Les jambes tremblantes à cause de sa course effrénée de tout à l’heure, Max s’écroule dans le fauteuil de son frère, observant son père et Vincent soulever délicatement le corps meurtri de Rowan. « Comment va-t-il ? » Sa voix est dure, éraillée. Il s’attend au pire mais retient ses larmes, ne prenant pas non plus en compte la douleur qui le tiraille dans sa jambe. Une fois qu’ils ont allongé Rowan sur le canapé, Jaxon s’approche de Max, les yeux brillants. « Il est très mal en point mais il est toujours là. Il… Il est fort, il survivra. Max ? Est-ce qu’il a déjà fait ce genre de choses avant ? Ce qu’il m’a dit, au parc tout à l’heure… J’ai peur pour lui. » Son fils hoche la tête, laissant s’échapper un reniflement. Il pose son regard sur le visage apaisé de Rowan. « Je sais plus quoi faire. Il n’a plus envie de vivre depuis Lila. Il veut rien savoir. Et toute cette histoire avec Elena, je crois que ça l’a achevé. Il est ancré dans le passé, il veut pas s’en sortir. » Max refoule ses larmes et son père le prend dans ses bras, comme il le faisait quand il était enfant. Être l’aîné d’une fratrie n’est pas facile.
Encore secouée par la scène, Dol reprend sa respiration et appelle le médecin de la famille, s’occupant d’eux dans l’ombre. Elle n’ose pas regarder le visage de son frère, presque méconnaissable. C’est loin d’être la première fois qu’elle assiste à ce genre de scène violente. Née dans une famille comme les Myers, elle y était destinée. Mais voir son petit frère ainsi l’a profondément chamboulée. Elle pose une main sur l’épaule de Max, chamboulé lui aussi. Ils se sont toujours soutenus, tous les trois, dans les meilleures comme dans les pires situations. Alors voir et sentir la détresse de l’un d’entre eux est absolument terrifiant. « Max, tu saignes ! » Elle s’accroupit devant son frère et l’aide à soulever son pantalon. « Ta blessure s’est ré-ouverte… Reste là quand le médecin arrivera. Tu es bon pour d’autres points de suture… » Il balance sa main en soufflant, soi-disant qu’il n’était pas le plus à plaindre.
Alors que Dol et Max restent au chevet de Rowan, Jaxon et Vincent s’occupent des trois corps sans vie. Vincent, arrivé comme une fleur dans la famille Myers il y a de cela quelques années déjà, reste toujours éberlué par la force et le sang froid dont peuvent faire preuve ses compères. Seul, Rowan était parvenu à venir à bout de deux hommes armés. C’était impressionnant. Il appréciait Rowan comme on apprécie un beau-frère, mais à cet instant il le redoutait. Il ne l’espérait pas mais, si jamais un jour il faisait du mal à Dol, il savait qu’il finirait mort dans un caniveau. Rowan l’effrayait.
Le médecin arrive une quinzaine de minutes plus tard et Dol, Vincent et Jaxon sortent de l’immeuble, encore secoués. « Frank, dis-moi qu’il va s’en sortir. » Il ne répond pas, occupé à retirer les nombreux éclats de verre de la peau de Rowan. Une fois fait, il s’occupe des diverses blessures. Le tout dure un peu plus d’une heure de travail. « Il s’en remettra. Ce qui m’inquiète c’est cette plaie au niveau du flanc. Il a perdu beaucoup de sang et elle commence déjà à s’infecter. Mieux vaut que je reste cette nuit, pour surveiller ça… Il a aussi plusieurs côtes cassées. Empêche-le de se lever pendant au moins deux jours. Il doit dormir, rien de plus. Donne-lui ces antibiotiques et je te laisse de la morphine. Il va en avoir besoin… » Il regarde la jambe de Max. « Toi en revanche, si tu continues comme ça, tu finiras par ne plus marcher du tout. » Il fronce les sourcils en voyant l’étendue des dégâts.
*
Le jour se lève, Frank et Max ont passé la nuit au chevet de Rowan, de peur que l’infection se propage. Le blessé s’est réveillé une fois au milieu de la nuit, fiévreux. Estimant qu’il n’avait plus d’intérêt à rester, Frank se fait accompagner de Max à la sortie de l’immeuble, malgré les protestations du médecin. Aux mots de Frank, Max fronce les sourcils. Rose aurait-elle vraiment passé la journée ici ? « Ne te mets pas en retard, Frank. Merci pour tout, je me charge d’elle. » Il s’approche de la jeune femme, le regard toujours posé sur la terrasse. « Rose ? » Pas de réponse. Il pose sa main doucement sur son épaule. « Rose ? Tu peux pas rester là, tu trembles de froid. » Il fronce les sourcils alors qu’elle ne bouge pas ni ne répond. Il soupire. « Rowan est vivant. Je vais pas te dire qu’il va bien, mais il va s’en sortir. » Il la regarde dans les yeux, elle semble avoir pleuré toute la nuit, ici, immobile. « Rentre chez toi, maintenant… » Il rebrousse chemin, en boitant. Quel con, il a oublié sa canne en haut et sa jambe lui fait un mal de chien. Il se retourne vers sa voisine et remarque qu’elle n’a toujours pas bougé. Il sait ce qu’elle veut. Il ne comprend pas trop son état d’âme, mais il décide de lui venir en aide. « Tu veux le voir ? » Il s’accoude à la porte d’entrée, le visage crispé. « En échange, tu peux m’aider à monter s’il te plait ? »
Arrivé à l’appartement, Max remarque que celui-ci est complètement sans dessus dessous. Les corps des trois hommes ne sont plus là, mais les tâches de sang qu’ils ont laissées sur le parquet et les murs n’ont pas été nettoyées. Cet endroit n’est ni plus ni moins qu’une scène de crime. Une fois sur le fauteuil, il s’adresse à Rose. « Il a pris de sacrés coups, mais il s’en remettra. » Rowan est recouvert d’un drap jusqu’au torse qui se soulève au rythme d’une respiration lente et sifflante. Son visage est tuméfié et presque méconnaissable. Redoutant la réaction de Rose, Max attrape son bras. « Ne regarde pas sous le drap, s’il te plait. Je te dis qu’il va s’en remettre. Pas besoin de t’infliger ça, c’est pas beau à voir. » Après quelques minutes, Max s’assoupît dans le fauteuil, après une nuit blanche et mouvementée.
*
Coincé dans un corps de fer, je n’arrive pas à bouger ne serait-ce qu’un petit doigt. Chaque parcelle de peau me fait souffrir et je ne me souviens plus de rien. J’ai l’impression de me réveiller et de retomber dans les vapes la seconde d’après. Parfois, des voix m’atteignent, celle de Max principalement. Il a l’air triste, je ne comprends pas pourquoi. Est-ce que je suis mort ?
Un flash m’aveugle et je me réveille en sursaut. La douleur est insoutenable, je crie mais aucun son ne sort. J’ai la sensation d’avoir une lance plantée dans le flanc, des aiguilles en train de m’arracher des parcelles de peau, d’un marteau me martelant le visage, sans répit. Laissez-moi crever… Pourtant, au-delà de toute cette souffrance, je ressens une sensation douce et réconfortante autour de ma main. Je m’y accroche et la sers autant que je peux. Ça me calme un peu. J’ouvre mon seul œil valide et ma vision est complètement floue. Ça me fait si mal bordel. Que quelqu’un abrège mes souffrances… Je tente de parler mais je n’y parviens pas. J’entends des voix, presque inaudibles. C’est du charabia, dans ma tête.
*
Réveillé par Rose, Max s’agenouille vers son frère, à demi-réveillé. Frank lui avait dit qu’une fois que la morphine ne faisait plus effet, la douleur redoublerait de puissance. Il s’empare de la seringue de morphine et lui injecte dans le bras, comme le docteur lui a montré. Rowan se calme peu à peu et sa respiration devient moins haletante. Il a envie de chialer de le voir ainsi. Il pose sa main sur son front bleui par les coups et lui sourit, inquiet. « Ça va aller. » Il ne sait pas vraiment à qui sont adressés ses mots, à lui, à Rowan, à Rose. Tout le monde a besoin de savoir que tout se passera bien. Rowan secoue la tête, il n’est pas d’accord avec le fait que tout ira bien. Il marmonne quelque chose mais Max ne l’entend pas. Il approche l’oreille de ses lèvres pour mieux entendre. « Tue-moi. » Max a la sensation de se prendre un seau d’eau glacé dans le visage. Un tremblement le parcourt. Il aurait envie de le frapper, de le secouer, mais n’en fait rien. Il se lève, fronce les sourcils et regarde son frère droit dans les yeux. « Non. Tu es un Myers, tu te bats. » Rowan ferme l’œil en soupirant. C’est à ce moment qu’il se rend compte de la présence d’une jeune femme qui lui tient la main. « Lila ? » Les yeux pleins de tristesse, Max pose une main sur l’épaule de Rose. « Tu devrais partir, maintenant. » Sa voix ne laisse place à aucune négociation.
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Cheval de Troie
Sam 12 Aoû - 16:22
Rose Williams
J'ai 24 ans et je vis à ... Etats Unis. Dans la vie, je suis serveuse jusqu'à ce que je réalise mon rêve d'être fleuriste. Je suis célibataire car je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à l'amour et je m'en sors plutôt bien, je me dis que tout vient à point.
Rose est une jeune femme qui a hâte de croquer la vie à pleine dent. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle a décidé de quitter sa campagne natale. Elle y était bien pourtant, c'est le genre de campagne où vous avez une maison au milieu d'un champ et votre premier voisin se trouve à au moins deux kilomètres ! Vous voyez ce genre de bail, c'est de là que vient Rose. Pour l'école, c'était compliqué, sans cesse obligée de se réveiller deux heures et demie avant pour pouvoir se préparer et arriver à temps grâce au car scolaire, qui dieu merci, passait par sa ferme. Ses parents ont toujours été très gentils et très aimants, dans sa campagne tout le monde se connait et vit en communauté. Pour autant, même si Rose a toujours aimé sa vie à la ferme, elle a toujours eu envie de voir à quoi pouvait ressembler le reste du monde. Aussi, c'est sans se retourner qu'elle a décidé de s'installer dans la ville la plus proche de sa campagne pour se faire une première expérience en territoire inconnu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une souris des champs n'a pas sa place en ville, au risque de faire dévorer par de vilains matous !
Quand je vois Max sortir avec le médecin, mon cœur se met à palpiter. Il n'a pas l'air de quelqu'un qui vient de perdre son frère. Donc Rowan est bien vivant, pas vrai ? Je ne suis pas en train de me faire de faux espoirs, pas vrai ? Non, il est vivant, il est forcément vivant. Cette phrase tourne dans ma tête comme un mantra. Je ne sais pas pourquoi je me fais autant de souci pour lui et pour l'instant, je m'en fiche, je n'arrive pas à avoir une seule pensée cohérente si ce n'est que j'ai envie de savoir comment il va. J'ai envie de le voir de mes propres yeux et voir s'il est vraiment vivant. Je sais bien que personne n'aurait de raison de me mentir, après tout, je ne suis personne pour eux. Mais..... j'ai besoin de le voir. Je dois le voir respirer. Je ne bougerai pas d'ici tant que ça ne sera pas fait.
