Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin. Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.
Les mains enserraient les bords du siège en cuir, les jointures blanchissait sous la pression. Peu importe ce qui tombait sous sa poigne, il l'aurait plié de sa force sans se retenir. Ses yeux étaient fixés devant lui, regardant dans le vide, totalement plongé dans ses pensées qu'il essayait vainement de trier. Il y avait celles sauvages, emprises de liberté qui chantait dans ses veines, l'euphorie de la chasse et de la puissance, celle naturelle et d'une beauté sublime et puis celle beaucoup plus froide, faites de calcul et de rendement qui permettent de compartimenter l'esprit de William. Pour la première fois depuis des années, il est obligé de museler son envie, sa pulsion. Il doit apprendre à maîtriser le feulement qui veut glisser le long de sa langue, cette envie de bondir et d'arracher ses vêtements pour être totalement lui. Il veut parcourir son territoire et que son ombre danse sur les murs. Juste pour sentir ses muscles rouler et avoir l'impression d'être une machine parfaitement létale et fonctionnel.
Des dossiers, des actionnaires qui défilent devant son regard vitreux, des chiffres et des contrats parfaitement classés dans son esprit bien trop organisé. Il avait un rendez-vous de programmer avec une filière du monde Gris, un modèle de voiture dessiner par ses soins. Il y a une semaine, un homme était tombé à genoux les mains liées dans son bureau. Heureusement pour lui c'était de sa propre initiative contrairement à certains qui en on perdu la vie. Il devait contacter sa sœur, cela faisait longtemps. Malkior était là, à ses côtés.
Une longue expiration, le cuir grince moins sous lui. Puis il inspire une nouvelle fois, cherche les notes froides que dégageait son garde du corps. C'était une odeur récurrente, rassurante. Elle lui était fidèle au point d'en être dangereuse. Il savait très bien que sa plus grande faiblesse était la confiance qu'il accordait à cet homme dont on savait peu. Souvent taciturne, froid et distant. Qu'il aimerait le voir parler un bandeau sur les yeux et la bouche rougie. Mais en cet instant, c'est ce qui permit de faire fuir l'embarder non contrôler de son double à rayures. La respiration se calme, la tension des épaules s'évanouit et il est de retour dans la voiture. La voix de Malkior résonne dans l'habitacle, mais lui semble d'une douceur infinie à ses oreilles. Il le regarde, voit son regard dériver un instant comme s'il hésitait. Lui-même dévisage ce beau visage face à lui, le dévore presque comme si l'image dans son esprit était réelle, celle de se pencher en avant pour venir l'embrasser dans un échange de souffle. Un simple sourire en échos, parfait reflet de celui qu'il voyait.
- Attention, tenir une telle promesse est lourd de conséquence. Nous verrons cela ensemble. Toi aussi tu auras ta chasse. Détourner son visage pour disperser d'autres images futiles qui n'auront que pour but de le perturber. Au loin il voit toujours Mr Vidal et ses deux gardes du corps, attendant visiblement quelque chose. William n'avait aucune envie de sortir et de revoir ce visage qu'il mettrait dans une case bien assez tôt, mais le travail était le travail, il ne pouvait pas fuir ses responsabilités. Mr Vidal avait tenu sa promesse, la découverte d'un nouveau Seuil et surtout d'un monde, il méritait récompense. Ne sachant pas s'il en avait parlé à d'autre personne, il ne pouvait pas l'éliminer pour plus de rapidité. Cela serait prendre un risque trop grand qui pourrait ternir sa réputation. Joyce tuait ses collaborateurs, ils seront devenus trop rare par la suite.
- Je vais dire au revoir à notre collaborateur et nous pourrons faire ce qu'on nous voudrons.
Un sourire en coin alors qu'il ressort du véhicule, toujours amusé à essayer de perturber les sens des personnes qui l'entourent. D'apparence, il n'y avait que son col ouvert qui pouvait trahir une différence dans son attitude, inflexible sur le fourmillement qui parcourt encore son corps, fait fuir loin toute envie féline. Quand il se s'anime, ses pas son calculés, tel une machine de métal qui a pour ordre d'avancer. Il entend Malkior sortir du véhicule derrière lui, toujours collé à celui qu'il devait protéger. D'ordinaire il aurait attendu qu'il soit à sa hauteur, mais il voulait régler cela au plus vite. Le temps était toujours difficile à compter quand on passait dans un nouveau monde. Peut-être qu'il n'était parti que depuis quelques-minutes, peut-être depuis des heures. Compliqué de calculer l'heure de la journée avec ces hauts bâtiments qui empêchaient le soleil de les atteindre et il n'a pas le réflexe de regarder sa montre potentiellement détraquée. Quoi qu'il en soit, il avait passé trop de temps ici. Cette porte était un attrait qu'il préférait éviter pour l'instant, il se sentait beaucoup trop désireux de ressentir à nouveau l'adrénaline et ce n'était pas bon.
- Mr Vidal, je vous remercie pour votre travail. Je confirme donc que nous nous associons.
La main se tend pour celer le contrat. Un sourire crispé se lit sur le visage de l'homme qui s'était approché prêt de William. Trop prêt. Au moment où il tend la main pour serrer la poigne du Joyce, une lame effilée sortit de la manche de son costume par un mécanisme parfaitement camouflé. Son corps se penche avant pour venir planter la dague cachée dans le ventre de son interlocuteur d'un mouvement précipité. Mut par un réflexe dû à des entrainements rigoureux, la montre de William devient liquide et prend la forme un arc tranchant qui vient découper la main traîtresse.
Un hurlement semble ramener la réalité avec brutalité, alors que les évènements n'ont duré que quelque seconde. Mr Vidal se tient le moignon, devenu livide sous la douleur. Pourtant il s'enfuit en courant, un de ses gardes du corps déjà dans son véhicule. Crissement de pneu, odeur de gomme brûlée et le deuxième garde du corps qui s'approche de lui en faisant mine de vouloir terminer l'affaire. William se tient le ventre, des pétales de rouge s'épanouissant sur sa chemise. Le souffle est court et il titube, manque de tomber en arrière. Il a conscience des pas précipités de Malkior derrière lui mais a le souffle trop court pour désigner le danger qui était près de lui. Son homme de main était bien asse efficace pour repérer un danger aussi évident. Putain, il s'était fait avoir. Alors que la douleur explose dans ses chairs, il prend conscience qu'il était logique que la rencontre de ce double fût l'œuvre de Mr Vidal. Il ne savait pas par quel processus il avait réussi à trouver son reflet, ni à tout organiser aussi soigneusement, mais visiblement il avait voulu profiter de son état troublé pour l'attaquer. Sans cela, jamais il ne l'aurait atteint. Mais pourquoi l'attaquer ? C'était risqué, inconscient. Un nom à laver peut-être ? C'était pour cela qu'il ne l'avait pas coupé en deux, seulement sa main portant le sort de Malkior. Il possédait des informations importantes.
Une de ses mains vient presser la blessure alors qu'il se penche en avant, qu'il retient son corps pour ne pas tomber à genoux. Les dents sont serrer pour ne pas laisser filtrer les grognements de douleurs. Un peu perdu il opère un demi-tour, se dirige vers sa voiture en tanguant. Respiration rapide, les oreilles bourdonnantes. Il entend vaguement Malkior agir sur l'autre garde du corps. La portière s'ouvre et il s'effondre sur la banquette arrière. Il halète, pousse un gémissement de douleur. Son regard se porte sur la plaie. Fine mais profonde, le sang commençait à envahir son ventre. Bruit de portière, la présence de Malkior qui envahit ses sens. Le véhicule vrombit alors qu'il démarre brusquement.
- Va falloir faire vite. Retour à la tour Joyce.
Donner des directives même dans un état critique. Une voix calme malgré la gravité de la situation.Mais calmer les battements de son cœur permet d'apaiser l'afflux sanguin. Il y avait un étage de soin dans la tour et il était confiant sur la qualité des résultats. Il espérait seulement que les dégâts n'étaient pas trop importants. Un gémissement qui sort de sa bouche pourtant serrer. La tête est rejetée en arrière et les yeux roulent dans les orbites alors que la douleur fuse dans tous les sens. Il avait l'impression qu'on était en train d'insérer une braise par le trou dans son ventre. D'une main ensanglantée il appui sur la carrosserie pour profiler le véhicule pour la vitesse.
- Si je m'évanouis, appelle les urgences, tu as une reconnaissance vocale sur tout le bâtiment.
La voix s'essouffle. La vison se trouble. Et une pensée lui arrache un demi-sourire. A croire que cette journée est faite pour faire exploser Malkior.
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Mandrin
Mar 12 Déc - 22:52
Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.
Quel soulagement d'être revenu dans leur domaine... Là où Malkior pouvait enfin faire usage de ses pouvoirs.
