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LE TEMPS D'UN RP

The taste of your lips is something i can't forget (ft Ally)

Horizona
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Univers fétiche : Science-Fiction , City , univers inventé
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Scooby Doo
Horizona
Mar 16 Mai - 22:17
Le contexte du RP
Mise en situation

La situation
Montréal , Canada.
Des retrouvailles au goût amères. Des non dits , des regrets , mais jamais l'oubli ne s'est immiscé dans leurs coeurs...

Contexte provenant d'une conversation discord
Horizona
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Horizona
Mar 16 Mai - 22:48

Ruby
Sinclair

J'ai 27 ans et je vis à Montréal, Canada. Dans la vie, je suis vétérante de l'aviation royale canadienne , en reconversion dans l'entreprise familiale , et je m'en sors avec dépit et lassitude. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire de longue date et je le vis plutôt avec résignation.

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About you?
Revenir en ville fut sans conteste la plus grande épreuve de ma vie. Après avoir tant pleuré de l'a quitter il y a dix ans , je me retrouve à souffrir d'y revenir.
Ironique , hein ?

Non que ce soit la ville , le problème. Montréal est sublime , il y fait bon vivre , des gens de toutes sortes y habitent et les rencontres sont souvent agréables et enrichissantes.
Le problème , c'est de devoir me recoltiner la tronche de mes parents à presque 30 ans , et de ne toujours pas réussir à m'en éloigner.

Des liens strictement professionnels , c'est ce que j'ai demandé. Le fait est que ma pension militaire reste peu suffisante pour vivre convenablement , et ayant rejoint l'ARC à seulement 18 ans , je n'ai guère de diplômes (à qui la faute hein)  , d'où l'obligation d'accepter la proposition de ma mère d'entrer dans leur entreprise de parfumerie , aux bénéfices exéburants.
En dehors , j'évite strictement mes parents , n'ayant rien à leur dire. Je sais que ma mère a culpabilisé de mon accident , quant à mon père...Et bien ce connard qui m'a envoyé à l'armée apprendre la vie selon ses propres termes , a mal pris le fait que je décide de m'y engager pour une plus longue durée que prévu.
Un véritable hypocrite.

Bref. Moins je m'attarde sur mes parents , mieux je me porte.
Je ne travaille pas à temps plein , pas encore. J'ai quantité de rendez-médicaux depuis ma sortie de l'hôpital. Par je ne sais quels saints ou miracles , je n'ai été que partiellement brûlée au niveau des jambes et de l'abdomen , les greffes furent donc aisées et sans réelles complications.
Le véritable soucis a résidé dans les vapeurs de kérosène et de feu que j'ai respiré lorsque j'étais dans l'épave fumante de mon F-35. Mes poumons s'en sont trouvés grandement brûlés , et je n'ai toujours pas retrouvé ma pleine capacité respiratoire , sans doute jamais , malgré l'effort des médecins qui m'ont pris en charge rapidement , et il m'arrive encore de temps en temps d'être sous oxygène , la nuit notamment , ayant bon espoir que ce soit temporaire.

Séances de kiné hebdomadaires , traitements , lavages , et une toux chronique sont devenus mon quotidien. J'ai bien sûr été dédomagée et indemnisée en conséquence , mais surtout démobilisée.

L'armée , ça n'a rien de simple. Au début , ça s'apparente plutôt à l'enfer , mais avec les années , c'était devenue ma maison , une seconde nature. Revenir à la vie civile n'est pas si facile.

Ca fait plusieurs jours que je vivote au Musée d'Art Contemporain de la ville. Non que je ne sois une spécialiste de l'art , encore moins du contemporain.
A l'origine , je venais accompagner ma mère , mécène du dit musée , lorsque j'ai posé les yeux sur elle , au détour d'un couloir.

La fantôme de mon passé , en train de travailler. Comme une lâche , j'avais accéléré le pas , le coeur battant. Le destin peut se montrer parfois fort retors...

C'est le surlendemain que je décide de prendre mon courage à deux mains.
Pour quoi faire ?
Aucune idée.

Aborder Vick après tant d'années de silence , c'est la certitude de se prendre une claque en pleine gueule , quoique avec ma formation de militaire je lui déconseille d'essayer mais...disons que je sais que je ne dois pas m'attendre à grand chose.
Je ne l'ai pas oublié , comme une blessure qui ne s'est jamais refermée. Premier amour , peut-être le vrai , qui reste dans l'esprit. J'ai eu quelques aventures à l'armée , mais rien de sérieux , rien qui n'est duré plus de quelques semaines.

J'attend la fermeture du musée , restant à plusieurs pas de mon ex petite amie , en train de nettoyer le sol , sans prêter attention à moi. Le ventre pétri d'angoisse , je prend une inspiration , me racle la gorge avant de lancer :

"Vicky ?" , j'ai l'impression que je vais me liquéfier sur place. Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Qu'est-ce que je fous là ? Qu'est-ce que j'espère seulement ? J'en sais rien. "Je me doute que t'as pas envie de me voir alors...je peux partir. Si tu préfères." , quel bon moyen de me dégonfler , hein ...
Anonymous
Invité
Mer 17 Mai - 14:34

Violette
« Vick » Gagnon

J'ai 27 ans et je vis à Montréal, Canada. Dans la vie, je suis un malfrat et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien mais ça dépend des jours.

Informations supplémentaires ici.
-Mademoiselle Gagnon ? MADEMOISELLE GAGNON !!!, hurle un gardien en direction de la fine silhouette qui se trouve là, dans un haut couloir couvert de tableaux.