Pendant que mes pensées obscurcissent mes pensées et mes oreilles, les paroles de Max ne sont que des bourdonnements pour moi. Je le vois parler, mais je ne comprends rien de ce qu'il me raconte. Je ne cesse de faire des aller-retours de regard entre la fenêtre et lui. Il finit par s'en aller et j'ai envie de le retenir, mais mon corps est engourdi et ma voix reste étouffée dans ma gorge. Mon sang accélère dans mes veines, car je n'ai pas envie de le laisser partir ! Et comme s'il avait entendu mes pensées, il finit par se tourner vers moi et me dit qu'il veut bien me laisser le voir si je l'aide à monter. Cette fois, ses paroles me sont parvenues distinctement.
Je m'élance avec le peu de force qu'il me reste. Je titube mollement vers lui jusqu'à ce que je retrouve l'usage de mes jambes. Je ne suis pas en meilleur état que lui et je peine à aider ce grand gaillard, mais je tiens bon. Marche après marche, on monte, ma respiration se saccade et de la sueur perle sur mon front. Mais rien, je ne laisse pas tomber !
Sans un mot, on finit par rejoindre leur appartement, j'aide Max à s'asseoir puis mon regard se pose rapidement sur l'état de l'appartement. Je pose une main sur ma bouche, écœurée par ce que je vois… Rowan allongé sur un canapé, au beau milieu d'une scène de crime digne des plus grandes séries policières. Ma lèvre inférieure commence à trembler et je n'arrive pas à retenir mes larmes. Je me précipite à son chevet, je m'agenouille près de lui et je lui prends la main. Je crois que Max me donne des consignes, mais ses paroles redeviennent des bourdonnements. Mon esprit est uniquement focalisé sur le visage tuméfié de Rowan. Il est méconnaissable. Quelle horreur, le pauvre, il doit tellement souffrir…
Tendrement, je caresse le dos de sa main avec mon pouce.
"Je suis désolée. Je suis vraiment désolée.... J'aurais dû intervenir plus vite... J'aurais dû faire quelque chose.... Je suis tellement désolée...."
Je pose mon front contre sa main en pleurant silencieusement pour ne pas réveiller Max ou Rowan. J'offre mes larmes en guise de pénitence contre la main de Rowan. Sans fermer l'œil une seule fois, je suis restée à son chevet. J'ai regardé chacune de ses respirations pour être sûre… Je posais ma tête contre sa main et je l'écoutais respirer. Mais à un moment, il s'est mis à s'agiter et à agripper ma main dans la sienne. Il la serrait de plus en plus fort comme s'il ne voulait surtout pas que je le lâche. Je me dis qu'il finirait par me broyer la main, mais surtout.... qu'il devait souffrir terriblement pour en venir à me serrer si fort...
"Max.... Max ! Réveille-toi ! Je crois que Rowan souffre, la morphine ne doit plus faire effet !"
Lui dis-je avec une voix cassée. Son frère arrive pour lui administrer une dose de morphine. Même si la poigne de Rowan me fait atrocement mal, je refuse de le laisser souffrir tout seul. J'endure la douleur jusqu'à ce qu'il se calme et qu'il finisse par desserrer l'emprise sur ma main. Je recommence à lui caresser la peau à l'aide de mon pouce pour qu'il continue à se détendre. Mais là, sans que je m'y attende, il prononce le nom d'un autre fleur... Je ne saurai dire pourquoi cela m'a fait l'effet d'un poignard en plein cœur. J'ai dû me mordre l'intérieur de la joue jusqu'au sang pour ne pas pleurer. Mais ç'aurait été ridicule, pas vrai ?! C'est pour ça que j'ai résisté. Max m'a ensuite fait comprendre que je devais partir maintenant et... Je crois qu'il a raison.
Mon cœur blessé et moi quittons donc l'appartement de Rowan pour rentrer chez nous. Une fois chez moi, je prends une douche puis un café, je me prépare rapidement pour ne pas être en retard au travail. Je n'ai absolument pas envie de passer la journée chez moi, je vais sans doute pleurer et broyer du noir donc autant gagner de l'argent plutôt que d'en perdre inutilement.
Soupire. Ma gueule dans le miroir n'est vraiment pas fameuse, j'ai des cernes et le teint pâle. Je suis pas coiffée, ni même maquillée. Je suis fatiguée et profondément triste et je suppose que ça se voit. Je n'ai même pas la force de le cacher. Aussi, je préfère me dire que je m'en fous. Cette journée finira bien par passer, je rentrerais chez moi et aurais tout le loisir d'être triste dans mon coin pour, je ne sais quelle raison.
Je me claque le visage pour me redonner du courage puis je prends ma veste et mon sac à main pour partir bosser. Je ferme mon appartement à double tour puis une fois en bas de l'immeuble, je dois lutter contre l'envie de retourner le voir… Puis je me rappelle que je ne suis pas celle qu'il l'attend. J'ai fait mon devoir, j'ai prévenu sa famille et j'ai veillé à ce qu'il aille bien. Maintenant, je dois passer à autre chose, car ça ne me concerne pas. Je soupire pour essayer de me convaincre de tout ça, je me le répète sur le chemin du boulot puis une fois devant le resto, je me mords la langue pour ne pas pleurer. Je passe les portes et sans surprise, je ne croise que Vincent. Je suppose que Dol est restée chez pour se remettre de ses émotions et pour pouvoir passer voir Rowan quand elle en aura envie. Soupire.
Vincent me salue tout en étant surpris de me voir. Il me dit qu'il ne m'en aurait pas voulu si j'avais pris ma journée. Je lui ai répondu que j'allais bien et que je préférais être au travail. Il n'a pas insisté et mon service du matin a pu commencer. J'ai passé toute la matinée à travailler comme un robot. Je n'ai pas souri une seule fois. J'ai toujours été polie, mais je n'étais clairement pas agréable... C'est pas faute d'avoir essayé. Vincent ne m'en a pas touché mot en tout cas. Je suppose qu'il veut se montrer compréhensif, mais le connaissant, ça ne durera pas longtemps. Il va attendre de moi que je me reprenne, une serveuse ne peut pas tirer une tronche de six pieds de long..... et il a bien raison. Soupire.
La journée se termine comme elle avait commencé, dans les soupirs et la tristesse. Je rentre chez moi après avoir dit au revoir à Vincent sans plus de cérémonie. Je traine des pieds dans la rue jusqu'à chez moi. Je ne mange pas, car je n'ai pas très faim. Je suis horriblement fatiguée, triste et légèrement traumatisée. Maintenant que je suis enfin dans mon lit, les images de Rowan couvert de sang, de bleus, me reviennent en mémoire. La peur sur les visages de sa famille. Ces bruits de feu.... Je pleure toutes les larmes de mon corps et alors que je ne pensais pas me sentir plus mal que ça, un nom revient toujours en boucle dans mon esprit, Lila.
***
Heureusement, le lendemain était un jour de repos. Je suis restée chez moi toute la journée à broyer du noir. Je n'ai même pas répondu aux appels de ma mère qui, folle d'inquiétude, à demander à mon père de me harceler également. Jusqu'à ce que je finisse par les bloquer, car je n'ai absolument pas envie de leur parler. Sans compter qu'ils vont venir le week-end prochain. Je vais devoir faire semblant que tout va bien donc je voudrais bien profiter de ce jour pour faire ce que j'ai envie de faire, c'est-à-dire rester dans mon lit à me morfondre et à pleurer.
Le lendemain, je me réveille avec une faim astronomique, mais aucun appétit. Je soupire, mais me cuisine quand même quelque chose, car j'ai l'impression de maigrir à vue d'œil. Mon teint est toujours pâle et je n'ai pas le sentiment d'aller mieux. Mais bon, il faut. J'ai un peu plus de volonté que ces deux derniers jours. Je me prépare un bon petit déjeuner bien copieux. Je prends une douche et m'habille pour le travail. Je remarque que j'ai été super efficace et bizarre, ça me met un peu de baume au cœur. J'ai réussi à me préparer super vite. Il me reste du temps pour faire un brin de ménage et je décide même de préparer des cookies pour mon gouter. Dix heures, je mets mes cookies dans un tupperware et prends mes affaires pour aller bosser. Je ferme bien la porte de chez moi et descends les escaliers. Une fois en bas de l'immeuble, je remarque du mouvement devant l'immeuble d'en face.
Des nouveaux "gardes" ont été placés là. Mes genoux tremblent et je ne sais pas quoi faire. J'ai envie de leur demander des nouvelles de Rowan.... Je....Je peux faire mine de leur apporter mes cookies pour en profiter pour leur demander... Non Rose, arrête. Ça suffit, ça fait déjà deux jours. Passe à autre chose. Ça y est, la vie continue ! Je prends une grande inspiration pour ne pas pleurer et je continue mon chemin sans me retourner. Je serre très fort mon tupperware contre moi puis une fois arrivé au Moody Snake, je salue tout le monde, je dis à Dol que je suis contente de la voir de retour parmi nous, avec une telle monotonie que je n'ai même pas reconnu le son de ma propre voix. Je file dans l'arrière-boutique pour poser mes affaires et mettre mon tablier.
Je commence mon service en me rappelant toute la journée que la vie continue. Aussi, j'ai pris la décision de ne prendre aucune nouvelle de Rowan. J'ai fait ce que j'avais à faire. Point barre. Je dois passer à autre chose. C'est bien Rose, continue comme ça ! Malgré tout, je ne pouvais pas m'empêcher de regarder d'un mauvais œil les clients qui osaient s'asseoir à sa place..... Comme si j'espérais le voir revenir s'asseoir ici pour me toiser du regard et me juger. Je soupire à cette idée. Rose ! La vie continue ! Oui...Oui...c'est vrai...
Le surlendemain, Dol sort de sa léthargie et se décide à faire face au monde. Son mari prend bien soin d’elle, mais tenir le bar seul n’est pas une mince affaire. Elle était allée rendre visite à Rowan la veille et avait vu des petits progrès dans sa convalescence, alors cela l’avait rassurée. Accoudée au bar de l’établissement, elle se forme un sourire et accueille les clients. Lorsqu’elle voit arriver Rose, son cœur se serre. Elle a l’air complètement traumatisé. Après qu’elle soit sortie de l’arrière boutique, Dol l’attrape au vol. « Je voulais te remercier pour… » Elle soupire. « On est pas passé loin de la catastrophe, et c’est grâce à toi. » Elle pose une main sur son épaule et la sert, compatissante. « Je suis désolée que tu ai eu à vivre ça. Si tu veux parler, je suis là. D’accord ? » Un client l’appelle. Elle lui fait signe de patienter quelques instants et se retourne vers Rose. « Après le service, si tu le souhaites. » Après un sourire, elle laisse la jeune femme vaquer à ses occupations.
