TJ avait beau apprécier le soleil de la Californie, lorsque Noël approchait lui aussi rêvait de neige et de pull à tête de rennes. Il était pourtant loin de l’avouer mais sa ville natale lui manquait d’autant plus durant cette période, ce n’était pourtant pas faute d’avoir tellement œuvré pour être libéré des chaines familiales. Soutenir Rose lui donnait au moins le beau rôle, bien qu’il fût tout aussi sentimental en posant un pied dans sa patrie, élans en plastique ou pas. Noël l’enthousiasmait presque, autant le calme et le confort du chalet qui les attendait que les interminables réunions Waldorffesque. Avec l’âge on apprenait à savourer les choses les plus simples, et les plus bizarrement embarrassantes. Ou alors c’était juste que maintenant il y avait quelqu’un pour partager ce rutilant calvaire avec lui.

Au-delà d’une certaine excitation intérieure, un tas d’idées flottaient pêle-mêle dans sa caboche depuis avant même que l’avion ne décolle. Quel article à imprimé léopard hors de prix allait-il offrir à Camilla cette année ? Gladys Pamella allait ramener son petit copain au cheveux bleu et faire fulminer sa mère ? Combien de verres en cristal fallait-il prévoir en plus pour résister au réveillon ? Une boite de cigare, ou quatre ? Devait-on mettre ses parents à côté ou le plus loin possible sur le plan de table ? Et si ils allaient skier dans la semaine ? Un centre de table exprès c’était toujours du gâchis, non ? Et puis, il y avait le cadeau pour Rose… était-ce trop ? Pas assez ? Durant les 3 heures de vol sa compagne l’avait suffisamment occupée avec ses propres obsessions pour les décorations de Noël… Une chose était sûre, peu de chance de s’ennuyer.

Après avoir récupéré leurs valises, Ils s’empressèrent d’aller chercher la voiture de location. TJ avait pris soin de réserver à l’avance pour avoir son petit coup de folie de l’année : un charmant cabriolet, pas tout à fait de saison mais avec des pneus neige, rassurez-vous. Tandis qu’il tassait les bagages dans le coffre pour refouler les frissons, la tatoueuse reprenait déjà son argumentaire festif. « Tu crois vraiment qu’on à la place pour ça ? » Sourit-il, impertinent, tout en refermant le coffre avec une difficulté plus qu’exagérée. De toute façon TJ savait déjà que demain il lui faudrait grimper sur le toit pour brancher des éclairages rouge et vert. Lutter était plus pour la forme, à force. Ils montèrent finalement en voiture, on était presque à l’étroit dans ces sportives, pas de quoi se plaindre avec ce froid. 
« Un cinnamon roll ? Juste un ? Je mérite bien une boite. » Dans un vrombissement satisfaisant c’était parti pour les vacances de fin d’année ! « Et j’espère que tu as pris ta flasque à whisky pour corser mon cappuccino… je ne suis pas sûr de survivre aux courses sans ça. »