Dans une grande inspiration, il emplit ses poumons et happa profondément tout ce qu'il pouvait percevoir de l'énergie vitale qui parcourait le corps poreux de son ennemi. Ses paumes plaquées sur la mâchoire anguleuse ressentaient une transformation subtile sous sa pression, comme si aux cellules se substituaient les cendres. Mais ce dont l'ennemi se vidait n'était pas perdu.
Malkior avait la sensation satisfaisante et cruelle, professionnelle aussi, dans un sens, d'essorer une éponge jusqu'à la débarrasser de tout son liquide. Quand il rouvrit les yeux, l'homme entre ses mains n'était plus qu'une loque hagarde qui luttait pour respirer. Un poisson hors de l'eau. Il aurait été si facile de l'achever. Mais le garde du corps de Joyce se moquait royalement de ces miettes de vie qui lui restaient, et du peu qu'il en ferait.
"Vous et vos tentations... Un jour c'est moi qui vous tuerai. Vous m'avez fait perdre mes moyens quelques secondes, et voilà. Je parie que vous êtes fier de vous. Ne parlez pas," coupa-t-il en levant la main dans un geste préventif. Il s'octroyait le droit de râler en conduisant, au pire il pourrait nier plus tard et mettre cet accès de familiarité sur le compte du délire du blessé.
A propos de cela, il se rendait compte tout à coup qu'il était lui aussi atteint par quelque chose qui le ralentissait. Qu'est-ce que c'était ? Ces viles créatures avaient emprunté au monde voisin une forme de drogue dont il ignorait tout, et contre laquelle ses diverses techniques de mithridatisation passées n'avaient pas d'armes toutes faites. Il avait presque la nausée tant la tête lui tournait, il lui semblait être embarqué dans une de ces ridicules attractions foraines des territoires les plus festifs, où il ne se rendait qu'avec une grimace froide - les territoires, jamais les attractions. Au grand jamais.
Mais au moins, il ne délirait pas. Il était parfaitement et douloureusement conscient. Et peut-être cette sensation d'horreur montante qui lui nouait la gorge n'était-elle qu'un résultat de sa conscience aiguë de l'hémorragie à ses côtés. Il ne pouvait pas arrêter le sang, il n'avait aucune capacité dans ce domaine. Les vampires peut-être ? Celui qui était resté dans le bâtiment pouvait sans doute aider, d'une manière ou d'une autre. En tout cas, ce serait fortement apprécié.
Oh, si ce vampire désaxé lui permettait de sauver William, il aurait une dette terrible à son égard. Il ne voulait même pas y penser. Rester calme... il sentit son pouls ralentir consciemment et un voile passa devant ses yeux. Il aurait fait un pacte avec n'importe qui en cet instant, et un vampire, ce n'était jamais qu'un frère de faction (ce qui ne le rendait pas fiable pour autant, loin de là.)
"Je ne vous perdrai pas. Vous vous relèverez cyborg s'il le faut. Vous vous relèverez fantôme. Mais vous vous relèverez."
Son regard foudroya son patron. Tout en conduisant, il lui empoigna le bras, appliqué à reverser de peau à peu cette vie ardente qu'il avait happée à même le visage de son adversaire de tantôt, en l'écrasant entre ses paumes de toutes ses forces. Sa poigne était moins agressive à présent, mais tout aussi ferme, comme sa résolution qui lui faisait presque oublier sa propre sensation de malaise. Il en notait les symptômes pour les traiter plus tard, mais en ce moment, il n'avait pas le temps.
"Mes promesses ont des conséquences pour vous autant que pour moi, William. Et oui, c'est une menace." Il releva les yeux, cherchant son objectif dans la circulation effrénée. Le sang battait à ses tempes, lentement, mais avec la force d'un glas, comptant les précieuses secondes. Ils allaient arriver. Sa mâchoire lui parut engourdie, avait-il serré les dents si fort ? Une première inspiration se bloqua dans sa gorge, puis une deuxième. Il étouffait.
Sur un écran apparut la chambre du vampire, où ce dernier se reposait. Il venait lui aussi d'un monde aplani, où les poisons devaient suivre les mêmes limitations. Malkior articula avec peine : "Monsieur Joyce... Hémorragie interne. Moi" - c'était lui, à présent, le poisson hors de l'eau. Si seulement il avait pu infuser cette force vitale qu'il perdait, directement dans le corps de son patron, blême à ses côtés. "Paralysie, muscles visage, gorge -" Il ne pouvait pas aller plus loin. Alors que le véhicule, toutes alertes clignotantes, s'arrêtait sur la plate-forme de la Tour où s'affairaient des androïdes armés de matériel médical, Malkior sentit que la paralysie gagnait sa poitrine, et s'immobilisa complètement. A partir de maintenant, il était à la merci d'une chose : sa propre capacité à maintenir une apnée paisible dans des conditions de crise absolue.
Ensemble, songea-t-il, alors qu'on les sortait du véhicule pour les placer sur des civières médicalisées, et que toutes sortes d'appareils déployaient leurs bras articulés pour scanner leurs moindres paramètres. Il ne pouvait plus tourner la tête, pas plus que clore ses paupières ; mais il savait que William était allongé à ses côtés et que tout allait être pris en charge à présent. D'ailleurs, qu'aurait-il pu faire de plus ? Ses connaissances en médecine se limitaient à des champs autrement plus ténébreux.
Dans son champ de vision apparut l'étrange silhouette du vampire. Lui, pour sa part, était médecin, songea Malkior alors que son esprit s'obscurcissait davantage d'instant en instant. Et il semblait comprendre d'instinct l'usage des appareils qui se mettaient en place autour des deux corps. Derrière son visage à l'expression morne et pincée, le ciel changea de couleur alors que la bulle de vitres blindées se refermait sur la plate-forme, comme la corolle d'une fleur à la tombée du soir. Une voix annonça qu'ils se trouvaient maintenant dans un espace stérile, et un androïde remit au vampire de quoi s'équiper pour éviter de contaminer la zone d'intervention.
"Intubation impossible," remarqua Ismaylov, au travers d'une brume de plus en plus épaisse. "Je vais procéder à une trachéotomie d'urgence."
William, pensait Malkior, de toutes ses forces. Occupez-vous donc de sauver William. A ce point, il perdit conscience. Il lui sembla simplement cligner des yeux mais il se rendit compte tout à coup qu'il était allongé dans la chambre de son patron. Surpris, il ressentit ensuite des sources de douleur plus ou moins dérangeantes ici et là à travers son corps, l'une étant une crampe au niveau de sa main. Il tenait celle de William et la voix du vampire annonça de nouveau : "Vous êtes au repos, tout va bien. Oh, enfin ! Nous avons hésité à vous briser les doigts pour vous décrocher," dit-il avec un petit rire, en voyant le garde du corps relâcher enfin sa prise. "Cette toxine a d'étranges effets. Bref, n'essayez pas de parler pour le moment. Vous êtes relié à l'écran sur votre front par une électrode. Pensez le mot : écrire, puis formez une phrase, vous allez voir."
Malkior le détestait sans trop savoir pourquoi, sans doute parce que cet être détaché de tout était trop calme à son goût. Il paraissait aussi dénué de passion que la première plante verte venue. Ecrire. "Quand William va-t-il se réveiller ?" lut le docteur Ismaylov, le regard fixé sur cette pression agaçante qui obsédait les nerfs crâniens de Malkior, l'impression de porter une lampe frontale. "Oh, en même temps que vous, c'est peut-être même déjà fait. J'ai dû l'endormir plus lourdement, il y avait beaucoup à recoudre au niveau interne. Merveilleux matériel que vous avez dans cette demeure, dites-moi. Un bon chirurgien ferait fortune ici."
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Ezvana
Jeu 11 Jan - 21:07
William Joyce
Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin. Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.
Tout n'était qu'un amalgame de sensation. A l'arrière de cette voiture, il sentait les douces vibrations du véhicule qui semblent le bercer et pourtant il y avait la voix de Malkior qui parfois troublait le cocon de coton dont l'esprit de William s'entourait pour surpasser la douleur. Il se souvient d'avoir ricaner en l'entendant proférer des menaces, avoir ressenti un filament glacé quand il entend la promesse fatidique. L'esprit tente de comprendre le sens profond de cette phrase bien trop importante pour passer à côté, lutte contre cet état comateux qui le laisse pantelant. Une énergie nouvelle s'insuffle dans son corps tel un serpent de feu qui s'enroule autour de ses muscles et de son cœur pour l'aider à tenir le rythme. C'était agréable et déstabilisant, comme une douce saveur d'une nourriture inconnue. Un grognement de douleur glisse à nouveau entre ses lèvres, les yeux entrouverts ont le temps d'apercevoir sa propre main rouge d'hémoglobine. Il lutte pour essayer d'apercevoir Malkior face à lui, mais le corps s'affaisse et l'esprit est emporté dans une vague trop puissante pour lutter.
