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LE TEMPS D'UN RP

Life Line [Val/Flashback]

Mandrin
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Mandrin
Sam 30 Sep - 1:24

Cray
J'ai 50 ans et je vis à Helsinki, ou là où l'on veut bien de moi. Dans la vie, je suis esclave affranchi et je m'en sors à la débrouille. Sinon, grâce à ma chance/malchance, je suis très attaché à plusieurs personnes et je le vis plutôt bien.

Je peux me transformer en chien. Enfin parfois, je me pose la question : je suis peut-être un chien qui peut se transformer en homme. Au fond, est-ce que ça ferait une différence ?

A l'origine, je travaille pour Marjo Paavolainen, occultiste, en fait ma famille sert sa famille depuis aussi longtemps qu’on s’en souvienne. Ses travaux tournent autour du vaudou et je vais souvent prospecter sous les tropiques pour lui ramener de l’information.

Récemment, le chercheur qu'elle avait envoyé a touché à une poudrière qui lui a explosé à la figure, et me voilà libre. Mais c'est sans doute beaucoup plus compliqué que ça. Heureusement pour moi, je n'y comprends rien.

Life Line
:l: @Val :l:

Qu'est-ce qui s'est passé ?
Les serpents d'encre noire s'étendent ou disparaissent au long de mes veines, comme une marée. Parfois ils semblent s'éteindre et parfois ils reviennent en force. Un jour, j'ai dû aller chercher un masque de cuivre dans le delta de l'Okavango, c'était un peu ce genre de paysage, desséché un jour, irrigué le lendemain, mais chaque saison apportait la mort sous une forme ou sous une autre, il n'y avait pas de véritable répit.
Je voudrais tenir ta main.


Secoué par un frisson glacé, Cresus se réveille en sursaut. Le climat est tétanisant après ce temps passé en Louisiane. L'avion se pose, le voilà de retour à Helsinki. Sans doute la pire destination du monde après le crime qu'il vient de commettre : une rébellion en bonne et due forme, comme jamais un être de sa classe ne devrait en être capable, contre les maîtres de cette terre boréale. Pourtant, il est là, rappelé par le plus doux des ordres, celui qui provient de son for intérieur et non d'un quelconque maître. C'est sa liberté elle-même, cette nouvelle venue dans sa vie, qui lui a indiqué ce dont il avait vraiment envie et ce qui lui manquait vraiment.

Les honnêtes gens donnent à cela de jolis noms. La nostalgie, la fierté nationale, d'autres concepts poétiques que Cresus ne perçoit pas clairement et qui lui sont indifférents. Sous cette nuée de neige, il cherche une certaine chaleur. Aimer, avec ses mains, avec toute sa force, pas juste avec son coeur comme d'autres parviennent à s'en satisfaire. Il en a autant besoin que de survivre aux malédictions des sorciers et à la faim de la route, un besoin qui le torture sans le brûler, juste un murmure lancinant qui ne se tait jamais. Dès qu'il sort de l'aéroport, insignifiant et louvoyant, l'air de n'avoir pas totalement la conscience tranquille, mais aussitôt disparu dans la foule frileuse, il laisse son instinct l'entraîner.

Cette ville, c'est chez lui. C'est sa forêt. Il y a erré si souvent qu'il pourrait y marcher les yeux clos. Mais il y a un endroit qu'il n'a connu qu'une fois. Son coeur cogne plus vite quand il sort des faubourgs et court jusqu'à la cabane au bord de l'eau. Il a filé droit devant lui, dédaignant les transports en commun et les plans des rues nouvellement construites, cherchant le bord de l'eau pour le remonter avec fièvre. Comment peut-on le regarder sans s'apercevoir qu'il est davantage animal qu'humain ? Au moins, la population ici ne semble pas s'en formaliser. Elle va son chemin, les mains fourrées au fond des poches, le regard fixé sur la pointe des chaussures.

On dirait un rêve, ici. Une illusion. Et Cresus s'aperçoit, en posant la main sur la porte, que c'est la première fois qu'il regarde son pays avec des yeux d'homme libre. Le contact râpeux contre sa paume lui donne le sourire. Il faut que son ami soit là, ou il va l'attendre, lui laisser un mot... Ils sont si proches que le temps de l'absence a perdu toute importance. Et si Tarock ne l'avait pas entraîné à l'autre bout du monde pour ses quêtes mégalomanes ? Si Cresus avait toujours été libre ? Aurait-il quitté un jour les parages de cette cabane ?

Non, cela va trop loin. Il y a un oiseau doré qui avait besoin de sa présence, dans un moment décisif, et qui en a peut-être encore besoin. Et il n'aurait pas voulu non plus lui faire défaut. Il le sent, s'il restait ici trop longtemps, ce serait l'oiseau de feu qui finirait par lui manquer amèrement. Un petit rire aux lèvres, il s'étonne d'être encore si sentimental à son âge.


Life Line [Val/Flashback] SgF93
Val
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Val
Jeu 5 Oct - 7:46

Amka Wraith,
dit « Valravn ou Crow »  

J'ai 33 ans et je vis pour le moment à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis .. . que dire ? J'ai fait à peu près tous les métiers qui ne demandent que de la bonne volonté et du muscle, pas que je sois idiot, mais je n'ai pas en tête de « faire carrière » dans aucun. En fait, je suis chamane en quête du Savoir qui fera de moi un sage porteur de sagesse auprès de tous. Je suis célibataire, mon rôle ici bas n'est pas de procréer, mais de transmettre autrement l'humanité et la paix. Je dois être libre, attaché à tous et non à l'un(e), pour aller au bout de ma quête,.

Sur mes papiers, il est écrit Amka Wraith... Avant ce que je continue à appeler la colonisation avec une rancoeur qui m'honore peu, nous nous appelions Uyarak, Je suis Amka Uyarak, et répond aux surnoms de Valravn que j'utilise souvent comme prénom, et de Crow...

J'ai récemment reçu du sort ce que je considère comme une malédiction... une... âme sœur moitié supposée amputée de mon être lors de sa création. Les sentiments et la douleur que cela fait naître en moi m'horrifient !




avatar :copyright: inconnu

Life Line

Cresus &  Amka (Crow, Val)

« Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »*

Début mars 2023

Si l'on m'avait dit un jour que j'appellerais au secours...

Je pense que j'aurais souri, peut-être même ri, tout dépend de qui ce présage serait venu ? Je sens en moi le tumulte, mon corps hurle autant que mon esprit, tout est révolte, refus... Terreur ? Ce monde ne peut être ! Ce n'est pas ce que j'ai vécu, attendu, construit ! Je suis là, à me regarder dans l'eau de la source qui -sinueuse et capricieuse- vagabonde dans le parc central d'Helsinki ! Là, à quelques pas de ma résidence d'hiver, une étrange cabane de chasseur ou de bûcheron reconstituée à des fins historiques et plus ou moins abandonnée. Un gîte de hobbit, enfoncé sous terre, ne présentant qu'une façade en bois, tout le reste creusé comme un tunnel, sous-marin furtif dont la cheminée semble un périscope sur un talus d'herbe verte et de plantes folles...

Mon âme en ce moment ressemble à ce « toit », faite de fils de pensée hirsutes et emmêlés, de bribes de calme et de réflexion recouvertes de rage et de fureur... Heureusement, ça m'est arrivé après. Après lui, après ce moment où il a eu besoin de moi et où je pense j'ai répondu présent ?

Malgré la température négative je suis bras nus, je caresse de mes doigts ces points que j'ai écrit, symétrie de ceux qu'ils portent... Je lui avais dit « Appelle, ou que tu sois, et je viendrais ! » J'ai tendu mon âme, tendu mon cœur ! Oublieux du serment que je m'étais fait de ne pas en aimer un plus que les autres, ni une...

Et puis un jour... alors que je le sentais se remettre, alors que le rouquin et cet autre métamorphe veillaient sur lui, il y a eu le restaurant ! Cette stupide idée de trouver un emploi différent et moins pénible, cet émoi sidérant ressenti un soir, ma sortie précipitée, la femme bousculée...

S'en sont suivi de longues périodes de luttes et d'abattements, de rebonds et de relâchements... Mary est, je ne peux pas l'abandonner... comme je ne peux pas l'accepter.

Alors mes doigts épellent... Ils passent sur les points, ils disent combien moi aujourd'hui je suis en détresse, comme je me vois projeté presque vingt ans en arrière dans les sursauts d'un adolescent qui vient de perdre son père et ses repères ! Jamais je n'aurais cru revivre ça...

Aujourd'hui.

Ma malédiction...

Je n'ai perdu personne... Mes rares proches sont toujours là et j'en suis heureux.

Je n'ai perdu personne...

Sauf moi !

