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Dreamcatcher
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Dreamcatcher
Dim 7 Mai - 13:53
A vol de condor... - Page 3 16799310
Ayelén Cardenas
J'ai 27 ans et je vis à Témuco, au Chili. Dans la vie, je suis dans plein de petits boulots et je m'en sors pas trop mal finalement car je m'éclate avec la musique et le chant. Je suis célibataire et je le vis très bien car je m'en fous royalement.

Ayelèn ça veut dire la joie. Un comble quand on connait la vie de merde que je me suis cognée avec un père alcoolo et une mère grandiose par son absence. Je ne l'ai jamais connue et c'était tabou d'en parler pour le chaw dépassé par une gosse dont il ne savait que faire. Il m'a aimée je suppose comme il a pu, à sa façon, c'est à dire très mal et carencée d'affection et de sécurité. J'ai grandi à la va comme je te pousse, aléatoire, versatile, excessive, paumée. Muter en parent de son parent c'est glauque, tordu. Mais j'avais une liberté de folie et je ne saurai jamais comment j'ai fait pour ne pas me retrouver sur le trottoir ou droguée ou assassinée ou torturée! J'aurais pu tomber dans n'importe quel trou noir et ne plus en sortir. À la place de ça, j'ai culbuté dans le grand chaudron de la musique. Ça a du me sauver.

Le jour de mes 18 ans, j'ai dit au revoir à mon père, épuisée des relents de trop d'années qui puaient les égouts. Je lui rends visite de temps en temps mais je ne fais plus le ménage ni les courses ni le reste et le deux pièces miteux dans lequel j'ai créché pendant mon enfance est devenu un taudis qui me donne des hauts le cœur.

Je bosse partout où il y a du taf sans aucun diplôme, mal payé évidemment mais je m'en fous, je mange à peu près à ma faim, je partage un studio avec une fille qui galère comme moi mais à deux, c'est plus facile. J'ai vécu une période assez longue dans la rue mais ça, je n'en parle jamais et personne des gens que je connais en ce moment ne sait. J'en ai gardé des cicatrices moches sur le corps, des terreurs que je gère pas et si on me demande, je réponds que j'me suis faite bouffée par un clébard.

Activiste à mes heures, j'ai embrassé la cause des Mapuches comme une gosse embrasse sa mère, parce que j'y crois tout simplement. J'espère dur comme fer qu'on aura -bientôt- la place qui nous revient de DROIT.

J'ai aimé une fille une fois, à la folie. J'm'étais tatouée des mots doux, des mots d'éternité sur l'épaule gauche du côté du cœur. Et puis elle a fait comme ma mère, elle s'est tirée sans me prévenir après toutes nos promesses et nos bonheurs. Alors, j'ai pris un couteau et j'me suis arrachée la peau pour tout enlever.

« ...La tribu des damnés, des éternels crève-corps, crève-cœur, porteurs de souffrances et de deuils, si mal gâtés que la moindre miette de vie était reçue comme un don inespéré. Les déshérités...avaient quelque motif de vouer un infini amour à la vie : car de l'existence ils avaient bu toute l'eau amère ; ils en avaient goûté aussi, de temps à autre, les saveurs inouïes. »

F. Cheng



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Il n'y eut aucun regard, aucun mot prononcé entre Melchior et Ayelèn. Il l'ignora, elle en profita, soulagée, l'évitant brillamment. Cependant, précieuse et souveraine, la musique fracassa les frontières et les barrières exacerbée par un peu de lean dans les verres...Qu'il pense ce qu'il veut, elle n'aurait jamais du céder à cette culpabilité de merde, cet espèce de sale regret qui l'avait poussée à l'inviter chez Miguel. Oui, mais...Trop impulsive, elle agissait souvent en dépit du bon sens, se retrouvant dans des situations pénibles où elle perdait pied, abreuvée d'absurde et de peurs ancestrales. Sans en avoir véritablement conscience, elle se débattait depuis toujours contre un atroce sentiment d'insécurité. Ces terreurs qui lui pliaient les tripes quand elle se retrouvait seule dans l'étroit appartement, recouvrant du vieux plaid son père alcoolisé, ouvrant la fenêtre pour chasser l'odeur lourde de l'éthanol. Ces cauchemars qui la laissaient en sueur la nuit, le cœur battant à tout rompre, la respiration saccadée. Yeux écarquillés dans le noir, il lui fallait du temps avant qu'elle ne trouve le courage de bouger pour enfin allumer la lampe et finir par s'endormir d'épuisement. L'esclavage d'une môme qui gérait le quotidien comme une adulte au lieu de jouer et d'apprendre à l'école. Au final, personne ne sut exactement le drame qui se déroulait chez les Cardenas. La mère s'était tirée, soit et alors ? Ça n'empêchait pas de vivre et de s'en sortir, non ? Le paternel picolait certes, mais bon, rien de vraiment méchant n'est-ce pas ? Il prenait soin de sa fille comme il pouvait le pauvre homme. La fillette « s'amusait » à nourrir les apparences avec soin, souriante pour noyer le poisson, ne tarissant pas d'éloges sur son pobre papá. Tout allait bien.

Mais elle sentit quelque chose juste avant qu'il ne parte. Elle osa alors un unique regard, furtif, infoutue de se maîtriser.  Ne parvint pas à définir ce qu'elle perçut, là, tout à coup. Ce fut bref mais intense. Un mot lui vint à l'esprit : Mapoudoungoun,  le langage de la terre. Mapoudoungoun...Les syllabes tournaient dans sa tête, elle ferma les yeux pour palper...Quoi donc...Mapoudoungoun...La peau de la terre...Oui, c'était ça...Elle « entendait » la peau de la terre...


Tribe Trance

***

Miguel « explosa » de joie , quel heureux hasard de retrouver Mel ! Il fit les présentations, se tourna vers Ayelèn la tirant par le bras pour la ramener près de lui, pile à la face du blond. D'un geste sec, elle rompit son geste, fixa ses pupilles noires sur leur hôte, les lèvres pincées en une grimace qui se voulait un sourire. Un hasard...Bah voyons. C'était...terrible. Guzman commanda à l'asiatique qui obéit et quitta la pièce sans mot dire, évidemment. Ces riches habitués à être servis comme des pachas...

-Nous encore moins. Il y a eu un...orage, beaucoup de pluie, on s'est fait surprendre, on campait plus loin. On espérait que la maison soit inhabitée.

Elle ne cherchait aucune excuse, aucune justification, de toute façon, le petit groupe n'avait pas fait grand chose de mal hormis franchir les limites d'une propriété privée. Monsieur ne s'abaisserait sans doute pas à donner de l'importance à une infraction minable. Les mouches du coche boueuses et trempées allaient prendre la poudre d'escampette et basta, fin de l'histoire. Mais...Miguel ! Ferme la ! Ferme ta grande gueule ! Et voilà ! Il était heureux de le revoir ! Ça lui faisait plaisir ! Quelle belle propriété ! Et patati et patata et le piège se refermait. Se refermait...Elle jeta un œil à ses boots et son jean où la terre collée s'étalait en grosses taches marronasses. Ces magmas dans lesquels ils s'étaient embourbés...La voiture...

-Où sont les toilettes ?


Elle leur avait coupé la parole d'une voix impérieuse avec une note de fond...apeurée mais aucun de ses amis ne pouvaient entendre cette tonalité inaudible à l'oreille humaine.


A vol de condor... - Page 3 01re
Val
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Val
Sam 13 Mai - 1:17

Aye Min Sein,
En vérité אמת, si près de la mort מת...

J'ai vu le jour le 13 novembre 1995. Je suis venu au monde comme mon « jumeau » Melchior Estrello dans cette propriété au Chili, dans la province d'Araucanie.

Pendant ses études aux Etats-Unis, je suis resté là où est ma place, à attendre son retour en prenant soin de cette famille qui est la mienne. Ma mère a donné le sein m'a-t-on dit à l'héritier du nom, je suis donc son frère de lait et bien plus que ça. Lui et moi sommes chargés de défendre les valeurs des nôtres envers et contre tout et tous : obéissance et honneur est notre devoir !  

J'ai donc  27 ans et je suis toujours à la Casa Guzman, chauffeur et ombre du jeune maître dont je ne puis être séparé bien longtemps, à quelques kilomètres de l'Argentine, à près de 800 km de Santiago du Chili.

Cet héritage est le mien, tel quel je le revendique, je n'ai d'autre but dans la vie que faire correctement ce pour quoi j'ai été créé, et je le fais à la perfection, du moins jusqu'à présent.



J'ai fait mes études grâce au vieux Guzman, celui qui a posé le pied au Chili en 1948 après une période trouble en Europe venant d'Allemagne.
Moi, je serais Birman, du moins d'origine, né au Chili je suis Chilien, je ne me suis jamais demandé comment ni pourquoi, je le suis, c'est tout, les questionnements ne mènent à rien et gênent l'action.
Otto m'a instruit, il m'a appris non seulement tout ce qui est nécessaire pour comprendre ce monde et y tenir la place qui est mienne, mais bien d'autres choses encore.

Je suis le gardien des traditions, le protecteur de cette famille et je le serai tant que je vivrais.

De ma naissance, si providentiellement orchestrée le jour même de celle de Mel, je ne sais rien, je n'ai plus ma mère pour me le raconter, comme lui n'a plus la sienne.

Je vis dans cette demeure isolée habitée par l'Ancêtre âgé de cent cinq ans, sa domesticité et Mel Guzman, l'avenir du clan... Nous sommes seuls et souhaitons le rester dans la mesure du possible.



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A vol de condor...

Ayelén Cardenas , Mel E. Guzman-Cea et  Aye Min Sein,

A vol de condor... - Page 3 Ca990010

Début 2023


- Bonsoir. Soyez les bienvenus à la Casa Guzman. Sein ? Laisse-nous veux-tu je ferai le service seul.  