Une tignasse rose savamment décoiffée, maintenue comme par magie grâce à un casque audio presqu’indissociable du torrent rose qui l’héberge, se tourne lentement vers l’homme au képi qui la tance du doigt, renonçant à observer la toile qui lui faisait face.

-Ouais, ouais, ça va, je regardais juste, ok ? on se détend…, grogne-t-elle en plongeant le moppe sur lequel elle prenait appui dans un seau d’eau grise. Un « splotch » humide plus tard, elle nettoie le sol, alors que les derniers visiteurs s’en vont, indifférents à sa personne. Le gardien secoue la tête en roulant les yeux puis s’éloigne, accompagnant d’un sourire les personnes qui quittent peu à peu le musée.

Elle déteste son travail. Bon sang, qu’est-ce qu’elle déteste ça, faire la bonniche pour des connards prétentieux qui ne savent pas faire la différence entre un Matisse et un Gauguin, tous ces vieux qui se pointent ici avec des fringues qui paieraient son loyer pendant un an et des parfums qui lui donnent la nausée. Mais bon, Fergus avait insisté : pour continuer ses entourloupes nocturnes, il faut qu’elle garde l’apparence de quelqu’un qui contribue à la société, qui bosse, qui paye ses impôts et ses factures. Ce job, c’est le seul qu’on a bien voulu lui accorder, mal payé, avec des horaires horribles, et peu de congé. Personne n’engage les meufs aux cheveux roses, à la joue balafrée, aux tatouages apparents sous le col et avec un caractère de chien. Personne. Sauf les entreprises de nettoyage. Ou les bars à putes.

Vick en a encore trois longs, immenses, interminables couloirs à nettoyer. Ce sera sans doute plié en une heure, peut-être deux si le gardien la surveille encore du coin de l’œil, comme il le fait souvent.
En fait, ce job aurait pu être moins blessant pour son orgueil s’il n’y avait pas en permanence le nom de son ex affiché partout. Sinclair, par ci. Sinclair, par là. La belle et grande famille Sinclair, les riches, les omnipotents, les bâtards de Sinclair. Elle ne peut pas les blairer. Surtout les parents. Lorsque la mère est apparue un jour, lors d’une réception, face à elle qui portait un tablier un peu sale et un seau rempli d’eau usée, elle la regardée comme si elle était une vieille crotte de chien. Sans savoir qui elle est en réalité. Vick, elle, savait. Ruby a les mêmes yeux. C’est uniquement parce qu’elle avait besoin de son job qu’elle s’est retenue de balancer l’eau sale sur le brushing impeccable et le tailleur Dior de la dame. Ça et un peu d’orgueil aussi.

Madame Sinclair n’a pas à savoir. Quand ils savent, ces gens-là, ils foutent la merde, ils détruisent tout. Le pognon, c’est la carte kiwi pour le monde magique où les lois ne s’appliquent qu’aux pauvres et aux rebuts de la société. Le pognon, c’est le moyen le plus efficace de faire pression sur quelqu’un. Ça, elle l’a appris à ses dépens.

Le casque sur ses oreilles, ce jour-là, immanquablement, le souvenir de Ruby lui est revenu avec la violence d’une gifle. Son départ, pas d’explication, rien. Absolument rien. Pas même un petit texto. Que dalle. Comme si elle n’avait rien été de plus qu’un déchet, un passe-temps mignon, le petit chien-chien de la gamine riche…une merde. Ça lui a valu un séjour en taule. Et sa vie n’a plus jamais été la même après ça. Jamais plus elle n’a accordé sa confiance à qui que ce soit. Et elle n’a plus jamais entendu parler de Ruby.

Pétasse.

Ecouter de la musique super fort l’empêche de penser.

Penser à Ruby, c’est la certitude de ne pas bouffer. L’estomac qui se contracte, de rancœur et de peine, c’est difficile à gérer.

Et ce soir ne fait pas exception à la règle. L’alerte d’une batterie vide la fait soupirer et ôter son casque, qu’elle garde autour du cou. Le lecteur mp3 dans la poche de son tablier, elle est bien obligée de finir son taf en silence.

Un silence que vient troubler une voix qui la fige instantanément sur place alors que les phalanges crispées sur le moppe blanchissent. Lentement, la tignasse rose se tourne vers la source…et Vick de se redresser de toute sa hauteur, le regard bleu de glace, froid, dur et inflexible comme du métal, sur la silhouette de Ruby.

Ruby.

Pétasse.

Elle prend le temps de la regarder, de haut en bas, puis de bas en haut, avant de replonger son moppe dans le seau. Le gardien n’est pas loin, occupé à les regarder.

-T’as maigri, lâche-t-elle entre ses dents serrées, le regard fixé sur une tâche imaginaire au sol, un sol qu'elle nettoie fort. On te donne pas à manger dans ton château, Sinclair ?

Le gardien fronce les sourcils et croise les bras sur sa poitrine, un manège que Vick repère de loin.

-Casse-toi, tu vas me faire perdre mon job, ok ?

L’attitude défensive de Vick n’échappe pas au vigile qui vient de faire un pas dans leur direction.

-J’ai pas envie que ta connasse de daronne me fasse virer juste parce que je t’ai parlé. J’ai rien à te dire de toute façon. Alors casse-toi, putain…
-
Horizona
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Horizona
Mer 17 Mai - 23:26

Ruby
Sinclair

J'ai 27 ans et je vis à Montréal, Canada. Dans la vie, je suis vétérante de l'aviation royale canadienne , en reconversion dans l'entreprise familiale , et je m'en sors avec dépit et lassitude. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire de longue date et je le vis plutôt avec résignation.