Il plonge dans ses pensées perturbées par les sensations extérieures. Parfois il avait une nette conscience de ce qui l'entoure comme cette odeur qu'il reconnaissait quand ils arrivent dans la tour Joyce, parfois il était plongé dans un semi-rêve ou il pense encore à cette sensation terrible qui l'avait pris dans ce nouveau monde. Il était plus facile de se glisser dans ce reflet miroitant plutôt que de réfléchir à la douleur et aux probabilités de survie. Pour une fois, le géant de métal se laisse porter par les mirages chimériques. Il avait eu peur, lui qui ne craignait plus vraiment le danger dans la Ville malgré son état actuel. C'était dû à une erreur, un calcule mal effectuer et un résulté erroné. Jamais cela n'aurait pu se produire normalement. Mais jamais encore il n'avait eu si peur de perdre le contrôle lui qui était si maître de lui-même. C'était terrifiant, c'était grisant. C'était comme prendre une drogue en intraveineuse, de celle qui multiplie les sensations et fait gonfler les muscles. Car même s'il avait eu l'impression que ses muscles étaient prêts à se déchirer, c'était l'absolu liberté et puissance qui l'appelait. Il se sentait frémissant, ayant terriblement envie d'y retourner juste pour ressentir à nouveau cette sensation. Mais Malkior lui avait promis un terrain de chasse. Cela l'apaise, met de côté ce frisson qui lui lèche l'échine. Ce fut sa dernière pensée cohérente avant de plonger dans un coma profond.
Il a juste l'impression d'avoir dormi, son horloge interne complètement bouleversé entre la sortie dans le nouveau monde et cette pause dans un coma artificiel. Lentement cela reprend forme, comme une fumée qui se modèle lentement en une boule de pensée cohérente, comme si le rêve le lâchait doucement pour qu'il reprenne conscience. Il entend son cœur battre, il sent une douleur latente vers le flanc gauche. Sa propre respiration semble être un soufflet de forge, c'est presque s'il entend la circulation sanguine. Quelque chose dans sa main gauche l'ancre dans le présent, c'était une chaleur diffuse semblable à son propre palpitant qui vibrait de vitalité. Instinctivement il veut serrer cette ancre tel un papillon de lumière qui risque de s'envoler. Puis un grésillement lointain l'agace, un son qui le force à émerger de cet état végétatif. C'était brouillon, sans forme. L'esprit embrumé de William n'arrivait pas à mettre des noms sur cette description maladroite. Son esprit rationnel reprenait le dessus, les pensées reprenaient forme et les souvenirs se gravaient dans sa mémoire. Agacé, presque enragé, il lutte, combat cet état qu'il ne devait pas entretenir. Animal groggy qui essaie de se débattre d'une drogue anesthésiante, il sort les griffes et dans un silence pesant, agresse cette léthargie qui le mettait mal à l'aise. Une lutte sans merci pour les dernières miettes de produits dans une immobilité totale. Il sut alors que ce qui était dérangeant était la voix du Vampire, le médecin et non l'autre danger public. Cela ne le rassure que trop peu. S'il était là, c'est que la situation fut beaucoup plus critique que prévu ou que Malkior a demandé son aide. Pas l'ombre d'un mouvement pour perturber ce monologue alors qu'il tend l'oreille pour entendre son garde du corps. Mais il n'y avait aucun son qui sortait de cette bouche, seulement Ismaylov qui répondait aux questions muettes.
L’inquiétude lui noue l’estomac et la douleur pleine et entière l’arrache définitivement aux bras de Morphée. Il sentait la main de son acolyte dans la sienne et il exerce une pression douce de ses doigts pour se rassurer, trahissant son éveil. Une réponse lui est accordé, chaleur doucereuse qui lui permet de prendre une grande goulée d’air frais avant d’être retiré. Sa large poitrine se soulève, Robot de chair qui semble reprendre vie. Il ouvre les yeux et les laissent grand ouvert pour que sa vision s’aiguise. Tourner son visage sur le côté pour apercevoir le rouquin qui l’observe en retour. Il le dévisage, cherche un indice sur cette gorge pâle et il comprit le pourquoi du silence forcé.
L’animal en lui feule mais il le contient en affichant un léger sourire, plein d’une tendresse qu’il ne dévoile jamais. C’était privé, intime, mais même la présence du Vampire n’arrive pas à le gêner. Il était tout simplement heureux de voir son ami vivant. Il se redresse et son attitude professionnelle reprend le dessus. D’un geste sec il repousse les draps, observe son flanc d’un œil critique. Il y avait une cicatrice encore visible et cela l’atteint. Son corps était intact de toute trace visible de ses déboires, aucune tâche, aucun tatouage pour venir ternir la machine. C’était juste qu’il fallait que son corps se rétablisse entièrement avant de procéder aux séances lasers qui feront en sorte que son enveloppe retrouve sa netteté originelle. Un grognement alors qu’il se met au bord du lit et qu’il se met debout. Le Vampire fronce des sourcils et lui recommande de ne pas forcer. Un regard bleu lui ordonne de rester à sa place. Personne n’avait à lui donner d’ordre, même un médecin.
Entièrement nu il prit conscience qu'il était dans sa chambre alors qu'il se dirige vers son dressing pour chercher un peignoir. Bien qu'il ne fût pas pudique, il avait des manières de faire. La sensation froide sous la plante de ses pieds semble l'ancrer plus facilement que la chaleur ouatée des draps. Il prit plusieurs décisions avant même de retourner dans la chambre attenante.
- Je vais contacter l'Araignée. Je vais envoyer des échantillons de ton sang pour qu'il détermine la toxine. C'est sa spécialité. Il m'enverrait son antidote.
Hors de question qu'il puisse mettre un pied dans la tour Joyce. Non seulement c'était l'assassin royal de l'onyx, mais en plus il avait un passé avec son garde du corps. Il n'en connaissait pas les tenants et les aboutissants, mais entre les deux ce n'était pas l'amour réciproque. Mais il ferait son travail, rien que pour son double qui se balade à la frontière de son quartier.
Une main passe dans la longue chevelure blonde et la rejette en arrière alors que l'éclat ambré trahit son émoi intérieur. Il détourne son regard pour ne pas trahir son pouvoir devant le Vampire.
- Je veux retrouver Vidal et lui arracher ce qu'il a comme information. Mais je ne le ferais pas seul.
Un regard pour son garde du corps. Pour une fois, il voulait se salir les mains et voir la vie quitter cet individu. Mais il n'empêcherait pas Malkior d'avoir sa traque. Après tout il était son compagnon de chasse. Sa vision se trouble un instant, son corps oscille alors qu’il s’ébroue pour chasser le malaise passager. Un raclement de gorge alors qu’il dégaine un téléphone portable et qu’il demande d’accéder au dossier avec un numéro de chiffre et de lettre à rallonge. Une sécurité pour ne pas qu’Ismaylov puisse retrouver le collaborateur, le numéro de dossier changeant régulièrement par ses soins. Un tel contact se devait de rester discret. L’appel terminé, les fioles d’hémoglobine étaient déjà envoyées.
- Je vais devoir superviser un début de recherche pendant que tu es alité. Notamment sur les liens qu’il peut avoir avec ma famille. Pendant ce temps… Prend le temps de te reposer. Quand tu seras remis tu n’en auras plus l’opportunité.
C’était sa manière de lui souhaiter un bon rétablissement. Mais le mécanisme devait rester efficace, il n’était pas tolérable qu’il puisse en être autrement. Il se tourne vers le Vampire et l’observe un instant.
- Je vous remercie pour votre… aide. Je peux vous dédommager, dans la limite du raisonnable. Que désirez-vous ?
C’était autant pour payer sa dette que de fidéliser une nouvelle recrue. Si le docteur Ismaylov se considérait comme bien accueillis, certainement qu’il se retournera vers le Diamant pour d’autre affaire. Et même s’il était encore qu’un adolescent aux yeux de la Ville, William ne doutait pas qu’il développera des talents utiles. Il l’avait prouvé aujourd’hui.
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Ven 12 Jan - 23:34
Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.
"Vous pouvez lui transmettre cette observation de ma part, avec mes amitiés : les effets m'ont rappelé ceux de la tétrodotoxine dans notre monde, mais concentrés principalement sur la gorge et le thorax," suggéra le docteur avec amabilité. Il remarquait que son patient remuait la main, pour réclamer l'autorisation de s'exprimer, et le laissa intervenir ; ses mots lui parurent légèrement énigmatiques.
Je le lâcherai dans une forêt vierge - Il avouera tout - Nous n'en laisserons rien -
En tout cas, ça ne présageait rien de bon pour ce cher Vidal. Eh bien, on pouvait dire qu'il l'avait activement cherché ; tant pis pour lui. Ismaylov haussa les épaules, ne souhaitant aucunement en savoir plus sur leurs projets, et ajouta comme si de rien n'était :
"Si j'étais encore chez moi, j'aurais pensé à une arme biologique élaborée volontairement, en laboratoire, à partir d'une souche de ce venin animal. Mais qui sait... Tout est possible."
