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LE TEMPS D'UN RP

La pluie sur ton visage - Nemo

Stormy Dream
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Stormy Dream
Lun 28 Aoû - 22:21
Le contexte du RP
Mise en situation

La situation
Charly est hanté par ses démons. Survivant d’un traumatisme qui ne le laisse plus en paix, il n’arrive plus à recréer de nouveaux souvenirs. Le sourire et la joie l’ont abandonné, ne lui laissant plus qu’une vague ombre. Lucy est nouvelle en ville, son passé sombre derrière elle, elle se créé une nouvelle identité. Mensonges après mensonges, elle tombe sous le charme de Charly. Lui-même trouve en elle ce qu’il n’espérait plus connaître. Avec elle, il dort enfin. Avec elle, il vit, enfin. Mais que fera-t-il quand il apprendra la réelle identité de Lucy ?

Contexte provenant de cette recherche


@Nemo

Lucy Ross
J'ai 25 ans et je viens de poser mes valises à Dublin, Irlande. Dans la vie, je suis courtière dans l'art, exerçant secrètement pour le compte des Outfit de Chicago, ma famille adoptive aussi connue sous le statut de mafia de Chicago, ou encore The Organization et je m'en sors de ce fait, plutôt bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis libre comme l'air et je le vis plutôt bien, car les mariages arrangés sont coutume dans mon milieu, et j'aimerais bien l'éviter.

Lucy Ross est un nom d'emprunt que lui a donné sa famille d'accueil américaine lorsqu'elle avait 5 ans. Arrachée à sa famille irlandaise, Lucy Hamilton devait être la future Duchesse d'Abercorn. A ce jour, elle est supposée morte. Aucune trace de son existence n'a pu être retrouvée par les enquêteurs irlandais.
L'objectif de la mafia de Chicago dans cet enlèvement n'est connu que d'un petit nombre : mettre fin à la lignée des Ducs d'Abercorn. Pourquoi ? Lucy devra encore le découvrir.
Grandissant dans la noirceur de la mafia de Chicago, et étant l'une des rares filles -puis femmes- du groupe de criminels, Lucy a toujours bénéficié des plus grands soins et de la plus grande protection possible. On lui a d'ailleurs flanqué l'un des gros bras du groupe comme "père adoptif", mais elle le considère plutôt comme un garde du corps maladroit.
Rapidement, sa facilité d'apprentissage des langues et sa prestance naturelle ont attiré l'attention des têtes pensantes des Outfit. Naturellement, elle fut orientée vers les métiers de l'art où le gang se spécialisait depuis peu. Un coeur de pierre caché derrière un visage d'ange aurait de quoi éviter tous soupçons. Lucy devint donc courtière, chargée de faire le lien entre les acheteurs et les vendeurs d'oeuvres d'arts (tableaux, sculptures, poteries, bijoux...).
Bien évidemment, le parti des Outfit était toujours celui qu'elle privilégiait, leur offrant secrètement des richesses inestimables pour un prix dérisoire.
Sentant monter des tensions avec leurs rivaux de la mafia irlandaise, et visualisant les atouts de leur jeune diamant brut, les dirigeants des Outfit confièrent à Lucy la mission de développer le commerce d'art depuis Dublin et les villes alentours. Elle prit donc un bateau vers l'Irlande.
Sa chevelure avait été soigneusement éclaircie, et coupée en un carré ondulé avant son départ du continent Américain. Lucy ignorait pourquoi les Outfit de Chicago accordaient une importance aussi tranchée sur sa propre apparence, alors qu’ils l’envoyaient en mission à l’autre bout du monde. Ils ne la verraient plus, après tout. Mais sa nouvelle apparence, bien qu’elle ait quelque peu rechigné à laisser couper ses longues mèches dorées, lui donnait l’air plus mûr. Elle devait pouvoir captiver tout type d’auditoire, et on lui avait appris maintes et maintes fois que son physique était un atout pour cela.