*
Voilà trois jours que je suis cloué à ce foutu canapé, j’en ai ma claque. Max me tient compagnie, parfois Dol, d’autres fois Papa. Même John est venu me rendre visite et j’ai eu envie de l’étrangler. Où était-il pendant ce carnage ? Aujourd’hui, je n’ai plus vraiment besoin de morphine, mon visage est toujours enflé mais beaucoup moins. Les multiples coupures qui recouvraient mon corps se sont refermées pour la plupart. J’ai encore mal quand je respire et c’est un calvaire quand je tousse, à cause de mes côtes cassées. Mais ce n’est rien en comparaison avec ma plaie au flanc qui me fait atrocement mal. Me mettre debout et marcher sont encore de sales épreuves, mais je m’améliore chaque fois que je réessaie. Frank me rend visite deux fois par jour pour observer l’évolution. Il m’a strictement interdit l’alcool et la cigarette. Je crois que c’est ce qui me tue le plus. Alors me voilà, avec pour seule compagnie mes pensées sombres, sans possibilité de les noyer. Les tâches de sang ont été nettoyées et la vitre remplacée, comme si rien ne s’était passé. Je soupire en grimaçant, appuyant sur la télécommande de la télévision au hasard. Les chaînes s’enchaînent sans que je n’y trouve le moindre intérêt.
Quelqu’un toque à la porte et une lueur d’espoir passe sur mon visage encore tuméfié. Max ? Dol ? Quelqu’un qui viendrait juste me faire la conversation ? La porte s’ouvre et Ozzy entre dans l’appartement. Mon regard s’assombrit et retourne sur l’écran de la télévision. C’est la première fois qu’il vient me voir. Il n’a pas l’air de savoir où commencer et je me délecte presque de le voir aussi tourmenté. « Je n’ai pas pu venir plus tôt, je suis désolé. Comment vas-tu, Rowan ? » Je hausse les épaules en continuant de passer les chaînes. « Comme quelqu’un qui viendrait de passer sous un trois tonnes. » Je n’ai pas envie de me battre, de m’énerver. Mon visage reste neutre, vidé de toute émotion négative ou positive. Il s’assoit sur le fauteuil qu’occupent tous ceux qui viennent me voir. Le fauteuil des valides à côté du canapé du mourant. « J’ai cherché un peu de mon côté pour savoir avec qui on avait affaire. D’après mes sources, ce n’est ni l’œuvre des Styx, ni des Dead Queens. » Il fronce les sourcils, le regard dans le vague. « Un troisième gang de la ville ? Ou bien une casse totalement hors de contexte ? » Les yeux fixés sur la télévision, je secoue la tête négativement.
« - Non, c’était trop bien planifié. Leur plan était presque sans faille. J’étais pas censé survivre à ça. - Ils savaient que tu étais seul. Comme si- - Comme si nous étions sur écoute, oui. »
Il se redresse et me fixe dans les yeux. Je soupire en grimaçant et rejette doucement la tête en arrière. « Tu as une idée ? » Je hausse les épaules. J’en ai pleins, des idées. Celui qui se trouve assis en face de moi vient à la première place. Ce ne serait pas la première fois qu’il fomente un plan aussi machiavélique. Je le fixe de mes yeux vides, sans dire mot. Il sait ce que je pense et recule contre le dossier du fauteuil. Il n’en démordra pas et je ne compte pas lui faire cracher le morceau aujourd’hui. Il se relève et pose une main sur mon épaule. Je grimace au contact de sa peau immonde sur la mienne.
*
C’est au milieu d’après-midi que ma sœur vient me rejoindre. Elle me ramène une part de cake aux fruits du restaurant et me tient compagnie. Je la mange sans trop d’envie, lentement et grimaçant à chaque déglutition. Elle m’accompagne jusqu’à la terrasse en me soutenant le bras. « - J’ai envie d’une clope. - Tu sais bien que t’as pas le droit. - Aller, rien qu’une seule. Tu crois vraiment que ça peut aggraver mon état ? » Dol soupire et me coince une cigarette entre les lèvres avant de porter le briquet près de moi. Après s’être assurée que je sois confortablement installé, elle m’embrasse sur le front et retourne à l’intérieur. Je pose mes bras, croisés sur la rambarde et contemple la ville. Mon visage se tourne jusqu’à se poser sur une tache de sang séchée, non loin de mes pieds. Sans savoir pourquoi, je reste planté devant cette forme rouge foncée, imaginant un corps autour, qui aurait été le mien. « On a pas réussi à ravoir le sol. J’ai pourtant frotté de toutes mes forces. » Elle s’assoit sur la chaise près de moi et me relève la tête de ses mains. Ses traits sont tirés, elle a vraiment l’air de s’en faire pour moi. Je n’aime pas la voir comme ça. « Dol, je vais bien. » Elle fronce les sourcils, boudeuse. « Un enfant de trois ans mentirait mieux que toi. Repose-toi, l’air doit te faire du bien, non ? » Je hoche la tête et ferme les yeux.
Une odeur insupportable me sort de mon sommeil sans rêve. Je me bouche le nez avec mes doigts et lance un regard désapprobateur envers Dol qui est en train de se mettre du vernis sur les doigts de pied. « Bordel, c’que ça pue ton machin ! » Elle s’excuse en riant mais n’arrête pas pour autant. Je reprends une inspiration de ma cigarette dont il ne reste presque rien. Je regarde en bas de l’immeuble, apercevant les deux nouvelles sentinelles. Une question me vient alors à l’esprit, à laquelle je n’avais encore pas pensé. « - Comment ça se fait que Max a pu me tirer de là ? - On nous a prévenu qu’un truc louche se passait. - C’est qui « on » ? - Peu importe non ? - Ça m’importe à moi. Elle soupire. - C’est Rose. Je fronce les sourcils en regardant vers son appartement. - Pourquoi tu voulais pas me le dire ? - Elle a vu ce que nous avons tous vu. - Et alors ? C’est qu’un peu de sang. » Outrée, Dol me met un léger coup de pied dans le mollet. Elle se lève et retourne à l’intérieur en marmonnant à quel point je suis un ignoble personnage. Je ne comprends pas ce qu’elle me veut. Elle revient et s'assoit lourdement sur la chaise, sans me regarder. « Row, c’était pas que du sang. Une seconde de plus et tu n’étais plus là. T’as failli mourir et tu voulais mourir. » Je hausse les épaules, sans nier quoique ce soit. Je ne veux plus me battre, j’en ai perdu la force. « Rose n’a pas l’habitude de voir tout ça. Je suis certaine que ça la hante encore. Max m’a dit qu’elle était restée en pyjama sur le bord de la route pendant toute la nuit. Il l’a fait monter après, elle s’en faisait pour toi. » Dol se pince les lèvres et soupire, elle sait qu’elle n’aurait pas dû dire ça. « Attends, quoi ? Tu l’as fait venir chez moi ? » Je tourne ma tête autant que je peux vers elle, ne comprenant plus rien à la situation. Honteuse, elle baisse la tête. « C’est Max, pas moi. » Un léger rire s’échappe de ma gorge. « Putain, je vais le buter. » Dol ne dit rien, me laissant seul, perdu au milieu des engrenages de mon cerveau. Je n’ai donc plus aucune intimité. Après avoir rencontré mon père, jouer avec mon neveu, observé ma presque-mort, la voilà qui entre chez moi ? Non mais c’est dingue, pour qui elle se prend ?
« Et pourquoi elle s’en ferait pour moi, t’es la première à dire que je suis ignoble avec elle ! Elle aurait dû savourer le fait de me savoir à moitié crevé, non ? » Le regard sec de Dol me transperce l’échine. « Certains d’entre nous sont seulement plus humains que d’autres. C’est grâce à elle que tu es en vie, tu pourrais au moins te montrer respectueux. » Je souffle en détournant la tête vers l’appartement voisin. Non. C’est à cause d’elle si je suis toujours en vie. Bizarrement, par le coup du destin ou non, j'aperçois Rose par la fenêtre de sa terrasse. Je l’observe en fronçant les sourcils, comme si je voulais sonder son esprit. Cette fille me déroute. Plus les jours passent, moins je sais quoi penser d’elle.
*
Deux jours plus tard, je parviens à sortir de l’immeuble. Je marche maintenant normalement, un peu courbé à cause de ma blessure qui me fait un mal de chien quand je me redresse trop. Mon visage a quasiment repris sa forme habituelle, avec des cicatrices en plus. Je me dirige comme à mon habitude vers le Moody et m’assoit à ma table en grimaçant. Je dois ressembler à un vieillard. Je suis encore très fatigué et je fonctionne à deux à l’heure. Je fais signe à Dol, qui vient vers moi, toute joie. Elle m’embrasse à nouveau sur le front, comme elle l’a toujours fait. Je l’observe s’approcher de Rose et lui dire quelque chose. Cette dernière vient vers moi. Je ne lui sourit pas -à vrai dire je n’ai pas décroché de sourire depuis le massacre- mais je tente de me montrer aussi cordial que je peux. En ne montrant pas que je lui en veux. « - Bonjour. Un verre de Whisky et… - Pas d’alcool, le dur à cuire ! Je me racle la gorge en regardant ma sœur, derrière le bar. Elle a toujours pris un malin plaisir à me materner. - Un… thé… et c’est tout. Merci. - Rose, donne-lui un truc à manger, il essaie de se laisser crever de faim. Mais ça marchera pas ! » Elle parle assez fort pour que je l’entende. Quelle horrible frangine.
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Cheval de Troie
Lun 14 Aoû - 18:28
Rose Williams
J'ai 24 ans et je vis à ... Etats Unis. Dans la vie, je suis serveuse jusqu'à ce que je réalise mon rêve d'être fleuriste. Je suis célibataire car je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à l'amour et je m'en sors plutôt bien, je me dis que tout vient à point.
Rose est une jeune femme qui a hâte de croquer la vie à pleine dent. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle a décidé de quitter sa campagne natale. Elle y était bien pourtant, c'est le genre de campagne où vous avez une maison au milieu d'un champ et votre premier voisin se trouve à au moins deux kilomètres ! Vous voyez ce genre de bail, c'est de là que vient Rose. Pour l'école, c'était compliqué, sans cesse obligée de se réveiller deux heures et demie avant pour pouvoir se préparer et arriver à temps grâce au car scolaire, qui dieu merci, passait par sa ferme. Ses parents ont toujours été très gentils et très aimants, dans sa campagne tout le monde se connait et vit en communauté. Pour autant, même si Rose a toujours aimé sa vie à la ferme, elle a toujours eu envie de voir à quoi pouvait ressembler le reste du monde. Aussi, c'est sans se retourner qu'elle a décidé de s'installer dans la ville la plus proche de sa campagne pour se faire une première expérience en territoire inconnu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une souris des champs n'a pas sa place en ville, au risque de faire dévorer par de vilains matous !
Toute la journée, je n'ai été qu'un zombie. Je traine des pieds, je n'ai pas d'appétit, je ne souris plus et je n'ai pas envie qu'on me parle ni même de parler. Je me contente de faire sortir de ma bouche que les mots qui sont véritablement essentiels. J'ai constamment envie de pleurer et de me rouler en boule. Tout le monde pense que c'est à cause de tout ce que j'ai vu, du sang, de la violence, etc. Bien sûr que ça y joue, mais en fait, je pense que ce qui m'a le plus traumatisé, c'est de voir Rowan baisser les bras. Je....Je l'ai vu quasi mort... Et à chaque fois que j'y pense, je commence à trembler et à avoir envie de pleurer. Mais je ne peux pas dire ça à Vincent ou à Dol ! Si moi, je ressens ça alors que je ne suis personne, je n'ose même pas imaginer ce qu'eux peuvent ressentir en étant de sa famille..... C'est juste horrible.... J'ai veillé sur lui toute la nuit parce que c'était plus fort que moi, je savais au fond de moi que l'entendre respirer pourrait être la seule chose qui me calmerait, je ne sais pas pourquoi, mais je le savais.