Je m'incline à peine, histoire de leur donner le change ? Je suis un serviteur et lui un maître. Entre nous, ces fadaises n'existent pas, nous sommes les gardiens de cette terre, lorsque je pense à notre rôle ici, je m'imagine comme dans les illustrations de temples anciens de quelques culture ou divinité que cela soit : deux statues au garde-à-vous pour l'éternité, regardant l'horizon, placées là pour impressionner les visiteurs autant que pour veiller sur ce qu'elle délimitent.

Mel sourit à cette évocation, non qu'elle ne lui parle pas, mais il la sait fausse, qu'il se rassure moi aussi... Nous ne sommes pas éternels, et nous n'avons personne à impressionner, juste un devoir à remplir. Les « bienvenus » ? C'est une formule, on ne peut guère accueillir d'étrangers aussi dérangeants soient-ils en leur disant « Vous êtes indésirables ici ! », tout cela est question de convenances, d'apparences... Si le Vieux s'est soustrait au monde depuis plus de trente ans, nous devons représenter sa maisonnée et en donner une image flatteuse.

Melchior en sait sans doute plus que moi, encore que, entre nous la fusion est telle que je « sentirais » au moins qu'il me cache certaines vérités ? Non, je crois que son statut de sang du Sang ne lui donne guère d'avantage, seulement des obligations auxquelles je ne suis pas soumis, j'en ai d'autres qui ne sont pas les siennes. Est-ce pour cela que nous sommes toujours deux ?  Nos pères avant nous montaient la garde,  le trépas prématuré de l'un a réduit l'autre à l'inutilité. Chacun nous détenons une part seulement de l'énigme. Capturé, l'un sans l'autre pourrait parler sans se retenir : il ne donnerait que des indications véridiques mais inutiles car incomplètes.

D'ailleurs, pourquoi « capturé » ? Nous savons être en guerre mais les trublions de ce matin n'ont rien de soldats ? Juste un groupe d'imbéciles, rebelles et provocateurs qui ont enfreint les lois de ce pays en entrant chez d'autres ? C'est probablement simpliste comme explication, Melchior ne cesse de relever mes jugements à l'emporte-pièce qui me desservent. Honnêtement je m'en fiche. Contrairement à beaucoup, j'ai un but sur cette terre, j'ai une utilité, je défends ma terre !

- Il y a eu un...orage, beaucoup de pluie, on s'est fait surprendre, on campait plus loin. On espérait que la maison soit inhabitée.

Elle ment, je le sais, tous le savent ! Mais elle me ramène au présent. Un orage ? La météo locale ne parle nullement d'orage, au contraire ! Les divers bulletins font état d'une sécheresse problématique pour la saison ? J'ouvre la porte d'entrée et regarde la voiture enlisée jusqu'à mi-roues, prise dans une gangue de boue séchée, la terre craquelée autour... Je ferme les yeux et tends mon esprit, en sourdine j'entends Melchior répondre à demi mots au torrent de paroles du plus âgé du groupe... Comme il est surpris et content de retrouver Mel ! si heureux de le revoir ! Ça lui fait plaisir ! Quelle belle propriété ! Et patati et patata... Pendant qu'il parle, et que Melchior ponctue de quelques mots, juste pour relancer le monologue, je suis tranquille et peux œuvrer. Puis soudain - Où sont les toilettes ?

Je rouvre les yeux, un quart de seconde, avant de les fermer en hâte.  En moi, les pulsations du sol résonnent, devant moi, sans que je le vois la terre repousse vers la surface le véhicule prisonnier... A l'intérieur, dans le vestibule, le pas de la jeune femme se fait lent, ses jambes pèsent des tonnes et lever chaque pied devient difficile... Je finis de mettre la scène en ordre, l'empêchant de presser l'allure pour sortir et s'assurer que ses souvenirs sont justes...

Je n'aime guère ce que je sens en elle... Je sais que Melchior s'il dissimule mieux en a également connaissance, mais lui semble attiré plus qu'inquiet ?

Je redresse l'assise de la voiture sur la terrasse, les dalles sont posées où elles doivent l'être, là où la terre apparaît les seules cicatrices qu'elle porte sont celles du manque d'eau... L'herbe est jaune mais en aucune façon marquée par un quelconque orage. Du torrent de boue nulles séquelles, le soleil est levé et darde de ses rayons déjà brûlants la propriété...

Je m'attaque maintenant aux souvenirs... et là, la particularité de cette fille est plutôt un avantage... Dans son cerveau inquiet et fatigué par une nuit blanche remplie d'émotions, je martèle doucement...  Mapoudoungoun... Mapoudoungoun... Mapoudoungoun... Moi le Birman supposé j'en appelle à la terre chilienne, à la terre mapuche, usant de leur langue qui est mienne et très certainement sienne ! Entends-tu petite sœur née de cette terre ? Elle te dit qu'il ne s'est rien passé, tu as rêvé...

La-bas, Melchior s'émeut de ce que je fais ? Enfin il a compris qu'elle n'est pas comme eux ! Il y a parmi les natifs des « sorciers » auxquels les racines parlent ? Si elle est de ceux-ci quelles sont les consignes ?


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Oskar
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Ven 26 Mai - 13:51

Mel  E.
Guzman-Cea

J'ai vu le jour dans cette propriété le 13 novembre 1995. C'est à ma mère Alba que je n'ai jamais connue que je dois de porter deux magnifiques prénoms impossibles à exporter -Melchior Estrello- J'ai donc  27 ans et je suis actuellement  de retour chez moi au Chili, dans la province d'Araucanie à vol d'oiseau à quelques kilomètres de l'Argentine, pas très loin non plus -pour un condor- de la ville de Pucón, à près de 800 km au sud de Santiago du Chili, dans un environnement à la fois minimaliste et grandiose.
Cet héritage est le mien, tel quel je le revendique, je n'ai guère la réputation d'être altruiste ou empathique. Je suis et reste un propriétaire terrien d'Amérique du Sud, riche, très riche...



J'ai fait mes études à l'académie de West Point, aux Etats-Unis. L'une des vingt recrues étrangères proposées par leur pays d'origine chaque année... Malgré des classes exemplaires : j'ai obtenu avec mention mes diplômes et ai laissé là-bas un souvenir tel qu'on m'a proposé la double nationalité, je n'ai pas souhaité poursuivre dans la carrière militaire.
Pour résumer tout en restant discret, nous dirons que mes besoins sont autres et que je fais tout aussi bien à manifester mon autorité naturelle ailleurs que sanglé dans un uniforme.




Je vis dans cette demeure isolée que je partage avec mon grand-père paternel âgé de cent cinq ans.
A part l'ancêtre, sa domesticité et la mienne qui se résume à un factotum : valet, chauffeur, garde du corps, pilote de l'hélicoptère familial, il n'y a que moi ici.



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Ayelén Cardenas, Mel E. Guzman-Cea & Aye Min Sein


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Mars 2023

En moi résonnent l'appel des hordes ! (*) Je sais sans qu'on me l'ait jamais dit que ce sont ceux que nous devons combattre et qui nous abattrons... probablement... puisque nous sommes si peu nombreux ! Otto s'en désole, mais à ce que j'ai pu comprendre, il ne peut créer plus des nôtres ? Je ne comprends pas tout, j'ignore en fait ce que nous sommes ? Pas des hommes, pas uniquement... Plus jeune j'ai demandé un jour, ma curiosité scientifique voulait combler le néant qui jaillit quand j'essaye de m'identifier ou plutôt de définir ma nature... La réponse avait une consonance livresque ou cinématographique :

« Was bist du, Melchior? Wenn Sie gefragt werden, werden Sie antworten: Ich bin eine Legende »  (1)

Je me suis astreint à regarder le film, en vain, j'ai acquis une certitude : rien dans ce récit apocalyptique ne se rapporte à Aye Min Sein et moi, ou à nos pères et qui sait ? à d'autres avant ? Non, avant... Otto n'était pas en danger ? Ces digressions n'était qu'une parenthèse dans mon présent, j'aimerais comprendre et non ressentir... Mon alter ego lui, se repaît de sensations, il EST avant de penser, se fiche de savoir quoi mais en use sans limite ! En parlant de lui, je sens plus loin l'incompréhension et les craintes de Sein, je sens aussi le diktat d'Otto ! Il ne veut pas de cette musique, il ne veut pas de ces gens ! Les sons lui rappellent trop les massacres et les souffrances de... de qui ? De quoi ? Otto partage sa douleur mais jamais ses raisons ! Nous sommes ses murs, ses remparts contre une horreur qu'il n'explique pas, nous gardant chaque minuscule instant sur nos gardes, à guetter un danger dont nous ne connaissons rien sinon qu'il est mortel pour les nôtres...

Ne se rend-il pas compte qu'il demande beaucoup ?

Trop ?


La présence du groupe sous mon toit -son toit- me fait remonter des relents de... plaisir ! Et mon frère là-bas qui rentre à l'intérieur après avoir œuvré, par osmose découvre quelque chose qu'il n'a jamais ressenti et qui le perturbe intensément. Est-ce pour cela qu'il est sur la défensive ? En lui j'entends également un son mais totalement différent ! Il a redonné à la terre son aspect habituel, cela j'aurais pu le faire aussi, c'est disons une des multiples faces du dé qui nous unit. Pour le reste, plus que moi encore on l'a isolé du monde... Son âme -ou ce qui en tient lieu ? Avons-nous une âme- répète en cadence un chant d'une beauté envoûtante mais désespérante... En litanie en lui, la terre qui est notre mère psalmodie :

Vous espérez que votre famille et vous serez toujours jeunes,
Vous attendez la miséricorde du dieu de l'amour,
Comme la désintégration est contre la loi de l'univers,
Le cœur est sans limites, mais en un clin d'œil,
il fait face à sa fin...
(2)

C'est un message qu'il adresse... à la fille... Qu'entend-il par là ? Lui dit-il qu'elle doit oublier tout ce qu'elle a vu ici, faute de quoi les siens comme elle-même devront finir leur voyage ? Aye Min Sein bien que né dans ce pays a parfois pour moi des détours de pensée incompréhensibles, comme si son cerveau s'entêtait à parler une langue que je ne peux comprendre et à emprunter des routes fermées à mon mode de raisonnement... En un mot... il lui dit que rien n'est immuable et qu'à écouter son cœur on ne trouve que la fin ? Le lui dit-il à elle, ou bien -sachant que j'écoute- est-ce un message pour moi ?