Pour l’occasion, sa garde-robe avait été renflouée de pièces à la mode du pays qu’elle rejoignait -l’Irlande-, et une imposante trousse de maquillage garnie pour qu’elle ne manque de rien. Pourvu que leurs études sur les coutumes du pays qu’elle rejoignaient aient été menées avec sérieux. Rien de plus rageant que de devoir tout racheter sur place parce que cela ne convenait pas. Mais au fond, la jeune femme savait bien que ses inquiétudes n’étaient pas fondées : les Outfit de Chicago avaient toujours un train d’avance. Sur tout. Ou presque…

Elle était bien loin la petite Lucy de 5 ans qui avait fait le voyage aller sans connaître la date du retour. Elle ne se souvenait pas de ce trajet en bateau, ni même de l’austère soirée où elle fut arrachée à sa famille. Ils lui avaient administré un puissant somnifère par l’intermédiaire de sa nourrice -Kiera, une infiltrée originaire de Chicago maîtrisant l’accent irlandais à la perfection. Le Duc n’y avait vu que du feu en lui confiant la prunelle de ses yeux.

Oui… Elle était bien loin la petite duchesse apeurée, à qui on promettait monts et merveilles : ses parents étaient morts dans un accident de chasse, et elle avait été sauvée par la famille la plus riche de Chicago. Quelle chance elle avait ! Elle coulerait des jours heureux sur le territoire américain.

Des jours heureux, certes. Mais surtout riches.

Elle n’avait manqué de rien pendant toutes ces années à apprendre les langues, les arts anciens et modernes, le commerce, la comptabilité… et bien d’autres talents se cachaient derrière ses grands yeux azur. Contrairement à ce qu’on aurait attendu d’une Lady irlandaise -tenir un foyer, distraire un public, se mouvoir avec prestance et élégance sans interrompre des puisants hommes de la famille- Lucy avait été traitée comme tous les autres. Les autres hommes, en l’occurence. Peu importait qu’elle prenne du temps à s’apprêter le matin, tant qu’elle était capable de compter les cartes, de bluffer, ou de charmer ses adversaires aux jeux. Peu importait que le génie de la pièce se promène en jupe. Quel était la différence entre un homme et une femme des Outfit, si le résultat était le même ?

Lucy, accompagnée de trois valises pleines à craquer, arriva à Dublin où l’attendait une femme brune aux yeux sombres d’une cinquantaine d’années. Sa silhouette longiligne attira l’attention de la jeune courtière, qui se demanda si elle serait aussi belle dans vingt-cinq années. Le sourire poli, mais froid, qu’elle lui adressa, contrastait avec le visage rayonnant de la jeune femme en tenue de voyage. « Vous devez être Lucy. Bienvenue à Dublin. » En lui serrant la main, la femme eut un éclair étrange dans le regard. Une lueur imperceptible à l’oeil de Lucy, qui pourtant était bien présente. « Je suis Kiera. Je vais vous guider vers votre demeure. »

Vendre des tableaux était un métier confortable pour toute personne ayant fait des études et ayant un minimum de talent. Juste un peu. Trafiquer les ventes d’oeuvres d’art offrait un tout autre confort de vie. « Nous devons rester discrètes ici, les femmes irlandais n’ont pas accès -seules- à des postes de cette importance. » Expliqua la femme aux boucles noires alors qu’elle pénétrait dans une maison de ville à la façade dégradée. La plus jeune des feux femmes marqua un arrêt, hésitante, mais Kiera ne lui laissa pas l’occasion de protester.

Le couloir principal était aussi lugubre que la façade. Les deux femmes poussèrent plusieurs portes qui ressemblaient à des placards crasseux avant d’arriver dans une pièce de taille ridicule, où tout était compacté dans le même espace : chambre, salle d’eau, cuisine. Le strict nécessaire pour survivre.

Observant les murs aux tapisseries anciennes, mais en bon état, elle soupira. Dans quoi s’était-elle embarquée ? Elle avança ses valises dans la petite pièce, réfléchissant à la manière dont elle parviendrait à l’agencer pour que la circulation reste possible.