La journée se passe de façon monotone. Un client finit par faire son entrée et je n'y prête pas attention, comme à tous les clients de la journée. Dol finit par venir me voir et me dire que Rowan est là.... Je n'ose pas me retourner… J'ai l'impression que le temps ralenti…je peux sentir mon cœur battre jusque dans mes oreilles ! Je me retourne lentement et je le vois là, assis à sa place, comme si rien n'avait jamais changé… J'en suis tellement perturbée que j'en laisse échapper le plateau que je tenais et deux verres se fracassent sur le sol.
Je m'excuse auprès de Dol qui me dit que ce n'est rien. Je me mets tout de suite à ramasser mes conneries puis je vais m'occuper de la table de Rowan. Quand j'arrive en face de lui, la réalité me frappe comme un coup de poing à l'estomac. Son visage va mieux, mais il montre bien que tout ça n'était pas un rêve... Il est encore bleu à certain endroit. Je commence à trembler alors qu'il me dit bonjour. Je reste muette et tremblante face à lui, les yeux larmoyants, je gribouille sa commande sur mon calepin avant de partir sans un mot. Je n'ai pas réussi à lui dire quoi que ce soit. Tous mes mots sont restés bloqués avec mes sanglots dans ma gorge. En fait, je crois que si j'ouvrais la bouche, j'allais exploser comme une fontaine.
Un peu moins de quinze minutes plus tard, je retourne à la table de Rowan avec sa commande. Toujours dans un silence de mort et les mains tremblantes, je pose devant lui une assiette de cheeseburger avec des frites et un thé. Du fait qu'il ait ses mains sur la table, je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il porte une alliance..... Pourtant, personne n'a jamais fait mention d'une femme… Ou bien est-ce qu'il se serait déjà marié avec cette Elena ? Non. Bien sûr que non. Au fond de moi... Je sais.... et je l'ai toujours su depuis que mon regard s'est posé sur cette bague. Lila. Je tremble encore plus, je ne sais pas pourquoi. J'ai l'impression que mon cœur a raté un battement et qu'on me retire tout l'air autour de moi. Je dois relever la tête pour que mes larmes ne coulent pas ! Sans même attendre un merci ou quoi que ce soit, je m'en vais m'occuper d'une autre table avant de me mettre à trembler bien plus encore.
La soirée passe et arrive l'heure de la fin de mon service. Rowan est toujours là. Les larmes toujours au fond des yeux, je retire mon tablier pour le poser dans mon casier puis je récupère mes affaires. Je murmure un "au revoir" vers Dol puis je m'en vais comme une âme en peine. J'inspire profondément une fois dehors puis j'expire. Le pire, c'est que je crois que j'ai pas touché une seule cigarette depuis. Je n'en ai même pas envie.
Je soupire pour évacuer mon chagrin en marchant jusqu'à chez moi. En rentrant, je croise madame Higgins qui traine encore, je ne sais où. C'est fou qu'une vieille de son âge ait autant la bougeotte. D'ordinaire, ça m'aurait intrigué, mais là, j'en ai juste tout bonnement rien à foutre. Je la salue à peine. Ou pas, j'en sais rien, je ne me rappelle plus. Je finis par monter les marches jusqu'à mon appartement pour me laisser m'effondrer sur le canapé à pleurer toutes les larmes de mon corps. Je ne sais pas pourquoi je pleure. Tout ce que je sais, c'est que penser à Rowan me fait mal. Et pourtant je n'arrive pas à arrêter de penser à lui. C'est stupide, je le sais bien ! Je voudrais tellement ne plus penser à lui..... Au lieu de me retrouver comme une conne à pleurer parce qu'un inconnu pas agréable pour un sou, a failli mourir. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. J'ai toujours fait preuve d'empathie et de compassion, mais là, c'est trop. Je dois arrêter de me morfondre et pourtant je n'y arrive pas.
C'est horrible, mais j'ai l'impression que la seule chose qui pourrait me permettre d'aller mieux c'est lui. Soupire. Par exemple, j'ai l'impression que mon cœur allait bondir de joie quand je l'ai vu tout à l'heure ! Parce que je me suis tout de suite dit "Wouah ! Il peut enfin marcher !" ça m'a fait du bien.... Je suis encore plus ridicule. À force de pleurer sur des pensées bien conne, je finis par m'endormir sur le canapé, le visage noyé de larmes.
***
À mon réveil, rebelote, je me prépare puis je vais travailler. Le service du matin se passe tranquillement. Je fais ma pause déjeuner puis je reprends avec le service de l'après-midi. Cette fois-là, quelqu'un s'était assis à la place de Rowan. Je vais donc m'occuper de lui. Bizarrement, mon visage parait presque enjoué quand je reconnais le jeune homme qui m'avait aidé.
"Oh, bonjour." Dis-je de façon monotone. "Je...Je ne sais pas si vous vous rappelez de moi, vous m'avez aidé à porter mes valises quand j'ai emménagé. Merci encore d'ailleurs."
Le jeune homme se montre tout bonnement charmant et son sourire est étrangement contagieux. Je finis par prendre sa commande puis en attendant qu'on la prépare, je lui apporte un petit verre de whisky.
"Tenez, pour vous remercier, c'est moi qui régale !"
Je lui offre sincèrement mon plus beau sourire. C'est bien la première fois que je resouris depuis des jours. Oh, rassurez-vous, j'ai vraiment payé ce verre ! Je ne me serais jamais permise d'offrir quoi que ce soit à qui que ce soit alors que rien de ce qui se trouve ici ne m'appartient !
Assis à la table réservée à la famille, John tapote sur son téléphone sans trop prendre connaissance de ce qui se passe autour de lui. Une voix fluette le tire de ses rêveries et, reconnaissant la jeune femme à qui il avait prêté main-forte, il range son téléphone et lui donne toute son attention. Il lui offre son plus grand sourire lorsqu’elle le remercie. « Oh mais ce n’est rien ! Je ne pouvais pas continuer ma route alors qu’une si charmante demoiselle avait besoin de mon aide. » Alors qu’il remarque qu’elle lui lâche enfin un sourire, il plante son regard dans le sien. « Vous devriez sourire plus souvent, cela vous va à ravir ! » Après quelques échanges, il lui donne poliment sa commande. Il se tourne vers sa cousine, Dol, qui se trouve derrière le bar et lui fait signe. Elle le regarde, sans sourire, comme si elle essayait de percer le jeune homme à jour.
Lorsque Rose revient avec la commande et un verre de Whisky en plus, il la remercie mais ne touche pas au verre d’alcool. Gêné, il hausse les épaules. « Merci beaucoup, mais je ne bois pas d’alcool. Je suis désolé. » Il avait eu de nombreuses occasions pour voir à quel point l’alcool pouvait transformer un homme. Entre son père dans le passé, son oncle, ou son plus proche cousin, il en avait beaucoup vu. D’ailleurs ces derniers temps, il n’avait pas vu pire que Rowan. Il s’en fiche un peu mais redoute qu’il mette en péril la pérennité des Black Mamba. Il tend la main à la jeune femme et lui sourit à nouveau. « Je m’appelle John Myers. Ravi de faire votre connaissance. » Il pose ses lèvres sur le dos de la main de Rose, tel un vrai gentleman. Cela faisait pas mal de temps qu’il n’avait pas joué de ses charmes sur les belles demoiselles, et il était ravi de rencontrer à nouveau sa belle voisine. Une fois que son repas est terminé, John quitte le restaurant et fait un signe à sa nouvelle convoitise. « J’espère vous revoir ! »
*
Le lendemain, à l’heure du petit déjeuner, Dol est à nouveau pleine de joie lorsqu’elle voit son petit frère entrer dans le restaurant. Il va beaucoup mieux physiquement, mais il ne sourit toujours pas et déprime, comme à son habitude. Dol rêve du temps où elle pouvait rire avec lui, ou il lui courrait après pour la soulever dans les airs. Ces chamailleries de fratrie lui manquent plus que tout. Alors quand elle peut le voir rien que se lever pour sortir de son sordide appartement, cela la rend heureuse. Rowan s’installe, comme à son habitude, à sa table et cette fois, Dol s’occupe de lui. Elle le papouille dans les cheveux et lui parle, comme si c’était la dernière fois qu’elle allait le voir. Lui ne dit rien, ne réagit pas. Elle aurait envie de le secouer, de le faire revenir à la raison, mais elle sait que tout ceci ne changerait rien. Et tout ceci est encore pire depuis l’attaque. Avant, il se battait au moins, il se mettait en colère. Maintenant, seule la léthargie l’occupe. Elle ne sait pas si elle arrivera un jour à s’en remettre. Elle ne sait pas s’il comprend à quel point tout cela la hante, à quel point ça la ronge de l’intérieur. Elle sait qu’il ne se rend pas compte du mal qu’il lui fait en agissant de la sorte. Il est piégé dans ses propres terreurs, rêvant plus que tout de s’en défaire et de partir à jamais.
La larme à l’œil, elle s’en va préparer la commande de son frère et croise son mari sur le chemin. Dans les cuisines, il la prend dans ses bras en l’embrassant dans ses cheveux, sachant pertinemment ce qu’elle ressent. Vincent de son côté, en veut terriblement à Rowan. Ce n’est pas lui qui rassure et récupère à la petite cuillère Dol, chaque soir depuis l’accident. Ce n’est pas lui qui la voit se briser peu à peu en jouant la femme forte devant tout le monde. Lui, il la voit telle qu’elle est. Et il est terrifié à l’idée qu’un jour elle craque.
