un doux parfum d'âme érudite (Val & La Fougère extraterrestre)
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Val
Ven 5 Avr - 11:55
Le contexte du RP
Mise en situation
La situation J'ai posté il y a quelques temps la recherche suivante :
Val a écrit:
Salut !
Je cherche un ou une partenaire disposé(e) à faire face à mon kitsune en répondant à ce texte...
J'avais placé le sujet -issu d'un forum fermé aussitôt après ce post- dans le monde contemporain, je peux retoucher le texte si vous avez envie d'un contexte historique... Il se situera de toute manière en "univers fantasy", les renards à neuf queues étant plutôt rares dans notre réalité...
Mon personnage lit et entend les pensées, dans une certaine mesure, il n'est par contre pas capable de discerner à quelle sorte de créature elles appartiennent, il peut donc traquer un humain, ou tout autre vampire, loup-garou ou autre... je suis ouvert à tout.
Yoshida Eiji est détaillé dans mes persos, c'est un renard de 384 ans, veuf, qui a vu sa fille et son épouse tuées par les humains et pourtant a fini par trouver presque la paix parmi eux... Presque, les kitsunes vivent grâce aux esprits qu'ils aspirent et quoi de mieux qu'un humain pour fournir pensées, émotions, sentiments, sensations...
A vous !
Commençons ! Yoshida Eiji (ou Eiji Yoshida si l'on range à l'européenne le prénom et le nom) a immigré, il y a quelques siècles déjà. Monté sur le premier bateau prenant la mer il a accosté sur les côtes britanniques, a étudié son nouvel environnement quelques (dizaines) d'années puis s'est fondu dans la société anglaise, il est restaurateur de livres anciens, une panacée pour qui aime humer des âmes pleines de savoir à défaut de sagesse...
Contexte provenant de la recherche ci-dessus.
Eiji Yoshida FC : Jin Akanishi
J'ai apparement 38 ans, en réalité je suis né dans la campagne proche de Nagasaki, alors unique port recevant des bateaux "d'ailleurs" au printemps de 1639 et je vis dans un village tranquille proche de la ville de Portsmouth, en Grande-Bretagne.. Dans la vie, je suis restaurateur de livres anciens et je m'en sors correctement. Mes besoins les plus impérieux ne sont pas liés à la richesse, et les ports brassent des populations diverses et variées qui m'offrent toujours des surprises... Sinon, grâce à ma malchance, je suis veuf mon épouse et notre fille ont été tuées par des chasseurs, il y a des siècles pour les humains, mais pour moi c'est toujours aussi vif et douloureux. C'est l'événement de ma vie qui me fait toujours mal. Informations supplémentaires ici. Que dire ? Je suis un renard... Chaque siècle, une queue supplémentaire vient grossir le panache qui me rend différend de mes congénères connus des hommes... Lorsque j'en aurai neuf, j'aurais atteint la sagesse, mais pas la fin de ma vie si dame nature le permet ! J'existe grâce à vous et c'est une ironie -dans cette contrée où la chasse au renard est promu au rang d'art national- qui me comble ! Chasseurs, marins, simples badauds, et plus encore érudits plein de connaissances et d'expérience sont mes proies... Pour vivre, je fais miens leur âme et leurs pensées, ne laissant que des enveloppes vides, frappées soudain d'amnésie, de mutisme, aussi ignorantes et fragiles que vos nouveaux nés. Cela venge un peu ma famille, mais même sans cet épisode O' combien douloureux, il me faudrait absorber l'esprit humain, il est le plus abouti dans le règne animal !
Pour y parvenir, je peux prendre -je prends- un aspect humain. Dans la vie quotidienne je suis un asiatique d'une petite quarantaine d'années au visage régulier, doux, aux traits qui apaisent et conduisent aux confidences... Méfiez-vous, je peux être différent et devenir votre sosie si l'envie m'en prend... J'entends la qualité de votre érudition, je lis vos pensées, je vibre au goût de votre instruction, de vos connaissances, de votre intelligence. Jeune renard, il m'arrivait de dévoiler ma nature dans les moments d'excitation, plaisir ou peur, il y a longtemps que cela n'arrive plus. Je ne vous en veux pas, c'est ma nature, je suis un tueur et c'est mieux ainsi, vivre vide doit être un enfer, mieux vaut succomber à mon passage non ? @La Fougère Extraterrestre
Un doux parfum d'âmes érudites...