Dans son dos, Kiera ricana. « Vous ne croyez quand même pas qu’ils vont vous laisser dormir ici ? Enfin… » Dit-elle après ce long silence. Lucy se retourna, le coeur palpitant comme jamais. Oui, elle y avait cru. Les Outfit étaient capables de tuer des gens de sang froid : la faire dormir dans un endroit miteux était tout à fait plausible pour mener sa mission à bien. « Venez, ce n’est que la couverture. Nous y laisserons quelques uns de vos effets personnels pour lui donner un peu plus d’âme au cas où quelqu’un chercherait à vous y rejoindre. »

Derrière un pan de mur recouvert d’une mince bibliothèque était dissimulée une poignée de porte en fer rouillé. Sans un bruit, la paroi pivota vers l’intérieur, offrant à Lucy la vision d’un appartement décoré avec goût où elle serait bien moins à l’étroit. Son visage se détendit.

« Les murs sont isolés, les fenêtres teintées. Vous ne devez en aucun cas les ouvrir. » Expliqua sa guide en tirant un des fauteuils en cuir brut disposés sur le spacieux tapis du salon. « Mon fils, Edouard, tient la galerie d’art du coin de la rue. Il se fera passer pour votre mari, ce qui vous donnera ne couverture idéale pour participer aux affaires. » Le sang de la jeune femme se glaça : elle espéra ne pas avoir à réellement épouser ce Edouard. « Tenez, voici ce que dont vous aurez besoin. » La cinquantenaire lui tendit un coffret de bois qu’elle s’empressa d’ouvrir : il contenait la clef de l'appartement, ainsi que celui de la galerie d’art ; une lettre sur laquelle figuraient les noms des clients d’Edouard qu’elle ne devait pas escroquer; et un anneau en or déjà bien usé. D’un geste du regard, la brune lui intima de passer cet anneau. Une femme célibataire à Dublin serait plus facile à repérer par leurs ennemis, même si elle ne doutait pas que le charme de la petite duchesse ne manquerait pas d’opérer. « Je… Merci pour votre aide. » La concernée hocha d’un signe de la tête avant de disparaitre derrière la cloison. « Attendez ! Comment suis-je supposée le reconnaître ? » Sa voix s’étouffa contre la paroi insonorisée.


* * *


Lorsqu’elle se retrouvera devant la porte de la galerie d’art qu’elle s’attendait à trouver vide de clientèle à cette heure matinale, elle réalisa que ce n’était pas le cas. La silhouette d’un homme se tenait à l'intérieur.  Elle marqua une courte pause pour le détailler, alors qu’il admirait une oeuvre suspendue au plafond.

La panique la gagna : comment était-elle supposée savoir si cet homme était Edouard ?

Elle l’analysa un instant, attendit que son regard noir plonge dans le sien et qu’à son tour, il lui sourit. « Lucy, je suppose. Entre, nous avons affaire aujourd’hui. » Il ressemblait trait pour trait à sa mère.
Nemo
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Nemo
Lun 11 Sep - 18:08
Pièce maîtresse
Charly Walsh
37 ans
Trafiquant d’œuvres d’art contrefaites et propriétaire d’une usine d’alcool de contrefaçon
Dublin, Irlande
Célibataire et pas intéressé

Les yeux humides et la respiration saccadée, mon cœur semble se stopper lorsque le fouet s’abat une nouvelle fois sur mon dos, près de mon cou. La douleur est insoutenable mais ma gorge ne crache que des cris silencieux. L’homme fou s’approche de moi, relève mon menton mouillé de larmes et me force à le regarder. Un sourire diabolique parcourt son regard alors qu’il prend de l’élan pour me fouetter une énième fois.
Je me réveille en sursaut, plein de sueur. Quelqu’un s’acharne sur la porte de ma chambre mais il me faut encore quelques secondes pour que je remette mes idées en place. Je porte ma main entre mon cou et mon épaule droite, caresse la cicatrice bombée que m’a laissé ce cauchemar, vingt ans auparavant. « Monsieur Walsh ! Monsieur Walsh ! Je vous entendais crier, tout va bien ? Monsieur Walsh ! » Je soupire en observant la porte vibrer sous les coups inquiets de la femme de chambre. Faiblarde, ma voix tente néanmoins de passer au-dessus de la sienne. « Tout va bien, Merry. » Un soupir de soulagement résonne derrière la porte et je l'entends rebrousser chemin, sans doute vers la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Merry est de celle qui s’inquiète de tout, pour tout et surtout si cela concerne les personnes pour qui elle travaille. Nous nous connaissons depuis presque quinze ans et je sais que je peux lui accorder toute ma confiance. Elle n’a pas d’autre famille que la mienne et a tendance à plus me considérer comme un frère ou un fils que comme un patron.

