Deux semaines s'étaient écoulées depuis la fameuse soirée où la Tornade avait passé la nuit chez moi, après sa virée entre copines.
Deux semaines que je recevais un café chaque matin.
Deux semaines que je travaillais d'arrache pied à achever la toile qui trônait dans mon salon depuis des lustres.

Elle était enfin terminée et nous avions prévu que je la lui apporte au cours de la journée. Nous étions dimanche et il faisait beau… Chose assez rare pour être soulignée ici. Le soleil brillait même si fort que je me voyais presque contraint de porter mes lunettes de soleil simplement pour pouvoir voir où je mettais les pieds. La toile sous le bras, je montais dans le taxi qui devait me conduire à l'adresse indiquée sur mon téléphone.

Le trajet ne fut guère long. Après tout, nous n'habitions pas si loin de l'autre. D'ailleurs, j'aurais très bien pu m'épargner la dépense du taxi mais, comme expliqué plus haut, il faisait chaud ce jour-là et la peinture à l'huile n'apprécie pas vraiment le soleil et ses rayons UV.

Quelques minutes plus tard, je frappais à la porte de la Tornade.

– Livraison Express, lui lançais-je sitôt qu'elle m'eut ouvert la porte.

Cela faisait déjà deux semaines. Je ne les avait pas vu passer. Sienna es venue s'excuser de la soirée mais elle était déjà pardonnée. A deux, on avait décidé de réchauffer les couleurs de mon appartements. Morgan avait raison, cela faisait du bien ! J'avais complètement changé le style, passant de quelque chose de minimaliste et extrêmement design à quelque chose de plus doux et cocooning. La couleur lin posée fraichement sur les murs contrastaient avec les boiseries en blanc cassé. Elle avait posée des plantes un peu partout, des touches de raphia, d'osier, de lin, de coton, réchauffait la pièce avec des matières nobles. Les objets en déco en terracotta, en porcelaine provençale donnaient des touches très française à l'ambiance chaleureuse. Elle était fière de sa nouvelle déco. Alex étaient venus chercher le reste de ses affaires la semaine dernière et enfin, elle était débarrassée de lui définitivement.

Et aujourd'hui, dimanche, elle allait recevoir Morgan chez elle. Pour l'occasion, elle avait prévu un cake au chocolat et aux noix et un café. Elle avait coupé le cake en plusieurs part et avait posé le tout dans une assiette. En vérité, elle tenait les comptes pour Morgan, elle s'était amusé, le premier jour à lui avoir fait transporter un café jusqu'à son travail avec un post it. Et elle avait continué. Tous les jours. Elle avait cent jours à tenir pour rembourser ce qu'elle devait à Morgan. Il n'en restait plus que quatre vingt huit. Elle s'était habillé d'un pantalon en lin large et d'un haut débardeur noir en col V et elle avait attendue sur son canapé, le signal de l'arrivée de Morgan.

Il toqua à la porte, certainement que la porte de l'immeuble était ouverte. Elle sourit en lui ouvrant la porte. Elle le laissa passer pour le faire entrer.

« Salut ! »

Elle ferma la porte une fois qu'il eut passé le seuil et se retourna vers lui. Elle se dirigea vers le salon et lui fit signe d'avancer vers elle.

« Comment tu vas ? »

Rebecca s'était plantée au milieu du salon, face à l'endroit où elle voulait poser la toile, au dessus du canapé, c'était parfait ! Elle indiqua la position de sa main.

« La c'est pas mal, tu en penses quoi ? C'est toi l'artiste ! »

Elle finit par lui lancer un immense sourire, ses cheveux en bataille. Elle était plus sereine que la dernière fois, elle était certainement plus pétillante aussi.

Bien content d'être enfin parvenu à destination, je me laissais guider par mon hôtesse jusqu'au salon. Elle avait plutôt bonne mine ce qui, avouons-le, faisait plaisir à voir.

– Très bien, très bien. Tu as l'air en forme.