Je parcours chaque point, chaque ligne de ce tatouage qui peut paraître juste ébauché... Il l'est, on ne dessine pas une vie d'un seul trait. Une vie se fabrique, j'ai la prétention de dire que sans encre nouvelle des points vont changer, de place, de taille, de couleur... Ce tatouage Cray, c'est toi et moi... Pacte de sang avions-nous dit, l'un pour l'autre ?

Vas-tu percevoir en moi toute cette noirceur ? Cette colère que j'essaie de dompter pour la rendre non destructrice mais bénéfique ?

Bien qu'humain je lève la tête et tends le nez à l'air... Il est sous le vent, je sens son odeur, sa hâte aussi ?

Parce que c'était toi et que c'était moi ! Le sourire se forme sur mes lèvres, ai-je réussi à masquer l'inquiétude de mon regard ?

- Cray ! Je savais que tu répondrais...

Je savais que tu viendrais ! Je le savais... ou l'espérais ? J'avance et j'ouvre les bras, j'ai peine à cacher l'immense soulagement que sa présence me procure. A n'en pas douter, il va me trouver étrange ? Non pas que je sois intouchable en temps normal, avec les gens que j'apprécie je suis au contraire très tactile... Mais de loup à chien, chien à loup, je sais que mon trouble ne lui échappera pas.

Life Line [Val/Flashback] E9635810





*Les Essais, livre Ier, chapitre XXVIII - Montaigne

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Mandrin
Jeu 5 Oct - 16:08

Cray
J'ai 50 ans et je vis à Helsinki, ou là où l'on veut bien de moi. Dans la vie, je suis esclave affranchi et je m'en sors à la débrouille. Sinon, grâce à ma chance/malchance, je suis très attaché à plusieurs personnes et je le vis plutôt bien.

Je peux me transformer en chien. Enfin parfois, je me pose la question : je suis peut-être un chien qui peut se transformer en homme. Au fond, est-ce que ça ferait une différence ?

A l'origine, je travaille pour Marjo Paavolainen, occultiste, en fait ma famille sert sa famille depuis aussi longtemps qu’on s’en souvienne. Ses travaux tournent autour du vaudou et je vais souvent prospecter sous les tropiques pour lui ramener de l’information.

Récemment, le chercheur qu'elle avait envoyé a touché à une poudrière qui lui a explosé à la figure, et me voilà libre. Mais c'est sans doute beaucoup plus compliqué que ça. Heureusement pour moi, je n'y comprends rien.

Life Line
:l: @Val :l:

Il y a un oiseau à mon chevet.
Et les imbéciles croient qu'il est le messager de la mort, mais ses yeux sont vastes comme l'éther et clairs comme des cristaux et contiennent des firmaments entiers, quand je suis incapable même de tourner mon regard sur quoi que ce soit pour distraire ma fièvre et que je n'ai que cela, que cette ligne à laquelle me raccrocher. La mort ne ressemble pas à ça. D'autres oiseaux. D'autres migrations. A mon chevet, il y a la vie qui me parle d'une voix douce ou d'un silence plein d'attentions et je sais que je n'ai pas le droit de m'éteindre.


Quelle vie étrange est devenue celle de Crésus, comment la raconter ? Il a l'impression d'être né hier, d'être sorti des flammes en même temps que le phénix. C'est sans doute ce qui les lie si fort, et ce qui le rend différent. Son entourage n'est plus là pour le maltraiter désormais et le réduire en esclavage, mais pour regarder sa liberté se déployer et ses métamorphoses s'opérer, et admirer le résultat. Il ne savait pas que l'on pouvait vivre ainsi. Voilà ce qu'il aimerait raconter, en retrouvant en face de lui l'homme exact qu'il avait quitté à son départ, comme on retrouve un ami de vacances.

Exact ? Ou quelque chose a-t-il changé pour lui aussi ? Pendant quelques secondes, Cray hésite comme s'il retrouvait un amant d'autrefois qui s'est maintenant marié, et qui s'apprête à lui présenter sa femme légitime. Quelle impression ridicule. Cela dit, ça lui est arrivé plus d'une fois et c'est toujours la même gêne passagère. Il pourrait en rire, s'il n'avait pas été en contact avec des forces magiques puissantes et dangereuses. Qui sait si ce n'est pas lié ?

Ses pensées ne suffisent pas à freiner ses impulsions. Les retrouvailles réclament des contacts, entre eux en tout cas. Sa main s'empare de celle de Crow, l'attire à son visage pour une caresse, un baiser contre sa paume, une douce pression à l'emplacement de la marque qui les lie. Pas un mot tandis que son regard interroge.

Est-ce le reflet de mon changement qui te transforme à ce point ? Ou est-ce que quelqu'un t'a blessé, toi aussi ? Non... C'est un collier. Je sais reconnaître un collier quand j'en vois un.

Mais un collier porté par Crow ne peut être que consenti. Il n'aurait pas pris sa place... Ce n'est pas ainsi qu'on aide les siens. Un corbeau, c'est intelligent. La joie pure vrille dans le regard de l'arrivant, trop sensible pour dissimuler, Cresus, pour les interrogatoires aussi ; alors il se contente d'une plaisanterie, parce que c'est ce que lui suggère son insondable confiance.

"Dire que je n'ose pas te baguer parce que c'est une offense envers les corbeaux."

Il le dit sérieusement. Il sait utiliser des outils, récupérer des objets que d'autres ont délaissés, c'est si facile de fabriquer une bague. Mais ça ne se fait pas. Avant toute autre chose, ils sont amis. Libres de leurs attirances, et c'est ce qui sublime celle qui les unit.Avec une brusquerie soudaine, sa main remonte dans les cheveux longs et noirs qu'il aime tant pour ramener la tête du chaman contre la sienne, perdre son visage dans ce chaos de satin obscur. Peut-être que quelque chose a changé, mais ça, cette proximité entre eux ne changera jamais. Lui, Cresus y croira toujours.

Et si c'était simplement son tour ? Les soubresauts de l'âme sous ses caresses réclament une forme de consolation, une aide qu'il est peut-être capable d'apporter. C'est tout ce qu'il souhaite. S'il pouvait donner le sang de ses veines pour sauver son ami d'un tourment en cet instant, il ne ferait que payer une dette. Il s'efforce de partager cela, ce dont il dispose à nouveau grâce à l'intervention de Crow. Sa force, sa stabilité, sa paix intérieure, son espoir, sa passion de vivre, son art de savourer cet instant présent où ils se retrouvent comme s'ils ne s'étaient jamais quittés... Une réserve inépuisable, qui s'augmente de ce que l'on en partage.

Le monde n'est pas froid, tu sais.
Le monde est un géant de pierre
Aux yeux de ciel et aux mains d'arbres
Aux pieds de bronze et de limon.

Il creuse entre nous des fossés
Et il érige des barrières
Mais ils voit nos serments de marbre
Et il sait que nous nous aimons.

Il nous dessinera une île
De ses cheveux aux doux courants
Où notre vie pourra renaître
Sans se tisser d'instants volés.

Et peut-être me dira-t-il
De sa voix d'ambre et de torrent
Pourquoi je ne m'éprends que d'êtres
Qui sont bâtis pour s'envoler.


"Viens, on se transforme. On va se baigner. On va poursuivre les mouettes. Tu vas voir, je suis différent, je suis sûr que je vais te plaire." Un peu de coquetterie, car sur le plan de l'âme Crow sait parfaitement à quoi ressemble son ami, il ne s'agit que de l'enveloppe, un animal plus impressionnant, plus... capable. Et puis, quitte à partager des choses ensemble, pourquoi s'arrêter à quelques unes ? Exigeant comme tous ceux qui renaissent, Cresus veut tout partager. Regarde, éternel vagabond, arrête toi un instant et regarde ce que tu as sauvé.


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Jeu 19 Oct - 13:40

Amka Wraith,
dit « Valravn ou Crow »  

J'ai 33 ans et je vis pour le moment à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis .. . que dire ? J'ai fait à peu près tous les métiers qui ne demandent que de la bonne volonté et du muscle, pas que je sois idiot, mais je n'ai pas en tête de « faire carrière » dans aucun. En fait, je suis chamane en quête du Savoir qui fera de moi un sage porteur de sagesse auprès de tous. Je suis célibataire, mon rôle ici bas n'est pas de procréer, mais de transmettre autrement l'humanité et la paix. Je dois être libre, attaché à tous et non à l'un(e), pour aller au bout de ma quête,.

Sur mes papiers, il est écrit Amka Wraith... Avant ce que je continue à appeler la colonisation avec une rancoeur qui m'honore peu, nous nous appelions Uyarak, Je suis Amka Uyarak, et répond aux surnoms de Valravn que j'utilise souvent comme prénom, et de Crow...

J'ai récemment reçu du sort ce que je considère comme une malédiction... une... âme sœur moitié supposée amputée de mon être lors de sa création. Les sentiments et la douleur que cela fait naître en moi m'horrifient !