Je m’approche de la petite bassine d’eau claire et m’asperge le visage en me frottant les yeux. Cette scène qui me hante pratiquement toutes les nuits était particulièrement violente cette fois-ci. Je ressens encore la douleur qui me lancine les chairs et grimace. Lorsque mon regard croise celui de mon reflet, je ne vois qu’un homme fatigué dont la peau commence déjà à se rider, à certains endroits.
Une fois habillé de mon costume, je descends en trottinant vers la cuisine, attiré par le doux fumet qui s’en échappe. Je souris à Merry qui me lance, comme à l’accoutumée, un regard inquiet. Ma sœur jumelle Rachel est présente à la table, tellement absorbée par sa lecture du journal qu’elle ne remarque pas ma présence. Je m’assois face à elle et entreprends la conversation. Elle relève à peine les yeux. « Laisse-moi finir, c’est extrêmement important. » Je me tais en l’interrogeant du regard et tente de lire au-dessus d’elle. « Œuvre d’art… prix inestimable… exposition… galerie d’art… » Rachel claque sa langue contre son palais et tire le journal vers elle pour que je ne puisse plus lire quoique ce soit. Souriante et le regard plein de malice, elle plonge ses yeux dans les miens. « C’est un tableau incroyable d’un peintre qui est en train de se faire une immense renommée. Les prix montent au million ! Et devine quoi, il va être exposé à la dernière minute à la galerie d’art de Dublin ce matin. » Les étincelles de ses iris transmises dans les miennes, un léger sourire étire mes lèvres. Voici un matin comme je les aime.

Accompagné de Finn, mon homme de main et fidèle conseiller en affaires, je me dirige vers le bâtiment à l’intérieur duquel siège un milliard de Livres sous forme d’œuvres d’art. Je suis devenu un habitué de la maison, si bien que le passeur à l’entrée me sert la main, vêtu d’un sourire professionnel. Je le lui rends et continue ma route vers les différentes pièces hautes en couleurs. Alors que Finn me joue du coude, attiré par un vase spectaculaire orné d’armatures émeraudes et dorées, mon regard se pose sur l’œuvre du fond, encadrée par d’imposants rideaux en velours rouges. C’est elle, la pièce maîtresse.
Je ne peux m’empêcher de sourire en imaginant la suite.
Finn s’approche et me tend une coupe de vin rouge dans laquelle je trempe mes lèvres tout en lui jetant un regard complice. Puis, mon attention se porte sur une jeune femme blonde aux allures de jeune bourgeoise, semblant s’intéresser à la même peinture. Tout en ne quittant pas des yeux le tableau, ma voix se fraie un chemin entre les discussions des autres spectateurs. « Impressionnant, n’est-ce pas ? La stature de cet homme sur son destrier est diablement imposante et réaliste. Et la finesse des coups de pinceau est tout-à-fait spectaculaire. » Je me tourne et tends ma coupe vers elle pour trinquer. « Je ne vous ai jamais vue encore à la galerie, c’est votre première fois ? »
@ Nemo


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Stormy Dream
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Stormy Dream
Jeu 5 Oct - 15:49
@Nemo

Lucy Ross
J'ai 25 ans et je viens de poser mes valises à Dublin, Irlande. Dans la vie, je suis courtière dans l'art, exerçant secrètement pour le compte des Outfit de Chicago, ma famille adoptive aussi connue sous le statut de mafia de Chicago, ou encore The Organization et je m'en sors de ce fait, plutôt bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis libre comme l'air et je le vis plutôt bien, car les mariages arrangés sont coutume dans mon milieu, et j'aimerais bien l'éviter.

