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LE TEMPS D'UN RP

C'est curieux, cette façon qu'à la vie de se répéter

FoxDream
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Sabrina
FoxDream
Lun 16 Mai - 21:57
Le contexte du RP
Mise en situation

Paris, Août 1940
Nous sommes en août 1940, à Paris, la France a été envahit par l'Allemagne depuis quelques semaines déjà, provoquant un grand Exode vers le sud, mais de nombreuses personnes sont restés sur place.
Helene, jeune anglaise sortant du lot, prête à se battre et aider pour ses convictions, rejoint la France. Qui aurait cru qu'elle reverrait une vieille connaissance, disparu de sa vie sans laisser de traces des années auparavant ?

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FoxDream
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Sabrina
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Lun 16 Mai - 22:12

Helene Magnus alias Robin Hood
J'ai 33 ans et je vis là où me mène mes recherche, partout dans le monde. Dans la vie, je suis Docteure en médecine, tératologie et biologie et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance-malchance, je suis mariée sur le papier, mais je me considère divorcée
L’air chaud de fin de matinée vint caresser le visage de l’anglaise qui avançait dans les ruelles désertes de Paris. Voilà un peu plus d’un mois que la capitale, et une partie de la France, avait été envahi par les Allemands, provoquant un grand exode dans la population. Dans ces rues désertes, Helene se sentait seule au monde, perdue dans un univers de silence, où seul ses pas faisaient échos à ses pensées. Si les bâtiments qui l’entouraient n’avaient pas été en si bon état, elle aurait pu penser être dans une de ces nombreuses ruines qu’elle avait eu le plaisir et la chance d’explorer. Cependant, et bien qu’elle ait une fascination pour les civilisations disparues, elle ne tenait pas à assister à la chute du peuple Français. Ou d’un autre… Pourquoi l’Humanité n’apprenait jamais de ses erreurs ? Pourquoi ces guerres et cette violence insensées ? Le visage de sa mère disparut pendant la Der des Der se rappela soudainement à elle, l’ironie de la situation et la douleur engendrée se rappelant violement à elle.

Le bruit d’un klaxonne la fit sursauter. Elle se figea, soudain happée par les mouvements et les bruits autour d’elle, par cette soudaine vie et les visages mornes qui l’entouraient. Les bruits, le mouvement, les claquements des chaussures sur le pavé de la grande rue qu’elle venait d’atteindre la déstabilisèrent un instant. Une voiture passa en trombe devant elle, un conducteur mécontent à son bord. Helene le suivit simplement du regard, sortant enfin de ses sombres pensées. Elle ne devait pas se laisser distraire par tout ceci. Elle avait suffisamment de choses à garder en tête, des choses importantes, des choses urgentes. Elle ne pouvait pas se laisser distraire par des éléments d’un passé lointain, aussi douloureux soit-il. Cette absence et cette voiture n’était qu’un rappel à ce qu’elle risquait en étant ici, ce qu’elle risquait en tant que combattante : sa vie. Un rappel aussi à ce qui était en jeu, les raisons de sa présence ici.

De nouveau présente à elle-même, ses objectifs revinrent au premier plan. L’Anglaise prit une inspiration, passa la main dans les plis de sa jupe, tira sa chemise et vérifia que son sac en bandoulière était correctement mis, puis elle traversa la rue, longeant par la suite les quais de scène. Elle jeta un regard par-dessus son épaule, ses pupilles se posant sur quelques soldats qui tournaient au coin de la rue. Elle contint sa colère et imita ceux qui l’entourèrent. Ses yeux fixèrent le sol, ses cheveux détachés venant dissimuler les traits de son visage, tandis que son corps vint exprimer cette crainte, cette soumission qu’exprimaient les Parisiens. Ses pas continuèrent de la guider, bien heureuse de ne pas attirer l’attention.

Cela ne faisait que deux semaines qu’elle était arrivée en France. Un long périple à travers la Manche, puis descendre du Nord jusqu’à Paris. A peine arrivée, elle avait dû s’assurer de la présence de certaines connaissances, comprendre le dérouler des événements. Maintenant qu’elle s’y était habituée, la Docteure devait faire en sorte de correspondre à son rôle, de faire illusion pour ne pas attirer l’attention. Et, tandis que ses bottes foulaient presque silencieusement les pavés, son regard fut attiré par l’enseigne d’une librairie. Bien qu’elle ne soit pas ici pour étudier, Helene était une scientifique dans l’âme et quoi de mieux que des livres pour la garder occupée et combler un futur alibi ? Elle ne s’estimait pas encore repéré en quoique ce soit, la milice ayant bien trop à faire pour le moment, mais elle devait se protéger au plus vite.

Sûr de sa décision – peut-être également attiré par les nouveaux livres qu’elle pourrait découvrir ici – Helene traversa la rue et se dirigea vers la porte de l’établissement. Alors que son regard était encore posé sur l’enseigne, qu’elle comblait la distance avec l’entrée, elle eut cette impression étrange de déjà-vu. Aussi illogique soit-il, Helene ne croyait pas en ce type d’instinct, de sensation – ou qu’importe le prénom qui leur était affublé. Elle ne croyait qu’en la Science, bien que ses connaissances soient plus étendues et plus complexes que le commun des humains, encore ignorant de tant de choses…

Aussi vite apparu, l’anglaise chassa se pressentiment d’un léger geste de la tête et reprit sa marche vers la boutique. Mais aussi cartésienne soit-elle, peut-être faut-il parfois se fier à l’inexplicable ? Pour le meilleur ou pour le pire…
Stormy Dream
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Stormy Dream
Jeu 19 Mai - 15:56
@FoxDream

Lucien Moreau (alias Will Scarlett)
J'ai 35 ans et je vis à Paris, rue Frédéric Sauton -(5e arrondissement), France. Dans la vie, je suis propriétaire d'une librairie et je m'en sors comme je peux, au vu des restrictions.... Sinon, je suis célibataire mais je ne suis jamais seul bien longtemps.
Tapis dans l’ombre de l’arrière-boutique, le libraire laissait ses prunelles azur parcourir les quelques lignes d’un journal entièrement déplié sur le sol. A la faible lumière d’une lampe de bureau qu’il avait déplacée à ses côtés, l’homme ne comprenait pas ce qu’il lisait : ses pensées se dispersaient, tentant de déchiffrer pourquoi les ennuis ne cessaient de l’inonder. Il se frotta les yeux, puis étira son dos endolori par la position inhabituelle.

En plein après-midi de ce mois d’Août 1940, Lucien Moreau ne s’attendait pas à la moindre visite. La chaleur, l’abandon de la Capitale, la peur ambiante… n’aiderait pas les Parisiens à choisir un livre pour se laisser aller sur les bords de Seine. Les Occupants terrifiaient ses clients, ses amis, et mêmes ces illustres inconnus dont il croisait le regard, et qui semblaient se demander si fuir n’était pas la meilleure des solutions.

La zone libre en faisait rêver plus d’un.

Il s’estimait plutôt chanceux, pourtant, dans son échoppe située au 3 rue Frédéric Sauton : il jouissait de la tranquillité de l’impasse Maubert –dans laquelle se trouvait le petit appartement qu’il partageait avec sa mère-, boudée par la Wehrmacht qui préférait de loin les Boulevards plus animés. Son cinquième arrondissement bien aimé -duquel il pouvait admirer la plus belle Dame de Paris- n’avait plus la même chaleur, ces derniers temps.

La morosité s’était emparée du libraire, malade de voir son beau pays et sa liberté détruits par la vermine venue de l’Est. L’Etat français proclamé quelques semaines plus tôt lui restait en travers de la gorge.

Un regard jeté vers sa montre à gousset en argent –légèrement noircie par le temps- lui indiqua qu’il avait rêvassé plus que de raison. Une pointe d’appréhension lui coupait le souffle depuis le réveil. Etait-il en train de faire quelque chose qu’il regretterait ? Sa tête le suppliait de ne pas faire de vagues, de rester un point d’ancrage solide pour ses proches restés à Paris. Son cœur, lui, ne le poussait pas à la prudence : sa passion lui hurlait de ne pas céder. Secret, Lucien réfléchissait encore dans son arrière-boutique. Fallait-il qu’il fasse confiance à ce Bolivar ?

Les lignes défilaient toujours sous ses yeux : habituellement, les mots se seraient bien alignés dans son esprit. Lire l’anglais n’était pas un problème, mais sa concentration lui faisait défaut. L’homme n’avait pas lu de journal en anglais depuis l’Armistice : en détenir un dans sa boutique pouvait le mettre en mauvaise position.

Quelques lettres codées s’étaient cachées dans le texte : Lucien savait les identifier, mais ne comprenait pas leur signification. Était-il en train de participer à un réel passage d’informations pour aider son pays ? Ou se faisait-il manipuler par les mauvaises personnes ? Il n’avait pas encore tous les éléments en sa possession pour se faire son propre avis. Le libraire avait suffisamment de ressources pour ne pas se laisser impressionner… mais pour cela, il lui fallait tester la fiabilité de son contact, tout en étant éprouvé lui-même.