Lorsqu’elle revient des cuisines avec un plateau dans la main, elle tombe nez à nez avec une ravissante jeune femme, vêtue d’une robe magnifique. Du coin de l’œil, elle aperçoit son frère changer radicalement de visage. Ses yeux s’ouvrent en grand et il semble sur le point de défaillir. Dol comprend directement qui est cette jeune femme. Celle-ci s’approche d’elle et entreprend de lui faire la bise, à l’image d’une jeune aristocrate. Sa voix est douce et mélodieuse. « Bonjour ! Je suis ravie de faire votre connaissance ! Vous devez être Dol, c’est exact ? Je suis Elena, votre frère a dû vous parler de moi ! Comme je n’ai pas eu de nouvelles de lui, je me suis dit que j’allais passer le voir. Après tout, je finirai bien par vivre ici aussi ! D’ailleurs cet endroit est très charmant ! » Elle termine son discours par un rire cristallin que Dol trouve tout de suite horripilant. Elle ne sait pas trop comment réagir, surtout devant le regard dévasté de son frère. Fort heureusement, de là où est Elena, elle ne peut pas voir Rowan. « Enchantée, pareil. Je suis bien Dol oui, et vous êtes au Moody Snake, j’en suis la propriétaire. Euh… Rowan ne se sent pas très bien en ce moment, il a été grièvement attaqué, et je ne pense pas qu’il voudrait recevoir de visite. » Dol déglutit mais se forge un masque de bienveillance. Elena se montre fort contrariée. Elle n’a pas l’air habituée à ce qu’on lui dise non. « Oh mais peu importe, je vais être sa femme, il n’a rien à me cacher ! Je serai douce avec lui, promis. » Le crissement d’une chaise contre le parquet retentit dans tout l’établissement. Rowan s’est levé brutalement, le regard sombre et se dirige vers les deux femmes, plantées devant la sortie. Le regard d’Elena s’éclaircit quand elle le voit. « Ah je savais bien que je vous trouverai là ! Vous pourriez au moins me donner quelques nouvelles. Oh mais, que vous est-il arrivé ? Vous êtes blessés ? » Elle pose sa main sur l’épaule de Rowan qui se stoppe instantanément. Il semble immense, devant elle. Sans lui adresser le moindre intérêt, il enlève la main intruse posée sur son corps comme s’il enlevait la poussière de sa veste. Il plonge ses yeux vides et froncés dans ceux d’Elena. Cette dernière soupire et se décale pour le laisser passer, légèrement effrayé par la stature de son futur mari. « Vous n’êtes qu’un rustre ! »
*
Le pas lourd, je marche le long de la route. Je me demande pourquoi je me suis réveillé ce matin, si c’était pour voir le visage de celle qui va détruire ce qu’il reste de ma misérable vie. Mon regard se concentre sur le goudron du trottoir et, alors que je ne cligne plus des paupières, tout devient gris. Je repense aux événements de ces derniers jours, de ces dernières semaines, de ces dernières années. Je n’ai plus la force de ressentir de la tristesse. L’unique sentiment qui persiste en moi est le désespoir. Je me demande encore pourquoi j’ai survécu ce jour-là. À quoi bon ? Pour quoi faire ? Je ne suis qu’un bon à rien qui ne sait plus rien faire. Je n’ai plus de force pour me battre, je n’ai plus l’envie ni la sensation que je dois me battre, ou protéger les miens. Je n’ai plus envie de rien. Je ne ressens même plus l’envie de boire de l’alcool ou de fumer. Rien. Le vide total. J’ai juste envie de mourir, de m’arracher à cette misérable vie. D’aller les retrouver, toutes les deux. Même si je sais qu’elles seront sans doute déçues, face à la vie que j’ai menée sans elles. Je n’ai même pas su les venger, pas su redorer leur dignité. Rien. Je ne suis qu’un bon à rien. Alors, en arrivant dans ma chambre, je me plonge dans mes draps souillés, espérant que le sommeil m’emporte et que jamais je ne me réveille. Car le cauchemar, c’est quand j’ouvre les yeux.
*
Le soir même, alors qu’elle est la dernière au restaurant, Dol prépare un petit tupperware composé de cookies et de muffins. Elle y ajoute deux gobelets remplis de chocolat chaud. Elle sort du bar et le ferme à clé. Le long de la route, elle essaie de ne pas repenser à la scène du matin même. Cette Elena était tout ce qu’il y avait de plus horripilant. Pour le coup, elle comprend le ressenti de Rowan. Mais, et encore, si ce n’était que ça… Quand il est parti, Elena était folle de rage. Dol a dû la retenir pour ne pas qu’elle lui court après. Elle avait fini par repartir quelques minutes après, en insultant la terre entière. Très élégant pour une aristocrate. Dol soupire mais sourit lorsqu’elle toque à la porte de Rose. Quand elle lui avait proposé de parler, Rose n’avait pas voulu s’étendre sur le sujet. Mais Dol le savait, pour aller mieux, il fallait parler, vider son sac. Même si elle ne sait pas grand chose de la jeune femme, elle sait qu’elle ne connaît personne. Donc potentiellement personne à qui parler. Alors elle se dévoue, comme pour tout le monde. Elle est comme ça, Dol. Une mère, une sœur, une meilleure amie de substitution. Elle n’aime pas voir les autres tristes. Et pour le coup, Rowan fait l’affaire de toute la ville en ce qui concerne la tristesse.
Alors la voilà, devant la porte de sa serveuse, une boîte de cookies à la main, prête à passer une soirée entre filles. Lorsque Rose ouvre la porte, Dol se transforme en une jeune femme étincelante. « Hey ! Je me suis dit qu’il fallait qu’on discute toutes les deux. J’ai ramené de quoi manger et du chocolat chaud. Une petite soirée tranquille, pour penser à autre chose, ça te dit ? Ou parler de ça, justement. Je suis là pour ça. Tout ce qui te ferait plaisir ! » Après avoir été invitée à entrer, Dol pénètre dans l’appartement de la jeune femme et sourit en voyant la simplicité des lieux. « C’est très joli, la façon dont tu as agencé les meubles et décoré ! » Elle s’assoit sur le canapé et tend l’un des gobelets à Rose. « Alors, comment vas-tu, depuis ce qu’il s’est passé ? » Même si Rose peut la trouver brut de décoffrage, c’est ce qu’il faut. Parler, écouter, entendre et discuter. Rien de plus, rien de moins. Tout ira mieux après ça. Pour Rose, du moins.
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Cheval de Troie
Dim 20 Aoû - 20:50
Rose Williams
J'ai 24 ans et je vis à ... Etats Unis. Dans la vie, je suis serveuse jusqu'à ce que je réalise mon rêve d'être fleuriste. Je suis célibataire car je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à l'amour et je m'en sors plutôt bien, je me dis que tout vient à point.
Rose est une jeune femme qui a hâte de croquer la vie à pleine dent. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle a décidé de quitter sa campagne natale. Elle y était bien pourtant, c'est le genre de campagne où vous avez une maison au milieu d'un champ et votre premier voisin se trouve à au moins deux kilomètres ! Vous voyez ce genre de bail, c'est de là que vient Rose. Pour l'école, c'était compliqué, sans cesse obligée de se réveiller deux heures et demie avant pour pouvoir se préparer et arriver à temps grâce au car scolaire, qui dieu merci, passait par sa ferme. Ses parents ont toujours été très gentils et très aimants, dans sa campagne tout le monde se connait et vit en communauté. Pour autant, même si Rose a toujours aimé sa vie à la ferme, elle a toujours eu envie de voir à quoi pouvait ressembler le reste du monde. Aussi, c'est sans se retourner qu'elle a décidé de s'installer dans la ville la plus proche de sa campagne pour se faire une première expérience en territoire inconnu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une souris des champs n'a pas sa place en ville, au risque de faire dévorer par de vilains matous !
Je ne peux m'empêcher de sourire quand il me reconnait. Ça fait du bien d'avoir quelqu'un d'aussi agréable. D'habitude, les clients d'ici sont gentils et polis pour la plupart, mais lui a l'air d'être vraiment toujours comme ça. C'est ce qui rend la chose encore plus appréciable. Je ne peux m'empêcher de rougir quand il me dit que je devrais sourire plus souvent... Je finis par prendre sa commande et par m'en aller, mine de rien, il m'aura redonné un peu de bonne humeur.
Quand je reviens avec sa commande et mon petit cadeau en plus, je me sens affreusement conne… Je ne pouvais pas prévoir qu'il ne buvait pas d'alcool… En même temps, qui vient ici sans boire une goutte d'alcool ?! Les restaurants, c'est pas ce qui manque et sans vouloir vexer personne, le Moody Snake n'est pas le premier endroit où je viendrai casser la croute le midi...
Alors que je me confonds en excuse, sentant ma bonne humeur s'évaporer comme neige au soleil. Le jeune homme finit par se présenter et mon visage se décompose malgré moi. C'est une blague ?! Dites-moi que c'est une blague...
"Je...heu..."
C'est tout ce que je parviens à bredouiller comme une débile avant de m'en aller en m'excusant. Non mais pitié, dites-moi que c'est une blague ?! Encore un membre de leur famille ?! Mais c'est une malédiction… Pourquoi ? Hein ? Pourquoi vous voulez tant que je fréquente toute cette foutue famille ?! C'est quoi, une partie de 7 familles ?! Y'a une caméra cachée ?! Dans la famille Myers, je demande le cousin ?! Je passe une main sur mon visage en soupirant... C'est forcément son cousin si Max et Dol sont ses uniques frères et sœurs… Soupire... Je sais même pas pourquoi je pense à ça... ou que je pense à lui. J'en ai fini avec lui. L'idée de me dire ça me serre le cœur, mais je préfère ignorer ce sentiment. Il est vivant, j'ai fait mon devoir. Je dois passer à autre chose, car c'est en train de me bouffer de l'intérieur...
Le jeune homme finit son repas et s'en va en me disant très poliment qu'il espère me revoir. J'oscille entre l'idée que moi aussi j'aimerais bien le revoir ou alors pas du tout ! Plus jamais ! Soupire… Je vais finir par croire que ma mère avait raison et que je n'aurais jamais dû quitter notre maison… J'étais peut-être pas prête pour venir vivre en ville ?! C'est vrai quoi, j'ai grandi au milieu de fleurs, de poule et de moutons… Je ne suis pas faite pour côtoyer les loups ou les serpents...
***
Le lendemain, je suis de nouveau au travail et même si psychologiquement, j'arrive à rester forte et à ne plus pleurer pour rien, physiquement, mon sourire n'est toujours pas réapparu. La journée commence comme celle d'hier c'est-à-dire de façon monotone. Rowan finit par faire son entrée et je lui accorde qu'un regard avant de débarrasser des tables. Dol s'occupe de son frère et c'est tant mieux. Je préfère les ignorer, ce sera mieux pour moi. De toute façon, je ne suis pas leur amie… Je suis juste la voisine de l'un et la serveuse de l'autre, ça s'arrête là. Je n'ai pas à me mêler de leur histoire...
Je soupire en me répétant tout ça comme un mantra tout en continuant de travailler. Quelques minutes plus tard, une femme finit par faire son entrée. Elle est très belle et très élégante, mais la première chose que j'ai pensée en la voyant, c'est qu'elle faisait tache dans le décor… Quoi, elle aussi, elle est seulement venue du caviar sans boire d'alcool ?! Ou à l'inverse, elle espère peut-être savourer un délicieux millésime en compagnie de pochtron du matin et de travailleurs en uniforme ?! J'arque un sourcil quand elle fait une entrée qui se voulait sans doute théâtrale.... Dol finit par l'accueillir. Elle se présente et mon cœur se serre de nouveau. Je fronce les sourcils en chassant ce sentiment et je finis par ne plus leur prêter d'attention. Je continue mon travail comme si de rien était. J'essuie, je range, je balaie. Plus je me force à les ignorer et plus j'y arrive… Tant mieux.
Quand je finis par relever la tête vers eux, c'est parce que quelque chose captive mon regard. En fait, c'est Rowan qui s'en va, restant fidèle à lui-même et elle, qui a l'air choquée de son comportement. Pour une femme qui se montre si pressée de vivre avec son fiancé, elle n'a pas l'air de bien le connaitre. Personnellement, moi, son comportement, ne me surprend pas. Rose. Mêle-toi de ce qui te regarde ! Oui... C'est vrai. De nouveau, je finis par les ignorer et vais voir en cuisine si on n'a pas besoin de moi.