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Mauvaise idée.
Non pardon rectification : idée de merde.

Franchement , je ne comprend pas ce qui m'a pris , de me pointer ici , en soirée pour parler à Vicky , aka mon ex qui doit sans aucun doute possible me haïr.
Magnifique idée...

Quand je la revois , ses cheveux roses , un casque autour du cou , ma gorge se serre. Ca me fend le coeur de la voir réduite à nettoyer un musée , tenu par mes parents qui plus est , alors qu'elle aurait pu rêver de mieux. Non que j'ai pitié d'elle mais...Je me sens déçue pour sa personne.
Ca ne me fait que d'autant plus regretter la manière dont notre histoire s'est finie : sans un mot.
Si on ne m'a pas laissé le choix , je sais honnêtement que j'aurai pu trouvé un moyen de lui faire parvenir ne serais-ce qu'une brève explication.
Pas certaine que la pillule serait mieux passée , ceci dit.

Toute personne normalement constituée oublie ses histoires d'amours foireuses de l'adolescence. Pas moi. 10 ans , et je n'ai jamais oublié les traits du visage si caractéristiques de mon ex.
Certes , elle a vieilli , mais pas tant changée. Certains tatouages se sont rajoutés , d'autres sont toujours là.

Si j'essaie de ne pas donner l'impression de la dévisager , Vick ne se dérange pas pour le faire. L'expression que je lis dans ses yeux me fait l'effet d'un coup de poignard , un tel mépris , une telle froideur dans les yeux de celle à qui je pouvais tout dire , il me semble y'a une éternité.
Ca peut paraître con , mais le simple fait qu'elle m'appelle par mon nom de famille me donne la gerbe , sueurs froides le long de ma nuque. J'ai affronté des situations terribles dans l'armée , pourtant la femme devant moi me perturbe bien plus que tout ce que j'ai pu voir.

"Je ne vis plus dans un château depuis bien longtemps." , je réplique simplement , de mon ton toujours si calme. Je pourrai prendre mal sa remarque sur mon poids , néanmoins ça m'est égal. Faut dire que quand je l'ai connu , j'avais pas mal de formes. Désormais , entre mon service militaire , et mon accident qui m'a considérablement affaibli , j'ai effectivement perdu pas mal de kilos.

Je tourne le regard vers le vigile. Il s'arrête net quand je croise ses yeux. Il sait qui je suis , au moins.
Tant mieux.
S'il se mêle de nos affaires , il va en avoir pour son grade.
Je me note tout de même mentalement d'aller le voir tout à l'heure pour être certaine qu'il ne touche pas mot de cette conversation à ma mère.
Je n'espère pas grand chose de cette discussion avec mon ex , mais je ne veux certainement pas qu'elle perde son job.

Ainsi , je secoue négativement la tête en direction du gardien , et il prend ses distances.
Pour le moment.

"Tu ne seras pas virée." , je dis d'une voix sûre , certaine. Je lui ai dit que je partirai si elle me le demandait , ce qu'elle a fait. Pourtant , je n'arrive pas à m'en aller. "T'as peut-être rien à me dire , mais...Moi si." , je laisse mes paroles flotter quelques secondes. "Et avant que tu ne prennes la mouche , ce n'est pas juste des excuses , que je viens t'adresser." , je sors un papier de ma poche , que je lui tend avec hésitation. "Je sais que tu voudras pas en parler ici. Je ne veux pas te causer d'ennuis. Mais...J'aimerais t'expliquer certaines choses. J'ai conscience que ça n'excuseras pas mon comportement , et je te demande pas de me pardonner , ou je ne sais quoi." , je la connais trop fière pour ce faire , et je doute qu'elle ai changée sur ce point.

"Juste...de m'écouter. Si tu veux. Je t'ai donné l'adresse d'un bar , pas classieux avant que tu poses la question personne te chercheras des emmerdes là-bas. On peut s'y retrouver demain à 23 heures si tu es disponible. Et , si tu veux pas...Tu me le dis. Et , je ne t'embêterai plus."

Une approche peut-être ridicule , mais je n'ai guère trouvé mieux. Je doute que nous nous reconcillions , mais je pense qu'elle mérite au moins de connaître la vérité sur ce qu'il s'est passé , à la fin de nos années lycée.
Anonymous
Invité
Jeu 18 Mai - 12:18

Violette
« Vick » Gagnon

J'ai 27 ans et je vis à Montréal, Canada. Dans la vie, je suis un malfrat et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien mais ça dépend des jours.

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Le vigile opine silencieusement de la tête non sans jeter un regard soupçonneux sur cette fille aux cheveux roses qui lui a déplu d’emblée et qui pue les ennuis. Les gens qui flemmardent au boulot, ce ne sont pas des gens convenables, selon lui, et il se demande ce que la fille Sinclair, belle, intelligente, bien élevée, peut avoir à dire une telle gamine des rues. Il s’éloigne donc mais reste tout de même dans les parages, ne serait-ce que pour avoir Vick à l’œil.

L’échange silencieux entre Ruby et le gardien ne lui échappe pas d’ailleurs, à la gamine de la rue. Il y a dix ans, elle aurait sans doute balancé son balai dans un coin avant de s’en aller, le menton haut, drapée dans son orgueil offensé. Maintenant, elle réagit différemment. Elle a besoin de ce job minable, pour conserver les apparences, elle a besoin de fric régulier, même si c’est une misère. Grâce à ça, elle est insoupçonnable aux yeux des flics.