L’homme prit une longue inspiration, se releva avec la page dont il avait besoin, puis souleva la lampe de bureau pour la déposer à côté d’une machine à écrire. Il l’épousseta du dessus de la main : le dernier essai littéraire du français remontait à son expatriation à Londres, lorsque son n’avait aucune limite. Une jeunesse fougueuse où l’inquiétude ne survivait pas. Ce courage, il pouvait le retrouver : il le devait. Une seconde inspiration plus tard, et il posa ses mains sur le clavier -décoloré par une utilisation intensive. Il tenta d’appuyer sur une touche… puis réalisa que la bobine avait souffert, elle aussi.

Il savait où s’en procurer… pour sûr. Son amie Louise, du fait du métier de son mari, en faisait toujours des provisions. Si Lucien se remettait à écrire, il valait mieux que personne ne le voit franchir le seuil d’une papèterie.

Un léger soupir plus tard, et le libraire repliait le journal pour le déposer dans un tiroir fermé à clé. Il attrapa la chemise légère qu’il passa sur ses épaules comme une veste, puis se dirigea vers la porte de l’échoppe. Le panneau de l’entrée fut replacé sur « fermé », à la volée. Il s’empara s’une sacoche en cuir vieilli, tira la porte et… sursauta.

Une main tendue s’apprêtait à entrer, mais eut le même mouvement de recul que celui qui tentait de sortir. « Bonjour. » Lança Lucien, sorti brutalement de ses pensées, et ne parvenant pas à y remettre de l’ordre. « Je suis navré mais je dois fermer. » Il n’était pas des plus avenants, certes, en disant ces quelques mots… la pancarte était claire.

Alors qu’il s’apprêtait à remercier poliment son interlocuteur, il croisa son regard. Complètement interloqué, il utilisa le cadre de l’entrée pour se maintenir droit. Le visage qui se dessinait devant lui, il l’aurait reconnu parmi des centaines de milliers. S’il était incapable de savoir de quand datait leur dernière discussion, il n’avait pas oublié les traits fins aux pommettes saillantes de la britannique. « Helene ? » Il recula d’un pas pour préserver une distance décente entre leurs deux silhouettes, conscient qu’il était un peu plus imposant. Un sourire intimidé se dessina sur ses lèvres, tandis qu’il se concentrait pour formuler quelque chose de censé. « J’ignorais que les anglais venaient prendre des vacances en zone occupée… » Ironisa-t-il en lui tendant la main pour la saluer. Il venait d'utiliser cette jolie langue qu'il aimait tant, et qu'il n'avait pas eu l'occasion de pratiquer depuis de nombreuses années.

Ironiser était une douce idée pour relancer une discussion après de longues années de silence… Certes. Il se rattraperait.

« Est-ce un heureux fruit du hasard, ou est-ce que j’ai du souci à me faire sur tes talents d’espionnage pour avoir réussi à trouver ? » Demanda-t-il pour détendre l’atmosphère. « Je sortais faire une course à quelques pas d’ici… » Lui confia-t’il en commençant à marcher, comme pour l’entraîner derrière lui. Bien que cette rencontre étonnante l’ait déstabilisé, Lucien ne perdait pas de vue son principal objectif.

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Jeu 19 Mai - 22:18
@Stormy Dream

Helene Magnus alias Robin Hood
J'ai 33 ans et je vis là où me mène mes recherche, partout dans le monde. Dans la vie, je suis Docteure en médecine, tératologie et biologie et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance-malchance, je suis mariée sur le papier, mais je me considère divorcée
Perturbée par ses pensées sur cette étrange impression de déjà-vu, Helene n’avait pas pris garde à la plaquette sur la porte vitrée qui indiquait fermée. Elle ne prit pas garde au mouvement derrière la porte. Son attention était toute tournée vers l’idée de faire refluer de vagues souvenirs. Cette librairie, cette ruelle tranquille qui promettait des merveilles à quiconque était suffisamment curieux – ou courageux – pour s’y aventurer. Le type de recoins que Helene adorait explorer en temps normal, avec un objectif plus important également, apprendre à mieux connaitre la ville. Ce n’était pas la première fois qu’elle venait à Paris – ou en France –, elle y possédait une maison, héritage de sa mère française, et avait déjà pu visiter plus d’une fois certains endroits illégaux. Mais ici, elle cherchait à bien plus que d’explorer de vieilles ruines souterraines ou bien étudier. Alors les souvenirs anciens n’avaient pas sa place.

Puis la porte s’ouvrit soudainement. Helene eut un mouvement de recul et fit un pas en arrière, surprise. Son émotion s’intensifia lorsqu’une voix familière la salua avec une certaine froideur. Ses pupilles se relevèrent et s’agrandirent légèrement. Le visage qu’elle cherchait à faire refluer se tenait juste devant elle. La britannique, si pragmatique, ne put contenir son émotion en cet instant. Elle fut prise dans un tourbillon instable et indéfinissable, jusqu’à ce que le libraire croise son regard, prononce son prénom.

Tel un électrochoc, elle reprit la pleine maitrise de son corps et son esprit, se fermant à nouveau. Elle ne sut comment réagir jusqu’à ce que la voix grave reprenne, libérant ce sarcasme auquel elle était habituée. Un éclat de colère brilla dans ses pupilles, qu’elle contint aussitôt. « Paris gagne en charme sans ses habitants il faut croire. » Rétorqua Helene, sa tête se penchant légèrement sur le côté, plus froide qu’à l’époque où ils échangeaient, sa main se refermant un bref instant sur celle de Lucien. Faisait-il exprès ou bien avait-il oublié la dernière fois qu’ils s’étaient vu ? Elle, ce n’était pas le cas, sa mémoire trop efficiente pour ce type de sujet.

« Et pourquoi crois-tu que je mettrais mes talents d’espionnes pour retrouver ta personne ? » Lui répondit Helene, dont le sarcasme tranchait avec l’humour qu’essayait de glisser Lucien, ce qui agaçait un peu plus la Docteure. Ses lèvres se pincèrent lorsque le libraire à la mâchoire dessinée et aux pupilles claires s’éloignait. Ses yeux le suivirent, son corps immobile, tandis qu’elle réfléchissait à ce sous-entendu d’invitation. A quoi bon le suivre ? Elle n’y gagnerait rien et elle n’était pas ici pour cela. Une part de son esprit rationnel pensait que Lucien – s’il n’avait pas changé – pouvait se retrouver être une source d’informations fiables, ne serait-ce que par son métier, et son caractère l’entraînait au danger. Mais après des années ? Et l’idée de l’impliquer lui déplaisait. L’attirer dans son monde, sans même parler d’essayer de lutter contre l’envahisseur, elle ne pouvait pas lui faire ça. Tout comme elle s’était finalement tenue à l’écart, il y a des années. Car, après tout, elle n’avait aucune crainte d’impliquer d’autres de ses connaissances dans cette bataille…

Enfin, ses pas l’entraînèrent à marcher vers lui, s’alignant à sa hauteur et suivant son rythme. « Quelle type de course ? Je suis occupée, mes vacances me prennent tout mon temps et je n’ai pas envie d’en perdre trop en discussion banale. » Helene avait retrouvé une certaine neutralité dans sa voix, malgré le sarcasme de ses mots. Elle lui lança un regard en coin. « Tu sais à quel point cela m’ennuie. » Le choc et la première surprise passée, elle se contrôlait mieux, glissant ses émotions dans une boite pour garder l’esprit plus clair, malgré une certaine colère qui ressortait. Elle n’était pas si rancunière habituellement… Peut-être que l’ambiance Parisienne actuelle ne faisait qu’exacerber ses émotions, sa méfiance prenant le relais sur tout le reste, ses yeux passant sans cesse de Lucien à leur environnement pour se préparer à la suite.
Stormy Dream
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Stormy Dream
Sam 21 Mai - 10:34
@FoxDream

Lucien Moreau (alias Will Scarlett)
J'ai 35 ans et je vis à Paris, rue Frédéric Sauton -(5e arrondissement), France. Dans la vie, je suis propriétaire d'une librairie et je m'en sors comme je peux, au vu des restrictions.... Sinon, je suis célibataire mais je ne suis jamais seul bien longtemps.
La réaction de la britannique fut à la hauteur du tempérament tumultueux qu’il lui connaissait. Il dut avouer que sa répartie était aussi cinglante qu’à l’époque où ils se côtoyaient dans sa librairie de Notting Hill. Cette douce période où Lucien vaquait à ses occupations, sans se soucier des conséquences… profitant des discussions vigoureusement argumentées, celles qui faisaient passer les heures comme des secondes. Celles où le sourire en coin d’Helene, tenant une tasse de thé entre ses doigts, lui donnait envie de pousser ses raisonnements contradictoires encore plus loin.
 
Dans ces yeux, la pointe de malice qu’il lui connaissait avait été remplacée par une expression glaciale. « Dans ce cas je dois dire que c’est le moment idéal pour ne pas voir de parisiens à Paris. » Sans se laisser démonter pour autant, Lucien se à réfléchir, pour tenter de comprendre pourquoi leur rencontre la mettait autant en colère. Il n’était pas capable de se souvenir de la date de leur dernier échange… Peut-être avait-il dit quelque chose de mal ? Cela remontait si loin dans sa mémoire…
 
Chaque surenchère au sarcasme du français finit par lui ouvrir la voie vers la vérité. Lucien avait quitté Londres précipitamment, un soir de novembre alors que sa concierge lui remettait le courrier qui fit basculer sa vie de jeune innocent vers l’âge des responsabilités. Ce soir-là, le jeune Moreau était passé de jeune homme libre, passionné, rêveur… au statut de chef de famille, héritier malgré lui d’une librairie en faillite, condamné à ramasser les restes d’une mère abîmée par des années de sévices.

