Paris, Louvre, Nuit.

Une ombre se faufile à travers les statues de la cour Puget. La belle cour de marbre blanc restitue chaque parcelle de lumière que la lune veut bien lui donner.
Erynh, sous sa forme originelle, effleure les statues et s'amuse à reproduire leurs poses en riant. Elle vient de passer la nuit dans le musée, à admirer les oeuvres ou s'en moquer. Pas de soucis avec les gardes, elle disparaît pour réapparaître ailleurs chaque fois qu'elle en voit un.

Ça fait une semaine qu'elle fait ça et les veilleurs la laissent tranquille. Les 2 premiers jours elle a eu tous les gardiens à ses trousses, à cause des employés du poste de surveillance. Mais vu qu'elle ne fait que se balader et n'abîme pas les oeuvres (et qu'ils sont incapables de l'attraper), ils ont renoncé à la dénoncer. Maintenant, elle fait des clins d'oeil aux caméras et dépose des petits cadeaux à l'accueil pour se faire pardonner.

Cette routine ne durera pas. Les agences de recherche des créatures enverront bientôt quelqu'un à ses trousses. Erynh n'étant pas dangereuse, elle n'est pas trop embêtée. Il n'y a jamais eu de morts dans son sillage. Une fois, elle a eu du mal à se débarrasser d'un chasseur acharné, il avait failli mourir. Mais elle l'a sauvé et n'a plus été embêtée pendant quelques semaines.

Telle est sa routine : elle reste quelques temps dans une ville, puis elle repart l'autre bout du monde. Elle n'adopte son apparence de naissance que la nuit, lorsque c'est possible.
Elle espère pouvoir rester un bout de temps à Paris. C'est sa ville natale. Là qu'elle a fait ses premiers pas hésitants sur les toits, aidée par d'autres créatures (ses parents l'ont "abandonnée" et elle s'en fout pas mal).

Quelques heures plus tard, Erynh quitte le Louvre et se perche un instant sur la Pyramide. Il est temps d'aller dormir. Elle se matérialise dans un appartement de vacances de riches, dans le 16ème. Ils sont en province à l'année. La Mauve prend une douche et va se coucher. Une journée d'amusement l'attend demain.

«Eh surtout ne remet plus jamais les pieds ici… !» Ça sera les derniers mots que tu entendras de la bouche de ton employeur, ou plutôt de ton ex-employeur. Une fois encore, tu es en retard pour ton quart de travail. Enfin, pour être considéré comme en retard, il faudrait déjà que tu daignes te pointer au boulot. Comme excuse toute pourrie, tu n’avais pas trouvé mieux qu’un «j’ai mauvaise mémoire, j’avais oublié que je travaillais aujourd’hui». Il n’en fallait pas plus à ton ancien employeur pour te virer et ce, pratiquement avec son pied dans ton derrière. Il y a longtemps que tu ne prends plus la peine de compter les boulots que tu as perdu par ta propre faute. Si, en règle générale, ce genre de situation ne te fait ni chaud ni froid, là, tu ne risques pas d’apprécier la suite des évènements.

«J’vous promets que si je perds ce boulot-là, j’vais me mettre à l’essai en tant que chasseur de bestioles.» Non, cette promesse n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd, mais plutôt celle de tes parents. Tous deux lassés de devoir aller te chercher au commissariat du coin après l’une de tes nombreuses bêtises ou encore de devoir s’occuper de toi comme l’être dépendant que tu t’entêtes à rester, tu n’es pas en mesure d’énumérer le nombre de fois où tes parents t’avaient menacé de t’envoyer à l’armée pour que tu apprennes ce qu’est la maturité. Pour les calmer, tu avais eu l’excellente idée - pour ne pas dire une idée complètement stupide - de promettre à tes parents que tu prendrais la peine d’intégrer l’organisation le temps d’une chasse. Sachant te battre ou plutôt te défendre - pour ça tu dois dire merci à tes parents de t’avoir inscrit à plusieurs cours pendant ton enfance -, tu n’avais pas besoin de subir un millier de formations à ce sujet. Le deal était le suivant, tu prenais en charge une chasse et si tu appréciais l’expérience, tu intégrerais l’organisation en tant que chasseur officiel. Si, au contraire, l’expérience ne s’avérait pas concluante, tes géniteurs devaient te jurer de te foutre la paix concernant ton avenir. Voilà où tu en es à présent. Tu vas certainement traîner dehors toute la nuit. Tu sais très bien qu’à la seconde où tu vas poser un pied au domicile familial, tes parents vont te prendre en grippe.

