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LE TEMPS D'UN RP

De métal et de griffe. [PV Mandrin] [+18]

Ezvana
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Dim 3 Sep - 2:56

William Joyce
Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible  dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin.

Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.


Le poing partie et percuta le sac de frappe avec un bruit sourd. Un autre coup, un enchainement qui ne cesse pas. Une expiration sifflante à chaque coup, les abdominaux saillant se contractant au rythme de la violence qui s'échappait de ce corps en fusion.
La sueur perlait à son front, collant les mèches blondes à sa peau rosit par l'effort. Frapper, encore et encore jusqu'à avoir les épaules en feux, les phalanges endoloris par les impacts. La musique pulsait terriblement dans la petite pièce, suffisamment fort pour que le cri de rage qui s'extirpe de cette gorge ne soit qu'une basse de plus.
Yeux grisé par la colère qui se teinte de dorée alors qu'il frappe en continue, que presque un feulement glisse de sa langue alors qu'il s'acharne, s'épuise sur ce sac rempli de sable.

Un besoin irrépressible de se dépenser, de faire fonctionner la machine du fauve. Mais dans cette vie de maîtrise et de building il lui était impossible de laisser court à ses envies de vagabondages. Le seul l'effet grisant était la vitesse de ses bolides quitte à frôler les accidents mortels juste pour sentir son cœur battre un peu plus fort. Et le sport. La musculation. A façonner son corps tel de l'argile pour qu'il devienne le reflet de ses rêves les plus foux. Il n'était pas un de ces bagarreurs des rues avec les muscles noueux et secs, efficace dans la course. Lui il était taillé pour une beauté qui reflète une santé de fer. Titan colossal qui ne pardonne aucune erreur, aucune faiblesse.

Et ce n'est qu'une fois le corps au bord de la chute que les sifflements cessent, que le sac de frappe se balance doucement sans recevoir d'autre coup de poing. Reprendre sa respiration par des à-coups, rattacher ses longs cheveux en un chignon au-dessus du crâne, boire de longue gorgée d'une eau fraîche.
Dehors, il ne faisait pas encore jour. Bien qu'il fasse nuit, la lumière était partout, quartier vivant même quand la lune bien trop grosse pour être naturelle était haute dans le ciel. Mais William devait se lever tôt pour son planning chargé. C'était son seul moment où il pouvait être seul et se laisser aller, déchargeant ses envies et ses pulsions et plusieurs fois par semaine il avait besoin de se dépenser physiquement.

A voix haute il éteint la musique, IA contrôlant chaque parcelle de son appartement. Se diriger vers la salle de bain où il prend une douche glacée qui calme ses muscles en feux, permet de déloger chaque millimètre de crasse sur sa peau et d'avoir les idées claires.
Avec l'arrivée de nouveau Veilleur, il se devait d'être plus vigilant. Ce Vampire avait les crocs trop long et surtout animé d'un esprit trop… Trop. William ne doutait pas qu'il aurait besoin de resserrer les vices à un moment donné et que les conséquences pouvaient être autant bénéfiques que fatidiques. Ce pion pouvait être efficace, mais posait problème. Mais il avait main mise sur son humain ce qui pouvait faire pencher la balance. Quant à l'autre, il était plus froid et distant. Il correspondait plus à l'image qu'il avait de cette espèce et pour le moment il le tenait en laisse. A voir à l'avenir.

Mais les Seuils étaient innombrables, cachés et mystérieux. C'était un secret que l'on gardait précieusement, aussi, leurs recherches étaient souvent longues et périlleuses. Et pour avoir un contrôle sur ces portes, il fallait des gardes. Des Veilleurs. Le choix de la personne était essentiel au bon déroulement des missions. C'était leur quête à lui et Malkior pour les mois, les années, qui viennent. Posséder ses seuils, c'était posséder le pouvoir. Car dans chaque monde, il y avait des doubles.
Sortir de la douche parfaitement sec sans pour autant se rhabiller. Il y avait un rituel qu'il avait du mal à se défaire. Dans sa tenue d'Adam il se dirige vers la cuisine et se sert un café. Noir. Sans sucre. Amer sur la langue et un carburant pour la matinée. Laver la tasse et la ranger. Se tourner et se diriger vers le salon. Et au détour du mur, sans un bruit qui puisse alerter, s'avance un fauve. Aucun son provenant de ses pattes larges qui foulaient le sol. Langue rose et rugueuse qui balaye une babine rousse. Descendre les marches qui donnent sur l'immense canapé d'angle et s'avancer vers la baie vitré qui prenait tout l'appartement.

L'animal s'allonge, peinture sauvage dans un fond de blanc et de chrome. Puissance brut enfermé derrière un pelage orange rayé de noir. Et avec l'assurance de savoir qu'il était le plus fort des fauves, le soleil se lève à l'horizon. Il semblait être fait de feux à cette heure de la journée. Éclat bien trop jaune, bien trop lumineux qui blesse les rétines. De ses yeux d'ambre il admirait les rayons balayer chaque façade avec une clarté saisissante. La tour Joyce, rutilante, était idéalement placé pour cette routine matinale. Privilège des puissants d'ainsi pouvoir admirer l'astre fictif se lever, de dominer ainsi la plèbe tout en bas qui n'apercevait cette lumière que pars bribes. Toujours plus haut, toujours plus loin.