Lucy Ross est un nom d'emprunt que lui a donné sa famille d'accueil américaine lorsqu'elle avait 5 ans. Arrachée à sa famille irlandaise, Lucy Hamilton devait être la future Duchesse d'Abercorn. A ce jour, elle est supposée morte. Aucune trace de son existence n'a pu être retrouvée par les enquêteurs irlandais.
L'objectif de la mafia de Chicago dans cet enlèvement n'est connu que d'un petit nombre : mettre fin à la lignée des Ducs d'Abercorn. Pourquoi ? Lucy devra encore le découvrir.
Grandissant dans la noirceur de la mafia de Chicago, et étant l'une des rares filles -puis femmes- du groupe de criminels, Lucy a toujours bénéficié des plus grands soins et de la plus grande protection possible. On lui a d'ailleurs flanqué l'un des gros bras du groupe comme "père adoptif", mais elle le considère plutôt comme un garde du corps maladroit.
Rapidement, sa facilité d'apprentissage des langues et sa prestance naturelle ont attiré l'attention des têtes pensantes des Outfit. Naturellement, elle fut orientée vers les métiers de l'art où le gang se spécialisait depuis peu. Un coeur de pierre caché derrière un visage d'ange aurait de quoi éviter tous soupçons. Lucy devint donc courtière, chargée de faire le lien entre les acheteurs et les vendeurs d'oeuvres d'arts (tableaux, sculptures, poteries, bijoux...).
Bien évidemment, le parti des Outfit était toujours celui qu'elle privilégiait, leur offrant secrètement des richesses inestimables pour un prix dérisoire.
Sentant monter des tensions avec leurs rivaux de la mafia irlandaise, et visualisant les atouts de leur jeune diamant brut, les dirigeants des Outfit confièrent à Lucy la mission de développer le commerce d'art depuis Dublin et les villes alentours. Elle prit donc un bateau vers l'Irlande.
Aussi discret que charmant, Edouard était un homme très cultivé. Lucy lui donnait environ 35 ans : plus âgé qu’elle certes, mais suffisamment séduisant pour avoir réussi à conquérir le coeur d’une jeune femme de 25 ans. Du moins, c’est ce qu’elle devrait faire croire. Sa famille avait le don façonner de nouvelles identités troublantes de vérité. Elle l’avait toujours sû, mais ils ne cessaient de l’épater après toutes ces années. En quelques heures, le peu de temps dont il disposait pour lui expliquer leur fonctionnement futur fut exploité. Lucy fut suffisamment renseignée pour se sentir comme chez elle. Le secret d’une couverture réussie était dans le fait d’y croire sincèrement :e t elle y croyait plus que jamais.

Edouard était un propriétaire de galerie très discret : approché dès l’ouverture de son commerce par les Outfit, il n’avait pas hésité à répondre présent comme l’avait fait sa mère avant lui : il ne connaissait que trop bien leur influence, et le confort financier qu’ils pouvaient lui apporter. Bien qu’en dix années d’engagement ils n’avaient que très peu fait appel à lui, les choses s’étaient mises à s'accélérer subitement un mois auparavant, lorsqu’on lui avait confié cette mission de la plus haute importance. Il servirait de solide alibi pour l’une des personnalités les plus importantes de l’Organization : le petit joyau d'un des membres historiques du clan, qui faisait errer un vent de terreur sur Chicago. Une pépite qui faisait prospérer les comptes de la mafia.

Lorsqu’elle avait pénétré dans sa galerie quelques heures plus tôt, il n’avait pas eu le moindre doute sur son identité : quand il lui avaient décris un « petit bijou », ils n’avaient pas uniquement sous entendu que son intelligence était remarquable : Lucy était une femme attractive, élégante. Elle ferait sensation après de la clientèle.

Les deux époux factices avaient finalement pris le chemin de la Galerie d’Art la plus réputée de Dublin -mais également la plus grande, et la plus fournie. Il avait très souvent l’occasion de venir contempler des oeuvres, mais elles restaient, la plupart du temps, un budget hors norme pour son propre commerce. Depuis dix ans, malgré tout, il continuait à s’y faufiler lors de grand évènements pour espérer y croiser des plus petites oeuvres, ou des clients en quête de nouveautés.