Et voilà que Ruby lance son laïus. Vick n’a pas un regard pour elle, elle se concentre sur le sol, bien consciente que le vigile l’observe, ainsi qu’il le fait depuis son arrivée il y a quelques mois. Aucune échappatoire, aucun moyen de lui en retourner deux, aucun moyen de gueuler, sinon ce sera la porte. Alors, elle se tait, elle l’écoute, les poings crispés sur le manche de son moppe, l’estomac en feu, le cœur broyé. Il lui est vraiment, vraiment, vraiment difficile de se contenir.

-T’as pas compris quoi dans « casse-toi », en fait ?, dit-elle en grondant comme un vieux chat, de sa voix enrouée de fumeuse, alors que le moppe plonge une fois de plus dans l’eau, un peu plus sèchement cette fois.

Vick est un être fondamentalement bon à qui il est arrivé des choses mauvaises. Et comme l’immense majorité de ces gens, elle a appris à se débrouiller seule, à ne faire confiance à personne. Il n’y a qu’une seule personne qui compte : elle. Elle rend au monde ce qu’il lui a donné : de la merde. Et il lui est extrêmement compliqué de garder son calme en cet instant, alors que Ruby se pointe comme une fleur, pour…pour faire quoi au juste ?

Appuyée sur son balai, elle la regarde encore de la tête aux pieds avant de se fendre d’un atroce sourire moqueur, fendu jusqu’aux oreilles. La différence entre elles est marquée et Vick ne peut que le constater, avec une amertume très bien cachée. Elle est belle. Elle est même splendide, en fait. Le même regard joliment souligné de fard léger, des vêtements de prix, cette moue mignonne…face à elle qui porte un tablier immonde, des fringues vieilles de cinq ans, des pompes usées, et une énorme balafre sur la joue. Avant, cela ne posait pas de souci à Vick. Maintenant, après tout ce que les Sinclair ont fait…si.

-ça t’a fait trop mal à ton petit cœur de fille riche de me voir comme ça, c’est ça ?, lui lance-t-elle avec un clin d’œil. Papa et maman s’en veulent de ce qu’ils m’ont fait, tu crois ? Elle regarde le plafond en posant son index sur son menton, tout sourire ayant disparu. Le regard de glace revient, figé sur Ruby. Ha non, j’suis conne. Pourquoi ils s’en soucieraient, ces crevards, après dix ans. La blague, je bosse ici, je les vois souvent, et ils se rappellent même plus la fille dont ils ont détruit la vie. Un peu comme toi, qui te pointes ici avec ton sourire, ton joli tailleur et tes phrases toutes faites pour me donner un rdv.

Les phalanges sur le balai blanchissent à nouveau. Le souvenir de tout ce qu’elle a subi en prison lui revient en un éclair.

-Me prends pas pour une conne, Sinclair. Dès l’instant où ta mère saura, et elle saura, c’est une certitude, je pourrai faire mon sac et chercher ailleurs. Parce que c’est comme ça que marche le monde, poupée. C’est comme ça que ta famille fonctionne. C’est comme ça que TU fonctionnes.

Le ton vient de monter d’un cran, le vigile est en train de parler à son talkie walkie. Vick ricane à présent. Un ricanement triste, plein de rancœur et de détresse à la fois, alors qu’elle sait son destin à nouveau scellé.

-J’ai plus qu’à m’en aller, en fait. En vérité, c’est sûrement mieux comme ça. J’en pouvais plus de voir la sale gueule de ta daronne. Elle aurait sans doute fini avec quelques dents en moins, un soir ou l’autre.

Le manche du moppe tombe par terre en un claquement sec, Vick approche de Ruby, les mains dans les poches de son vieux tablier, pour s’arrêter à un pas d’elle pour inspirer longuement son odeur, les yeux clos. Un sourire étire les jolies lèvres de Vick, un sourire qui se tord en un rictus insupportable.

-Tu sais, chuchote-t-elle en accrochant le regard de Ruby, effrontément. C’est ça qui m’a le plus manqué en taule. L’odeur des gens propres, qui prennent soin d’eux. Maintenant je suis habituée à la crasse et à l’odeur de la merde, Sinclair. Ton petit bar pépouze, là, je suis sûre qu’on y sert des gin fizz et du vin rouge super cher. Si tu veux discuter, faudra descendre là où MOI je vis. Et faudra sans doute demander la permission à ta mère, tu crois que t’auras le courage de le faire, CETTE FOIS ?

Un clin d’œil plus tard, Vick contourne Ruby et s’éloigne et le vigile de courir en sa direction.

-Mademoiselle Gagnon ! Votre balai !!!
-Va te faire foutre, esti de cave, lui répond-t-elle en levant  son majeur.
-
Horizona
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Horizona
Jeu 18 Mai - 22:07

Ruby
Sinclair

J'ai 27 ans et je vis à Montréal, Canada. Dans la vie, je suis vétérante de l'aviation royale canadienne , en reconversion dans l'entreprise familiale , et je m'en sors avec dépit et lassitude. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire de longue date et je le vis plutôt avec résignation.

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C'est dur.
Dur de n'avoir aucun regard de la part de la fille aux cheveux roses.
Dur de constater que je n'ai même pas droit à ces échanges silencieux dont nous avions le secret.

En même temps , je ne suis pas en droit de lui réclamer quelque chose.
C'est moi qui suis partie , moi qui l'ai abandonnée , alors qu'elle ne méritait que le meilleur , plus de respect et un avenir plus radieux.

