Je suis mecano sur des vaisseaux spatiaux, je suis même plutôt douée dans mon domaine, avant j'étais dans l'armée, c'est la que je me suis formée. j'y ai aussi formé ma grande gueule, que je ferais bien d'apprendre a fermer de temps en temps, et mon humour qui a le don de déranger.
Je n'ai jamais réussi a m'attacher à personne, excepté à ma tante qui m'a élevée à la mort de mes parents, je n'ai pas de maison non plus, je passe mon temps dans l'espace et ça me convient bien.
J'ai pas besoin de grand chose pour être bien, à manger, un endroit tranquille pour dormir, une caisse a outils bien remplie suffisent a mon bonheur, tout le reste c'est du bonus. J'essaie toujours de voir le côté positif des choses, même quand ça va mal.
J'ai une grosse dent contre les gens qui s'arrêtent à mon physique, ce qui explique sûrement pourquoi je me fringue comme un sac, et t'avise pas de me toucher si t'a pas reçu la permission, j'ai pas appris que la mécanique quand j'étais dans l'armée.
Mon père, Percy Evans est comte de Salshire, je suis son seul fils et héritier, j’ai trois sœurs, dont deux sont plus âgées que moi.
Bien que nous soyons à l’orée du 20em siècle, mon père est un fervent défenseur des traditions et complètement réfractaire aux changements. Il m’a élevé dans l’idée qu’un homme doit toujours faire son devoir quoi qu’il lui en coûte, c’est pour cela que je vais bientôt épouser une jeune femme de 18 ans que je n’ai jamais rencontrée mais qui sera un atout important pour ma famille.
La plus âgée de mes sœurs, Helen, gère toutes les affaires du domaine avec mon père, elle y implique aussi Isabel et Julia, mes deux autres sœurs, bien qu’elles soient mariées toutes les trois elles ne restent jamais bien loin de notre père.
Quant à moi, bien que je consacre de longues heures à mes recherches en sciences et en histoire je suis incapable de regarder un livre de compte plus de 10 minutes sans m’endormir, et siéger a la chambre des lords me rend neurasthénique. Je ne suis vraiment pas le fils que mon père aurait souhaité avoir, je remplis mes devoirs au mieux, et j’ai la chance que mes trois sœurs me soutiennent pour tout le reste.
Univers
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L’appel avait retentit dans tout le vaisseau retransmis par les haut parleurs qui parsemaient les couloirs, les salles, les hangars. Tout le monde était au courant, une fois de plus. Voilà une journée qui commençait bien, elle venait à peine d’enfiler son pantalon qu’il fallait déjà qu’elle aille voir ce pète-sec de commandant, elle n’avait pas encore bien compris pourquoi mais il semblait ne l'apprécier que moyennement, bon c’était pas non plus comme si il appréciait le reste de l’équipage. Cet homme semblait détester à peu prés tout le monde... Et pourtant elle faisait exactement tout ce qu’il fallait non seulement pour être un bon soldat mais aussi pour ne pas se faire remarquer. Et pourtant, plus elle faisait des efforts pour s’intégrer plus il semblait la mépriser.... Elle n'avait sans doute pas lu le bon manuel, ou raté le chapitre « comment bien s’écraser devant ses supérieurs. Où l’on expliquera entre autres les techniques de léchage de c.... de bottes »
Elle se jeta sur son uniforme, si elle mettait plus de cinq minutes à rejoindre le bureau dans lequel elle était convoquée il était capable de la rétrograder ou de lui coller un blâme.
« Une vraie histoire d’amour hein, dit sa camarade de chambre sur un ton goguenard. Il te convoque de plus en plus tôt, ‘doit s’en passer des trucs dans ce bureau. »
Maya ne répondit rien, cette nana semblait avoir fait sienne la mission de la faire sortir de ses gonds le plus tôt possible dans la journée, alors respirer profondément, rester calme, penser à autre chose.... Cooper attendit quelques secondes pour voir si sa pique faisait effet mais devant le manque de réactions de Maya elle fini par sortir de la cabine en haussant les épaules pour aller prendre son quart.
La jeune femme claqua derrière elle la porte de la cabine en finissant d’enfiler sa veste, elle se coifferait en chemin sinon elle n’arriverait jamais à temps. En marchant le long des coursives elle ramena ses cheveux en un chignon extra plat, extra serré d'où aucune mèche ne devait dépasser, c’était la seule coiffure permise aux femmes dans l’armée si elles voulaient échapper a la tondeuse, alors autant ne pas provoquer de réactions impulsives chez son supérieur.
« Hey Maya! Cria une voix derrière elle.
- Dépèche Audrey, j’ai pas le temps là, répondit-elle sans se retourner et sans ralentir.
- J’ai entendu, je t’accompagne, répondit la voix qui appartenait à une jeune femme à peine plus âgée qu’elle. Je me demande ce qu’il peut bien vouloir encore, continua-t-elle en soupirant, calquant la vitesse de ses pas sur celle de Maya.
- Franchement je préfère pas y penser, répondit-elle blasée, en haussant les épaules, vu le temps qu'il perds a me chercher des poux dans la tête je vois pas quand est ce qu'il trouve le temps de commander son satané vaisseau!
Audrey sourit.
- Bha il peut rien faire contre toi tu doit être l’un des meilleurs mecano qu'on aie a bord...
- Je serais sûrement bien plus efficace si je n'avait pas besoin de me pointer au rapport pour la moindre broutille. Si ça continue il va me coller aux arrêts pour avoir osé toucher un moteur!
Audrey lui lança un regard malicieux,
- Ou parce que tu fait des rayures sur la peinture, dit-elle en riant.
Bon cela avait le mérite de détendre l'atmosphère qui avait tendance à prendre la consistance de la mélasse a mesure elles approchaient du bureau du commandant.
- Ou parce que je me suis pas coupé les ongles des pieds, ajouta Maya avec un sérieux démentit par ses yeux pétillants
- Bon de toute façon tu sais qu’il est comme ça avec tout le monde hein...
- Ouais, avant que je parte en perm’ il avait décidé d’emmerder Willis, dans le genre qui a rien demandé à personne... »
- On y est ...