Ismaylov avait fixé son regard dénué d'expression sur le patient étendu au lit. Il se rendait compte que son calme était une façade, l'obéissance absolue à l'ordre reçu, même s'il avait été formulé d'une voix douce. Cette statue humaine à la couronne rougeoyante était plus qu'un soldat, c'était un gladiateur fanatique. Où avait-on trouvé ce spécimen ? Oh, dans une arène quelque part, sans doute. Le sable devait aller assez bien à son corps nu. Quel goût pouvait-il avoir précisément ?
"Là d'où je viens, je pouvais refermer une blessure comme celle de sa gorge en buvant son sang, ici je ne sais pas si ça marcherait... Quant au prix de mes services..."
Silence. Ces hommes aux passions dévorantes sous une surface de papier glacé ne le comprendraient jamais. On lui avait arraché le coeur cent fois et il n'aurait même pas su décrire ce qui l'avait remplacé.
"Je n'ai pas souvent envie de grand-chose," avoua le docteur en regardant le bout de ses ongles. Mais il ne pouvait pas réclamer un chèque en blanc d'un homme d'affaires aussi habile. William Joyce ne faisait pas de pactes avec le diable et certainement pas avec un random vampire tombé de la galaxie d'à côté, à peine capable de lire un plan de sa ville. Est-ce qu'il y avait des plans de cette ville ? Voilà qui aurait été utile, mais Ismaylov en doutait. Il ressentait un manque de sécurité criant.
"Un domaine. Avec un nom adapté à votre société qui s'y attache. Je suis satisfait de me tenir à votre disposition ici même, mais si vous voulez me rémunérer, financez mon domaine. J'y ferai construire -" Les mots lui échappèrent avant qu'il en ait pris conscience et une lueur s'alluma au fond de ses prunelles, le reflet de tout le sang qu'il avait versé et regardé verser au cours de son ancienne vie, revenu d'un coup le hanter, toute cette marée sordide à laquelle il n'avait eu le sentiment de s'extraire qu'à quelques rares occasions- "une montagne."
Le soleil, cet oeil maudit et sans pitié, l'avait empêché de pratiquer ce loisir pur et éreintant qui lui donnait autrefois un vague sentiment de liberté. Il voulait retrouver cette impression, d'être au-dessus du monde, de fouler la neige vierge, de s'écorcher les mains à hisser son stupide corps lourd et imparfait loin au-dessus de la mêlée, au-delà du voile des nuages. Il voulait retrouver cette solitude glorieuse. Et regarder en bas et voir les nuages s'imprégner de sang dans les lueurs changeantes du temps qui passe. Voilà un souvenir qui parvenait à lui inspirer une forme d'émotion.
Était-ce une requête folle ? Honnêtement, il ne le savait pas et il s'en moquait. D'autres faisaient bien davantage ici, à ce qu'il lui semblait ; c'était un royaume tissé de caprices. Et puis, on l'avait toujours tenu pour fou, pour une raison ou une autre. Un peu plus ou un peu moins ! Son esprit scientifique était curieux de décortiquer le titre qui pouvait lui échoir. Quelle paperasse on lui réclamerait ici, quels espions on placerait dans son entourage. Tout cela était très intéressant. Il demandait l'autorisation de renaître sous des cieux qui ne le priveraient pas de la moitié de ses journées ; et quitte à faire étant adulte, il pourrait en observer chaque petit détail. Voilà ce qu'il était allé chercher au-delà de cette innocente porte de bar, il le comprenait pleinement désormais. Jamais il ne reviendrait en arrière.
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Ezvana
Lun 15 Jan - 22:28
William Joyce
Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin. Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.
William ne fit aucun commentaire sur la demande particulière du Vampire. Des extravagances il en avait vu et même financé sans poser de question. Chacun ses demandes et ses envies, c'était personnel et tant que cela ne pouvait pas le gêner d'une quelconque manière, il ne refusait jamais. Ce qui l'étonnait c'était son envie de possiblement rester dans la tour Joyce, souhaitant quelque chose de relier à sa société. Méfiant, l'homme se pose plusieurs questions en se demandant ce que cela pouvait apporter à ce médecin qui avait encore tout à découvrir ici. Il aurait pu rêver de liberté, d'un monticule de richesse, un nombre de servant Humain pour satisfaire sa Soif insatiable. Mais non.
- Vous me direz où vous désirez vous installer, si vous désirez rester dans ce quartier ou non. Pour les financements, vous pouvez considérer cela comme acquis. Une fois que les papiers seront signés.
Ne pas perdre la vision globale pour ne pas s'embourber dans des affaires qui le bloqueront à un moment ou un autre.
- Quant à la blessure, gardez vos canines rangées. Nous avons nos propres moyens de parvenir à nos fins.
Une voix polie, lisse, pour ne pas laisser trahir que l'idée le dérangeait profondément comme on est rebuté à l'idée de voir une blessure s'élargir et le sang maculer la peau. Jamais encore des canines n'ont percé sa peau et pourtant l'idée lui avait traversé l'esprit plus d'une fois. Lui qui avait des pratiques déviantes pour le commun des mortels, à jouer avec les sens oscillant entre le plaisir et la douleur, il voulait savoir ce que l'on pouvait ressentir par une telle morsure. Mais instinctivement, sentir l'étau d'une mâchoire prêt de sa gorge le met mal à l'aise et agite son instinct de survie. Imaginer Malkior dans une telle position le troublait. Excitation ou mal-être ? Il ne voulait pas se poser la question.
- Je vous enverrais tous les papiers dans vos appartements. Je vous remercie pour votre aide
Une façon manière de congédier le Vampire. Il n'oubliait pas qu'il avait du travail à rattraper et il se doutait de l'arriver d'une personne dans l'heure qui suivra. Un droïde arrive pour raccompagner l'invité et William se dirige d'un pas appuyé vers son bureau où il récupère son ordinateur portable pour revenir dans la chambre et il tourne l'écran de Malkior dans sa direction avant de s'installer dans son lit en ouvrant différent dossier.
Curieuse image de ce forcené du travail qui se permet une telle dérive, à s'installer ainsi sur son luxueux matelas aux côtés d'un soldat tombé à terre. Ce n'était pas dans ses habitudes lui si attaché à ses routines dirigées d'une main de fer, cycle rassurant qui apaise ses angoisses latentes de perte de contrôle. Son bureau, c'était son temple, son lieu de prédilection. Là-bas il avait les idées claires et l'assurance de réussir tout ce qu'il pouvait entreprendre comme s'il pouvait saisir le monde de sa poigne. Mais il fait une incartade à tout cela pour être aux côtés de Malkior. Il avait asse de personnel pour surveiller chaque seconde son homme de main, il avait tous les soins nécessaires pour agir pour chaque problème. Qui sera là s'il veut communiquer ? Une simple phrase pour se donner une excuse.
Sans rien dire il commence à chercher, envoie des mails à certaines personnes pour différents problèmes, il devait annuler des rendez-vous et en prévoir de nouveaux, un contre-rendu sera remis plus tard, il devait établir un contact avec différent collaborateur pour retrouver ce Vidal. Parfois un soupir filtre entre ses lèvres, ses yeux faisant souvent des allées et retours vers l'écran pour vérifier si le rouquin ne souhaitait pas lui parler. Ses doigts blanchissent sur les bords de son ordinateur portable qui couine sous la formidable pression. Il montait surement en pression, entre le désordre occasionné par cette entrevue, le fait qu'il n'était pas dans son élément habituel puis le stress de l'arrivée imminente, il commençait à ressentir une fatigue due aux drogues. Jambe qui se croise alors qu'il s'étend un peu plus dans le lit pour être plus confortablement installé. Pourtant il était raide comme un bâton, complètement étranger à cette façon de faire. Mais il reste ainsi un long moment, plongé dans ses affaires avec une minutie presque militaire.
Il dégaine son téléphone et compose un nouveau numéro. Il patiente alors que cela sonne dans le vide, seconde après seconde, une attente qui l'agace et fait tourner sa langue dans sa bouche. On décroche enfin et des bruits de gémissements se font entendre en fond, si fort qu'il en est obligé de reculer le téléphone de son oreille. Un échange de regard avec Malkior avant de desserre sa mâchoire contractée.
- Mr Lianev, j'aurai besoin de vos aptitudes dans peu de temps.
Un instant le géant blond ferme les yeux pour ne pas dévoiler l'agacement qui tire les traits de son visage et reste maître de sa voix.
- Non pas chez vous. Un autre monde. Un homme dont l'importance est capitale, doit rester en vie. Je vous tiens au courant prochainement.
Il raccroche vivement en entendant les exclamations bruyantes d'un étonnement profond de ce Vampire pour l'existence d'un autre monde, coupant net les railleries qui ne cessent de tonner.
- Tu vois, parfois je t'écoute.