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Cresus &  Amka (Crow, Val)


« Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »*

Début mars 2023


Depuis que Mary a dévasté mon confort comme une tornade tropicale : je pense... Non, j'ai toujours pensé ! Disons que je pense différemment et à des choses qui me paraissaient futiles. C'est un peu comme découvrir gravé dans la glace d'un iceberg le moment exact de ton trépas, savoir, ce qui est occulté aux yeux et aux esprits des créatures du Tout sans quoi elles ne trouveraient pas la force d'avancer, hypnotisées par la date qui se rapproche ? Pourquoi trépas ? La plupart des individus à l'énoncé de « l'âme soeur » seraient comblés ?

Je me laisse aller, je savoure ces touchés, frôlés, assumés... Qu'importe que lui comme moi soyons hommes ? Je n'appartiens pas à une culture où le péché -originel ou pas- vient entacher le bonheur... Bonheur ? Pas simplement plaisir ? J'affirme, me trouver là, à donner et recevoir caresses, et bien plus encore, avec un homme qui est mon frère ? Mon âme sourit, baiser son frère ? Fut-il frère à la suite d'un lien de sang et de magie ? De quoi faire se recroqueviller d'horreur ce pauvre pasteur auquel j'en veux encore d'avoir voulu enterrer mon père dans un cimetière chrétien !

Soyons concis, précis, profitons du plaisir et de la joie des retrouvailles... Avant de dire le « Il faut qu'on parle toi et moi » ? Pourquoi lui dire d'ailleurs ? Pas plus que moi ou quiconque il n'a le pouvoir de délier ce que le Tout lie... Ce concept d'âmes sœurs qui me choque tellement existe dans de nombreuses cultures très éloignées les unes des autres ? Peut-on soupçonner les grecs anciens d'avoir copié une idée chinoise immémoriale ou vice-versa, et les uns ou les autres d'avoir influencé les juifs de l'antiquité ? Cela dit... l'homme explique comme il le peut des choses tellement simples pour qui se contente d'entendre la nature ? Si je l'avais lu avant de le ressentir j'aurais tout naturellement dit qu'il s'agissait ni plus ni moins d'une justification de l'attirance que certains êtres connaissent pour un ou une autre ?

Seulement rien ne m'attire en Mary !

Rien... sinon elle-même...

- Dire que je n'ose pas te baguer parce que c'est une offense envers les corbeaux.

Je me serre davantage contre lui... Mes yeux sourient comme mes lèvres, intensément, presque joyeusement... Bien sûr, j'ai choisi un frère chien, qui plus qu'un chien sent les humeurs, les faiblesses, et les peines de l'humain qui le croise ?

- Tu as raison... Mettre un collier à un loup a généralement comme résultat de le rendre plus sauvage... Mais ce n'est pas nécessaire, tu vois ? Je suis là.

En moi les mots résonnent comme le hurlement de mes semblables dans une nuit sans fin... Non une nuit d'horreur comme les conçoivent les gens des pays du sud que j'ai pu traverser mais le repos d'un hiver bienvenu, long et sombre, qui donne à l'âme le repos de la nature...

Je ne peux pas dormir
Je ne peux que rester éveillé la nuit
Au dessus de ma vie
Mes années deviennent peu à peu les miennes
Dans ma peau de loup
Capturé par le temps
Est-ce que ça me montrera mon parcours, mon chemin
Est-ce que c'est aimer ou pas...

je ne peux pas me reposer
Dans ma peau de loup
Partout
Calme-toi cher cœur
Tu aurais dû l'apprendre bientôt
Sans pitié
Est-ce que ça me montrera ma vie, mon chemin
Est-ce que c'est aimer ou pas...
(**)

Les mots résonnent...


Ils forment en moi la longue guirlande des doutes qui m'ont transpercé, brisé, tant et tant de semaines pendant qu'il revenait à lui, un lui nouveau et purgé de toute cette malveillance qui le détruit depuis sa naissance...

Je suis là.

Point n'est besoin de laisse et de collier...


Je suis là, mais comme je sens en lui la force de la liberté ou la liberté de la force, il sent en moi la faiblesse du doute, et la rage de l'entrave ! Je le fais basculer sur le côté, de façon à le voir tout en ayant son corps entier à ma disposition... S'il y a une chose que cette femme maudite ne peut m'enlever c'est le goût pour un corps viril ! Je n'ai d'ailleurs pas l'impression que plus que moi elle n'a de désir de me « connaître » plus ? L'un pour l'autre nous sommes juste un problème de plus dans nos vies, une solution à trouver pour rester « soi » malgré l'autre ?

- Tu le sens ? C'est difficile à cacher... ça n'a rien à voir avec toi, enfin je ne crois pas.

Pendant que tu te remettais, et moi aussi mais je n'ai donné pas de moi au point d'avoir tant besoin de me ressourcer,
 Là je mens, je ne peux pas lui dire tout ce que l'aide demandée m'a coûté ! Au point que... non c'est ridicule, même en parfaite possession de toutes mes forces le destin m'aurait frappé, pas plus que je ne peux lui dire combien je me suis affaibli en veillant sur lui de si loin je ne peux le faire se sentir responsable de l'emprise qu'a Mary sur moi, et que j'ai sur elle ! -  j'ai fait une rencontre. C'est... c'est invraisemblable quand on y pense, les vieux de chez moi auraient parlé d'un tuurngaq maléfique bien décidé à en finir avec un chaman... Un mauvais esprit, une hantise...

A cela près qu'il est visible, palpable et quand il doit me toucher ressent autant de dégoût et de haine que moi. - C'est... comment t'expliquer ? As-tu déjà été attiré au point de ne plus pouvoir te dépêtrer d'un lien dont tu ne veux pas ? Et que l'autre refuse aussi ? C'est comme un maelström qui nous précipite l'un et l'autre dans un trou sans fond jusqu'à nous y réunir en un seul être...

Je l'étreins, il ne va pas s'y tromper... il est la bouée qui doit me retenir d'être entraîné dans ce trou noir, parce que lui je l'aime, peut-être pas de cet amour unique que cherchent tant de nos contemporains mais d'un amour vrai, comme j'aime Elizabeth, et peut-être même les deux oiseaux de Floride là-bas que j'ai appris à connaître par leurs pensées, leurs inquiétudes, leur dévouement... Le petit sorcier lui aussi est bouleversé, il vient de voir s'ouvrir -lui aussi- un trou noir sous ses pieds. Comment peut-on être métamorphe sans jamais l'avoir su ? Et CE métamorphe ? Et le vautour râleur et sauvage qui n'a cessé de repousser mes questions et mes intrusions ? J'ai découvert beaucoup de choses, je me suis vu changer. J'ai le sentiment avant ces épisodes, son « sauvetage » et la rencontre de Mary, de n'avoir été qu'un chaman de salon englué dans un confort et un train-train qui limitaient les pouvoirs de la magie ? Je devrais en être reconnaissant ? J'ai eu les preuves que mes enseignements, mes croyances étaient vrais ? Qu'en le voulant vraiment on peut s'atomiser suffisamment pour être là et ailleurs, aussi multiple que les atomes qui composent l'air ?

-  Ne me bague jamais... Même les loups répondent au sifflet si c'est un ami qui appelle...

Les loups... et les corbeaux, et les loups-corbeaux des légendes...

- Sais-tu ? Torngasak m'a visité aussi... J'ai accueilli l'esprit du corbeau en plus du loup... L'ennui, c'est qu'eux aussi sont liés, je suis le Valravn à certaines occasions, toi qui vient d'un pays nordique tu dois savoir ? Ce n'est pas ma culture, quand ma grand-mère m'a donné ce nom tous ont pensé qu'elle délirait... Elle était simplement long-voyante... elle a su, su que pour joindre la vie et la mort je deviendrais...  

Un monstre ?

Est-ce que cela devrait m'inquiéter ? Ce fichu animal est présenté comme une malédiction par la plupart des folklores, légendes et contes qui le mettent en scène ? Mais comment, s'il est maudit, ai-je pu ramener Mary d'entre les morts ? Comment, grâce à lui ai-je une connexion réelle avec « l'autre côté » ? si je dois le payer d'une malédiction, alors je le paierai, ce ne sont que des histoires d'hommes... Les enseignements des miens sont que rien n'est sans solution, il suffit de regarder le problème sous l'angle judicieux ? Cray me sent pensif, tourmenté, inquisiteur, inquiet... Je suis tout cela, et aussi...

Heureux de l'avoir retrouvé, heureux de « complémentariser » un corps qui m'accepte comme je suis, et une âme aussi que je juge aussi « soeur » que celle qu'on tente de m'imposer...

- Viens, on se transforme. On va se baigner. On va poursuivre les mouettes. Tu vas voir, je suis différent, je suis sûr que je vais te plaire.