Dans cette forme, tout était plus simple, plus fluide. Il était plus aisé de se laisser aller, d'être libre de s'exprimer. L'odeur du café lui chatouillait le museau et ces vibrisses tremblent quand il pousse un ronflement. Cette quête de Seuil n'était plus une épreuve à surmonter mais un défi à réaliser. Aujourd'hui, il était disponible pour les recherches. Il y avait un seuil en particulier qui était différent. Il semblerait que là-bas aussi il y avait de la magie. Des rumeurs. Rien de bon fondé. Mais il fallait s'y intéresser. Heureusement que Malkior était là pour le seconder.

En pensant à lui, l'animal se lèche une patte, fait jouer de ses griffes acérées contre ses crocs. Pousser un léger bruit, rouler sur le sol.
Se reprendre. Parfois l'esprit rationnel laisser place à la nature plus brut du félin. Il serait si plaisant de s'étendre, de faire ses griffes sur le canapé. Il n'aurait qu'à faire sa toilette en profitant de la chaleur naissante dans la pièce. Il aurait pu bondir sur la table et renverser ce qui s'y trouvait. De rugir jusqu'à en faire trembler les murs pour affirmer son pouvoir, marquant son territoire de sa présence.

Mais non. Il fallait démêler les envies de l'animal des pensées cohérentes. Aussi fier dans sa forme humanoïde que féline, il se laisse bercer par l'aurore. La queue battante, il patientait.
Un bruit de porte qui coulisse, de pas qui entrent dans le salon. Seul ses oreilles rondes se tournent vers l'homme qui s'approchait.
Je t'attendais.




Mandrin
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Lun 4 Sep - 16:21

Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.


A l'image de son seigneur, Malkior s'exerçait avant même les aurores, avant que l'on ait besoin de lui. Il avait été beaucoup de choses, et notamment un gladiateur professionnel. Cette rigueur faisait partie de la fibre même de son âme. Elle lui était d'autant plus précieuse qu'elle lui avait valu la confiance dont il jouissait à présent, celle du plus puissant industriel de cet univers souterrain. Ils n'auraient jamais dû se croiser, l'un fait pour la barbarie sanglante de l'âge de bronze et l'autre, trop moderne même pour apparaître dans les loges les plus luxueuses des gradins, aux frontières de l'androïde. Le monstre de Frankenstein et le fleuron du transhumanisme de pointe.

Peut-être était-ce le tigre au masque d'or qui les avait réunis, fondamentalement. Malkior ne se perdait pas souvent dans ses pensées, il avait trop de travail pour s'abandonner encore aux bras languissants de la philosophie ; vue de l'extérieur, l'existence, même rapiécée par magie, semblait beaucoup plus courte qu'au premier regard, et il n'en perdait plus une minute. D'ailleurs, il avait l'avantage de partager son existence avec un être à la fois souverain et actif, majestueux et toujours en éveil. Monsieur Joyce ne lui laissait pas un instant de répit. Comme si sa main impérieuse et étrangement douce ne le lâchait jamais.

Il avait passé une longue, très longue heure dans le secteur Saphir, dont il était issu et où il retournait pour le service de son employeur actuel. Les praticiens du vaudou dans ce quartier s'étaient permis quelques incursions dans d'autres mondes, et ces êtres insupportablement bavards dans leurs langages codés en avaient rapporté de quoi raconter pendant des heures, jusqu'à vous entraîner dans leur tourbillon de folie. Il avait parfois lui-même du mal à les suivre. Les ancêtres invisibles assis à leurs tables rituelles étaient de meilleure compagnie, peut-être parce qu'il était déjà mort lui-même plusieurs fois.

L'un de ces ancêtres avait apporté ses conseils déviants lors de séances de part et d'autre du Seuil. Ses souvenirs embrouillés par des écrans de fumée, sa description avait cependant permis de cartographier une zone d'espace temps et c'était cette information que Malkior rapportait à son employeur aujourd'hui. Il s'avança dans la lueur froide qui donnait à sa chevelure sauvage l'aspect d'un casque de cuivre, posa un genou en terre, puis un autre. Les mains sur les cuisses, il s'inclina. Son front rencontra la peau chaude de la bête, et les puissants ressorts de chair qui en faisaient la plus redoutable des machines.

Ses cheveux se mêlèrent au pelage d'ambre et pendant quelques secondes, il n'y eut plus aucune séparation entre eux. Les yeux clos, l'homme disparaissait. Cela lui était si facile... Il l'avait déjà fait.