Audrey indiqua du menton la fatidique porte du non moins fatidique bureau et montra à Maya sa main aux doigts croisés avant de repartir de son coté, la jeune femme répondit par un clin d’œil avant de frapper à la porte en passant une main sur sa coiffure pour vérifier que tout était en ordre.
« Entrez! »
Elle poussa la porte, fit trois pas et se mit au garde à vous, en laissant courir son regard dans la pièce discrètement, ça commençait mal, pourquoi y avait-il aussi le chef mecano, le second du commandant et le bosco?
« Renshi au rapport monsieur.
-Repos »
Elle se détendit légèrement et croisa les mains dans son dos, au repos de parade, comme a l'académie, plus réglementaire tu meurs, mais apparemment ce n’était pas le moment de faire la maligne. Les quatre hommes s'entre-regardèrent pendant une seconde qui sembla durer une éternité.
« Renshi, vous comparaissez aujourd’hui devant un conseil de discipline pour...
- Pardon?
- Silence, personne ne vous a donné la permission de parler! La voix du second avait claqué dans la pièce contraignant la jeune femme au silence.
- ... Pour décider si vous êtes oui ou non coupable de contrebande et de trafic à bord de ce navire. Le commandant avait fini sa phrase, imperturbable. Le cas échéant vous serez dégradée et rendue à la vie civile sans solde, ni aucun avantage. Avez-vous compris? »
Elle ne put s'empêcher de se demander si la présomption d’innocence leur disait quelque chose, et surtout depuis quand décidait-on de la sentence avant même d’avoir exposé les preuves de la culpabilité de quelqu’un?
« Oui mais.... répondit-elle d’une voix blanche.
- Silence! Une fois de plus le second était intervenu avant qu’elle puisse en placer une.
- Chef, veuillez procéder je vous prie. »
Le bosco fit un pas de coté et saisi la desserte devant laquelle il se tenait pour la faire rouler devant Maya. Dessus étaient posé des objets divers et variés qu’elle n’identifia pas au premier coup d’œil.
« Reconnaissez-vous ceci? Demanda le commandant d’un ton dur.
- Je...
- Regardez bien. »
Elle se pencha sur la petite table et détailla tout ce qu’elle y voyait, le collier en or et turquoise appartenait à l’une des filles de sa chambre, la bague en argent surmontée d’une pierre dont elle ne connaissait pas le nom était à une amie d’Audrey, elle se souvenait qu’elle leur avait expliqué que c’était son porte bonheur ou quelque chose du genre. Il y avait aussi un large bracelet, en or lui aussi, gravé avec minutie de runes qu’elle avait déjà vu au poignet de quelqu’un mais impossible de retrouver qui. Le deuxième collier était en perles, de grosses perles nacrées, aux reflets dansants, ce collier, s’il avait été vrai, aurait pu, à lui seul coûter au moins une année de solde...
Elle se souvenait de l’avoir vu au cou de la femme d’un important diplomate particulièrement paranoïaque qu’ils avaient convoyé quelques mois plus tôt puisqu’il refusait de prendre des vols commerciaux normaux et qu’il avait des appuis « en haut lieux », tout cela n’étant bien sur qu’une excuse pour venir voir, ou surveiller, son fils qui servait sur ce même vaisseau en tant que capitaine d’escadrille. Son épouse en revanche était la gentillesse et la douceur incarnée.
Maya fut sortie de son souvenir par un mouvement d’impatience du commandant, elle s’attarda sur les petits sachets qui renfermait des herbes et des flacons contenant des huiles aux couleurs peu engageantes, elle pensa reconnaître une herbe médicinale utilisée par sa tante mais comment être sûre? Cette herbe s’utilisait normalement le plus fraîche possible, et pas séchée, principalement parce que l’odeur qu’elle dégageait une fois sèche était absolument infecte. Vint le tour des petits objets, c’était de petites statuettes, taillées chacune dans une matière différente, principalement de l’ivoire, des bois précieux, de l’or... et quelques autres qu’elle ne parvenait pas à identifier, enfin en tout cas ce devait être de bonnes imitations... L’examen lui avait pris une bonne minute et quand elle releva la tête elle sentit le commandant bouillir d’impatience.
« Alors? Demanda-t-il abruptement.
- Je reconnais les bijoux monsieur, ils appartiennent à des membres de l’équipage, le collier ressemble à celui de madame Leroy, mais...
- Et le reste? - Les petites statuettes ressemblent à celles qu’on achète dans les boutiques à touristes commandant, mais je sais pas ce que contiennent les sachets.
- Bien, il se tourna vers le Bosco. Pouvez-vous nous faire part de l’endroit ou nous avons trouvé ces objets?
- Oui commandant, répondit-il en hochant la tête avant de se tourner vers Maya, dans votre cabine, sous votre couchette pour les sachets, les bijoux dans le faux plafond de la douche et les petites effigies sous votre poste dans ...
- Pardon? Interrompit-elle à nouveau, totalement estomaquée.
- Silence! Décidément le second commençait à lui porter sur les nerfs, ne savait-il rien dire d’autre que cet unique mot?
- Admettez-vous que ces objets étaient effectivement en votre possession?
- Quoi? Non!
- Pourtant c’est chez vous que nous les avons trouvés, grinça le second prouvant qu’il savait parler finalement, même si sa voix faisait vaguement le même bruit qu’une porte métallique mal huilée.
- N’importe qui aurait pu les avoir mit là! répliqua-t-elle en essayant de contenir sa colère.
- Nous avons des témoignages, des membres de l’équipage qui affirment que vous avez essayé de leur vendre le contenu de ces sachets. »
Le coup de bluff était une idée du second. En réalité tout ce que que possédait le commandant c’était une dénonciation, plus ou moins anonyme, il avait une idée sur l’identité de l’informateur mais n’avait pas encore pu vérifier si son intuition était juste, c'était la première chose qu'il entendait faire après avoir sortit Renshi de son vaisseau à la prochaine escale.