Mon sourire se reforme, je vole une dernière étreinte... Par les dieux comme cela m'a manqué ! Il sera temps -plus tard- de penser à s'en arracher l'intellect ! Là, il a raison, on va jouer à chasser, mais d'abord se baigner.

- Il y a du poisson ? Tu sais pêcher avec ta patte ? Je suis sûr que les loups domestiques ne font pas ça !

Je me lève, lance la tête en arrière recouvrant mon corps de mes cheveux... les crins soyeux deviennent fourrure... mes yeux sombres sont devenus de ce vert jaune qui incommode tant d'humains... Je sens en moi l'animal non plus douloureux comme sitôt après la rencontre avec Mary -où il était un refuge contre cette douleur et cette colère que je partageais avec elle- mais fort et libre ! Le grand chien à mes côtés a perdu ce côté soumis que je lui connaissais ! Je le défie du regard et m'élance.


Musiques:





(*) Les Essais - Montaigne
(**) Traduit du norvégien, au mieux.

Qui sont "Les "dieux" inuits ? Mythologie. :





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Jeu 19 Oct - 18:36

Cray
J'ai 50 ans et je vis à Helsinki, ou là où l'on veut bien de moi. Dans la vie, je suis esclave affranchi et je m'en sors à la débrouille. Sinon, grâce à ma chance/malchance, je suis très attaché à plusieurs personnes et je le vis plutôt bien.

Je peux me transformer en chien. Enfin parfois, je me pose la question : je suis peut-être un chien qui peut se transformer en homme. Au fond, est-ce que ça ferait une différence ?

A l'origine, je travaille pour Marjo Paavolainen, occultiste, en fait ma famille sert sa famille depuis aussi longtemps qu’on s’en souvienne. Ses travaux tournent autour du vaudou et je vais souvent prospecter sous les tropiques pour lui ramener de l’information.

Récemment, le chercheur qu'elle avait envoyé a touché à une poudrière qui lui a explosé à la figure, et me voilà libre. Mais c'est sans doute beaucoup plus compliqué que ça. Heureusement pour moi, je n'y comprends rien.

Life Line
:l: @Val :l:

"Ha ! Je ne sais pas où tu vois un animal domestique, mon ami. Viens donc voir si je sais pêcher !"

Malgré la joie des retrouvailles et l'énergie qui circule parmi eux, le plaisir du jeu et de la baignade, sous des formes auxquelles personne ne fera attention, ni ne reprochera leur ténébreuse nudité, le récit magique qu'il vient d'entendre tourmente le voyageur.

Cresus a souvent craint que la malédiction à laquelle il a échappé se reporte sur un autre, comme un prédateur auquel on échappe de justesse se met aussitôt en quête d'une autre proie. En ce moment, il a l'impression de voir son reflet dans une glace, décalé d'un an. La famille Tarock lui était attachée par sortilège, et ni à eux ni à lui on ne demandait leur avis, tous étaient passablement dérangés et humiliés par cette obligation de cohabitation et ils finissaient presque par en éprouver une sorte de compassion mutuelle biaisée, qui ne faisait que rendre les choses plus insupportables encore.

Certains étaient plus que d'autres touchés par l'aspect hostile ou par l'aspect empathique. Le vieux et le jeune Tarock typiquement... Mais ils n'étaient pas amenés à ne former qu'un seul être au bout du compte ; en tout cas, Cresus espérait bien que ce n'était pas là un objectif secret de la nécromancienne des glaces qui les promenait tels une famille de marionnettes. Cela dit, se considérer comme une même famille, n'était-ce pas déjà ne faire qu'un ? Ha, toute cette théorie est bien trop complexe pour lui.

Il ne veut pas que son ami souffre. Le faire nager un peu, lui attraper un repas digne de ce nom et dévorer la chair en sa compagnie, renouer avec la chair. Voilà qui fait du bien. C'est une conversation en soi, une démonstration du ballet parfaitement assorti de leurs moindres gestes. Il y a une grâce dans la course et même les jeux les plus absurdes des canins libres de leurs mouvements. Chaque éclaboussure de leurs pattes qui traversent la surface est un feu d'artifice de cristal.
Une démonstration que la beauté existe encore sur cette Terre, et que sa contemplation est une fin en soi.

Mais par instants, le chien joyeux s'immobilise au milieu d'un ébrouement, et son regard se fait d'acier. Si quelqu'un a osé enfermer son ami dans un sortilège comme celui qu'il a connu... Si c'est la même sorcière toute-puissante, cette femme de pierre, dans sa forteresse ardoisée des marais... Peut-être sera-t-il temps qu'elle découvre que les chiens ont des crocs. Cresus n'a jamais éprouvé une telle colère envers elle, parce qu'il n'avait rien à défendre, parce qu'il n'était rien. Ce qu'elle lui faisait subir ne l'atteignait pas vraiment. Aujourd'hui, tout est différent. Cette fierté qu'il a manifestée en taquinant son ami n'était pas qu'une boutade. Elle fait partie intégrante de son être, désormais et jusqu'à son dernier soupir.

L'estomac plein, la plage convenablement explorée, ces pauvres mouettes dûment mises en fuite, et après s'être roulé sur le béton du quai pour se sécher convenablement, Cresus s'affale dans sa toison ébourriffée par le vent froid. Il est soulagé de retrouver ces latitudes, mais si son ami est affaibli, ce climat ne lui fera peut-être pas de bien quand ils restent ainsi au repos. Du bout du museau, il tâtonne contre les côtes du loup en quête de signes de santé ou de maladie. Il y a, attachée à lui, comme une odeur étrangère, malgré la baignade. Une odeur d'autre chose, d'un autre monde. Parfois, c'est tellement curieux d'avoir un ami comme ce Valravn avec des racines dans tous les folklores et tous les passés, connus ou cachés...

Curieux, c'est dans la nature du chien, aucun problème. Mais quant à cette colère qui erre et disparaît et revient par instants comme une vague, il la défoule sur un bâton qu'il mord sauvagement en se roulant par terre. Sûr qu'il n'a pas l'air très intelligent. On ne l'a pas embauché pour son génie, heureusement. Plutôt pour son enthousiasme ? lui est intact, plus déchaîné que jamais.


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Dim 22 Oct - 23:00

Amka Wraith,
dit « Valravn ou Crow »  

J'ai 33 ans et je vis pour le moment à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis .. . que dire ? J'ai fait à peu près tous les métiers qui ne demandent que de la bonne volonté et du muscle, pas que je sois idiot, mais je n'ai pas en tête de « faire carrière » dans aucun. En fait, je suis chamane en quête du Savoir qui fera de moi un sage porteur de sagesse auprès de tous. Je suis célibataire, mon rôle ici bas n'est pas de procréer, mais de transmettre autrement l'humanité et la paix. Je dois être libre, attaché à tous et non à l'un(e), pour aller au bout de ma quête,.

Sur mes papiers, il est écrit Amka Wraith... Avant ce que je continue à appeler la colonisation avec une rancoeur qui m'honore peu, nous nous appelions Uyarak, Je suis Amka Uyarak, et répond aux surnoms de Valravn que j'utilise souvent comme prénom, et de Crow...

J'ai récemment reçu du sort ce que je considère comme une malédiction... une... âme sœur moitié supposée amputée de mon être lors de sa création. Les sentiments et la douleur que cela fait naître en moi m'horrifient !




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Cresus &  Amka (Crow, Val)



Life Line [Val/Flashback] E79b9a10



« Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »
(Les Essais - Montaigne)

Début mars 2023

Je me souviens encore de ma quatorzième année, ma grand-mère avait annoncé lors d'une soirée en famille que j'avais « le don », ma mère et son frère s'en étaient réjouis, mon père... moins. Le don. Je ne réalisais pas alors ce que ce simple mot de trois lettres pouvaient contenir, ni en quoi le recevoir pourrait me changer... Je l'attendais en tout cas, de toutes mes forces, trop peut-être puisque je n'ai pas ce jour-là accompagné mon père... Il n'est pas rentré, aurais-je servi à quelque chose ? À cet âge-là la pêche ne m'avait pas suffisamment musclé pour que je remonte un homme adulte trempé jusqu'à l'os d'une eau mortelle ? J'ai toujours pensé en tout cas que je l'aurais pu, que j'aurais trouvé en moi les ressources pour l'empêcher de se noyer. Le bateau a été ramené par un cousin, le corps de mon père retrouvé par des plongeurs assez fous pour descendre sous la glace... Ensuite, le pasteur est venu s'en mêler et j'ai failli le tuer.