Leur relation était sensiblement différente lorsque le tigre formait écran entre eux, faisant disparaître une tension permanente qui jetait des étincelles entre leurs corps de combattants. Les hiérarchies naturelles étaient différentes, d'une simplicité presque enfantine. Malkior n'avait jamais pleinement connu l'âge d'enfance : il s'étonnait de cet équilibre immédiat, à chaque contemplation. Mais il ne commettait pas l'erreur de s'y attarder et de s'y perdre. Et même durant ces brefs contacts physiques, qui célébraient leur confiance mutuelle, il restait investi d'un respect absolu. Il ne lui parlait pas, cela lui aurait paru absurde, mais dans son esprit, il le vouvoyait.

Son épuisement moral d'avoir dû parler longuement avec les créatures de sa faction d'origine s'évanouit comme par magie, et il redressa la tête avec le regard un peu plus clair, apaisé. Il n'avait pas besoin de remercier pour cela, ou de le décrire. Ces phénomènes étaient perceptibles pour un animal. Le silence disait tout ce qu'il y avait à dire. Il se contenta de tirer de sa veste noire une pochette de cuir qu'il déroula au sol, révélant les documents et artefacts ramenés de sa promenade. Des odeurs qui parlaient de lointaines contrées, de la magie qui y avait fleuri en formes étrangères à la Ville, et des voies qui y menaient.

On y trouvait aussi les traces diffuses des vampires qu'il avait tenus à l'oeil, et la direction du Dionyx, cet établissement de moeurs douteuses qui avait ouvert ses portes aux frontières de leur quartier avec la zone voisine. Il n'y avait rien de bon à trouver là-bas, et Malkior lui-même se gardait bien de s'en approcher, mais grand bien leur fasse, ils avaient l'âge d'en décider. Le médecin-légiste, en revanche, n'avait pas bougé de la Tour Joyce. Il en admirait les installations, aussi aseptisées qu'il semblait l'être. Il finirait par disparaître dans le décor, si on le laissait faire.

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Ezvana
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Dim 10 Sep - 2:02

William Joyce
Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible  dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin.

Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.


L'animal pouvait sentir à la façon dont marchait son garde du corps s'il était inquiet, pressé, impatient. C'était minime, difficile à cerner pour une oreille peu habituait à ce genre de détails. Et même un être aussi inflexible que Malkior pouvait communiquer des informations de ce type. Parce qu'il était l'objet de toute l'intention du tigre, une perpétuelle expérience qui animait ses journées et ses nuits de questions et de spasmes. Qu'il était curieux de se rapprocher ainsi d'un être si différent de soi, de vouloir sentir vibrer chaque lien qui les réunissait pour en comprendre le fonctionnement tel un jeu dont il ne connaissait pas les règles. Il était le seul, hormis sa sœur, qui était ainsi proche de lui de l'ordre de l'intimité. Ses autres relations n'étaient que professionnelles, froides et distantes, abondé de faux sourire et de contrat à la clé. Il fallait tout calculer, tout anticiper. Alors qu'avec cet être aux cheveux de feux c'était dans le ressenti. Son cœur de félin était satisfait de pouvoir enfin se libérer des chaînes sociales classique.
Sentir le front se coller à lui, les boucles chatouillant son pelage. Un reniflement sourd, une sorte de ronronnement par le souffle, bruit d'affection du fauve qui reste immobile en observant toujours ce soleil qui se levait ainsi toujours plus haut à chaque minute. Il sentait la tension de l'homme, son odeur lui chatouille le nez. S'il avait pu il aurait froncé les sourcils. La queue s'agite, frappe le sol avec plus d'intensité. Bataille interne de cet esprit qui essai de rester concret. Pourtant quand Malkior sort quelque chose de sa poche, l'animal se relève avec la grâce naturelle du tigre sauvage. Approcher son museau du corps du garde du corps, le renifler bruyamment alors que ses vibrisses s'agitent alors qu'une sorte de grimace soulève les babines et que la langue sort pour capter toutes les notes. Flemmen puissant alors qu'un grondement se fait entendre entre les crocs d'ivoires. Il sentait le froid humide, la mort et le poison. Un fond de putréfaction, quelque chose d'indicible qu'il n'appréciait pas du tout et que tout son être rejetait profondément.
C'était toujours ainsi quand Malkior revenait d'une excursion chez les Bleus.

Mouvement de tête alors qu'il vient se frotter contre se corps musculeux, que de son formidable poids qu'il maîtrisait il vient frotter son pelage avec force. Esprit de possession qui troublait le tigre à vouloir marquer l'être humain de son odeur pour chasser cette odeur néfaste à son bien-être. Le corps s'arque, le museau glisse sous le menton. Frisson de brutalité qui lui électrise les membres, ces deux pattes qui enserrent d'un seul coup le corps, pointe de griffes qui éraflent les tissus, pour basculer au sol dans une prise d'un étau de fer. Tel la souris attrapée par le chat il le tenait contre lui sans jamais lui donner la possibilité de s'enfuir, imprégnant sa peau de sa propre odeur.
A cet instant, il était à lui.