***
La journée se termine enfin et bizarrement, je me sens moins malheureuse que je ne l'aurais cru. Je pensais que revoir Rowan aurait anéanti tous mes efforts, mais j'ai réussi à tenir bon. Je m'en félicite... Je n'ai toujours pas retrouvé l'envie de fumer... bah, je suppose que c'est une bonne chose... Aussi, après avoir dit au revoir à Vincent et Dol, je rentre chez moi en trainant des pieds. Comme d'habitude, depuis que j'ai pris la décision de passer autre chose, quand j'arrive devant mon immeuble, je me force à ne pas regarder celui d'en face. Et jusqu'à maintenant, j'ai tenu bon.
Je rejoins mon appartement et je commence ma soirée par prendre une douche avant de faire réchauffer un reste de lasagne d'hier. Je soupire en consultant mon téléphone. Je scrolle des vidéos sans vraiment les regarder... Au bout d'un certain temps, je finis par faire la vaisselle et décider d'aller me coucher, c'est là qu'on frappe à ma porte. L'espace d'un instant, mon cœur bat la chamade… J'en ai les jambes qui tremblent, mais je décide de vite me reprendre. Je vais ouvrir la porte en ayant l'impression que mon cœur va bondir de ma poitrine… Mais quand j'ouvre la porte et que je vois Dol, je ne peux m'empêcher de ressentir une profonde déception...
"Oh....Je...Heu....salut..."
Elle m'explique pourquoi elle est là et je dois admettre que je ne l'écoute pas vraiment, je me remets de mon ascenseur émotionnel. À peine ai-je eu le temps de revenir sur terre qu'elle était déjà entrée.
"Installe-toi, je t'en prie."
Dis-je poliment en refermant la porte. Je dois admettre que je n'ai pas beaucoup de meuble pour l'instant, dans mon salon, je n'ai qu'un canapé et une table basse. Comme je vis seule, le comptoir qui sépare le salon de la cuisine me suffit pour manger. Niveau déco, j'ai surtout pas mal de plante et quelques cadres de mes parents ou de moi enfant. Je n'ai pas encore eu l'occasion d'accrocher plus de chose que ça. J'ai vite commencé à travailler et mon temps libre, je le passe à rencontrer des nouveaux membres de la famille Myers apparemment...
"Merci..."
Bredoullais-je par automatisme en revenant sur terre. Je dois admettre que sa visite me prend de court… Je suis cependant touchée par son attention, j'aurais aimé l'accueillir mieux que ça pour la première fois... Je m'en veux d'être presque désagréable alors qu'elle n'était absolument pas obligée de se faire du souci pour moi… Je soupire un bon coup avant de me rapprocher d'elle.
"Pas très bien..." Je m'assois mollement sur le canapé. "...Non en fait, je me sens affreusement mal...Je n'arrête pas de me demander ce qu'il se serait passé si je n'avais pas vu les gars arriver ? Ou si vous n'aviez pas été au bar ! Et je m'en veux de ne pas vous avoir prévenu plus tôt… J'aurais dû vous appeler au lieu de perdre mon temps à courir !" Je ne me rends pas compte que je me suis mise à pleurer et que maintenant que les vannes étaient ouvertes, j'allais me mettre à parler sans m'arrêter... "Mais surtout, surtout, je lui en veux d'avoir abandonné si facilement ! Ça ne lui ressemble pas, il n'est pas comme ça, il aurait pu gagner, je le sais ! Il a abandonné ! Il vous a tous abandonné !" Je pleure à chaudes larmes et cette fois, je m'en rends compte. "Je sais bien que sa vie doit être difficile, mais elle l'est pour tout le monde ! Si la vie était un cadeau ça se saurait, c'est pas une raison pour abandonner contre plus faible que soi !" Je sèche mes larmes avec un mouchoir trouvé sur la table basse. "J'ai tellement prié, si tu savais… J'ai prié toute la nuit pour qu'il s'en sorte… alors que lui, il avait tout abandonné..."
Je finis par me calmer, bizarrement, je me sens tellement mieux… Enfin, je me sens libérée d'un poids, pas forcément mieux. Mais c'est déjà ça...
Assise sur le canapé, le gobelet entre ses paumes, Dol ne s’attendait pas à ce genre de réaction de la part de Rose. Elle savait qu’elle avait été remuée par les évènements, mais elle ne se doutait pas que cela l’avait autant affectée. Un peu éberluée par la situation, Dol abandonne sa boisson sur la table basse et s’approche de la jeune femme en pleurs. Plus Rose parle, plus une boule se forme dans la gorge de Dol. Elle a l’impression de se voir dans un miroir, d’entendre les cris qui résonnent en elle. En abandonnant la vie, il l’a abandonnée elle aussi. Sa famille.
Prenant Rose dans ses bras pour qu’elle se calme, elle lutte pendant quelques secondes pour ne pas succomber à sa tristesse à son tour. Elle est là pour la réconforter, pas pour qu’elles se noient ensemble. Elle soupire en la redressant et lui sourit tout en lui essuyant avec son pouce une larme qui coule sur sa joue. « Je suis si heureuse de voir que quelqu’un d’autre que sa famille tient à lui autant que toi. » Les yeux posés sur ses mains, Dol déglutit, ne sachant pas vraiment où commencer. « Rose, ce que je m’apprête à te dire… J’aimerais que tu le gardes pour toi. S’il apprend que je t’en ai parlé, que tu es au courant, je vais passer un sale quart d’heure. Mais je pense qu’il faut que tu le saches, pour le comprendre un peu mieux. » Elle soupire en fermant les yeux. C’est dur pour elle de revenir sur cet événement qui a chamboulé une famille entière. « Il y a encore quelques temps, Rowan était le plus heureux des hommes. Il riait, il se chamaillait avec Max et moi constamment. Il était toujours le premier à vouloir faire la fête et s’amuser. On disait de lui qu’il était un grand enfant, d’ailleurs. Malgré ce qu’il pouvait faire à côté pour le… travail. Il a rencontré une jeune femme, ils se sont mariés. Ce que j’aimerais revoir le regard et le sourire qu’il avait à ce moment… Et… Ils ont eu une fille, Lila. » Dol ria, les larmes aux yeux. « Tu l’aurais vu, ce grand gaillard, bourru comme il est, avec un nourrisson dans les bras ! » Son regard s’assombrit soudainement. « Mais un soir, il est rentré chez lui comme à son habitude. Il a trouvé sa femme et sa fille de quatre ans sans vie, dans un bain de sang. » Dol dû s’arrêter pour ne pas fondre en larme et reprendre son souffle. « C’était il y a un an. C’est extrêmement dur pour lui, depuis. C’est la vie de gangster, notre vie est dangereuse. » Elle sortit un mouchoir de son sac à main et se moucha. « Aucun être humain ne devrait vivre de pareilles tragédies. Il est extrêmement fort d’avoir survécu à ça, pendant si longtemps. » Elle haussa les épaules. « Et puis, avec ce qu’il se passe en ce moment, le mariage arrangé avec cette pimbêche Russe qui est trop idiote pour se préoccuper de ce qu’il ressent, je crois que ça le détruit encore plus. » Elle prend les mains de Rose dans les siennes. « Tu sais… Il ne veut pas nous faire de mal, il voudrait juste les revoir, retourner auprès d’elles. Et, je ne sais pas si ça peut te rassurer mais ils étaient trois, durant l’assaut. Avant d’abandonner, il a descendu deux hommes armés, à lui tout seul. Il a encore la force de se battre, qui sommeille en lui. Il doit simplement avoir une petite étincelle qui le maintienne en vie. »
Dol se redresse pour reprendre un peu ses esprits et engloutit une grande gorgée de chocolat chaud. Elle n’avait pas forcément prévu de raconter tout cela quand elle est arrivée, mais cela lui a semblé nécessaire en voyant l’état de Rose. « Je suis désolée de te mettre au courant de ça. Mais quand j’ai vu que mon frère avait de l’importance pour toi, j’ai sauté sur l’occasion. » Dol renifle et porte sa paume à sa bouche, elle va craquer, elle le sait. C’est trop pour elle. Les larmes coulent déjà sur ses joues quand elle reprend la parole d’une voix tremblante. « Ça me tue de le voir comme ça, ça me ronge, mais j’ai l’impression d’être égoïste à vouloir qu’il reste en vie, si c’est l’enfer pour lui. Je… J’ai pas su protéger mon petit frère et ça me rend malade. Je suis désolée, je suis peut-être quelqu’un d’ignoble mais je crois que l’étincelle dont il a besoin, c’est toi. Je suis tellement désolée de te prendre pour un espoir peut être vain. »
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Lun 28 Aoû - 12:00
Rose Williams
J'ai 24 ans et je vis à ... Etats Unis. Dans la vie, je suis serveuse jusqu'à ce que je réalise mon rêve d'être fleuriste. Je suis célibataire car je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à l'amour et je m'en sors plutôt bien, je me dis que tout vient à point.
Rose est une jeune femme qui a hâte de croquer la vie à pleine dent. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle a décidé de quitter sa campagne natale. Elle y était bien pourtant, c'est le genre de campagne où vous avez une maison au milieu d'un champ et votre premier voisin se trouve à au moins deux kilomètres ! Vous voyez ce genre de bail, c'est de là que vient Rose. Pour l'école, c'était compliqué, sans cesse obligée de se réveiller deux heures et demie avant pour pouvoir se préparer et arriver à temps grâce au car scolaire, qui dieu merci, passait par sa ferme. Ses parents ont toujours été très gentils et très aimants, dans sa campagne tout le monde se connait et vit en communauté. Pour autant, même si Rose a toujours aimé sa vie à la ferme, elle a toujours eu envie de voir à quoi pouvait ressembler le reste du monde. Aussi, c'est sans se retourner qu'elle a décidé de s'installer dans la ville la plus proche de sa campagne pour se faire une première expérience en territoire inconnu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une souris des champs n'a pas sa place en ville, au risque de faire dévorer par de vilains matous !
Je pense pas que vider mon sac, surtout à Dol, me ferait autant de bien, mais c'est un fait. Ça m'a fait du bien. Je finis par poser le mouchoir sur la table avant de me lever pour prendre une bouteille d'eau et des verres. Je suppose que ça nous fera du bien entre deux sanglots. Je finis par me rasseoir à côté de Dol qui commence à parler. Je l'écoute attentivement la voyant bouleversée par ce qu'elle s'apprête à me dire...
Et là, Dol commence à me raconter la vie de Rowan, son vécu et comment il était avant. Sa voix devient rapidement un bourdonnement à mes oreilles tandis que mon cerveau tente d'assimiler l'information. Il a eu une vie avant..... Il avait une femme et une fille..... Il avait tout pour être heureux… Lila... Je pose mes mains de dégout sur ma bouche quand Dol me raconte le sort tragique qui a été réservé à la famille de Rowan. Mon Dieu, quelle horreur… Qui peut s'en prendre à une femme innocente et une enfant ?! Une enfant, putain de merde ! Je n'arrive toujours pas à y croire. J'ai envie de vomir et de pleurer....... Comment est-ce qu'on peut faire ça.... Et dire qu'il a tellement souffert, le pauvre..... Je fronce les sourcils quand elle fait allusion au mariage arrangé... Je savais que Rowan ne pouvait pas réellement vouloir épouser cette gourde… Elle n'a rien en commun avec lui, c'est limite si elle doit connaitre son nom… On dirait une femme vicieuse et superficielle qui ne vit que pour l'argent et le regard des hommes. Je roule des yeux. Cette femme finira par tomber de très haut un jour, c'est une certitude.