La lune prend ses rondeurs et mon humeur est enjouée. Je me retrouve jeune renardeau, humant l'air nocturne, cherchant mon frère autant que les proies... A chaque pleine lune je vis avec une ombre de renard au poil rouge et à la queue fournie, à la haute stature et à l'épaisseur assurée, aux yeux aussi espiègles que ceux des nôtres peuvent l'être... Il était l'aîné, de quelques minutes. Je le suivais en tout, admiratif et fidèle. Jusqu'au jour où je n'ai plus rien eu à suivre d'autre qu'une âcre odeur de sueur humaine -plusieurs mêlées en fait- et où je me suis trouvé errant, sans jamais rien trouver qui me prouve qu'il lui était arrivé autre chose que de les suivre, curieux, et d'en conclure qu'il aimait l'aventure et la découverte, en renard adulte qu'il était devenu.
La lune se lève, elle n'est pas un disque parfait encore, il s'en faut de deux jours... Il faut toutefois un œil averti ou des connaissances en astronomie pour le savoir, et parmi nos contemporains rares sont ceux qui observent autre chose que le calendrier lunaire accessible par internet. Avec mes souvenirs ma faim se réveille, métamorphosé j'ai des postures animales, je tourne la tête de côté, à demi cherchant un indice, une présence et je lève le nez à la recherche d'un esprit goûteux et vulnérable. Bien avant de rejoindre ce pays j'avais adopté une philosophie qui me permettait de me nourrir sans trop heurter les humains... Nous sommes de moins en moins nombreux alors qu'eux pullulent, je me sens un devoir de survie autant qu'un droit d'exister ! J'aime les âmes profondes et lourdes d'ans, celles qui ont engrangé culture et savoir, celles dont l'expérience offre à ma beuverie comme une saveur de bon cru vieilli dans des fûts choisis... D'aucuns diraient, les vieux ! Mais quoi de meilleur pour un amateur d'érudition et de beauté qu'une vieille âme d'artiste, qui sent non seulement l'encyclopédie mais le grimoire ancien, à la reliure vénérable et à la senteur étrange...
Les hommes ont cela de curieux qu'ils méprisent leurs anciens et plus que jamais en cette époque oublieuse du groupe, manquent de respect aux témoins de leur histoire... Un vieillard -même célèbre- siphonné jusqu'à l'épuisement n'est qu'un vieillard qui a fait son temps... A moi, il apporte une ivresse sans commune mesure, m'approchant dangereusement d'une euphorie d'ivrogne sans défense...
C'est pourtant aujourd'hui tout autre chose qui m'amène ici.
La bibliothèque de l'université possède quelques vieux ouvrages qu'elle tente à coup de parcimonieux subsides publics de conserver en bon état. Je les rapporte, restaurés, avec ce « coup de neuf » qui garde leur aspect ancien et fragile. J'aime les vieux livres et les vieux esprits... Sans doute parce que malgré mon air encore jeune je suis plus vieux que les plus vieux d'entre eux -du moins pour les hommes, les livres eux sont parfois antérieurs à ma naissance-. Je sais que j'arrive très tard et que les employés encore présents attendent avec impatience leur délivrance, ce n'est pas une erreur, un restera, parce qu'il n'osera pas partir sans avoir remis comme il se doit les ouvrages à leur place ? Ou bien comme moi aime-t-il ce moment où il est seul parmi les livres ? Seul à arpenter les allées et les salles encore emplies d'odeurs variées ?
Allons donc, je me fais des idées, ses semblables ne sentent pas comme moi les odeurs... Pourquoi, moi qui déclare être un amoureux du poids des années qui fait fermenter les esprits suis-je en train d'œuvrer en vue de me retrouver seul avec un être de vingt-cinq ans tout au plus ? Sans doute pour l'odeur d'Asie qui s'en dégage déjà, la nostalgie ? Et puis, ce parfum surprenant qu'a son esprit, comme tendu vers des mystères que je ne perçois pas mais dont le goût m'interpelle ?