- Et que contiennent-ils donc? Par ce qu’à première vue ça ressemble fortement à des herbes d’assaisonnement. Oui, bon, en fait non, ça ressemblait à tout ce qu’on voulait sauf à des aromates spéciales pizza, mais comme apparemment ils n’avaient pas l’air décidé à écouter ce qu’elle avait à dire elle pouvait bien se permettre de dire n’importe quoi hein... Quelques coup frappés à la porte détournèrent provisoirement l’attention, le commandant donna l’ordre d’entrer, et la porte s’ouvrit sur le médecin chef qui entra un dossier sous le bras.
- Eh bien, le doc ouvrit le dossier et en sortit quelques pages qu’il fit passer autour de lui, Maya résista à l’envie de tendre la main pour en attraper une au vol. Comme vous le voyez, un peu de tout, ces huiles, dit-il en montrant trois des flacons, sont principalement des extraits de chanvre légèrement modifiées pour accentuer les effets, ceci, et il pointa un flacon contenant un liquide transparent et des cristaux, contient de l’huile de paraffine totalement normale les cristaux sont un genre de LSD très instable qui s'enflamme au contact de l’air, les principes actifs sont diffusés par la fumée, donc probablement destinés à être inhalés... . »
En effet ils avaient été obligés d’attacher à un lit l’infirmier chargé des tests qui n’avait pas pris la précaution élémentaire de mettre un masque avant de manipuler un produit inconnu. Le jeune homme avait donc inhalé à plein poumons la dite fumée, et était apparemment en proie à une crise d’hallucinations pas piquée des coccinelles, ce qui était sûrement la cause des cris de gorets qui retentissaient en ce moment autour de l’infirmerie.
- Et ceci est une herbe qu’on trouve sur Yutani et qui a sensiblement les même propriétés que les feuilles de coca, du moins quand elle est fraîche, quand elle est sèche comme ça elle ne provoquera pas grand chose d’autre qu’un bon mal au ventre. Celui-ci contient des feuilles de coca, et le dernier... du thym et du laurier.... » Haha! Le trafiquant était aussi amateur de bonne cuisine! La pensée avait fusée dans la tête de Maya qui fit un gros effort pour se taire.
- Renshi! qu’avez-vous à dire?
- Eh bien commandant, à part le thym et laurier qui seraient bien utiles au coq pour qu’il nous serve enfin autre chose que ses trucs insipides...
- Ça suffit, de qui vous moquez-vous?
- Je vous prie de m’excuser, j’avais cru comprendre qu’on me demandait mon avis...
- Silence! Vous êtes insupportable!
- Renshi j’aimerais savoir comment tout ceci a pu se retrouver en votre possession.
- Une fois de plus commandant, je vous prie de m’excuser mais comment pouvez dire que ces... choses étaient en ma possession alors que n’importe qui aurait pu les mettre là ou elles étaient?
- Les témoins Renshi, nous avons des témoins!
- Ah et ils disent que je n’ai fait qu’essayer de leur vendre tout cela? Eh ben commandant vous pouvez être fier de la vertu des membres votre équipage, non seulement ils renoncent à une bonne défonce en règle pendant leurs heures de service mais en plus ils viennent dénoncer la méchante trafiquante... Ou alors va falloir sérieusement approfondir votre enquête parce que la moitié de vos matelots est peut être entrain de planer dans un coin de la cale. »
Ah, elle aurait peut être mieux fait de se taire tient, toutes les personnes présentes dans le bureau la regardaient comme si elle venait subitement de se transformer en une grosse méduse baveuse. Bon il faut dire aussi qu’ils commençaient sérieusement à lui chauffer les oreilles tous avec leurs accusations délirantes... ou alors elle était la seule à les trouver délirantes? Elle n’arrivait pas vraiment à réaliser la gravité de la situation tant tout cela lui paraissait absurde, elle ne pouvait s’empêcher de penser que Douglas Adams n’aurait pas fait mieux.
- Taisez-vous idiote. Tient le chef mecano avait soudainement retrouvé la parole. Renshi, vous rendez-vous compte de la situation dans la quelle vous êtes? Il avait son expression des bons jours, cela voulait dire qu’elle pouvait, peut être compter sur lui après tout... Ou alors c’est votre ascendance qui vous brouille l’esprit?
Ah ben non, il allait simplement l’enfoncer un peu plus.
- De quoi parlez-vous? Grinça le second toujours à l'affût d’un truc croustillant à faire passer dans sa machine à potins.
- Les parents de Renshi sont des pirates
- Étaient! Et ça n’a...
- Oui, il sont morts... Mais les pommes ne tombent jamais bien loin des pommiers!
- Ah oui ils vous ont abandonnée et laissée à votre tante c’est cela?
- Quel rapport avec ...
- Une fille de pirates qui en plus se lance dans le trafic de drogue et la contrebande n’a rien à faire sur mon navire!
- Je ne suis pas responsable de ce qu’étaient mes géniteurs! Et ...
Le commandant l'interrompit d'un geste de la main
-Peut être pas, mais vous êtes responsable de ce que vous faites! Et le trafic de drogue est passible d’une peine de prison!
-Mais bouffez-les vos sachets thym! J’ai rien à voir la dedans et il est hors de question que je m’y retrouve mêlée juste par ce que vous n’aviez rien de mieux à faire aujourd’hui! Eh ben voilà, ils le voulaient, ils l’avaient eu, Maya avait totalement laissé tomber le règlement et s’appuyait à deux mains sur le bureau du commandant, et criait sur ce qui lui servait de commandant comme s’il n’avait été qu’un vulgaire bleu. Les autres assistaient à l’échange, comme ils auraient regardé un tournois de lutte, bientôt ils allaient pouvoir prendre les paris.
- Surveillez-vos paroles! Je suis toujours le commandant de ce navire!
- Merci pour l’info, vous nous cassez tellement les couilles qu’on finirait par oublier que vous servez peut être effectivement a quelque chose !
- Silence!!!
Ah tient, elle aurait encore sûrement mieux fait de se taire, certes le commandant n’était pas apprécié de son équipage, mais c’était lui le seul maître a bord ... . Cela dit ils avaient commencés en premier en mettant ses parents sur le tapis.