Langue humide et rugueuse qui vient balayer cette joue, se perdre dans les cheveux. Dévoiler le blanc de son propre menton alors qu'il roule et libère son otage. Expulser une excitation passagère en dépliant sa carcasse, il aurait pu mordre le bras de son garde du corps sous l'impulsion.
Mais se contrôler. Maîtriser les images de course poursuite à travers la jungle urbaines à parcourir un territoire qui lui appartenait de droit.
Il se redresse plutôt, s'approche de ce qu'avait apporté l'homme du Saphir. S'assoie sagement à pencher son museau vers ce qu'il pouvait détecter. Curieuse image de tigre essayant de lire. Sa vision était différente sous cette forme, toujours incisive et rivée sur les détails, mais lire posait problème. Mais il était un Joyce, la ténacité coulait dans ses veines. Alors, il prend le temps de déchiffrer. Parfois les trouvailles de Malkior lui était incompréhensible comme un littéraire essayant de lire le code binaire. Mais c'était un homme efficace.

Un son sort de sa bouche, un peu rauque, comme un miaulement d'un chat pesant 300 kilos. Un instant les oreilles se redressent et la frustration le fait feuler longuement. Difficile de parler dans cette forme et il l'oubliait quand il se laisser trop aller.
Cela fait un moment qu'une pensée le taraude et qu'il mettait en place un plan pour résoudre ce problème. Une puce qu'il se ferait implanter dans le cerveau qui lui permettrait d'intégrer une synthèse vocale quand il sera sous sa forme féline. Cela serait un test, une grande première. Il doutait que Malkior soit très emballé par l'idée de prendre autant de risques mais il n'aimait pas d'être ainsi limité.

Le tigre se relève, par vers la chambre avec la colère brulant dans le fond de ses prunelles d'ambre. Une fois dans la penderie il reprend sa forme humaine sans bruit, se dirige vers un costume bleu qu'il avait bien évidement prévu de mettre aujourd'hui. Le hasard n'avait pas sa place dans le rythme de ses journées. C'était pour cela que la présence de son garde du corps était rafraîchissante. C'était comme combattre cette peur de l'inconnue de la plus efficace des manières. Curieux de penser ainsi quand on connaissait Malkior et sa droiture.

Un sourire en coin le déride de ce pli sur son front. Alors qu'il enfile ses vêtements il reprenait peu à peu le contrôle de ses émotions comme un autre pelage d'une autre couleur. Pas de cravate pour lui serrer le gorge cette fois, pas de noir ou de gris pour se fondre dans ce quartier froid. Rien que ces boutons de manchettes aux armoiries de sa famille, cette montre qui ne quitte jamais son poignet. Un moyen comme un autre d'avoir une arme sous la main.
La ceinture brune claque quand il l'enfile, ses chaussures assorties dans un cuir unique provenant du quartier Blanc. Et le voilà déjà prêt, passant une main dans sa longue chevelure alors qu'il retrouve l'homme dans le salon.

S'approcher sans rien dire en finissant d'arranger le col de sa chemise blanche. Comme soucieux il observait cette peau pâle en cherchant quelque chose qui le tracassait.
Ses yeux clairs se posent sur la base du coup de Malkior, un de ces pouces balayant une légère éraflure rosée avec une douceur étonnante. Aucune excuse glisse de ses lèvres mais le geste parlait pour lui.
Se pencher et attraper les documents qu'il balaye du regard.

- Il y a un homme de Diamant qui m'a contacté. Mr Vidal. Il aurait un Seuil qui mènerait vers un endroit qui pourrait nous intéresser. Fortement d'après ses dires. Une proposition douteuse, des risques à prévoir.

Repousser une mèche qui s'accroche à sa barbe. Il y avait des choses à mettre en place pour le long terme.

- Pour Mr Ismaylov je te laisse le choix de la surveillance. Que cela soit toi ou un autre, je veux un rapport détaillé de ces déplacements et de ses interactions chaque semaine. Pour le moment il est discret, mais je préfère prendre aucun risque.

Un bref instant de silence. Le Dionyx ? Vraiment ? C'était le lieu de tous les extrêmes.

- Pour Mr Lianev et Mr Ruslan, L'Araignée s'occupera de leurs cas dans la Ville discrètement. Evitons toutefois qu'ils se rencontrent dès les premières semaines, pour le moment je te laisse t'en charger. Pour leur monde, j'ai déjà des contacts sur place.

Ajuster le rebord de sa manche en tirant dessus. Il n'y avait qu'en lui qu'il avait confiance pour avoir un résultat impeccable avec ces trublions.

- Nous allons également voir les résultats de ce que tu m'as apporté aujourd'hui si nous avons le temps. Je vais déblayer le terrain.

Soudain un sourire vient étirer ses lèvres, ses yeux pétillent de malice.

- Boulevard Alliage, ruelle de l'étain. Tu conduis. Je te laisse choisir celle que tu veux.
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Lun 11 Sep - 21:41

Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.