Oui, mon cœur face à eux fait plus que respirer ! Oui, je sens grâce à eux des choses indescriptibles ! Je me sens simplement...

Vivre !


Non pas que je ne vis pas lorsque je suis seul... Mais la vie qu'on nous a permis, inculquée, imposée, est si stable, rectiligne, raisonnable, immuable... La musique m'a permis d'en découvrir d'autres aspects, de donner au mot « vivre » un autre sens dés que je l'ai découverte, une musique violente, insatiable, ultime, un tremblement de terre qui mutile à jamais le calme d'un paysage ! Ici, sur cette terre que j'habite et qui m'habite, je suis un réceptacle... Dans sa chambre en haut, la musique d'Otto est faite de bruits de bottes en cadence, de cris, puis de silence troublé parfois de hurlements d'agonie... Au bout du couloir, l'incantation sourde et lente de Sein y répond... Confirmant que nulle existence n'est sans fin mais qu'il faut faire son devoir ? Et moi ?

Moi ?

Je fixe les yeux d'une brune !


Pourquoi celle-là, pourquoi ici ? Elle paraît plutôt mécontente de me retrouver qui plus est, malgré le sourire désormais goguenard et protecteur de ce Miguel qui m'a pris en sympathie ! Si elle ne me voit pas lui a remarqué, et s'en amuse... Il est vrai que c'est grotesque ! Un propriétaire terrien richissime, doté de kilos de diplôme et éduqué dans une académie militaire prestigieuse, en proie à un émoi déplacé face à …

À quoi ? À qui ? Une musicienne errante entre deux mondes ?

Le chant intérieur de Sein s'accentue ! Il est en train de me rappeler à mes devoirs ! Je ferme les yeux et me laisse envahir par nos musiques, la mienne... et la sienne...

C'est à ce moment là qu'elle semble chercher une fuite, puérile, primale mais bien véridique :

- Où sont les toilettes ?

Je fais signe à mon chauffeur de la guider pendant que je pars d'un éclat de rire incontrôlé ! Si terre à terre, si basique ? Va... fais disparaître les dernières traces de boue ! Je vais moi les gommer autrement dans l'esprit de tes amis, Sein a raison comme toujours, nous sommes en guerre et la guerre ne peut se gagner sans discipline.

Je me retourne vers Miguel, on leur a proposé un petit déjeuner, Sein va s'en occuper il manie bien mieux que moi les appareils de la vie courante, moi, je me retourne vers le bar et en sors une bouteille, un pisco chargé d'ans et exceptionnel...

- Allez ! En attendant le café ? Pour vous remettre de vos émotions !

Lorsque l'alcool aura pris possession de leurs sens, juste assez pour rendre la mémoire floue, j'agirai. S'ils racontent leur aventure, rien ne subsistera pour la prouver ! Dehors, la voiture est redevenu un moyen de transport sans cicatrice, la terre qui l'entoure est ce qu'elle doit être aux yeux des humains... Les seuls traces encore visibles sont sur leurs corps et leurs vêtements...

Mais la terre retourne à la terre... Il faut juste œuvrer au bon moment.

En attendant j'offre mon sourire et mes manières de grand seigneur, leur faisant sentir combien ils sont privilégiés d'avoir accès à cette demeure magique perdue dans la montagne...

Magique... Ils ne peuvent encore mesurer combien.

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Résonne en moi une cacophonie de sons... A nouveau la mélodie dominante est celle d'Aye Min Sein... Il semble rencontrer une résistance qui l'agace !

---------


(1) Ce que tu es Melchior ? Si on te demande, tu répondras : Je suis une légende.

(2) Daiqing Tana - Ongmanibamai

(*) Death Factory - Exumer:



Prendre son envol
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Jeu 1 Juin - 0:36
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Ayelén Cardenas
J'ai 27 ans et je vis à Témuco, au Chili. Dans la vie, je suis dans plein de petits boulots et je m'en sors pas trop mal finalement car je m'éclate avec la musique et le chant. Je suis célibataire et je le vis très bien car je m'en fous royalement.

Ayelèn ça veut dire la joie. Un comble quand on connait la vie de merde que je me suis cognée avec un père alcoolo et une mère grandiose par son absence. Je ne l'ai jamais connue et c'était tabou d'en parler pour le chaw dépassé par une gosse dont il ne savait que faire. Il m'a aimée je suppose comme il a pu, à sa façon, c'est à dire très mal et carencée d'affection et de sécurité. J'ai grandi à la va comme je te pousse, aléatoire, versatile, excessive, paumée. Muter en parent de son parent c'est glauque, tordu. Mais j'avais une liberté de folie et je ne saurai jamais comment j'ai fait pour ne pas me retrouver sur le trottoir ou droguée ou assassinée ou torturée! J'aurais pu tomber dans n'importe quel trou noir et ne plus en sortir. À la place de ça, j'ai culbuté dans le grand chaudron de la musique. Ça a du me sauver.

Le jour de mes 18 ans, j'ai dit au revoir à mon père, épuisée des relents de trop d'années qui puaient les égouts. Je lui rends visite de temps en temps mais je ne fais plus le ménage ni les courses ni le reste et le deux pièces miteux dans lequel j'ai créché pendant mon enfance est devenu un taudis qui me donne des hauts le cœur.

Je bosse partout où il y a du taf sans aucun diplôme, mal payé évidemment mais je m'en fous, je mange à peu près à ma faim, je partage un studio avec une fille qui galère comme moi mais à deux, c'est plus facile. J'ai vécu une période assez longue dans la rue mais ça, je n'en parle jamais et personne des gens que je connais en ce moment ne sait. J'en ai gardé des cicatrices moches sur le corps, des terreurs que je gère pas et si on me demande, je réponds que j'me suis faite bouffée par un clébard.

Activiste à mes heures, j'ai embrassé la cause des Mapuches comme une gosse embrasse sa mère, parce que j'y crois tout simplement. J'espère dur comme fer qu'on aura -bientôt- la place qui nous revient de DROIT.

J'ai aimé une fille une fois, à la folie. J'm'étais tatouée des mots doux, des mots d'éternité sur l'épaule gauche du côté du cœur. Et puis elle a fait comme ma mère, elle s'est tirée sans me prévenir après toutes nos promesses et nos bonheurs. Alors, j'ai pris un couteau et j'me suis arrachée la peau pour tout enlever.

« ...La tribu des damnés, des éternels crève-corps, crève-cœur, porteurs de souffrances et de deuils, si mal gâtés que la moindre miette de vie était reçue comme un don inespéré. Les déshérités...avaient quelque motif de vouer un infini amour à la vie : car de l'existence ils avaient bu toute l'eau amère ; ils en avaient goûté aussi, de temps à autre, les saveurs inouïes. »

F. Cheng



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Cholkiñmangey ñi furi
Küla ruchi küpay malon,
küla ruchi inanentufi-in,                    
Pepi kewatulayayin
Pu winca tralkatumekey.
Llumiyin inche mawida,
Kalli amupe iñ piuke
Wenu mapu umagtualu,
Kalli umagtuple wanglenmew
Kom tüfachy mapu.

Ils enlevèrent la peau
Le malon est venu trois fois
Trois fois nous l'avons repoussé
Mais maintenant il revient
Et nous ne pouvons pas nous défendre
Le winka tire.
Cachons-nous sous la montagne
Pour laisser partir notre esprit
Pour dormir sur la terre
Et au-dessus des étoiles
Dorme tout ce champ

***

Ils DEVRAIENT partir et vite ! Rester dans cette trop belle maison en présence de ces deux compères deviendrait de plus en plus...dangereux ? Chaque minute comptait, se décomptait d'un temps qui lui échappait. L'air lui semblait chargé d'une étrange alchimie qui la déstabilisait. À la fois attirée, presque aspirée par un cri si lointain qu'il en était silencieux et pourtant bien présent, elle n'éprouvait cependant que le besoin de s'enfuir à toutes jambes.

Le regard de Melchior, celui d'Ayelèn s'accrochèrent, se décrochèrent de la réalité en un même mouvement. Un éclat sans lumière traversa sa conscience, « Ñuke Mapu ¹ » lui brûla l'âme, résonnant dans son esprit comme une cascade en émoi ! Putain ! Il se passait quoi ?! Ce type trop blond n'avait rien à faire dans sa tête ! Ses pensées ! Il n'était qu'un winka² ! Et cette vibration qu'elle percevait comme étouffée à l'intérieur, d'abord fugace, irrégulière et puis de plus en plus prégnante, lancinante :... Mapoudoungoun...espérez que votre famille...et la désintégration est contre la loi de l'univers...Mapoudoungoun … Le cœur est sans limites, mais en un clin d'œil, il fait face à sa fin...Mapoudoungoun... NON ! C'était sa terre à elle depuis l'aube des temps ! De quel droit utilisait-il sa langue ancestrale ?!Il fallait s'extirper de ce lieu maudit ! Tant pis pour les autres ! Qu'ils se fassent plaisir à s'enfoncer dans une erreur monumentale à fricoter avec les kimnoelchi !³

Ses jambes...qui redevenaient lourdes d'un poids qu'elles ne possédaient pas ! Dents serrées à s'en péter la mâchoire, la mapuche lutta contre cette force qui la ralentissait. À l'observer, on aurait pu croire qu'elle prenait un malin plaisir à faire sa curieuse, pas pressée pour un sou, l’œil furetant à droite à gauche, s'arrêtant au coin de ce meuble la mine insolente, notant tout ce qui traînait, ici, là ! Sa démarche lente en devenait effrontée, mal élevée, grossière. Elle n'y pouvait rien, contrant difficilement les entraves invisibles!