T’as pas compris quoi dans « casse-toi », en fait ?"

Gorge qui se serre , au son du timbre de sa voix. Je ne devrais pas continuer , parce que cette simple phrase est claire : elle ne veut rien entendre.
Elle me déteste , je le sais , mais le constater ça fait un mal de chien. Etre haïe par une personne que l'on a aimé , sincèrement...

Je continue sur ma lancée toutefois , j'essaie , prenant même le temps d'éloigner ce crétin de vigile.
Je me suis souvent laissée aller à imaginer ce qui ce serait passé si j'avais fui , si j'avais rejoint Vick , tenter de construire quelque chose loin de ma famille...mais à 17 ans ?
On se serait retrouvées livrer à nous-mêmes, j'aurai eu bien trop peur. Les regrets et les non-dits me troubleront toute ma vie , je le crains...

Le regard que m'adresse enfin Vick me glace le sang. Moqueuse. Méprisante.
Je me fige. L'envie de tourner les talons de m'enfuir. Elle n'a plus rien de celle que j'ai connu. Je comprends qu'elle m'avait laissé une chance , il y a 10 ans , une chance malgré mon statut , mais que j'ai trahi sa confiance à tout jamais.
Ma poitrine me brûle , et je sais que ce n'est pas uniquement dû aux vapeurs toxiques que j'ai inhalé il y a quelques semaines...

"Ça me fait mal de te voir aussi aigrie. Ça n'a rien à voir avec l'argent de mes parents." , je réplique , piquée malgré-moi dans mon orgueil. J'ai toujours tout fait pour la protéger de mes parents , de leur influence , et je comprends pas de quoi elle parle. Je me sens conne, tellement conne. "Je ne sais pas ce qu'ils t'ont fait." , je lâche finalement dans un souffle. Le ton monte , et je jette un regard agacé au vigile. "Non. JE ne fonctionne pas comme cela. Tu me connais plus. Comme moi , je ne te connais plus."

Rester calme.
Si le ton monte de trop , ce sera juste un putain de gâchis. Pour elle comme pour moi. Je vacille lorsqu'elle ricane , qu'elle lâche son balai.
Pourquoi elle se sent obligée d'agir comme ça ?
De faire la victime en continue , de s'enfoncer dans cette attitude ridicule ?

"Mais pourquoi tu fais ça ?" , il y a une note d'énervement dans ma voix. "Personne t'aurait virée. Tu le fais toute seule. Tu peux éclater la gueule de ma mère , si ça te chante , j'en ai pas grand chose à faire !" , le vigile me lance un coup d'oeil , mais je lève les yeux au ciel en simple réponse.

Je soutiens le regard de mon ex quand elle se place en face de moi , clairement provocatrice. J'ai pourtant essayé de venir avec apaisement , d'aplanir les choses , mais c'était une idée de merde. Souvent , mieux vaut laisser le passé dans le passé.
La prison. Elle a été en prison. Et ça me brise le coeur , ça me fout une culpabilité monstre. Je m'en veux avec une intensité inimaginable.

"Tu me prends vraiment pour une imbécile." , je lâche avec une certaine amertume , je ne l'aurai pas invité dans un endroit comme ceux qu'elle décrit. Je la laisse s'éloigner , rejoignant le gardien : "Pas un mot à Madame Sinclair." , je souffle agacée , avant de rattrapper Vicky.

"Attends." , je n'arrive toujours pas à lâcher l'affaire. "Si tu le pensais vraiment , je suis prête à venir dans l'endroit que tu veux." , après m'être entraînée contre des mecs deux fois plus grands que moi , ce n'est sûrement pas ses quartiers qui me feront peur. "Et je ne demande aucune permission à ma mère." , je reviens sur ses insinuations qui continuent de me blesser , d'un brin ironique. C'est le moment que choisissent mes poumons blessés pour se manifester , et je pars dans une quinte de toux digne d'une asthmatique en fin de vie , goût dégoûttant de sang dans la bouche. "Alors , tu me donnes une adresse , ou je me casse définitivement cette fois ?" , je lui demande une fois que j'ai repris mon souffle.
Anonymous
Invité
Lun 22 Mai - 10:57

Violette
« Vick » Gagnon

J'ai 27 ans et je vis à Montréal, Canada. Dans la vie, je suis un malfrat et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien mais ça dépend des jours.

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Aigrie…

Non, c’est bien pire que cela, elle a la haine, cette haine primale et totalement irraisonnée de tout le monde parce le monde, depuis sa naissance, ne lui a balancé que de la merde. Les seuls petits et grand moments de joie, les seuls, elle les a vécu avec Ruby. Ruby qui est partie du jour au lendemain, sans un mot, sans une explication, comme les autres. Ce jour-là, quand elle a compris qu’il se passait quelque chose de terrible, d’irrémédiable, une colère lui a tenaillé le cœur, l’envie d’en découdre, elle aurait pu casser la gueule au monde sans s’arrêter un instant juste pour avoir des nouvelles. Mais…rien. Rien du tout. Silence complet.

Vick marche toujours, sans se retourner, même si les mots de Ruby parviennent enfin à se frayer un chemin jusqu’à son esprit embrumé par la colère. Elle ne sait rien ? Vraiment ? Ce serait étonnant, ça a fait la une de Télé Matin. A moins qu’ils ne l’aient envoyée dans un couvent – ce dont ils sont tout à fait capables-, elle a du passer les dix dernières années avec de méchantes œillères collées sur la face.