Un regard de côté, l'air presque narquois. Il n'avait pas laissé l'idée de lui aussi découvrir un peu plus cet univers mais cette attaque avait calmé ses ardeurs. Être raisonnable c'était bien aussi. Agitation inhabituelle, des exclamations bruyantes dans le salon et des bruits de talons qui martèlent le sol. Une femme arriva furibonde, son carré blond s'agitant en tout sens alors que ses yeux bleues semblent lancer des éclairs. William pousse un soupir et sort du lit pour accueillir la femme qui ne cesse de repousser sèchement la main d'un droïde.
- Depuis quand je suis obligé d'être prévenue par l'I.A centrale plutôt que par toi quand il t'arrive quelque chose ?!
- Je suis debout et en pleine forme, Lisa.
Celle-ci arrache les pans de son peignoir, ignorant superbement le fait que son frère soit nu en dessous, ses yeux se plissant à la vue de la cicatrice rose.
- Jamais cela n'aurait dû arriver. Son regard incendiaire dérive sur le lit où elle voit Malkior et elle peine à maîtriser le dégoût qui se lit sur son visage. Et lui qu'est-ce qu'il fou là ? Il n'est pas censé te protéger ce Saphir ?! Je t'avais dit que nos prototypes militaires étaient bien plus efficaces !
William tente de rassurer sa sœur, pose sa main sur son bras pour la contenir, d'une patience qu'il n'a pour personne d'autre qu'il déploie avec délicatesse. Sa sœur, c'était ce qui lui restait de famille. Et William ne tenait pas spécialement à concevoir d'héritier pour garder son contrôle sur son empire, plantant ses griffes avec fermeté. Et puis il vivrait très longtemps, les technologies étant formidables il pourrait ne pas y penser avant des générations, évitant ainsi un potentiel rival. Il n'oublie pas qu'il a évincé ses propres parents, comme le veut la coutume. Si tu n'es pas asse bon pour supplanter la hiérarchie, tu ne méritais pas le nom de Joyce. Des plans plus sombres font parfois surface dans l'esprit de l'homme de métal, celle d'un pouvoir unique et total. Sa sœur avait parfois tendance à ne pas fonctionner de la même manière que lui, troublant ses constructions et mettant à mal ses sentiments pour elle. Peut importe les liens qu'ils avaient, que parfois c'était plus que de l'amour fraternelle qui dérape dans des réunions tardives et secrètes. Si elle devenait gênante, il devrait agir.
Un droïdes infirmier arrive pour administrer à Malkior un mélange qui lui permettra de guérir plus vite, un mélange de plasma de Lycan et d'autre teneur qui n'intéressait pas William qui pousse sur le côté sa sœur. Celle-ci est tellement surprise que cela la sidère et elle ne prononce plus un mot que son frère pose des questions d'ordre médical. Apparemment l'Araignée avait fait vite, reconnaissant la toxine rapidement et avait envoyé un antidote. Ismaylov à bien fait de lui préciser la nature du paralysant, cela n'a fait qu'accélérer le processus. Il était clair qu'elle ne comprenait pas pourquoi il s'était entouré d'une telle personne, sa jalousie crevant les yeux. Avant, c'était vers elle que William se tournait pour ses déboires. Depuis que ce mort-vivant faisait partie de la vie de son petit frère il s'était éloigné avec un flegme glaçant. Et puis un Saphir au sein même de la famille régnante d'un autre quartier, c'était mal vu. Dérangeant.
- Tu ressens un effet ?
William c'est tourné vers Malkior après quelques minutes d'interlude avec l'infirmier, l'air soucieux.
- Tu devrais être à la poursuite de cette enflure qui t'a fait ça.
Serpent qui croise les bras et lance un regard venimeux sur le flamboyant, mettant en avance son inefficacité.
- C'est ce que je suis en train de faire. Et toi tu devrais être en réunion avec le général Marven, non ?
Son ton c'était durcis, sa générosité ayant atteint une limite. Il ne se tourne même pas vers Elisabeth, restant devant son homme de main alors qu'il attendait une réponse qui pourrait peut-être faire partir cette crainte qui ne cesse de prendre de l'espace dans son cœur.
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Mandrin
Mar 16 Jan - 23:03
Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.
Le remède inspirait une légère méfiance à Malkior, parce qu'il savait que cela venait de l'Araignée. Quels étaient les sentiments de cette créature à son égard aujourd'hui ? Après les nombreux et sanglants affrontements qui l'avaient opposé à lui et à son cyborg de protégé, au fil des années ? Ils n'avaient plus rien en commun aujourd'hui mais le manadier aux chevaux de métal était le produit de son corps, même si Malkior y avait prélevé sa dîme de chair par le passé et ne l'avait jamais approché pour d'autres raisons. Cela faisait-il de l'Onyx à huit pattes son beau-fils ? Tout cela lui mettait un goût amer en bouche, mais il avait failli s'étouffer sur bien plus amer aujourd'hui. Et il n'avait pas le choix d'accepter son traitement.
Chassant ces pensées familiales dérangeantes, pour se consacrer à celles qui occupaient son patron, il hésita à réclamer d'être transporté ailleurs. Pourquoi pas, il aurait pu dormir, les laisser en tête à tête. Mais sa place était ici et pas ailleurs. Il avait failli à préserver la sécurité de monsieur Joyce. Il ne chercherait plus à vivre sa vie de son côté, désormais. Ils n'avaient qu'une seule vie.
Dans un effort pour se redresser, tâchant de démontrer au passage à la femme agacée qu'il pouvait se remettre en selle et assurer ses fonctions, il grimaça et coupa son propre souffle, craignant la brûlure de l'oxygène dans ses poumons. Il sentait parfaitement l'effet du remède et ne doutait pas qu'il allait remarquer la différence, mais il avait peur de découvrir des effets secondaires qui l'affaibliraient davantage encore au regard de cette juge sévère, qui ne demandait qu'à l'attaquer verbalement. En retirant le matériel médical auquel il était relié, il préféra utiliser son appareil électrique pour s'exprimer, encore une fois.
"L'Araignée n'a qu'à rabattre Vidal en direction de cet autre monde et le lâcher dans leurs jungles. Nous lui donnerons la chasse. Il avouera tout."
Son regard suivit le vampire qui avait quitté les lieux depuis quelques minutes déjà. Il n'avait pas apprécié non plus son aimable proposition.
"Les autres n'ont pas à mordre. Ce privilège nous revient. Nous sommes la Mort."
La vie de William était désormais la sienne, de même la sienne appartenait à William, et avec elle, ses à-côtés terribles. Et la Mort n'avait pas à craindre le regard lourd d'une jeune femme au crâne plein de questions. Il débrancha également l'appareil qui lui permettait de parler, et prit une grande inspiration. A voix haute, il dit : "Je vais bien."
Sa voix était déchirée par la rudesse urgente des traitements appliqués. Une voix de bête fauve qui s'essaie aux accents humains. Il avait l'air de gronder, dans un souffle, pour ne pas faire peur. Mais il respirait, et sa taille se redressa, défiant tout ce qui pouvait l'attendre, d'un regard accoutumé à transpercer les obstacles. L'heure n'était pas aux saluts plus bas que terre.
"Vous pouvez vous rendre sans crainte à votre réunion, Madame," articula-t-il à travers une gorge brûlante, mais sans rien montrer en surface. "Nous sommes plus forts que nos ennemis."
S'il avait pu se transformer lui aussi sous une forme bestiale, aucun doute qu'il aurait trouvé sur cette peau limpide le parfum de son employeur, cette trace familière qui remonte à des années d'intimité et ne doit rien aux liens du sang. S'effacer n'était pas dans ses intentions. Il ne quitterait désormais Joyce que sur l'ordre de ce dernier. Quel était ce sentiment confus qui se débattait dans son âme ? Tout de même pas de la culpabilité. Il était un combattant de toujours, il avait des océans de sang sur les mains.
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Ezvana
Lun 22 Jan - 2:35
William Joyce
Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin. Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.
Une nouvelle moue déforma la bouche maquillée de la femme en entendant Malkior. Contrairement à son frère qui était dans une apparence aussi lisse que possible, elle ne se retenait pas d'afficher des expressions sur son visage et d'ainsi exposer ses pensées profondes. Trop éloigné du commun des mortels, volant bien trop haut au milieu de ses buildings chromés pour se sentir comme ceux d'en bas. Elle était bonne manipulatrice, capable de charmer presque n'importe qui pour passer affaire tout en restant dangereuse avec ses ondes envoyées de ses mains. Mais avec l'homme de main de son frère, elle ne pouvait pas se retenir.
- Si vous étiez si fort, tout cela ne se serait pas produit. Et je n'ai pas d'ordre à recevoir de… vous.
William c'était redressé, resserrant les pans de son peignoir d'un geste sec, froissant le tissu aussi fluide que de l'eau en mouvement.
- Douterais-tu donc de mes capacités ? Elle hausse un sourcil et le ton du Géant blond se durcit.C'est moi qui fais confiance aux capacités de Malkior. S'il y a eu erreur, c'est de ma faute. Si tu renies son travail qu'il effectue à mes côtés depuis toutes ses années, c'est que tu es incapable de m'accorder ta confiance.
