La porte de la maison n'est pas verrouillée, comme tous les jours de la semaine, de 8h le matin à 22h le soir. Michael le sait, parce qu'il vient souvient ici. Presque tous les jours, au moins pour quelques heures. Le matin, parfois, avant les cours. Les jours de congé. Le soir après l'école. Il viendrait aussi pendant la journée, mais personne ne le lui permettrait, ils renverraient son cul à l'école bien assez tôt en le sermonnant sur le fait que manquer les cours ne l'aiderait pas à obtenir enfin son diplôme. High School quand même. Il devrait finir bientôt, en théorie, mais avec les années redoublées, il avait pris un franc retard. Ça le décourageait plus qu'autre chose.

Il n'y avait pas grand jeunes au Centre. Ils l'appelaient tous le Centre, parce que c'était plus facile à distinguer l'endroit de leur véritable chez soi, que s'ils l'avaient apppelé Maison. Soupirant, il lança son sac à dos sur l'un des divans du petit salon et traversa jusqu'à la cuisine, où il trouva Martha. Martha, c'était la fondatrice. Une gentille dame qui approchait la mi-soixantaine, qui s'occupait d'eux comme s'ils étaient ses propres enfants. C'était bien la seule qui parvenait à percer un tant soi peu sa carapace, et il allait toujours la saluer comme il se doit, d'un baiser sur la joue et d'une brève accolade, accompagné d'un « Hey Martha, ça va la vie ? ».

Relevant les yeux, son regard croisa un nouveau visage. Trop vieux pour être un nouveau jeune, trop jeune pour être le petit ami de Martha ... La solution restante était claire, et à l'idée d'un nouvel intervenant, Michael semblait très peu emballé. Avant même que la dame n'ait le temps de les présenter, il marmonna avoir des devoirs à faire et s'esquiva de nouveau au salon, pour récupérer son sac et s'installer à l'une des tables. Indépendant, un peu solitaire. Il avait toujours été comme ça, depuis les quelques mois qu'il venait ici, et bien qu'il se soit visiblement attaché à Martha et qu'il était étonnement doux avec les autres enfants, pour la plupart plus jeunes que lui, les autres adultes, c'était une toute autre histoire.

Il aurait jamais cru finir là, dans un endroit parreil, bourré de jeunes à qui on avait mal apprit l'art de vivre. Des malchanceux, qui enchaînaient les malheurs et qui ne comprenait ce qui était mal et ce qui était bien, tout simplement parce que la culture familiale était tout aussi troublé que tout les reste. Il faut dire qu'au final, il les comprenait. Parce que lui aussi, il en avait pas mal de problème. Il était un artiste obsessif, qui trouvait sa joie à tremper son pinceaux dans diverses pot de peinture, rien a faire de la couleur. Il devait payer pour mais, il s'en fichait éperdument. Et ce que les autres voyaient comme étant mal, lui le voyait comme une nécessité pour éviter le pire.

Pour ce centre? Pourquoi faire du bénévolat le soir? Parce qu'il voulait pas finir en enfer peut-être, et parce que son collègue d'enseignant, lui avait dit qu'il avait le tour avec les jeunes, et que hey tiens voilà un organisme. Il avait trouvé qu'il pourrait mettre son don, à profit, comme l'autre l'avait dit. Inconscient il s'était dit pourquoi pas, que ce ne devait pas être aussi compliqué que d’entraîner une bande de jeunes, à les discipliner pour atteindre la victoire, ou tout simplement pour apprendre à se fixer des buts dans la vie.

Il avait pas encore compris l’ampleur de la chose, malgré la rencontre avec Martha. Elle lui avait fait faire le tour, et il commençait un peu à comprendre à la vue de son premier doigt d'honneur. Ah... Ouais. Charmant. Ils étaient vraiment barjots en fait, ces enfants. Il ne se cachera pas qu'il avait regretté aussitôt d'avoir signé les papiers. Bénévole certes, mais il y avait quand même des règles et des marches a suivre. Vous savez quoi? Malgré tout il était bien prêt a essayer voir, ce que ça donnerait. Au pire, s'il réussissait il se sentirait moins mal le soir dans sa voiture alors qu'il s'envoie une prostitué pour calmer ses hormones obsessives.