Arrivée devant son casier, loin du vigile qui renonce à appeler sa patronne, elle ouvre la porte de métal gris et ôte son tablier, toujours sans regarder Ruby. Elle a du se construire une carapace, épaisse, coriace, solide, pour ne pas se retrouver une nouvelle fois dans cette situation : celle où elle fait confiance et où elle est, in fine, abandonnée comme une merde sur le bord du chemin. Alors, elle trace sa route, elle retrouvera un job, peu importe où. Elle expliquera à Fergus.

Elle ne peut plus travailler ici. Le vigile l’a dans le nez depuis son arrivée, puis maintenant, y a Ruby qui débarque. Et les ex, c’est jamais bon pour les affaires, surtout si Fergus l’apprend. C’est toute sa crédibilité dans le monde de la nuit qui est sur la sellette, en à peine dix minutes, alors que ça lui a pris dix ans pour garder la tête hors de l’eau. Elle jette le tablier au fond du casier, en boule, avant de décrocher des cartes postales suspendues à l’intérieur de la porte grâce à du scotch : Londres. Amsterdam. Paris. Rome. Des images découpées dans des magasines. Des illustrations d’œuvres d’art. Elle fourre tout ça dans un totebag à motif écossais avant de s’emparer de sa large veste à capuche xxl qu’elle enfile, toujours en silence, face à une Ruby qui plaide sa cause puis qui…qui tousse comme une vieille bronchiteuse en fin de vie.

Un fin sourcil marron se hausse, elle regarde son ex en plissant les yeux, une vague et brève lueur d’inquiétude y luit. Une seconde, peut-être deux. Pas assez pourtant pour être remarquée par Ruby. Après une longue seconde de réflexion, elle fouille son sac et en sort un vieux stylo bille ainsi qu’une souche d’épicerie. Elle écrit rapidement un nom, avant de lui tendre le papier.

-J’sais pas pourquoi t’es là, j’sais pas trop ce que tu cherches à faire, t’es trop chelou Sinclair, à te pointer ici après dix ans. T’as raison sur un point, on ne se connait plus. Dix ans, c’est une vie.

Sur le papier, qu’elle désigne d’un geste de la tête.

-23h samedi. District Eagle. On verra si t’auras les couilles de venir ou si maman t’aura sucré ton char pour te consigner dans ta chambre.

Elle contourne Ruby et abandonne son badge dans un évier, en songeant à d’autres endroits où postuler.

-Et prends un peu de Benylin, tu tousses comme une clocharde.

La compassion, l’élégance et la finesse ne font plus partie de son vocabulaire depuis bien longtemps. Pourtant, sous les mots rudes, il y a un attention. Petite, mais bien présente. Et ça l'agace un peu, on dirait.
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Horizona
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Horizona
Mar 23 Mai - 19:14

Ruby
Sinclair

J'ai 27 ans et je vis à Montréal, Canada. Dans la vie, je suis vétérante de l'aviation royale canadienne , en reconversion dans l'entreprise familiale , et je m'en sors avec dépit et lassitude. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire de longue date et je le vis plutôt avec résignation.

The taste of your lips is something i can't forget (ft Ally) 286029310f5dd7f0c1448cc6f8aa153f18762764
I know a place
It's somewhere I go when I need to remember your face
We get married in our heads
Something to do while we try to recall how we met
Do you think I have forgotten?
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About you?
J'ai lu un jour une phrase qui disait : mieux avoir des remords que des regrets. Parce que les remords on peut en guérir , finir par passer dessus voir arranger les choses à terme.
Les regrets , on ne peut pas s'en débarasser. C'est quelque chose sur lequel on ne peut pas revenir , malgré toute la bonne volonté du monde. Et , c'est exactement ce que je ressens en suivant Vick. Des regrets à foison qui me pourissent l'esprit , au fur et à mesure que les souvenirs me reviennent en tête. Des moments de rire , de joie , de bonheur simple , le premier baiser échangé , des promesses jamais réalisées...

En courbant l'échine face à mes parents , et leurs idéaux archaïque , j'ai tant perdu. Mon ex , une bonne santé , la paix de l'esprit...Vicky a raison dans le fond : fille-fille à maman , incapable des'imposer , quelqu'un sur qui on ne peut compter. Mais , je ne suis plus cette personne , du moins , je l'espère. Comme le dit si bien , la femme aux cheveux roses , en 10 ans la vie change.

"Je ne sais pas trop ce que je fous non plus." , je marmonne , réellement surprise quand elle me tend le bout de papier. Je pensais qu'elle allait encore m'envoyer dans les roses , mais non. Curieux.

Je prend le papier , alors qu'elle me dit à voix haute de quoi il en retourne. Ce n'est effectivement pas le genre d'endroit que ma famille fréquente. De loin pas. Néanmoins , je ne ressens pas d'angoisse particulière à l'idée de m'y rendre. J'ai connu bien pire , et suis capable de me défendre.

"Je ne demande plus la permission à ma mère." , je lève les yeux au ciel. Bien sûr , ma toux de clocharde comme elle la qualifie si bien ne passe pas inperçue. "Merci de ta sollicitude , mais c'est pas un médoc contre le rhume qui m'aidera." , je réplique d'un ton bien ironique. Je me doute qu'il n'y a aucune inquiétude de sa part , pourquoi en aurait-elle , et je ne m'étend pas sur les blessures qui menacent ma vie à petit feu. Su ces dernières paroles , je tourne les talons , la laissant quitter son poste. Je ne voulais pas lui faire perdre son boulot , ceci dit son côté incroyablement borné n'a pas changé...

