgence je ne l'expliquais pas.

Je tournais le regard vers ma compagne en pleine sidération, ses yeux fixaient le corps comme si elle voyait un fantôme. Quand je me retournais à nouveau, une statue de verre était là, allongée sur la plage. Une statue d'homme, nu, les yeux fermés, d'un verre teinté d'orangé, sombre, mais sur ses lèvres...

l'esquisse d'un sourire signifiait sa victoire.

Je me suis réveillé, en sursaut, j'avais trouvé la vérité !

Puis, les minutes passant, je me suis dit que j'avais simplement fait un cauchemar chelou... Mais en moi, résonnaient des paroles … jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière (1)… Comme il est sorti du ventre de sa mère, il s'en retourne nu ainsi qu'il était venu... (2) et moi qui me pensais croyant, je décryptais que seule la terre a son mot à dire, et qu'y retourner n'est pas la volonté divine mais un acte conscient et éclairé !

Je me disais que... si j'avais été autre, j'aurais aimé étudier les différentes versions de la Genèse, comparer les différences entre le récit de la création du monde puis de l'homme, dans les endroits les plus éloignés du monde... Je n'ai jamais parlé de cela à quiconque, ils en auraient conclu que mon accident m'avait bien plus abîmé que cela n'a été.

Peut-être est-il arrivé … parce que j'avais choisi l'immédiateté à ce long voyage ? Que j'utilisais « l'esprit » non pour penser mais pour gagner ?

Roi du néant, du vide, du faux... Roi de pacotille !:

Pourquoi ai-je cette certitude que je me suis dispersé ? Et ai tout perdu en le faisant ?

... a écrit:
Je sens comme un bras qui m'emporte, s'enroule autour de mon torse, me tire en arrière pour qu'une bouche dépose sur ma joue un baiser... Je sens une peau nue... La mienne l'est aussi ? De mon rêve remonte le visage de l'homme du rêve, la statue de verre... un homme jeune, des traits d'une régularité choquante, une peau parfaite, de longs cheveux blonds qui ondulent ? Il a les yeux fermés... et sans même m'en rendre compte je murmure...

« Il a vu, et ce qu'Il a vu lui a déplu, Il s'est détourné de Son peuple... »

C'est ce que je pense ? À ce moment-là, pas dans le rêve, quand les bras m'ont enlacé, il me semble que j'ai pensé cela ?

Qui était « Il », Dieu ? Je crois que j'avais la foi... Ou un homme ?

Je reviens au présent, à Elizabeth qui répond et répond à un simple mot...

- ...Crois moi, je te perçois peut-être mieux que toi même, en tous cas différemment. 

Je manque lui répondre que c'est facile, puisque moi je ne perçois rien, juste une esquisse, un croquis commencé et abandonné... Mais la suite me fait la regarder comme ces étoiles qu'elle m'a dit voir en moi :

- Je sais ce que je fais, ce que je choisis de faire et que ce soit toi ou quiconque, personne ne m'empêchera de faire ce que je veux...

Je fais ce que je veux, ça revient à ça ? Ai-je jamais fait ce que je voulais ? Même sans mes souvenirs je connais la réponse : Non. Je n'ai jamais fait ce que je voulais, ou alors... juste avant ce qui a créé ce moi que je traîne au présent sans passé ni avenir ? Est-ce parce que soudain j'ai décidé de désobéir que j'en suis-là ?

Le visage de l'homme couché ?

La rousseur de mon hôtesse ?


Le jeu d'échecs qui me fait de l’œil ?


-  Essaie une autre...stratégie ? Plutôt que t'arcbouter sur ce passé qui pour l'instant est figé dans une gangue de glace et de rien, vis le présent ? Prends conscience de ce qui se passe maintenant. Tu ne sais pas vers qui te tourner ? Eh bien, tourne toi vers moi ? Tente l'expérience... 

Est-ce que je peux ? Est-ce que je peux vivre sans savoir ? Non. Derrière le mur il y a d'autres personnes... J'en suis sûr ! D'autres ! Qui me hantent et dont je dois retrouver le visage, le nom, notre lien ! Elle m'assourdit, comme pour me forcer à décrocher...