La visite s'était terminé dans la salon, alors qu'un jeune qui au départ sembla un brin sympathique, lui fit comprendre l'illusion de la chose. Ah.. Un autre doigt d'honneur, mais mental cette fois. Au moins il pouvait leur donner qu'ils savaient démontrer qu'ils n'avaient pas de zone grise. Je t'aime pas la tronche, je te le montre. Un petit coup de coude de la part de la dame, qui lui fit signe d'aller s'essayer avec le plus vieux. Il avait fait que dire  « Ketchup ou Dijon? » en référence au type d'intervention souhaitable. La douceur ou l'affrontement. Il était bon dans les deux cas avec ses jeunes à lui, tout dépendant de la situation et s'il jugeait qu'il pouvait oser.

Il n'avait pas vraiment attendu la réponse, un peu lancé sous forme de blague avant d'aller oser.  « I'm that scary? Or maybe ugly for you to skip the presentation? » Il avait rigolé, parce que c'était lui tout craché. Ça ferait peut-être un grand bien ici, un type qui faisait des blagues, qui n'avait pas l'air de Hitler ou d'un concierge qui n'avait pas réalisé que tous ses balais étaient rangés dans son cul. Ouais. Hum. Voyez la comparaison quoi. Lewis en avait profité pour prendre place à ses côtés tout en lui laissant de l'espace bien entendu, pour ne pas lui faire trop violence. Il devait l'apprivoiser, il avait compris.  « T'as deviné que j'étais le nouvel intervenant pas vrai? » Il avait prévu que s'il restait dans les présentations teinté de politesse, il se prendrait un vent monumentale avec sa main. Alors il s'était contenté de simplement poursuivre.  « You can call me Scott, even if it's my last name. People tend to really shit Lewis so...» Nouveau petit rire.  « Or maybe you won't, who knows. »  

Si Martha avait pu comprendre la référence alimentaire, elle lui aurait volontiers expliqué qu'avec Michael, le Ketchup était à privilégier. Pourtant, elle avait cette sage confiance en ce nouvel intervenant et l'avoir regardé s'approcher de leur petit protégé avec un sourire doux. Avec le meilleur des espoirs pour l'avenir de ce jeune. Il était entre bonnes mains.

Michael ne semblait pas de cet avis, pas à première vue. Il avait complètement ignoré la première question, restant les yeux tournés vers son livre, bien que ses sourcils se soulevèrent, comme s'il le jugeait. Comme si ce questionnement était ridicule. Il ne l'était pas, et il aurait eu plus de réaction en temps normal, mais il ne fallait pas en donner trop, trop vite aux nouvelles rencontres. Plus ils en savent sur toi, mieux ils peuvent te piéger. Il en lui faisait pas confiance. Difficile de lui en vouloir quand on connaissait sa situation, mais pour Lewis, c'était peut-être nouveau. Il devait s'attendre à un minimum de respect, qu'il avait du mal à obtenir du jeune à première vue.

Il n'avait rien dit sur le fait qu'il se soit assit à ses côtés, mais lui avait jeté un premier regard, indéchiffrable. Comme s'il jaugeait sa présence, se questionnait intérieurement à savoir s'il devait dire quelque chose, s'en insurger, ou juste laisser faire. Au final, il avait répondu un « Michael. Or just Mike» à la présentation de l'autre, un simple prénom, et un regard en apparence neutre, pas hostile, mais pas trop ouvert non plus. « Lewis is okay » Qu'il le prenne comme une marque de gentillesse ou non, Mike en avait rien à faire.

Il avait ramené son attention à son devoir pendant quelques instants, poussant finalement un court soupir. « Why are you even here ? »

Il s'y attendait évidemment, à ce que le livre soit plus intéressant que le moindre contact humain et civilisé de regarder. Il se sentait comme un colporteur dans les rues à tenter d'accrocher le regard que tous fuyaient à regarder le plancher ou le plafond s'il le fallait, en les ignorants complètement. Sauf qu'eux au moins, avaient pas de jugement qui venait avec. Ça commençait drôlement bien tout ça. Lewis savaient pertinemment que c'était rien, même pas un avant goût.