Ce soir-là, Lucien avait tout emporté et avait sauté dans le premier bateau pour rentrer en France. Ce soir-là, obnubilé par la nouvelle, il n’avait pas pensé à prévenir Helene qu’il ne se joindrait pas à elle pour la promenade au bord de la Tamise dont ils avaient parlé quelques heures plus tôt.

Hypnotisé par la crainte, il n’avait pas réalisé qu’il ne reviendrait pas à Londres.

Il n’y avait jamais remis les pieds depuis. Il ne surprenait parfois à penser à cette librairie qu’il avait laissée en plein essor, à sa clientèle fidélisée par les recherches incessantes et l’accent charismatique dans son anglais encore maladroit. Il se demandait régulièrement comment aurait été sa vie s’il n’avait pas regagné Paris… bien que la ville de son enfance ait de nouveau conquis son coeur.

« Tu es suffisamment bien placée pour savoir que je suis une personne ennuyeuse à mourir. » Répondit-il finalement alors qu’il empruntait le Quai de Montebello, en direction du jardin des plantes. Comme à son habitude, il jeta un oeil sur la Cathédrale qui trônait fièrement sur l’Île de la Cité. Il était suffisamment ennuyeux pour qu’elle daigne le suivre, tout de même. Les nombreuses discussions littéraires qu’ils avaient eues dans son ancienne librairie lui revenaient en tête avec un sentiment de séduisante nostalgie. Plutôt remarquable, pour lui qui ne connaissait pas la mélancolie.

Quelques pas le long de la Seine, pendant lesquels Lucien conserva le silence, préférant écouter le calme de la rue auquel il ne s’habituait pas. Il marchait d’un pas décidé, mais avait ralenti pour permettre à la britannique de le suivre sans se mettre à courir. Traversant l’Île Saint-Louis par le Pont de la Tournelle, les deux anciens amis regagnèrent la rive droite de la Seine. Quelques minutes plus tard, leur destination était enfin atteinte.

Louise résidait dans un grand appartement de la rue du Fauconnier, dans un immeuble ancien peuplé d’avocats et de magistrats de Paris. Privilège du métier. L’homme s’arrêta devant l’immense porte en bois, proposant à Helene de pénétrer dans une somptueuse cour intérieure qui se dévoila à l’ouverture du portail. « Je n’en ai pas pour longtemps. Mais ne t’inquiète pas, tu retrouveras mes assommantes conversations bien assez tôt ! » Un sourire étira le coin de ses lèvres avant qu’il ne disparaisse dans un petit escalier en pierres.

« Lulu ! Viens, mais ne fais pas trop de bruit, j’ai enfin réussi à endormir Georges. » Louise déposa une bise sur la joue de son ami d’enfance, habituée à le voir débarquer à des heures inhabituelles. « Tu as laissé la boutique en pleine journée ? Es-tu devenu fou ? » Ricana-t’elle en s’éclipsant dans la cuisine pour lui servir une tasse de café noir. Elle savait comme son ami appréciait le précieux breuvage, mais il était devenu difficile de s’en procurer. Encore un privilège d’avoir un mari aisé, probablement… mais Lucien refusa poliment, jetant un regard pressé vers la cour intérieur où Helene l’attendait.

« Tu es décidément tombé sur la tête. Que se passe-t’il ? » Celui-ci haussa les épaules distraitement. « J’aurais besoin d’un ruban pour ma machine à écrire. » La femme à l’épaisse chevelure fauve le dévisagea.

Lucien se présentait chez elle en plein milieu de l’après-midi, lui demandant une bobine pour écrire… chose qu’il n’avait pas faite depuis de nombreuses années. L’homme resta silencieux, pas le moins du monde décidé à justifier sa demande tant qu’elle ne lui aurait pas posé de question. Et cette dernière le connaissait si bien qu’elle préféra ne pas la lui poser, de peur d’apprendre quelque chose qu’il ne valait mieux pas découvrir.

« Lulu, tu sais que je suis toujours prête à t’aider. Mais par pitié, ne fais rien qui puisse te mettre en danger ou je ne me le pardonnerai jamais. »

Toujours dans le dramatique… songea Lucien alors que son regard basculait pour la seconde fois vers la fenêtre. « J’ai simplement envie de dépoussiérer ma machine à écrire. J’ai peu de clients et besoin de m’occuper l’esprit. » Soupira-t’il. Mais cette fois, Louise intercepta son regard avant qu’il n’ait le temps d’apercevoir la silhouette de la femme postée dans le patio. Son ami était agité, cela ne lui ressemblait pas.

Quelques instants plus tard, elle revint avec un ruban encreur soigneusement emballé dans un torchon. L’homme s’était inconsciemment tourné vers la fenêtre, appuyé sur l’encadrement en bois. « Qui est-elle ? » Il sursauta, surpris de la voir apparaitre au-dessus de son épaule, elle qui était si petite… Hissée sur la pointe des pieds, elle observa à son tour l’allure noble de la britannique. « Une connaissance Londonienne. » Il croisa le regard émeraude de son amie. « Une connaissance » répéta-t’elle, un sourire malicieux au coin des lèvres. « Tes connaissances sont-elles toutes aussi jolies ? » Il ne répondit pas, serrant le paquet qu’elle venait de déposer dans ses mains.

« Tu trouves ? Je n’avais pas remarqué… » Louise éclata de rire en lui mettant une tape amicale derrière la tête. « Espèce de goujat, hors de ma vue. » Lucien plissa les yeux avec une douceur qu’il n’utilisait qu’en présence de sa vieille amie. Il déposa une bise sur sa joue en guise de remerciement, puis regagna la cour.

La femme à la chevelure brune lui tournait le dos. Il observa le cadrant de sa montre, rangée dans la poche de sa chemise, réalisant que l’heure avait déjà bien avancé. « Le thé est devenu une denrée rare, ces derniers temps… mais si tes vacances palpitantes te laissent un peu de répit… Je connais un endroit parfaitement ennuyeux où en trouver. » Il attendit qu’elle se retourne pour observer son visage à la peau d’un blanc éclatant, relevé par deux prunelles azuréennes. Il effaça de son esprit les quelques paroles de Louise, se concentrant sur les lèvres colorées de son interlocutrice.

« Peut-être que tu pourras m’éclairer sur ta recherche littéraire, par la même occasion. » L’animosité évidente d’Helene le guida vers un sujet de passion commune, tout en initiant le départ. Bien qu’il ne puisse pas l’observer, il sentait le regard de Louise posé sur lui, et n’avait pas la moindre envie d’alimenter des fantasmes.

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Sabrina
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Sam 21 Mai - 20:20
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Helene Magnus alias Robin Hood
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Helene ne put expliquer ce qu’elle ressentait face au libraire et ce que lui-même renvoyait. Il semblait surpris de la revoir, mais il ne laissait transparaitre aucune autre émotion. Pourtant elle était habituée à décrypter et lire les autres, mais, même à l’époque en Angleterre lorsque leur relation était au beau fixe, elle n’était pas aussi habile avec lui. Cela l’avait toujours intrigué et avait toujours attisé sa curiosité. Avec le temps, cela avait conduit à les rapprocher et les emmener dans des discussions animées, passionnantes, celles qui la tenaient longtemps en haleine. Mais ici, cette difficulté à le lire ne faisait que la frustrée.

La Docteure vint croiser les bras sur sa poitrine au retour cynique que lui fit Lucien. Il ne fuyait pas face à sa réplique et il ne semblait pas non plus s’offusquer du comportement glacial qu’elle renvoyait. Est-ce que cela le touchait au moins ? Peut-être n’avait-il pas conscience des raisons de sa colère, ou peut-être qu’il n’en avait cure… « C’est bien ce que je me suis dit, même si les Allemands ne sont pas de meilleure compagnie. » Ses pupilles se détournèrent pour regarder au loin, s’assurant que ses mots ne soient pas entendus, quand bien même l’animosité pour les Nazis étaient palpables chez chacun, lorsque la crainte ne prenait pas le dessus.

Pourtant, malgré son animosité, elle le suivit, calquant son rythme sur le sien. Maintenant qu’elle le rencontrait à nouveau, les questions sans réponse de l’époque revenait la hanter, les sentiments qui y étaient associés également. Elle se connaissait suffisamment pour savoir qu’elle ne pouvait trouver le sommeil si elle ne trouvait pas de réponses à un mystère. Il tournerait en boucle, tel un disque rayé, son esprit ressassant les images de cette rencontre, jusqu’à ce qu’elle trouve une réponse satisfaisante, ou une autre énigme pour enterrer la première. Combien de temps s’était-elle questionnée sur les raisons de la disparition de Lucien ? Lui était-il arrivé quelque chose de grave ? Avait-elle dit ou fait quelque chose de mal ? L’avait-elle fait fuir en acceptant cette promenade le long de la Tamise ? Il est vrai qu’elle avait toujours maintenue un cadre clair à leur relation, acceptant le thé pour des discussions pertinentes, jamais plus loin. Mais cette fois, elle avait cédé, poussée par l’envie d’échapper à la douleur et la solitude. Et il n’était pas venu… Pourquoi ? Cette question l’avait hanté longtemps et revenait la hanter.