- Tu veux un morceau de gâteau ? Café ? Thé ? ... j'aurais passé le restant de ma vie avec ta mort sur la conscience et le cœur. Ça ne se passe pas comme ça mon ami. J'ai le palpitant qui bat régulièrement avec un rythme qui me convient, hors de question qu'il se mette à cogner n'importe comment à cause d'un petit jeunot comme toi qui me dit comment je dois l'utiliser ! Quel est le nom de cette association ? Tu en reprends ? Après, je vais te montrer quelque chose si tu veux. 

- L'association ? 

Je reste en suspens, qu'est-ce qu'elle veut faire ! Si elle les contacte ils vont me retrouver !

Une autre vision s'impose, je dis vision... un flash, des éclairs qui montrent la nuit, puis s'éteignent sur … la peur. Il me semble que ça commence bien, par une poursuite dans un bois, des rires, des cris de joie, des taquineries... Puis le ton change :

« Le ciel est un océan suspendu (Val & Dreamcatcher) - Page 3 Vadim10 cours ! Va-t-en ! Cours ! » La voix crie, des bruits de pas, des chiens qui aboient ? « Cours ! Ne t'occupe pas de moi ! Cours ! » J'entends le coup de feu, et tout s'estompe...

- Je ne sais pas ! Il ne faut pas !

Je ne sais pas non, je ne sais pas ce qui s'est passé, le nom de l'Association bien sûr lui, je le connais mais la seule chose qui est ancrée dans ma tête vide c'est que personne ne doit me retrouver.

- Il ne faut rien faire qui leur permette de retrouver ma trace, si je disparais jusqu'au moment où je peux payer, c'est mieux... 

Payer ?! Comme si un jour...

Elle est tenace, elle dit que je dois m'accrocher à elle ? Car c'est ça que je dois comprendre non ? Et qu'arrivera-t-il ? Que LUI arrivera-t-il si on me trouve avec elle ?

- Elizabeth, si tu veux que je reste, ne cherche rien, c'est à moi de chercher... Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur. S'il te plaît ! S'il te plaît !

Je deviens suspect, je le sais, je dérape... Quand ma voix prenait cette tessiture à l’hôpital et qu'ils entendaient la pression sous mes mots, ils me proposaient une piqûre ou si je préférais une entrevue rapide avec le toubib... Mais non, je ne suis pas fou,  même, sa présence me donne la force de ramener des... éclats de ces étoiles brisées.

- Écoute-moi, s'il te plaît... Moi je vais te raconter une chose et tu me montreras ensuite ce que tu veux me montrer ? La nuit je rêve, j'ai deux ou trois rêves qui reviennent, et qui m'obsèdent, dont celui- là :

Je lui narre mon homme qui s'enracine, devenant verre parmi le sable d'une plage... Cet homme, c'est le seul dont je vois les traits, et je sais une chose : je l'aime. Et je lui ai nui, tellement... Comme elle il aurait mieux valu qu'il ne croise jamais ma route.

Le ciel est un océan suspendu (Val & Dreamcatcher) - Page 3 Simon_11

Mais c'était doux, j'ai un sourire mouillé des larmes qui coulent... La seule empreinte que j'ai de son visage, de son corps, c'est ce rêve... et cette impression, ancrée en moi, que lui n'est plus pour que moi je sois ?

Appelle mon nom !:

-----------------------------

(1) Genèse 3:19
(2) Ecclésiaste 5:15

(*)  Frédéric Beigbeder Un roman français (2009)








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Mer 15 Mai - 0:41
Le ciel est un océan suspendu (Val & Dreamcatcher) - Page 3 Elisim10
Elizabeth Van Sechtelen
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement.

Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux.
Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.

1994

Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri...
Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges.
Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.

Un.
Deux.
Trois.

Le bruissement du rideau qui se lève.
Arrêt sur scène.
Les secondes ralentissent.

Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement
L'audace d'une extravagance
Le chant d'un songe
L'insolence de l'irréalité

Le théâtre. Le RÊVE.

Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.

Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.