Je jetais un rapide coup d'œil autour de moi et fus très surpris de ne pas me trouver dans une pièce blanche et épurée comme une toile vierge. Au contraire, les couleurs, même si très féminine dans leur choix, appelaient au calme et au repos. Je la laissais me désigner l'endroit où elle voulait poser la toile, au-dessus du canapé, évidemment. Un classique de l'emplacement décoratif.

– Pas de problème, lui dis-je en souriant légèrement. Tu as une visseuse et des chevilles ? Je peux te l'installer si tu veux.

Peut-être aurais-je dû apporter mes propres outils, mais je n'y avais absolument pas pensé. Honte à moi. En attendant, je posais la toile contre un mur et observais l'endroit avec beaucoup plus d'attention. Je pouvais sentir l'odeur de la peinture, du neuf et du… chocolat ?

– Tu as réaménagé tout ça récemment ? lui demandais-je. À dire vrai, je pensais que tu étais plutôt du genre à aimer ce style minimaliste, blanc et épuré à souhait.

J'évitais d'utiliser le terme "impersonnel" même si c'était bel et bien ce que m'inspirait ce style soi-disant design qui avait le don de me filer de l'urticaire.

– J'aime beaucoup en tout cas. C'est vivant sans être agressif et c'est plutôt chaleureux. Ça colle plutôt bien à ta personnalité. Enfin, je trouve.

Elle lui sourit quand il affirma qu'elle avait bonne mine. En vérité, depuis qu'elle n'avait plus Alex dans sa vie, c'était comme un poids qui s'était en  allé. Elle n'avait pas réalisé sur l'instant que cela lui avait tout chamboulé son fonctionnement mais elle se rendit bien compte qu'elle ne l'aimait plus depuis longtemps et qu'elle s'était attaché à des souvenirs d'une autre vie.

« Oui, j'ai profité de mon temps libre pour reprendre beaucoup de choses que j'avais laissé en court de route ! »

Elle lui indiqua ensuite l'endroit où elle voulait accrocher le tableau. L'autre, était dans sa chambre, posé simplement sur une étagère, à côté d'une plante qui laissait ses lianes tomber avec grâce dans le vide. Quand Morgan lui demanda si elle avait une visseuse et des chevilles, elle leva son doigt en l'air comme quand elle le fait alors qu'elle intime un ordre.

« Attends moi là. »

Elle fit demi tour et traversa le salon pour se diriger vers le fond du couloir et entrer dans sa chambre. Elle ouvrit le dressing et tout en bas, se trouvait sa boite à outils et les machines dont elle se servait le plus. Notamment une scie sauteuse et une visseuse. Elle attrapa la caisse à outils et la visseuse et revint dans le salon. Elle posa le tout devant Morga et posa ensuite ses mains sur ses hanches.

« Il devrait y avoir tout dans la caisse. »

Elle se baissa, accroupie pour ouvrir la boite, et observa son contenu. Elle sortit des vis et des chevilles compatibles pour son type de mur. Elle était architecte d'intérieur, elle s'y connaissait en outils et technique de bricolage. Elle aimait ça. Elle tendit les deux paquets à Morgan.

« Avec ça, tu devrais y arriver. »

Elle entendit alors Morgan lui demander si elle avait réaménagé récemment car il s'imaginait plutôt une décoration minimaliste et épurée plutôt que ces couleurs. Elle hocha la tête en se relevant et observa son salon.

« C'était comme ça avant. Mais c'était beaucoup trop froid. Depuis que Alex n'est plus là, j'avais besoin de changement et comme tu l'as si bien dit, un coup de peinture, ça aide. »

Elle lui sourit, complice. Elle se souvenait de quelques brides de leurs conversations mais quand il lui avait donné des conseils, elle se souvenait vraiment de ce qu'il avait affirmée. Aussi, quand il affirma qu'il aimait beaucoup, son sourire s'agrandit.