Et malgré sa colère, un petit sourire en coin, discret, apparut à la remarque de Lucien. « Comme tous libraires : anciens, poussiéreux, inintéressant et aussi renfermé que leurs livres. » Son ton avait légèrement évolué. S’il restait distant, il était moins glacial, moins colérique. Il était même possible de se risquer à dire qu’une pointe d’humour s’y était glissé. Lucien n’était en rien tout ce qu’elle venait de décrire, n’importe qui pourrait le remarquer. Sauf peut-être pour le dernier adjectif… Helene ne s’était jamais laissé intimider. Après tout, elle ne serait jamais allée si loin si elle s’était effondrée à la moindre remarque.

Le silence s’installa entre eux. Ses pupilles vinrent se perdre dans l’eau de la Seine, laissant l’eau porter ses pensées, espérant retrouver un certain calme intérieur, se laissant guider par le Français. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas été confronté à tant d’émotions contradictoires. Ce silence, cette pause dans leur échange cinglant de sarcasme, laissait remonter d’autres émotions, telle la culpabilité ressentie à l’époque, mais également le soulagement de le voir bien portant. Un soupire discret d’agacement envers elle-même s’échappa d’entre ses lèvres.

Helene ramena son esprit à la réalité lorsqu’ils semblèrent arriver à destination. Elle releva les yeux vers la bâtisse richement décorée. Elle reporta son attention sur l’homme. « Tu me connais, je ne tiens pas en place. Je n’attendrais pas une éternité de toute façon. » Ironiquement, l’image de sa personne plus jeune, attendant au lieu du rendez-vous, dans le froid de novembre, pendant bien trop longtemps se raviva à elle.

Helene chassa cette vision et suivit Lucien dans la cour, l’observant disparaitre dans l’escalier. Elle chercha quelques instants la fenêtre de l’appartement dans lequel il pourrait se diriger, se questionnant sur l’identité et la raison de cette visite. Le reflet et la bêtise de cette recherche la ramena à la réalité. A la place, elle s’intéressa à son environnement, à l’architecture de ce bâtiment ancien. Son regard finit par être attiré par les larges fleurs aux pétales rouges en forme de nid d’abeille, sa main s’approchant pour venir frôler la plante. « Des Dahlia pompons. » Si le nom paraissait ridicule, il leur correspondait plutôt bien. Ces fleurs avaient toujours eu été intéressante pour Helene, comparable à certaines ruches d’abeille, ou bien aux mathématiques et Fibonacci. Elle s’y était penchée longtemps pendant sa jeunesse. Elle appréciait ses fleurs, bien qu’elle soit trop imposante à son goût.

L’intérêt à l’architecture ou à cette fleur l’empêcha de trop se questionner sur sa présence ici et, surtout, si elle restait. L’Anglaise sursauta légèrement lorsqu’elle entendit la voix du Français. Elle se tourna vers lui. « Je t’ai suivi jusqu’ici, ce serait illogique de partir maintenant. Même si je dois me satisfaire d’un thé passable. Accompagnée d’une pâtisserie, cela devrait compensé un peu » Elle lança un regard aux fenêtres, puis suivit Lucien dans les rues de Paris, lançant un regard au paquet qu’il tenait, intriguée par celui-ci. « Tu as trouvé ce que tu cherchais donc ? » Elle doutait avoir une réponse concrète, mais peu importe.

Helene remit correctement son sac sur son épaule, son regard se posant devant elle. Elle laissa un blanc dans la conversation, réfléchissant à la question de Lucien. Lui mentir complètement ne lui semblait pas pertinent. « Eh bien, je n’avais pas d’objectif particulier. J’ai juste vu ta librairie et j’ai voulu y entrer. » N’était-ce pas la même histoire que lors de leur première rencontre ? « Mais si tu as les dernières publications sur la biologie moléculaire de Linus Pauling ou bien des articles concernant le microscope électronique, ça pourrait bien m’intéresser. Enfin, la présentation n’a été effectué qu’en avril de cette année, donc sûrement trop récent… » Une autre pensée la traversa et, comme souvent lorsqu’elle passait d’une idée à l’autre, elle l’évoqua à l’oral, se parlant presque à elle-même. « Enfin bref… Sinon des livres sur l’histoire architecturale de Paris et le développement de ses infrastructures. Je ne m’étais pas vraiment questionnée lors de mon dernier passage… » Comme toute vieille ville, Paris avait ses secrets que l’histoire retraçait parfois. Il suffisait de savoir chercher…

Helene pinça les lèvres et s’éclaircit la voix pour essayer de se reprendre. Lucien la connaissait suffisamment bien pour l’entraîner dans des sujets qui les éloignaient de son animosité et ses questionnements. Ce fut ce moment pour qu’ils s’arrêtent devant un café. Si l’ambiance n’était pas si morose à cause de la situation, bien que les serveurs essayaient de garder un semblant de vitalité, l’endroit n’aurait pas été désagréable. Plutôt charmant même. Ils s’installèrent à une table, une serveuse venant prendre leur commande. « Un thé et un Paris-Brest, s’il vous plait. » Dit-elle dans un français parfait – passant d’une langue à une autre sans difficulté malgré un léger accent anglais—, et une solide connaissance des pâtisseries françaises, celle en question étant sa favorite.

La Britannique ne rata pas le regard appréciateur que lança la serveuse vers Lucien. Elle choisit d’ignorer cette interaction, ses yeux se portant vers les autres clients. Il était bel homme, mais elle ne voulait pas le voir ainsi, plus particulièrement dans cette situation après ces années de distance et l’animosité qu’elle ressentait bien que l’atmosphère ce soit un peu calmé. Elle ramena ses pupilles azures dans celles aux couleurs si similaires aux siennes, laissant un silence entre eux, observant ses réactions., attendant… Elle l’ignorait à dire vrai. Des réponses certainement.
Stormy Dream
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Lun 23 Mai - 14:34
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Lucien Moreau (alias Will Scarlett)
J'ai 35 ans et je vis à Paris, rue Frédéric Sauton -(5e arrondissement), France. Dans la vie, je suis propriétaire d'une librairie et je m'en sors comme je peux, au vu des restrictions.... Sinon, je suis célibataire mais je ne suis jamais seul bien longtemps.
Décidemment, il n’était pas au bout de ses surprises le libraire, face à la répartie grinçante de son interlocutrice. S’il comprenait bien qu’elle puisse en avoir après lui d’être parti comme un voleur… il n’imaginait pas être d’aussi mauvaise compagnie que les Allemands. Ou alors, elle appréciait leur compagnie, puisqu’elle était toujours à côté de lui, à lui rappeler la lassitude qu’il lui inspirait. Lucien, habitué à pousser le sarcasme jusqu’à l’extrême, refusa de surenchérir cette fois-ci.

Dans son esprit se mélangeaient des préoccupations qu’il ne valait pas mieux pas brasser entre elles. Il fallait qu’il remette un peu d’ordre dans tout cela.

Ils arrivèrent devant le café qu’il convoitait : seul établissement où il était possible de trouver du thé ou du café… au risque d’y croiser l’Occupant, certes. Mais à l’heure du thé, qui n’était pas la plus intéressante pour les parisiens, ils pourraient y trouver un peu de quiétude.

« J’arrive toujours à trouver ce que je veux trouver. » Affirmait-t-il avec un léger sourire en coin, soupçonnant la britannique de chercher à savoir ce qu’il avait bien pu faire dans cet appartement parisien. Il était discret pour que cela ne paraisse pas inhabituel qu’il ne se vente pas de ses activités. La prétention de sa phrase cachait pourtant, bien au fond de ses pensées, le trouble qui l’animait. Arriverait-il à proposer à Bolivar quelque chose de suffisamment bien ficelé pour qu’il lui fasse confiance ? Devait-il vraiment faire ses preuves devant cet homme, ou valait-il mieux qu’il fasse profil bas comme le reste des parisiens ?

Il écouta attentivement les demandes de la passionnée, bien que perdu dans les termes savants qu’elle employait parfois… Puis poussa un soupir résigné. « Helene… Tu auras l’occasion de visiter les allées de ma librairie, avec grand plaisir. Mais je dois te prévenir avant... » Il se coupa à l’approche de la serveuse, laissant à son interlocutrice le soin de commander la première.

L’entendre parler en français, de son charmant accent –mais tout assez subtile pour ne pas empêcher sa compréhension- lui rappela que tous leurs échanges jusque-là s’étaient naturellement faits en anglais. Lucien n’avait pourtant pas eu d’occasion de pratiquer la langue de Shakespeare depuis son départ de Grande-Bretagne. « Un café noir pour moi. » Demanda-t-il à celle qui nota la commande sur une feuille de papier, lui adressant un sourire éclatant. Surpris, Lucien se détendit. Les sourires étaient devenus rares à Paris : tout le monde se méfiait, ou se renfermait dans la routine morose pour oublier que les temps étaient durs.