Le ciel est un océan suspendu (Val & Dreamcatcher) - Page 3 5mlw



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Elle parlait Eli, peut-être trop, peut-être de manière inappropriée, engluée dans une pudeur et un respect envers le jeune homme qui l'empêchaient de s'exprimer sans filtre. Il paraissait si fragile en effet et pourtant, elle percevait une force d'âme malgré cette terreur quasi irrationnelle qui l'habitait. Elle savait qu'elle ne pouvait rien lui imposer qui ne soit son choix et ce, en dépit d'une volonté qui potentiellement prenait le risque de le desservir.

La rousse marchait sur des œufs littéralement avec Simon. Un mot, un geste, une expression maladroitement transmis et toute la solidité relative à laquelle il tentait désespérément de se raccrocher s'effondrerait. Quid de ces milliers de soi que l'on « envoyait » sans même sans rendre compte à son interlocuteur telle une aura, des signes infimes, impalpables, intouchables mais néanmoins prégnants à souhait. Le son de la voix, un sourire, une ombre dans le regard, un silence, une sensibilité qui transparaissait sur un instant, les intentions, les non-dits, les implicites... Le langage humain au travers de toute sa splendeur et de sa complexité. Malgré tout, Eli se laissait aller à exprimer ce qu'elle estimait juste, espérant de tout son être que Simon soit un peu moins...perdu ? Quel(s) terme(s) exact(s) employer à son égard ? Elle ne s'appuyait pour le moment que sur son instinct, son intuition, ne possédait aucune connaissance de quelque ordre que ce soit sur l'amnésie. Elle carburait à un attachement entier, à sa liberté de l'accueillir chez elle, à sa détermination pour l'aider autant qu'elle pourrait. Mais le danger, car il y en avait un et non des moindres, se résumait pour l'essentiel à ce qu'elle se révèle trop excessive, trop envahissante, trop « aimante » ce qui, finalement, produirait l'effet inverse : le rescapé prendrait peur et quitterait le refuge qu'elle lui offrait! Elle prenait soin en conséquence de parler avec douceur, ponctuait ses phrases de nombreux sourires dans un souci de l'apaiser, de lui donner confiance. Mais elle ne pourrait pas faire plus ou différemment de ce qu'elle était. Allez, fille du théâtre, tu sais bien qu'il faut tout lâcher pour que la vague t'entraîne et ne te brise pas.

Facile à dire.

Elle constatait qu'il l'écoutait -elle le soulait sans doute!- sachant que parfois son regard partait ailleurs. Qui était-il en vérité ? Quel passé avait-il traversé, vécu ? Les nombreuses interrogations, récurrentes,  -qu'elle gardait pour elle- s'affichaient dans son esprit comme autant d'alertes éclatantes demeurant dans un brouillard épais. Les réponses ne lui appartenaient pas, ne la regardaient pas. Le point d'achoppement se situait dans cette souffrance incommensurable heurtée par le néant d'une mémoire fracassée. Comment l'en sortir ? Comment ?!

Lui dire sa lumière le fit partir... Loin...Où s'en allait-il Simon ? Quelles pensées le hantaient ? Une ou deux minutes passèrent ainsi dans un intervalle qu'elle ne brisa pas ; le bruit seul des assiettes posées pour le dessert creva la paix de la cuisine.

-Oui, l'association, répéta t-elle tranquillement.

Patatras ! Ce fut pire que mieux ! Ce qu'elle redoutait arriva, Simon réagit mal, eut de nouveau cette mauvaise frayeur dans les yeux, le corps.

- Je ne sais pas ! Il ne faut pas !


-Qu'est-ce qu'il ne... ?

Mais il la coupa, les traits brutalement terrifiés :

- Il ne faut rien faire qui leur permette de retrouver ma trace, si je disparais jusqu'au moment où je peux payer, c'est mieux... 

-Euh oui, d'accord.

Elle cédait, l'urgence étant de le soulager de son angoisse.

-Malheur ? Mais de quoi... ?

De nouveau il ne la laissa pas terminer sa phrase, cria quasi. Il paniquait, mu par une détresse qui lui griffa le cœur. Elle répondit alors simplement, saisissant une de ses mains par dessus les couverts :

-Je ne cherche rien. Ok, je t'écoute.