La rencontre avec Mary a fait remonter tout cela. Je ne me suis jamais pardonné, j'ai accepté comme un fardeau la mort de celui qui était mon modèle mais jamais n'ai réussi à me conforter dans l'idée qu'au pire si j'avais été là nous serions tombés par dessus bord tous les deux. J'ai passé des années à essayer de le contacter, d'obtenir sa version... Mais la vision n'est pas acquise en toutes circonstances, les esprits doivent contribuer à ta quête, celui de mon père ne semble pas vouloir m'expliquer... M'en veut-il ? Se dit-il au contraire qu'il est inutile d'ajouter à ma peine ? Ou simplement, ses nouvelles vies lui suffisent-elles, et les atomes de son être n'ont-ils aucune envie de parler du passé ? C'est étrange comme une seule rencontre peut faire rejaillir tant de choses enfouies, tant de désordres atténués.

Je sens la colère, en Cresus aussi. La colère ? Lui a gagné sa liberté, je le croyais ? Il vient de se refuser la « domesticité » de son chien ? Je le regarde tuer son bâton et laisse errer un sourire sur mes lèvres. Ils sont toujours aussi nombreux mes sourires, simplement plus tristes, plus sérieux... j'ai perdu la sécurité et l'insouciance, momentanément. Momentanément parce que j'ai besoin au moins de ma liberté de pensée, la liberté d'action est accessoire je le sais pour l'avoir expérimenté quelques mois.

- Tu sais... les épreuves font partie de la vie. Sans elles, rien n'avancerait, la vie cesserait faute de l'envie de se surpasser ? Non ?

Pourquoi est-il inquiet ? Qu'est-ce qui le tracasse ? Le petit sorcier là-bas ? Je peux lui dire qu'il a accueilli mon âme sœur, je les ai senti ensemble deux entités qui me sont liées et que je peux désormais localiser... Comme ce pouvoir est dérangeant, je me fais l'effet d'un voyeur.

- Qu'est-ce qui te rends nerveux Cray ? Quelque chose ne va pas ?  

Moi ? Est-ce que ce que j'ai dit sans l'expliquer -parce que je ne sais pas l'expliquer, à personne- l'a troublé ? Je suis revenu à mon corps d'humain, mes vêtements gisent à mes côtés et je me suis allongé sans les remettre, tirant juste un vague plaid sur ce qui pourrait choquer un éventuel passant ? Mais quel passant viendrait ici à cette heure-ci en hiver ? La neige sur une peau nue est un bienfait de la nature, elle permet à chaque cellule de ton épiderme de jouer un rôle dans le réchauffement de ton corps, une gangue de chaleur m'isole du froid, me procurant comme une aura de sécurité... Je me redresse d'un bond, une vision flash d'un corps habillé lui tombant par dessus la rambarde d'un bateau de pêche ! Je ne sais pas comment ça c'est passé, peut-être pas du tout comme cela ?

- C'est curieux, je n'arrive pas à … conceptualiser cette histoire d'âme sœur, j'ai hanté les bibliothèques, questionné tous les sages que je peux connaître, c'est un concept presque universel et pourtant, c'est incompréhensible ? As-tu déjà senti une osmose telle que les sentiments et sensations de l'autre s'imposent à toi ? Faisant ressortir de ton être des choses oubliées ou maîtrisées...

Je soupire, je parle à un chien qui mord un bâton... je sais parfaitement qu'il me comprend, notre animal ne nous retire pas complètement du monde humain, il isole juste le nécessaire pour que nous puissions vivre notre animalité sans heurts...

- Je te les brise ? Mon sourire se fait taquin, je le comprendrais, ça me les a assez brisées à moi tandis que je me débattais dans un déni et un refus comme jamais ressenti même à cette période qui me revient en ce moment ! - Tu sais, je ne suis pas venu que pour parler de ça... mais à qui puis-je le dire sinon à mes amis ? Une manière comme une autre de me rendre compte que mes amis sont peu nombreux, et dispersés. À vouloir marcher devant toujours sans trop regarder en arrière on perd des alliances et des amours... Mary m'a-t-elle été donnée pour me faire sentir combien je perdais le cap à chercher toujours plus de connaissance en négligeant les acquis ? Ou supposés acquis ? Un homme qui roule est comme la pierre du même nom, il n'amasse pas, ni les richesses -ce dont je me fiche- ni les sentiments. L'ai-je voulu ? Avais-je retenu de mon adolescence que l'amour blesse plus que la haine ? Et que blessures d'amour jamais ne cicatrisent ? Pourtant, c'est l'amour que je tente de semer au hasard de mes périgrinations.

Je m'agenouille et baisse la tête, enfouissant mes traits dans la cascade de mes cheveux ! Mon corps s'arque, je sais qu'on ne se métamorphose pas deux fois, de façon si proche sans risquer un épuisement durable, mais je veux qu'il constate combien je mérite plus que jamais le surnom qu'il m'a donné...

Crow...

Un peuple amérindien a porté ce nom-là, le porte toujours d'ailleurs. Souvent, aux USA on a supposé que le surnom n'était que le nom de ma nation... Très jeune, peu de temps après avoir pris la mer j'en étais contrarié, « ils » ne savaient même pas reconnaître ce que j'étais ! À leurs yeux nous étions tous semblables. Et puis, j'ai cessé d'y porter de l'attention, quelle importance ce qu'on te pensait être ? Ce qui comptait c'était ce que tu es réellement, et ça ne se résume pas à une apparence...

Je sens les rémiges parer mes bras, mon arrière train est celui du loup dont la queue bat sous la douleur... mes cheveux deviennent plumes tandis que mon nez et ma bouche se rejoignent en un bec ossu et dur... Regardant Cresus, je m'élance dans les airs, repliant sous mon corps quatre pattes de canidé auxquelles s'ajoutent des ailes... Créature mythique et étrange apparue peu après son sauvetage, peu après la rencontre de Mary, sans que je puisse affirmer que l'un ou l'autre événement a un rapport avec la chose.


Musique:

Life Line [Val/Flashback] Montag11






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Mar 14 Nov - 23:46

Cray
J'ai 50 ans et je vis à Helsinki, ou là où l'on veut bien de moi. Dans la vie, je suis esclave affranchi et je m'en sors à la débrouille. Sinon, grâce à ma chance/malchance, je suis très attaché à plusieurs personnes et je le vis plutôt bien.

Je peux me transformer en chien. Enfin parfois, je me pose la question : je suis peut-être un chien qui peut se transformer en homme. Au fond, est-ce que ça ferait une différence ?

A l'origine, je travaille pour Marjo Paavolainen, occultiste, en fait ma famille sert sa famille depuis aussi longtemps qu’on s’en souvienne. Ses travaux tournent autour du vaudou et je vais souvent prospecter sous les tropiques pour lui ramener de l’information.

Récemment, le chercheur qu'elle avait envoyé a touché à une poudrière qui lui a explosé à la figure, et me voilà libre. Mais c'est sans doute beaucoup plus compliqué que ça. Heureusement pour moi, je n'y comprends rien.

Life Line
:l: @Val :l:

Cresus roule sur le dos, les yeux brillants, le poil blanchi par la poussière de la plage. Il écoute, la branche mâchée entre ses pattes avant qui semblent la cajoler pour se faire pardonner son petit accès de violence. Il s'étire, se relève en s'ébrouant, écoute avec attention mais se garde bien de donner son avis.

Cette idée d'âme soeur est compliquée pour lui parce qu'il considère l'homme en face de lui comme une âme soeur, c'est son frère sur le plan de l'âme, pourquoi l'appeler autrement ? Mais du peu qu'il comprend de ce qui arrive maintenant, ce n'est pas une sororité classique - car pourquoi se limiter à une soeur unique ? Ce sentiment n'est-il pas fait pour être étendu à toute sa fratrie, à ses amitiés, aux différents ajouts du foyer, aux membres d'un club, d'un loisir, d'une patrie, et finalement à l'humanité et au règne du vivant ? Il a même entendu parler de prières qui adressent ces tendres noms aux astres et aux forces de la nature.

Et puis, c'est la nature de Crow. C'est ce qui est si merveilleux chez lui. Un amour sans limites. C'est ce qui le fait grand, et brave, et incomparable. Une sorte de dieu, si l'homme-chien en avait un, s'il pouvait encore vénérer quelque chose sans ressentir ce frisson désagréable de l'avilissement et éprouver un besoin de recul immédiat. Il a été trop éprouvé par ses précédentes années de dévotion pour y revenir un jour. Non merci ! Chien échaudé craint l'eau froide.

Brusquement, il sursaute et se dresse sur ses pattes, hérissé et le regard écarquillé. En se mordant la langue dans sa bouche pour ne pas glapir de surprise, il observe la transformation : ce n'est pas ce qu'il attendait de voir sur une plage offerte aux regards humains, même si l'isolation du lieu et la fraîcheur de l'air les tiennent à distance. Puis, sa taille se redresse et il incline la tête en observant avec attention ce qui se tient devant lui. C'est beau... Ce n'est pas si étrange. Il a l'impression de le connaître. Ha, bien sûr qu'il le connaît, c'est Crow ! Mais il a l'impression d'avoir déjà dormir dans les bras de cette créature et d'avoir éprouvé le contact de son corps dans son sommeil. C'est drôle. C'est rassurant.