Alors que tu te ballades dans les rues plus ou moins sombres de la ville de Paris, ton sac à dos sur l’épaule, la capuche de ton hoodie sur la tête, tu ne cesses de penser à tes frères. Shan, la réussite de la famille, le chasseur par excellence. Quelle tête de con. Au début, tes parents t’avaient proposé de te jumeler avec lui pour ta première chasse, mais non. Plutôt crever, quoique, vous auriez fini par vous entretuer. Jimmy, cette autre tête de con qui est en train de terminer ses études en médecine. Une autre belle réussite pour la famille Yun. Luka, le plus supportable de tes trois frères, s’est lancé dans des études en informatique. S’il n’est pas aussi «grandiose» que les deux premiers, Luka a un bel avenir dans l’organisation, mais plutôt dans le domaine technologique. Puis, il y a toi. Le raté de la famille. L’idiot du village. Le p’tit con par excellence. Sans être en mesure de le contrôler ni de comprendre pourquoi, tu ressens au fond de toi une vague colère, comme si tes pensées provoquaient chez toi une forme de frustration. Pour te calmer, tu sais exactement quoi faire.

Dans ton sac, tu as une tonne de bombes de peinture. Tu trouves un coin tranquille et surtout un mur vierge fraîchement peinturé afin de cacher les précédents graffitis. La chance ! C’est à ton tour de laisser ta créativité s’exprimer. Pendant les heures suivantes, tu prends plaisir à créer toutes sortes de choses, des monstres, des animaux, tu écris des mots avec des calligraphies différentes, bref, ton esprit est loin de manquer d’imagination ! C’est seulement au moment où tu vois le ciel se colorer légèrement dans une teinte orangée que tu comprends qu’il est très tôt le matin. Oups. Alors que tu attrapes ton téléphone portable dans la poche de ton hoodie afin de vérifier l’heure, tu remarques un SMS de la part de tes parents.


Génial. Techniquement, il est déjà «demain». Tu pourrais très bien retourner chez toi afin d’aller dormir quelques heures, mais en vérité, tu t’en fiches totalement. Ils ne vont tout de même pas t’envoyer à la chasse dès que tu auras les informations en main… Non ?

Paris, Place du Tertre.
Un petit vent vient soulever les cheveux d'Erynh qui sourit. La rousse se balade entre les touristes, savourant l'atmosphère de l'un de ses quartiers préférés de la capitale. Elle a fait un petit tour au square Berlioz tout à l'heure, mais il y a avait trop d'enfants. Ils sont toujours aussi horripilants, mais le square lui, est beau. Paris est belle. Erynh aime ce quartier, avec ses petites boutiques, ses petites brasseries, ses buttes, le Sacré-cœur pas loin, les peintres de rue...
La Cheshire se balade, bouscule des gens, vole 2, 3 trucs : un rouge à lèvres cher, un foulard, des souvenirs. Elle revend tout ça au marché noir, en changeant systématiquement d'apparence pour que personne ne la trace. Jamais de portefeuille, de porte-monnaie, sauf à des connards, racistes ou autre.
Elle ne paie pas ses loyers vu qu'elle squatte, et pour les billets d'avion, elle se téléporte toujours de l'autre coté des portiques de sécurité avec un faux billet d'une place libre. Pareil pour les trains, elle se débrouille. Ses économies, c'est au cas où. Dans diverses banques aux 4 coins du monde. Sinon, elle vole sa bouffe, ses fringues. Les affaires qu'elle a amassées au fil des années sont dans son manoir dans le centre de la France. Elle n'y va qu'une fois par an, pour ranger un peu et vérifier que l'équipe de ménage fait bien son boulot. Elle engage une grosse équipe au black à chaque fois, ils font le ménage pendant un week-end et c'est réglé.

