J'ai 38 ans et je vis ici et là, loin des maudits, en France. Dans la vie, je suis vivant et je m'en sors forcément bien... tu m'as déjà vu foirer quelque chose ?! Sinon, grâce à ma chance, je suis seul et je le vis plutôt bien.
The Last Battle
A veteran of a war long past sits in his chair, crippled and unable to walk. His son was in uniform now, and it was his duty to serve their country.
"Kid. You have a long way to go in this world. Your life is the most important thing... don't waste it like I did." "I won't waste it. I will spend it to protect my country. I will help win this war."
The veteran laughs.
"War.... war doesn't define who is right or wrong... who wins or loses... it defines who's left. No one wins in war." "We don't have to win. We just have to be the ones left standing." "As true as that may be... don't waste your life for something worthless. If you're going to give your life, then make sure that you take as many of them down to Hell with you. Because while it may be a pointless war. One man... can change the entire war."
...
"How many people do you think lie here?" "...Too many."
"You know what, kid ? I think you're a smart one." "Well thank you sir..."
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by AlexndraMirica
Vancouver Sleep Clinic - Lung
1 Dernier souffle de courage, 2 Dernier regard insaisissable, 3 Dernier sourire à la fratrie,
Tic tac.
Se lance le décompte de la Vie.
Dernier espoir, demeure la foi.
La rage ronge les entrailles des vivants Doucement, doucement, ils se montrent violents Autour de leurs armures d'ocre souillées, Dansent et chantent des insectes par milliers Toujours plus loin dans le désert, si loin derrière, Un terrible, splendide, paysage lunaire Au loin des rochers saillants, cœur de l’assaillant Tomberont aux bras des sables mouvants, Tous ces braves dévoués et bien tant encore, Imaginez alors si l'Espoir était Mort.
Ô Beau Néant, êtes-vous fier d'être Vivant ?
Entre le sommeil et l'instant du réveil, un sursaut d'émotion vint percer la Paix passagère qui régnait vicieusement. Aleksei ! Sous le choc, Nikolaï se releva prestement contre le muret de leur campement. Aucun de ses camarades n'avait bougé. Il était pourtant Temps d'y aller...
Fouler l'irremplaçable terre, au profil de meurtriers d'ébène. Les mots sont des moteurs qui battent aux rythmes des cœurs. Et les rêves, des hublots. Évasion. Les cœurs s'éteignent à la fin, et renversent la sémantique du sang.
Ils s'éveillent uns à uns, et alors qu'ils partent, un refrain de ronde enfantine s'éprend de leurs maux. "La Lune et le Soleil dansent nus. Lequel des deux parait plus beau ? Lequel des deux préférons-nous ?" Chanson de clair de Lune. Chanson de triste guerre. Énième errance passagère sous la mitraille du Soleil.
✞ ☼ ☽
Pas un mot. Pas un seul. Depuis que Kevin avait repris le volant, le russe n'avait plus pris en compte son existence jusqu'à ce qu'ils arrivent enfin. Mâcon. Le fameux checkpoint merveilleux. Nikolaï n'aimait pas tellement l'idée, mais il s'avérait qu'ils n'avaient pas des milliers de choix non plus. Alors il s'était abstenu de tout commentaire. Ils avaient tous tendance à prendre cette fâcheuse habitude qui commençait doucement à l'épuiser ; qui était celle d'être de véritables crétins et de le prouver jour après jour. Soupir. Le gosse était enfin sorti du véhicule et se baladait librement sur le domaine, l’œil curieux. Les autres étaient déjà entrés dans la vieille bâtisse, armes à la main. Si ça ne tenait qu'à lui, il aurait simplement fouillé la ville pour chopper de l'essence et serait reparti aussitôt. Tout cela ne lui disait rien qui vaille. Il ne pouvait pas l'expliquer, car ça ne s'expliquait pas, mais son instinct se trompait rarement. Et ici, maintenant, affalé tant bien que mal sur ce foutu siège passager, Nikolaï n'avait pas confiance. Lentement, il ouvrit enfin la portière, puis demeura un long moment à observer droit devant lui : les yeux perdus au large sur les hectares de vignes, ou plutôt là où on du en cultiver, avant. Après quelques longues secondes, Nikolaï porta son regard sur la demeure. Il observa nonchalamment les silhouettes de ses camarades...., enfin ses crétins de français, se mouvoir ça et là. Un instant, il crut capter le regard du bout de femme qui lui avait sauvé l'épaule. Quelque chose n'allait pas. Soudain, après un haussement de ton qu'il n'entendit qu'à peine plus fort que les rires précédents des idiots.... Plus un bruit. Les oiseaux continuaient de chanter, quant à eux, rebelles à plein temps. À ce moment là, Dacha se fit remarquer sur la banquette, trépignant d'impatience. Elle voulait sortir. Son maitre se décida enfin à quitter le véhicule, à libérer sa chienne et à vider le coffre.
Son AK sur l'épaule valide, l'ex-militaire décida de faire le tour de chaque pièce afin de s'assurer à 100% de la sureté du lieu que tout le monde semblait déjà aduler et prendre pour une maison d’hôte excellemment bien notée sur Trip Advisor. L'inconscience. Encore. Toujours. Ça, la mauvaise éducation et l'arrogance injustifiée. Sans aucun doute les plus belles qualités des français selon le russe. Ah, c'était à son tour d'être un imbécile. Mais sa Russie, mère patrie, lui manquait aujourd'hui plus que jamais.
Fouillant un peu partout avec l'aide de la louve curieuse d'un rien, il ne trouva rien de bien intéressant... À peine quelques bougies et des boites de conserves de nourriture diverses. Dacha attrapa entre ses crocs un sachet de bouffe ouvert qu'il ne saurait même qualifier tant il avait pris des teintes sombres avec les années. Son maitre grimaça et lui tendit sa main.
— Donne moi ça ma belle, tu vas te rendre malade.
Il reprit son enquête des lieux. Et alors qu'il observait l'horizon depuis la fenêtre d'une chambre qu'il venait de fouiller de fond en comble, il entendit des bruits à côté, dans la chambre voisine qu'il n'avait encore visitée. Immédiatement sur le qui vive, il sortit de la chambre fouillée et ouvrit celle suspecte vivement, arme pointée à chaque recoin. Ce qu'il découvrit..... Celle qu'il découvrit, n'était pas un bleu.
Gabrielle.
Le temps arrêta sa course, et un instant il se crut de nouveau sur le champ de bataille. Il entendait presque les bruits des mitraillettes au loin. Par pure folie, par pure nostalgie malveillante. Ah le temps, il ne sut pas quel sort il lui avait jeté par derrière, mais Nikolaï resta figé sur la vision d'immense colère tragique qu'il surprit malgré lui impudiquement. Son arme toujours braquée sur le médecin, il parvint à souffler quelques mots.
— Je.... j'ai cru...
Il ne finit pas sa phrase et baissa enfin son AK ainsi que ses yeux au sol, semblant petit à petit reprendre possession et conscience de sa tête et de son corps. Il balaya la pièce du regard, et fit rapidement volte face. Partir, et plus vite que ça. Il se sentait mal, si mal de l'avoir privé de sa pudeur d'être. Sur le seuil de la porte, il s'arrêta.
— Toutes les pièces sont cleans. Il me reste le bâtiment d'en face à vérifier. Les caves sont peut-être remplies, allez savoir.
Il ne savait pas pourquoi il lui disait ça, sachant qu'à sa place il aurait sans aucun doute regretté de l'avoir sauvé. Mais il ne se voyait pas partir comme ça.... Sur ses derniers mots, il sortit et rejoignit le dit bâtiment suivit de Dacha.
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Ven 10 Jan - 23:35
Gabrielle de Manneville
J'ai 38 ans et je vis à Paris, en France. Dans la vie, je suis médecin et je m'en sors en essayant de sauver des vies. Sinon, à cause de toute cette merde qui nous est tombée dessus, j'ai tout perdu, sauf ma sœur et je le vis comme je peux. Gabrielle, la fille banale qu'on rencontre tous les jours au coin des rues. Celle qu'on ne remarque pas plus qu'une autre. Une vie ordinaire, simple, sans histoire particulière hormis la sienne. Rien à signaler. Et puis tout bascule. L'impensable s'impose atrocement. La priorité absolue: protéger Julia, plus jeune, plus fragile. Prendre soin de ce précieux allié, le meilleur ami désormais, celui avec lequel elle se love au sommeil des héros silencieux et humbles, celui qu'elle s'attache au réveil. Le poids rassurant du flingue sur la hanche, à chaque mouvement, à chaque minute. Le sang. Les larmes. La faim, la soif. Se cacher, respirer sans air, tuer sans bruit. L'épuisement, la saleté. Fuir immobile ce monde sordide. Oublier avant, oublier pour ne pas crever, oublier demain. Carpe hora. L'enfer est là.
"Pourquoi ai-je si peur? Pourquoi ai-je si froid? S'il vous plaît, que quelqu'un réponde..."