« Merci ! J'avoue que je préfère ainsi aussi. C'est bien plus accueillant. »

Ne pas rougir. Ne pas rougir. Ne pas rougir.

Le compliment qu'il lui avait fait sur son caractère, gonflait son cœur de joie. Elle finit par lui demander à la va vite, pour changer de sujet et surtout reprendre contenance face à l'homme devant elle.

« Qu'est ce que je t'offre à boire ? »

Une fois les bons outils en main, il ne fut guère difficile d'installer le tableau à sa place. Quelques ajustements, tout au plus, où je demandais à Rébecca de me guider juste pour être certain que celui-ci fut bien centré.

– Et voilà, dis-je en me frottant les mains. J'espère que Madame est contente.

J'appris ensuite que cet appartement venait de subir de gros changements. Visiblement, en imaginant un look plus épuré, je ne m'étais pas trompé et je ne pus que me réjouir de ne pas me trouver au milieu d'un environnement froid et impersonnel.

– C'est très réussi. Tu as parfaitement su te réapproprier tout l'espace. On sent bien que l'on se trouve chez toi et dans sur la page numéro trois d'un catalogue.

Lorsqu'elle me demanda ce que je voulais boire, je ne pus que sourire.

– Un café, je suppose, la taquinais-je gentiment avant de ranger les outils dans leur boîte. Tu veux un coup de main ?

Il installa le tableau et je le guidais dans sa tâche. L'avantage, c'est que je n'avais pas besoin de niveau. J'avais un très bon regard et sans me vanter, j'avais un compas dans l'œil. Cela aidait beaucoup pour mon travail d'ailleurs. Après que mon perfectionnisme soit satisfait, j'observais l'œuvre accrochée au milieu du salon. Morgan se frotta les mains et je lui sourit, ravie de la voir enfin chez moi.

« Oh oui, elle est super ici ! »

Elle était à l'abri de la lumière donc ne risquais pas de s'abimer, elle était assez éloignée des autres objets donc étaient vraiment mise en valeur. Satisfaite, je l'entendis me complimenter sur ma décoration et lui avait répondit que c'était effectivement tout frais. Il observa le salon et je suivis son regard. Jusqu'à ce qu'il parle d'un catalogue. Je lui frappais doucement l'épaule en passant derrière lui pour me diriger vers la cuisine.

« Ahahah ! Très drôle ! »

Elle se sentait tout de même flattée. Elle aimait la décoration et adorait allier le vintage et les matériaux nobles à des inspirations tendance. Elle lui demanda ensuite ce qu'il voulait boire et il lui sourit en rangeant les outils naturellement dans la caisse à outils en lui affirmant qu'un café ferait l'affaire. Elle lui rendit son sourire complice.

« Si tu veux me donner un coup de main, oui, je veux bien ! »

Elle attendit qu'il arrive dans la cuisine pour lui montrer le placard du haut, au dessus de l'évier.

« Là, il y a le moulin à café, les grains se trouvent juste à côté. Prend le pur arabica. Il faut mettre trois cuillères à soupe de graine dans le moulin. »

Elle attrapa le bac d'eau de la cafetière et se dirigea vers l'évier pour remplir le bac d'eau. C'était étrange d'accueillir un homme chez elle et qu'elle se sente si facilement en paix. Elle était vraiment passée à côté de beaucoup de choses. Elle retourna à la cafetière et posa le bac d'eau. Elle attendit qu'il termine tout en l'observant travailler. Un sourire en coin passa sur ses lèvres. Elle alluma la machine après un temps avant de nettoyer le bras qui recevait le café moulu. Elle le rinça et le remplit avec le café fraichement moulu. Les tasses étaient posées au dessus de la machine et en attrapa une pour terminer par appuyer sur le bouton. Un café, fraichement moulu, c'était vraiment ce qu'il y avait de meilleurs. Les arômes restaient emprisonnés dans les grains jusqu'à la dernière seconde et délivrait tout ce qu'il contenait dans la tasse. Elle termina par affirmer à Morgan.