***
Samedi , 23h02

Je n'ai bien entendu pas informé mes parents de ma sortie dans le quartier chaud de Montréal. Déjà parce que ma mère en aurait fait une crise cardiaque , mais aussi parce qu'on ne partage plus rien , de toute manière.

Je ne suis jamais venue. Après tout , ayant quitté la ville cosmopolite il y a 10 ans , à peine sortie de l'adolescence , ce n'était pas le genre d'endroit que je fréquentais. Et , durant mes permissions , j'évitais soigneusement de revenir dans le coin , logeant régulièrement chez une tante vivant à Québec.

Je ne porte pas mes habits classieux , je ne suis pas suicidaire. Un simple jean , et ma veste en cuir habituelle , depuis que j'ai rejoint l'ARC , offerte à l'époque par une compagne de régiment. Niveau maquillage , je suis restée sommaire , une simple touche de masquara.
J'ai senti quelques regards dans mon dos , seul un homme d'une trentaine d'années , visiblement déjà éméché a essayé de me casser les couilles juste devant le District Eagle. Il n'a pas fait long feu , coup de pied bien placé dans les parties et dans l'abdomen , avant qu'il n'ai pu esquisser le moindre mouvement.

J'entre dans le bar comme si j'étais une habituée , mais je n'en mène pas si large intérieurement. Il flotte une odeur de tabac froid dans l'air , et je trouve ça dégoûttant. Je cherche du regard Vick , sa chevelure aisément reconnaissable , à une table au fond , non loin des tables de billards. Je m'assois en face d'elle , me demandant encore comment je vais pouvoir expliquer ma fuite d'y a 10 ans , et si ça en vaut vraiment la peine :

"Je suppose que tu ne m'attendais pas vraiment mais me voilà. Pas trop déçue ?" , je dois avouer qu'une part de moi pensait qu'elle me fouterait un lapin. "Et donc...Tu viens souvent ici ?" , question bête avant d'aborder ce qui fâche , me commandant un demi de bière , goût des plus banals , mais je ne tiens pas à m'alcooliser.
Anonymous
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Sam 27 Mai - 22:22

Violette
« Vick » Gagnon

J'ai 27 ans et je vis à Montréal, Canada. Dans la vie, je suis un malfrat et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien mais ça dépend des jours.

Informations supplémentaires ici.

La fille en rose est à sa place habituelle non loin des billards et du comptoir. Personne ne l’accompagne, si ce n’est un laptop gris copieusement décoré d’autocollants de toutes les couleurs. Le casque sur les oreilles, elle pianote à une vitesse impressionnante, les images défilant rapidement sous son regard concentré. Dans le casque, les mélodies électroniques d’Hatsune Miku. Elle déteste l’ambiance musicale de ce bar alors elle s’arrange pour ne pas l’endurer de cette façon, préférant écouter sa propre musique pour ne pas avoir à supporter du vieux métal de daron.

Depuis le comptoir, une paire d’yeux gris la surveille, entre deux verres rapidement séchés. Un regard perçant, des cheveux blancs à force d’être blond clair, un nez droit, une mâchoire carrée sur laquelle trône présentement un sourire en coin…L’homme ne quitte pas Vick des yeux, se fichant bien des tentatives malheureuses des gars présents ce soir et qui admirent sans retenue le six-pack parfaitement visible sous le t-shirt noir. Fergus est beau, de cette beauté virile qui attire autant qu’elle effraye. La beauté d’un diable. Vick sait très bien que ce regard perçant et ce sourire en coin sont dirigés vers elle mais elle s’en fout. Il ne fait que veiller sur son investissement, après tout.

Parce que c’est ce qu’elle est. Un investissement. La gamine des rues, cette tête brûlée à peine sortie de taule, a échoué ici, dans ce bar, à se saouler comme une poivrote après des mois d’isolement social. Elle n’avait pas de thune, pas de famille, pas d’ami, il avait besoin de main d’œuvre, c’était un marché équitable dans lequel ils ont trouvé une satisfaction mutuelle. Ce qu’elle n’a pas pu apprendre à la fac, elle l’a appris ici, dans ce bar, dans la rue, dans son appartement. En déposant un verre de whisky sans glace devant un client, Fergus note la présence soudaine d’une femme, plutôt pas mal roulée, qui vient s’asseoir devant Vick. Un froncement de sourcil plus tard, il pianote sur son cellulaire avant de planquer l’appareil dans la poche arrière de sa paire de jeans. Le téléphone de Vick vibre, la sortant de sa réflexion.


Fergus

On me fait des cachotteries, petite fille ? 23:07



C’est ce message qui lui fait réaliser que Ruby est là. Aussitôt, le cellulaire file dans la poche de son sweat-shirt, le pc est fermé, le casque est ôté des oreilles mais toujours accroché à son cou comme un collier.

- Je pensais pas que tu viendrais, honnêtement, répond-t-elle en rangeant le pc dans le sac disposé à ses côtés, imperturbable, le front encore plissé par ce qu’elle vient de lire.

Elle lève la main, elle ne dit rien, elle attend juste que la serveuse lui apporte ce qu’elle boit toujours : de l’eau. Avec trop de glaçons.

-Merci Lara, dit-elle simplement à la serveuse qui s’éloigne.

Depuis le comptoir, Fergus les regarde encore, terriblement amusé. Vick n’a rien répondu. Il va falloir creuser cela plus en profondeur. Personne ne peut avoir de secret pour lui, personne.