A son tour, il laisse son corps adopter la forme étrangement puissante à laquelle il ne s'est pas encore accoutumé, la grande bête hérissée aux épaules faites pour porter et pour défendre, la toison enroulée en dessins qui ressemblent à d'incompréhensibles runes. Il s'est observé timidement dans l'eau à quelques occasions et il s'est trouvé un air ludique... pas tout à fait réel, comme un dessin d'enfant, ou un croquis que tracerait un artiste en se réveillant d'un rêve embrumé. Une légende sur pattes, plutôt qu'un animal. Et il retrouve cette atmosphère autour de son ami, ainsi métamorphosé. Ils sont davantage que des animaux, il le sent clairement maintenant, le poids spécifique de la mythologie et de ses responsabilités, son potentiel de chaos aussi. Tous les sorciers ressentent-ils cela ? Il y pense à peine. Ils sont si loin...

"Tu es très majestueux," dit-il de cette voix enrouée qu'il commence seulement à maîtrisée, en replongeant les mains dans l'eau de la rive, pour se débarbouiller le visage. Il s'est mis du sable partout, quelle idée d'être aussi joueur à son âge ! A cette pensée, il s'amuse à lui jeter un peu d'eau. "Moi, ces choses oubliées, c'est le phénix qui les a réveillées... Je ne pouvais pas laisser mourir un phénix, tout de même !"

Il rit. Mieux vaut en plaisanter. Il n'a pas réellement compris ce qui se passait ce soir-là. C'était une sorte de tornade soudaine d'indignation soudain révélée, comme la lave s'échappe d'une montagne que l'on croyait solide, définitivement endormie. Il n'a pas compris et il est prêt à accepter tous les mots que le monde mettra sur cet événement. Alors, est-ce que le phénix pourrait être son âme soeur ? Est-ce que ça marche de cette façon ? Il a l'impression d'avoir surtout piqué une grande colère au nom de tous ses ancêtres et ça n'a rien à voir avec le jeune homme, même s'il s'est vu dans ses yeux comme dans un miroir et s'est découvert bien plus malheureux qu'il ne le supposait...

"On peut en parler. C'est juste que, tu sais, je ne suis pas très instruit, moi. Pas très bibliothèques. Sauf pour y faire des câlins," ajoute-t-il avec un clin d'oeil. Bon, il ne va pas maintenir cette forme éternellement. Quand il l'emploie, elle semble increvable, mais quand c'est juste pour la galerie, c'est fatigant. Et après ça, il ne restera de lui qu'un vagabond légèrement endolori à la mémoire pleine de belles images.



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Jeu 14 Déc - 19:40

Amka Wraith,
dit « Valravn ou Crow »  

J'ai 33 ans et je vis pour le moment à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis .. . que dire ? J'ai fait à peu près tous les métiers qui ne demandent que de la bonne volonté et du muscle, pas que je sois idiot, mais je n'ai pas en tête de « faire carrière » dans aucun. En fait, je suis chamane en quête du Savoir qui fera de moi un sage porteur de sagesse auprès de tous. Je suis célibataire, mon rôle ici bas n'est pas de procréer, mais de transmettre autrement l'humanité et la paix. Je dois être libre, attaché à tous et non à l'un(e), pour aller au bout de ma quête,.

Sur mes papiers, il est écrit Amka Wraith... Avant ce que je continue à appeler la colonisation avec une rancoeur qui m'honore peu, nous nous appelions Uyarak, Je suis Amka Uyarak, et répond aux surnoms de Valravn que j'utilise souvent comme prénom, et de Crow...

J'ai récemment reçu du sort ce que je considère comme une malédiction... une... âme sœur moitié supposée amputée de mon être lors de sa création. Les sentiments et la douleur que cela fait naître en moi m'horrifient !




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« Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »
(Les Essais - Montaigne)

Début mars 2023


- Moi, ces choses oubliées, c'est le phénix qui les a réveillées... Je ne pouvais pas laisser mourir un phénix, tout de même!

J'en oublie le « Tu es très majestueux », ai-je de la fierté à être majestueux ? Aucune. L'aspect que tu revêts ne t'est pas destiné, tu peux être insignifiant et agir comme il se doit...

Le phénix ? Il me ramène à Mary... C'est curieux comme la colère est si proche, si prompte à rejaillir, je me suis pourtant promis de l'enfouir et de la dompter comme n'importe quel animal rétif. Toutefois... Peut-on mater un animal ? Les sorciers ont longtemps cru l'avoir fait avec lui, et avec le phénix dont il parle... et l'un comme l'autre se sont rebellés et cabrés contre l'oppression qu'on leur faisait subir.

Du fond de mon être, le Tout crie, emplissant mon espace non réellement « sonore » mais intime d'une tribalité, d'une sauvagerie, d'un autre âge où rugir était permis et même recommandé. Loup je suis né, et corbeau je vole dans les airs... l'un comme l'autre s'apprivoise, mais à quel prix pour celui ou celle qui le fait ! Le sauvage ne peut être séduit que par le don total d'une âme et d'un cœur... Je ne l'exige pas, je pense n'avoir jamais rien exigé, je me laisse vivre tel que je suis, j'ai tout au fonds de moi la certitude que -quoi qu'on fasse, dise ou pense- les choses suivent leurs cours parce que l'homme n'est pas une variable d'ajustement assez puissante pour interférer.

C'est une des choses oubliées que la rencontre avec Mary a fait ressurgir, avec la haine, le doute, la rage, l'envie de sang et de violence... Non, je n'y succomberai pas ! Je ne suis pas une bête assoiffée de la souffrance des autres, pas plus qu'une créature au masochisme si ancré qu'il souhaite la douleur pour lui ! Ce sont les chrétiens qui pensent que souffrir ici bas prépare un avenir glorieux, moi, et sans doute Cresus, je sais que se faire mal n'apporte rien d'autre qu'un inconfort proportionnel à la peine acceptée. Qu'y a-t-il à ajouter une fois la chose établie ? De quoi discuter, sur quoi « penser » ou s'instruire ?

- On peut en parler. C'est juste que, tu sais, je ne suis pas très instruit, moi. Pas très bibliothèques. Sauf pour y faire des câlins...

Je me redresse et lui souris. Qu'est l'instruction ? À quoi sert-elle dans la vision du Tout ? Cela aussi je l'ai compris. Apprendre ne sert que si ça t'est utile à aider tes contemporains et à préparer un futur qui n'est pas compréhensible par ceux qui ne jurent que par l'individualité... Les bibliothèques... et les calins... mes yeux brillent d'autres souvenirs que Mary et les tourments endurés, ou le jeune Kyril et la clique vaudou, là-bas si loin.

- Est-ce que parfois tu te demandes où tu vas ? Si tu as pris le bon chemin ? Si tu vas là où est ta place ? Assis j'ai commencé à me revêtir, en enfilant le haut et non le bas ? Comme le font parfois les femmes alors que les hommes généralement cachent ce qui leur est précieux en premier ? Après tout, le précieux n'est juste pas au même endroit pour elles ? Enfant cela me fascinait de voir mes cousines recouvrir leur poitrine en hâte après la toilette tandis que nous enfilions un pantalon... Est-ce pensé ? Ai-je fait exprès ? Une voix coquine en moi me souffle oui et pourtant je le jure je n'ai pas ourdi le moindre complot !

- Je suis idiot hein ? Qu'est-ce que ça fait le chemin que tu prends ?

Qu'est-ce que ça fait si un se trompe et ne remplit pas son rôle ici bas ? Qu'est-ce que ça fait ? Avons-nous même vraiment un rôle !? Cette aventure qui n'en est une que pour moi m'a reporté vingt ans en arrière... à une adolescence tumultueuse et torturée où je me posais tant de questions que j'avais l'impression de n'être qu'un cœur terrestre de magma en perpétuelle fusion...

- C'est bien de n'être pas instruit parfois, et puis... ne pas être instruit ce n'est pas être idiot, juste ne pas compléter ses propres acquis avec ceux des autres, mais parfois, tu arrives à la même conclusion que des célébrités reconnues comme géniales, juste... avec ton bon sens et ton cœur.

Je ne cherche pas à justifier ce qu'il énonce, je trouve d'ailleurs qu'il n'est pas si ignorant, il a juste les connaissances posées dans un désordre peut-être salvateur, qui sait ? Non, en fait je parle pour moi, j'en suis presque à regretter cette manie que j'ai de chercher, toujours et partout, à comprendre ce qui m'est présenté !

- Avoir rencontré Mary, qu'elle me soit vraiment destinée ou pas, si tu savais ce que ça m'a fait réfléchir... A en perdre la raison, et je n'ai pas de réponse, juste... le désagrément de ne pas savoir et de subir... Elle aussi, c'est comme un mauvais tour d'un tuurngaq espiègle qui séme la confusion dans les esprits, pour se distraire...