Pendant ce temps-là, les garçons poursuivaient leurs « mondanités » avec le maître des lieux. « Pauvres fous ! » s'entendit-elle mâcher. N'avaient-ils pas compris qu'ils ne se trouvaient pas au bon endroit ?!

Des sensations, des bouts de réminiscences remontèrent en coup de vent à sa mémoire malgré la situation absurde dans laquelle le petit groupe barbouillait. La nuit...enfant, adolescente, il lui arrivait de faire des rêves insolites, singuliers. Un en particulier l'avait marquée. Elle se trouvait parmi une tribu d'amérindiens autour d'un feu. Elle se voyait, le visage strié de symboles rouge foncé et blancs, pieds nus sur un tapis de brindilles sèches. Le son des tambours, des flûtes emplissait tout l'espace. Quelque chose d'important allait se produire. Le Grand Chef s'approchait vêtu de son costume d'apparat, sa longue crinière de plumes effleurant le sol. Il lui tendait le bâton d'orateur, elle allait prononcer les paroles sacrées tandis qu'une vieille femme médecine lui tendait un bol de bois rempli d'un liquide doré. Le sifflet en os d'aigle retentissait soudain, la toile de l'ojibwé⁵ épaisse, tissée dans un cercle se levait au-dessus de sa tête...Les hommes et les femmes rassemblés attendaient. Elle, cherchait les mots, ne les trouvait pas, paniquait, tremblait... Se réveillait en nage, angoissée. Elle aurait du connaître les vers sacrés, elle aurait du !

Et l'autre qui éclata de rire ! Elle se tut, retenant sur le bout de sa langue une vindicte cinglante qui l'aurait soulagée. Cela n'aurait guère servi à grand chose si ce n'était de servir sa gêne et sa crainte de se retrouver prise au piège.

-Nguenechen⁴ , murmura t-elle pour elle même. Si un dieu existait, qu'il les protège !

Le soleil s'était dressé à l'horizon et l'ombre éclatante de son éternelle lumière envahissait l'hémisphère terrestre, chassant la nuit. Le "serviteur" l'avait précédée dans le couloir et d'un geste nonchalant lui indiqua la pièce des aisances.

À peine un sourire pour le remercier et elle entra, fermant vivement la porte. Yeux plissés, elle continua de lutter contre cet espèce d'acouphène lancinant qui s'immisçait de plus en plus fort. Elle se boucha les oreilles avec ses mains et...soudain, les mots d'un chant de guérison coulèrent sur ses lèvres entrouvertes :
 
- ¿ « Monéan na » pilaimi te?
  ¿ « Monéan na » pilaimi te?
  Fëreneqeimeu Ngënechen.
  Akuleimi mariepu reniñwenu llaweñ mai,
  Tami monean,
  Tami fëreneeteu rangiñwenu Ngënechen.
  Elúyeaimeu mariepu llawen´mai
⁶.

Elle les répéta, encore et encore. Une lutte mystérieuse s'était engagée. Contrer cette voix qui rampait ! La repousser à tout prix ! Ayelèn crut percevoir une autre présence plus diffuse mais ne chercha pas à comprendre se laissant guider par un puissant instinct. Comme s'il n'attendait plus que ça.  

Les chuchots intérieurs se turent tout à coup. Elle soupira un gros volume d'air, soulagée, inquiète, entrouvrit la porte, entendit les rires de ses compagnons, la voix du blond. Crut entendre un bruit sourd à l'étage. Qu'est-ce que... ? Une envie irrépressible la saisit soudain. Brutalement. Impérativement. Et l'autre compère ? Peu importe, ça pressait, ça se pressait, là, tout près, là-haut! Alors, sans réfléchir, mue par un appel, elle s'engouffra en courant comme une souris dans le couloir, grimpa quatre à quatre le grand escalier. Sur la gauche, plus que quelques mètres, plus que...Son cœur battait la chamade, elle hésita. Et si... ? Et puis d'un coup d'un seul ouvrit la porte de la chambre sans bruit. C'est alors que pour la seconde fois, elle entendit la peau de la terre qui frémissait.

¹terre mère
²homme blanc, étranger à la communauté mapuche
³les inconnus
⁴ principale divinité dans la cosmogonie mapuche
⁵ L'araignée
⁶ N’as-tu pas dit : « Je veux guérir »?
 N’as-tu pas dit : « Je veux guérir » ?
 Dieu a eu pitié de toi.
 Je t’apporte douze remèdes des hauts cieux,
 Pour que tu guérisses,
 Car les hauts cieux ont eu pitié de toi.
 Dieu a eu pitié de toi.
 Il te donnera douze remèdes.

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Dim 4 Juin - 8:23

Aye Min Sein,
En vérité אמת, si près de la mort מת...

J'ai vu le jour le 13 novembre 1995. Je suis venu au monde comme mon « jumeau » Melchior Estrello dans cette propriété au Chili, dans la province d'Araucanie.

Pendant ses études aux Etats-Unis, je suis resté là où est ma place, à attendre son retour en prenant soin de cette famille qui est la mienne. Ma mère a donné le sein m'a-t-on dit à l'héritier du nom, je suis donc son frère de lait et bien plus que ça. Lui et moi sommes chargés de défendre les valeurs des nôtres envers et contre tout et tous : obéissance et honneur est notre devoir !  

J'ai donc  27 ans et je suis toujours à la Casa Guzman, chauffeur et ombre du jeune maître dont je ne puis être séparé bien longtemps, à quelques kilomètres de l'Argentine, à près de 800 km de Santiago du Chili.

Cet héritage est le mien, tel quel je le revendique, je n'ai d'autre but dans la vie que faire correctement ce pour quoi j'ai été créé, et je le fais à la perfection, du moins jusqu'à présent.



J'ai fait mes études grâce au vieux Guzman, celui qui a posé le pied au Chili en 1948 après une période trouble en Europe venant d'Allemagne.
Moi, je serais Birman, du moins d'origine, né au Chili je suis Chilien, je ne me suis jamais demandé comment ni pourquoi, je le suis, c'est tout, les questionnements ne mènent à rien et gênent l'action.
Otto m'a instruit, il m'a appris non seulement tout ce qui est nécessaire pour comprendre ce monde et y tenir la place qui est mienne, mais bien d'autres choses encore.

Je suis le gardien des traditions, le protecteur de cette famille et je le serai tant que je vivrais.

De ma naissance, si providentiellement orchestrée le jour même de celle de Mel, je ne sais rien, je n'ai plus ma mère pour me le raconter, comme lui n'a plus la sienne.

Je vis dans cette demeure isolée habitée par l'Ancêtre âgé de cent cinq ans, sa domesticité et Mel Guzman, l'avenir du clan... Nous sommes seuls et souhaitons le rester dans la mesure du possible.



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Ayelén Cardenas , Mel E. Guzman-Cea et  Aye Min Sein,

A vol de condor... - Page 3 Casagu10


Début 2023

Je n'ai eu que le temps de bondir répondant à l'appel ! Que fait-elle ! Que veut-elle ! Ces vers qui embrouillaient sa pensée je peux les continuer ! Que pense-t-elle ? Je suis la terre qui a bu le sang ! Oui, c'est cela, elle est le sang et je suis la terre !

Amuleiñ ngümanmew piukemew
iñ mollfüñ witruwey mapumew,
müchayke wüñokintun
ñi koriontukunielchy lonko,
epechy dungualu trokifiñ
wüelu ñiküfkülen amuley.


Nous allons pleurer et notre sang
arroser la terre
de temps en temps le regard
de la tête que je porte sur ma taille
et il me semble qu'il va parler
mais il continue en silence.


Elle ouvre la porte comme un orage d'été, violent et destructeur ! Dans le lit, Otto s'est enfin endormi et il est hors de question qu'elle le réveille ! Il est... comme un très vieil arbre dont les racines peinent à rester ancrées, rongées par l'acidité et les engrais censés nourrir le sol !

Elle comprend ? Ou bien ces errances dans sa tête ne sont-elles que des réponds à une situation ? Je parle sa langue, notre langue, je murmure tout en la poussant sur le palier et referme lentement et silencieusement la porte...

- Laisse le dormir ! Il a mérité son sommeil ! Il est la mémoire de cette terre, ne le sens-tu pas ? En bas, Melchior a cessé un moment sa représentation pour tendre l'esprit... Que suis-je en train de faire ? Que se passe-t-il ?

Je fais toujours barrage de mon corps, mais c'est à son esprit que je veux en appeler, peut-elle comprendre ? VEUT-ELLE comprendre ?- Nous ne vous avons pas attirés ici ! Vous êtes venus nous envahir... Laisse cette terre panser ses plaies, toi le sang de son sang ? Crois-tu qu'elle n'a pas absorbé assez de vie ? Toutes les vies ? Au point de friser la stérilité empoisonnée par les guerres !

Je la pousse doucement, la douleur doit se voir sur mes traits comme la résolution. Je ne veux pas prendre, mais je ne la laisserai pas non plus nous détruire ! Là-haut, le vieil Allemand a un secret dont je suis une partie, un secret qui n'a rien à voir avec son aspect ou sa culture ! Il n'a jamais opprimé personne, n'a jamais forcé personne à abdiquer au contraire ! Il défend les siens, tous les siens, aussi différents soient-ils que Melchior et moi !

Je prends sa main, fermement, qu'elle soit ou non d'accord n'a aucune importance...

- Tu comprends ce que je dis n'est-ce pas ? Ou je dois poursuivre en espagnol ? Laisse lui ses derniers instants, quand il ne sera plus, cette terre perdra beaucoup. Ecoute-moi Sorcière ! Tu es le Sang et je suis la Terre !

