J'ai 22 ans et je vis à San Francisco, Etats Unis. Dans la vie, je suis cavalière de voltige et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien. Fiche perso détaillée juste ici
Dans son dos, elle sentit David approcher. Il s’arrêta à ses côtés, et du coin de l’œil, elle aperçut sa paume ouverte, dans une discrète invitation.
Jenny ferma brièvement les yeux, dans une ultime tentative de retrouver un semblant de dignité. Rien à faire. L’angoisse ne redescendait pas. Alors elle déposa la carte d’un geste tremblant dans cette main qui lui offrait son aide, et attendit.
Le jeune homme exécuta alors cette simple tâche qui lui avait paru insurmontable, seule. Il fit glisser la bande magnétique de la carte dans la fente prévue à cet effet, et dans un cliquetis discret accompagné d’une brève lueur verte, la porte se déverrouilla. Jenny observa tout le mécanisme d’un air absent, comme si elle découvrait une serrure pour la toute première fois. Pourquoi ce geste simple lui paraissait soudain si difficile ? Depuis quand était-elle devenue déficiente ainsi ?
Le grand blond poussa la porte et attendit patiemment qu’elle y pénètre la première avant de lui emboîter le pas. Jenny avança d'un pas mécanique. Elle entendit la porte se refermer dans son dos.
Ca y est. Elle avait franchi le palier.
La vue de toutes ses affaires éparpillées ici et là dans la chambre aurait dû lui apporter un réconfort certain, mais tout ce qui se trouvait autour d’elle lui paraissait vaguement étranger. Par contre, elle sentait encore et toujours la présence rassurante de David, quelques pas derrière elle. Elle fut soulagée qu’il soit encore là. Elle se détesta à cette simple pensée.
La voix de jeune homme s’éleva alors, empreinte d’un ton qu’elle ne lui connaissait pas. Qu’elle ne pensait jamais lui connaître. Son estomac se tordit. Troublée, Jenny se retourna lentement et son regard croisa de nouveau les prunelles glacées du grand blond. Elle y lut la même teinte tumultueuse que dans l’ascenseur un peu plus tôt. Mais cette fois, il ne s’agissait plus uniquement de ses yeux. Le reste de son corps envoyait un signal qui parla directement à son subconscient annihilé.
Et son instinct réagit avant même qu’elle ne puisse traiter l’information.
Un pas en avant, et elle se blottit dans ces bras à la fois si étrangers, et pourtant si familiers. Ces bras qui la portaient pratiquement tous les jours, avec fiabilité et précision. Ces bras qui la réceptionnaient fermement et qui lui assuraient toujours un appui stable. Ces bras qui étaient une extension d’elle-même. Qu’elle avait toujours considéré comme un outil à utiliser. Un simple objet, pour lui permettre de briller, elle.
Ils paraissaient désormais terriblement humains. Parce qu’ils l’enserraient contre un torse dans lequel battait un cœur, vivant. Elle pouvait l’entendre contre son oreille. Une pulsation régulière, apaisante. Parce que le contact de ces bras autour d’elle lui intimait une impérieuse sensation de sécurité dont elle avait tant besoin en cet instant. Elle se laissa faire ainsi, jusqu’à que le brouillard qui obstruait son esprit se dissipe, lentement. Et à mesure que son rythme cardiaque s’apaisait, que sa respiration se faisait plus profonde, Jenny réalisait ce qu’elle était entrain de faire.
Faible, lui souffla la voix dans sa tête.
Elle se sentit soudain honteuse. Ridicule. Ce n’était pas elle. Elle n’était pas cette fille-là. Surtout pas en face de lui. Lui, dont elle n’aurait jamais dû voir ce côté si humain. Parce que désormais, tout serait bien plus compliqué.
La blondinette recula lentement d’un pas. Elle prit une seconde avant d’affronter le regard de David. Elle aurait dû le remercier, c’était la moindre des choses. Pourtant, tout ce qu’elle parvint à faire fut de lui indiquer la porte d’un bref mouvement des yeux. Elle avait voulu durcir son regard, pour lui faire oublier tout ce qu’il venait de voir ces dernières minutes. Elle lui intimait silencieusement de ne jamais faire mention de ce qu’il venait de se passer. A qui que ce soit. Mais au fond, elle savait que la lueur vacillante qui brillait encore dans ses prunelles trahissait son désarroi.
Sauf que désormais, elle était prête à l’affronter seule. Comme à son habitude. Ne jamais faiblir, comme elle l'avait toujours fait, et elle s’en sortirait. Il le fallait.
J'ai 23 ans et je vis à San Francisco, États Unis. Dans la vie, je suis Cavalier de voltige et je m'en sors Bien par moi-même, et je n’ai pas besoin de mon père. Sinon, grâce à ma chance, je suis Célibataire et je le vis plutôt Très bien. Blond décoloré suite à un manque de pigmentation du cuir chevelu. Ses sourcils sont d’un noir de jais, contrastant fortement avec sa peau d’albâtre et ses yeux bleu gris. 1m85, silhouette svelte et athlétique, sculptée pour faire des figures de voltige.