Elle s'adoucit et tente d'apaiser la colère latente de William. Mais il se contente de la congédier, de retourner à son rendez-vous important. Ils auront une conversation plus tard et qui sera privé. Etaler ainsi ses déboires n'était pas dans les habitudes de l'homme qui refuse de perdre le contrôle de la situation, même pour sa sœur. La ligne de ses épaules s'affaisse un peu lorsque la blonde n'est plus dans son appartement, il exhale un soupir de fatigue et sans y penser sa main se porte à sa blessure alors qu'il ferme les yeux un instant.
- Navré de cet interlude improvisé.
Deux fois il venait de se mettre dans une position inconfortable. A mettre la faute sur lui et à s'excuser. A croire que les drogues font toujours effets. Cela lui arrache un semblant de sourire. Rejeter ses cheveux d'une main fébrile tandis qu'il ignore tout le monde pour se diriger à nouveau dans son dressing pour aller chercher des sous-vêtements, un qu'il enfile et un autre qu'il vient lancer sur le lit sans mot. Il a toujours eu de quoi vêtir Malkior, des pieds à la tête, dans son dressing personnel. Personne ne posait la question à voix haute, bien que les sous-entendus fleurissent au sein de conversations chuchotés.
Dans ses pensées, l'homme triait ce qu'il devait faire dans l'ordre. L'idée de Malkior d'envoyer L'Araignée était en soi une bonne solution, si seulement celui-ci était capable de survivre dans ce nouveau monde. Dans celui des Vampires il était incapable d'agir, entité trop ancrée à la Ville pour survivre à un monde sans réelle magie. Il devait être capable de rabattre Vidal dans une forêt.
A voix haute il demande à l'I.A centrale de lui ramener dans la chambre le petit robot volant discrètement dans son bureau et d'appeler la personne portant un certain nombre de numéro. William se tourne pour donner vers un mur vide et non vers Malkior, attendant qu'on lui réponse. A nouveau il patiente longuement, le nez se pinçant sous l'agacement. Comme quoi ils étaient bien doubles ces deux troubles fêtes. Enfin on lui répond et un visage gris aux yeux jaunes apparut face à lui tel un hologramme particulièrement fidèle à la réalité.
- Vous en avez mis du temps.
- Je n'ai pas l'habitude de votre matériel Diamant, Joyce. Et oui, malgré Judex. Il l'avait planqué… peu importe. Que voulez-vous ?
- J'aurais besoin de vos dons de chasseur. Je cherche un certain Mr Vidal. Oranor Vidal. C'est un Diamant qui doit être poussé par un Seuil. C'est un nouveau monde ou la magie persiste, cela ne devrait pas vous poser de problème. Boulevard de l'Alliage, ruelle de l'Etain. C'est une porte grise, prêt d'affiches datées.
- Cela fait deux services dans une même journée, Joyce. C'est beaucoup, même pour vous. D'ailleurs, l'antidote, c'était pour qui ? Pour vous ? Vous n'êtes pas comme d'habitude.
William ne peut s'empêcher d'avoir une ride qui se forme entre ses sourcils alors que l'agacement monte d'un nouveau cran. Il n'appréciait pas d'être appelé ainsi, ni que l'on s'occupe de ses affaires. De plus mettre le doigt sur le lieu inhabituel ne l'arrange pas non plus.
- Cela ne vous regarde pas. Que voulez-vous en échange ?
L'être face à lui penche son visage sur le côté, longue chevelure d'encre qui coulisse sur une épaule alors qu'un grand sourire aux dents trop longues s'étire sur son visage. Il avait mis le doigt sur un point sensible et il semblait se délecter de toute cela.
- Je veux la peau du cul d'un certain Avaé Mistral. Un Opale qui s'est installé chez vous il y a une dizaine d'année. Ce n'est pas un grand ponte de la finance, sa disparition ne vous dérangera pas.
- Je vous donne mon accord. Je vous recontacte pour vous donner un délai. Soyez réactif et discret.
- Comme toujours, Joyce, comme toujours.
Un mouvement de doigt pour lui dire au revoir avec un clin d'œil et l'appelle se termine enfin. Une insulte fleurie est à moitié mâchonné par William qui fait une grimace d'exaspération.
- Si je n'étais pas dans cet état, j'aurais eu bien besoin de me défouler.
Un instant, à peine quelque seconde, il recouvre le corps de son homme de main d'un regard lourd de sous-entendus, imaginant parfaitement sa peau de porcelaine froissée par de la corde, la rougeur délicate que pouvait prendre son épiderme sous sa poigne. Mais c'est balayé aussi vite par l'esprit rationnel. S'il avait pu il aurait pris sa forme féline.
- Tu sais, je ne sais pas comment je pourrais dans ce nouveau monde si je devais me transformer. C'est… différent d'ici. Je serais autre chose. Et je ne sais pas si l'instinct sauvage ne prendra pas le dessus. Cela serait la première fois.
Et comme toutes les premières fois, cela l'effrayait. Sans y penser il vient mordre sa joue pour faire taire son angoisse. Il n'était pas un tueur. Oh, bien des têtes sont tombées à sa demande, mais il ne portait jamais le dernier coup. Ce n'était pas dans ses fonctions, surtout quand on était capable d'être entouré d'être comme Malkior. Il était doué pour les affaires et bien qu'il sache se défendre, sentir la vie quitter un corps c'était autre chose. Aveu à demi-mot qu'il ne voulait pas être dangereux pour le rouquin. Et pourtant, murmure délicieux qui souffle à son oreille que la chasse pourrait être merveilleuse, que les sensations seront grisantes et qu'il sera la quintessence du prédateur.
Balayer de sa main comme pour chasser ses doutes ou ses espoirs.
- Que veux-tu faire ? As-tu besoin de quelque chose pour te soulager ? Je t'accorde ma journée, profites-en.
Un léger sourire pour dédramatiser la situation.
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Mandrin
Lun 22 Jan - 11:05
Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.
Selon sa bonne habitude de statue funéraire, Malkior resta de marbre. Il n'éprouvait pas de rancune envers la femme blonde. Une naïve, aveuglée par les néons de sa Faction. Il y en avait tant... Lorsqu'il avait bavardé brièvement avec Ismaylov, ce dernier avait comparé ce défaut des Diamantins à certains "ingénieurs qui déclaraient le Titanic insubmersible". Sans avoir les détails, Malkior était à peu près certain qu'ils s'étaient compris sur le phénomène. Rien n'était insubmersible, si fine soit l'ingénierie ; et toute situation pouvait se dégrader jusqu'à la mort. Lui, il le savait. Et il appréciait de travailler pour quelqu'un qui le savait aussi. En ce moment, monsieur Joyce était plus raisonnable que lui, plus réaliste quant à la capacité de la mort à surgir d'où on ne l'attend pas. Et en ce moment, c'était Malkior qui se sentait tenté de rejeter cette pensée.
"Vous ne me ferez rien. Un tigre n'est pas une machine à tuer. C'est un grand seigneur qui donne de clairs avertissements, et ne châtie que les irrespectueux ; et je n'en fais pas partie."
Comme pour le confirmer, il s'inclina, dans un salut qu'il avait omis d'offrir à la belle dame - mais c'est qu'il était blessé, en ce qui la concernait. Pour son maître, il était toujours dans une forme optimale. Il avait mal, mais ce n'était que le souvenir lancinant de l'aventure, comme il portait toujours ça et là une quelconque sensation qui lui rappelait sa dernière séance de sport un peu trop passionnée. Ce n'était que la marque de la vie contre ses nerfs.
"Vous savez, nous pratiquons actuellement un test. Judex accompagnera sans doute l'Araignée pour franchir le Seuil, ils travaillent bien ensemble et ma créature a un don pour l'improvisation. Voyons s'ils s'entretuent, et avisons en conséquence..."
Si sa machinerie ne se disloquait pas au passage du Seuil, bien sûr ; mais au bout du compte, elle ne lui servait qu'à baiser, il s'en passerait pour le temps d'une mission et la remettrait en place après. Malkior conservait une certaine mesquinerie à son égard et n'allait certainement pas développer le moindre instinct protecteur. Cela dit, si c'était nécessaire, ils pouvaient l'utiliser. Un peu. Quelque chose lui disait que le Diamant indiscipliné imposerait sa présence à la dernière seconde, sans laisser de choix particulier et avec ce sourire con et désarmant qui promettait toutes les revanches, au lit ou contre tout mur approprié. Un sauvage.
La proximité du lit fit écho, et Malkior frissonna légèrement. Sans y songer, sa main remonta au long de son bras et caressa le tissu dont il venait de se vêtir.