-Foutez-moi ça au fond de cale et que je n’en entende plus parler jusqu'à la prochaine escale!
-C’est ça, foutez-moi aux fers, la fille de pirates que je suis ne mérite que ça.
-Et faites-la taire! »
Le chef mecano l’avait empoignée par l’épaule, elle allait lui retourner le compliment en lui balançant son poing dans le nez mais le bosco avait été plus rapide et avait attrapé son bras, l’avait tordu dans son dos pour la faire tenir tranquille, le second avait littéralement fusé hors du bureau pour aller chercher deux gros bras qui maîtrisèrent la jeune femme sans problèmes avant de la jeter dans une cellule au fin fond de la cale.
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Quinze jours de trou et les regards glaciaux des membres de l’équipage pour fêter sa sortie et son retour à la vie civile. pour couronner le tout elle se retrouvait en rade sur New-Babylone, super. Un matelot avait rassemblé ses affaires à la va vite et lui avait balancé son sac pendant qu’elle descendait la rampe du hangar principal en faisant semblant de ne pas entendre les chuchotement ni sentir les regards qui pesaient sur ses épaules, autant rester un minimum digne pour cette partie là. Elle avait aperçu Audrey dans la foule qui lui avait fait un petit signe de tête discret auquel elle n'avait pas osé répondre de peur que quelqu'un s'en prenne a elle ensuite.
Quelques heures plus tard elle avait posé son sac dans une chambre dont la propreté laissait à désirer et elle s’était installée au rade d’en face histoire de boire un coup et manger un morceau. Décor glauque pour une aventure qui l’était tout autant.
Elle les entendit leurs voix, avant de les voir, une partie des membres de l’équipage avaient eux aussi décidés de s’installer dans ce bar pour passer leur journée de perm. " Merde"pensa-t-elle en se dépêchant de rejoindre une table au fond de la salle et en s’installant dos à la porte, elle en courba les épaules, ses cheveux dissimulés sous une casquette, et ses vêtements quelconque éviteraient peut être qu'ils la reconnaisse, tant qu'ils ne voyaient pas son visage. Elle garda les yeux fixés sur les restes de nourriture dans son assiette, et fit de son mieux pour ne pas entendre la conversation qui se déroulait derrière elle et dont elle connaissait déjà la teneur, elle pouvait même prendre les paris sur qui dirait quoi, ils étaient tellement prévisibles...
Elle avait tenu dix minutes à les écouter échanger des ragots immondes en rêvant d'en attraper un pour taper sur les autres. Mais c’était une très mauvaise idée, encore pire que celle d’insulter le commandant, par ce que là elle risquait bien plus que de perdre son job, et finir en taule sur cette planète ne faisait absolument pas partie de ses projets. Ils s’étaient installés à une table juste à côté de la porte, si elle voulait sortir elle devrait passer devant eux, et c’était la dernière chose dont elle avait envie, l’avant dernière était de rester assise là en attendant qu’ils partent. Elle se leva lentement et alla poser son verre sur le bar, en croisant les doigts pour qu’ils ne la remarquent pas, elle fit un signe au patron qui arriva avec une bouteille, elle secoua la tête pour refuser la boisson.
«Y’a une autre sortie?
- P’êt’ bien, ça dépend c’que vous voulez en faire.
Elle indiqua la bande de militaires qui crânait en vitrine d’un signe de tête
- y s’trouve qu’il vaut mieux pas qu’ils me voient sinon vont s’mettre à tout casser dans l’coin.
Le bonhomme la détailla d’un œil critique, ne sachant trop quel crédit accorder à cette jeune femme qui semblait pourtant bien sous tout rapports... m’enfin c’qu’il en disait lui...
- Par la réserve, la porte à coté des toilettes, suivez moi.... Il se démoula, littéralement, de derrière son bar, en effet l’homme en question avait une non négligeable tendance à l’embonpoint, d’ailleurs le bar avait probablement dû être construit sur mesure pour lui, sinon il n’aurait jamais pu caser son énorme ventre entre le comptoir et les rangées de bouteilles. Il s’engagea dans le couloir et s’arrêta devant la porte de la dite réserve.
- J’vais vous ouvrir.» Ben ouais quoi, des fois qu’elle essaie de voler une bouteille de vieille vodka frelatée au passage. Le gros bonhomme avança cahin-caha à travers la réserve. Il ouvrit une nouvelle porte qui débouchait dans une ruelle qui croulait sous un entassement de déchets, elle lui glissa un billet et disparut.
Tout aurait pu être absolument parfait, si elle n’était pas tombée sur Chris Leroy qui venait de se soulager à coté d’un tas d'ordures et qui remontait la fermeture de son pantalon avec un petit mouvement du bassin plein de classe.
Chris Leroy ou son pire cauchemar, ce mec était la peste, la vérole et le choléra à lui tout seul, il savait foutre la merde dans une équipe soudée depuis des années en une seule phrase, il se faisait un plaisir de retourner les meilleurs amis du monde les uns contre les autres et briser les couples illégitimes à bord était son sport préféré. Mais le pire, c’est que cette enflure avait un physique a se damner, grand, mince, les muscles parfaitement dessinés qu’il entretenaient en passant pas mal de temps dans la journée à soulever de la fonte, le visage carré, les mâchoires volontaires, des yeux bleus ciel qui détaillait tout et tout le monde sans pudeur aucune, les cheveux noirs, courts. La peau hâlée juste ce qu’il fallait, de grandes et solides mains.... Bref, un beau mec, qui le savait parfaitement, qui savait parfaitement en jouer... un Don Juan de la pire espèce.
Flash back : six mois plus tôt.
« Mouarf, Renshi t’es complètement faite!
-Parle pour toi Leroy, stu crois que t’es en meilleur état, tient r’garde t’tient même plus droit! Avait-elle dit en appuyant sur son épaule pour le faire tomber, il s’était retenu tant bien que mal à la paroi de la coursive en riant. Chhhhhht t’va réveiller tout l’monde
- L’est pas encore six heures, jui toujours en perm’, j’fait bien c’que j’veux.
- T’es con Leroy t’sais ça? Avait-elle répondit en riant à son tour, un rire fortement alcoolisé d’ailleurs.