C’est ainsi qu’il était devenu un habitué : le genre qui est toujours là mais qui se fait discret, et à qui on demande un avis artistique plutôt qu’une transaction commerciale. Homme de l’ombre, il avait appris à observer les têtes pensantes à l’oeuvre. Sans en faire réellement part, il connaissait parfaitement le déroulement des ventes : ainsi, il saurait épauler Lucy dans ses missions, sans aucun doute. Enfin, pour cela, elle devrait se faire une place. « C’est probablement ta mission la plus importante, mais aussi la plus complexe ». Lui avait-il expliqué en chemin. « Ils doivent te prendre au sérieux, mais en Irlande les femmes ne font pas de commerce dans l’art. Il faudra donc utiliser ton statut de « femme de propriétaire de galerie » pour glisser tes connaissances. »

Leur premier objectif serait de faire baisser les estimations en se glissant dans les failles… mais surtout, d’orienter les gros acheteurs vers quelque chose de plus... sous-côté, en leur faisant penser que cela représenterait la tendance de demain.

Sans surprise, l’endroit dans lequel ils se dirigèrent transpirait l’abondance : d’oeuvres, de diversité, mais aussi de prix. A Chicago, tout était démesuré : elle y était habituée. Ici, elle saurait immédiatement faire la différence entre un bien inestimable et une relique sans valeur. Cependant, elle avait un grand talent pour donner une âme, une histoire, à une pièce qui n’en méritait pas tant.

Lâchant le bras d’Edouard auquel elle était perchée depuis son arrivée, la jeune femme s’aventura vers chacune des pièces exposée, en finissant par celle qui attirait les convoitises de tous. Ce matin-là, tout le monde venait voir le tableau de ce célèbre peintre, retrouvé dans un grenier après le décès d’une vieille dame sans richesse apparente. Edouard lui avait expliqué que l’histoire faisait parler tout Dublin depuis quelques jours.

La naïveté des gens la sidérait : la plupart n’avait pas la moindre idée de la valeur des tableaux de famille qui croupissaient dans leur grenier. Ses meilleures affaires, elle les avait faites en chinant dans des brocantes… Il fallait du temps, de la patience… et une expertise, évidemment. Mais elle avait un talent pour cela.

Sa silhouette longiligne, soigneusement mise en valeur par une longue veste beige entrouverte, dénotait dans le paysage uniquement masculin. Les voix graves, cherchant pourtant à être discrètes en discutant autour du tableau, étaient très faciles à capter pour les oreilles attentives de la jeune femme. Celle-ci arrangea l’une de ses mèches ondulées sous son chapeau écru, et observa le-dit tableau : véritable, sans aucun doute. Elle y voyait là le pinceau expert de l’artiste : elle ne pourrait berner personne à ce sujet. Là n’était pas son but, loin de là : il fallait qu’elle se fasse remarquer.

Faussement occupée à détailler les lignes du tableau, elle n’eut pas besoin de lever le moindre petit doigt pour qu’une première phrase lui soit adressée. « On reconnait bien là le pinceau de l’artiste. J’ai beau m’être préparée mentalement à une oeuvre de toute beauté… je n’en reste pas moins subjuguée en l’ayant devant mes propres yeux. » Répondit-elle en feignant une admiration qu’elle aurait pu éprouver la première fois. Les premières oeuvres exceptionnelles étaient souvent source d’émoi : la première fois. A présent il lui fallait plus que cela pour se laisser impressionner.

Cependant, si elle avait retenu quelque chose dans ce milieu d’hommes : c’est qu’ils appréciaient l’innocence, la naïveté… Et par dessous le fait d’instruire de jolies femmes pour les impressionner. Alors oui, Lucy gardait une part de naÏveté dans ses personnages pour que la séduction soit plus facile.