Son intuition rugissait à l'intérieur. Un malheur... ? Quelle « puissance » ou pouvoir en sous marin permettait un réflexe de défense autant déformé par la crainte ? Quels maux avait il subi ? A défaut de souvenirs, le corps ne mentait pas, n'inventait pas. Et Simon suait la malepeur par tous les pores de sa peau ! Pourquoi, comment lui avait on fait du mal à ce point là ?! Un sentiment fugace de rage et d'injustice extrême la traversa de part en part tandis qu'il commençait à lui narrer son étrange songe. Attentive, elle sembla ne pas réagir à l'émotion qui se mit à couler sur ses joues.

-Merci. Je suis touchée que tu m'aies raconté cela. Je le trouve...poignant. Il y a quelque chose de très beau et de terrible à la fois dans ce rêve. Pourquoi il te fait pleurer ?


Elle n'osa pas creuser davantage sur ses ressentis. Il allait finir par se lasser de ses questionnements, de cette espèce de dynamique d'optimisme qu'elle lui opposait invariablement...

Elle estima ses larmes belles, ne cherchant pas à le consoler. Simon pleurait un flamboiement intime. On ne touchait pas à cela. Elle se contenta de lui sourire avec une profonde affection.

Ensuite, oh ensuite...Cela sera ou ne sera pas.

-Pardon Simon mais j'aimerais revenir sur ce que tu as dit tout à l'heure :  «  si je voulais que tu restes ». Écoute, je... ce n'est pas si « je veux que tu restes », je ne t'impose rien, je t'invite chez moi le temps que tu voudras, comme tu as envie, besoin, si toi tu le veux
.

Elle le regarda, lui sourit encore. Hésita. Non, elle devait se la fermer. On ne divulguait pas ces secrets là...

-Si tu es d'accord, soyons clairs et nets : chacun sa vie, sa bouffe, ses clefs, sa chambre etc. Une coloc en bonne intelligence, sans aucune prise de tête sinon...je mettrai des grenouilles dans ton lit. On ne mélange pas le linge, on n'est pas obligé de se parler si on n'a pas envie. En gros on est ce qu'on est et ça sera parfait. Qu'en dis tu ? Pour info, je suis facile à vivre, tout me va, rien ne me dérange et j'avoue que je serais la plus heureuse du monde si tu restais...un peu ?


Suspendue à sa réponse elle se servit un café...Si tu savais Simon, Si tu savais...
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Ven 24 Mai - 1:58

Simon Smith,
disent-ils...  

J'ai paraît-il 22 ans et je vis pour le moment à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis .. . que dire ? Tout et rien ? En quête d'emploi, d'utilité, d'identité ? Je suis caractérisé par une chose très particulière, je suis amnésique j'ai perdu la mémoire à la suite d'un accident de la route, aux USA en Californie il y a un peu plus de deux ans.



J'ignore ce que j'y faisais, et qui je suis et personne ne peut me le dire autour de moi L'enquête menée après le carambolage qui a causé la mort de six personnes, n'a pas permis de définir d'où je sortais ni ce que je faisais là. Je suis très probablement célibataire, mon jeune âge le laisse supposer mais si j'ai eu dans ma vie une personne aimée, elle est désormais dissimulée comme le reste sous la chappe de plomb qui me sert de mémoire.




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Le ciel est un océan suspendu.  

Elizabeth &  Simon

Le ciel est un océan suspendu (Val & Dreamcatcher) - Page 3 Helsin14


« Le ciel est un océan suspendu. De temps à autre, il fond sur nous, lavant les collines et les maisons à l'eau de mer. » (*)

Décembre 2023

- Malheur ? Mais de quoi... ?