- T’avais qu’à rester avec les autres hein, au lieu d’rentrer sagement à la maison avec moi.
- c’toi qui m’a suivie, crétin. »
Ah ils étaient beau les soldats de la flotte, et encore les deux spécimens qui avançaient tant bien que mal dans le couloir avaient au moins décidé de remonter à bord tant qu’ils pouvaient encore se déplacer sur leurs deux jambes. Ils venaient de faire une fête monstre, personne ne se souvenait de ce qu’il y avait à fêter, surtout à cette heure-ci du matin, mais c’était pas grave, la soirée avait été amusante, ils avaient bu, ils avaient dansé, ils avaient encore bu... et bref, maintenant ils avançaient en se tenant aux murs qui ondulaient bizarrement ce soir.
A cette époque, Leroy était le dernier arrivé a bord et il avait déjà fait fureur auprès de la moitié féminine de l’équipage qui faisait parfois des détours incroyables pour l'apercevoir ne serait-ce que dix petites secondes. Et lui avait l’air de ne pas y accorder d’importance. Maya, non plus n’était pas restée insensible à son charme, mais elle n’avait pas changé de comportement pour le bellâtre, elle le traitait exactement comme tout les autres, hors de question de s’embarquer dans une histoire avec le petit nouveau sous prétexte qu’il avait un beau c... regard.
« chhhhht on est arrivés, réveille pas les filles sinon j’te tue.
Il avait trébuché très à propos et s’était réceptionné sur le mur auquel Maya s’appuyait, une main de chaque côté de son visage, il visait vachement bien pour un mec plein comme une barrique. Elle le repoussa en riant, par ce qu’elle ne voulait pas jouer à son jeu, et donc faire comme si elle n’avait rien remarqué lui paraissait être la meilleure solution dans son esprit embrumé par l’alcool.
- Ta piaule c’par là pilote, dit-elle en indiquant l’autre bout du couloir.
- T’pourrais m’accompagner, j’suis v’nu avec toi moua.
- Va t’faire, mon lit est juste derrière cette porte, à quatre pas, j’en f’rai pas un d’plus!
- Mmmmh c’pas très gentil ça Renshi, et il s’était à nouveau approché d’elle, avait posé une main sur son épaule comme pour se soutenir, il s’était penché, trop prés, beaucoup trop prés de Maya qui frissonna. Qu’est ce que je t’ai fait pour que tu soit aussi froide avec moi mmmh?
Sa voix avait perdu l’élocution pâteuse de l’alcool, il attrapa le poignet de la jeune femme et le remonta jusqu'à ses lèvres, il embrassa la paume de sa main et elle frissonna à nouveau, elle avait complètement dessoûlé aussi, et la chaleur du corps du jeune homme à quelque centimètres du sien était pour le moins troublante. Ce qu’il faisait, ce qu’elle le laissait faire, c’était une mauvaise, très mauvaise idée, mais elle n’arrivait pas à décoller son regard des lèvres qui embrassaient son poignet maintenant, puis le pli de son coude, son épaule, son cou... rien d’autre que ses lèvres ne la touchaient, mais elle sentait son corps s’enflammer à ce contact.
- Ce n’est pas une bonne idée du tout, elle l’avait murmuré, mais dans le silence ambiant ses paroles avaient presque résonné.
Il s’était redressé et l’avait fait taire en posant sur ses lèvres un index qui s'était fait caressant.
- Chhhhhh
Et il s’était penché vers elle, l’avait embrassée, elle avait fermé les yeux, répondu a son baiser pendant un instant qui sembla très long, trop long, avant de se ressaisir et de repousser Chris le plus loin possible.
- Arrête.
- Maya, t’en a envie autant que moi, laisse toi aller et tout ira bien.
- Ouais mais non, hors de question que je couche avec un membre de l’équipage. Bon la bonne nouvelle c’était que son cerveau s’était remis à fonctionner... la mauvaise c’était le regard du jeune homme qui s’assombrissait.
- Je vois...
- Quoi?
Il l’avait attrapée par la nuque et avait écrasé ses lèvres sur les siennes, l’avait plaquée contre le mur et de sa main libre serrait le poignet de Maya qu’il avait si tendrement embrassé tout à l’heure. Elle voulu le repousser mais il s’accrocha, alors elle le bouscula franchement, le fit trébucher et quand il essaya de s’approcher à nouveau, lui colla un coup de poing magistral dans les côtes.
- Ne t’approche plus jamais de moi.» Avait-elle dit d’une voix ou perçait la colère.
Retour au présent
« Tient Renshi! Juste celle que je voulais voir, alors, ça fait quoi d’être redevenue une simple civile hein? Elle s’était figée au milieu de la ruelle, pourquoi avait-il fallut qu’elle tombe sur lui?
- Ça fait que j’ai plus à me coltiner des connards dans ton genre 365 jours par an. Eh ben ça commençait fort, elle qui voulait faire profil bas.
- T’es toujours aussi sympa, ça fait plaisir.
- Et toi t’es toujours aussi con, comme quoi les choses ne changent pas Il s’approcha, se planta devant elle, la détaillant de haut en bas.
- Tu sais que tu ressemble vraiment à rien fringuée comme ça?
- Tu sais que je me fout pas mal de ce que tu peux penser?
- Moi j’disais ça c’était pour te rendre service hein, maintenant que t’a plus de taf va bien falloir que tu trouve un moyen pour financer ton billet de retour. Elle avait refusé de coucher avec lui et il arrivait quand même a la traiter de pute, elle aurait applaudit si elle n’avait tellement eu envie de lui éclater sa jolie gueule.
- Ta gueule Leroy, t’es lassant à ressortir toujours les même choses d’une fois sur l’autre. Il s’approcha encore, se pencha lentement vers elle, Maya avait déjà les poings serrés, les muscles tendus, si il la touchait il s’en souviendrait jusqu'à la fin de ses jours.
- Je comprend pas pourquoi tu est toujours aussi désagréable avec moi, pourtant je t’ai fait un super cadeau non? Elle haussa un sourcil, intriguée.
- De quoi tu parles?