Il reprit. « La diversité n’est pas celle que tu connaissais à Londres… » La censure était la principale responsable de ce manque d’approvisionnement : romans, nouvelles, ou grands classiques triomphaient à l’heure où ses concitoyens avaient besoin de se changer les idées. En revanche, les articles scientifiques se voyaient amendés, entaillés, voire totalement abrogés : l’Occupant ne souhaitait pas laisser l’opinion publique se cultiver. Malheureusement, la femme de sciences qu’elle était devrait se contenter de nouvelles distrayantes… en français.

La silhouette de la petite femme blonde vêtue d’un tablier blanc s’éloigna : le français croisa de nouveau le regard lumineux de la britannique. Les nuances de bleu peintes dans ses prunelles le fascinèrent un bref instant, avant qu’il se soit ramené à la réalité par les tasses qui se posèrent brusquement devant eux.

Il n’eut pas le temps de voir que la jeune femme calculait ses faits et gestes pour se faire remarque. Non, car l’odeur du café l’ensorcela sur-le-champ. Le breuvage ténébreux était devenu impossible à trouver –ou hors de prix : un drame, dans la vie de celui qui aurait pu tout abandonner pour quelques millilitres. Les volutes de fumées lui caressèrent l’odorat tandis que ses doigts se saisissaient automatiquement de la hanse brûlante. La serveuse, elle prit un air las avant de se retirer.

« Cela dit, l’architecture ne représente pas une menace pour nos nouveaux voisins de quartier. Je devrais pouvoir trouver quelque chose pour satisfaire ta soif de connaissances. » Dit-il sur un ton plus léger, alors qu’il venait refroidir la surface son café d’un souffle délicat. Il continuait à soutenir le regard de cette femme qui, dans un lointain passé, s’asseyait pendant des heures dans sa librairie pour discuter avec lui. De livres, principalement, mais aussi d’histoire, de politique, des ragots du voisinage… lorsqu’ils étaient lancés depuis longtemps. Lucien n’était pas un grand adepte du commérage, mais il devait avouer que, déjà à l’époque, elle avait trouvé un moyen de captiver son attention.

« Tout va bien Monsieur ? » s’enquit la serveuse en déposant quelques biscuits dans une assiette… qu’il n’avait pas commandée. Le regard en direction de la brune aux yeux clairs fut bien moins chaleureux, en revanche. « Parfaitement, merci Mademoiselle. » Il lui adressa un nouveau sourire poli. Si dans le café où ils se trouvaient, Lucien était soigné comme un souverain… D’ordinaire, c’était Helene absorbait toute l’attention : son éducation irréprochable et sa prestance lui conféraient un charme incontestable. Il ne put s’empêcher, donc, de se laisser profiter de la situation.

« C’est à se demander si tu ne lui as pas tiré les cheveux en rentrant. » Plaisanta le libraire en anglais, pour ne pas risquer d’être compris par la concernée. « D’ailleurs, tu ne m’as pas donné la vraie raison de ta présence à Paris… » se risqua-t-il, maintenant qu’ils étaient repartis sur une note plus courtoise.

Le café qu’il tenait entre les doigts avaient suffisamment refroidi pour qu’il puisse risquer de le porter à ses lèvres et en apprécier l’amertume. Il plissa les yeux de satisfaction : la chicorée n’avait qu’à bien se tenir à côté d’un café.

Instinctivement, il attrapa la montre en argent qui reposait dans sa poche : le temps était passé si vite, et il n’avait pas commencé à écrire. Les bonnes relations avec son nouveau contact risquaient de tomber à l’eau avant même le démarrage s’il manquait leur premier rendez-vous.

« Je vais devoir te fausser compagnie. » Indiqua-t-il d’une voix plus douce que précédemment, signe qu’il n’avait pas nécessairement envie de partir, mais que le devoir l’appelait. Il attrapa un portefeuille en cuir vieilli, déposa suffisamment de monnaie sur la table pour couvrir l’ensemble de leurs consommations -et le pourboire de la jeune serveuse. « Si ma poussiéreuse conversation te manque… Je n’en ai bien sûr aucun doute… Tu sais où me trouver. » Le sourire qui s’afficha sur ses lèvres rosées portait le sarcasme du monde entier à lui seul. L’homme lui tendit la main pour la saluer, comme il l’avait toujours fait avec elle. « Peut-être que d’ici-là, j’aurais eu envie de te mettre de côté quelques ouvrages. »

L’homme rangea sa main après une poigne ferme, tourna les talons… salua d’un sourire la jolie –mais intrusive- serveuse du café. Il avait du pain sur la planche.


* * *

La nuit avait longue, le sommeil presque impossible à trouver. Il avait redoublé d’efforts pour ne pas réveiller sa mère lorsqu’il avait franchi le pas de la porte à cinq heures passées. L’émotion, la méfiance, mais surtout l’adrénaline, avaient suffi à le tenir en haleine. Maintenant, il avait besoin de silence pour redescendre.

Les cernes de Lucien le trahirent, quand au petit matin sa génitrice ouvrit les rideaux de la minuscule chambre dans laquelle il dormait. « Mon fils… je me demande quelle vie nocturne tu mènes… mais saches que me présenter ta fiancée ne la mettra pas en danger de mort. » Toujours avec délicatesse et une pointe de subtilité, Georgette Moreau avait le don de faire passer clairement ses messages. Depuis la naissance du petit garçon de Louise, elle n’avait que cette idée en tête : marier son fils, son bien aimé fils… Elle avait bien quelques idées en tête, mais il semblait si difficile qu’elle commençait à se demander s’il appréciait vraiment la compagnie des femmes...

« Maman, je n’ai pas envie d’avoir cette discussion aujourd’hui. » ronchonna-t-il. « Je ne te demande pas de parler, mais de me désosser ce pigeon pour le dîner. J’espère que ce n’est pas trop demandé… Petit ingrat. » Telle mère tel fils, vous dites ?

Affairé à la tâche qui lui avait été confiée, il laissa la patronne des lieux ouvrir la boutique. Il était encore tôt, il y avait peu de chance pour que les clients se soient réveillés aux aurores, pris d'une envie pressante de lui acheter des livres. Cela lui laissait le temps de se passer un peu d’eau fraiche sur le visage, et de remettre de l’ordre dans ses idées après la rencontre qu’il avait faite pendant la nuit.

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Lun 23 Mai - 22:36
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Helene Magnus alias Robin Hood
J'ai 33 ans et je vis là où me mène mes recherche, partout dans le monde. Dans la vie, je suis Docteure en médecine, tératologie et biologie et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance-malchance, je suis mariée sur le papier, mais je me considère divorcée
Le comportement du libraire était différent d’à l’accoutumé – il y a des années à dire vrai. Elle s’attendait à une réplique cinglante de sa part, qu’il surenchérisse jusqu’à ce que leur conversation atteigne un paroxysme. Si c’était un savant jeu d’esprit à l’époque, ici les répliques n’étaient pas au ton humoristique, mais froide, douloureuse presque. La britannique ne se voulait pas blessante, simplement sa colère et son agacement se dévoilaient ainsi. Une chose dans tout ceci, Lucien semblait avoir saisi la situation. Peut-être se souvenait-il, finalement, de leur dernière rencontre ?

Heureusement, leur marche lui permit d’éclaircir ses idées, d’être moins soumise à ses émotions. Son flegme britannique et son éducation y faisaient certainement. Comme souvent, Lucien détourna habilement sa réponse, sans répondre à la question implicite d’Helene. Un léger sourire en coin apparut. « Alors l’espion se serait plutôt toi dans ce cas. » Son ton s’adoucissait au fil de leur échange, bien qu’elle garde cette distance tant physique qu’émotionnel. Alors, contrairement à son habitude qui était de satisfaire sa curiosité, elle ne chercha pas plus loin. Après tout, elle avait déjà bien assez de choses à se soucier pour y mêler sa vie personnelle. Déjà qu’elle avait dû faire pression sur Churchill – oui, le premier ministre – pour venir en France avant même que la Special Operation Executive ne soit prête à être déployer. Le convaincre également d’aller sur le terrain, car une femme sur un terrain opérationnel ne lui plaisait pas particulièrement… Sa position était trop précaire pour y mêler quoique ce soit d’autres.

Helene pinça les lèvres lorsque Lucien s’interrompit dans sa phrase – elle n’aimait pas les phrases incomplètes –, mais commanda rapidement. Elle ramena ses yeux azur sur Lucien, attendant que la serveuse parte. Ne pourrait-elle pas attendre la fin de leur conversation avant de jeter son dévolu sur le libraire ? Qu’importe… La Docteure haussa légèrement les épaules. « Eh bien… C’est dommage. Je croyais que tu trouvais toujours ce que tu voulais… » Puis un petit sourire mutin vint étirer ses lèvres. « Heureusement, j’obtiens toujours ce que je désire. » Et si elle ne le pouvait par des moyens conventionnels, s’engageait bien d’autres solutions.