"Quant à nous..." Son regard remonta au long du corps de son maître. Un élan de chaleur lui maltraitait toute l'échine, remontant par vagues en direction de son cerveau qui refusait de se laisser submerger. "Je ne dois pas vous empêcher de travailler plus longtemps," suggéra-t-il dans un effort de résistance. "Si vous me permettez de me reposer à vos côtés... si je ne vous distrais pas, c'est tout ce que je souhaite. Je serais incapable de m'éloigner maintenant." Une sorte de supplication paniquée passa brièvement dans son regard. Prendre sa journée à l'autre bout de la Ville aurait été une torture. Il n'aurait fait que revoir dans son esprit les événements passés et le spectre de ceux qui se déroulaient peut-être, dramatiques et définitifs, hors de son contrôle. Mais s'il méritait d'être puni, Monsieur Joyce en était le seul décisionnaire. Malkior se mordit la lèvre et reprit son air impassible.
"Si vous avez un moment plus tard, nous pouvons aussi nous entraîner pour cette mission. Vous à contrôler vos instincts et moi à vous accorder entière confiance. Cela se travaille. Tant que je reste calme, je suis certain que vous ne déraperez pas, c'est donc ma responsabilité."
Il aurait pris toutes les responsabilités s'il l'avait pu. C'était bien la seule attitude impérieuse qu'il avait envers William. Le sentiment de l'ancienneté et d'une capacité à supporter davantage. Tout ce qu'il avait pu avoir de princier autrefois avait été brisé cent fois, et son orgueil parcheminé ne connaissait plus les caprices et les sautes d'humeur qui pouvaient causer les faiblesses de l'impatience. La peur, bien sûr, il la connaissait, puisqu'il avait cristallisé ses priorités autour de cet homme, et il aurait peur le moment venu, de lui servir de proie et de l'abandonner à ses regrets. Uniquement de cela.
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Ezvana
Mer 31 Jan - 23:30
William Joyce
Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin. Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.
Donne-moi une seule raison de te châtier. Pensée furtive et invisible, qui n'arrive pas à impacter le déroulement de la conversation. Pas un pli pour déformer son visage, pas une ride pour trahir le vice qui grandit en lui par spasme. Malkior était bien sûr de lui, affirmant avec sérénité des vérités nimbées d'un brouillard aux yeux de l'homme qui l'écoute. Mais il est flatté, comme on caresse dans le sens du poil le fauve qui s'annonce comme le plus dangereux du territoire. La salutation de son homme de main agite en lui quelque chose qui pétille et il essai tant bien que mal de ne pas basculer du côté trop présomptueux. A vouloir paraître supérieur, on finit toujours par chuter, faucher par la jalousie des autres. Quand on était de la famille dirigeante, on devait se méfier de tout le monde.
La mention de Judex l'arrache à ses divagations et le fait légèrement froncer des sourcils. Il ne con-naissait pas bien les relations entre sa créature et lui, leurs passés et leurs histoires, un assemblage Saphir qui lui arrachait toujours un frisson de malaise. Il ne partageait pas l'intérêt du rouquin pour cette personne, à ses yeux, il n'était que la cible idéale pour atteindre l'Araignée. Un moyen comme un autre d'avoir un Assassin à ses trousses également et d'avoir Onyx sur le dos. Mais tout de même le point faible de la créature grise.
- Qu'il soit là où non, cela importe peu. Tant qu'ils arrivent à balancer Vidal vivant vers une forêt dans ce nouveau monde, c'est le principal. Je vais juste enquêter pour savoir pourquoi il a agi ainsi et surtout s'il avait des collaborateurs avant de lancer l'opération.
William se demande alors si cela changerait quelque chose s'il devait croiser ces deux-là alors qu'il est transformé. Cela ne pourrait conduire qu'à des drames et ce n'était pas envisageable. Ses réflexions sont bien vite balayées par une intonation particulière qui chante à ses oreilles, sont duveteux qui lui hérisse le poil. Il observe Malkior, voit son regard le balayer de haut en bas. Il remarque la douce couleur que prenait ses joues, d'un délicat rosé qui semble donner vie à ce visage si froid d'ordinaire. Statue d'albâtre qui s'anime devant ses yeux et il le dévore de ses prunelles pour ne rater aucune scène de ce spectacle. Son cœur bat si fort qu'il résonne à ses tempes et il peine à maîtriser sa respiration pour ne pas laisser apparaître l'effet que ça lui faisait. C'était un délice, un bonbon qui fond sur la langue. Cela le touche particulièrement, excite ses sens et le rend fébrile. Ces moments étaient rares, Malkior ne laisse jamais apercevoir ses émois intérieurs et William cherche toujours à retrouver cette sensation dans la maîtrise d'autre personne, à essayer de faire rosir les peaux de la même teinte, à faire en sorte que leurs respirations ressemblent à la sienne. Une quête perdue d'avance mais qu'il cherche à valider par tous les moyens.
- Tu peux rester ici autant que tu le désires, tu ne me dérangeras pas.
Un raclement de gorge pour que la voix ne puisse pas trembler d'une quelconque manière. Il serait malvenu de suggérer son plaisir dans un tel moment.
- Cela veut dire qu'il faut que l'on retourne là-bas. Ici je ne ressens pas la même chose.Il tend sa main et observe ses doigts comme si des griffes allaient pousser.Dans la Ville il m'est plus facile de maîtriser mes pulsions et mes instincts contrairement à cet endroit.
Sous sa forme de fauve il lui était difficile de ne pas se laisser aller à la facilité, parfois il était tentant de descendre pour fouler le bitume de ses coussinets, de feuler et de griffer toute personne croisant sa route dont l'odeur ne lui revenait pas. Il pouvait enfin s'exprimer, ronronner tout à loisir et jouer avec les souris qui coinceraient sous ses pattes. Mais outre le fait qu'il gardait cette forme presque secrète et intime, il préfère rester aux commandes sans se perdre dans un raisonnement animal. Il ne pouvait pas se le permettre dans sa faction ou la nature avait perdu la guerre et ou la faune et la flore avaient disparut pour laisser place à l'artificielle. Cette impression parfois d'être en cage, de tourner en rond dans un enclos fait de métal et de marbre blanc.
Penser à autre chose, se redresser. Se diriger vers le lit et cet ordinateur portable qui l'attendait. Pendant un temps il fait des recherches sur Vidal, cherche si son nom avait une résonance particulière dans leur faction. Aucun Vidal n'était réellement connu dans les hautes sphères, pas dans les fichiers publics en tout cas. William écume différente entreprise qui gravite autour de lui, des partenaires et associés. Il entre dans les systèmes de façon illégale, fouille le moindre nom qui pourrait correspondre, car il n'était pas le seul homme à porter ce prénom. Peut-être que c'était l'un deux qui avait commandité cette attaque. Il trouve quelque chose qui l'interpelle, un Oranor sans nom d'affiché. Il aurait voulu approcher son entreprise par le biais d'un partenaire de sa sœur.
Chercher des appels transférés, des adresses I.P. Un certains Oranor a cherché à avoir un entretien avec le dirigeant fictif d'une boîte d'armement. Le nom de cette personne sonne vaguement à ses oreilles, mais ce n'était pas lui qui dirigeait cette section. Rapidement il compose le numéro de ce directeur en ligne directe, demande si le prénom d'Oranor lui dit quelque chose. On lui répond que nom, qu'il était désolé, mais que cela ne lui évoquait rien. Rapidement il essai de converger sur autre chose, tenant au bout du fil un Joyce qui pourrait booster sa carrière. Sans attendre, William raccroche, un juron sec sur son incompétence sifflant entre ses dents.
Sa sœur ne saurait rien, elle n'a pas été elle-même approché. Avec patience il cherche dans les archives, utilise des codes qui lui facilitent la tâche et accélère la procédure. Il trouve un document, un échange entre le directeur et Oranor, parlant d'armement solaire. Mais pas pour la Ville, pour le monde gris. Il voulait présenter cela à Elisabeth Joyce, proclamant que c'était révolutionnaire. Le projet est mort avant de naître, le monde gris n'étant pas à même de posséder un armement aussi avancer. Et de toute façon leur soleil n'était pas aussi implacable que celui du Diamant et il y avait peu de chance que cela puisse fonctionner. L'idée provenait d'un certains Oranor Vidal.
Cela signifie qu'il connait l'existence des autres Seuils et du monde presque sans magie. Et cela n'a pas interpellé le directeur qui aurait dû se méfier et coffrer ce danger potentiel. Cela correspondait au profil de son agresseur. Il serre la mâchoire et à grande peine il maîtrise sa colère. L'inaptitude des gens était une raison pour laquelle il s'acharnait sur des sacs de frappe.
- Je crois l'avoir retrouvé.
Annoncé un fait sans vraiment sans rendre compte. Dans sa vision périphérique il voyait Malkior, mais il était tellement concentré qu'il occultait sa présence. Il fait d'autre recherche, remonte cette information pour retrouver le serveur privé de Vidal. Curieusement il était bien protégé, par des barrières qui mirent à mal son attaque. Une fois entré il trouve des photos et une expiration profonde, semblable à un grognement se fait entendre alors qu'il remonte le fils d'Ariane qui lui permet d'avoir les tenants et les aboutissants. C'était bien lui.