J'en suis un peu revenu, disons que le temps a fait que la situation ne me paraît plus si dramatique, il faut juste s'adapter, contourner, assimiler... Comme n'importe quoi d'autre en fait ? La vie est faite d'obstacles à surmonter, à comprendre, à apprivoiser. Je repousse mes propres soucis -tout à coup si minimes- la compagnie d'un ami est en soi nécessaire pour te faire recouvrer le sens de la mesure ?

- Et toi ? Raconte. J'ai l'impression que c'est à la fois hier et jadis !

Je termine sagement de m'habiller, le regarde, essaie de trouver ce qu'il est advenu du chien soumis qui ne veut plus être qualifié de domestique. J'en sais un peu, j'en sens aussi un peu plus, mais lui seul peut parler de lui-même, choisir ce qu'il veut dire et taire, s'exprimer... librement... comme si aucun de nous n'était sorcier ou ne connaissait leur réalité.

Le soleil d'hiver se couche déjà, ma grand-mère dirait que la lune va bientôt commencer son interminable poursuite, et que le jour où elle le rencontrera...

- Parlons si tu veux, de toi, c'est bien mieux ? Et si tu ne veux pas parler... le silence aussi permet de...

Je ne finis pas la phrase, le silence permet tant de choses, il y verra celles qu'il veut y voir ! Je l'attire à moi, j'ai besoin de son contact, même à courte distance, même sage et immobile, j'ai mal à ma meute...


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Ven 15 Déc - 12:35

Cray
J'ai 50 ans et je vis à Helsinki, ou là où l'on veut bien de moi. Dans la vie, je suis esclave affranchi et je m'en sors à la débrouille. Sinon, grâce à ma chance/malchance, je suis très attaché à plusieurs personnes et je le vis plutôt bien.

Je peux me transformer en chien. Enfin parfois, je me pose la question : je suis peut-être un chien qui peut se transformer en homme. Au fond, est-ce que ça ferait une différence ?

A l'origine, je travaille pour Marjo Paavolainen, occultiste, en fait ma famille sert sa famille depuis aussi longtemps qu’on s’en souvienne. Ses travaux tournent autour du vaudou et je vais souvent prospecter sous les tropiques pour lui ramener de l’information.

Récemment, le chercheur qu'elle avait envoyé a touché à une poudrière qui lui a explosé à la figure, et me voilà libre. Mais c'est sans doute beaucoup plus compliqué que ça. Heureusement pour moi, je n'y comprends rien.

Life Line
:l: @Val :l:

Fixé sur la silhouette de son ami, le regard de Cresus s'apaise, laissant s'évanouir la forme animale qui couve désormais comme une braise au fond de ses prunelles, prête à s'éveiller avec ou sans son impulsion. De contrôle, il n'en rêve même pas. Mais le débat qu'ils ont en ce moment, c'est une histoire d'hommes. Comme cette étreinte à deux bras qui a l'air d'une lutte, mais contre quoi ? Les bêtes sauvages s'épargnent ce genre de choses.

"C'est... je suis toujours à ma place. Ma place, c'est là où je peux agir... c'est là où je suis. C'est sûrement différent pour toi parce que, eh bien, tu es magique."

Elles ont bien de la chance, les bêtes sauvages, mais en même temps, ils passent à côté d'un certain vertige et de l'ivresse qui l'accompagne, un goût d'absolu que celui qui a connu la vie humaine regretterait probablement dans une renaissance différente. Il doit y avoir d'autres drogues pour les bêtes sauvages... Depuis qu'il a vécu dans les bois, Cresus commence à les imaginer. Quand on aime une autre créature et qu'on craint la mort à chaque recoin de chaque arbre, on aime avec une intensité farouche, et il pourrait se satisfaire de cette ivresse-là. Lui, qui est si aisément satisfait.

"Viens, on va marcher un peu."

Le bruit de soie que dessine le vent sur les friselis de l'eau, tendre et répétitif comme une caresse intentionnelle... ça faisait du bien. A quoi bon se répéter sans cesse à quel point on s'aimait, quand la nature immense et son reflet dans les regards n'avaient que ce seul message ? Crésus était capable d'écouter, très attentivement, mais quant à répondre... Il sentait ce qui agitait son compagnon, il en éprouvait même les échos comme s'il avait aussi connu une telle agitation dans d'autres vies, mais... Les mots ?

"J'ai fait une bonne partie du trajet en stop avec une chauffeuse routière très intimidante qui écoutait du Nickelback à fond. J'ai besoin de chansons douces."

Sa main joue avec celle de son chaman bien-aimé en savourant la réalité de sa présence. Cela aussi, c'est une chanson. Il fredonne en marchant : "Dear fellow traveller, underneath the moon..." Elle se lève au-dessus d'eux et il se demande à quel point la langue américaine s'est infiltrée dans ses pensées, à quel point il est encore ici et déjà de là-bas, avec tous les liens qu'il y a tissés. Ici, ses racines, là-bas, ses branches. C'est peut-être ça que représente l'arbre de vie. Personne ne développe ses branches en direction de ses racines, ce serait un coup à s'étouffer.

"Tu n'as pas confiance en toi. Ce n'est pas ton job, j'imagine. C'est le mien, alors. J'ai confiance en toi et tu as confiance en moi. Pas vrai ? C'est comme ça qu'ils construisent des bâtiments qui tiennent : en opposant des contreforts." La dame au volant du camion avait bossé dans le bâtiment, ils ont parlé de ça pendant un moment, c'est drôle. Comme si elle savait. Peut-être qu'elle savait.

Lui, il ne sait pas. Vraiment, il faudrait qu'il voie en face de lui cette Mary et son Crow et qu'il mesure ce qu'il ressent en les observant réunis, et qu'il trace des pronostics de long terme et... il n'est même pas sûr que ça lui viendrait naturellement, et il n'a pas envie d'inventer, c'est trop sérieux. Il voit bien que Crow se tourmente mais ça n'a rien à voir avec Mary, il se tourmenterait avec n'importe qui, non ? C'est cette idée d'âme soeur qui le dérange parce qu'il est un "homme du peuple", il se doit à tout ce qui vit et il n'aime pas l'idée de se limiter.

"Moi, je ne te limite pas," aventure Cresus avec une légère hésitation. "Alors peut-être, elle non plus. Peut-être qu'elle te multiplie. Vous faites quoi ensemble ? C'est ça qui te rassurera, je pense."

La main, ce n'est pas suffisant. Pour écouter la rumeur de la nature nocturne, il faut parler tout bas, il faut se tenir tout proches. Le bras autour de la taille, les chaleurs partagées, les silhouettes indiscernables l'une de l'autre. Une même créature coupée en deux mais qui ne souffre pas. Eux, cela les multiplie. C'est à cette technique que Crow est accoutumé. Evidemment que l'inverse l'angoisse. Mais ils n'opèrent pas dans le domaine de la science, et là où leurs pouvoirs existent, la logique n'a pas cours : une méthode inverse peut très bien donner des résultats semblables.

C'est difficile, sans doute, pour quelqu'un qui a dispersé son ego aux quatre coins de l'existence, de tirer satisfaction de ses résultats... Crow ne sait pas se regarder. Son reflet dans les yeux de Cresus l'aidera peut-être, en tout cas c'est pour ça qu'il est là. S'il avait une mission ce soir, à laquelle se donner tout entier, c'est celle qu'il se reconnaîtrait. Et si nul n'a de mission ici-bas et que tous flottent dans un vide sans but, alors - ça ne change rien, ils sont tout de même là l'un pour l'autre ; simplement, ils le sont par choix. C'est aussi beau dans tous les cas. Le sourire légèrement espiègle, il songe qu'il pourrait vraiment se faire à la poésie du chaos.



Life Line [Val/Flashback] SgF93
Val
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Mar 2 Jan - 15:39

Amka Wraith,
dit « Valravn ou Crow »  

J'ai 33 ans et je vis pour le moment à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis .. . que dire ? J'ai fait à peu près tous les métiers qui ne demandent que de la bonne volonté et du muscle, pas que je sois idiot, mais je n'ai pas en tête de « faire carrière » dans aucun. En fait, je suis chamane en quête du Savoir qui fera de moi un sage porteur de sagesse auprès de tous. Je suis célibataire, mon rôle ici bas n'est pas de procréer, mais de transmettre autrement l'humanité et la paix. Je dois être libre, attaché à tous et non à l'un(e), pour aller au bout de ma quête,.

Sur mes papiers, il est écrit Amka Wraith... Avant ce que je continue à appeler la colonisation avec une rancoeur qui m'honore peu, nous nous appelions Uyarak, Je suis Amka Uyarak, et répond aux surnoms de Valravn que j'utilise souvent comme prénom, et de Crow...