"J'ai ramené ceci de ma faction d'origine," sourit l'ex-nécromancien en levant une main sertie d'une bague peu discrète. Une petite boule de cristal sertie sur un support qui semblait de métal noir mat, en réalité de l'os traité. Son maître et seigneur devait percevoir la nuance, d'où ce froncement de nez que le tigre lui avait adressé avant de... lui rouler dessus ? Malkior n'allait pas s'en plaindre, ces accès de possessivité brutale étaient ce qu'il connaissait de plus proche d'une vie affective et il n'avait aucunement l'ambition de faire mieux dans l'avenir. Exactement cela, à jamais. C'était une forme très acceptable de perfection.
Il expliqua en tendant la main :

"Je garde un visuel constant sur Mr Ismaylov. Il se familiarise avec la Ville en consultant les archives virtuelles. Lecteur avide... Au moins il se tient très tranquille, je serais presque méfiant."

A son tour, il laissa un sourire arquer le coin de sa bouche et dessiner une rare fossette sur sa joue. Il en aurait fallu tellement plus qu'un vampire hors de sa zone de confort pour mettre en défaut la créature qu'il était, si familière avec la Vallée des Ombres de la Mort qu'il en possédait une carte de randonnée.

"Quant aux deux autres, ils doivent d'abord tester les plaisirs locaux. Il leur faudra bien quelques temps pour en faire le tour." En se passant brièvement la main dans les cheveux, signe d'une très légère tension qui s'évapora heureusement très vite, Malkior chassa les scénarios épicuriens que ces deux agents du chaos faisaient émerger au fond de son imagination. Son échine se tendit dans un frisson qu'il contrôla en s'étirant légèrement ; de bon matin, cela pouvait arriver d'être un peu coincé. (Le reste de la journée aussi.)

Il lui avait fallu du temps pour s'accoutumer à cet univers où la technologie s'emmêlait avec la magie, et où les commandes sensorielles ou vocales instantanées prenaient la place des rituels et incantations de ses contrées de naissance. Pas de bougies noires au parfum de sang ici, mais des étincelles électriques et des combinaisons de chiffres. A présent, convoquer l'un des véhicules personnels de son patron était devenu une seconde nature - ceux dont il possédait les codes et qu'il apprenait à contrôler, ce n'était pas encore entièrement sa tasse de thé, une part lugubre et réfractaire de son âme lui susurrant à l'oreille d'une voix de vieille sorcière que tout ça n'était pas fiable et se retournerait contre lui.

De toute façon, à moins qu'il ait un autre travail à faire en chemin, une réflexion à mener avec une concentration absolue, ou un tigre à incarner, Monsieur Joyce préférait conduire lui-même. Malkior n'était que son ombre ; le copilote, celui qui sort à demi son corps à la portière pour mitrailler les poursuivants au besoin. L'indispensable dont il s'était passé toute sa vie jusque-là.

"La Whiteclaw Imperial ? Pour des ruelles, autant favoriser un design souple et ...discret."

Petite private joke que l'on pouvait se permettre en partageant chaque seconde de la vie d'un constructeur, qui redéfinissait les lignes de ses créations alors même qu'elles étaient lancées sur la route, ou en vol. Cette beauté argentée aux lignes fuselées, presque aquatiques, était aussi fluide que le mercure sous l'emprise mentale de son possesseur et pouvait se glisser dans les plus improbables places de parking. La Ville n'en proposait pas toujours. Il fallait faire avec. En revanche, discret était un très grand mot ; mais un colosse coiffé d'une crinière éclatante et doté d'un tempérament à mesure n'allait pas faire dans l'infiltration. Et Malkior lui-même, quand il ne s'enveloppait pas d'une cape d'ombre ou autre artifice, ne gâchait rien. Il n'avait rien à donner en échange de tout ce que son illustre patron lui offrait généreusement au quotidien, mis à part son dévouement absolu ; s'il fallait se transformer en ombre pour de bon, cela ne lui faisait pas peur.

Le véhicule n'eut besoin que d'entendre l'adresse pour mettre le cap dans cette direction. Avec des machines aussi fiables à sa disposition, c'en était à se demander pourquoi monsieur Joyce avait encore besoin de serviteurs de chair et de sang à ses côtés.  

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Jeu 14 Sep - 19:25

William Joyce
Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible  dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin.

Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.


Un sourire en coin trahit son rire intérieur alors qu'ils se dirigent vers l'ascenseur.
Va pour la Whiteclaw Imperial.
Une fois dans le sous-sol, une simple commande vocale de Malkior suffit à faire démarrer le véhicule. Ronronnement d'un bolide qui attend sagement qu'on lui donne des ordres.

A cette pensée William retient un nouveau sourire derrière sa barbe taillée. La voiture n'était qu'une soumise de plus à maîtriser et à diriger. Se glisser dans les sièges qui épousent parfaitement son corps et avec une facilité déconcertante il ignore ce qui l'entoure pour activer une IA qui affiche un hologramme avec des dossiers numériques personnelles et confidentiels. Il faisait confiance en Malkior pour diriger la voiture si besoin et arriver à destination correctement. Sa priorité était de défaire les vrais du faux, de trier les informations et de lire les contres rendus sur les Seuils.