Puis la serveuse vint à nouveau les interrompre, de façon tout aussi impoli et tape à l’œil. Helene laissa échapper un merci, souriant, et saisit la hanse de sa tasse. L’odeur n’était pas désagréable, mais le thé lui semblait trop infusé… Elle ne dit rien, soufflant doucement avant de la reposer. Elle saisit la pâtisserie, croquant dedans, prenant garde à ce que le cœur crémeux ne tombe pas. Elle reposa la délicieuse pâtisserie dans l’assiette. Un sourire amusé étira ses lèvres. Les Allemands ne s’était pas renseigné sur l’utilisation des tunnels. Particulièrement à Paris où les égouts étaient à taille humaine. « Eh bien, il semblerait que nos voisins soient des plus conciliants, merci à eux. » Rétorqua Helene en prenant la hanse de sa tasse, prenant une première gorgée. Trop infusé…

Helene conserva un visage impassible, reposant délicatement la tasse. Le goût restait agréable, elle terminerait rapidement sa tasse servit avec tant de… finesse. Ladite serveuse leur imposa à nouveau leur présence. La britannique releva les yeux vers elle. Elle appuya avec douceur son menton sur le dos de sa main, un sourire aussi provocateur que glacial, tout en conservant ce flegme et cette prestance qui la caractérisait. « Parfaitement Madame » Dit Helene, accentuant ce dernier mot, qui n’était en rien une erreur de compréhension dans l’utilisation du mot. Cela sembla jeter un seau d’eau froide à la serveuse, qui s’esquiva sans demander son reste. Helene retint un rire, reprenant une gorgée de sa boisson.

Helene ramena son regard sur Lucien. « Elle ne doit pas être sensible à mon charme. » Elle saisit la pâtisserie pour la finir, se figeant un instant à la question du libraire. Elle prit le temps de terminer la gourmandise, puis posa un regard perçant sur Lucien. « Et tu ne m’as pas dit ce que tu étais allé faire dans cette riche bâtisse. » Rétorqua Helene. Elle ne pouvait pas lui révéler la raison de sa présence et, tout comme lui, elle n’avait aucune intention d’y répondre pour le moment.

Sans en dire plus, Helene reprit sa tasse, prenant une nouvelle gorgée. Elle releva les yeux vers Lucien à l’annonce de son départ. Elle fronça légèrement les sourcils, une pointe de déception traversant son regard. Elle n’aurait pas de réponses aujourd’hui… « Si tes livres ne sont pas aussi poussiéreux, peut-être que cela me décidera à passer. » Lui rétorqua l’anglaise. Elle laissa passé un instant, avant de venir serrer la main qu’il lui tendait, puis elle le suivit du regard alors qu’il sortait. A quoi penses-tu ? Ce n’est pas le moment.