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Ô rage ! ô désespoir ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? *
L'intempérie bestiale bondit d'un seul coup, ravageuse, balayant tout sur son cruel passage.
Pillée jusqu'à l'os. Massacrée. Un trauma dompté, a priori.
La pauvre Marine s'était ainsi reçue en pleine gueule un coup de griffe gratuite. Comment aurait-elle pu savoir ? Même Julia ne savait pas. Gabrielle avait claquemuré le drame aux confins d'une zone interdite.
Cette putain de grossesse à surveiller se travestissait bien malgré elle en piqûre de rappel incendiaire. La mémoire corrompue, dévastée à se souvenir, elle plaçait pourtant toute son énergie à dissoudre le moindre souvenir, la plus infime émotion de réminiscence. Elle y parvenait si bien jusqu'à présent. Tous ces mois trucidés sans rencontrer un seul nourrisson. Qui braverait une telle impudence au cœur d'une si sombre apocalypse? Elle s'était imaginé que logiquement et implacablement plus rien de cette sorte ne se produirait en ce monde d'agonie, omettant la robustesse des ressources de l'Humain. L'irraison des sentiments...la conscience exsangue, elle n'y croyait plus. Aux flancs d'une folie de douleur, abolir l'heureux passé devint alors la quête du Saint Graal, une espèce de laisser passer à s'éviter, sans retour. Une bouée avec laquelle elle s'évaporait à chaque instant. Un système machiavélique qui fonctionnait à merveille. Sa sœur incarnait son unique sauvegarde, l'ultime scintillement d'une nuit sans fin. Elle était sûre d'elle Gabrielle, convaincue que le tumulte de reniement dans lequel elle s'asphyxiait s'inoculait également aux autres.
Elle se trompait. L'état de la jeune femme en témoignait, raillant toute fatalité, clamant la puissance de la Vie. Un grain de sable enrayant sa propre machination.
S'occuper d'elle, de ça...Tout d'elle le refusait, l'exécrait.
A peine deux ans s'étaient écoulés. Hier. Quelques heures dissoutes. Un coup d'ailes. Une pesanteur funeste, diabolique. Le plus lourd fardeau, exister sans vivre**.
Le temps n'avait pas eu le temps d'accomplir son œuvre.
Archive-Distorbed angel
Son combat se déroulait en dehors des villes et des infectés, au-delà des survivants, mutique, invisible, inhabité au creux d'elle. Et l'édifice d'amnésie s'avérait fragile, de fait, méprisant parfois cette volonté de fer, d'enfer, qu'elle réussissait à manipuler presqu'à sa guise : l'acharnement des gens ordinaires qui ne s'octroient aucun choix. Une force délicate qui la mènerait au bout de ce qu'elle pourrait donner pour sa sœur. Radical, exclusif, excessif, sans appel, un instinct barbare avait pris le pouvoir sur le territoire d'une humanité annihilée. La miséricorde engloutie au tourbillon des larmes d'opacités, elle avait crevé avec eux. Comment aurait-il pu en être autrement ? Délétère, elle palpitait désormais à vide, anéantie.
***
A toute ombre sa lumière.
A l'obsession meurtrière de leurs cadavres naquit un instinct irrépressible, impossible à définir. Brut ? Farouche ? Impitoyable ? Dominateur ? Tout à la fois ? Ou peut-être simplement le Rien des abysses éventrées ? Dès lors, l'arme suprême de cette âme forte ne se conjugua pas en balles ou en poignard mais en une scandaleuse résilience, incompréhensible, irrationnelle. Peut-être se punissait-elle d'avoir échoué à l'impossible. Vivre morte, expier le Mal dont ils avaient été foudroyés, dont elle avait été épargnée. Quid de l'échec à guérir pour un médecin ?
Mais il y avait Julia.
Blueneck-Lilitu
***
Elle ne s'arrêta pas assez tôt. Le bombé de sa main s'écorchait encore sur le mur, les yeux clos de dégoût sur le venin déversé tout à l'heure, la mâchoire serrée de colère lorsque la porte s'ouvrit, béante à cet instant d'intimité exclusive. Prise en flagrante émotion, elle sursauta et fit face aussi brutalement qu'elle avait été dérangée.
Le regard affolé, elle le scruta telle une hyène surprise en plein festin. Incapable de détacher ses yeux des siens, son cerveau enregistra quelque part qu'il s'échappait une poignée de secondes de cette maudite pièce. Un battement de cils, deux battements. Trois...Il était ailleurs. L'ombre, furtive, colora d'ébène ses prunelles, assombrissant l'éclat d'étonnement d'un gosse.
Gabrielle en fut imprégnée.
Il l'avait surprise là où il n'aurait jamais du comprendre. Elle entendit en silence ce qu'elle n'aurait jamais du voir.
Un fil. Une onde. Le flux d'un double mystère. Nikolaï. Gabrielle.
Un siècle trépassa puis elle jeta un œil à son arme, nota la blessure qui suintait rouge. Le masque durci de son visage en place, elle assista sans rien dire à sa gêne, le laissa s'emmêler et lança d'une voix atone:
-Vous saignez.
Elle le renvoyait à sa blessure, comme si de rien n'était. Il n'avait rien vu, elle n'avait rien vu. Elle leur offrait une issue noble. Il suffisait de passer à autre chose.
Une fois seule, elle se laissa glisser contre le mur avant de choir sur le sol, vidée. Interdite, désemparée, la tête entre ses bras croisés, elle gémit sans bruit. Le pire qui pouvait se produire lui tombait dessus.
Oublier. Oublier. Oublier.
Le leitmotiv la fit se balancer de droite à gauche.
J'ai 38 ans et je vis ici et là, loin des maudits, en France. Dans la vie, je suis vivant et je m'en sors forcément bien... tu m'as déjà vu foirer quelque chose ?! Sinon, grâce à ma chance, je suis seul et je le vis plutôt bien.
Way Down We Go
"We are burning alive, but we don't cry anymore We are becoming dust, and no one will pray for us We are turning into wolves, which forgot to carry its pack, We don't leave footprints, only loss, only screams We don't leave hopes, it's to late now to care about it...
We are heading toward the end of the world with our hands tucked into our pockets,
We are headed toward the end of the world dissolving each others names on our tongues like sugar,
We are headed toward the end of the world and when we get there,
don't worry kid, it starts again."
Just a soldier on the battleground
Lying wounded on the field
I was Fighting alone with a broken sword
Now I’m caught in a war with no shield, but i have my partner no matter what.
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Fleurie - Breathe
"Those hoarses voices, They're screaming, begging, crying in my head. They're preaching to save those who believe. And what about the others ? They're trying to tell me something, Sends chills down my spine everytime. But all i can do is try, Trying to breath in the middle of my silent war. And every sound i hear is muffled now. I can't differentiate the favorite song of my long lost partners, From any other anymore. Those sounds of laughter are more bitter than sweet. Every song is the same bleak humm. And laughter just makes me wish I was deaf.
I see images again and again, Awful scenes, fixed like a rewind in my eyes. Some would say i deserve this pain, But they are all dead anyway. Those bloody humans body, Laying on the battleground, Like some sort of bloody carpets, Where everybody walks on. I believe we have hurt that pride, I believe it's too late now.
My friends, my buddies, my family, My lovers, my hopes and my dignity, Even my worst enemies, Those doomed strangers who just looked like me, A brave human being living in a tyranny...
I see them. I hear them. They are all gone now.
I left with them.
And now, when every little life, Every little scenes and every little faces i knew, Comes back hanting me, I try to remain calm, I try to close my eyes, Breathe, Prayes, Feels, I reload my weapon, Raise my head, Breathe, again, And then i go.
It's a fate, the one i chose I'll be with them in the field, Till the dusk to dawn."
La force prodigieuse du Silence et de l'Ombre s'étendait délicieusement, ô malveillance, sur l’ensemble du corps anesthésié du présent, du tout dernier combattant. Nikolaï respirait à peine, à peine était-il là.
Où es-tu Niko ? Nina ? Reprends toi, ouvre les yeux, bats-toi, маленький воин. (*petit guerrier) Je.... Je ne sais pas où aller, qui défier...
Un Silence, trop maladroit, trop incertain... Dacha ? Où était-elle ? Et les autres ? Et lui, c'est vrai ça, où était-il ?
Forcément, vint la Violence, survivante, insolente. Impensable, mais inévitable.
Il hurla à plein poumon, les yeux plongés dans l'ombre de sa déraison, dernier guerrier encore debout faisant face à ses démons, dans le noir profond de ses réflexions; les mains plaquées contre ses deux oreilles.
— Allez vous faire foutre ! Cassez-vous !
Personne n'était là. Il n'y avait pas un bruit. Tout était dans sa tête. Cette pièce n'était pas un bunker. C'était une putain de cave. Et toute cette merde, toutes ces horreurs, ça n'était pas réel.