« Si t'as faim j'ai fait un cake au chocolat si tu veux avec ton café. »

Je fus tout de même très surpris de l'entendre accepter mon aide et, surtout, de me donner la grande responsabilité de la préparation du café. Après tout, elle avait eu l'occasion de se rendre compte de mes "talents" de barista et de ma capacité à transformer un produit aussi noble en carburant pour moteur à explosion.
Heureusement, ma tâche s'arrêta à celle de moudre les grains. Ouf. Je ne pouvais pas commettre d'erreur regrettable, enfin… je l'espérais. Une fois ma maigre tâche terminée, je l'observais accomplir la sienne tout en humant le délicieux parfum du café frais.

– Un cake au chocolat ? lui demandais-je, surpris. Je n'en ai plus mangé depuis… avais-je ajouté tout en essayant de compter, mais en vain.

Cela remontait à bien avant le décès de ma mère. Autant dire, une éternité. Lindsay détestait la pâtisserie et je n'ai jamais éprouvé le moindre désir de me préparer le moindre gâteau. Il faut dire aussi que je n'éprouvais pas une grande attirance pour ce genre de mets que j'allouais plutôt à l'enfance.


–...Très longtemps… achevais-je avant de relever les yeux vers elle. Tu fais souvent des cakes au chocolat ou… ou as-tu préparé celui-ci pour moi ? lui demandais-je, un sourire taquin au visage.

Les cafés prêts, j'apportais le nécessaire jusqu'au salon où je déposais le tout sur la table basse avant de m'installer sur le canapé. J'aimais beaucoup l'ambiance que dégageait cette pièce.

Il l'avait aidé pour le café, à moudre les grains. Et alors qu'elle faisait couler le premier café, elle l'entendit s'exclamer avec surprise. Elle sourit en tournant la tête vers lui alors que le bruit du moteur de la machine à café tournait derrière. Elle croisa les bras sur son haut noir alors qu'elle le voix compter dans son esprit. Il tourne son regard vers elle, lui affirmant que cela faisait bien trop longtemps apparemment pour s'en souvenir précisément. C'est là que, tout en l'observant, il n'hésite pas à lui demander si elle faisait souvent cela ou si c'était uniquement pour lui.

Elle ne se démonte pas, quand elle adopte une posture décontractée quand la machine retentit dans un clic sonore pour annoncer la fin du premier café. Elle pose la tasse sur la table à côté et prépare la deuxième tournée.

« Je fais souvent des pâtisseries quand j'ai des invités. Mais pas forcément pour tout le monde. Sent toi privilégié ! »

En vérité, elle est assez sélective dans les choix de ceux qu'elle invite chez elle et cela passe par un bon accueil de a part en contrepartie. Elle n'aimait pas forcément les amis de son ex désormais qui mangeait tout avant même qu'elle n'ai le temps de s'asseoir. La bobonne qui reste dans la cuisine. Ce qu'elle a pu détester ce rôle ! La frustration qui s'était accumulée par tous ces actes étaient vraiment l'élément déclencheur de leurs rupture et surtout de l'amour qui s'était finalement tari entre eux. Heureusement pour elle, elle était désormais passé à autre chose et s'était rendue compte, grâce à Morgan que tout cela était vain de continuer et qu'elle n'était plus amoureuse depuis longtemps. Et même si Alex n'avait pas tenté de la joindre, elle sait qu'il n'est pas bien et n'as pas forcément accepté le rejet. Elle s'en contre fichait aujourd'hui.

Morgan avait finit par attraper les tasses et l'assiette et avait tout ramené au salon. Elle l'avait suivit avec deux petites assiettes, le sucre et des cuillères pour le café.