Depuis qu'il se penchait sur le sujet avec le sérieux qui incombe à ceux de sa famille, cela lui prenait énormément de temps, suffisamment pour le mettre à rude épreuve dans son emploi du temps de ministre. Difficile de devoir gérer ses entreprises, les soirées d'affaires, les contrats, les contres rendus, la recherche de nouveaux seuils, devoir gérer ceux qui lui appartiennent, devoir voir sa famille et gérer ses soirées intimes. A ainsi devoir tout contrôler la tension monte, lente mais puissante, un tremblement nerveux qui le rend irritable et le fait négliger des détails importants. Toujours le besoin de se défouler d'une manière ou d'une autre pour relâcher la pression lui qui dormait toujours très mal depuis son enfance. Tiraillé entre les deux parties de son être, dormir c'était du temps perdu pour accomplir ses tâches mais dormir c'était alimenter le mécanisme de son corps pour qu'il tienne toujours plus le coup.

Aujourd'hui, c'était les Seuils qui retenaient son intention. Il était difficile de garder un parfait contrôle sur ces portes, elles étaient un mystère, une équation impossible à résoudre. Cela pouvait être littéralement une porte, une échelle, une grotte, une armoire, tout. Cela pouvait apparaître n'importe où et parfois cela disparaissait sans avertissement. Pour le moment il se contentait de faire main mise sur celles qui étaient stables, payant une fortune pour la moindre information fiable, devant engager des personnes pour surveiller les allées et venues de ces Seuils, lui permettant ainsi de s'implémenter dans ce nouveau monde, ajoutant la touche Joyce typique de sa famille. L'expansion était la clé de la réussite, conquérir de nouveau territoire était grisant pour un homme d'affaire tel que William. Il fallait jouer finement pour ne pas trahir l'existence de la Ville, tout en passant des contrats avec les plus grosses entreprises pour être à la pointe de la technologie.

Pour le moment il n'avait découvert qu'un seul autre monde, ou la magie est pour ainsi dire absente, ne trouvant des traces que de Vampirismes éparses, des rumeurs de culture païennes et de croyances oubliés. C'était de là que provenait Mr Ruslan, Ismaylov et Lianev. Différents pays aux cultures différentes, certains plus développé que d'autre.
Mais depuis quelque temps il y avait une rumeur, des informations peu fiables sur la découverte d'une nouvelle destination. Un monde semble à l'autre, sauf qu'il y aurait de la magie, des créatures fantastiques parcourant les rues comme dans la Ville. Un parfait mixte qui l'intéresse au plus haut point. De nouvelles découvertes, de nouvelles possibilités.

Tendre ses mains, faire glisser des papiers virtuels, tapant sur un clavier bleuté holographique pour affiner ses recherches. Ce Mr Vidal semblait lui proposer cette option de Seuil. Mais l'affaire était trop alléchante, un peu trop facile. Il restait mystérieux sur ces réelles envies, demandant certes une fortune pour pouvoir s'approprier le passage mais pas seulement. Il n'était que sous-entendus sur une possibilité de collaboration. Et cela déplaisait à William qui n'aimait pas s'embarquer dans des affaires floues ou les contrats n'étaient pas signés et les avantages seulement dîtes à voix hautes. Il fallait du concret. Mais il ne pouvait pas passer à côté d'un autre monde et cela, Mr Vidal le savait.

Et déjà le GPS annonce à voix haute qu'ils approchaient de la destination. Cela sort le géant blond de sa quête d'information supplémentaire sur leur collaborateur.

- Je n'ai que peu d'information sur Mr Vidal. Il semblerait qu'il a déjà essayé d'approcher ma sœur sans arriver à ses fins. Cela ne serait pas la première fois qu'il tente de s'allier ou de collaborer avec nous, sans succès. C'est un danger potentiel.

La frustration a pu monter et une vengeance est possible.
La main se tend alors qu'il tourne dans une rue plus étroite, le métal de la voiture s'affinant pour passer sans érafler le moindre objet, la concentration se lisant sur les traits de son visage. Il ne fallait pas modifier des parties importantes du bolide et éviter l'accident.

Se garer dans la ruelle entre de hautes façades grises, des publicités collées aux murs, des pièces métalliques s'accumulant dans les coins, de la crasse tachant le sol de flaques d'huiles. C'était sinistre, un coin oublié par la technologie révolutionnaires du centre.
En sortant de la voiture il voit un homme un peu plus loin, visiblement Mr Vidal avec son costume noir accompagné de deux autres hommes habillés de sombre. Peut être des gardes du corps. S'approcher d'un pas assuré tout en replaçant la longue chevelure blonde en arrière.

- Mr Vidal.

- Monsieur Joyce, je suis enchanté de vous voir !