-J’habite pas très loin, je viens ici pour le wifi gratuit, dit-elle en s’enfonçant sur son siège et en posant enfin le regard sur Ruby.

Elle a fait un effort, elle porte des habits conformes à l’endroit où elle se rend et pas ses fringues de princesse. Cool. Vick, elle, porte la même chose depuis trois jours. Une paire de jeans trouée aux genoux, des vieilles doc, un t-shirt ample sous un sweat-shirt autrefois noir, et qui est désormais gris. Pas de maquillage. Ses cheveux épars sur ses épaules, nattés ici et là…Ainsi habillée, elle a l’air d’avoir à peine vingt ans. C’est du moins l’âge qu’on lui donnerait s’il n’y avait pas cette cicatrice sur sa joue et ce pli permanent au milieu du front, comme si elle était constamment en plein réflexion. Ou…sous tension.

-Alors, Sinclair, que me vaut l’inestimable privilège de ta noble présence en ces lieux, dis moi ?

Un sourire en coin.

-Dix ans…C’est long. T’as eu large le temps de réfléchir à ce que tu vas me dire, je présume, alors je t’écoute, princesse. C’est quoi ton excuse ?
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Horizona
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Horizona
Lun 29 Mai - 20:07

Ruby
Sinclair

J'ai 27 ans et je vis à Montréal, Canada. Dans la vie, je suis vétérante de l'aviation royale canadienne , en reconversion dans l'entreprise familiale , et je m'en sors avec dépit et lassitude. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire de longue date et je le vis plutôt avec résignation.

The taste of your lips is something i can't forget (ft Ally) 286029310f5dd7f0c1448cc6f8aa153f18762764
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About you?
Vick a les yeux plongés vers son ordinateur quand je m'assois en face d'elle. Je ne sais pas trop ce qu'elle y fout , et j'aurai pas le courage de lui demander , par peur du rejet. Du travail ça m'étonnerait , et vu comment le bar est bruyant je ne vois pas trop comment elle pourrait se concentrer , même avec son propre casque sur les oreilles.

Casque qu'elle ne quitte jamais véritablement j'ai l'impression. Partie d'elle-même à part entière.
Mon regard s'attarde quelques peu sur sa personne , ses cheveux roses flash , la cicatrice dont j'ignore encore l'origine et ses habits qui , si je ne me verrai pas les mettre , lui vont bien.

C'est sa personnalité , son univers , difficile de l'imaginer avec des habits plus chics. Quand elle avoue qu'elle pensait que je ne viendrai pas , ça ne fait que confirmer ce que je savais déjà. A ses yeux , je suis encore la même adolescente qui a peur du noir....

"De l'eau ? Toi, tu bois de l'eau ? Vraiment ?" , je relève surprise , avec un petit sourire en coin , l'air amusé. Qui aurait cru que ce je serai la seule avec de l'alcool ce soir ? Une surprise. Bonne ou mauvaise je n'en sais rien.
Ceci dit , pour le coup , je ne m'attendais vraiment pas à la voir "commander" un simple verre d'eau , du moins avec le nombre de glaçons qu'ils ont foutu dedans , je crois qu'il va falloir attendre qu'ils fondent avant de pouvoir boire quelque chose.

Le wifi donc...Mouais. Je ne suis pas certaine qu'elle vienne uniquement pour ce fait , ou alors je suis devenue trop méfiante envers les autres.

Je retiens un soupire à la suite de ses paroles. Inestimable présence , princesse , excuses...Y'a une part de moi qui voudrait lui faire ravaler ses mots , mais mon côté calme , serein , prend toujours le dessus.
Et , de toute manière , je ne serai pas vraiment légitime de lui en vouloir , après tout ce qui c'est passé.

"Pour être honnête , non je n'y ai pas spécialement réfléchi. Je ne viens pas m'excuser parce que je sais que tu n'en as pas envie , mais je voulais t'expliquer ce qui s'est passé." , je prends une inspiration , je tente de trouver les mots pour ne pas sombrer dans le mélo dramatique dégoûttant , dire les choses telles quelles sont sans trop en rajouter. "Je n'ai jamais voulu te laisser sans nouvelles. Quand mes parents ont appris que je sortais avec une fille , ça les a rendu dingues...Mon père...Enfin , je vais pas te faire un dessin mais disons que je l'ai senti passé. Physiquement. Après...Il m'a envoyé faire mes classes à l'armée. Dans son esprit , ça allait me faire oublier mes dérives , me remettre dans le droit chemin selon ses propres termes. Je me disais qu'il te laisserait tranquille si je lui obéïssais , néanmoins je comprends aujourd'hui que je me suis bien trompée." , je laisse passer un petit temps avant de reprendre , tentant de chasser la clpabilité que je sens monter en moi , après une gorgée de bière , ignorant tout du fameux Fergus qui nous observe :

"Finalement , j'ai bien aimé l'armée. Et rigoles pas. Disons que j'ai fini par y trouver ma place. Alors , au lieu de revenir à Montréal comme le souhaitait mes parents , j'ai postulé à l'ARC , ait obtenu une place et servie là-bas durant quelques années. Je ne suis jamais revenue dans le coin , j'allais chez une tante à chaque permission pour ne pas les revoir. Puis...Il s'est passé un truc et j'ai été déclaré inapte." , curieusement , je n'avais pas envie de lui parler de mon accident , de mes poumons en mauvais état. Pourtant , ça ne changerait pas grand chose , mais les mots ne sortent pas. J'en ai sûrement déjà assez dit.


J'ai changé de pseudo anciennement Elsy.


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