Dol me prend les mains et me raconte qu'avant d'abandonner, Rowan a quand même trouvé la force de se défendre et il s'est bien défendu..... Intérieurement, je souris, je suis même… fière de lui. J'aurais aimé le voir mettre au tapis deux gaillards alors qu'il devait sûrement être bourré comme un coing ! Au fond de moi, mon cœur retrouve un peu d'espoir en l'imaginant se défendre comme un diable. Je crois même que j'en souris un peu… Maintenant que j'y pense, face au grizzli mal léché, je n'ai jamais eu le sentiment que qui que ce soit pouvait avoir le dessus sur lui. C'est ridicule, je le connais à peine..... Pourtant, je n'ai jamais eu aucun doute sur le fait que Rowan Myers est un homme redoutable…
Quand Dol me dit qu'il a toutefois besoin d'une lumière dans sa vie pour continuer à vivre… Je fronce les sourcils en penchant la tête sur le côté.
"Ma...Mais si vous, sa famille, ne lui donne pas assez envie de vivre, alors qu'est-ce qui pourrait y arriver ?..."
Je me surprends à rougir et à me poser véritablement la question, comme si j'avais envie de trouver le moyen de l'aider. D'aller mieux et de retrouver gout à la vie..... Oui.....Plus j'y pense, plus je rougis à l'idée de voir naitre un jour un sourire sur le visage de Rowan.... Je papillonne des cils pour revenir dans le monde réel quand elle se remet à parler. Je secoue vivement la tête en rougissant !
"Q...Quoi ?! Non ! En...enfin je veux dire....Je....J'en aurais fais autant pour n'importe lequel d'entre vous !...."
Olalala mon cœur bat super vite.... Quelle idée de me dire un truc pareil ! Je ne fais pas de favoritisme ! Au contraire, Rowan est sans doute le membre de leur famille à qui j'ai le moins parlé ! Rapidement, ma gêne laisse place à une profonde compassion et un besoin irrésistible de l'aider et de la soutenir. Quand elle commence à pleurer, mon corps se rapproche naturellement d'elle pour la prendre dans mes bras. Il m'est insupportable de la voir dans cet état, elle qui a toujours été souriante et avec un fort caractère. Je la berce doucement en l'écoutant, la laissant pleurer, car je sais à quel point ça fait du bien. Mais je ne peux m'empêcher de rougir quand elle me dit que je pourrais être la note d'espoir dans la vie de Rowan...
"Moi ?! N....Non....Je ne suis pas sûre de..."
Je n'arrive même pas à formuler cette phrase tellement elle me parait surréaliste ! Rowan ne peut pas me voir en peinture ! Il doit sûrement penser que je suis la fille de James Bond ! Je roule des yeux en imaginant son regard désapprobateur sur moi, ce qu'il peut être bête quand il veut ! Je finis par poser ma tête sur celle de Dol pour la consoler.
"Je ferais de mon mieux pour vous aider, je te le promets."
Et bizarrement, je ne me suis sentie forcée à rien en lui disant ça. J'ai vraiment envie de les aider… Ce sont peut-être des criminels et je ne devrais certainement pas les fréquenter, mais… ils sont aussi des personnes formidables, gentilles, qui ont aussi des amis, une famille et des enfants..... Les choix de leur famille ne doivent pas résumer les personnes fantastiques qu'ils sont… Même Grizzly… Je soupire. Je vais beaucoup mieux, c'est incroyable ! Mais maintenant, je me sens coupable… J'ai l'impression que Dol est venue absorber toute ma tristesse pour la mettre sur ses épaules et ce n'est pas juste..... Je n'ai aucune envie qu'elle continue de se sacrifier pour tout le monde !
Je la redresse et sèche ses larmes avec mon pouce. Je la regarde en lui offrant mon plus radieux sourire, grâce à elle, il a enfin retrouvé sa place sur mon visage.
"Hey, arrête de pleurer, tu es beaucoup trop belle pour abimer ton visage. Tu n'as rien à te reprocher..... La vie peut être cruelle et on a beau essayer de la contrôler de toutes nos forces, elle s'amuse à nous montrer à quel point elle nous est supérieure… tu n'y peux rien… Et ce n'est pas égoïste de vouloir garder près de soi les gens que l'on aime, c'est une façon de vouloir les protéger et s'assurer qu'ils seront toujours heureux. C'est le rôle d'une grande sœur après tout." Je lui tends un mouchoir avant d'ajouter. "Je....Je ne sais pas vraiment quel est mon rôle dans votre histoire, mais je te promets d'être là à chaque fois que vous aurez besoin de moi, d'accord ? Alors n'hésite pas."
De nouveau, je la serre dans mes bras, mais bien plus fort et longtemps cette fois.
"Merci Dol, merci pour tout…"
Nous sommes restées quelque temps encore à discuter, boire du chocolat et manger des conneries. On a réussi à rire, à sourire et à parler d'autres choses que de Rowan et de tous les problèmes qu'il engendre… C'était un vrai soulagement de l'avoir à mes côtés.... Je ne cesserai jamais de la remercier d'avoir pris l'initiative de venir me remonter le moral… Je crois bien m'être fait une vraie amie...
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Nemo
Mer 30 Aoû - 14:53
Un peu d’air frais
Rowan Myers
33 ans Main armée du gang des Black Mamba Memphis, USA Fiancé contre son gré
Quand elle repense à la raison qui l’a poussée à venir chez la jeune femme, Dol se sent un peu honteuse. Elle n’avait pas prévu de pleurer toutes les larmes de son corps et exposer ainsi sa tristesse devant Rose, qu’elle venait de rencontrer il y avait quelques semaines seulement. À son avis, elle était à bout et même les réconforts permanents de son mari ne lui suffisait plus. Alors parler de cela l’avait menée dans la sombre vérité qu’elle voulait se cacher à tout prix : son frère la blessait et elle commençait à ne plus endurer la douleur.
Rose se montre compréhensive et, alors que les rôles s’inversent, Dol continue d’étaler sa tristesse sur l’épaule de sa nouvelle amie. Lorsqu’elle lui tend un mouchoir, Dol s’en empare et tente de redorer un peu son blason. Elle n’aime pas vraiment montrer sa faiblesse comme cela. C’est elle qui a toujours pris soin des autres, pas l’inverse. Elle hoche la tête aux dires de Rose : elle sait qu’elle pourrait compter sur elle. « Non, merci à toi. Tu es vraiment quelqu’un d’extraordinaire. » Ce n’est pas une formule de politesse, Dol le pense réellement. Rose serait prête à aider leur famille alors qu’elle ne les connaît pas depuis longtemps, qu’elle est au courant que ce sont des gens dangereux, et que l’un d’entre eux la traite comme une vulgaire espionne ? Pour Dol, c’était impensable.
Après ce moment de complicité, les deux jeunes femmes s’adonnent à des conversations un peu plus joyeuses et parviennent même à rire et s’amuser. Dol espérait que la soirée finirait ainsi et est heureuse de ne pas s’être trompée. Avant de partir, Dol la prend à nouveau dans les bras et l’embrasse sur le front, comme elle a toujours eu l’habitude de faire avec les personnes qu’elle porte dans son cœur et qu’elle veut protéger. « Merci encore, ma belle. » Elle lui sourit et sort à l’extérieur, accueillie par la fraîcheur de la nuit.
*
Un courant d’air glacé me fait sortir de mon coma volontaire. Je grogne et ouvre mes paupières collées, que je referme aussitôt, aveuglé par la lumière soudaine. La couverture qui me tenait chaud s’évapore et je me roule en boule pour contenir le peu de chaleur qu’il me reste. Je n’ai même pas la force de réagir face à cette évidente torture. Quelqu’un me tape l’épaule et marmonne des choses qui ne sont que des grésillements à mes oreilles. Je ne veux rien entendre, je ne veux rien écouter. Laissez-moi tranquille. Mais, alors qu’elle n’arrête pas de parler, la voix devient plus claire et audible à mes tympans. « Aller Rowan, lève-toi. » C’est ma sœur, avec un semblant d’indignation dans son ton. Comment fait-elle pour avoir autant de force dans ce monde de brute ? Je sens qu’elle me prend le bras et qu’elle le tire vers elle pour me relever, en vain. Je lève un sourcil, décontenancé. Je me serais complètement foutu d’elle si j’avais été dans mon état normal. J’ouvre à nouveau les yeux et l’observe tenir mon bras, la mine boudeuse. Ok… Je veux bien faire ça pour elle. Je me redresse et me retrouve assis sur le matelas. Satisfaite, elle s’accroupit devant moi et me prend le visage entre ses mains. Un voile se calque sur ses yeux, mais je ne parviens pas à discerner ce qu’elle ressent. Elle soupire et me caresse les joues de ses pouces. « Viens, je vais te préparer à manger. » Je fais non de la tête car je me sens incapable d’avaler quoique ce soit. Pourtant mon estomac grogne, ce qui fait sourire Dol. Elle me tire pour que je me mette debout et me tend des vêtements. Un jogging et un sweat chaud sont les seules choses qui me donnent envie actuellement. Ça change des costards que je me trimballe d’habitude à longueur de journée.
Assis sur le canapé, je regarde au loin, complètement vidé. Parfois j’observe Dol faire des allers et venues dans mon appartement en train de faire je ne sais quoi. J’ai l’impression qu’elle vit en accéléré. Ou peut-être que c’est moi qui vis au ralenti. Je n’ai d’ailleurs plus aucune notion du temps. Combien de temps s’est-il écoulé depuis que je suis sorti la dernière fois ? Comme si ma sœur entendait mes réflexions, elle s’approche de moi, me pose un bol rempli de pâtes et s’assoit près de moi. « Je ne bougerais pas tant que t’as pas mangé. Ça fait trois jours que tu te laisses mourir et il faut que ça change. » Elle me caresse le dos et je porte la fourchette à ma bouche, plus par volonté de la voir partir et retourner me coucher que par réelle faim. Elle pose sa tête sur mon épaule sans cesser de me serrer contre elle. J’apprécie plus son contact que je ne l’aurais pensé et ça me réchauffe une petite parcelle de cœur. Finalement, je ne vais peut-être pas manger, pour qu’elle reste avec moi. « Tu sais que tu vas t’en sortir ? Comme toujours. Tu sortiras de ça beaucoup plus fort, beaucoup plus grand. Et je serais toujours là avec toi. Max aussi. » Je hoche la tête en avalant une bouchée, lentement. Je m’en sors toujours. Et c’est justement ça qui me fait chier. « Bien. Quand tu auras fini ton repas, tu vas t’habiller chaudement, sortir dehors et marcher. Tu verras que l’air frais est un médicament incroyable. » Je soupire mais hoche la tête à nouveau, ayant perdu toute volonté d’argumenter et de prendre mes propres décisions. Si elle pense que c’est ce que je devrais faire, alors je le ferai. Mon regard est attiré par l’écran de son téléphone qui s’allume, la date du jour me saute aux yeux et une boule se forme dans mon ventre. Ça fait un an jour pour jour qu’on me les a enlevées.
