Lana s’installa tranquillement sur la chaise placée en face du bureau du professeur, alors qu’il s’installait sur son fauteuil.

- Bon, Lana, j’ai une proposition à te faire. Une proposition ? Elle espérait qu’elle pourrait en tirer avantage. J’ai pris le temps de réfléchir à ta demande de te prendre pour apprentie et je pense que je suis prêt à accepter. Tu m’as semblé avoir les talents requis pour pratiquer l’alchimie lorsque je t’ai vue travailler hier. Evidemment qu’elle avait les talents requis. Elle n’était pas comme tous les autres, maladroits et inattentifs. Je sais, c’est une grande décision, mais sache que tu es la première à qui je propose ce genre de faveur. Un rictus imperceptible étira ses lèvres. Je ne sais pas l’expliquer mais j’ai vu ton potentiel hier et quitte à prendre un disciple sous ma direction, autant que ça soit quelqu’un qui me semble spécial. Spécial… C’était exactement le mot. Alors, qu’en dis-tu ?

Lana passa tranquillement ses mains sur le devant de sa robe. Evidemment qu’elle allait accepter ! Mais il valait mieux laisser croire à ce vieux sage qu’il n’était pas indispensable dans sa quête de grandeur. Elle ne voulait pas qu’il la sente dépendante de lui.

- J’ai envie d’avancer vite et loin, expliqua la jeune apprentie en relevant les yeux vers lui. Vous sentez-vous capable de m’élever encore plus haut que vous, professeur ?

Eh hop là. Problème retourné. S’il acceptait, elle aurait la certitude qu’il la rendrait plus forte. S’il refusait, c’est qu’il admettait sa propre incapacité. Elle était gagnante dans tous les cas et pendant ces quelques secondes, elle se sentit particulièrement intelligente.

Elle était plutôt vive et très directe. Cette attitude rendrait les échanges plus clairs et simples à l’avenir. Il avait plaisir à voir qu’il pourrait se reposer sur ces aspects de sa personnalité pour la motiver quand l’éducation à l’alchimie se planterait sur des problèmes fondamentaux complexes et demandant de l’investissement personnel. Il lisait aussi en elle une forte propension à la compétition alors, il s’amusa de se dire que finalement, jouer cartes sur table allait rendre sa proposition plus censée pour elle.

- Je peux t’amener plus loin que tout autre professeur car j’ai véritablement l’expérience de la bataille et de la guerre. Je suis plus appliqué et maitrise mieux les sciences thaumaturgiques qu’aucun autre professeur de l’école, déclara-t-il avec sérieux et sans fanfaronner. Je crains plus que tu ne puisses pas suivre mon rythme que le contraire. En tous cas, si tu parviens à te caler à mes exigences, tu humilieras les autres élèves lors du tournoi qui se tiendra à l’occasion du festival de mi-saison.

Avec ça, il n’avait pas vraiment besoin de préciser son pari avec Aeril de Monte-Sarant pour la lancer dans cette direction. Il n’avait qu’à lui dire ce qu’il attendait d’elle en flattant son égo pour faire passer discrètement ses intentions profondes.