Elle a acquérit ce domaine au cœur de la forêt il y a 3 ans. Quasiment personne ne connaît son existence.

Alors qu'elle observe avec attention le travail d'un peintre, le 6ème sens d'Erynh lui fait tendre l'oreille. Quelqu'un l'observe fixement, elle le sent. Un chasseur ?

La rencontre en fin de journée est devenue une rencontre en matinée. À peine avais-tu posé un orteil chez toi, ou plutôt dans ta chambre puisque tu avais pris la peine de passer par la fenêtre afin de ne pas attirer l’attention de ta famille, qu’un bruit t’avait fait sursauter. Shan, installé dans un coin de ta chambre, s’était contenté de tousser légèrement dans le but de te faire comprendre que tu n’étais pas seul. «P’pa et m’man m’ont appelé pour remettre tes techniques de combat à jour. J’espère que t’es prêt, je ne te laisse pas le temps de te reposer.» Par son petit sourire goguenard, tu comprenais rapidement que tu allais en baver pour les prochaines heures.

Te voilà maintenant quelques heures plus tard avec des ecchymoses supplémentaires et cette impression amère que ton frère aîné a profité de la situation pour t’en mettre plein la gueule. En plus de cela, tu as maintenant ta toute première cible à chasser dans les rues de Paris. Une espèce de chat ou un truc dans le genre qui a la capacité de se téléporter et dont la seule chose que tu as pris la peine de retenir, c’est que son espèce a le même nom que le chat du pays des merveilles. Du moins, tu crois que c’est ça. Tu n’as jamais été doué à l’école, ce n’est pas aujourd’hui que tu vas devenir soudainement attentif à ce qu’on te dit. Tu te souviens aussi que ça ne fait pas très longtemps que cette «femme» est de retour en France. Puisqu’elle peut changer d’apparence, cela risque d’être un tantinet compliqué.

Alors que tu te balades tranquillement à la Place du Tertre - pendant la rencontre on t’a bien fait comprendre que la miss chat aimait bien les trucs en lien avec l’art -, tu ne sais pas trop où donner de la tête. Trop de gens. Trop de distractions. Comment peux-tu avoir la moindre chance de repérer une créature surnaturelle dans cette foule à moins que celle-ci arbore un panneau lumineux indiquant «créature surnaturelle ici» ? Aussi, même si tu as des armes discrètes sur toi, dont un tranquillisant assez puissant pour rendre un ours léthargique, tu ne peux pas attaquer une créature non-humaine au milieu de plusieurs témoins... Pendant que tu te balades de façon nonchalante avec les mains dans les poches de ton jean, une étrange intuition se manifeste au moment où tes yeux bruns se posent sur une chevelure rousse à seulement quelques mètres de toi. Au bout de ce qu’il te semble être une éternité, tu te décides enfin à avancer dans sa direction. Il n’y a pas trente-six façons de savoir si cette jeune femme qui semble avoir ton âge est une créature surnaturelle.