Helene termina sa tasse et se leva, abandonnant la serveuse aux pensées plaintives et sombres envers la Docteure qui avait fait fuir le bel homme.

~~~

L’eau coulait le long de son corps, devenant brune à ses pieds, chassant la fatigue et la dure nuit que la médecin venait de traverser. Elle n’avait dormi que quelques heures, puis s’était levée au cœur de la nuit pour se glisser à l’extérieur et partir à son point de rencontre, se glissant par une entrée de tunnel qu’elle avait repéré. Sa rencontre avec le Capitaine Jacques Arthuy avait été pour le moins… intéressante.

Après cette longue nuit, elle venait juste de rentrer, et prenait une douche bien méritée, se débarrassant de la poussière et des odeurs des tunnels. A contre-cœur, elle dût s’extraire de sous le jet d’eau chaude. Elle saisit la serviette pour essuyer les gouttelettes et la passer dans ses cheveux. Elle s’arrêta un instant, jetant un coup d’œil à son reflet. L’eau avait réussi à effacer presque toutes les traces de fatigue. Elle fit couler un jet d’eau froide et aspergea son visage pour terminer ce soin, puis elle enfila des vêtements, attachant ses cheveux encore humide en une queue de cheval rapide. En revenant dans sa chambre, elle jeta un regard à son lit confortable, mais son esprit était déjà en ébullition des événements de la veille. Dans son état, elle ne trouverait jamais le sommeil.

Helene, après un rapide petit-déjeuner, sortit dans les rues de Paris. Il était encore très tôt. Trop tôt pour bien des Parisiens. Elle prit une profonde inspiration, les yeux mi-clos, profitant de ce calme et l’air frais, puis se dirigea vers sa destination. La Docteure entendait déjà les sarcasmes du libraire pleuvoir sur elle dès le matin, elle s’y prépara mentalement. Seulement, ses péripéties de cette nuit lui avait démontré à quel point elle avait besoin de se renseigner sur Paris. Exactement ce qu’elle avait demandé à Lucien en somme…

Arrivée devant la boutique, elle fit attention, cette fois-ci, au panneau affichant l’état de la boutique, puis poussa la porte. Elle balaya l’intérieur, examinant les lieux, toujours cette curiosité brillant dans le regard lorsqu’elle arrivait dans un nouvel endroit – plus encore un lieu de savoir. Une voix la sortie de ses pensées, différente de celle à laquelle elle s’attendait. Helene pivota, ses yeux se plantant dans ceux de l’inconnue. « Bonjour. Hm… Oui, je suis venue pour… » En parlant, Helene s’approchait de la femme, continuant de l’examiner et ne termina pas sa phrase. « Excusez-moi, je m’attendais à tomber sur quelqu’un d’autre à dire vrai… » Helene pencha légèrement la tête, quelque chose ne cessant de la questionner sur le visage face à elle. « Vous me rappelez quelqu’un, est-ce que vous n’auriez pas un lien de parenté avec Lucien Moreau ? Vous lui ressemblez. » Helene sut garder pour elle qu’au vu de l’âge de la femme, elle était certainement sa mère ou sa tante. « Excusez-moi, je suis trop curieuse. Je l’avais questionné sur certains livres et je n’ai pas pu m’empêcher de passer dès aujourd’hui. » La Docteure fit un sourire charmant à la libraire, mettant de côté ses pensées sur Lucien. Elle était ici dans un objectif précis après tout.
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Mer 1 Juin - 10:31
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Lucien Moreau (alias Will Scarlett)
J'ai 35 ans et je vis à Paris, rue Frédéric Sauton -(5e arrondissement), France. Dans la vie, je suis propriétaire d'une librairie et je m'en sors comme je peux, au vu des restrictions.... Sinon, je suis célibataire mais je ne suis jamais seul bien longtemps.
« Tu n’es pas la seule à avoir des secrets. Et ce n’est pas qu’une question de charme ! » avait-il répondu en quittant la pièce, un léger sourire accroché sur les lèvres lorsqu’il avait regagné le quai de Seine. Lucien n’avait pas souri depuis plusieurs jours –voire des semaines. La sensation de tiraillement dans les joues lui était presque inconnue. Chez lui, avec le tempérament renversant de sa mère, Lucien avait parfois un léger sourire… qui s’arrêtait au haussement des commissures, attendant patiemment la suite des informations qui le feraient déchanter. Car oui, Georgette Moreau avait un caractère bien trempé –le voisinage en dressait un portait plutôt fidèle.

Ce fichu pigeon qui n’avait que les plumes sur les os lui donna quelques difficultés. Lucien n’aimait pas beaucoup décortiquer la chair, et encore moins quand elle se faisait rare sur ce tas d’os. Il rinça tant bien que mal es doigts après avoir déposé le maigre butin dans un plat en terre cuite, puis se dirigea vers l’évier de la pièce à vivre pour se débarbouiller.

Les Moreau n’avaient pas à se plaindre de leur situation financière. La librairie fonctionnait bien mieux depuis que le fils avait remis de l’ordre dans les comptes. Ils ne roulaient pas sur l’or, certes, mais c’était suffisant pour leur permettre d’avoir un repas dans le ventre tous les jours. Leur appartement parisien, dans un quartier calme au bord de la Seine, était un héritage de longue date : trois pièces, dont une commune où la famille se retrouvait pour cuisiner, dîner, ou lire. Les deux autres donnaient à la mère et au fils une intimité plus que bienvenue dans le contexte délicat de l’actualité. Aussi, la gouttière cheminant le long de la fenêtre de la chambre de Lucien était sa passerelle d’accès vers les toits.

Son échappatoire, sa bouffée d’air frais le menant vers une liberté –bien que de courte durée.

Cette nuit encore, Lucien avait usé de ses aptitudes à grimper à la force des bras pour se rendre au point de rendez-vous. Tout en passant de l’eau froide sur son visage pour en faire disparaitre les traces d’épuisement, l’homme se remémora quelques éléments de conversation qu’il avait pu avoir avec celui qui se faisait appeler Bolivar. Bolivar, comme la station de métro, oui. Il avait eu quelques difficultés à faire le lien… et à présent c’était limpide.

Limpide, comme les gouttelettes qui ruisselaient sur sa peau, fraichement, le ramenant à la dure réalité. S’il avait réussi à convaincre son interlocuteur de ses qualités de réécriture, avait-il été suffisamment bon pour qu’il lui accorde sa confiance ? Pour l’heure, Lucien n’avait pas la réponse. Il se contentait de respirer, ce qui était déjà beaucoup.

L’homme enfila une tenue décente –du moins, suffisamment habillée pour tenir une boutique de livres- et ferma l’appartement à clé. Il descendit les quatre étages par l’escalier en colimaçon, appréciant de sentir ses muscles se déverrouiller progressivement. Son corps était endolori par sa virée nocturne : contrairement à son flegme naturel, l’homme s’était surpris à ressentir une légère inquiétude. La tension dans son corps n’avait pas tardé à suivre, évidemment.

Une clochette tinta lorsqu’il poussa la lourde porte en bois de la librairie.

Pendant qu’il ressassait les dernières péripéties, la sexagénaire s’était montrée tout à fait avenante, et avait répondu à toutes les interrogations de la femme qui venait de se présenter devant elle, cherchant son fils. « On peut toujours remettre en cause le père, mais étrangement, jamais la mère ! » S’était-elle empressée de répondre, acquiesçant par la même occasion sur le fait que la ressemblance entre elle et son fils était frappante. Il fallait être aveugle pour ne pas s’en rendre compte, cela dit.

Des livres, bien sûr… Était-elle la raison des bredouillements de Lucien lorsqu’elle avait parlé de mariage ? La guerre amochait aussi bien les combattants que les civils… ces dommages collatéraux qui s’interdisaient d’être heureux, sous prétexte que leurs camarades souffraient. Georgette comprenait cette solidarité, mais elle aurait aimé que son fils puisse profiter de sa jeunesse, loin des préoccupations politiques. Quoi de mieux que de tomber amoureux, pour traverser les épreuves ?

Cette charmante Dame venait chercher Lucien. Pour parler de livres ? Vraiment ? Georgette, aussi perplexe qu’elle put l’être, se contenta d’un large sourire. La discussion fut interrompue par l’arrivée… du principal concerné. Tombé à point nommé.

Surpris, Lucien s’arrêta net sur le perron. La situation était singulière. Deux femmes de caractère, fondamentalement opposées, mais toutes deux ayant ou ayant une place importante à ses côtés… réunies dans la même pièce, de façon totalement inopinée. Il en resta sans voix quelques secondes, avant de faire un pas pour fermer la porte derrière lui.

La pièce était fraiche, contrairement à la température extérieure. « Je vois que vous n’avez pas besoin de moi, Mesdames. » Finit-il par dire, sur un ton légèrement sarcastique. Il posa ses yeux dans ceux d’Helene tout en s’assurant de ne surtout pas s’y attarder, puis dévisagea sa génitrice. Cette dernière ne pouvait lui cacher aucune émotion. Il leva les yeux au ciel, comprenant instantanément le cheminement de sa pensée.

Evidemment, qu’elle avait fait des liens. « Tu ne nous présente pas, jeune homme ? » Jeune homme, plus tout à fait… Il se racla la gorge, mal à l’aise. « Oh ? Parce que vous n’avez pas franchi le pas avant que je n’arrive ? » L’éternel cynisme revenait au galop lorsqu’il s’agissait de Georgette : c’était sa défense devant son manque évident de précautions.

« Très bien… » L’homme retira son veston qu’il déposa nonchalamment sur le dossier d’une chaise –un petit salon de lecture avait été installé sur la droite de la boutique pour permettre aux habitués de profiter du calme de la librairie. « Mère –il ne l’appelait que très rarement par ce surnom qu’elle détestait par-dessus tout-, voici Helene. Elle l’était l’une de mes clientes habituées à Londres. » Il trouva sa description plutôt correcte, en tout modestie. Il avait volontairement omis de dire qu’Helene était également sa meilleure compagnie pendant toutes ces années passées à Londres, car elle se serait saisi de cette opportunité pour devenir insistante.

« Helene, voici la patronne de ces lieux. Accessoirement, ma mère. Mais il me semble que je n’ai pas besoin de préciser. » Ricana le français en disparaissant dans l’arrière-boutique.

S’il n’était pas des plus avenants, Lucien avait quelques restants de bonnes manières. Il lança sa vieille bouilloire sur le feu, bien que le choix d’infusions soit limité aux plantes cueillies en forêt par Georgette et la terrible chicorée… Il revint ensuite faire face à ces deux femmes, suppliant le bon Dieu -auquel il ne croyait pas- pour qu’elles ne s’entendent pas à la perfection. Sinon, bonjour le carnage.

« Je vais probablement te décevoir, mais je n’ai pas passé la nuit à fouiller les recoins de la librairie pour répondre à tes questions. » Dit Lucien avec un léger sourire, référence à l’impatience évidente de la jolie anglaise qui n’avait pas hésité à franchir la porte à la première heure. C’était presque étrange de lui parler en français : l’envie ne manquait pas de passer en anglais, mais cela aurait été encore plus compliqué ensuite d’expliquer à sa mère qu’elle n’était qu’une cliente. Il imaginait déjà les longues minutes à justifier qu’il n’avait pas eu d’aventure avec elle… ce qui était vrai. La perspective de cette discussion ne le réjouissait guère…

Il désigna d’un geste de la main le salon confortable qu’ils avaient créé pour permettre à leurs clients de patienter. « A toi de voir ce que tu préfères, entre les discussions poussiéreuses et une balade agréable en solitaire. » Souffla-t-il, tandis qu’il se remémorait les quelques demandes qu’elle lui avait formulées la veille. Sur l’architecture parisienne, il aurait sans doute de quoi la contenter largement. L’homme se dirigea vers l’allée concernée.

La bouilloire siffla, laissant les deux trentenaires dans la pièce principale, tandis que Georgette s’affairait à servir des boissons dans l’arrière-boutique. Elle n’avait jamais vu son fils proposer un thé à quiconque depuis qu’il avait repris la boutique familiale. Était-il tombé sur la tête ? Elle avait bien une petite idée…

« Je savais que tu ne pouvais pas te passer de moi. » Reprit-il en anglais, cherchant le regard de la britannique d’un air malicieux. « Navré… Aurais-je du dire qu’il était évident que mes qualités de libraire t’avaient manqué pendant toutes ces années ? » La colère de la veille ne faisait pas peur au français. Il cherchait un moyen de détourner la discussion de son cas personnel… et la renvoyait vers le cas d’Helene. Elle n’avait pas besoin de connaître toute la vie de Lucien… Mais Lucien s’interrogeait toujours sur la raison de sa présence en France, pendant l’Occupation.