Loup solitaire, préférant la compagnie des animaux à celle de ses congénères, David s’est longtemps considéré comme le vilain petit canard de la famille. Jusque dans ses particularités physiques, héritées de sa défunte mère, il se démarque des autres. Très, très loin de la diplomatie et la manipulation propre à la famille Andrews, et ce de génération en génération, il est direct. Sa franchise, loin d’être qualifiée comme qualité chez le jeune homme, lui attire de nombreux ennuis. L’homme se cache derrière un sarcasme saupoudré d’une légère touche d’humour noir pour repousser les autres. On est jamais assez bien servis que par soi-même ! Et puis, l’expérience lui a appris que les autres agissent toujours de manière intéressée… lui le premier. Pourquoi leur ferait-il confiance ? De par son passé, et ses origines, David a développé une aversion évidente pour tout ce touche de près ou de loin à la richesse. Étonnant, vous direz-vous, quand on sait qu’il a posé sa valise dans un prestigieux centre de formation équestre. Pas tout le fait le genre d’endroit où on arrive à l’improviste… deux conditions sont à valider impérativement : une recommandation par un ancien élève et une somme considérable sortie du compte en banque. Il n’avait pas eu le choix. David aurait préféré rester dans les montagnes au contact des mustangs, seul endroit où il se sentit vivant. Là où David est attendu… il ne s’y rend pas. En tout cas, pas s’il n’en a pas envie, ou s’il n’y est pas contraint par la force. Pas de beaux vêtements, pas de réseaux sociaux pour se pavaner sur la richesse de son père. Pas non plus d’équipements de luxe pour sa jument, alors qu’il pourrait se permettre de lui offrir absolument toutes les fioritures de la terre. Lui ne s’embarrasse pas de futilités. Dans l’écurie, son casier est vide. Les quelques affaires nécessaires n’y sont pas spécialement rangés non plus. Mais c’est son style ! Épuré, comme il aime le dire avec sarcasme. David n’est pas matérialiste : il préfère troquer ses affaires ou les acheter d’occasion. Il se promène sur un vieux vélo plutôt qu’en limousine comme la plupart de ses connaissances. Sa seule véritable amie est sa jument Shadow, une mustang appaloosa qu’il a dressé depuis sa capture dans le ranch de celui qui lui fit aimer les chevaux. John. Derrière l’arrogance avec laquelle il traite son père, et une fois le masque tombé, il est possible d’apercevoir la passion dévorante de David pour l’art. Toute forme d’art, autant visuel que sonore. Une note de musique, une photographie, et sa créativité s’exprime. Cependant, l’entrapercevoir a un prix : il faut gagner sa confiance avec du sang et des larmes. Très fidèles à ses mentors, David sait tirer partie des qualités des autres pour s’améliorer : il ne fait que prendre ce qui l’intéresse. Il faudra bien du courage à la personne qui tentera de lui arracher quelques informations.
Pas un seul mot. Pas une parole ne fut prononcée entre le moment où il était entré dans la pièce, et celui où il s’éclipsa. Il avança le long du couloir pour rejoindre sa chambre, réalisant que tout était plus bruyant à l’extérieur. Il n’était pas tard, mais depuis les chambres mal isolées, le jeune homme pouvait entendre quelques bribes de conversations, des téléviseurs en marche, le bruit d’une bouilloire en marche, ou encore l’eau qui coule dans une salle de bain. Le contraste avec le moment qu’il venait de vivre était saisissant.
A l’intérieur de la pièce qu'il venait de quitter, pas d’autre bruit que le souffle de la jeune fille contre son torse. Ses propres bras qui osaient à peine l’enlacer, ses lèvres pincées dissimulant une extrême surprise quant à ce geste : geste que d’une certaine manière, il avait provoqué. Inconsciemment.
Déconnectées de l’instant présent, ses pensées avaient préféré se terrer dans le silence plutôt que d’essayer d’analyser l’étrangeté de la situation. Comment passe-t-on de la haine à une étreinte aussi douce et réconfortante ?
Ses instincts primitifs avaient pris le relai pour lui éviter de se ridiculiser : il fallait assumer, ne pas oublier de respirer, laisser son cœur battre suffisamment pour s’oxygéner, mais pas trop pour ne pas laisser percevoir l’angoisse qui prenait le dessus.
Rien de plus.
Rien de plus que ce silence hurlant de singularité, bien qu'il fut de courte durée. Combien de temps ? Impossible à déterminer. Suffisamment pour que David ressente une curieuse connexion avec sa partenaire. Assez pour que toute cette inhumanité qu’il lui prêtait ne vole en éclats.