Quelque chose, un fin halo de lumière, tenta de toutes ses forces divines, divinement vaines, de passer sous l'immense porte lourde de la cave, tout du haut de l'escalier armé de béton, pour manifester sa présence... éveiller la noirceur du guerrier tombé, perdu sous les brumes. Comme une perte infinie, un mal irréparable, il devait souffrir. Pour eux, et puis pour lui. Alors il se laissa aller, à respirer.
Au milieu des spasmes du Temps se joua l'opéra d'un Silence des plus chastes.
Des gouttes de sang ritualisant le chant des oiseaux douloureux, au réveil des miroirs, se mirent à perler sur la veste du russe. Et lentement, finalement, il releva le menton pour voir d'où provenait la source. La lumière d'un soleil mal en point apparut au même moment, éclairant faiblement une partie de la pièce. Dacha, auparavant coincée derrière la porte, était parvenue à entrer. Un bras, une main ensanglantée.... un corps dont il ne voyait ni la tête, ni les jambes; se tenait étalé sur le dessus d'une grandiose étagère à vins en chêne. Nikolaï fronça les sourcils, jeta un œil à droite, puis à gauche, sans porter d'attention à sa chienne qui commençait à sérieusement s’inquiéter, puis attrapa un escabeau en bois, en mauvais état. Il le positionna face au meuble, puis monta dessus jusqu'à la dernière marche. Le spectacle macabre ne fut pas des plus agréable. Dans le creux des bras du corps d'un bleu se tenait un autre corps féminin. Dans leurs mains, un 9 millimètres. À en juger par l'odeur, ils ne devaient pas être morts depuis très longtemps, et c'en était peut-être d'autant plus inquiétant. Mais sur le coup, le russe ne s'en formalisa pas immédiatement. Soudain, il manqua de tomber en arrière lorsque le claquement de la porte le pris par surprise. De nouveau dans la pénombre, il sortit de sa ceinture tactique une petite lampe de poche qu'il alluma, puis maintint entre ses dents, le temps de retirer les deux armes des mains du couple annihilé. Il les raccrocha à sa ceinture de part et d'autre de sa taille, remit sa lampe dans sa main droite, puis, hésitant.... il tira légèrement sur le bras sanglant qui pendait il y a quelques minutes de ça, pour le repositionner tout contre le dos de sa bien aimée.
Enfin, il se décida à faire un tour plus minutieux des lieux, illuminant plus précautionneusement quelques inscriptions sur des pancartes, sur un bouquin et une liste répertoriant les bouteilles ou sur les nombreuses bouteilles de vin elles-mêmes, tout de même bien plus intéressantes. Il attrapa deux de vin rouge encore intactes et poussiéreuses, remonta l'escalier pour coincer la porte avec un bout de bois afin qu'elle demeure ouverte et illumine un minimum les lieux, puis redescendit pour s'affaler contre l'un des murs dans un coin de la pièce.
Ce n'était pas très fort, mais ça ferait l'affaire. À l'aide de sa plus fine lame, il entreprit d'ouvrir l'une des deux bouteilles.
À une époque, l'on buvait pour oublier, parfois pour rire, ou pour pleurer.
Nikolaï ne voulait pas avoir à choisir.
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Mar 14 Jan - 0:08
Gabrielle de Manneville
J'ai 38 ans et je vis à Paris, en France. Dans la vie, je suis médecin et je m'en sors en essayant de sauver des vies. Sinon, à cause de toute cette merde qui nous est tombée dessus, j'ai tout perdu, sauf ma sœur et je le vis comme je peux. Gabrielle, la fille banale qu'on rencontre tous les jours au coin des rues. Celle qu'on ne remarque pas plus qu'une autre. Une vie ordinaire, simple, sans histoire particulière hormis la sienne. Rien à signaler. Et puis tout bascule. L'impensable s'impose atrocement. La priorité absolue: protéger Julia, plus jeune, plus fragile. Prendre soin de ce précieux allié, le meilleur ami désormais, celui avec lequel elle se love au sommeil des héros silencieux et humbles, celui qu'elle s'attache au réveil. Le poids rassurant du flingue sur la hanche, à chaque mouvement, à chaque minute. Le sang. Les larmes. La faim, la soif. Se cacher, respirer sans air, tuer sans bruit. L'épuisement, la saleté. Fuir immobile ce monde sordide. Oublier avant, oublier pour ne pas crever, oublier demain. Carpe hora. L'enfer est là.
"Pourquoi ai-je si peur? Pourquoi ai-je si froid? S'il vous plaît, que quelqu'un réponde..."
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Un long moment passa, empli de pas grand'chose, des bruits d'en bas, d'un coup de vent. Malvoyante, elle détaillait sans voir le bois pourri de la fenêtre qui encadrait salement le paysage. Les contours abîmés rendaient la lumière de l'hiver grise et triste.
Une errance, une oscillation entre consternation et acrimonie.
Et puis vint la honte, le sentiment d'avoir été dérobée. Répugnant. Il ne lui restait presque rien en sa possession. A l'intérieur, là, une disparition s'était installée. Et les cendres rares et venimeuses d'une anamnèse incurable qu'elle crachait en parfaite recluse, il venait de lui extorquer.
Elle le détesta.
Du groupe, il était celui auquel elle se frottait le moins. Elle ne cherchait pas à l'approcher en dehors des contraintes. Il avait débarqué d'on ne savait où, comme tous ceux qui tentaient de sauver leur peau d'ailleurs. Assassins notoires ou saints sauveurs, tout ça n'avait plus aucune importance. Il était le plus solide du groupe, le plus aguerri et expérimenté à se défendre, à se battre et pour cause. Il sortait du lot pour bien d'autres raisons qu'elle reniflait sans avoir les moyens d'aller plus loin. Et puis, se concentrer sur Julia lui suffisait amplement. Hantée par ses fantômes qu'elle se devait de réduire à néant, elle n'avait ni le courage ni l'envie de se lier véritablement avec les membres du groupe. Sans choix, simplement ligotés par le hasard et la nécessité de survivre, s'éprouver les uns les autres exigeait déjà beaucoup.
Mais là...L'équilibre était rompu. Le russe était bien le dernier, le pire avec lequel elle souhaitait se confronter. Si l'incident s'était déroulé avec n'importe lequel d'entre eux, elle n'en aurait pas souffert autant. Ils ne représentaient aucune menace en soi. Mais lui...Oui, c'était ça, quelque chose en lui la mettait en danger. Quelque chose en lui la dérangeait depuis le début. Maintenant que la lie était consommée, elle réalisa qu'à sa manière elle l'avait toujours évité. L'indéfinissable pare feu s'érigeait dans une réserve calculée. Elle s'effaçait au possible et le jeu fonctionnait tout seul. Il ne la remarquait pas et tout allait très bien. Mais les circonstances les avaient associés. Elle soupira, le moral épuisé. Tout allait de travers, elle ne maîtrisait que des miettes et le sort semblait s'acharner à les lui ôter sans lui demander son avis. Quand tout ça allait-il s'arrêter? Jusqu'à quand pourrait-elle tenir pour deux? Faire semblant pour Julia, c'était assez facile pour l'instant mais pour elle...Ce type qu'elle ne connaissait pas avait débusqué une faille. Putain de merde! Elle s'allongea sur le sol dur et froid. L'esprit volant, elle s'enfonça.
Ne plus se relever. Laisser aller sans lutter...Se reposer dans les bras de la nuit des temps. Éteindre la lumière tout doucement. Si seulement...Off. S'endormir pour ne plus se réveiller. Ne se souvenir que de l'absolu de l'Oubli. Paupières closes, elle célébrait sa messe basse. "J'ai peur...j'ai si peur...si seule...Combien de temps...Je suis si fatiguée..."
Mais les anges se taisaient et aucun ne daignait étendre ses ailes sur cette âme perdue. N'expirait plus qu'un monde bestial et sans pitié.
Elle flottait, les pensées vagabondes et noires.
In this moment–Scarlet Evanescence-Hello
Le destin, rusé comme un renard, se jouait des humains comme un chat d'une souris. Séduit par leurs failles comme un papillon attiré par la lumière, il s'engouffrait avec arrogance dans les brèches. Nikolaï avait vu. Un clin d'éclipse malencontreusement révélé. Ce n'était rien, c'était insupportable.
Elle se maudit. Elle ne pouvait pas se ramollir, impossible, même pas en cauchemar. Elle devait trouver la force de dépasser ça. C'était si minable en regard de ce qu'elle avait traversé. Si misérable face à l'enjeu de survie, à son amour pour sa sœur. « Pauvre fille » se chuchota t-elle, envahie d'ironie méprisante.
Tout à coup, sans logique, elle pensa à la blessure du russe et la scène défila de nouveau. Du haut de son assurance et de son caractère bien trempé, ce grand gaillard avait bafouillé de surprise. Étrangement elle en sourit. Finalement, même le plus vigoureux des hommes pouvaient fléchir. Et puis, quelque chose avait vacillé en lui. Elle l'avait vu elle aussi. Ce regard...elle s'en remémora l'intensité...douloureuse. Une douleur d'Ailleurs avait dansé au travers de ses yeux. Elle ne pouvait pas comprendre, encore moins connaître les secrets qui l'habitait. Mais à partir de ce moment, telle un animal pris au piège, elle eut un pressentiment.