Mes deux volumes sous le bras, très soigneusement emballés dans un papier qui permet au parchemin de respirer tout en le protégeant, je patiente sagement. J'offre des sourires aux collègues de ma proie future, au public qui se dirige vers la sortie.
Dehors, la lune est visible dans un ciel encore pâle de jour finissant. Ma livraison effectuée, je sors et m'adosse au mur de l'édifice, de l'élégant fume cigarettes hérité d'un passé qui me semble encore proche, je fais jaillir des ronds de fumée...
J'attends. Une odeur alléchante de savoir, d'intense curiosité mentale, de connaissances peu communes flotte dans la nuit tombante.
Région : Tu as déjà vu Alien Théorie ? Ca te donnera une petite idée. ;)
Crédits : Tata Grillade (mon double Humain)
Univers fétiche : Fantasy / SF / Steampunk / WTF (Je touche un peu à tout en fonction du feeling)
Préférence de jeu : Les deux
La Fougère Extraterrestre
Mar 9 Avr - 21:49
Xia Rulin
J'ai bientôt 600 ans et je vie un peu partout, dans le monde. Dans la vie, je suis exorciste et je m'en sors avec les honneurs dirons-nous. Sinon, grâce à mes pouvoir, j’ai plusieurs identités et je le vis plutôt bien. J’approche de mes 600 printemps sur cette terre. Je suis né sur le Mont Emei, en Chine. A l’époque je n’étais qu’un minuscule serpent vert, mais tout comme ma mère j’avais déjà éveillé une conscience supérieure à celle de mes congénères. Grâce à son enseignement et à des siècles de méditations j’ai fini par acquérir des pouvoirs magiques. Et ainsi j’ai pu prendre forme humaine. J’ai eu de nombreuses identités au cours des 300 dernières années. Il y a cependant deux apparences qui ont ma préférence et lorsque que je n’emprunte pas le visage d’un.e autre ce sont sous ses traits là que j’évolue parmi les mortels. Certains prétendront que je suis un démon mais je ne me suis jamais considéré comme tel bien que ma réelle forme puisse en effrayer plus d’un. Sachez qu’il est devenu plus difficile de dissimuler ma carcasse reptilienne de plusieurs mètres de long de nos jours. Je m’accommode donc d’une vie presque ordinaire. Je voyage beaucoup, là où mon travail m’amène. J’ai oublié de préciser : je suis exorciste, je m’arrange pour que les esprits agités trouvent le repos et que les objects hantés et/ou maudits ne causent pas trop de désagréments. La richesse et la reconnaissance n’ont pas d’importance pour moi, je ne suis qu’un animal qui aime à se jouer des humains pour obtenir ce qui lui fait plaisir et à grignoter quelques rongeurs bien gras.
Tu es une personne discrète, une personne d’habitudes. Chacune de tes journées est prévisible, sans doute efficace pour atteindre tes objectifs. Tu n’as pas beaucoup d’amis, pas non plus le temps de t’enivrer du parfum doux de l’automne en traversant le parc jusqu’à la bibliothèque. Ta démarche est pressé mais légère, presque sautillante. Tu m’es sympathique et j’ai l’impression de te connaitre à force. En un sens c’est bien le cas… Cela fait un moment que je t’observe. Peut-être as-tu senti ma présence, avec cet étrange sens que vous avez, vous, humains, lorsque l’indicible s’accroche à vos semelles. Tu n’as pourtant pas fait réellement attention à ma personne, peut-être faudrait-il pour cela que je le souhaite. Malgré la distance que je m’impose, je m’étonne encore de l'affection que j’éprouve pour des traits qui me paraissent vaguement familiers, émergeant vaillamment du brouillard d’une mémoire volontairement amoindrie. L’humain est tout aussi vivace qu’il est fragile, voilà une leçon à ne pas renier.
Qu’importe bien les remous de l’âme, tu vas dormir profondément et lorsque je me regarde dans le miroir je peux reconnaitre tes yeux sombres et tes lèvres pâles qui m’adressent un sourire. Voler des identités est un art de vivre à part entière, celui que je pratique d’instinct, en m’accordant ce dont j’ai besoin et ce dont j’ai envie. Pourquoi s’encombrer quand la liberté est à porté de main ? Il arrive que je fasse preuve de malice ou d’une bienveillance inattendue à l’égard de mes créditeurs, cela dépend de mon humeur…. Je suppose. Dans ton cas, jeune demoiselle, il se pourrait que la chance soit de ton coté. Quelques étirements pour vérifier que tout est bien en place, longueurs des bras, forme des oreilles, et même ce grain de beauté discret sur le pouce. Me voila rapetissé de plusieurs centimètres et bel et bien prêt à prendre ta place pour quelques heures si tout se passe comme prévu. Est-ce que les choses se passent comme prévu d’habitude ? Bien évidement que non.