- Oh allez, me dit pas que tu l’a pas trouvé, quoi c’était planqué juste sous ton poste de travail! Il fit mine de réfléchir pendant quelque secondes et Maya se sentit pâlir de rage. Ah non... attend, je l’avais mit sous ton matelas...
- Enfoiré... Elle avait parlé entre ses dents serrées, crispant à nouveau les poings.
- Rhoooo, d'accord, le commandant a tout trouvé avant toi mais faut pas s’énerver comme ça!
C’était lui qui avait planqué tout ça, c’était sûrement lui qui l’avait dénoncée, et... les témoins alors? Le second avait bien dit qu’il y’en avait plusieurs... il n’aurait pas osé bluffer quand même? C’était sûrement pour ça qu’elle se retrouvait dans la rue aujourd’hui et pas dans une prison militaire, ils n’avaient rien trouvé d’autre pour appuyer l’accusation de contrebande et de trafic mais elle s’était enfoncée toute seule en insultant le commandant et en essayant de frapper le chef...
- Tu dit plus rien Renshi? T’a perdu ta langue? Pourtant tu sais pas trop mal t’en servir si mes souvenirs sont bons.
Oh bordel, elle allait vraiment finir par lui en coller une
- Enfin je suis content, je vais pourvoir rendre son collier à ma mère, tu sais elle y tient énormément. Des perles de cette taille quand même, choisies exprès pour elle.
- C’est un faux... crétin
- Quoi?
- Le collier que portait ta mère, le collier qui était dans le plafond de ma douche c’était deux pauvres imitations.
- Arf, j’aurais dû me douter que tu saurais voir ça, le sang de pirate... Elle attrapa le jeune homme par le bras, crocheta sa jambe et le fit basculer dans un tas de déchets.
- Je t’ai dit de la fermer Leroy, sinon tu risque de le regretter.
- Oh arrête j’ai la trouille, qu’est ce qu’une petite fille comme toi pourrait bien me faire hein?
- Imagine le pire... eh ben t’as juste une infime partie de ce qui pourrait t’arriver.
- Tu sais quoi Renshi? Tu m'excite quand t’es en colère. Elle l’enfonça un peu plus dans les poubelles en appuyant son genou sur le plexus de Chris, qui malgré ses paroles légères n’en menait pas large.
- Je vais te donner une idée plus concrète alors, dit-elle en attrapant une bouteille vide qui traînait, elle la fracassa sur le mur et appuya le tesson sur l’entrejambe de Chris, pas assez pour le blesser, mais suffisamment pour qu’il sente qu’elle était sérieuse. Aujourd’hui j’ai pas le choix alors on va en rester la, mais crois moi, la prochaine fois que tu croises mon chemin.... La menace avait l’air suffisamment concrète pour qu’il commence à pâlir sous son hâle trop parfait. Elle resta ainsi, silencieuse et immobile pendant une bonne vingtaine de secondes, ses yeux noirs plongés dans le regard azur de Chris qui avait complètement perdu l’arrogance dont il était coutumier... Le pire étant sûrement qu'il était sincère, il la trouvait vraiment excitante quand elle était en colère.
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Univers fétiche : Univers originaux, toutes les epoques, avec pas trop de règles et des contextes flexibles...
- Oui père. Que dire d’autre ? La réponse était purement anecdotique, la question rhétorique. Cette décision avait déjà été prise, probablement des semaines ou des mois plus tôt, il devait s’estimer heureux que son père daigne l’en informer.
- Vous pouvez vous retirer Liam, j’ai encore beaucoup de travail.
- Très bien père, répondit-il en inclinant légèrement le buste avant de se diriger vers la porte qu’il ferma derrière lui sans un bruit.
Le comte Percy était déjà retourné à la montagne de papiers qui encombraient son bureau, son assistant entrant par la petite porte avant même que Liam n’ait quitté la pièce. La gestion du comté de Salshire et des affaires de la famille occupaient son père et ses trois secrétaires et assistants à plein temps. Liam se voyait obligé d’admettre qu’il n’avait qu’une idée assez vague de ce qu’il se passait dans ce bureau, il avait fait de nombreux efforts pour essayer de comprendre, mais il finissait invariablement par s’endormir en contemplant les colonnes de chiffres des livres de compte et la politique avait tendance à le rendre dépressif au grand dam de son père qui voyait son seul fils et héritier incapable de lui succéder.
Il longea le couloir sombre qui menait vers les escaliers, l’après-midi commençait tout juste, il avait encore le temps de retourner s’installer dans le jardin d’hiver avec le livre dont l’entrevue avec son père avait interrompu la lecture. Il préférait encore se perdre dans les pages de son bouquin que de réfléchir maintenant à la nouvelle dont le comte venait de lui faire part, il trouvait la vie dans le manoir de la famille beaucoup plus facile à supporter avec un maximum de recul et un minimum d’émotions.
Le jardin d’hiver, protégé par sa grande verrière, était agréablement tempéré, et Liam retira la grosse veste de velours qui lui permettait de supporter la froidure qui régnait dans la plupart des pièces du manoir. Ce jardin était l’endroit le plus agréable à cette période de l’année, et un enchantement pour les sens. Le jardinier du domaine y faisait pousser toutes les espèces de plantes exotiques capable de supporter le climat de cette partie de l’Angleterre, Liam en avait ramenées quelques-unes lui-même la seule et unique fois ou il avait quitté son pays natal. Il soupira d’aise en pensant aux longues heures de tranquillité qui lui restaient avant le dîner.
C’était sans compter sur la comtesse Emma, sa mère, qui l’attendait assise dans l’un des confortables fauteuils du jardin. La petite desserte à côté d’elle était déjà encombrée d’une théière fumante, plusieurs tasses de fine porcelaine, un bocal de biscuits, une sélection de journaux et quelques livres.
- Mère, quand êtes-vous arrivée ? Les filles sont avec vous ?
Il se pencha vers elle et déposa un léger baiser sur la joue fraîche de sa mère.
- A l’instant mon chéri. Vos sœurs sont allées se rafraîchir un peu. D’un geste elle l’invita à s’asseoir à côté d’elle. A voir la longueur de votre figure j’imagine que vous sortez du bureau de votre père.