Au final, il avait enfin eu droit à un semblant de regard, préférant ne pas chercher sa nature positive ou négative. Il avait capté son attention, c'était déjà ça de bien. Puis plus rien, le retour du silence avec un Lewis qui ignorait toujours ce qu'il pouvait bien faire ici. C'était malaisant, il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire mais cachait bien son jeu avec sa neutralité. Il avait tenu son bout, restant plutôt que de partir. Geste qui au final avait un brin porté fruit. Le jeune lui avait posé une question. Et pas n'importe laquelle.

Une question à laquelle lui même n'avait pas encore de réponse. « You're asking pretty good questions. » Un brin de rigolade, même s'il savait qu'il allait se prendre un vent plutôt qu'un partage. Il parlait à un morceau de marbre teinté de noir. « I got lost and came here to ask my way. Martha guided me in her office and made me sign some papers. Pretty weird right? » Ah la bonne blague. Il avait mangé un clown avant de venir ici, certainement. Il avait eu un nouveau légé rire, gardant des restes de sourires avant de donner la véritable raison. Ou du moins d'en inventé une qui ne serait pas un typique: je ne sais pas. Il avait le pré-sentiment que ce n'était pas une bonne idée de donner cette réponse. « I don't have any experience but I was just telling my self, why not? Better use my free time to help people that needs it. »  

Il faisait face à un clown. Un petit avec beaucoup d'humour, du moins en tentative, pas qu'il n'obtenait grand rire de la part de Michael. Enfin, il avait bien esquissé un sourire et adressé un regard en coin à l'homme alors qu'il mentionnait une situation absurde concernant son embauche. Peut-être qu'il avait jeté un peu de chaleur sur la froideur de la carapace. Il avait soutiré une réaction.

Il ne semblait pas savoir quoi dire à la réponse qu'il avait obtenu. Sans doute s'était-il attendu à quelque chose de plus formel, plus officiel, un discours préfait de professionnel qui explique qu'il sait ce qui est bien pour toi, qu'il est là pour aider par son expertise exceptionnelle et sa façon parfaite de concevoir les choses aussi bien que s'il vivait dans ta peau. Ce qui est faux et dégoûtant, tout à fait narcissique. Michael avait soulevé un sourcil, abandonnant son devoir pour se tourner un peu vers Lewis et lui jeter un drôle de regard. « You havent done this before ? Good luck » Il y en avait de toutes sortes, des jeunes. Avec ses propres problèmes, il était plutôt bien placé pour savoir que ceux qui étaient pires que lui n'étaient pas faciles à gérer.

La fin lui avait fait rouler les yeux. « So Martha thinks I need help » parce qu'elle le lui avait envoyé. Elle avait mis Lewis sur son cas. Ce n'était pas complètement faux, bien que ça lui faisait du mal de l'admettre. Il avait son lot de problèmes. Il avait ce don, de se mettre dans la merde, et rater sa vie en général, comme si c'était inscrit dans sa génétique. « Well if you can do maths... » et il avait poussé son devoir vers lui. Rends-toi utile, tant qu'à être là.

Il s'y était attendu, à se vent du western. Mais... Y'avais réussi à provoquer un petit quelque chose de positif. Lewis en était quand même fier, mais ne comptait pas s'enfler l'égo avec ça.  Il préférait rester lui-même, cet homme qui ne cacherait pas ce fait qu'il n'avait aucune expérience. Il ignorait s'il venait de se tirer dans le pied ou non, avec cette forme d'aveux. La chance, il en aurait bien de besoin, avec beaucoup de patience aussi. Il se doutait bien qu'on tenterait de le casser, de le faire partir, un peu comme dans ces films avec des enfants problématiques et leurs nounous. Mais il était loin d'être comme Mary Poppins. Pas de parapluie magique, pas de recette magique, il avait absolument rien.