Je cherche en elle un geste, un regard qui m'indiquerait qu'elle m'écoute au moins ! Dans le salon, Mel doute tellement que j'entends gronder sa pensée ! Je jette un œil sur le poignet de la fille que je tenais d'une main ferme, elle a de la poussière sur la peau, dans un sursaut horrifié je me reprends et m'oblige à me recomposer un visage comme une attitude ! Quelle est donc cette faiblesse ? Des deux, Melchior et moi, je suis le plus brut donc le plus solide !

- Tu dois partir ! Ici tu fais plus de mal que les maladies apportées par les Blancs quand ils ont accosté ! Tu te trompes d'ennemi !

Mais je comprends mieux mon frère... Aussi dangereuse soit-elle elle m'aimante... Peut-être la langue ? Non, c'est autre chose... Je suis la victime du serpent déjà empoisonné mais toujours fasciné... Derrière moi j'entends un souffle, Melchior pose la main sur mon épaule, il y a en lui autant de fermeté que de compassion, il sait ? Oui, il sait, je l'ai senti, elle l'attire et il la craint. Voit-elle en lui si dur d'apparence cette douceur  qu'il nous réserve à l'Ancêtre et à moi ?

- Tu t'es perdue ? Sein va nous laisser, il a à faire.

Peut-être y verra-t-elle l'intervention d'un maître fâché du temps perdu par un domestique, moi, j'y sens le soutien d'un égal... Et je sais que Mel le vit ainsi également, lui et moi, pour permettre notre sauvegarde à tous...

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Lun 12 Juin - 18:08

Mel  E.
Guzman-Cea

J'ai vu le jour dans cette propriété le 13 novembre 1995. C'est à ma mère Alba que je n'ai jamais connue que je dois de porter deux magnifiques prénoms impossibles à exporter -Melchior Estrello- J'ai donc  27 ans et je suis actuellement  de retour chez moi au Chili, dans la province d'Araucanie à vol d'oiseau à quelques kilomètres de l'Argentine, pas très loin non plus -pour un condor- de la ville de Pucón, à près de 800 km au sud de Santiago du Chili, dans un environnement à la fois minimaliste et grandiose.
Cet héritage est le mien, tel quel je le revendique, je n'ai guère la réputation d'être altruiste ou empathique. Je suis et reste un propriétaire terrien d'Amérique du Sud, riche, très riche...



J'ai fait mes études à l'académie de West Point, aux Etats-Unis. L'une des vingt recrues étrangères proposées par leur pays d'origine chaque année... Malgré des classes exemplaires : j'ai obtenu avec mention mes diplômes et ai laissé là-bas un souvenir tel qu'on m'a proposé la double nationalité, je n'ai pas souhaité poursuivre dans la carrière militaire.
Pour résumer tout en restant discret, nous dirons que mes besoins sont autres et que je fais tout aussi bien à manifester mon autorité naturelle ailleurs que sanglé dans un uniforme.




Je vis dans cette demeure isolée que je partage avec mon grand-père paternel âgé de cent cinq ans.
A part l'ancêtre, sa domesticité et la mienne qui se résume à un factotum : valet, chauffeur, garde du corps, pilote de l'hélicoptère familial, il n'y a que moi ici.



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Ayelén Cardenas, Mel E. Guzman-Cea & Aye Min Sein


A vol de condor... - Page 3 Paingt10


Mars 2023

Je ressens l'anormal comme un essaim d'abeilles soudain furieuses qui attaquent à proximité de leur ruche...

La conversation dans la pièce s'estompe, je réponds machinalement « oui, j'ai bien sûr ma guitare » « oui, pourquoi ne pas jouer, mais ne souhaitez-vous pas vous reposer avant ? » J'intime mentalement l'ordre de clore la porte qui mène à la partie privée réservée à Otto, de façon à ce que nos « invités » puissent circuler librement tout en étant canalisés... mais la terre gronde dans ma tête, Sein est déjà sur place, il a bondi, plus que bondi... il s'est transporté dans les étages pour empêcher l'intrusion !

Je me revois plusieurs mois en arrière, face à la mer dans l'enceinte de ce qui forme un immense patio privé bordé par trois ailes de maison ancestrale et par la mer du dernier côté... Une estrade improvisée est installée, sur les planches, ces gens qui me font face installés dans mon salon et si heureux du hasard qui les a menés ici, et … elle. Elle, batailleuse et féroce, ardente et intrusive ! Oui je suis riche, oui j'ai apprécié ce moment où la musique m'a transporté, non, je n'ai en rien tenté de l'acheter ! Cela dit, j'aurais pu, j'aurais dû... Si j'avais monnayé mon duo, imposé comme un « plus » à la prestation, j'aurais eu d'elle autant de mépris et de méfiance mais jamais elle ne m'aurait envoyé ce message pour que je les retrouve... chez Miguel ?

Je peux me tromper, je ne suis pas si fin psychologue, les humains que je côtoie sont de quelques types assez restreints : les soumis que l'argent et le pouvoir de mon père et d'Otto musellent, les flagorneurs qui se fichent pas mal de nous mais pensent qu'en nous flattant exagérément ils en tireront profit, les rebelles comme Ayélen qui nous reprochent notre fortune et notre position sociale, les craintifs qu'elle indispose mais effraie... Cela pour moi résume l'humanité, elle, a un tout petit plus, elle est... curieuse.

Et Sein gronde sourdement en moi : curieuse et perspicace... C'est vrai.

Des présents elle est la seule qui a senti et veut comprendre, tous ont été victimes de cette coulée de boue et de cet orage si soudain, long, et inattendu... Elle seule le trouve en plus suspect.

J'entends comme j'entendrais le bruit d'un tremblement de terre les litanies conjointes d'Aye Min Sein qui l'entraîne loin du sommet interdit de cet escalier et d'Otto qui dans son demi-sommeil nous intime l'ordre de la chasser très loin.

- Tu dois partir ! Ici tu fais plus de mal que les maladies apportées par les Blancs quand ils ont accosté ! Tu te trompes d'ennemi !

Ils sont désormais dans le hall, au pied de ces marches qu'elle a gravi sans permission.

- Tu t'es perdue ? Sein va nous laisser, il a à faire.

Il se retient de s'enfuir, je peux sentir le tumulte intérieur contre lequel il lutte ! Il l'a appelée « sorcière » ? l'est-elle ? Existe-t-il encore des sorciers sur ces terres...

- La terre se repaît des hommes... Elle boit leur sang sur les champs de bataille, elle mange leur os dans leur tombe, c'est sa nature, comme la nature de la mort est de contrer la vie... Sein a raison, ici, personne n'a sa place, à part les Gardiens.

J'ai employé sa langue puisqu'il semble qu'elle soit Mapuche. D'où je la tiens ? De la mémoire de ces lieux.

- J'ai proposé à tes amis de prendre un peu de repos avant le déjeuner, ensuite, vous partirez.

Je n'ajoute pas « Il faut »... Oui, il faut qu'ils partent, ils ne sont pas les bienvenus, la terre a faim et soif, Otto est agité.


A vol de condor... - Page 3 IMG_8270



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Mar 4 Juil - 10:50
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Ayelén Cardenas
J'ai 27 ans et je vis à Témuco, au Chili. Dans la vie, je suis dans plein de petits boulots et je m'en sors pas trop mal finalement car je m'éclate avec la musique et le chant. Je suis célibataire et je le vis très bien car je m'en fous royalement.

Ayelèn ça veut dire la joie. Un comble quand on connait la vie de merde que je me suis cognée avec un père alcoolo et une mère grandiose par son absence. Je ne l'ai jamais connue et c'était tabou d'en parler pour le chaw dépassé par une gosse dont il ne savait que faire. Il m'a aimée je suppose comme il a pu, à sa façon, c'est à dire très mal et carencée d'affection et de sécurité. J'ai grandi à la va comme je te pousse, aléatoire, versatile, excessive, paumée. Muter en parent de son parent c'est glauque, tordu. Mais j'avais une liberté de folie et je ne saurai jamais comment j'ai fait pour ne pas me retrouver sur le trottoir ou droguée ou assassinée ou torturée! J'aurais pu tomber dans n'importe quel trou noir et ne plus en sortir. À la place de ça, j'ai culbuté dans le grand chaudron de la musique. Ça a du me sauver.

Le jour de mes 18 ans, j'ai dit au revoir à mon père, épuisée des relents de trop d'années qui puaient les égouts. Je lui rends visite de temps en temps mais je ne fais plus le ménage ni les courses ni le reste et le deux pièces miteux dans lequel j'ai créché pendant mon enfance est devenu un taudis qui me donne des hauts le cœur.

Je bosse partout où il y a du taf sans aucun diplôme, mal payé évidemment mais je m'en fous, je mange à peu près à ma faim, je partage un studio avec une fille qui galère comme moi mais à deux, c'est plus facile. J'ai vécu une période assez longue dans la rue mais ça, je n'en parle jamais et personne des gens que je connais en ce moment ne sait. J'en ai gardé des cicatrices moches sur le corps, des terreurs que je gère pas et si on me demande, je réponds que j'me suis faite bouffée par un clébard.

Activiste à mes heures, j'ai embrassé la cause des Mapuches comme une gosse embrasse sa mère, parce que j'y crois tout simplement. J'espère dur comme fer qu'on aura -bientôt- la place qui nous revient de DROIT.

J'ai aimé une fille une fois, à la folie. J'm'étais tatouée des mots doux, des mots d'éternité sur l'épaule gauche du côté du cœur. Et puis elle a fait comme ma mère, elle s'est tirée sans me prévenir après toutes nos promesses et nos bonheurs. Alors, j'ai pris un couteau et j'me suis arrachée la peau pour tout enlever.