Il y a deux choses que j’aime véritablement : lézarder au soleil et la nourriture fraiche, vivante pour être précis. Le climat ambiant est hélas peu propice à se prélasser sur un banc et partager les repas des humains, aussi savoureux soient-ils, ne satisfait jamais pleinement mon appétit. C’est la 4ème nuit, déjà. Mon esprit vagabonde vers des contrés plus ensoleillés et sauvages tandis que l’obscurité tombe sur ce temple de la connaissance. Bientôt le bâtiment sera déserté et j’aurais tout le loisir d’en explorer les recoins à ma guise. Rester plus tard n’éveille pas vraiment de surprise chez tes collègues. Un à un ils s’éclipsent, je m’impatienterais presque. Les rumeurs collectés auprès des étudiants et employés devraient enfin me permettre de trouver ce que je suis venu chercher.
Habituellement c’est ta fantaisie dans ton petit univers millimétré, ton moment. Rassure toi, ce n’est qu’un emprunt. La bibliothèque plonge dans un nouveau silence, pas un seul murmure, pas un seul pas feutré n’ose plus interrompre la mélodie secrète de ce lieu. Des craquements délicats, des courant d’air insoupçonnées, duveteux, mystérieux. Les endroits de ce genre sont des nids à esprits et bien heureusement ils sont, de façon générale, parfaitement inoffensifs. On pourrait même argumenter en leur faveur que ces présences invisibles sont indispensables pour l’apprentissage. Un lieu vide de toute substance spirituelle ne peut faire naitre que le néant. Un long moment songeur, je m’imprègne de l’atmosphère chargée d’énergie surnaturelle; elle est légèrement plus lourde que ce que j’avais envisagé. Peut-être est-ce dû à la lune qui s’arrondit, peut-être à ma propre intervention, peut-être à autre chose encore.
Il est temps de me mettre à l’œuvre et je commence par récupérer mes affaires là où je les ai rangés quelques heures plus tôt. Cette sacoche plus qu’usée n’est pas vraiment ton style mais je n’ai pas pu me résoudre à la troquer contre un vulgaire sac à dos. J’en sors quelques feuillets de talismans et je commence à les repartir sur mon chemin. Cela devrait éloigner les humains curieux tout en révélant ce qui est dissimulé dans cette bibliothèque depuis trop longtemps. Je m’adapte à ce siècle avec une certaine prudence comme si une partie de moi-même existait dans un autre espace temps; j’ai parfois du mal à ne pas sentir ses doigts s’accrocher à un ourlet de ma manche. Celle là même s’allonge de plusieurs centimètres, passant d’un lainage pelucheux à une antique soierie des plus raffinée. Même s’il s’agit de magie on se sent parfois à l’étroit dans certains corps. Il me tarde tant de retrouver mon apparence usuelle que ma physionomie fluctuent déjà sans que je n’en ai pleinement conscience.
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Val
Jeu 11 Avr - 13:32
Eiji Yoshida FC : Jin Akanishi
J'ai apparement 38 ans, en réalité je suis né dans la campagne proche de Nagasaki, alors unique port recevant des bateaux "d'ailleurs" au printemps de 1639 et je vis dans un village tranquille proche de la ville de Portsmouth, en Grande-Bretagne.. Dans la vie, je suis restaurateur de livres anciens et je m'en sors correctement. Mes besoins les plus impérieux ne sont pas liés à la richesse, et les ports brassent des populations diverses et variées qui m'offrent toujours des surprises... Sinon, grâce à ma malchance, je suis veuf mon épouse et notre fille ont été tuées par des chasseurs, il y a des siècles pour les humains, mais pour moi c'est toujours aussi vif et douloureux. C'est l'événement de ma vie qui me fait toujours mal. Informations supplémentaires ici. Que dire ? Je suis un renard... Chaque siècle, une queue supplémentaire vient grossir le panache qui me rend différend de mes congénères connus des hommes... Lorsque j'en aurai neuf, j'aurais atteint la sagesse, mais pas la fin de ma vie si dame nature le permet ! J'existe grâce à vous et c'est une ironie -dans cette contrée où la chasse au renard est promu au rang d'art national- qui me comble ! Chasseurs, marins, simples badauds, et plus encore érudits plein de connaissances et d'expérience sont mes proies... Pour vivre, je fais miens leur âme et leurs pensées, ne laissant que des enveloppes vides, frappées soudain d'amnésie, de mutisme, aussi ignorantes et fragiles que vos nouveaux nés. Cela venge un peu ma famille, mais même sans cet épisode O' combien douloureux, il me faudrait absorber l'esprit humain, il est le plus abouti dans le règne animal !