« We all need help at one point in our life. Some of us needs it more than other. Otherwise this center wouldn't even exist. Right? »  Il ne banalisait rien, mais avait tenté d'enlever cette étiquette que la société pouvait bien coller sur les jeunes qui vivaient mal leur quotidien.  Eux ils avaient des problèmes. Mais la réalité était tout autre, selon lui. Chaque être humain avait son lot de problèmes, mais certains n'avaient pas les outils pour s'en sortir et passer au travers, ou apprendre à vivre avec avec moins de mal.

«  Maths? Let's see this... »  Il s'était permis de prendre le crayon des mains du jeune homme, et semblait lire attentivement le livre. En fait pas du tout, il jouait un peu la carte de la comédie. Il n'était pas con, il ne serait pas celui qui ferait les devoirs du jeune homme. Cela ne l'aiderait en rien. Martha l'avait bien avertis de toute manière, que parfois les jeunes tenterait de l'instrumentaliser ou sinon de le faire chier s'il n'obéissait pas. Au final, il semblait vraiment, faire quelque chose. Mais quoi? Son regard avait accroché sur un début de dessin, sur lequel il avait décidé de mettre du sien. Pas n'importe quoi, il y avait de l'art et aussi un brin de comédie avec une bulle ajouté avec une belle connerie de dite. Il s'amusait ainsi, plutôt que de faire réellement ce qui lui avait été si gentiment demandé.

Une réponse un peu toute faite, un peu philosophique et réfléchie, sur la nature humaine et ses défauts, qui le pousse à demander de l'aide à un moment ou à un autre de sa vie, car seul, l'homme est plutôt merdique. Ça ne parvenait pas trop à le convaincre, mais il ne s'était pas obstiné, on pouvait au moins lui reconnaître ça. « Right ... » Comparé à bien d'autres, Michael était réputé pour ne pas faire trop souvent preuve de caractère et lâcher prise plus facilement, question de ne pas lancer inutilement de disputes sur des sujets futiles.

Lewis s'était emparé de son cahier et pendant un instant, Mike haussa les sourcils, convaincu qu'il allait faire son devoir pour lui. Ce serait bien une première, et contribuerait rapidement à lui faire changer d'avis sur ce nouvel intervenant. Manipulable et à son service, oui.

Ou pas. Parce qu'en jetant un regard curieux sur ce que l'homme faisait, il avait rapidement constaté que ce n'était pas de remplir ses exercices. Son crayon faisait de plus larges mouvements, un peu moins appliqués, sans avoir l'air de former des chiffres ou même des lettres. C'était des traits de dessin. Il dessinait dans son cahier, le con.

Pourtant, ce n'était pas si con, au final. On avait pu voir l'air de Michael changer tranquillement, perdre de ce masque d'indifférence pour adopter une toute nouvelle ouverture. Apparemment, Lewis venait de toucher une petite corde en lui, un quelque chose de plus chaud, de vivant. De l'art. Quel adolescent n'aime pas l'art, sous au moins l'une de ses formes. Mike s'était quelque peu rapproché, tentant de faire mine de rien mais zieutant sur le dessin que Lewis gribouillait. Il avait même échappé un début de rire en lisant la petite connerie, et si l'homme relevait les yeux à cet instant, il pourrait voir ce sourire sur les lèvres du plus jeune. « You're good ... I like to doodle in my books too, but its never as good » Un vrai compliment, sincère et tout. Un réel intérêt, non feint. Un point pour Lewis.

Il n'était pas con. Du moins, pas complètement. Il en avait vu, parfois, dans le domaine des études et des petits jeunes, des enseignants qui n'était pas fait pour se métier. De ceux qui voulaient être aimé de tous le monde, qui se pliait aux moindres petites manipulations des élèves, ou encore se laissaient berner par leurs chouchous. Y'avais vraiment toutes sortes d'histoires, lui compris. Il avait compris, que y'avais plus moche que lui dans la vie, et que y'avais des jeunes qui parfois avait essayé de lui faire des avances. Et en tant qu'adultes responsables, ils devaient tous, dealer avec ça. En plein dans l'adolescences, ils se cherchaient, et savait pertinemment qu'ils pouvaient faire des conneries qu'ils regretteraient. Parfois, c'était que le challenge de vouloir plaire, de se dire moi, je plais plus qu'un peu à ce prof, et puis devant le fait, ou parfois après l'acte, ils étaient prit, ils regrettaient. C'était bien la raison pour laquelle il refusait toujours. Ça et autres choses, parfois l'amour d'un parent pour ceux qui avaient des problèmes à la maison. Car Lewis se connaissait assez bien pour savoir qu'il manquait de moralité au niveau du pantalon, et qui avait apprit à gérer avec des services.