Elle rompit le contact, l’orientant fermement vers la porte. Partagé entre la surprise, la gêne, et un autre sentiment innommable qui le submergeait de confiance, David hocha la tête et s’exécuta. Il n’attendait pas de remerciements, pas même de reconnaissance : il avait été là comme elle le lui avait demandé, et partait sans objection, sur son exigence.
Il s’enferma à clef dans sa propre chambre, jetant ses affaires sur son lit à la hâte. En retirant sa veste, le frottement du vêtement sur le dos de sa main l’informa qu’il s’en sortait un peu moins bien que prévu. David n’était pas un grand bagarreur... Il ne déclenchait –presque- jamais de de conflit, et par conséquent… n’avait pas toutes les billes pour envoyer une droite sans se faire mal.
Exaspéré par son côté chevaleresque –sérieusement ?- il laissa ses prunelles couler vers sa main douloureuse pour en constater les dégâts. « Sombre crétin que tu es… » Soupira-t'il en se ruant vers la salle de bain pour ouvrir le robinet d’eau froide. Il observa le sang s’estomper, laissant apparaître une tâche violacée à la base de ses doigts. L’idée que sa victime puisse avoir la même marque sur sa pommette lui remonta quelque peu le moral.
Il faudrait qu’il trouve un moyen de camoufler cette horreur pour la compétition du lendemain… pour éviter les questions, déjà, et ensuite parce que violet sur blanc, ça risquait d’attirer l’attention. Il ne voulait pas qu'on retienne son bleu sur la main, seulement ses prouesses sur le dos d'Atlas.
Ce soir-là, il eut du mal à trouver le sommeil : pas parce qu’il craignait de ne pas être au rendez-vous pour sa performance, mais parce que le visage d’Elise se dessinait dans son esprit à chaque tentative de fermer les yeux.
Il dût attendre que Morphée le cueille au plus profond de son désespoir, mais le répit fut de courte durée également. Son réveil sonna. Le jeune homme serra le poing pour cogner son téléphone –vieux réflexe des anciens réveils qu’on utilisait chez lui, petit- mais la douleur de sa main le rappela à l’ordre.
Il chassa la ruelle, le visage d’Elise, et l’étreinte avec Jenny figés dans son esprit. Il valait mieux rester concentré, car il s’était promis de grandes choses pour cette première compétition.
David prit une douche rapide pour se réveiller, appréciant l’odeur fruitée du gel douche de l’hôtel. Peut-être que cette douceur olfactive lui porterait chance, qui sait ? Ensuite, il enfila une tenue confortable pour descendre au petit déjeuner où ils avaient rendez-vous avec Lisa. Avant de quitter la chambre, le jeune homme enroula une bande de strap autour de sa main blessée et ce jusqu’à son poignet, sans trop la serrer, pour faire illusion.
Sans surprise, il fut le premier arrivé. Il se servit un café noir, un grand verre d’eau, et un maigre bout de pain pour éviter l’éternelle remarque « tu ne manges pas ? Tu devrais, il faut prendre des forces. » David n’avait jamais mangé le matin, et il n’était pas prêt de modifier ses habitudes… surtout pas un jour avec de tels enjeux.
Il releva à peine la tête lorsque son entraîneuse s’installa à côté de lui, et lorgna sur la bande d’un blanc éclatant. « ‘Jour. » Dit-il en prenant une gorgée de café brûlant. « Prêt pour le grand jour ? » Il hocha la tête, concentré. Il ne releva pas plus les yeux lorsque Jenny les rejoint, occupé à observer le breuvage foncé dans sa tasse pour se réveiller.
« David ? » Une main se posa sur son épaule, il sursauta. Depuis combien de temps avait-il déconnecté ? « Vas enfiler ton uniforme, et rejoins-nous dans ma chambre pour l’atelier maquillage. » L'atelier quoi ? Ses yeux s’écarquillèrent. Comment avait-il pu penser qu’il en serait autrement ? Costume à paillettes et maquillage... C'était vraiment la vie qu'il avait décidé de mener ?
L’immense sourire de Lisa était communicatif, pourtant, alors il le lui rendit, et s’exécuta.
Quelques instants plus tard, vêtu de son costume –serré, mais plus confortable qu’il n’y paraissait- il toqua à la porte de Lisa. Il était encore le premier, pour changer...
« Viens t’asseoir sur le lit, j’ai de grandes idées ! » Annonça Lisa d’une voie enjouée, alors que Jenny se pointait à son tour. De grandes idées... Voilà qu'il se mettait à avoir le trac ! Et ça n'avait rien à voir avec la voltige.
Il évita sa partenaire du regard en fermant littéralement les yeux pour prendre une longue inspiration. « Epargne-moi les longues heures de maquillage, s’il te plait Lisa… »