Si je savais... J'ai juste cette sensation, cette impression, qu'il ne faut pas que je m'attache ou en tout cas montre mon attachement à quiconque... Je me souviens de Rio à San Diego. Je l'avais rencontré à l'hôpital, comme moi il se remettait d'un grave accident, lui je crois était coureur automobile ou moto, je ne sais plus trop... Il avait presque mon âge, peut-être un ou deux ans de plus... Il était sympathique, beau garçon, drôle, attentionné... Nous faisions de longues balades sur la plage pour apprendre à remarcher et à muscler nos jambes atrophiées... On avait beaucoup parlé, lui de sa famille, des parents fortunés qui refusaient son mode de vie et n'avaient même pas pris de nouvelles directement, ils ne s'étaient pas déplacés pour le voir, ne lui avaient pas téléphoné, juste demandé s'il se remettrait aux médecins... Il vivait avec une tante souvent en déplacement et avait été séduit par mon désir d'indépendance et de colocation... Moi, j'habitais ce foyer pour … pour quoi ? « personnes en détresse morale ou physique » m'avaient dit les gens des services sociaux... Je n'en pouvais plus de la chambre de huit mètres carrés, de la promiscuité, des toilettes communes, des douches partagées, du bruit, des odeurs... Je ne peux pas dire de la crasse, le ménage était fait très régulièrement, mais on ne pouvait pas forcer mes voisins à se laver, ou prendre leurs repas à l'extérieur, la plupart peinaient déjà à manger à leur faim. J'étouffais, la nausée me prenait dés que j'arrivais en vue du bâtiment gris et vétuste, j'avais la certitude que jamais je n'avais mis les pieds dans une telle prison de l'âme... J'avais dit mon enfer à Rio, lui m'avait dit son envie de vivre, libre, seul, sans être jugé... Nous avions le projet d'habiter ensemble et ça me mettait du baume au cœur...

Puis,

Il a disparu.

Tout simplement disparu, sans un mot, sans un appel...Je l'ai cherché, je suis même allé au poste de police signaler qu'il n'était nulle part, n'allait plus à ses séances de rééducation, n'habitait plus chez sa tante absente comme à l'habitude. On m'a refoulé, je n'étais rien, ni un parent, ni même un ami véritable... Juste un étranger. À son retour, sa tante a signalé -également- qu'il n'était plus là, il est devenu l'un de ces portraits qu'on voit sur les murs des postes de police et des bâtiments officiels, une personne dont plus personne n'avait de nouvelles et dont le visage attend d'être reconnu. J'ai noté sagement le numéro de téléphone affiché, je ne sais pas pourquoi, je ne l'avais pas revu en trois mois, j'avais peu de chance de le voir arriver … Je restais bloqué sur cet appartement que nous aurions partagé, sur son rire quand je lui disais que je rêvais bruyamment et risquais de le réveiller, sur nos projets de partage de l'espace, en vain.

Je suis certain que s'il ne m'avait pas rencontré... Il serait encore là à chercher son futur home, qu'il n'aurait offert à aucune colocation, mais qui lui aurait donné cette liberté et cette indépendance dont il rêvait...

Je ne veux pas qu'Elizabeth subisse le même sort.

Je ne peux rien préciser, rien prouver, j'ignore pourquoi et comment... mais je suis certain que c'est lié. Les gens qui m'aident... disparaissent. Les gens qui m'aident sont en danger.

Je le murmure, inconscient de le verbaliser... Je le pense si fort que les mots se forment... jaillissent des ma bouche, se fraient un passage entre mes lèvres... S'ils sont chuchotés le ton est impérieux, j'ai à nouveau peur, de l'inconnu, de choses inexplicables dans l'état où je suis !

- Les gens qui m'aident... disparaissent. En entendant la phrase je relève les yeux et la regarde, éperdu, elle va me prendre pour un fou ! - Il faut me croire, je porte malheur ! Ceux qui m'ont tendu la main se sont juste... évaporés dans le néant, on ne les a jamais revus. Je te le jure ! Crois- moi, s'il te plaît...

Ma raison me dit que c'est sans doute parce qu'à un moment du parcours qu'ils entament avec moi, ils se rendent compte que je suis anormal et me fuient... Mais comment puis-je accepter cela !? J'ai tant besoin d'aide, de présence... C'est l'explication logique, c'est beaucoup plus plausible qu'une espèce de malédiction qui ôterait de mon chemin tous ceux et celles qui –à un moment donné- ont fait mine de m'assister, m'ont vu, peut-être apprécié avant de se rendre compte que j'étais juste infréquentable, totalement timbré, capable de mettre en dépression nerveuse l'âme la plus accrochée !