« En vrai, je ne sais pas quel parfum tu apprécies en patisserie alors j'ai fait à la valeur sure. Le chocolat ! »

Rare était ceux qui ne mangeait pas de chocolat. C'est là que, depuis son perchoir sur son arbre à chat dans un coin de la pièce, Seth trouva intéressant le contenu des assiettes posées sur la table et vint nous rejoindre. Je m'assis à côté de Morgan, tapotant le tissu du siège pour faire venir le chat.

« Je te présente le démon nommé Seth !»

Le siamois vint s'approcher timidement de Morgan pour renifler doucement ses jambes et venir soudainement se frotter contre lui avant de sauter sur l'assise et s'allonger sur le dossier du canapé, observant ce qui se passe depuis le haut. Rebecca se tourna sur le côté, observant l'animal un instant et finalement se pencha vers la table basse pour prendre un morceau de gâteau et venir le poser dans son assiette. Elle ajouta un sucre à son café dans l'action et finalement attrapa l'assiette pour venir se redresser et mordre dans la part de gâteau.

Le gout du chocolat emplit son palais et le fondant du cake se mélangea au croquant des noix. Tellement bon !

« Merci encore pour la toile, elle est vraiment magnifique ! »

Elle avait fini sa bouchée avant de déclarer cela, observant du coin de l'œil, un sourire doux collée aux lèvres. Et dire que maintenant, elle pouvait dire qu'elle s'était fourni auprès d'un artiste ! Elle était sure que ce genre d'œuvres pourrait faire plaisir à certains de ses clients mais Morgan avait été clair, il ne peignait que pour lui. Alors elle rangea cette idée dans un coin de sa tête pour l'oublier définitivement. Elle respectait le choix de l'homme assit à côté d'elle et surtout, elle respectait aussi l'artiste qu'il était. Elle l'avait observé pendant toute sa phase de réflexion et finit par décrocher son regard de lui avant de mordre de nouveau dans son gâteau. Elle venait de trouver Morgan beau. Véritablement beau.

Ainsi, la Tornade faisait partie de ces femmes qui aimaient "pâtisser" pour ses invités. Sans doute pour ses amis que pour ses clients, supposais-je.

– Je ne suis donc pas "tout le monde", c'est déjà pas trop mal, raillais-je gentiment bien que légèrement provocateur.

Ce jour-là, j'étais de bonne humeur et la taquinerie me venait plutôt facilement. J'apportais tout ceci au salon et déposais le plateau sur sa table basse. Elle évoqua ensuite son choix dans la confection du fameux gâteau. Plus particulièrement dans celui du parfum de ce dernier. Pour elle, le chocolat représentait une valeur sûre… Je me demande bien pourquoi. Même si sucré, je trouvais que le chocolat avait une saveur un peu trop forte pour être appréciée de tout le monde. Mais puisque je n'y connaissais pas grand-chose en pâtisserie, préférant les mets plus salés, je fis le choix de la croire sur parole.

Je fus ensuite présenté au fameux chat diabolique, celui-là même qui, quelques semaines plus tôt, avait inondé de café son ancien ordinateur.

– Salut Chatanas, dis-je en lui tendant la main.

Évidemment, en bon chat de salon, le félin m'ignora royalement et alla s'installer sur le dossier du canapé. Je pris alors une mine faussement offusquée avant de prendre une bouchée de gâteau. Elle me remercia de nouveau pour la toile, affichant un très joli demi sourire qui lui donnait un petit air secret…inaccessible.

–Hm, il est … pas trop mauvais, lui dis-je, jouant à l'individu très surpris par les talents de pâtissière de son hôtesse. Pour être tout à fait franc avec toi, je n'ai jamais su apprécier le chocolat et je déteste les noix. Pourtant, je trouve ton gâteau très bon… Du coup, je peux savoir pourquoi tu me regardes comme si j'étais plus appétissant que lui ?