***
-Va falloir s'organiser pour des tours de garde. Alexandre, prévoyant, proposait des équipes de deux ou trois. Ils se mirent à peu près d'accord tandis que Gabrielle imposait sa volonté avec Julia. -Je ne veux pas que tu fasses les heures de nuit. Je suis volontaire pour assurer celui de 2-4h. Ça m'est égal et je me suis un peu reposée tout à l'heure. -Mais Gaby tu... -Viens là, je vais te dire un truc. Elle prit sa sœur sous le bras et l'entraîna à l'écart. -J'ai besoin de te savoir un peu moins exposée, tu le sais très bien. De toute façon, je n'arriverai pas à dormir. Je...Je m'ennuie et ça me fera du bien de m'occuper pendant que les autres dorment. J'ai envie d'être tranquille sans tout le groupe sur le dos, tu comprends? Elle noyait le poisson, distillant des demies vérités afin de la convaincre sans qu'elles bataillent ou se disputent comme cela se produisait parfois. De fait, depuis leur arrivée dans ce domaine, elle étouffait, luttant contre une soif irrépressible de s'échapper dans les vignes, les planter sans rien dire, se tirer, courir au vent, à la liberté, à une solitude bienfaisante. Impensable évidemment, quoique...Bref, la crise passerait mais il fallait qu'elle bouge. -Où est Nikolaï? Personne ne put lui répondre. -Ah oui, il sécurise le bâtiment en face. Je vais le voir et prendre un peu l'air.
Dehors, le frais la revigora. Bientôt, la nuit tomberait et la longue veille commencerait. Que n'aurait-elle donné pour se vautrer dans un lit douillet et propre, au chaud, après un bon repas! L'image d'une baignoire fumante d'eau parfumée lui titilla le cerveau. Elle chassa l'insolente tentation d'un gros soupir avant d'arriver près de la porte. Elle nota le morceau de bois qui la coinçait. Le russe devait donc se trouver encore à l'intérieur. -Nikolaï? Silence. Méfiante, elle sortit son Glock et le pointa vers l'escalier. -Nikolaï? Appela t-elle plus fort. Sans succès. Alors, prudemment, prête à tirer, elle commença à descendre les marches irrégulières, pénétrant petit à petit dans la pénombre de la cave. Il y faisait froid mais sec, ce n'était pas désagréable. Elle l'aperçut assis contre un mur, sa lampe de poche allumée. Dacha, couchée, leva la tête puis reprit sa position près de son maître. L' odeur nauséabonde la fit grimacer mais elle ne remarqua pas tout de suite les corps. -Drôle d'endroit pour s'octroyer une pause, dit-elle en souriant. Ça sent un peu le rat crevé en plus, vous ne trouvez pas? Beurk. Une bouteille vide gisait au sol, il terminait une goulée alors qu'elle parlait. -Il est bon? Il faisait ce qu'il voulait et avait bien le droit de picoler. Ce n'était pas elle qui lui reprocherait quoi que ce soit. -Je vais vous laisser. Je venais juste voir si vous alliez bien. Il faut absolument changer votre pansement, ce n'est pas bon que ça saigne. Il y aura peut-être un point ou deux à refaire. Alors qu'elle jetait un œil de part et d'autre avant de remonter, elle les vit soudain. -Ah! Elle plaqua une main sur sa bouche de surprise et de dégoût, recula d'instinct, réalisant brutalement qu'aucune bestiole n'était en train de sécher mais bien deux cadavres. -Des infectés, haleta-t'elle. C'était grave et angoissant. -Vous ne pouvez pas rester là. Et puis...Elle se tourna vers lui. -Avez-vous...?"été contaminé?" mais ces derniers mots moururent sans son. -Je vous en prie, venez. Si les autres s'en rendent compte ça va...ça va être compliqué. Elle ne pouvait pas l'obliger. Elle ne pouvait rien faire. Mais l'inquiétude fulgurante qui l'envahissait la prit de court. Il ne pouvait pas mourir comme ça. Pas lui. Alors, en une fraction de seconde, elle comprit. Un détail, un infime détail qui n'en était pas un.
Là-bas, tout au fond de sa conscience bannie, il la rassurait.
J'ai 38 ans et je vis ici et là, loin des maudits, en France. Dans la vie, je suis vivant et je m'en sors forcément bien... tu m'as déjà vu foirer quelque chose ?! Sinon, grâce à ma chance, je suis seul et je le vis plutôt bien.
Way Down We Go
"We are burning alive, but we don't cry anymore We are becoming dust, and no one will pray for us We are turning into wolves, which forgot to carry its pack, We don't leave footprints, only loss, only screams We don't leave hopes, it's to late now to care about it...
We are heading toward the end of the world with our hands tucked into our pockets,
We are headed toward the end of the world dissolving each others names on our tongues like sugar,
We are headed toward the end of the world and when we get there,
don't worry kid, it starts again."
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"Why do the best people die ?" "Well, kid, when you're in a garden, which flowers do you pick ?" "I don't know.... the most beautiful ones ?"
Des fois, auparavant, silencieusement, Nikolaï relisait le livre de ses vies insulaires, avec la nostalgie de ses rêves arrachés, le roulement sourd des syllabes disloquées. Un alphabet de maux, peuplé d'échos douloureux, s’enivrait de sa solitude. Une gorgée de plus.
Sel âpre et amer qui fond, mauvais, sur la langue, en même temps que les colères du diable qui fut. Dessein amer. Combat truqué. Le guerrier va dormir. Et peut-être est-ce la meilleure fin qui soit.
Un son. Quelque chose de faible, de quasi inaudible. Une voix transcendait les parois de sa maltraitance cérébrale sans qu'il ne se décide à tendre l'oreille pour se laisser s’immiscer dans le présent à ses côtés. Puis, enfin, la silhouette de Gabrielle se dessina dans la pénombre de la cave, et le choix ne fut plus sien. Lentement, il reposa sa tête contre le mur, l’œil indéchiffrable.
— Je ne fais jamais de pause. Ce n'est que le putain de repos du guerrier. Rien à voir.
Le ton était léger, rieur; mais la petite pointe d'amertume n'avait pu s'empêcher de se manifester. Étrangement, il ne s'étonna pas tant que ça de sa présence et ne lui en voulait pas non plus. En même temps, elle savait plutôt bien gérer ses entrées... contrairement à lui.
— Vous en voulez ? Ça n'a pas beaucoup de goût, du jus de fruits quoi.
Il voulut hausser les épaules, mais sa tentative s’acheva sur une douleur dans l'épaule. блядь! (*putain)
Lorsque le docteur exprima la raison de sa venue, il réprima un maigre sourire. Il y avait des détails comme ça, qui n'en étaient pas, qu'il ne saurait décrire, ni même encore comprendre, mais qu'il aimait à observer épris d'une fascination particulière. Médecin avant, médecin maintenant. Se raccrocher au devoir. Il respectait ça, mieux encore, il comprenait. Il y avait quelque chose de puissant, de robuste dans cette détermination maladive. Un truc si fort que le monde autour, ceux qui ne prêtaient pas attention, se laissait aller à dormir sous ses berceuses de mensonges. Et peut-être même qu'elle même finirait par y croire... Mais il ne la voyait sincèrement pas tomber de cette façon.
— Je suis en vie.grâce à vous, dit il simplement, comme si cette réponse répondait à tout. À ses yeux, c'était le cas.
Évidemment qu'il la laisserait s'occuper de sa blessure. Mais pas maintenant. Il pouvait bien encore souffrir dans son coin si ce n'était pas trop demandé. Un cris de surprise lui indiqua que Gabrielle venait de comprendre pour la fameuse odeur de "rat crevé". Ce n'était pas trop tôt. Mais quand son regard croisa celui du médecin, il y lu de l'inquiétude. Il décida de dédramatiser les choses en campant sur ses positions initiales, celles d'une nonchalance robuste.
— Ah parce que vous comptez me trainer jusqu'en haut, peut-être ? C'est ambitieux. En tout cas j'ai hâte de voir ça ! rit le russe, très tranquille, en reposant sa bouteille sur le sol. Dacha en avait profité pour lui faire une léchouille sur le bras, à laquelle il répondit par une petite caresse sur la nuque.
— Qu'ils viennent me faire chier, plus on est de fous, plus on rit. ajouta-t-il en finissant par prendre sa tête entre ses mains.
Il soupira, reporta son regard sur la brune, toute trace d'amusement envolée. Il ne se moquait pas d'elle, loin de là, et espérait qu'elle ne le prendrait pas comme tel. Il voulait simplement profiter de son repos.... sans que tout ne soit dramatisé comme toujours : horreur et peur, et peur et horreur. C'étaient des cadavres. Ce n'était rien. Un coup de balais et puis plus rien.
— Je n'ai rien. Et ce n'est rien. Je vais m'occuper de tout ça. affirma-t-il, sûr de lui, en balayant d'un geste ample de la main l'étagère où étaient entassés les deux corps.