Poser son ordinateur portable et sortir du lit, faire craquer sa nuque alors que la tension crispe ses muscles. - Tu veux boire quelque chose ? Du jus de fruit, du café, de l'alcool. Il s'arrête un instant.Quoi que, dans notre situation ce n'est peut-être pas une bonne idée. Un haussement d'épaule. Moi je prends un café, aussi noir que mes envies de meurtres.
Des marmonnements sur un grand ménage de printemps qui arrivera dans l'entourage de sa sœur.
- Mr Vidal a approché une entreprise liée à Elisabeth. Il a proposé un projet d'armement pour le monde des Vampires, mettant en évidence qu'il connaissait donc l'existence de celui-ci et il a été refusé. Le directeur n'a pas jugé bon de le maîtriser immédiatement, car personne d'extérieur n'est censé proposer un tel projet. Est-ce que c'est seulement ça qui l'a poussé à passer à l'acte ? Aucune idée.Cela me parait peu.
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Mandrin
Sam 3 Fév - 11:51
Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.
Etendu sur le lit, Malkior appelait à lui tous les pouvoirs des ténèbres afin de hâter sa complète guérison. Une tension traversait par moments son visage dont le sang semblait s'être retiré. Lui-même n'aurait pas su la nommer. Il avait mal, il remâchait sa vengeance, mais il y avait autre chose. Un rêve dont il ne parvenait pas à se réveiller. En ce moment, il ne servait à rien et pourtant Monsieur Joyce le gardait à ses côtés. Par culpabilité ? Ce n'était pas son style et il l'admirait pour cela.
Dans la ville, se répétait-il, nous pouvons être surveillés. Là-bas, dans l'autre monde, tout est possible. Le pire pour nous, certes, mais aussi le pire pour l'ennemi. Et cette perspective l'attirait intensément. Il jetait par instants des regards discrets en direction de son employeur et se délectait à l'avance, à l'idée de le voir lâcher la bride à ses instincts. Il serait destructeur et terrible, merveilleux à voir.
Les cavernes où dormaient les aigles et les lions.
Le plongeon introspectif n'était pas l'exercice favori de cet être rigide. Malkior préférait de loin ouvrir le crâne de ses ennemis que le sien propre, que ce soit sous le scalpel, la hache ou la réflexion. Mais en cet instant, cloué au lit tandis que son patron s'attaquait à d'autres glaciers plus abstraits, lui n'avait qu'à errer dans les ténèbres de son âme. Et ce qu'il y trouvait illumina soudain les ténèbres. Il connaissait un Seuil, lui aussi... Il ne le connaissait plus, c'était dans une autre vie si lointaine qu'il n'en restait que de maigres bribes, mêlées à ses cauchemars. Et ce souvenir était si chaotique qu'il n'aurait su en retracer les pas. Mais un autre le connaissait. Il avait laissé Judex là-bas, et Judex en était revenu, il n'y avait pas si longtemps.
Cet imbécile n'avait aucune conscience de la valeur de son souvenir, et n'y pensait probablement pas davantage qu'à son début de journée, tous deux aussi éloignés de ses animales préoccupations. Mais il était peut-être possible de le lui soutirer. En l'incitant à en parler avec son compagnon à son insu, par exemple, et en les mettant sur écoutes. Brrr... Qui voudrait se charger de cette écoute-là ? certainement pas Malkior.
Le souvenir errait dans les ténèbres où il luisait comme un grand serpent, inaccessible, tentateur, menaçant tout à la fois.
Il s'était mis en marche dans les sables qui terminent les steppes d'une faction neigeuse. Il portait un fardeau lourd à son corps et à son âme, et il ne pensait pas en revenir vivant.
Des caravaniers l'avaient trouvé là, dans les cavernes tonnantes mangées de foudre où dorment les aigles et les lions, et l'avaient délivré de sa honte. Pour la première fois en vingt longues années de vie, il avait découvert le sentiment de reconnaissance. Sur ses indications, convoyées par dessins et par signes, ils l'avaient reconduit là d'où il était venu - mais ils s'étaient soudain arrêtés.
Un mur de sable s'élevait devant eux. Une tempête qui ne se déplaçait pas. Ils avaient communiqué qu'ils n'allaient jamais au-delà, que c'était la mort. Ils semblaient réciter des légendes ancestrales, polies par le vent, devenues des litanies. Des créatures terrifiantes vivaient là-bas. Malkior n'avait pu s'empêcher de relever des similitudes avec ce que les Perles racontaient de leurs virées de Samhain, effrayant de pauvres gens sans pouvoirs en sortant de tertres dans la brume. Mais il ne parlait pas cette langue, et il n'était pas là en anthropologue. Il avait remercié ses premiers amis, et traversé le mur de sable, et quant à sa honte, ils l'avaient emportée ; elle était peut-être devenue esclave et il n'en avait honnêtement rien à foutre.
Elle était devenue Judex. Et des années plus tard, elle avait ressurgi dans sa vie. A son tour, il s'était jeté dans le mur de sable, sans réfléchir, juste par curiosité, parce qu'on lui avait dit qu'il venait de là-bas.
Ce n'était pas le même Seuil et ce n'était pas le même monde. Malkior était pensif. Combien en existait-il ? Une infinité ? Ou seulement de quoi satisfaire toutes les combinaisons de magie et de science ? Le monde d'où venaient les vampires était un monde de science, en parallèle duquel rampaient les racines souterraines d'une magie ténue, discrète, obscure. Elle aurait pu aisément disparaître. Le monde où les avait entraînés Vidal, c'était l'explosion générale, toute la science et toute la magie en un même lieu d'accueil absolu et de glorieux chaos. Et la ville bien sûr, c'était la magie pure, où la science devait lutter pour se faire une place. Existait-il un monde entièrement sans magie ? Certainement. Les Seuils trouvaient une façon d'être. Dans les rêves. Dans les délires de la folie et des psychotropes. Dans les dérives de l'art et de l'illusionnisme. Ceux-là étaient sans doute hantés par la faction verte, ça leur ressemblerait bien. Il pensait à cela, parce qu'il n'aimait guère penser à Judex, et cependant il faudrait qu'il offre à son maître cette bribe de connaissance, qui venait de ressurgir de son passé.
Il lui devait tout ce qu'il était. Monsieur Joyce, lui aussi, l'avait ramassé sur le bord de la route où il allait crever comme une bête, et lui avait montré de la bonté. D'autant plus qu'il n'en avait pas envie, explorer cette direction en sa compagnie serait une marque de sa loyauté. Sa conscience se ranimait et replongeait, mais au son de la voix rageuse qui annonçait la progression des recherches, il se redressa immédiatement, les sens en éveil.
"Si monsieur souhaite que j'exécute... une inspection, je suis prêt. Mais d'abord-"
Parfois, sans hausser le ton pour autant, Malkior pouvait démontrer une certaine autorité quand il voyait William maltraiter les limites de ses nerfs. Ses mains se posèrent sur les épaules du businessman, pouce sur les vertèbres de la nuque, auxquelles il appliqua un massage comme on n'en apprenait que dans les couloirs de l'arène.
"Vous êtes tendu. Laissez-moi faire. Donc," reprit-il en tâchant de maîtriser la tension dans sa propre voix (décidément, songea-t-il à part lui, pas un pour rattraper l'autre...) "il a démarché de notre côté. Mais aussi du côté de la Terre de Sang ? Il faut bien leur donner des noms. Pardon si celui-ci est un peu morbide. Vous avez découvert ces contrées, vous pouvez les nommer, je crois."
Sans doute qu'elles se considéraient toutes comme la terre, l'unique, comme les peuplades éloignées de tout se donnent un nom qui signifie : les hommes. Il fallait venir de l'extérieur pour tracer le portrait de pareilles entités.
"J'entends par là qu'il a dû prospecter auprès des vampires pour étayer son projet, ou auprès de leurs concitoyens non vampiriques. Soit sans se faire remarquer, par un simple espionnage pour évaluer leurs marchés et leurs besoins. Soit en prenant contact avec de futurs alliés sur place. S'ils sont aussi habiles et ambitieux que lui, le Seuil pourrait ne plus être un secret, de même que celui d'aujourd'hui." Un coup d'oeil au cadran. "D'hier." Il avait reposé beaucoup trop longtemps.
"Sceller ou piéger ces entrées pourrait être une priorité, disons une seconde priorité. Etablir s'il a comploté avec ces autres mondes et leur a promis votre tête, par exemple, ou les têtes d'autres dirigeants de faction, me semble être une priorité fondamentale."
Il s'écarta de son interlocuteur pour pouvoir quêter son regard. Cette information aurait concerné bien d'autres qu'eux, elle aurait pu mettre en péril l'existence de la ville elle-même. Il avait déjà évoqué en présence de William un maléfice qui lui permettait d'inscrire une information dans sa propre chair, et si cette chair venait à être détruite, de relâcher le message dans le fleuve, accessible à tous durant l'espace de quelques heures. Ce serait peut-être le moment de s'en servir, au cas où les choses tournent mal.