Ma voix s'était faite plus sérieuse, plus grave aussi. Sans même m'en rendre compte, mon regard venait de s'assombrir très légèrement… Pour être franc, si elle ne venait pas de traverser une épreuve difficile avec sa rupture et le déménagement de son ex, sans doute me serais-je montré plus entreprenant. Néanmoins, même si elle me semblait plus sereine et plus libre, je ne pouvais être certain de ce qui se passait dans sa tête. Je ne voulais pas jouer le rôle du pansement. Ce mec qui n'était que de passage et qui n'avait aucun autre intérêt que de guérir une plaie en attendant le prochain. Aussi essayais-je plutôt de rester dans la retenue… Même si… Ce petit sourire m'avait donné envie de l'embrasser.

Tu ne l'as jamais été. Elle voulait lui hurler ces mots. Plus elle passait du temps avec cet homme et plus il prenait une place dans sa vie et son cœur bien qu'elle le regrette. Comprenez bien, ce n'est pas l'idée d'aller dans une relation avec lui qui la dérangeait. Mais elle ne voulait pas s'engager avec lui dans une relation pansement. Il avait trop de valeurs pour elle pour que se soit le cas.

Aussi, elle préféra simplement sourire quand il prit un air provocateur, prenant un air amusée alors que les deux se dirigeait vers le salon, les bras chargés. Elle se posa sur le canapé, avait préparé son café et sa part de gâteau après avoir présenté son chat à l'artiste. Elle rit quand elle entendit le surnom que Morgan avait donné à Seth. C'est vrai que cela lui allait bien ! Elle vient caresser le museau de son félin de son doigt et ce dernier frotta ses babines contre sa main en fermant les yeux paresseusement. Elle connaissait son chat par cœur.

Puis elle avait tourné son regard vers l'artiste qui mordait dans une part de chocolat. Et après l'avoir observé, elle se rendit compte qu'elle le trouvait beau. Elle détourna son regard, mordant dans une autre part et faillit s'étouffer aux paroles de l'homme.

Elle sentit immédiatement le rouge chauffer ses joues. Elle devait être cramoisie ! Non pas dans l'idée d'avoir trouvé Morgan beau, elle lui dirait volontiers mais plus d'avoir été prise sur le fait. Elle reposa son gâteau, toussant un instant, ses joues toujours chaudes. Sa quinte passa très rapidement. Elle tourna alors son regard vers Morgan.

Elle l'observa un instant, tentant de reprendre son souffle et surtout de faire baisser la température de son visage. Elle but une gorgée de son café et finit par se dire qu'elle devait être franche avec lui. Elle aimerait qu'on le soit avec elle, alors autant l'être avec lui.

« Je vais être franche avec toi. Tu es surement plus apetissant que ce gâteau. »

Elle avait dit cela avec beaucoup de nonchalance, et pourtant, conserva un petit sourire en coin de lèvres. Elle finit par observer les pupilles de l'homme, son nez, le contour de sa mâchoire, ses lèvres. Si elle l'embrassait, avait il le gout du chocolat ? Elle se demandait d'ailleurs, quelle sensation elle éprouverait si il venait à poser ses lèvres contre les siennes ? Serait il entreprenant ? Devrait elle mener la danse ? Trop de questions se bousculait dans son esprit.

« Je ne sais pas comment s'est arrivé mais c'est là. Je te demande pas de répondre à quoi que se soit, je veux juste être honnête. Tu m'attires, plus qu'un simple ami. Et si c'est pas le cas pour toi, c'est pas grave, je veux dire, j'ai pas envie de perdre notre amitié, elle est précieuse pour moi et je suis désolée si cela te gêne eh bien, c'est pas grave et ... mon dieu, je suis en train de m'enfoncer là non ? »

Elle venait de réaliser, là qu'elle venait de lui dire qu'il lui plaisait, de but en blanc. Elle se frotta le front, pour tenter de calmer sa gêne grandissante. Elle sentit le rouge revenir sur ses joues. Elle était prête à se lever, pour aller se diriger vers la cuisine. Mais elle avait besoin de savoir le point de vue de Morgan sur tout ca.