Elle attrapa une coupe de Champagne qui circulait sur un plateau d’argent, répondant au verre qui se tendait vers elle pour trinquer. « Touchée. » Dit-elle avec modestie, dans un français très approximatif -mais en général, cela aidait à marquer des points- alors qu’elle découvrait le visage de son interlocuteur. Lucy ne lui donnait aucun âge, mais son regard aigue-marine semblait avoir traversé bien des épreuves. Elle lui adressa un sourire chaleureux, tout en redressant élégamment son port de tête. « Dois-je en déduire que je me trouve ici, entre les mains d’un habitué auprès de qui on ne m’a pas introduite ? » Répondre à une question par une question, n’était-ce pas la plus délicieuse des réparties ? « Je peux vous assurer que je suis pas ici uniquement pour le Champagne, Monsieur… ? » La légère pointe de sarcasme se clôturait par une interrogation. Une question à la hauteur de ses propres attentes, car Edouard n’avait malheureusement pas eu le temps de lui présenter l’ensemble des personnes présentes. Elle devrait donc composer avec son peu de connaissances. « Je ne viens que lorsque tout est désert pour pouvoir profiter de la vue. » Dit-elle avec un sourire amusé, faisant référence à l’homme qui venait de la bousculer pour admirer l’oeuvre de plus près. « Il semblerait que ms calculs aient été très mauvais ce matin. » Ajouta-elle en reculant d’un pas pour ne pas se faire secouer une seconde fois.

A l’autre bout de la pièce, Edouard discutait avec un homme en jetant des regards inquiets vers sa complice. Pour une première rencontre, elle avait touché gros. Depuis la dizaine d’années qu’il venait dans cet endroit, Charly Walsh ne lui avait jamais adressé la parole : pourtant, les occasions n’avaient pas été rares.
Nemo
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NEMO
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Nemo
Dim 12 Nov - 15:43
Étude
Charly Walsh
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Alors que la jeune demoiselle continue sur ma lancée, je l’examine assez arbitrairement du buste au visage. Un petit sourire ne quitte pas le coin de mes lèvres tandis que je trempe mes lèvres dans le liquide sombre. Les femmes montrant une certaine admiration pour les œuvres d’art m’ont toujours intéressé. Celles se voulant riches et resplendissantes retiennent encore davantage mon attention.

- Walsh. Charly Walsh, dis-je en répondant à sa question.

L’un de mes sourcils se lève alors que j’apprends qu’elle préfère éviter contact avec tout autre être humain lors de ses divagations artistiques. Chose que je conçois tout-à-fait, mais qui titille mon esprit paranoïaque. Ne serait-ce pas une excuse ridiculement facile ? Je finis cependant par chasser ces questionnements de mon esprit et revient sur ce beau visage entouré de mèches blondes et légèrement bouclées.

- En effet Mademoiselle. Madame, mes excuses. Je me corrige en apercevant l’argent étincelant d’une alliance autour de la coupe de champagne. L’œuvre que nous avons la chance d’observer actuellement vient tout juste d’arriver de Londres, il s’agit aujourd’hui de son ouverture. Que vous pensiez que la salle allait être vide était très mal calculé. Dis-je en plantant mon regard amusé dans le sien.

Mon attention dérive durant quelques secondes vers Finn, en train d’examiner minutieusement le tableau. Je l’ai connu alors que nous n’étions encore que de jeunes adolescents, avant que je ne monte les échelons au sein des Madra Dubh. Finn est tout ce que je ne suis pas : fort, enjoué, intrépide et brave. Je ne connais personne d’aussi loyal que lui. Sans que je ne lui demande quoi que ce soit, il est devenu mon homme de main, mon digne protecteur, mon conseiller, mon meilleur ami, mon frère.
Sa présence avec moi ce matin n’est pas qu’une sortie entre amis. Finn a toujours eu un don incroyable : celui de reproduire à la perfection les œuvres des plus grands peintres. C’est d’ailleurs lorsque j’ai vu de quoi il était capable que l’idée de monter un trafic d’œuvres contrefaites m’est apparue. Sans lui, les Madra Dubh ne seraient rien.

Il finit par se retourner et me chercher du regard. Il me sourit discrètement et, après un mouvement de tête, revient à son étude. À cet instant, je sais que tout est gagné.

- Puis-je vous demander votre nom, Madame ? Êtes-vous venue accompagnée ? Demandé-je, sentant les quelques regards intenses d’un homme au fond de la salle.
@ Nemo


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