« ...La tribu des damnés, des éternels crève-corps, crève-cœur, porteurs de souffrances et de deuils, si mal gâtés que la moindre miette de vie était reçue comme un don inespéré. Les déshérités...avaient quelque motif de vouer un infini amour à la vie : car de l'existence ils avaient bu toute l'eau amère ; ils en avaient goûté aussi, de temps à autre, les saveurs inouïes. »

F. Cheng



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A vol de condor... - Page 3 Terrem10


"Laisse le dormir ! Il a mérité son sommeil ! Il est la mémoire de cette terre, ne le sens-tu pas ?"

Le sentir ? Il s'agit de bien plus que cela !...La terre, ma Ñuke Mapu¹ ma bien aimée...La terre est ma mère aussi surement que la mienne m'a portée pendant neuf longs mois. Mes ancêtres l'ont vénérée durant des siècles avant que les envahisseurs ne viennent nous la voler ! Les ngen², sont partout, ils nous guident et...

Len-te-ment, é-tran-ge-ment, Ayelèn parlait à Sein avec son esprit tandis qu'il l'empêchait de pénétrer dans la chambre du vieil homme. Attirée comme un papillon par la lumière, tout ce qu'elle possédait d'intuition se tendait vers la porte.

-Je peux l'aider...Tu ne vois pas...Je peux l'aider...murmura t-elle dans un souffle.

Très calme par contraste avec la cavalcade silencieuse dont elle avait fait preuve pour accéder à l'étage, elle reporta son attention sur son hôte qui affichait un visage crispé.

-Je peux l'accompagner jusqu'à son dernier souffle...L'appel de la terre...Elle m'appelle...Elle a besoin de moi...Il a besoin de moi...

Un phénomène improbable se produisait. Aye se percevait comme jamais elle ne s'était perçue : elle était une autre, différente, sage, assurée, aimante...et pourtant elle était elle, abandonnée naturellement à une affluence douce et mystérieuse qui l'emportait. Que se passait-il ?!

Sa main dans la sienne... Ces grains de poussière précieux...Qu'est-ce que... ? Une faculté...Une mission...Une souveraineté...De manière totalement irrationnelle, elle humecta ses doigts, appuya sur les minuscules particules qui s'y collèrent puis les fit fondre sur sa langue. Un goût très légèrement salé se diffusa dans sa bouche engendrant une sorte de trémulation intérieure qui la traversa de part en part. L'état de conscience aigüe perdura, s'intensifia. Elle ferma les yeux, aspirée par une connexion avec laquelle elle ne pouvait lutter.

-Je suis le sang et tu es la terre...répéta t-elle doucement. Je ne suis pas là par hasard ? Je peux le guérir de son mal, de ce qui le ronge...Toi, tu ne peux pas, vous ne pouvez pas...

Elle se laissa faire, n'insista pas. Elle même ne comprenait pas ce qui se passait mais quel intérêt de lui dire ? Unique et vorace, son instinct l'envahissait toute entière. Elle savait sans savoir. Elle savait qu'elle pouvait lui apporter une aide bienfaisante. "Pourquoi, comment" n'avaient aucune place. CELA ÉTAIT. CELA ÉTAIT en elle et CELA exigeait.

La descente des escaliers lui redonna un espace de liberté, de recul. La présence soudaine de Melchior -qui n'était pas ce qu'il affichait mais qui était-il donc ?!- acheva de lui faire recouvrer ses esprits. Elle se figea, l'écouta, la mine indéfinissable, le regard perçant. La Mapu s'était tue.

-Perdue ? Non, on m'a guidée, précisa t-elle dans un drôle de sourire.

Il parlait dans sa langue, lui expliquait. La terre, sa terre,  se partageait, s'offrait, aimait, surtout dans la mort. À quoi bon leur dire ? Leurs ancêtres n'étaient pas d'ici.

-Personne n'a de place ici parce que vous ne pouvez pas voir. Lui, là-haut, il peut voir mais il a peur, alors il repousse. Je ne suis pas une sorcière, ni une ennemie. Au nom de tout ce que je suis je partirai.

Sorcière ? avait-il dit. En d'autres circonstances, elle aurait éclaté de rire.
Elle allait se dégager. CELA remua, souffrit. Ayelèn eut mal à son tour, mal pour Otto, mal pour elle, le tatouage de son épaule la brûla. Soupirant un grand coup, elle marcha brusquement d'un bon pas s'arrachant littéralement à l'aura invisible qui l'habitait.

La communion mystique s'en était allée, pour mieux revenir : la mapuche ne possédait pas le pouvoir de contrer la volonté de la terre.    

Rejoindre les autres dans le salon, se quitter...Quelque chose s'était éveillé en elle.    

                                                                                                         
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Val
Mar 18 Juil - 19:53

Aye Min Sein,
En vérité אמת, si près de la mort מת...

J'ai vu le jour le 13 novembre 1995. Je suis venu au monde comme mon « jumeau » Melchior Estrello dans cette propriété au Chili, dans la province d'Araucanie.

Pendant ses études aux Etats-Unis, je suis resté là où est ma place, à attendre son retour en prenant soin de cette famille qui est la mienne. Ma mère a donné le sein m'a-t-on dit à l'héritier du nom, je suis donc son frère de lait et bien plus que ça. Lui et moi sommes chargés de défendre les valeurs des nôtres envers et contre tout et tous : obéissance et honneur est notre devoir !  

J'ai donc  27 ans et je suis toujours à la Casa Guzman, chauffeur et ombre du jeune maître dont je ne puis être séparé bien longtemps, à quelques kilomètres de l'Argentine, à près de 800 km de Santiago du Chili.

Cet héritage est le mien, tel quel je le revendique, je n'ai d'autre but dans la vie que faire correctement ce pour quoi j'ai été créé, et je le fais à la perfection, du moins jusqu'à présent.



J'ai fait mes études grâce au vieux Guzman, celui qui a posé le pied au Chili en 1948 après une période trouble en Europe venant d'Allemagne.
Moi, je serais Birman, du moins d'origine, né au Chili je suis Chilien, je ne me suis jamais demandé comment ni pourquoi, je le suis, c'est tout, les questionnements ne mènent à rien et gênent l'action.
Otto m'a instruit, il m'a appris non seulement tout ce qui est nécessaire pour comprendre ce monde et y tenir la place qui est mienne, mais bien d'autres choses encore.



Je suis le gardien des traditions, le protecteur de cette famille et je le serai tant que je vivrais. De ma naissance, si providentiellement orchestrée le jour même de celle de Mel, je ne sais rien, je n'ai plus ma mère pour me le raconter, comme lui n'a plus la sienne.

Je vis dans cette demeure isolée habitée par l'Ancêtre âgé de cent cinq ans, sa domesticité et Mel Guzman, l'avenir du clan... Nous sommes seuls et souhaitons le rester dans la mesure du possible.



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Ayelén Cardenas , Mel E. Guzman-Cea et  Aye Min Sein,

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Début 2023

- Je peux l'accompagner jusqu'à son dernier souffle... L'appel de la terre... Elle m'appelle... Elle a besoin de moi... Il a besoin de moi...

Il a besoin d'elle oui... il le dit, la terre le dit. Et pourtant ? Je ne sais pas, je sens. Je ne comprends pas, je dis. Elle ne doit pas rester là ! Mel le crie ! Je ne sais pas ! Mon ignorance m'effraie et me fait mal.

Pour la première fois de ma vie, de « cette » vie ? Je sens que Melchior et Otto ne sont pas à l'unisson, Lui là-haut a une idée, une idée qu'il n'explique pas mais qui exige le sang, encore et encore, elle là a compris comme moi mais elle n'a pas la moindre connaissance de ce qu'est le devoir et du poids démesuré qu'il peut faire peser sur une conscience... Melchior exige aussi, mais il veut l'inverse, il veut qu'elle s'en aille avec ses amis, vite, très vite, avant que le devoir ne s'impose à lui... C'est un amas de pensées diffuses, moi, je suis entre eux deux, entre eux trois si l'on compte la fille ? Lopin retourné, ensemencé, mais infertile... j'ai mal, quelque chose se refuse à moi, quelque chose que je veux percevoir, saisir, mais qui tombe en poussière quand je le touche du doigt de mon intelligence pourtant pas si limitée ?

- Je suis le sang et tu es la terre... Je ne suis pas là par hasard ? Je peux le guérir de son mal, de ce qui le ronge...Toi, tu ne peux pas, vous ne pouvez pas......

Elle est comme moi ? Elle est là... Pure, innocente, prête au sacrifice pour faire le bien ? Sa colère première semble tombée ? Ses insultes, ses refus ? Elle est comme l'orage qui ravine le sol après l'avoir lavé de trombes d'eau tombées du ciel, creusant des sillons de douleur salvatrice...

J'ai appelé à l'aide, comme le Vieux, nous avons hurlé ensemble pour empêcher son intrusion et pourtant, elle ne veut qu'aider ? La palpitation issue du cœur d'Otto est à nouveau normale... Elle aussi vibre au son de cette terre ?

- Tu t'es perdue ? Sein va nous laisser, il a à faire.

- Perdue ? Non, on m'a guidée,

J'ai tourné les talons, courant presque ! Et puis... je m'en suis voulu. Je ne pouvais pas laisser Mel seul décider, nous étions les gardiens, « les », pas « le ». Je sais que nos rôles diffèrent. Je sais qu'il est le maître de ces lieux mais aussi que comme moi il ne fait qu'obéir... pour les passants comme les amis d'Ayélen, les choses sont claires : un maître, un domestique, une volonté, une soumission. C'est pourtant plus complexe, il donnera des ordres et j'obtempérerai, j'imposerai une idée et il s'y pliera... Otto parlera, et tous les deux nous agirons, comme il l'ordonne car lui seul possède l'autorité.

Pourtant...

Mel est entièrement tendu vers le départ de ces intrus, Otto lui veut que la fille reste... En fait, il veut qu'elle -tout particulièrement- reste vive... voire... demeure en ces lieux. « L'appel de la terre » a-t-elle dit ? « Sein va nous laisser, il a à faire » ?