Liam s’installa sur le fauteuil voisin de celui d’Emma.
- En effet. Il veut que je me rende à Londres la semaine prochaine pour rencontrer la famille de ma future épouse, il me dit que nous pourrons nous marier l’année prochaine, quand elle aura atteint ses 18 ans.
Emma hocha la tête en tendant a son fils la tasse qu’elle venait de remplir, il la prit bien qu’il n’ait pas du tout envie d’avaler quoi que ce soit.
- Votre père était tellement contrarié quand le parlement a reculé l’âge du mariage à 18 ans, il espérait vous voir marié cette année. Ses affaires ne sont pas au mieux actuellement et il attend cette alliance avec une grande impatience.
Le parlement… Percy ne cessait de tempêter au sujet de ces gens qui refusaient de continuer à honorer des traditions vieilles de plusieurs siècles, quel besoin avaient-ils de changer un système qui fonctionnait parfaitement… Personne n’avait encore osé parler au comte du mouvement féministe qui commençait à voir le jour. S’il apprenait que les femmes réclamaient l’égalité des droits il risquait bien de faire une attaque.
- L’alliance n’est-elle pas déjà conclue ? Le contrat de mariage est déjà rédigé, il l’a sûrement fait faire à ma naissance, dit Liam en souriant.
C’était tout à fait le genre du comte Percy de tout planifier sur le long terme. Ses enfants, comme le reste, appartenaient au patrimoine du comté de Salshire et il entendait en tirer le meilleur partit possible. Liam ne s’était jamais rebellé contre cette vision des choses, il l’était l’héritier et on lui avait appris à penser comme tel depuis sa plus tendre enfance. Il connaissait son devoir, et ne comptait pas se dérober bien qu’il n’y prenne aucun plaisir. D’un autre côté, devoir et plaisir n’avaient jamais fait bon ménage, père avait tout un lot de citations et de proverbes à ce propos qu’il se faisait fort de réciter à ses enfants dès que l’occasion se présentait. Il avait même fait changer la devise du blason familial pour « Officium » (Devoir, en latin) au cas où il resterait quelque doute sur sa façon de voir les choses et de conduire ses affaires.
- Vous savez très bien que ce n’est pas aussi simple que cela mon chéri, tant que vous ne serez pas officiellement marié tout peut encore tomber à l’eau. Et votre père ne sait pas s’il doit s’inquiéter plus de vos lubies ou de la famille de votre promise.
Liam soupira en reposant sa tasse dont il n’avait même pas effleuré le contenu.
- Quand donc ai-je jamais faillit à mon devoir ? Je reconnais ne pas être l’héritier qu’il aurait voulu avoir et préférer de loin l’étude des sciences et de l’histoire à celle de la gestion de notre domaine, mais j’ai pourtant toujours fait ce qu’il fallait, et continuerais à le faire. Pour le bien de cette famille et de tout ceux qui dépendent de nous.
- Et nous ne saurons jamais comment vous remercier de cela mon cher frère.
Liam tourna la tête vers sa sœur aînée qui se tenait a l’entrée du jardin, la lumière qui entrait par la verrière faisait briller ses cheveux et entouraient son visage d’un halo doré.
- Helen…
Il se dirigea vers elle, Helen tendit les mains vers son frère qui les prit délicatement dans les siennes.
- C’est bon de te revoir, dit-il en lui souriant avant de la prendre dans ses bras.
- Je suis contente d’être rentrée. Répondit-elle en serrant son frère contre elle. Est-ce que tu as réussi à éviter que notre père n’ait une attaque en mon absence ?
Il entraîna sa sœur vers l’un des fauteuils libre ou elle s’installa avec sa grâce coutumière, étalant ses jupes autour d’elle.
- Je crois ne pas l’avoir exaspéré plus que d’habitude. En tout cas je peux promettre d’avoir fait de mon mieux, j’ai même envoyé James en ville récupérer les livres que l’université a mis à ma disposition pour qu’il ne me voie pas revenir avec une pleine malle d’ouvrages scientifiques.
Helen se mit à rire, effectivement, il valait mieux que Père en sache le moins possible sur les recherches que menait Liam. Non pas que les sujets ne l’intéressent pas, mais le temps que son héritier consacrait a ses études était autant de temps qu’il passait à éviter son devoir.
- Et comment avancent les recherches ?
- Lentement, répondit-il en fronçant les sourcils. Je suis sur la trace d’un vieux bouquin qui pourrait apporter quelques réponses, mais impossible de mettre la main dessus, j’ai besoin de retourner à Londres pour faire ces recherches moi-même, les assistants de l’université n’ont pas le temps de se consacrer a ce genre de tâche comme il le faudrait.
- Bon, j’imagine que la rencontre avec la famille de ta promise est le prétexte idéal pour cela.
- En effet, je vais même pouvoir prétendre m’acquitter de mon devoir de bonne grâce. Répondit Liam avec un grand sourire. Helen hocha la tête en prenant la tasse de thé délaissée par son frère.
- J’ai entendu dire qu’elle est très jolie…
- Anthéa ? Demanda Emma l’air de rien. Helen hocha la tête, avant d’avaler une gorgée de thé. J’ai vu sa mère quelques fois, c’était une femme superbe, et terriblement intelligente. La petite aura sûrement hérité de quelques-unes de ces qualités bien que celle-ci nous ait quitté sans avoir pu parfaire l’éducation de sa fille.
Liam leva les mains en riant.
- Assez mesdames, je vous prie, je n’ai pas besoin que vous me fassiez l’article sur ma fiancée, serait-elle couverte de verrues avec l’intelligence d’une poignée de porte que cela ne changerait rien au fait que je doive l’épouser.
- Certes, mais si la demoiselle n’est pas bête en plus d’être jolie cela peut rendre le devoir un peu moins amer. Helen hocha la tête une fois de plus approuvant les paroles de leur mère.