Au moment où tu te retrouves à sa hauteur, tu observes rapidement la toile que cette dernière semble regarder avec attention. «C’est joli, mais je préfère mes graffitis !» Tout sourire - celui que tu abordes comme un «pauvre idiot» comme dirait Shan - tes yeux se tournent vers la jeune inconnu avec une attention particulière. «T’es du coin ou tu viens visiter la France ?» L’avantage d’avoir l’air d’un idiot inoffensif te permet, la plupart du temps, de gagner facilement la confiance des autres. «Je m’appelle Ely !» Un minimum de politesse s’impose et de toute façon, tu n’as aucun indice à cet instant précis si cette jeune femme est bien une créature surnaturelle à l’exception d’une «intuition». Eh tes fameuses intuitions, on les connaît bien, elles sont loin d’être toujours fiables…

Erynh est surprise. Un jeune homme de son âge, assez beau, avec un petit air malicieux, entame la conversation. Lui, un chasseur ?  Il est un peu trop curieux par contre, donc l'hypothèse du chasseur n'est pas à évincer totalement. La Mauve sourit.  

«C’est joli, mais je préfère mes graffitis !"
Hm, c'est bizarre. Ses sens sont en alerte mais il n'a pas l'air si dangereux. Un graffeur ? Intéressant.
"Un graffeur, hein ? Je ne pense pas qu'on puisse comparer, ce sont deux formes d'art assez distinctes. As-tu laissé des œuvres remarquables dans la capitale ? J'aime les graffitis, lorsqu'ils sont élégants et pas juste des taches de couleur sur les rambardes d'autoroute.
- T’es du coin ou tu viens visiter la France ?"
Ah, il est un peu curieux par contre, donc l'hypothèse du chasseur n'est pas à évincer totalement. La Mauve sourit.    
"Je suis née ici, je connais la ville comme ma poche. Et toi ?"
Erynh se détourne du peintre et accorde toute son attention au garçon. Il n'a pas l'attitude de certains chasseurs qui venaient lui parler pour essayer de l'attirer et la "neutraliser". En fait, il a vraiment l'air d'un mec normal. La Mauve se détend. De toute façon, elle est toujours prudente et ne garde jamais vraiment contact avec les gens qu'elle rencontre, alors autant se comporter comme d'habitude. Elle va lui donner son vrai nom, reste à voir sa réaction. Elle n'est pas sûre que les chasseurs le connaissent d'ailleurs, enfin peu importe.
«Je m’appelle Ely !
- Moi c'est Erynh, enchantée."

Un point pour toi, elle ne t’a pas envoyé balader dès les premières secondes. Pas de «dégage c*nnard !» ou un «mais t’es qui ?! Fiche-moi la paix !» pour te signifier que tu n’es qu’un stupide être nuisible. Que veux-tu, ton air de grand dadais doublé de ton sourire «idiot» ne donne pas toujours envie aux gens de t’adresser la parole. C’est qu’elle ne semble pas trop méfiante à ton égard ou peut-être qu’elle ne le laisse simplement pas paraître. Pour l’instant, tu dois agir «normalement» et ne pas éveiller les soupçons si la jeune femme est réellement une créature surnaturelle. Pour ça, tu te dois de gagner un minimum sa confiance en évitant d’aborder des sujets trop sérieux. Tu dois juste te contenter d’être ce grand gamin qui ne semble pas capable de faire de mal à ses semblables, du moins, pas volontairement. Faire des conneries et des bêtises c’est ton truc, mais user de violence physique ou bien psychologique n’est pas quelque chose qui t’intéresse. Certes, tu sais te défendre contre un agresseur, mais apprendre tout ça n’a jamais été ton choix. Pour ça, tu peux dire merci à ta famille.