Bref. Lewis dessinait, mais regardait parfois en coin le jeune homme, question de voir ses réactions. Il restait toujours sous le terme de l'intervention, tentait de l'apprivoiser, faisait des tests. Il y avait quelque chose, il l'avait bel et bien vu. Un petit intérêt, une réaction. Et il continuait mine de rien, son dessin. Il fallait rester dans le jeu après tout. Il avait entendu un rire. Si c'était pas génial ça. Lewis avait relevé son regard un peu plus cette fois, pour observer cet instant de joie chez Mike. Il était fier quand même, bien entendu. Mais il ne s'enflait pas la tête avec ça, loin de là. « Thanks! »

Il avait poursuivit, rigolant un brin lui aussi, sans perdre de vue ce qu'il faisait. « I was pretty bad too when I started you know. But... I did a lot in my books and became better at it. Je suis passé des bonhommes allumettes à des personnages avec un peu plus de chairs autour de la brindille. » Lewis pesait ses mots, en aucun cas cherchait à se venter, énumérant simplement des faits d'amélioration, expliquant par le fait même que lui aussi, avait commencé en bas de l'échelle et que ça prenait de la pratique pour s'améliorer. Banaliser la chose, pour la rendre plus atteignable. Il connaissait bien cette technique de motivation. Il avait cessé, le dessin restant encore incomplet. « Maybe you could add something to it. » Il tentait de créer un début de petite complicité, de travail commun, que Mike aussi participe. Ce pourquoi il lui avait redonné son cahier et son crayon, et se contentait de l'observer voir, ce qu'il comptait faire.

Ce n'était pas la première fois qu'on disait à Michael que beaucoup de choses s'acquiéraient avec de la patience et beaucoup de pratique, et qu'en y mettant les efforts, on pouvait devenir doué. C'était logique, c'était la réponse que l'on se recevait chaque fois, mais qui ne nous encourageait pas trop, parce que la perspective de passer autant de temps à être nul avant d'atteindre un quelconque potentiel, était déprimante. Malgré tout, venant de Lewis, ça lui semblait tout à coup faire beaucoup de sens. Même s'il lui était difficile de l'imaginer faire des bonhommes allumette, en voyant le dessin qu'il venait actuellement de faire, il voyait où il voulait en venir et avait hoché la tête.

Le cahier s'était vu tendu vers lui, de même que le crayon, dans une proposition de contribuer au dessin. Il avait lentement tendu les doigts afin de s'emparer du crayon, une petite moue dubitative prenant place sur ses lèvres. Aussi bien dire qu'il n'avait pas l'air très confiant face à l'idée. « Im gonna ruin it ... » Une petite preuve concrète d'une estime fragilisée, d'un gamin qui ne faisait peut-être pas assez confiance en ses capacités ou prenait trop au sérieux la nécessité d'atteindre des standards élevés. Il avait pourtant regardé le dessin un instant, semblant réfléchir, avant de s'appliquer à tracer quelques traits pour en rajouter. D'abord lentement, peu sûr, semblant réfléchir beaucoup plus, avant de finalement lâcher prise et laisser sa créativité s'exprimer.

Il avait au final assez bien rajouté au dessin, étant tout de même plutôt doué, bien que jamais autant que Lewis. Il semblait tout de même fier, un petit sourire contre ses lèvres alors qu'il relevait les yeux vers l'homme et lui montrait le cahier. Il y avait cette petite étincelle dans son regard, cette petite touche de fierté à l'idée de lui montrer ce qu'il avait fait. Un gamin, qui cherchait l'approbation, au final. À se donner l'air d'un dur, mais aussi doux en dedans, que tous les autres.