— Ne vous inquiétez pas.
Il crut bon que c'était important de le préciser. Elle avait suffisamment à angoisser avec sa sœur inconsciente et son crétin de beauf, qu'elle lui laisse les loisirs des sympathiques morts rencontrés chaleureusement dans une cave à vin. Il n'avait pas beaucoup mieux à faire pour l'instant, de toute façon.
— Hmm, attendez une minute, ne partez pas comme ça. Ce serait plus malin si on gardait ça pour nous, vous ne croyez pas ? La dernière chose dont je rêve, c'est de les avoir dans mes pattes. Et puis, on aura bien le temps de leur en parler plus tard. Je paris que notre nouveau ptit chef autoproclamé a déjà trouvé tout plein d'occupations. Là, tout de suite, franchement, j'ai pour objectif de rester ici encore une bonne demi heure... Et puis, bah, après on verra bien.
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Jeu 16 Jan - 23:54
Gabrielle de Manneville
J'ai 38 ans et je vis à Paris, en France. Dans la vie, je suis médecin et je m'en sors en essayant de sauver des vies. Sinon, à cause de toute cette merde qui nous est tombée dessus, j'ai tout perdu, sauf ma sœur et je le vis comme je peux. Gabrielle, la fille banale qu'on rencontre tous les jours au coin des rues. Celle qu'on ne remarque pas plus qu'une autre. Une vie ordinaire, simple, sans histoire particulière hormis la sienne. Rien à signaler. Et puis tout bascule. L'impensable s'impose atrocement. La priorité absolue: protéger Julia, plus jeune, plus fragile. Prendre soin de ce précieux allié, le meilleur ami désormais, celui avec lequel elle se love au sommeil des héros silencieux et humbles, celui qu'elle s'attache au réveil. Le poids rassurant du flingue sur la hanche, à chaque mouvement, à chaque minute. Le sang. Les larmes. La faim, la soif. Se cacher, respirer sans air, tuer sans bruit. L'épuisement, la saleté. Fuir immobile ce monde sordide. Oublier avant, oublier pour ne pas crever, oublier demain. Carpe hora. L'enfer est là.
"Pourquoi ai-je si peur? Pourquoi ai-je si froid? S'il vous plaît, que quelqu'un réponde..."
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Agir comme si rien ne s'était passé, c'était ça le deal. Aller au front pour vaincre le sentiment de gêne. Tout ça.... Les hoquets d'un quotidien transmuté: une broutille devenait dramatique, un fait anodin une tragédie. S'adapter sans cesse, se tenir sur le qui-vive nuit et jour : personne n'avait le choix. Harassant mais salvateur. Éradiquer la moindre faiblesse, traquer les brèches constituait le terrain de chasse des âmes fortes. Alors, pas question pour la brune de rester sur ça, cette usurpation d'intimité qui la mettait en rogne. «...Prendre un peu l'air », mais oui bien sûr. L'affronter n'était pas une option mais une question de fierté. Qu'il sache qu'elle n'était pas du genre à se laisser faire. L'orgueil éraflé se rebellait piteusement. Il l'avait surprise dans un moment de colère, qu'est-ce que ça pouvait bien faire ? Qu'il aille se faire foutre, non ?! Eh bien soit, mais ça ne lui plaisait pas, ça l'emmerdait et s'essayer à l'indifférence ne fonctionnait pas. Il fallait réparer la faille, pour elle, pas pour lui. Lui...s'en foutait et avait déjà oublié.
Un sursaut ridicule: rétablir ce qu'elle exigeait qu'on « sache » d'elle et rien d'autre, ni de plus, ni de différent. Seule l'armure de la survie devait se révéler. Le Reste...qu'il moisisse aux oubliettes, ainsi soit-il. Qui s'en souciait ? C'en était risible.
***
La discordance infime pointa à travers ses mots : «...le putain de repos du guerrier...», elle entrevit l'interférence tourmentée, une parcelle émergée d'icebergs souffrants qui l'éclaboussa. Un microgramme de Vérité qui pesait...Quoi donc? Le poids d'une légère intonation de voix? Le poids des maléfices incendiés au sang des démons et des souffles des spectres?
J'ai dansé dans les bras du diable J'ai si froid J'ai si peur
Il aurait pu, il aurait du de son point de vue, la rembarrer, lui dire de dégager mais il n'en fit rien. -Du jus de fruit? Oui, pour un russe, je suppose, répondit-elle en riant. Mmh, pourquoi pas? Elle s'approcha et prit la bouteille, essuyant machinalement le goulot. Il en restait peu mais elle dut malgré tout la tenir à deux mains. Et prit son temps pour boire. C'était rare ce genre de plaisir. -C'est un très bon Bourgogne pour une française, pouffa-t-elle, une paume tapotant ses lèvres. Oh si vous permettez, j'aimerais savoir ce que c'est. Et sans attendre sa réponse, elle se saisit de la lampe et éclaira l'étiquette. -Ah oui, un Pouilly de 2005, une année exceptionnelle. Eh bien, on ne se refuse rien! Pauvre cru mésestimé, quel gâchis!
Un grand sourire. Une cave. Un ex-militaire. Une médecin. Deux cadavres. Du vin. Surréaliste. Malgré tout, la magie d'un humble partage diffusait sa douce clarté en ce lieu sombre, à travers la pénombre de leurs jours. -Je ne compte rien, non. Le ton grave abandonnait une joie sincère. L'instant gracile s'était évaporé aussi vite qu'il s'était installé sans bruit. -Vous faites ce que vous voulez Nikolaï. Je...J'ai juste dit que...ce serait mieux que vous ne restiez pas là.
Soudain, l'image surgit. La porte s'ouvrait brutalement. Voleur. Le sentiment de honte ressurgit, dégueulasse.
Elle se mura dans un silence lorsqu'il évoqua les autres, la tête entre ses mains. Le geste était désarçonnant. Toute l'usure d'un présent rouillé.
Leurs regards se croisèrent.
Puis elle n'eut plus qu'une envie: fuir de ce trou glauque qui puait la mort.
La cave, c'était eux. Le symbole de leurs cathédrales intérieures: dévastées, froides et sans lumière ou si peu. Le silence, c'était leurs hurlements. Les Infectés, c'était des pans entiers de ce qu'ils étaient autrefois, pourrissant au soleil noir de leur survie. Il n'y avait pas d'échappatoire.
-Vous croyez que..."vous pourrez les transporter avec cette plaie?". Mais il la coupa: "ne vous inquiétez pas". Ne pas s'inquiéter. Un langage d'ailleurs, périmé. Elle ne savait plus ce que cela signifiait. Elle songea à lui proposer son aide mais renonça, il voulait être seul, une évidence. Le pied sur la seconde marche, elle se retourna. -Je n'avais aucune intention de leur dire, loin de là. Je n'ai pas envie qu'ils sachent, et surtout pas que vous avez macéré là-dedans avec ça, précisa t-elle, désignant les corps.
Cette confiance au-delà de tout qu'elle lui vouait.
-Je vous crois. Soyez prudent avec votre blessure, s'il vous plaît. -Oui, Alexandre a organisé les gardes pour cette nuit. Elle hésita. -Ce serait... Puis haussa les épaules, dubitative. -Rien. Et grimpa l'escalier quatre à quatre, sans autre transition, retrouvant avec soulagement l'air frais et les saveurs du ciel. "Ce serait raisonnable de prendre la première heure de garde pour vous reposer." Il perdait du sang, avait été opéré il y avait douze heures à peine. Il l'aurait envoyé sur les roses de toute façon si elle lui avait dit et elle n'avait pas besoin de ça.
Une vie de chien. Pire encore. Aucune douceur, aucun répit. Jamais. Une tristesse insondable l'envahit tandis qu'elle rejoignait les autres.
Elle avait dansé dans les bras du diable Elle avait si froid Elle avait si peur
J'ai 38 ans et je vis ici et là, loin des maudits, en France. Dans la vie, je suis vivant et je m'en sors forcément bien... tu m'as déjà vu foirer quelque chose ?! Sinon, grâce à ma chance, je suis seul et je le vis plutôt bien.
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Petit guerrier
Le sang des mots, celui tatoué sur ta peau, Cause de tous tes Faux, bel effet du fléau, L'arme des poings, celle qui marque ton destin, Raison de tes fautes, fier tort de ton déclin.
Petit guerrier, m'entends-tu crier ? Je t'attends, Encore une Lune, Encore un Soleil, Petit guerrier, reste éveillé, Et reviens-moi, par pitié.
Doux désert d'ailleurs, là d'où meurent tes frayeurs, Petit guerrier aux tendres pleurs, perd grandeur, Brutale baille bagueuse, ring du boxeur, Des mélancolies à tes papilles, bâfreur.
Petit guerrier, reste éveillé, Tu n'as plus le temps de songer, La Lune a dansé mille étés, Le Soleil a fui les nuées, Je t'attends, mon aimé.