Je regarde ma main, elle me démange, je dirais même qu'elle me fait mal ? Mon cri n'est qu'instinct, personne des présents hormis les miens n'a dû percevoir l'effroi que j'ai partagé !

- Je ne suis pas une sorcière, ni une ennemie.

Alors pourquoi !? Déjà tout à l'heure !

La peur, rampante, larvée encore parcourt mon être... Otto dit qu'ils doivent partir, « ils » pas « elle », Melchior lui soutient qu'ils doivent tous quitter cet endroit !

En moi, la terre hurle ! Hurle ! Comme les culpeos dans les montagnes quand ils donnent l'alerte...

Au sommet de la maison, le vieil homme m'intime l'ordre de cesser, dans le salon, Mel s'est tendu, nous sommes les gardiens, son empathie est à moi, à moi et non à l'ancêtre ! Elle nous a divisés ! Déjà elle nous dresse contre lui ! Non ! Elle a bien été appelé, mais pas pour apaiser le vieux !

À moins que...

Cachons-nous sous la montagne
Pour laisser partir notre esprit
Pour dormir sur la terre
Et au-dessus des étoiles
Dorme tout ce champ...

Nous allons pleurer et notre sang
arroser la terre
de temps en temps le regard
de la tête que je porte sur ma taille
et il me semble qu'il va parler
mais il continue en silence.



Mapoudoungoun... Mapoudoungoun... Mapoudoungoun... La lave coule en le volcan... La sève irrigue les arbres... Dans mes veines... la terre circule, poussière mêlée du sang des hommes qui bride sa fluidité...

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Oskar
Jeu 17 Aoû - 13:57

Mel  E.
Guzman-Cea

J'ai vu le jour dans cette propriété le 13 novembre 1995. C'est à ma mère Alba que je n'ai jamais connue que je dois de porter deux magnifiques prénoms impossibles à exporter -Melchior Estrello- J'ai donc  27 ans et je suis actuellement  de retour chez moi au Chili, dans la province d'Araucanie à vol d'oiseau à quelques kilomètres de l'Argentine, pas très loin non plus -pour un condor- de la ville de Pucón, à près de 800 km au sud de Santiago du Chili, dans un environnement à la fois minimaliste et grandiose.
Cet héritage est le mien, tel quel je le revendique, je n'ai guère la réputation d'être altruiste ou empathique. Je suis et reste un propriétaire terrien d'Amérique du Sud, riche, très riche...



J'ai fait mes études à l'académie de West Point, aux Etats-Unis. L'une des vingt recrues étrangères proposées par leur pays d'origine chaque année... Malgré des classes exemplaires : j'ai obtenu avec mention mes diplômes et ai laissé là-bas un souvenir tel qu'on m'a proposé la double nationalité, je n'ai pas souhaité poursuivre dans la carrière militaire.
Pour résumer tout en restant discret, nous dirons que mes besoins sont autres et que je fais tout aussi bien à manifester mon autorité naturelle ailleurs que sanglé dans un uniforme.




Je vis dans cette demeure isolée que je partage avec mon grand-père paternel âgé de cent cinq ans.
A part l'ancêtre, sa domesticité et la mienne qui se résume à un factotum : valet, chauffeur, garde du corps, pilote de l'hélicoptère familial, il n'y a que moi ici.



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Ayelén Cardenas, Mel E. Guzman-Cea & Aye Min Sein


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Mars 2023

- Je peux l'aider...Tu ne vois pas...Je peux l'aider...

Il y a longtemps, longtemps que je n'ai ressenti cela ! À travers Sein, j'entends ce qu'elle dit, ce qu'elle pense... Ce don de « télépathie » nous en jouons depuis notre enfance, il me permet d'étonner les gens en faisant mention de choses que je n'ai pu entendre, et lui surprend parfois en offrant avant même que je ne l'ai sonné ce que mes hôtes ont choisi de boire, ou de manger. Toutefois, nous n'avons eu à nous en servir dans notre rôle de gardien qu'une seule fois, une seule ! À mon corps défendant, je ne veux pas recommencer ! Je ne veux pas !

Elle peut l'aider... Aider Otto ! Bien sûr ! Sinon pourquoi serait-elle là ? Elle, et peut-être les autres ? La terre est gourmande, et Otto autant qu'elle. Mais ne sent-elle pas ? La musique nous lie elle et moi, comme autre chose semble la lier à Aye Min Sein dont je perçois la volonté de rébellion. Sur le fond, lui et moi sommes d'accord, il faut qu'elle parte ! Si elle reste, elle est un danger, pour Sein, pour moi, pour notre unité et notre complémentarité, pour Otto d'une certaine façon qui refuse de plus en plus son destin, et pour elle-même !

- Je peux l'accompagner jusqu'à son dernier souffle...L'appel de la terre...Elle m'appelle...Elle a besoin de moi...Il a besoin de moi...

Jusqu'à son dernier souffle ? Le dernier souffle de qui ? Mon grand-père a plus de cent ans, et sa présence, notre existence à Sein et moi, signifie bien qu'il ne compte pas quitter ce monde avant longtemps. Il n'en reste qu'un à sacrifier, mon père ? Mon père dont le jumeau est perdu, décédé brutalement et … si bêtement ? Qui eut cru qu'il suffisait... de ça... pour destituer un des nôtres de son éternel labeur !

En vérité אמת, si près de la mort מת... La vérité... si près de la mort ! Il suffit d'une lettre gommée, et ce que nous sommes... disparaît ? Adam lui-même si l'on en croit Le Livre, est né des nôtres ? Est-ce non pas l'âme donnée par Dieu mais la naissance d'Eve qui l'a privé de son essence première ? Otto dit que la femme est notre perte ! Toutes les femmes mais principalement celles qui ont le pouvoir d'attirer nos yeux... et notre désir ! Elle m'a pris au piège par la musique, par sa voix, par les sons qu'elle tire de son instrument ! Elle EST la musique ! L'appel de la terre ? Peut-être est-ce cela ? En elle, la musique est comme les battements de cœur de notre mère à tous ! Pour Aye Min Sein, cela semble plus diffus, confus, il sent en elle quelque chose, comme... une complémentarité ? Eve est née de la côte d'Adam ? Se pourrait-elle que, contrairement à ce que le Vieux m'a appris, il existe des entités femelles ? Mes yeux brillent à la fois du plaisir de la découverte et de l'incongruité de la question que je me pose. J'ai mon « complément », c'est Sein. Mon père avait le sien...

La Mishna (3) nous désigne comme une personne dont les dons intellectuels et sociaux sont demeurés à l’état brut. Pour Sein, c'est évident, moi j'ai dû apprendre à tromper les sens des humains, à leur donner l'illusion que mon retrait et ma froideur étaient des armes et non une incapacité majeure à nouer des liens.

Otto a eu... six longues années pour étudier, se fiant non aux livres ou à une quelconque documentation qu'il n'avait pu emporter, mais à ce que sa mémoire contenait et que rien, ni les privations, ni la torture, ni les maladies ne parvenaient à effacer ! Six années de terreur, d'horreur, un univers autour de lui qui tombait dans l'apocalypse, voyant la destruction de son peuple et de son identité ! « ce sont vos fautes qui ont creusé un abîme entre vous et votre Dieu » dit Le Livre (1), un sage (2) affirmait que les justes qui se sont préservés des fautes pourraient, s’ils en avaient envie, créer un monde. Six années, à endurer le pire, et à faire travailler ses cellules grises, à outrance, se préservant de l'atrocité alentour, survivant à l'hécatombe, s'offrant... à créer … ce monde !

Lorsqu'il a abordé ce continent, homme vieilli par la souffrance et l'absence, il a apporté son rêve et rejoint celui de tous les opprimés. Il a créé... nos pères ! Les premiers gardiens. Gardiens non de Dieu, mais des hommes, du moins le disait-il à ce que j'ai lu en lui ? Car son enseignement ne m'a en rien soumis cette partie là de l'histoire.

Il a façonné deux formes, deux êtres dans lequel il a mis outre la terre de cette contrée, son sang... Dans sa ferveur mystique il leur a donné la vie en inscrivant אמת, vérité en hébreu,  un des noms de Dieu, sur leur front et en introduisant dans leur bouche un parchemin sur lequel était inscrit le nom ineffable de Dieu. Il faisait appel à la fois à sa foi et à la légende, les deux premiers gardiens étaient nés, amenés au monde pour non pas protéger le peuple dont était issu Otto et dont disait-il il ne restait que des rescapés exsangues, mais tous les hommes du monde menacés par la haine !

Le début de l'aventure était beau et altruiste. Je sais que la suite est moins romantique...

Enfermé dans sa tour d'ivoire et recroquevillé sur sa peur, sa douleur, petit à petit mon grand-père a perdu son altruisme et sa foi. À jouer ainsi de la magie, il s'est aussi affaibli et ses recherches ont pris un tour tout différent... Protéger l'humanité passait désormais par sa survie, à lui, et sa longévité ! Toujours aussi doué mais de plus en plus sombre, il a reçu la mort de Aye Tah kon comme un coup au cœur, je sais que mon père lui-aussi a eu si mal qu'il a failli le suivre dans le trépas, il me l'a dit lorsque devant lui j'évoquais ce lien indescriptible qui fait de Sein mon frère, plus que mon jumeau, mon siamois, comme si nous étions un seul et même être dans deux entités corporelles...

Ayèlen veut sauver Otto ? La terre lui aurait soufflé qu'elle devait venir ! Ne voit-elle pas que l'un comme l'autre nous sommes privés de mère ? Que nos pères étaient privés de femmes ?

- Je suis le sang et tu es la terre... Je ne suis pas là par hasard ? Je peux le guérir de son mal, de ce qui le ronge...Toi, tu ne peux pas, vous ne pouvez pas...