Alors qu’elle répond à ta question, tu ne sais pas si c’est une bonne nouvelle ou non qu’elle t’annonce être née en France. En vérité, tu n’as aucune idée si la créature surnaturelle est originaire de votre monde ou d’un autre. Si tu ne sais pas si la jeune femme te dit la vérité, en ce qui te concerne, tu optes tout de même pour cette option. «J’suis né ici aussi. J’connais bien la ville ! J’sais pas si j’ai laissé des «oeuvres remarquables», mais j’en ai fait une pas plus tard qu’hier ! » C’est avec un grand sourire sur tes lèvres que tu es tout fier de le lui annoncer et surtout que tu n’hésites pas à t’en vanter. De toute façon, avec les années que tu accumules en tant que petit «délinquant», te vanter de tes méfaits ne te semble pas du tout problématique. Tu ne comptes plus le nombre de fois où tu as été arrêté par la police pour dégradation et que tes parents ont dû payer une petite pile d’amendes. Que veux-tu, du haut de tes 19 ans, tu trouves que ton comportement n’est pas problématique et cela t’amuse de «jouer au con» au point d’emmerder les autres - en fait, c’est surtout ta famille qui ramasse les pots cassés -.

«Est-ce que tu peins ?» Voilà qu’un petit sourire malicieux se dessine sur tes lèvres. C’est que tu peux presque imaginer tes yeux pétiller à cette question. Oui, tu as une idée derrière la tête. «Tu peux me montrer tes talents ou je peux te montrer les miens !» Depuis que tu t’es mis en «chasse», tu traînes avec toi ton fameux sac à dos que tu portes en bandoulière seulement sur une de tes deux épaules. Dans un geste rapide, tu fais glisser la bretelle afin d’amener le sac au niveau de ton ventre pour que la jeune femme puisse y jeter un coup d’oeil à l’intérieur. Une fois que tu as fait glisser la fermeture éclair, tu ouvres légèrement ton sac dans le but de laisser apparaître une panoplie de canettes peinture en aérosol.

«J’suis certain qu’on peut trouver un endroit pour s’amuser un peu.» Alors que tu lui adresses cette affirmation tout en lui faisant un petit clin d’oeil, tu replaces ton sac à dos sur ton épaule. Le petit détail que tu omets de transmettre, c’est qu’au fond de ton sac, tu as un double fond qui cache des armes discrètes...

Erynh analyse discrètement le comportement du jeune homme. Il n'a vraiment pas l'air menaçant, n'a pas la posture d'un chasseur aux aguets, n'observe as frénétiquement son environnement... Elle doit quand même se méfier, parce que ça pourrait être encore une tactique des organisations qui la cherchent. Mais de toute façon, même si c'est ça, autant s'amuser un peu, essayer d'en avoir le cœur net, avant de le faire tourner en bourrique le cas échéant pour s'évaporer vers New-York.  

« J’suis né ici aussi. J’connais bien la ville ! J’sais pas si j’ai laissé des «oeuvres remarquables», mais j’en ai fait une pas plus tard qu’hier ! »
Elle sourit. Elle s'est toujours sentie plus à l'aise avec ceux qui se jouaient gentiment des interdictions, peut-être parce que c'est ce qu'elle faisait depuis petite. Les êtres avec qui elle avait fait ses premiers pas sur les toits étaient souvent issus des milieux des bars, boîtes de nuit, et fêtes underground dans les catacombes. C'était là qu'elle se sentait le mieux, environnement et personnalités qu'elle connaissait bien et qu'elle savait appréhender.
"J'aimerais bien la voir !"
Elle se surprit à le penser. Ça l'intéressait de voir son style, ce qu'il créait.

« Est-ce que tu peins ? Tu peux me montrer tes talents ou je peux te montrer les miens ! »
"Non, je ne peins pas malheureusement. J'adore l'art mais je ne contribue pas à l'enrichir. Mais oui, ça me plairait de voir ce que tu est capable de faire."
C'était trop risqué de laisser des œuvres signées de sa main derrière elle. Du moins, des qu'on pouvait analyser. L'art dans lequel Erynh excellait, c'était de changer d'apparence, de perfectionner chacune de ses enveloppes, de charmer quelques personnes dans les milieux qu'elle affectionnait, afin d'obtenir des objets, des combines ou des faveurs, puis de repartir comme si de rien n'était. Mais ça, elle ne pouvait le révéler à Ely.
Le jeune homme ouvrit son sac sous es yeux de la Mauve et elle sourit.
[b]"Tu es bien équipé dis donc."