Je regarde Elizabeth.

Est-ce qu'elle aussi un jour me montrera la porte ?

Elle ne pourra pas se dissoudre dans le vide ? Elle est chez elle. C'est moi qu'elle chassera ? Un jour j'arriverai pour entrer et la clé n'ouvrira plus la porte ? Je ferme les yeux, face à ce souvenir de l'avenir que je ne veux pas voir !

J'ai besoin de croire... Croire qu'on peut m'aider, m'aimer ? Parce que c'est la même chose non ? Si on m'aide c'est qu'on m'aime un peu ?

Elle me fixe, non pas comme un phénomène ou une bizarrerie mais avec ce que je décrypte comme de l'intérêt ? Mon rêve, l'un de mes rêves, il y en a d'autres... Comme celui de l'ombre qui me happe, m'aspire, m'arrachant une sorte de cape noire que je sais être moi-même... Je ne vais pas lui raconter, quand j'en ai parlé au psy il m'a regardé comme une bête à boucler d'urgence !

- Pourquoi il te fait pleurer ?

Je lance la tête en arrière, les larmes coulent toujours mais je me mords les lèvres pour ne pas hurler !

Aliosha...

Est-ce que c'est lui Aliosha ? Je rêve d'Aliosha mais quand je rêve de lui je ne mets pas de visage sur ce nom ? Je crois que c'est lui, je ne rêve que d'un seul homme... Des rêves... Un sourire déchire mon visage, des rêves d'adolescent qui se découvre un corps ?

- Je l'ai aimé. Je marque un arrêt, je ne sais pas, je sens cela quand je vois son corps, son visage mais je ne sais pas - Je crois.

Et il m'aimait... Ensemble nous avons fait... beaucoup de choses interdites par la société qui était mienne, sienne...

- Il a... disparu. Je crois qu'il est mort.

J'ai peine à reprendre mon souffle, les larmes sont prêtes à devenir un tsunami de douleur et de détresse... Je ne crois pas : je sais ! Je sais qu'on l'a tué, parce qu'il m'aimait, parce que je l'aimais... Au lieu de sanglots je me mets à rire... Un rire dix fois pire que les pleurs les plus sonores...

Je l'ai tué en l'aimant !

De cela, je suis sûr.

-  Écoute, je... ce n'est pas si « je veux que tu restes », je ne t'impose rien, je t'invite chez moi le temps que tu voudras, comme tu as envie, besoin, si toi tu le veux.

Je fais un effort surhumain pour me calmer. Il me semble que j'ai appris cela... Taire ses émois, cacher son ressenti, présenter une figure digne quoi qu'il arrive, « savoir se tenir » ! Ne pas montrer ses faiblesses, déguiser jusqu'à sa personnalité, endosser un costume de respectabilité, un déguisement abject d'homme « convenable » , oublier ces ridicules penchants contre nature... pour que personne n'aille imaginer... je ne sais quoi de sale ou d'interdit ?

Aliosha ! Sacha...

- Et s'il t'arrive quelque chose à toi aussi ? Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit !

Je prends une inspiration qui doit sembler celle d'un poisson à terre qui tente de trouver de l'eau dans l'air !

Elle me tend la main, prend la mienne dans la sienne...

Par un réflexe sorti de je ne sais quel passé je la serre entre les deux miennes, pose la tête dessus, ferme les yeux...

-  Ne me fais pas de mal... S'il te plaît ? Je ferais tout mon possible pour être le plus normal possible ? Et ne parle pas de moi, à personne ! Je ne veux pas qu'il t'arrive...

Ce qui est arrivé à Sacha, à Rio ? À toutes les personnes qui ont croisé mon chemin et m'ont vu.

Pour le bonheur des autres je dois rester invisible...

-------
(*)  Frédéric Beigbeder Un roman français (2009)

Illustration bas de page, milieu : Fear Painting by Katerina Apostolakou






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