Elle peut le guérir oui ! Elle peut lui apporter ce qu'il veut, jeunesse, longévité, jusqu'à la prochaine ?! Combien faudra-t-il de sang à cette terre ? Combien !

- Personne n'a de place ici parce que vous ne pouvez pas voir. Lui, là-haut, il peut voir mais il a peur, alors il repousse. Je ne suis pas une sorcière, ni une ennemie. Au nom de tout ce que je suis je partirai.

Elle a perçu une partie du problème... Une partie ! Bien sûr que tu es une sorcière ? Comment saurais-tu sinon ? Mais... au nom des notes que tu peux produire, au nom de la musique qui nous rapproche ! Fuis ! En pensant cela, je reçois de la-haut, de celui qu'elle dit « voir mais avoir peur » une semonce terrible ! Sein hurle ! Son cri me poursuit tandis que je m'effondre, foudroyé par l'ire de l'aïeul qui sait que je bascule dangereusement.

Je ne peux parler, je crie intérieurement en portant la main à mon front sur lequel la vérité luit comme une marque au fer rouge ! Mon être entier est porté vers la sorcière musicienne, je supplie presque : efface-moi ! Fais de moi ton semblable ! Mes doigts tentent de mimer le geste à faire, juste …

J'entends en plus de son tumulte intérieur mon frère ouvrir la porte du salon où il était entré s'enquérir des besoins et envies de nos « invités », il la claque avec fureur pour qu'elle, lui et moi soyons seuls dans le couloir.

- Va-t-en ! Va-t-en ! Tu n'as rien à faire ici ! Tu vas nous détruire !

Il se penche sur moi, je sens ses larmes irriguer mon désert, ma peau est si sèche qu'un coup de pied me réduirait en une poussière qui se ré-agrègerait aussitôt dans la douleur de la destruction... Sein pleure, il ne le fait pas par chagrin, sommes-nous capables de chagrin ? Mais par nécessité. Il approche de ma bouche la sienne, je sens couler dans ma gorge le sang de sa langue incisée par ses dents...

Elle... me permettrait de me désaltérer mieux, mais si je lui demandais, Otto aussi en bénéficierait ! Dans la rage d'avoir été puni, rappelé à l'ordre, châtié pour simplement vouloir être ! C'est la dernière chose que je veux. La pression sur mon corps tout entier, malgré l'intervention de Sein ne fait que s'accentuer, Otto veut me mater ! Je suis défectueux !


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- - - - - - -
(1) Isaïe 59:2
(2) Rava, commentateur babylonien du ive siècle4
(3) Mishna

Le son ?:


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Ayelén Cardenas
J'ai 27 ans et je vis à Témuco, au Chili. Dans la vie, je suis dans plein de petits boulots et je m'en sors pas trop mal finalement car je m'éclate avec la musique et le chant. Je suis célibataire et je le vis très bien car je m'en fous royalement.

Ayelèn ça veut dire la joie. Un comble quand on connait la vie de merde que je me suis cognée avec un père alcoolo et une mère grandiose par son absence. Je ne l'ai jamais connue et c'était tabou d'en parler pour le chaw dépassé par une gosse dont il ne savait que faire. Il m'a aimée je suppose comme il a pu, à sa façon, c'est à dire très mal et carencée d'affection et de sécurité. J'ai grandi à la va comme je te pousse, aléatoire, versatile, excessive, paumée. Muter en parent de son parent c'est glauque, tordu. Mais j'avais une liberté de folie et je ne saurai jamais comment j'ai fait pour ne pas me retrouver sur le trottoir ou droguée ou assassinée ou torturée! J'aurais pu tomber dans n'importe quel trou noir et ne plus en sortir. À la place de ça, j'ai culbuté dans le grand chaudron de la musique. Ça a du me sauver.

Le jour de mes 18 ans, j'ai dit au revoir à mon père, épuisée des relents de trop d'années qui puaient les égouts. Je lui rends visite de temps en temps mais je ne fais plus le ménage ni les courses ni le reste et le deux pièces miteux dans lequel j'ai créché pendant mon enfance est devenu un taudis qui me donne des hauts le cœur.

Je bosse partout où il y a du taf sans aucun diplôme, mal payé évidemment mais je m'en fous, je mange à peu près à ma faim, je partage un studio avec une fille qui galère comme moi mais à deux, c'est plus facile. J'ai vécu une période assez longue dans la rue mais ça, je n'en parle jamais et personne des gens que je connais en ce moment ne sait. J'en ai gardé des cicatrices moches sur le corps, des terreurs que je gère pas et si on me demande, je réponds que j'me suis faite bouffée par un clébard.

Activiste à mes heures, j'ai embrassé la cause des Mapuches comme une gosse embrasse sa mère, parce que j'y crois tout simplement. J'espère dur comme fer qu'on aura -bientôt- la place qui nous revient de DROIT.

J'ai aimé une fille une fois, à la folie. J'm'étais tatouée des mots doux, des mots d'éternité sur l'épaule gauche du côté du cœur. Et puis elle a fait comme ma mère, elle s'est tirée sans me prévenir après toutes nos promesses et nos bonheurs. Alors, j'ai pris un couteau et j'me suis arrachée la peau pour tout enlever.

« ...La tribu des damnés, des éternels crève-corps, crève-cœur, porteurs de souffrances et de deuils, si mal gâtés que la moindre miette de vie était reçue comme un don inespéré. Les déshérités...avaient quelque motif de vouer un infini amour à la vie : car de l'existence ils avaient bu toute l'eau amère ; ils en avaient goûté aussi, de temps à autre, les saveurs inouïes. »

F. Cheng



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La cavalière

Elle repoussait toujours d'instinct et avec force ce mot : Sorcière...On le lui avait balancé une fois lorsqu'elle vivait dans la rue. Elle ne se souvenait plus du pourquoi mais se revit sur son spot d'alors ricaner avec mépris. Il y avait pourtant bien des choses qui se produisaient depuis l'enfance. Des rêves, des visions, des paroles, des intuitions voraces... Ce don dans ses mains qui chauffait la couenne, réduisait les brûlures, apaisait les douleurs. Ces certitudes qui se collaient dans sa tête de manière aléatoire quoique puissante. Elle en jouait parfois, partageant brutalement à un congénère au hasard le message dédié: « Pardonne lui sinon elle va te quitter...Va voir ton toubib, tu as un problème dans le ventre...Arrête de le pourrir sinon il va tout laisser tomber... » Sur un trottoir, un parking, en traversant un passage piéton, en criant au passage sur son skate. Ça dépendait de son humeur et comment elle sentait les choses. Mais que ces deux types tordus lui jettent ça à la figure en vérité, ne lui plaisait pas du tout.

S'il n'y avait que cette...aberration. De surcroît, la musique avait œuvré avec Melchior sans qu'elle s'en aperçoive, bien plus profondément et mystérieusement qu'elle n'aurait osé l'imaginer. N'avait-il pas perçu cette vibration particulière lorsqu'elle avait décidé de se laisser aller ? Elle l'avait haï pour cela ! Sa voix, -la voix-, ne lui appartenait plus, l'énergie devenait souveraine, maîtresse de sa respiration, de ses cordes vocales, de sa gorge.

Il se tenait là, grandiose d'une fragilité innommable qui s'imprégnait dans tous les pores de sa peau. Elle, choisit d'obtempérer à son injonction. A quoi bon ? Chacun sa merde ! Haussant les épaules, elle s'avançait pour rejoindre les autres quand soudain...Ce hurlement intérieur qui la figea. Dans le même temps, elle « entendit » la masse d'interdit qui s'abattait sur le blond, regarda, fascinée, la marque de braise révélée sur son front, refusa de faire quoi que ce soit sur Mel, sursauta au claquement de la porte.

- Va-t-en ! Va-t-en ! Tu n'as rien à faire ici ! Tu vas nous détruire !

« Sein, n'aie pas peur ». Elle ne bougea pas. La surprise passée, elle ne fit aucun geste, observant simplement le baiser de sang et de survie. Les mots se préparaient, montaient, se déversaient par le canal ouvert.

-Non, je ne détruirai rien, je ne suis qu'une opportunité.

De ses pieds ancrés dans la terre, la sève lumineuse s'écoule en elle, se diffuse, l'inspire, la guide. Elle s'échappe par son crâne, reliée au ciel.

-Veux tu te délier ? Demanda t-elle presque tendrement.

L'aura du vieux était palpable, gênante, dictatoriale, engluant l'âme de Melchior. Alors, fermant les yeux, Ayelèn agit comme jamais elle ne l'avait fait. Transportée par une force qui ne lui appartenait pas, elle sut qu'elle devait faire une diversion. Levant les bras, visualisant la chambre d'Otto, elle ramassa l'air autour d'elle luttant contre son emprise jusqu'à ce que la pièce de l'étage soit l'objet des éléments déchaînés. Une masse noire et violente enveloppait désormais le créateur l'empêchant d'agir à sa guise.

-Veux-tu te délier ? Répéta-t-elle.

Qu'il le souhaite ne signifiait en rien la réussite de l'échéance. Mais elle souffrait d'un besoin impérieux de le savoir ! Elle en avait besoin !
L'ancêtre là-haut se noyait dans un état d'extrême courroux. La fille osait lutter contre sa volonté afin de permettre aux deux jeunes hommes un bref espace de liberté, d'humanité. Le « dieu » refusait, s'accrochait, pourtant il existait des alternatives ! Melchior osera t'il céder à la tentation ? Prendre le risque de conséquences incommensurables ? Et Sein ?«  Ne crains pas, ne crains pas...» diffusait son esprit.

Sa réponse scellera leur destin, à tous les quatre. Tandis qu'un froid glacial débordait sur le palier, une ébullition s'était mise à galoper dans ses veines assoiffées de nourrir...

La mapuche ne pouvait prédire ce qui allait se dérouler. Mais plus rien pour elle ne serait comme avant, plus rien...


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