*
Les mains dans les poches de mon pantalon de jogging, je marche au ralenti sur le trottoir. Dol avait raison : l’air frais est très agréable. Fixé sur les gravillons du goudron que je piétine, je ne vois rien autour de moi. Tout est gris. Les personnes que je croise n'existent pas à mes yeux et doivent me contourner pour que je ne leur fonce pas dedans. Soudain j’entends mon nom et je lève la tête. Max me sourit et me prend dans ses bras. Je n’ai pas le temps de lui rendre son accolade, surpris de le voir. Il est accompagné de son fils, Léo. Pour la première fois, je souhaite qu’il n’ait pas été là. Je ne veux pas qu’il me voit comme ça. Je suis incapable de me forcer à aller bien, de lui parler ou de jouer avec lui. C’est trop d’efforts. Il me tire la manche pour que je le regarde et penche la tête, surpris, en voyant mon regard éteint. Je fais fonctionner mes muscles de la mâchoire et réussis à étendre mes lèvres pour former un fin sourire. Ça n’a pas l’air de lui suffire. « Papa, qu’est-ce qu’il a tonton ? » Gêné, Max lui ébouriffe les cheveux et rit nerveusement. « Rien de grave, il a mal quelque part. Avec un peu de légumes et de marche, ça ira mieux. » Max appuie son regard dans le mien et ça me met dans un état pire que celui dans lequel j’étais. Je me sens comme un moins que rien, près à défaillir à la moindre parole. Je ressens dans le regard de mon frère qu’il m’en veut, mais je ne comprends pas pourquoi. Il s’éloigne sans m’avoir adressé le moindre mot, en me tapant amicalement l’épaule du poing, me laissant sans savoir quoi faire au milieu du trottoir.
Mes pas me mènent vers le parc où toute la famille a l’habitude de se retrouver. Je m’assois sur un banc libre et pose mes coudes sur mes genoux. De mes doigts, je fais tourner mon alliance autour de mon annulaire et soupire. Un an déjà… J’ai l’impression que c’était hier. « Pardon… » Une larme s’échappe de mon œil et vient rejoindre mon murmure quasiment inaudible. Je ne sais pas si j’aurais dû sortir, finalement.
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Sam 9 Sep - 16:24
Rose Williams
J'ai 24 ans et je vis à ... Etats Unis. Dans la vie, je suis serveuse jusqu'à ce que je réalise mon rêve d'être fleuriste. Je suis célibataire car je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à l'amour et je m'en sors plutôt bien, je me dis que tout vient à point.
Rose est une jeune femme qui a hâte de croquer la vie à pleine dent. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle a décidé de quitter sa campagne natale. Elle y était bien pourtant, c'est le genre de campagne où vous avez une maison au milieu d'un champ et votre premier voisin se trouve à au moins deux kilomètres ! Vous voyez ce genre de bail, c'est de là que vient Rose. Pour l'école, c'était compliqué, sans cesse obligée de se réveiller deux heures et demie avant pour pouvoir se préparer et arriver à temps grâce au car scolaire, qui dieu merci, passait par sa ferme. Ses parents ont toujours été très gentils et très aimants, dans sa campagne tout le monde se connait et vit en communauté. Pour autant, même si Rose a toujours aimé sa vie à la ferme, elle a toujours eu envie de voir à quoi pouvait ressembler le reste du monde. Aussi, c'est sans se retourner qu'elle a décidé de s'installer dans la ville la plus proche de sa campagne pour se faire une première expérience en territoire inconnu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une souris des champs n'a pas sa place en ville, au risque de faire dévorer par de vilains matous !
Je n'aurais jamais suffisamment de mots pour exprimer à quel point la visite de Dol m'a fait du bien. Elle a réussi à éponger toutes mes angoisses et ma tristesse. Et je suis heureuse de voir qu'elle aussi, a vu en moi un moyen de se décharger aussi un peu de tous ses fardeaux..... Je suis heureuse qu'elle se sente un peu mieux et d'avoir partagé ce moment avec elle… Il est vrai que je commençais à me sentir seule dans cette ville, car je n'avais absolument aucun amis… Mais maintenant, c'est avec un immense sourire que je suis fière de dire que j'en ai une. Et une amie d'exception ! De qualité ! Une amie sur laquelle, je le sais au plus profond de moi, je pourrais toujours compter.
"À demain, rentre bien."
Lui dis-je en refermant la porte derrière elle après qu'elle m'a embrassé le front. Je suis fille unique et je n'ai pas vraiment d'amies… Ce genre de marque d'affection, je ne suis pas réellement habituée. C'est donc ça que ça fait ? Une espèce de boule de chaleur douce et rassurante au fond du ventre ? C'est tellement agréable… Mes parents ont toujours été doux et aimant, mais l'amour parental est bien différent de l'amour social que l'on ressent avec ses amis ou un compagnon. La seule personne qui m'a fait un tant soit peu fait connaitre l'amour social, c'est Billy.... Mon voisin… Celui la même qui mangeait de la boue parce que c'était du chocolat bio.................. Enfin bon. Et dire que j'aurais sûrement fini ma vie avec lui si j'étais restée à Ploucville. Brrrrrrh, l'horreur...
***
Après la visite de Dol, je me sens mieux, mais je sais que ça va vite finir par retomber si je reste enfermée à me morfondre. Il fait nuit noire et je n'ai pas du tout envie de me balader dans les rues de cette ville peu sécurisée, mais je n'ai pas le choix. Si je reste ici, je sais que je vais soit finir en boule sur mon lit à pleurer et à me morfondre, soit finir sur le toit à espérer y voir un ours mal léché, jeter son mégot de cigarette par-dessus la rambarde de sa fenêtre… Or, je sais bien que cette scène n'arrivera pas.... Je le sais, ça fait déjà plusieurs jours que j'espère y voir apparaitre cet ours, en vain. Soupire. Non. Il faut que je reprenne du poil de la bête. Pour moi. Pour Dol. Je ne dois pas laisser Rowan faire encore plus de mal autour de lui, sa famille est déjà au bord du gouffre, s'ils voient qu'ils m'embarquent avec eux, ils auront envie de se jeter au fond de ce gouffre ! Non, je dois continuer de leur apporter un peu de joie de vivre, en espérant que cette mauvaise période finisse par passer..... Que Rowan se rende compte de ce qu'il inflige à sa propre famille… On verra bien.
Je pense à tout ça pendant que je noue mes baskets à mes pieds. J'enfile un gros sweat de l'ancienne université de mon père puis je sors dans la rue. J'espère passer inaperçue. Je prends la direction du parc, car ce n'est pas très loin et c'est un chemin éclairé. Il n'y a pas grand monde dans les rues à part les gens qui ont des choses à se reprocher, la police et moi. Je soupire en espérant ne pas retomber sur cet enquêteur. Je n'ai pas envie de me soumettre à un nouvel interrogatoire sur la famille Myers, parce que c'est clairement de ça qu'il s'agit… Si j'ai pu croire naïvement, un jour, qu'il se préoccupait réellement de savoir que comment j'allais, je crois maintenant avoir suffisamment côtoyé de criminel pour savoir qu'il n'en est rien. Ce flic veut seulement me soutirer des infos. Plutôt crever que d'être une balance ! .... C'est comme ça qu'on dit ?! J'en sais rien, j'ai vu ça dans un film de gangster un jour, alors je me suis dit que c'était sans doute le bon moment pour ressortir cette réplique ?! Olala, heureusement que j'ai dit ça dans ma tête. Rowan se serait sans doute foutu de moi s'il m'avait entendu ! Ou alors, il aurait pensé que j'ai dit ça dans le but de le manipuler vu que je suis une espionne. Je souris à cette pensée. Ce qu'il peut être bête… Mais il n'en reste pas moins mignon dans sa bêtise. Ce qui le rend mignon, c'est qu'il a l'air vraiment déterminé à croire ce qu'il raconte. Idiot. Et pourtant..... Je donnerais tout pour le voir sourire… Mon cœur soupire, mais je tente de ne pas y penser.
Je continue de marcher silencieusement puis quand je relève la tête, je suis déjà dans le parc. Je n'ai même pas vu le temps passer… Je laisse encore une fois mes pas me guider vers l'endroit qu'ils désirent… Je me replonge dans mes pensées puis.... je suis de nouveau incitée à relever la tête instinctivement, sans savoir pourquoi. En face de moi, se trouve le banc sur lequel j'ai rencontré le patriarche de cette famille de dingue, qui était allongé comme un sans-abri..... C'est vraiment une famille de tarés. Mais je les apprécie sincèrement..... Je penche la tête sur le côté en voyant que quelqu'un est assis sur le banc des Myers, je fronce les sourcils, prête à aller voir cette personne et lui dire de s'en aller ! Oui, je pense qu'à ce moment-là, j'ai dû oublier tout ce qu'un endroit comme celui-ci peut réserver aux pauvres petites souris des champs comme moi......
Heureusement, la personne assise sur le banc n'était autre que Rowan..... Mon visage passe la fureur à la stupéfaction en le trouvant ici. Dieu merci. Si ç'avait été un dérangé qui attendait une victime, je venais justement de m'offrir sur un plateau ! Je soupire en le voyant aussi dépité. Ça me brise le cœur, mais d'un côté, j'ai envie de le secouer ! Bon sang !
Je soupire de nouveau et m'assois à côté de lui en silence, il est vrai que j'aurais dû mettre un peu plus de distance entre nous.... Je....Je me suis assise vraiment près de lui, mais on s'en fiche. Qui peut nous voir de toute façon ?! Je sors mon paquet de cigarette et en mets une au bec. Je l'allume rapidement puis en propose une à Grizzly. J'avoue que ça fait longtemps que je n'avais pas ressenti le besoin de fumer, mais là, c'est revenu. J'inspire avant d'expirer la fumée vers le ciel en espérant qu'elle emporte mes malheurs..... Et si possible, ceux de Rowan...
J'ai envie de lui parler, mais je ne sais pas quoi lui dire. J'ai envie de le serrer dans mes bras, si ça peut lui faire du bien, mais je me dis que ça serait bizarre..... Il n'en a sûrement pas envie et il me voit toujours comme une menace..... En fait, si ça se trouve, il doit avoir envie que je m'en aille..... Je ne sais même pas pourquoi je me suis assise ! Je devrais le laisser tranquille… Il doit avoir envie de solitude pour penser à des choses personnelles et moi, je l'empêche de faire tout ça tranquillement, rien qu'avec ma présence.....
Je finis ma cigarette avant de la jeter dans mon cendrier portable. Je le range dans ma poche avant de me lever en soupirant, c'était une mauvaise idée. Je ferais mieux de partir et de me trouver un autre endroit…
Sauf qu'au moment de partir, une main me retient et je rougis comme une tomate..... Je le regarde, il a toujours son air d'ours mal léché et ne dit rien. Pourtant, il est bel et bien en train de me retenir..... Je rougis encore plus… Je finis par me rassoir près de lui et nous restâmes en silence pendant de longues minutes. Mon parfum de rose flottant au vent, le sien, essentiellement composé de whisky, me parvient aux narines et je souris légèrement. J'attends qu'il se lance, qu'il me parle, pour me dire n'importe quoi, même une méchanceté, ça ne ferait rien..... Je veux juste… qu'il me montre qu'il est encore vivant...