Un grand sourire, une main qui se tend pour une poignée de main ferme. William attend plus d'informations et devant le silence de son interlocuteur il hausse un sourcil. Il était évident que c'était à cet homme de le convaincre et de se vendre correctement, il était si facile de repartir dans le véhicule.

- Comme promis, j'ai trouvé une Porte qui pourrait vous intéresser. La voici.

Il désigne une porte grise tout à fait banale, certainement un ancien accès à une salle de stockage pour un restaurant.

- Je vous invite à me suivre, vous verrez par vous-même.

L'homme ouvre la porte et s'avance sans se retourner alors qu'il entend les pas de William et Malkior derrière lui. Les deux gardes du corps les suivaient de peu.

Ils passent la porte et instantanément, il était ailleurs. Le bruit d'une ville active résonne autour d'eux alors qu'il se retrouve dans une petite ruelle presque semblable à la précédente. Faire quelques pas et se retrouver dans une artère visiblement fréquentée.

William reste méfiant, sur ses gardes. Tout pouvait arriver dans un monde inconnu. Surtout que devant ses yeux il y avait une foule de personnes toutes plus différentes les unes que les autres. Il y avait visiblement des vampires, des lycans, des elfes. Des oreilles pointues et des crocs visibles. Des yeux et des cheveux colorés. Parfois des excroissances, des difformités typiques d'une race. C'était moins varié que dans la Ville, plus édulcoré. Il y avait des véhicules, des motos, une modernité semblable à au monde Gris, celui d'où provenait les Vampires sous son emprise.

Faire un test en essayant d'activer sa magie. La montre à son poignet vibre, mais ne bouge pas comme si elle recevait le signal, mais ne pouvait pas le comprendre.
Merde.
Difficile de se défendre dans ce cas. Donc dans ce monde il n'y avait de super pouvoir comme la télékinésie ou la télépathie. La magie était inhérente à la race et non un don que l'on développait en fonction de sa personnalité profonde.
Cela le contrarie mais il ne laisse rien apparaître. Naturellement il se tourne vers Malkior et parle d'une voix basse.

- Est-ce que tu ressens quelques choses ?

Une différence, quelque chose, n'importe quoi. Son propre ressenti sur sa magie, un détail qu'il aurait identifié.

Mandrin
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Mandrin
Mar 26 Sep - 13:48

Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.


 "Monsieur Vidal appréciera ma poignée de main s'il nous enferme ici," murmura Malkior, à un pas derrière son seigneur. Il prit sur lui de s'avancer un peu plus pour contempler leurs reflets dans une vitrine pleine de complets-vestons. Jauger la mode d'un lieu était toujours une manière d'en appréhender l'âme. "Disons juste que la marque de mes doigts deviendra visible en taches d'encre au bout d'une heure et exercera une pression croissante en direction de ses os. Il lui suffira de me serrer la main à nouveau pour rompre le sort."

Il n'insista pas dans sa description. Il n'était pas ici pour mettre son patron mal à l'aise en lui livrant des secrets de cuisine de sa faction douteuse. Avec un petit sourire plein d'assurance, il passa devant, en éclaireur : ils étaient après tout en terrain ennemi. Et les ennemis, cela le connaissait. Monsieur Joyce avait quantité d'adversaires, des gens qui l'admiraient tout en rêvant d'un jour le détrôner, justement parce que sa place était enviable. Malkior avait connu la véritable haine, dévorante, ignoble, celle qui l'avait déjà plongé dans le Styx par deux fois ; celle qui prenait ses racines dans sa propre lignée, dans son propre sang, dans sa propre âme. Il avait eu une soeur lui aussi... ha, c'était un autre monde.

Cet air ici avait quelque chose de rafraîchissant, quoique étrangement familier. Il s'en expliqua en suivant l'artère bardée de vitrines, à mi-voix ; mais il voyait bien que les passants ne leur prêtaient guère d'attention, mis à part pour détailler leurs physiques plaisants.

"Cet univers, de ce que j'ai pu en apprendre, ne fonctionne pas par quartiers comme le nôtre mais, à la façon de celui dont sont issus nos amis vampires, par âges. Age d'or, âge de Saphir - qui leur a laissé d'énigmatiques tombeaux partout à travers leur monde - âge de Rubis dans toute sa glorieuse décadence et son appétit de conquête... Aujourd'hui, ils traversent un âge de Diamant. Nous devrions y être comme chez nous."

Il observait au passage la diversité des carrosseries qui s'affrontaient sur la route, les affiches qui vantaient les dernières technologies à la mode, et les établissements à tous les coins de rue qui offraient à la population les services d'une médecine apparemment très ramifiée, spécialisée dans toutes sortes de situations de la vie courante ou moins courante. Même les poivrots devant le bistrot se disputaient pour savoir si une certaine scène d'atterrissage sur la lune était un miracle de la science des transports, ou un miracle d'effets spéciaux. La raison, jusque dans le délire.