Nina. Mirage volage. Odieux présage. Il crut presque; oh seulement une unique seconde, la silhouette et la chevelure de jais trompeuses, que c'était elle qui revenait du ciel l'importuner dans son pathétisme assumé. Le réveiller. Mais il ne s'était jamais assoupi. Jamais. Pas un instant. C'était peut-être là sa lâcheté. Pauvre guerrier désœuvré. Nina, наглый, attends-moi encore une vie. (naggly ; insolente)
La tête toujours ailleurs et l’œil cependant teinté de noirceur, ô belliqueux frondeur; Nikolaï esquissa un semblant de sourire aux remarques soudain plus graves du docteur.
— Ouaip, comme vous dites. J'fais ce que je veux.
Il but une nouvelle gorgée du précieux liquide, enfin, selon la française, puis répondit aux couinements inquiets de Dacha, couchée à côté de lui, en lui offrant un peu d'attention.
Forcément, avant que Gabrielle ne s'en aille, il voulut s'assurer de son silence. Question de précaution; même s'il lui faisait étrangement confiance. Il n'avait vraiment pas la force de faire face à ses crétins attitrés... et n'avait pas non plus envie de fuir en les laissant derrière lui. Du moins pas encore. Il n'était pas suffisamment en forme pour ça, et en devait une à la doc' de toute manière. Il n'était pas tant un homme sans honneur qu'on le pensait. Même si ce constat était fort discutable selon lui et beaucoup d'autres... qui pour la plupart étaient crevés.
— Doc' ?
Elle allait cette fois-ci s'en aller pour de bon; munie de ce Rien et de cet absolu qu'il pouvait contenir comme Tout.
Parler franchement. Ce n'était plus une chose que l'on faisait si facilement, maintenant. Etre sincère, c'était effrayant, si dangereux.
Lui, continuait, par moments; un regard, quelques mots, un rire, un souffle, lorsque ça le prenait. Il vivait au mieux de ses impulsions animales, par sa sincérité pour mieux mourir la Lune levée. Et on le recevait sans le comprendre, sans le croire. Souvent, il fonçait dans la faille d'une âme humaine affaiblie au cœur de fer fissuré par l'horreur, et voyait là l'occasion d'y déceler la Vérité chez l'Autre. Cette personne qu'elle pouvait être, Avant. Il était guerrier encore maintenant. Armé de l'arrogance des fougueux inconscients voulant briser les chaines du Temps, en passant à travers la fièvre du chaos et le grand froid de la résistance. Il était franc, dans tous ses secrets, dans tous ses non dits.
Il n'était pas indulgent, pas même un très bon ami, mais ne mentirait jamais pour le plaisir d’abîmer autrui. Alors, pour ne pas se faire : il restait seul. C'était là sa meilleure chance.
— Gardez-moi une place dans votre team pour la première garde.
C'était une évidence pour lui, le fait qu'elle comptait la prendre. Sans doute qu'elle espérait que, lui, en revanche, ne la prenne pas. Mais il savait également qu'elle savait qu'il savait.... Non, enfin bref. Certains maux et mots n'avaient pas besoin d'être dits pour être compris. Il irait. Elle aussi. À quoi bon débattre d'infini ?
...
Deux heures s'écoulèrent. Le russe se chargea des deux corps, et inévitablement, comme la chance n'avait clairement plus rien à lui dire depuis leur rupture difficile; Kevin entra à son tour dans la "confidence". Ce petit insolent l'avait cherché partout, et avait bien fini par le retrouver de l'autre côté de l'orée de la forêt, à tirer les bleus dans un coin où personne ne devait être en mesure de le prendre sur le fait, afin qu'il s'en occupe tranquillement. Visiblement, la tranquillité ne l'aimait plus beaucoup non plus. Depuis qu'il avait intégré le groupe, il y avait toujours quelqu'un pour venir le faire chier. C'était peut-être là le principe de la vie en communauté. Il ne saurait dire; il l'avait trop longtemps évité. En tout les cas, ça l'emmerdait bien profond.
— .... Haha, ah oui! au fait, cette nuit j'prends la première garde, j'ai prévenu Alexandre et les autres, comme ça, tranquille, c'est calé, y a R je vais être posé. Sinon c'est mort, j'vais pas dormir, et sérieux moi j'ai besoin de mes douze heures de sommeil sinon après waaaaah laisse tomber.
Voilà dix minutes que l'ados racontait des conneries tout en l'aidant dans sa tâche; et que Niko ne l'écoutait qu'à moitié, voire absolument pas, en fait. Il retrouva de l'intérêt à ses mots.
Ce petit mec était tout de même merveilleusement crétin, c'était hallucinant.
— JE fais la première garde, hors de question que je te supporte plus longtemps, je veux pas t'entendre discuter. — Juuuure, toi aussi ? Tu gères, ça va être trop bien, alllllleeeeeez, je vais pas te déranger, t'inquiète même pas ! — "T'inquiète même pas ?" ?! Je te préviens, gamin, si tu la fait, c'est plus de deux corps qu'on aura à se soucier, mais trois. — Rhooo ça va, j'ai l'droit d'essayer au moins, bon ça me saoule quand même de faire la suivante, mais ok s'tu veux, pffff.... Bon ben voilà, travail terminé. Tu vas en parler quand au reste du groupe ? — C'est pas tes oignons, et si tu le dis à qui que ce... — T'inquièèèèèète, je suis pas une balance ! Bon, j'peux emmener Dacha jouer un peu aux alentours steuplé ?
Niko soupira puis roula des yeux.
— Elle a pas besoin de toi pour ça, дурачок. (*petit con)
Il termina sa phrase dans un chuchotement; sa chienne s'en alla à toute vitesse, ravie de pouvoir jouer à rapporter un bâton avec Kevin. Le monde à l'envers. Si même sa plus fidèle alliée se liguait contre lui.
Seul. Pour quelques instants du moins. Il décida d'aller se débarbouiller et de se changer. Chose qui ne fut pas facile tant la douleur commençait à le rappeler à l'ordre sérieusement.
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Dim 22 Mar - 22:50
Gabrielle de Manneville
J'ai 38 ans et je vis à Paris, en France. Dans la vie, je suis médecin et je m'en sors en essayant de sauver des vies. Sinon, à cause de toute cette merde qui nous est tombée dessus, j'ai tout perdu, sauf ma sœur et je le vis comme je peux. Gabrielle, la fille banale qu'on rencontre tous les jours au coin des rues. Celle qu'on ne remarque pas plus qu'une autre. Une vie ordinaire, simple, sans histoire particulière hormis la sienne. Rien à signaler. Et puis tout bascule. L'impensable s'impose atrocement. La priorité absolue: protéger Julia, plus jeune, plus fragile. Prendre soin de ce précieux allié, le meilleur ami désormais, celui avec lequel elle se love au sommeil des héros silencieux et humbles, celui qu'elle s'attache au réveil. Le poids rassurant du flingue sur la hanche, à chaque mouvement, à chaque minute. Le sang. Les larmes. La faim, la soif. Se cacher, respirer sans air, tuer sans bruit. L'épuisement, la saleté. Fuir immobile ce monde sordide. Oublier avant, oublier pour ne pas crever, oublier demain. Carpe hora. L'enfer est là.
"Pourquoi ai-je si peur? Pourquoi ai-je si froid? S'il vous plaît, que quelqu'un réponde..."
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Evanescence-Never go back
L'ordalie d'un enfer. Mourir à vivre, vivre à mourir, où était-elle Gabrielle, anéantie et si seule? Ici? Nulle part? Elle ne s’habitait plus, engluée dans le nœud du silence d’une non-vie qui l'avait paralysée au coeur d'une opacité imposée. Des pans entiers d'âme, arrachés, irrécupérables. La charpie sordide en était encore toute fraîche, ajustée à un point de non retour. Quelque chose s'était produit, sacrifiant l'éternité à ce qu'elle était devenue. Aucun mouvement en arrière n’était possible. Un vertige morbide. L'apnée atroce d'une entre vie, juste avant l'abandon final. Comprenez-vous cela? Juste avant le hoquet suprême.
Où se cachait le chemin? Tout s'était évaporé, exsangue et flasque d'inespoirs; ne survivaient que des ersatz d'humanité parfois. Julia, oui bien sûr...L'épuisement solitaire et exclusif lui grinçait le cerveau et les artères. Dieu, que tout s'arrête! Les douceurs solides d'autrefois s'étaient évaporées depuis des siècles. La folie de survivre. Cela en valait-il réellement la peine? Que de chagrins à vider qui se remplissaient sans cesse. Sans cesse...Sans cesse...
Le flot de sentiments et de sensations s'abîmèrent aux rares sourires d'un temps figé, à ce beau regard d'ailleurs de Nikolaï dans lequel elle se noya. Elle devait retourner voir les autres du groupe.
Première marche.