« Et donc, chère Helene, vous faites partie de ces anglais qui viennent à Paris au plus mauvais des moments ! » Evidemment, que Georgette avait entendu leurs échanges… car même si le léger accent d’Helene se faisait discret en français, son anglais restait… Anglais.

« Je n’ai que quelques extraits de verveine sauvage à vous proposer, Madame, nous ne trouvons plus de thé. » s’excusa la libraire avec tellement de politesse que Lucien se retourna pour l’observer. Il avait encore à apprendre, c’était certain. Elle déposa délicatement la tasse d’eau chaude et les herbes à infuser devant la jolie brune aux yeux clairs. Les yeux de Georgette, aussi translucides que ceux de son fils, ne lâchaient pas l’hypnotisante silhouette d’Helene.

« Puis-je vous demander ce que vous faites dans la vie ? » Eh bien, oui, la question était très intéressante. Lucien connaissait les passions d’Helene, mais ne savait pas du tout ce qu’elle avait pu faire à Londres pendant toutes ces années. La discussion ne s’était pas imposée directement à eux, comme si la situation qu’ils avaient quittée à l’époque était restée intacte. Pourtant, tout avait changé…


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Sabrina
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Jeu 2 Juin - 15:42
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Helene Magnus alias Robin Hood
J'ai 33 ans et je vis là où me mène mes recherche, partout dans le monde. Dans la vie, je suis Docteure en médecine, tératologie et biologie et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance-malchance, je suis mariée sur le papier, mais je me considère divorcée
Devant cette femme aux yeux si similaires à ceux de Lucien, Helene ne pouvait s’empêcher de faire le rapprochement entre eux, ce qui l’entraînait à se questionner sur lui. Elle ne connaissait que peu de choses de sa vie, leur sujet de discussions portant sur tant d’autres choses qu’eux-mêmes. C’était une des choses qui lui avait fait apprécier le libraire et leurs discussions. Il n’était pas envahissant, il ne cherchait pas à tout savoir. Les informations étaient venues petit à petit, mais elle s’était toujours faite discrète, préférant des sujets autrement plus intéressants qu’elle-même.

« Effectivement, difficile de vous remettre en question. » Répondit Helene en souriant à la femme, trouvant quelques autres détails ressemblant avec Lucien. Puis la Docteure s’était reprit, reprenant un sujet plus sérieux, balayant sa curiosité mal placée. Elle aurait pu obtenir des informations sur l’intéressé en questionnant sa mère, mais, à quoi bon ? Pourtant, elle vit bien que le soudain changement de sujets troublaient cette dernière, les yeux clairs dévoilant bien plus. Tout comme les pensées qui suivirent. Si l’Anglaise ne modifia pas son expression face aux interprétations de Madame Moreau, les traits de son visage vacillèrent légèrement quand son regard rencontra celui du nouvel arrivant.

Helene resta interdite un instant. Elle s’attendait pourtant à le voir, mais croiser son regard venait à nouveau réveiller des souvenirs, certains peu enviables, qui étaient à leur tour parasiter par les sous-entendus qui traversaient la mère de Lucien…

Puis cet instant fugace se délita à la fermeture de la porte. Helene reprit son attitude affable, quelque peu distante, et n’adressant son cynisme qu’à Lucien. « Sans Messieurs, les choses se passent toujours mieux. » Lui rétorqua-t-elle avant de tourner la tête vers la femme mûre, lui souriant amicalement, pour tempérer une quelconque inquiétude face à leurs piques. Après tout, un point de vu extérieur pourrait penser qu’ils se détestaient. Peut-être était-elle en colère contre Lucien, mais pas au point de le rejeter totalement.

« Nous nous serions passés de toi, mais tu es arrivé trop vite. » Renvoya Helene. Sa maitrise du français lui permettait, heureusement, de répliquer aussi facilement et fluidement que dans sa langue maternelle. Une langue qu’elle employait presque difficilement dès lors qu’elle s’adressait à Lucien. Si habituée à ce qu’ils conversent en anglais, elle devait se souvenir d’adopter la bonne langue. Pour autant, cela n’amenait pas d’artificialité à leur relation, ce qu’elle appréciait secrètement, gardant cette pensée enfouie, même pour elle.

Un léger froncement de sourcil changea son expression avant qu’elle ne se reprenne, tandis qu’il la présentait. Une simple habituée ? Leur relation n’avait jamais été claire, certes, mais elle s’était imaginée quelque chose de plus… Elle l’ignorait pour être exact, mais cela avait quelque chose de déplaisant. Et, à nouveau, elle balaya se sentiment et offrit un sourire charmant à la mère de Lucien. « Ravis de vous rencontrer Madame. » Dit-elle en lui tendant la main pour la saluer. « Il semblerait que votre fils est encore du chemin à faire en matière de présentation. » Ajoute-t-elle en lançant un regard en coin à celui qui venait de s’éclipser un peu plus loin. Elle ramena vivement son regard, souriant amicalement à la mère.

Helene prit un air légèrement déçu face aux paroles de Lucien. « Moi qui pensais que tu aurait déjà tout préparé… Je vais devoir tempérée ma curiosité… » Lui répondit-elle, ne pouvant empêcher qu’un sourire en coin amuser et discret apparaissent sur ses lèvres. Pour autant, cette conversation la ramenait à l’importance qu’avait ces recherches pour elle. Pas tant sur la biologie moléculaire – qui allait passer au second rang pendant la période à venir, comme tant d’autres choses – mais sur les souterrains Parisiens. Elle avait bien failli se perdre la veille et seule une solide préparation et un travail de mémorisation lui permettrait d’utiliser correctement le dédale sous la ville.

Elle fit mine de réfléchir à la proposition du Français, semblant peser le pour et le contre de cette proposition. « Tu sais à quel point j’adore les balades solitaires… mais si je peux obtenir des livres je pourrais bien supporter tes discussions poussiéreuses. Enfin, j’accepterai avec joie une discussion avec vous Madame Moreau. » Termina Helene en tourna la tête vers la mère de Lucien. Puis elle s’approcha un instant des rayons pour regarder quelques livres en attendant la suite de ce moment. Elle croisa les mains derrière son dos, essayant de se concentrer sur les écritures, mais sans cesse détourner par les pensées si fortes de la libraire. Etait-ce si étrange que Lucien lui propose ce thé ? Helene était habituée à ce traitement. Combien de fois avaient-ils prit le thé dans sa librairie pour discuter de choses et d’autres ? Bien sûr, elle n’imaginait pas ce traitement face à tous ses clients, évidemment, mais elle n’était certainement pas la seule.

Helene sortit de ses pensées – et de celle de Madame –, tournant la tête vers Lucien. Elle sentit un agacement poindre à nouveau et son regard se refroidir. « Désolé de devoir briser ton ego, mais tu n’étais pas le seul bon libraire de Londres… Disons plutôt passable en conversation mais avec quelques bons livres. » Sa réaction au quart de tour la surpris elle-même. Son sous-entendu l’avait piqué un peu trop vivement, apparemment…

La Britannique pivota, abordant un sourire pour la mère du libraire. « J’ai toujours eu le don pour foncer dans les pires situations il semblerait. Elle s’approcha d’elle, venant s’assoir sur l’un des fauteuils. Elle fit un sourire poli à Madame. « Merci, ce sera amplement suffisant. J’apprécie beaucoup l’offre. » Si l’infusion proposée avait un goût correcte, et aurait pu être améliorée par quelques méthodes, elle n’avait pas l’odeur ou la saveur du thé que Helen affectionnait tant. Cependant, ses manières et la bienséance l’amenait à sourire poliment, prenant la tasse qu’elle reposa après une gorgée, amusée par le regard que portait la dame sur elle.

Helene lança un bref regard à Lucien. Leur relation s’était arrêtée brutalement il y a des années, chacun avait évolué et pourtant il ne semblait pas chercher à en savoir plus. Elle ne s’attarda pas longtemps sur sa silhouette pour revenir vers les yeux clairs de son interlocutrice. « Eh bien… Je suis Docteure en biologie, puis en médecine et tératologie. » Répondit-elle, restant humble malgré sa présentation et son niveau d’étude. « Même si j’ai dû convaincre, ou forcer selon les points de vu, le Conseil d’Administration à accepter ma candidature et ma thèse en ce qui concerne la médecine. » Rajouta Helene en essayant d’y glisser de l’humour, quand bien même sa bataille contre le Conseil, surtout pour obtenir ses diplômes de médecines n’avaient pas été très reposante. Si les études supérieures s’ouvraient aux femmes, la médecine restait un terrain quasiment inaccessible à cause de leur soi-disant sensibilité.

« D’habitude je voyage pour mes recherches, mais mon saut en France a mal tourné, mais ça ne m’empêche pas de m’intéresser à la ville. Bien que ce ne soit pas ma première visite en France cela dit. » Termina-t-elle à propos de sa carrière. Son regard s’attardait sur les traits de la mère, s’amusant à trouver les ressemblances et différences entre eux. Elle se demanda si le père de Lucien était lui-même libraire. Une tradition familiale peut être ? « En tout cas vous ne semblez pas avoir transmis à Lucien son mauvais caractère… Peut-être tient-il de vous la passion des livres peut-être ? » Helene n’avait pas vu d’alliance au doigt de la sexagénaire, mais elle était la mieux placée pour savoir que cela ne définissait que peu de choses d’une relation et d’une vie. Elle ne chercha pas non plus à aller plus loin dans son questionnement, en respect à la vie privée de Lucien.

Helene souleva la manche de sa chemise pour regarder la montre-bracelet qu’elle portait, observant l’heure. Elle releva la tête vers son interlocutrice. « Excusez-moi, je ne pensais pas vous dérangez aussi longtemps. Vous devez avoir du travail, je ne voudrais pas m’imposer plus longtemps. » Dit Helene après quelques échanges, et en ayant terminé sa tasse. Elle amorça un mouvement pour se lever, lançant un regard à Lucien. A dire vrai, bien qu’elle ait apprécié sa rencontre avec Madame Moreau, elle aurait préféré être seule avec Lucien pour mettre au clair leur relation. Bien que l’endroit ne soit certainement pas le plus approprié.

Helene voulut dire au revoir à Madame Moreau, mais cette dernière l’interrompit en se levant, la saluant et s’éclipsant rapidement. La Docteure capta quelques-unes des pensées de la sexagénaire et ne put s’empêcher de se mordre l’intérieur de la lèvre. Une part d’elle lui en était reconnaissante, bien qu’elle se retrouve seule avec Lucien. Elle prit une légère inspiration et se tourna vers lui. « Ta mère est charmante, bien que j’ai l’impression qu’elle se fasse quelques fausses idées sur nous… » Souffla Helene en riant légèrement. Beaucoup s’étonnait de sa pertinence au début, puis ils mettaient cela sur le compte de son « instinct féminin ». Les idiots…

Elle lança un regard à la porte, hésitant à sortir, mais n’en fit rien, ramenant son regard sur le libraire. Elle passa une main dans ses cheveux, venant défaire le cordon de cuir qui les retenait pour les laisser libre sur ses épaules. « Bien, cela ne sert à rien de rester bloqué sur un sujet, alors autant se lancer… » Elle ignorait où se franc-parler la conduirait avec Lucien, mais cette distance, cette agacement et cette gêne qu’elle ressentait lui déplaisait franchement. « Je n’ai pas apprécié la façon dont nous nous sommes quittés, ou plutôt l’absence et les circonstances. » Particulièrement à cette période pour elle, si complexe à ce moment… En d’autres moments, elle n’aurait pas accepté cette sortie, simple aux premiers abords mais qui signifiait autre chose à ce moment – bien qu’elle ne puisse le définir exactement. « J’étais en colère contre toi, je le suis toujours, mais j’étais surtout inquiète. Au final, tu sembles aller bien, tant mieux. » Lui parler ainsi faisait remonter sa peur plus que sa colère à l’époque. La crainte qui lui soit arrivé quelque chose, ou bien que John ait pu faire une chose regrettable… Une pointe d’amertume aussi, d’imaginer qu’il vivait ici à Paris, sans avoir pris la peine de l’informer de quoique ce soit. Une lettre, un mot, sans plus. Enfin… Si elle n’était qu’une habituée, il ne lui devait finalement rien.

Fort heureusement, elle conservait suffisamment son calme pour afficher une expression neutre, voir un sourire en déclarant qu'il semblait aller bien. Elle avait toujours su faire illusion après tout.
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C'est curieux, cette façon qu'à la vie de se répéter
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