J'ai récemment reçu du sort ce que je considère comme une malédiction... une... âme sœur moitié supposée amputée de mon être lors de sa création. Les sentiments et la douleur que cela fait naître en moi m'horrifient !




avatar : Martin Sensmeier - copyright: inconnu
@mandrin

Life Line

Cresus &  Amka (Crow, Val)






« Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »
(Les Essais - Montaigne)

Début mars 2023

- C'est... je suis toujours à ma place. Ma place, c'est là où je peux agir... c'est là où je suis. C'est sûrement différent pour toi parce que, eh bien, tu es magique.

Que répondre à cela ? Je reste un moment pensif,  puis, quand il propose de marcher, je continue à contempler l'évidence... Je l'écoute, Cray est quelqu'un qu'on écoute parce que c'est naturel, il parle pour dire ce qui lui paraît à dire, il ne fait pas partie de ces gens qui veulent te convaincre à tout prix ou qui attendent de toi l'impossible. Mais je réfléchis, avec Elizabeth il est de ceux qui me ramènent à la réalité... Je me suis égaré, trop longtemps. Bien sûr, n'en déplaisent aux hommes, chacun est à la place qui lui revient... Même lorsque, comme moi, il se sent décalé, désorienté, en attente de sens. Lui dit agir, le mot aussi m'interpelle... Il fait partie des choses que j'ai oubliées en route, agir... cesser parfois de penser pour exister. Je me rends compte que depuis des années j'ai réellement dédoublé mon être. J'ai vaqué comme tout un chacun aux tâches quotidiennes qui me permettaient de manger et d'avoir quelques interactions sociales, mais je n'étais pas « là ». Mon corps travaillait, mes mains s'agitaient, j'écoutais les ordres ou les conseils, j'en donnais parfois, je me mêlais aux autres... mais le loup lui continuait son chemin tortueux et mystique. Cresus a raison, on est à sa place, là où on est. Chaque pas dans ta vie est utile au Tout, à la nature, au cosmos, à dieu... Appelle ça comme tu veux le mot -pour une fois- n'a pas d'importance.

- Tu n'imagines pas... Ce que tu dis est tellement évident, personne ne devrait en douter... Tu as raison, mille fois raison.

Je me laisse aller à me rapprocher, je l'attire en passant mon bras droit autour de ses épaules et retiens une grimace... Cela aussi je le dois à Mary, la rattraper lorsqu'elle a fait le saut de l'ange a réveillé de vieilles douleurs mon épaule crie qu'elle a failli se décrocher du corps dans l'accident qui m'a fait quitter les chalutiers à jamais. Je caresse son cou et son visage de mes cheveux, d'un geste oublié qui remonte à « chez moi », là-bas dans ce grand nord plat entouré d'eau, avec les montagnes à l'horizon, les montagnes et la mer, un monde en soi.

Magique ? Non, je n'ai rien de magique ? Enfin, pas plus que lui, ou ce phénix qui semble l'avoir tant marqué. Je suis comme eux métamorphe, thérian ? Sinon, qu'ai-je de magique ? Peut-être cette capacité à pénétrer de l'Autre Côté ? Dans ce royaume d'Anguta comme le nomme les miens ? Celui de voir et d'entendre certains esprits dont le corps est retourné à la terre mais qui eux continuent d'errer, en mal-être, indécis, mécontents, ou simplement perdus.

- Magique ou pas, je n'aurais pas dû oublier cette vérité : ta place est là où tu es ... Je souris, et resserre mon étreinte fraternelle, je me sens presque guéri, jeune, prêt à repartir du bon pied ? Le bon sens de Cresus est libérateur. Je souris de toutes mes dents quand il aborde sa conductrice ! J'ai rencontré des gens comme elle, si je préfère les bus quand je le peux, j'ai fait du stop aussi, au Canada, aux USA et partout où je suis passé... Nickelback dans mon imaginaire fait remonter d'autres sons, d'autres paroles... Dans ma période de déni et de rébellion, je travaillais avec en tête « Born in the USA » de Springsteen. Mes lèvres s'ouvrent plus encore à ce souvenir, imagine-t-il l'homme qu'il semble voir en moi remontant des filets en chantant intérieurement :

I had a brother at Khe Sahn
J'avais un frère à Khe Sahn
Fighting off the Viet Cong
Qui combattait les Viet Cong
They're still there, he's all gone
Ils sont encore là, il a disparu

J'en changeais les paroles en :

I had a father at Sivuqaq (St. Lawrence Island)
J'avais un père à Sivuqaq
who caught fish for the Yankees
Qui pêchait pour les Yankees
they're still there, he's all gone
Ils sont encore là, il a disparu

Mary m'a jeté cette période à la figure comme on colle un uppercut à un boxeur novice... Avec lui là, j'arrive à l'envisager sans haine... Depuis peu, j'y parviens aussi sans lui, remarque, j'ai juste l'impression d'avoir levé un voile, accepté de regarder tout une série d'événements que j'avais occultés...

- Nickelback... Tu aimes ? Je ne sais même pas ce que tu aimes comme musique ? Ni si tu aimes ça d'ailleurs. Je m'arrête, je ferme les yeux pris d'un vertige... - As-tu déjà eu tellement mal que tu as préféré fermer la porte sur le passé ?   Je suis resté le petit garçon qui croyait avoir payé son « don » de la vie de son père ? Je n'ai jamais rejeté le Loup, d'abord parce qu'il m'offrait l'oubli en me réfugiant dans sa peau et en vivant « la bête » des jours durant, ensuite parce que oui, je m'en rends compte tout à coup, j'ai cru que le recevoir demandait un paiement aux esprits, le paiement d'un prix tel qu'ils avaient emporté l'être que j'aimais le plus au monde... Je cherche mon disparu depuis des années pour lui demander pardon, l'assurer que je ne savais pas... Est-ce une folie que j'ai imaginé ? Jamais ma grand-mère n'a présenté les choses ainsi, elle parlait de « don », un don se reçoit gratuitement ? Je rouvre les yeux et souris à nouveau en secouant légèrement la tête de droite à gauche... Non, si mon père est dans le Loup, c'est qu'il y est venu pour m'y retrouver, pas qu'on l'a forcé à y demeurer... C'est la sorcellerie des Louisianais qui exige qu'on paye de sa personne, parce qu'ils enfreignent les règles et les lois de la nature...

- Tu n'as pas confiance en toi. Ce n'est pas ton job, j'imagine. C'est le mien, alors. J'ai confiance en toi et tu as confiance en moi. Pas vrai ? C'est comme ça qu'ils construisent des bâtiments qui tiennent : en opposant des contreforts.

Pourquoi aurais-je confiance en moi ? Qu'ai-je fait pour avoir confiance ? En fait, moi, je n'ai aucune valeur sans le Tout... Cette entité que j'ai du mal à nommer en quelque langue que je pense, cet univers dont nous sommes tous une composante, un peu comme ces matriochkas russes qui s'emboîtent l'une dans l'autre et constituent un « Tout » tout en restant unique, de la plus grand à la plus petite...

- Moi, je ne te limite pas. Alors peut-être, elle non plus. Peut-être qu'elle te multiplie.  

Me multiplie ? Je ferme les yeux à nouveau et m'appuie contre un arbre... Comment expliquer ? Je revis ce vertige monstrueux qui m'a happé en elle la première fois... ça ressemblait plus à un typhon dévastateur qu'à … à quoi ? À une nouvelle appréhension du monde ? Mary est un abysse sans fond, tout de noirceur, de douleur... Une fosse marine peuplée de créatures atroces qui s'agrippent à toi pour te dévorer l'âme ! Peut-être est-ce pour ça ? Peut-être ai-je « ma place » comme le dit Cray, à côté d'elle, en elle, pour purger ces horreurs ? C'est la conclusion à laquelle je suis arrivé. Elle est peut-être fausse et présomptueuse, il est possible qu'il me suffise d'être là -à ma place- pour qu'elle initie le voyage elle-même, une fois le rejet et la surprise passés ? C'est l'impression que j'ai eue dernièrement.

-Vous faites quoi ensemble ? C'est ça qui te rassurera, je pense.

Je l'attire... On fait quoi ensemble ? Là est la question.

Rien.

Du moins pour l'instant, à part essayer de rester l'un face à l'autre sans s'arracher les yeux, se griffer ou se mordre... et tenter de s'apprivoiser soi-même parce que sans cette étape, jamais on n'arrivera à dompter l'autre ?

- Je n'en sais rien... On essaie de se supporter.  

Je soupire et porte la main à mon front... J'ai mal, mal à mon adolescence... Je me suis atomisé dans le Tout et soudainement doit redevenir moi, ce moi que j'ai rejeté parce qu'il me paraissait trop humain...

- Elle me fait le même effet que mon passeport américain... Nécessaire mais insupportable...  


Musique:

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