L'âme amaigrie. Oublier les scellements d'une mémoire blême et déchiquetée. Gabrielle avait abandonné Dieu. Elle s'était perdue, justifiant une errance d'agonie pour sa sœur. Le souvenir la projeta violemment. "Quelque chose de grave était arrivé". Les neurones qui s'activaient, protecteurs: un accident, une maladie moche et brutale. Il n’était pas à l’hôpital, « c’était plus grave que cela ». Elle ne comprit pas. Puis les mots chutèrent, tels un glas. " Il est mort Gaby". La lucidité indécente du drame qui hurla tout bas. Elle ne savait plus où aller, où être alors elle se mit à marcher partout dans l'appartement. Elle se cogna aux meubles, ouvrit des fenêtres, les referma, but un verre d'eau, le vomit, en remplit un autre pour rien. Se remit à déambuler. Ouvrit une porte, puis une autre, en referma une. Fit tomber une statuette, n'entendit pas la chute des débris. Pieds nus, le sang fila, elle ne sentit rien, ne voyait plus, ne tenait pas en place. C'était impossible, c'était une blague de merde, une monstrueuse erreur. L'oubli de la poignée d'heures qui passèrent. Les messages sur son répondeur. Elle entendait sa voix chaude: "rappelle moi je t'en prie!". Insistait. "Laissez-moi l’espérance désespérée d’y croire."
Deuxième marche.
La douleur fulgurante de l'entorse lui permit de ne pas s'effondrer en larmes. Que lui arrivait-il?
Il ne lui restait que s'essayer à sauver des vies désormais. En aurait-elle le courage suffisamment longtemps pour se sauver elle-même? Troisième marche.
Ô douleur bénie. Elle eut peur...peur qu'il la devine. Contre toute logique, quelque chose l'en rendait capable. Elle sentait ça comme une bête. Le quitter en se sauvant.
"-Doc?" Une main invisible stoppa net son élan de fuite. Elle se retourna: -Oui? L'ordre du chaos. Comment pouvait-il deviner qu'elle prendrait, en plus de celle de la nuit, la première garde?
Tu le sais Gabrielle, mais tu ne veux pas savoir.
Le feu de souffrance de sa cheville la lançait sans discontinuer. Contractée, elle fut incapable de parler. Il ne demandait rien, exigeant simplement sa volonté. Son silence et l'arrêt qu'elle marqua fut sa réponse. Une confidence invisible. Pas besoin de dire.
Ils se comprirent sans mot.
***
La nuit s'étirait avec lenteur accueillant une pleine lune fraîche et scintillante. On aurait pu croire que le monde s'assoupissait paisiblement. Les alentours vérifiés, le binôme avait établi son guet sur une petite colline tout près de la bâtisse, d'où l'on pouvait surveiller assez loin. La française portait un sac à dos léger et un HK 416 dans les mains, un fusil volé qu'elle n'avait utilisé qu'une seule fois. Autant elle maniait son Glock avec assurance, autant elle n'était pas à l'aise avec cette arme. Elle finit par s'assoir. Au bout d'un moment, elle rompit le calme ambiant: -Café? Et sortit une vieille thermos cabossée mais efficace: -Vous auriez préféré de la Vodka j'imagine, mais je ne peux rien faire pour vous, sourit-elle. Puis lui tendit le bouchon rempli et en profita pour préciser: -Vous saignez encore. Je peux regarder? J'ai apporté tout ce qu'il faut. Elle avait anticipé pour le soigner, prévoyant le nécessaire, mais ne ferait rien sans son accord.
C'était étrange. Elle avait passé des mois à l'éviter et se retrouvait tout à coup au plus près d'un homme secret et libre.
Libre...Elle ne l'était plus, enchaînée à un destin qu'elle n'avait pas choisi. Qui choisissait en cette ère d'apocalypse ? Elle souffrait bravement du syndrome du corbeau: ressusciter et se battre encore et encore. Encore et encore.
La Mort l'avait portée puis enfantée. Gabrielle était née un jour de grandes larmes noires et éternelles.
J'ai 38 ans et je vis ici et là, loin des maudits, en France. Dans la vie, je suis vivant et je m'en sors forcément bien... tu m'as déjà vu foirer quelque chose ?! Sinon, grâce à ma chance, je suis seul et je le vis plutôt bien.
My Life Is Going On
"If I stay with you If I'm choosing wrong I don't care at all If I'm loosing now But I'm winning late That's all I want
Now we need some space 'Cause I feel for you And I wanna change Growing up alone, it seems so short I can't explain
I don't care at all I am lost I don't care at all Lost my time, My life is going on."
Charred and broken, left for dead; hidden, lost, the mantle shed;
Anger, pain, the feelings raw; racing, dazed, the mind unsure;
Locked, enclosed, the ancient lair; open, set, the fatal snare;
Tempted, blind, the greed is all; trapped, alone, the echoes call;
Empty, drained, the body dry; finished, gone, no tears to cry.
You and I we don't get to hide
avatar :copyright:️ doom days
December 2007, Somewhere in Siberia's shadows.
Ce devait être ça. Ce devait être là-bas. Le Berceau de l'Hiver. On l'avait envoyé dans les bas-fonds de l'Enfer, où même le Seigneur Lucifer n'osait s'immiscer de peur d'y perdre sa Flamme. Nikolaï perdait pas après pas le rythme serein de son pouls, fouille après fouille la chaleur naturelle de sa peau si robuste et solide face aux descentes de température habituelles, râle après râle la douceur chaleureuse des mots de ses compagnons d'antan, poing après poing, toute foi réconfortante en la Justice d'une humanité gerbante. Des hurlements stridents lui revenaient sans cesse depuis le couloir d'ombres saignantes au bout duquel une unique petite lueur dansait lorsque le gardien des morts venait les chercher pour les jeter aux lions. Les yeux de félins, les sourires répugnants, les rires gras, les barreaux ensanglantés, la vie mourante là-bas semblait être bloquée dans un univers alternatif, un monde où régissait en maitre l'Hiver maudit et inguérissable. Il faisait froid. Un froid défunt et implacable.
By Firelight | Detroit: Become Human
Bien assez tôt, on avait délaissé le traitre aux mains cruelles des purificateurs, comme ils aimaient à s'appeler dans leur langage codé. La plupart n'étaient que des pions du haut système de l'une des nombreuses branches de la bratva; des machines à tuer sans âme ni honneur qui s'occupaient des basses besognes. Mais le jeune soldat Azarov n'en n'avait que faire, de tout ça, de s'être fait choper, de bien déguster. Il avait froid et n'attendait dorénavant plus que sa Fin. Il avait fait son job, à tout juste 25 ans, il était un grand Homme, ou du moins suffisamment grand pour que son père le considère enfin comme Capable... En l'instant blanc, la mort-vivante d'un longtemps, le fils ne cherchait pas plus loin que son devoir. C'était fini. Maintenant, il avait si froid. Il ne ressentait déjà plus rien d'autre que le sommeil des monts-blancs. Enfin, chuchoterait l'hibernation. Des mots doux, des maux câlins. Un feu vengeur parcourut ses veines jusqu'à atteindre son point culminant. Une sensation épanouissante étonnante. La chair s'arrachant à l'os et la douleur qui refluait de plus belle. Elle était si belle, dans sa si laide posture. Elle peigna là sur le flanc du jeune homme, une brûlure sourde en fleur de lys.
Nikolai Azarov aurait du mourir ce soir là, et le suivant encore, et l'autre...
Clac. La clenche se fit entendre dans la cellule d'en face. Un chuchotement, puis des pas.
Peut-être n'en avait-il pas encore fini avec la vie, tout compte fait...
Pour seule réaction, le cosaque laissa échapper un long soupir; si jeune et déjà si las d'avoir encore à Vivre, d’avoir encore à toujours plus piétiner l'air glaciaire des âmes pendues de la bratva. Il n'était pas un héros. Quand est-ce qu'ils l'écouteraient enfin ?
Il n'était qu'un fils bâtard, qu'un soldat frondeur bon qu'à exécuter, qu'à finir crevé criblé de balles ou brûlé à vif.
La Mort.
Tôt ou tard, son tour viendrait. Il saurait l'attendre.
Nowadays, France, 2020.
Dans la nuit d'argent, le russe se perdit dans les bras de l'Avant, l’œil accablé fixé sur sa louve blanche qui fendait la pénombre non loin devant eux. Penser au terrible passé n'était pas ce qui lui réussissait le mieux en général. Comme à beaucoup de monde. Mais, contrairement à la généralité des vivants restants, ça n'avait pas grand rapport avec la situation actuelle. Si le monde était resté le même, Nikolaï restait persuadé que son destin n'aurait pas été bien différent. Il était évident qu'il était voué à tout perdre. Ça n'avait pas bien d'importance.
Il faisait sombre, et il ne craignait pas de remarques de la part de Gabrielle qui semblait respecter ses silences que beaucoup craignaient. Ils se trouvèrent ensemble un coin stratégique plutôt tranquille où s'installer pour la fameuse première ronde. Dans un faible soupir, il se délesta de son AK qui commençait à peser lourd et tirer sur sa blessure, puis s'assit aux côtés du médecin.