"Mais il ne s'agit que d'un consensus général, auquel chaque individu n'adhère pas forcément. Il y a des êtres de Saphir dans cette ère et des êtres de toutes les factions, peut-être même d'autres que nous ne connaissons pas. Et comme il leur est impossible de déménager dans une autre époque, ils n'ont qu'un choix pour s'épanouir : faire advenir l'ère qui leur correspond, de leur vivant."

En s'arrêtant devant une cathédrale ouvragée qui semblait d'un âge vénérable, il désigna les enfants de choeur en aubes dentelées qui agitaient un encensoir devant une procession. Ceux-là semblaient sortir d'une autre faction ; ici, cela s'appelait "d'une autre époque". Ils n'avaient aucune chance d'y retourner. Ils étaient piégés ici, dans un cadre qui ne leur convenait guère. Et à bien observer le reste des passants, on finissait par capter chez eux des petits détails qui désignaient ce genre de décalage. Ceux qui ressemblaient le plus à Malkior étaient les employés des pompes funèbres qui s'apprêtaient à embarquer le cadavre, quand les religieux auraient fini de le promener. Il croisa les bras en se détournant légèrement, comme s'il craignait d'être reconnu.

"C'est pourquoi, alors que la Ville se maintient dans un statu quo relativement harmonieux... à la façon d'une grande famille dysfonctionnelle où chacun à sa place, si mal vue soit-elle par ses congénères. A la façon de la nature, disons. Ici au contraire, les guerres sont fréquentes et sanglantes, sans parler des complots en sous-main. Tout cela dans l'espoir d'ouvrir une nouvelle ère."

Il avait surtout récupéré de la monnaie locale auprès de son contact, et il s'approcha d'un kiosque à journaux pour s'emparer des actualités brûlantes. Et ça ne manqua pas : divers conflits au travers de ce petit monde clos émaillaient page après page. Alors qu'une petite pluie fine et argentée commençait à tomber, il s'abrita sous un auvent pour laisser son patron lire en sa compagnie, rapidement, car aucun de ces événements n'avait de réelle importance à leurs yeux ; uniquement leur existence et les raisons qui les motivaient. Passés les grands affrontements des pages principales, il tomba ensuite sur une page de publicités et sourit : c'était un excellent reflet de la société ambiante. Des spectacles, des masseuses sexy, des marabouts, des salles de sport, des profs de langues...

"Il y a des moyens de tricher, bien sûr : des clubs, théâtre ou reconstitution historique, roleplay sexuel ou rites religieux, fan clubs autour d'une oeuvre artistique... Avec ça, on peut se créer sa petite atmosphère, plus en accord avec ses inclinations individuelles. Confidentiellement, entre amis."

En comparant la minuscule annonce pour le marabout, et son sans doute minuscule salon, où les séances auraient lieu, avec l'immense monde irrigué d'électricté et de progrès technique qui l'entourait, évidemment ces petites alcôves ne faisaient pas le poids ; et ce devait être terriblement frustrant. Mais on pouvait sans doute passer le temps d'une vie à se contenter de ces petits moments satisfaisants au milieu d'un océan de frustration. Il pouvait s'imaginer tout un peuple patienter ainsi. Jusqu'à ce que quelqu'un mette le feu aux poudres. En revenant d'une page, il pointa un petit article sur un fait divers, une secte dédiée aux dieux de la mort égyptiens qui vivait dans un bunker et inquiétait les voisins.

"Et bien sûr, les quelques infiltrés issus de notre monde profitent de cette instabilité." Un petit air coupable passa sur son visage ; c'était quelqu'un du Saphir qui s'amusait à ce petit jeu souterrain, clairement. Il en ressentait les vibrations à travers la page même. Puis il pointa du doigt le mur d'en face, couvert d'affiches : des artistes, des cirques, des magiciens - son contact lui avait appris la différence, sorcier c'était au premier degré, comme ce marabout ; magicien c'était au second degré, entre cabaret local et show biz.

"Mais mon contact m'a livré une phrase révélatrice : ceux qui se montrent ne sont pas les vrais."

Bien sûr, la population locale s'inspirait des êtres surgis des seuils ; c'était ce que l'on voyait sur les affiches. De simples copycats. Son regard se tourna en toute discrétion vers les plaques dorées qui longeaient la ligne des portes, et s'arrêta sur l'architecte, les bureaux de l'édition, et le psychiatre. Puis il se tut, en se tournant vers son patron avec une expression de fausse rancune sur le visage : à trop le fréquenter, il se transformait peu à peu en ordinateur. Il avait compilé toutes ces informations et en ressortait la synthèse avec l'efficacité d'un robot. C'est qu'il ne savait pas au juste quelles émotions toute cette découverte lui faisait ressentir. Il savait juste que dans un tel univers, il aurait été un criminel, un marginal. Sans doute serait-il mort, et définitivement. A ce qu'il en savait, les Saphir locaux cherchaient à maîtriser les pouvoirs de la mort, mais n'y étaient pas encore arrivés. Difficile de progresser dans un monde où le progrès était réservé à une autre faction.

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