Il lui fait ensuite un clin d’œil et elle hausse un sourcil amusé.
[b]«J’suis certain qu’on peut trouver un endroit pour s’amuser un peu.»
"Avec plaisir, je te suis."
Elle lui aurait bien conseillé quelques endroits, mais elle ne dévoilait pas ses endroits tranquilles à n'importe qui quand même.

C'est qu'elle te ferait presque confiance même si elle ne te connaît pas le moins du monde. D'un côté, cela peut s'expliquer plutôt facilement, car malgré ta position de nouveau chasseur, tu n'as pas cette attitude de «type en chasse» qui est aisément identifiable. En plus de cela, tu n'as jamais voulu être un chasseur, alors pourquoi devrais-tu adopter soudainement un comportement mature et responsable. Ce n'est pas pour rien que tu n'as jamais été en mesure de conserver un boulot pendant une longue période. Tu es peut-être une «cause perdue» pour le reste du monde, mais en toute honnêteté, tu t'en fiches royalement. Tu fais ce que tu veux et tu es heureux comme ça. Un jour ou l'autre, tu vas sûrement prendre la décision de quitter ta famille pour de bon dans le but de vivre ta vie même si celle-ci ne risque pas d'être très glorieuse. Quoique, est-ce que ta famille va te permettre de leur tourner aussi facilement le dos ? Ça, tu en doute fortement.

Alors que vous avancez tranquillement dans les rues de la ville, tu ne peux pas t'empêcher de faire l'idiot en lui racontant des blagues ou en lui partageant diverses anecdotes en lien avec tes petits délits ou encore sur la façon dont tu as perdu certain de tes précédents boulots. Au bout de plusieurs minutes de marche, vous êtes enfin arrivés là où tu voulais l'amener, c'est-à-dire le fameux coin tranquille où tu as passé la plus grande majorité de ta précédente nuit. «Ici c'est parfait !» T'exclames-tu avec un énorme sourire sur les lèvres avant de lui pointer le mur qui n'est plus si vierge de graffitis. «C'est moi qui a fait ça hier, c'est de cette «oeuvre» que je te parlais !» Pendant que tu déposes ton sac sur le bitume, tu lui pointes avec ta main libre les différentes créatures qui semblent tout droit sortis d'un dessin animé que tu as crée hier soir. Non, tu n'as jamais manqué d'imagination et ce n'est pas aujourd'hui que cela va s'arrêter.

Au bout de brèves explications sur tes créations, une «excellente idée» te traverse soudainement l'esprit. «J'peux te montrer à faire des trucs simples !» Sans vraiment lui laisser une vague illusion de choix, tu te mets à fouiller frénétiquement dans ton sac afin d'en extraire quelques canettes de peinture en aérosol pour ensuite te rapprocher de la jeune femme. «Prends ça...» Lui dis-tu tout en lui déposant dans sa main une canette de peinture de couleur noire avec un petit sourire amusé. «Maintenant fais comme moi. J'vais te montrer les bases et après tu pourras essayer de faire des trucs.» Alors que tu fais quelques pas de côté pour que vous gardiez une certaine distance l'un de l'autre, tu lèves ton bras tenant ta canette en direction du mur - là où il reste un petit pan encore vierge - tout en te rapprochant légèrement afin que la peinture n'éclabousse pas çà et là. Si tu donnes l'impression de t'amuser - en vérité, tu t'amuses réellement -, il y a bien un plan qui est en train de se construire dans un coin de ta tête. Enfin, un plan, c'est vite dit, car tu improvises au fur et à mesure. Lorsque la jeune femme sera concentrée sur sa tâche, tu pourras prendre le temps de l'observer un peu mieux et qui sait, de la capturer avec l'une de tes armes discrètes se trouvant dans le double fond de ton sac...