Elle lui proposa un café, qu'il prit volontiers en la remerciant d'un simple signe de la tête. La remarque sur la vodka et ses origines lui fit arquer un sourcil. Cela faisait bien longtemps qu'il n'en avait pas bu. Une lueur de nostalgie lui fit détourner le regard pour venir le poser sur la Lune. Le ton qu'il prit lui donnait des airs d'ailleurs. Peut-être que c'était là-bas qu'il rêvait d'être.
— Dommage...
Un froncement de sourcils, puis il se reconcentra sur la brune.
— Mais vous avez déjà fait beaucoup pour moi. affirma-t-il, les yeux dans les yeux, comme il se serait adressé à un camarade de guerre avant de sauter au front.
C'était sa façon de la remercier, sans prononcer le mot, une façon dissimulée aussi de lui faire entendre que cela ne devrait pas devenir une habitude... car il n'avait besoin de personne, forcément. L'avait-il déjà fait ? La remercier. Il ne savait plus, ne voulait pas trop savoir. Cela n'empêchait qu'il lui en devait une, forcément.
Le moment vint où elle voulut s'occuper de ses bandages. Il pensa une seconde à feindre entendre un bruit au loin et vouloir refaire un tour avec Dacha, mais fuir n'était pas dans sa nature... et c'était très puéril. Alors il accepta d'un simple regard. Il se détendit et se laissa faire aux mains de l'experte des maux... physiques, du moins.
— Votre cheville. fit-il remarquer après quelques instants en lui lançant un regard réprobateur. Si elle voulait s'occuper de lui, il fallait qu'elle en fasse de même pour elle.
Une truffe humide s’immisça entre lui et le Doc pour venir lécher l'une des mains de Gabrielle, occupée à la tâche.
— Dacha... gronda le maitre pour que la bête se recule et la laisse travailler en paix, pourtant, il ne put réprimer la naissance d'un léger éclat attendrit dans les pupilles.
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Dreamcatcher
Mer 12 Aoû - 22:39
Gabrielle de Manneville
J'ai 38 ans et je vis à Paris, en France. Dans la vie, je suis médecin et je m'en sors en essayant de sauver des vies. Sinon, à cause de toute cette merde qui nous est tombée dessus, j'ai tout perdu, sauf ma sœur et je le vis comme je peux. Gabrielle, la fille banale qu'on rencontre tous les jours au coin des rues. Celle qu'on ne remarque pas plus qu'une autre. Une vie ordinaire, simple, sans histoire particulière hormis la sienne. Rien à signaler. Et puis tout bascule. L'impensable s'impose atrocement. La priorité absolue: protéger Julia, plus jeune, plus fragile. Prendre soin de ce précieux allié, le meilleur ami désormais, celui avec lequel elle se love au sommeil des héros silencieux et humbles, celui qu'elle s'attache au réveil. Le poids rassurant du flingue sur la hanche, à chaque mouvement, à chaque minute. Le sang. Les larmes. La faim, la soif. Se cacher, respirer sans air, tuer sans bruit. L'épuisement, la saleté. Fuir immobile ce monde sordide. Oublier avant, oublier pour ne pas crever, oublier demain. Carpe hora. L'enfer est là.
"Pourquoi ai-je si peur? Pourquoi ai-je si froid? S'il vous plaît, que quelqu'un réponde..."
Mad Max- Fury Road Les Friction-World On Fire Archive-Bullets
Krysten Ritter :copyright:️ Ma pomme
"Dommage" et les yeux du russe bourlinguèrent là-bas, là où seul il savait aller. Une onde de regret ou bien de tristesse, ou tout simplement le manque d'avant-toute-cette merde, -comment la discerner avec précision en vérité?- perça dans sa voix, envolée dans l'air du soir. Elle en eut mal au cœur pour lui, surprise qu'il réagisse avec sérieux. Un très bref instant, il ne fut plus là. Un très bref instant, elle regretta sa maladresse. La pointe d'humour se voulait légère pourtant. Raté Gabrielle, tu aurais mieux fait de la fermer. Et de nouveau, l'étonnement la cueillit au passage. En une phrase, il brisait l'idée qu'elle s'en était fait depuis tous ces mois: un homme solitaire, peu bavard, indifférent aux autres quoique très efficace lorsqu'il fallait combattre les infectés. Il ne se mêlait guère au groupe sans raison. L'impact de ses paroles en fut d'autant plus percutant. -Et je continuerai à le faire si c'est nécessaire. Sincère, elle soutint son regard, farouche à défendre sa volonté, rebelle à ce qu'on lui sous-entende une limite. Quoique...le martyr lui avait appris à lâcher prise. Elle ne sauverait pas le monde ni ne s'opposerait à ceux qui refuseraient de vivre. Sauf si... Si quoi ? Allez, avoue que ta force profonde puise dans cette faiblesse d'aimer puissamment ta sœur, oh l'insolente contradiction. Tu éprouves un peu d'attachement à ce Nikolaï, n'est-ce pas ? Mais tu en rejettes absolument le concept même. Ne cherche pas plus loin les raisons qui t'en ont éloignée jusqu'à maintenant.Tu refuses de prendre le risque de souffrir ne serait-ce que pour une miette d'amitié. Mais il est trop tard, Julia n'est peut-être plus l'Unique à te tenter à survivre. C'est déjà là, au creux de tes gouffres noirs: ça te touche, ça t'effleure, ça te bouscule. Ça te donne un indicible espoir. Il accepta de se faire soigner. Le contraire l'aurait agacée mais elle n'aurait rien dit de plus ni insisté d'ailleurs. Il était de cette trempe où le meilleur remède se résumait en quelques mots: foutez moi la paix. Elle l'aida à enlever ses vêtements, lui demandant de s'assoir, découvrant le sang qui s'étoilait sur le pansement, puis la plaie. -Un des fils n'a pas tenu. Je dois refaire deux points sans anesthésiant, désolée, je n'en ai plus. Et tant d'autres choses qui manquaient, des médicaments, de la morphine...Il était urgent qu'elle organise une virée pour trouver l'indispensable. Ce ne serait pas sans risque, mais avait-elle le choix? - A priori, c'est sain. Vous avez de la chance. Pas de fièvre? Même de temps en temps ? Les gestes sûrs, elle faisait diversion, histoire de l'aider comme elle pouvait à supporter la douleur. Il en avait vu d'autres évidemment et elle savait à qui elle avait affaire mais recoudre une plaie par balle à vif, le cerveau à froid, en aurait fait grincer plus d'un. -S'il vous plaît, ne bougez pas. Penchée sur ce grand gaillard, elle œuvrait avec la finesse d'une couturière. L’œil du peintre aurait immortalisé cette scène surréaliste. Aux ténèbres de la nuit, brisé par les éclats de Lune, deux êtres abandonnés à la tourmente d'un monde agonisant, s'entraidaient à survivre. Ils ne s'étaient pas choisis, s'apprivoisaient tant bien que mal aux vibrations de la Mort rampante. Lasses, les ombres nocturnes se jouaient des clairs obscurs, ondulant au gré d'un paysage sans prétention , abîmé de sang et de danger perpétuel. Une Humanité soignante se penchait sur une autre Humanité, blessée. Et inspiré du mystère des dieux, l'inverse se produisait. L'Autre se penchait sur cette Une. La toile, aussi sombre qu'elle pouvait être, était un voyage...
"Ce voyage est un miroir. Tu y trouveras le reflet de nos âmes égarées Juste là où se brisent et s'unissent les débris de la lumière; Dans l'éternelle valse de l'eau et du feu. Tout ce que je sais C'est que les bleus de la ville, Font l'homme océan."*
Concentrée, elle n'eut pas conscience du geste machinal qu'elle impulsa afin de soulager sa cheville. -Il faudra essayez de bouger le moins possible votre bras, au moins pendant 3 ou 4 jours. Sinon... Elle soupira, impuissante à lui imposer de prendre soin de sa blessure, assurée qu'il n'en tiendrait pas compte. -Quoi? Sur le coup, elle oublia tout. Qui s'en souciait de cette foutue foulure ?! -Euh...eh bien, je m'en occupe autant que vous vous occupez de votre épaule.C'était de bonne guerre, non? Elle sourit à la léchouille de la chienne et plus encore lorsqu'il la réprimanda. Toute la tendresse d'un maître pour son animal transpirait. -Comment l'avez vous eu votre toutou?... Voilà, c'est terminé. Attention en vous rhabillant, ne foutez pas mon boulot en l'air, mmh? Elle l'aida, espérant que le message passe pour les jours à venir. Au moins ça...
Les sens en alerte, ils guettaient le danger, elle donnerait sa peau pour sa sœur, l'ultime bonheur qui lui restait. Mais à l'instant, juste à cet instant, un fait étrange se produisit. Elle se sentit...apaisée. Pour la première fois depuis des siècles, quelqu'un...quelqu'un...quoi donc? Alors simplement, elle caressa Datcha.
AaRON-Les rivières
*AaRON
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Zone 1- "Un rêve...Un cauchemar… Ramper, glisser le long du fil de la lame d’un rasoir et survivre"- Apocalypse Now- α Dharma ω