- Rha de toute façon Liam la confiera à Isa avant de retourner s’enfermer dans la bibliothèque ! La voix qui venait de s’élever depuis l’entrée du jardin appartenait à Julia, la plus jeune des trois sœurs de Liam. Il se leva de nouveau pour accueillir ses sœurs, elles aussi blondes comme les blés. Isabel était la deuxième enfant juste après Helen, et Julia la petite dernière, avait deux ans de moins que Liam. Il les serra toutes les deux dans ses bras, l’une après l’autre.
Ses sœurs avaient toujours été ses meilleures amies, certes il était l’héritier et bien qu’elles soient mariées toutes les trois, c’était elles qui s’occupaient effectivement de la gestion du domaine, il se contentait de porter le titre et d’apparaître aux endroits ou il le fallait quand il le fallait. En cela ils formaient une véritable équipe ce qui apaisait beaucoup les inquiétudes de leur père quant à l’avenir de son titre et de ses terres.
- Je te remercie Jul, répondit Isabel en levant les yeux au ciel. Je ne suis pas gouvernante, ni maîtresse d’école.
Julia regarda sa sœur aînée avec malice
- Pourtant c’est l’attitude que tu as avec tout le monde à longueur de journée !
Isabel leva les yeux au ciel en s’asseyant à son tour dans l’un des fauteuils du jardin.
- Je ne fais que veiller sur le bien être des gens qui m’entourent, je ne vois pas ce qu’il y’a de mal à ça.
- Eh bien quand Liam sera marié ce sera juste une personne de plus sur laquelle tu pourras veiller ! Répondit la cadette en riant tout en ouvrant le bocal de biscuits dans le quel elle piocha sans vergogne.
- Julia, un peu de retenue je vous prie. Vous pourriez au moins en proposer autour de vous avant de tout engloutir comme le goinfre que vous êtes. Emma avait dit cela en fronçant les sourcils mais le ton était doux, Julia avait toujours croqué la vie à pleines dents et se faisait un devoir de profiter de toutes les bonnes choses qui lui passaient sous la main, spécialement quand elles contenaient du sucre ou du chocolat.
- Oui mère, répondit docilement la jeune femme en donnant le bocal de biscuits à Liam qui en attrapa un pour chacune de ses deux autres sœurs avant de reposer le bocal et de servir le thé pour tout le monde.
- Bien donc, Anthéa, relança Julia en dévisageant son frère, elle considérait que la conversation était loin d’être finie.
Liam, songeur, se carra dans son fauteuil avec un petit soupir.
- Je pense que je la tiendrais loin de vous, si jamais elle a ne serait-ce que quelques qualités vous allez me la transformer en monstre domestique, je ne suis pas sûr de pouvoir le supporter, je me verrais forcé à l’exil.
- Et ou t’exileras-tu ? En Irlande ? Demanda Helen en souriant ?
- Mon dieu, non ! C’est bien trop loin ! Te rends-tu comptes qu’il faudrait que je traverse la mer ? L’écosse me paraît un choix bien plus sensé. Dit-il en riant, ce qui amusa beaucoup les quatre femmes.
Liam n’était pas un voyageur, le trajet entre Londres et le domaine familial qui prenait moins d’une journée lui demandait des heures de préparations et on aurait pu le croire en route pour les indes à chaque fois qu’il devait monter dans un train. Quelques années en arrière, il avait accompagné un oncle dans l’un de ses voyages autour du monde, suivant les ordres de père qui insistait que les voyages forment la jeunesse, et que lui-même, dans ses jeunes années avait plus d’une fois visité les colonies et en avait tiré des expériences inoubliables. Quant à Liam, il était supposé rester a l’étranger pendant au moins un an, et Percy espérait même que son fils, se découvrant une passion pour les pays exotiques, poursuive son voyage un peu plus longtemps. Mais le jeune homme était rentré en Angleterre moins de six mois plus tard en jurant à qui voulait bien l’entendre qu’il ne mettrait plus jamais le pied dans n’importe quel engin flottant ou volant, que le train et la voiture étaient bien suffisants, et la Grande-Bretagne était un territoire suffisamment vaste et intéressant pour lui permettre de ne plus jamais en sortir.
- Est-ce qu’on sait à quoi elle ressemble ?
- J’ai entendu dire qu’elle est jolie, mais il semblerait que son père la protège beaucoup depuis la mort de sa mère, certains disent qu’il est étonnant qu’il accepte de la marier.
- J’imagine qu’un titre de comtesse est un argument de poids, dit-il un brin ironique.
- Liam, le cynisme ne vous va pas du tout, Emma fronça les sourcils. Elle n’appréciait pas la tendance de ses enfants de faire de l’humour à tout propos.
Une voix grave s’éleva à l’entrée du jardin - Comment se fait-il que, dans ma propre maison, je doive attendre que ce soit Henry qui m’informe de votre retour ?
Helen se leva la première pour aller embrasser son père.
- Sûrement par ce que c’est le même Henry qui nous a interdit de vous déranger pendant que vous travailliez mon ami, Emma s’était levée à son tour, tout comme Isabel et Julia, Percy se tourna vers son majordome avec un froncement de sourcil.
- Henry…
- Je suis au regret d’informer monsieur que je ne vois pas du tout ce dont madame la comtesse veut parler, répondit stoïquement le concerné, avec tout le respect que je vous dois madame, ajouta-t-il en s’inclinant vers la comtesse.
- Évidement, dit Emma en levant les yeux au ciel sans pouvoir s’empêcher de sourire.
Grâce à un savant mélange de ruse, de diplomatie, et d’humour pince sans rire, Henry s’était toujours efforcé de faire en sorte que la famille se conforme à ce qui était, selon son code très strict, bon pour eux. Il était aussi au courant de tout ce qui se passait dans le manoir et ses alentours immédiats, et maîtrisait les subtilités de l’étiquette comme personne, ce qui en faisait un atout très précieux.
- Henry, n’avons-nous pas des invités pour thé aujourd’hui ? Demanda Percy qui tenait affectueusement sa femme par la taille.
- Je suis ravi que monsieur le comte s’en souvienne, vos invités devraient arriver d’un moment a l’autre et le petit salon est prêt a les recevoir, si ces messieurs dames veulent bien se donner la peine de s’y rendre…