Pour y parvenir, je peux prendre -je prends- un aspect humain. Dans la vie quotidienne je suis un asiatique d'une petite quarantaine d'années au visage régulier, doux, aux traits qui apaisent et conduisent aux confidences... Méfiez-vous, je peux être différent et devenir votre sosie si l'envie m'en prend... J'entends la qualité de votre érudition, je lis vos pensées, je vibre au goût de votre instruction, de vos connaissances, de votre intelligence. Jeune renard, il m'arrivait de dévoiler ma nature dans les moments d'excitation, plaisir ou peur, il y a longtemps que cela n'arrive plus. Je ne vous en veux pas, c'est ma nature, je suis un tueur et c'est mieux ainsi, vivre vide doit être un enfer, mieux vaut succomber à mon passage non ? @La Fougère Extraterrestre
Un doux parfum d'âmes érudites...
D'un geste purement humain je regarde ma montre, j'ai de ces emprunts, si habitué à donner le change qu'ils deviennent -bien que totalement inutiles- des réflexes presque des tics, dus à de longues années à me préserver. Je marque ainsi pour qui me regarderait une certaine impatience, ma jeune âme, emplie du savoir patiemment glané dans les ouvrages qui se succèdent en files, rangés serrés dans les rayonnages de la bibliothèque, prend semble-t-il ses aises... Je renifle, ce qui est nettement moins distingué pour un homme et même suspect ! Quel humain irait chercher dans l'air ambiant l'odeur de sa proie ? Cela dit, bien que presque infirmes quand il s'agit de les détecter ils sont aussi sensibles aux odeurs...
Il y a ce soir quelque chose d'étrange ? La jeune demoiselle que j'ai vu entrer, à laquelle j'ai parlé sans y prendre garde assuré qu'elle était là et prête à me livrer quelques bouffées de son savoir, a une saveur... rance ? Je souris à la lune en imaginant la réaction des hommes que je vois dans la rue, rares, pressés, c'est l'heure du dîner devant la télévision -seul ou en famille-, des apéros entre amis au bistrot du coin pour les traînards, de la salle de sport sensée détendre les bureaucrates et autres sédentaires... Plus tard certains ressortiront, cinéma, théâtre, sorties en tout genre... C'est curieux comme l'humain est inventif quand il s'agit de perdre son temps en en prenant du « bon ». Comme si le temps était bon ou mauvais ? Prendre du bon temps c'est simplement tenter d'avoir deux vies, on peut les comprendre, les leurs sont à la fois courtes et si réglementées qu'elles en deviennent tristes à mourir ! Obnubilés par leur réussite sociale certains en oublient même de se reproduire ! Travail, argent, ambition, ascension de la montagne hiérarchique, réussite... Plus de famille, de cette joie de retrouver les siens, de balades, d'apprentissages divers dispensés à ses jeunes... Ils ont tout délégué, sérié... Là n'est pas la question, je divague, c'est qu'elle se fait attendre ? Et puis, cette impression si déroutante ?
Mon âme, jeune mais emplie du savoir inlassablement puisé dans les livres qu'elle range, nettoie, manipule, prête à d'autres mais surtout lit, est présente tout en étant absente. Je sens son odeur, sa présence, mais comme si elle avait quitté ces lieux depuis peu ? Je l'ai pourtant touchée en lui rendant les ouvrages réhabilités par mes soins ? C'est toujours vers elle que je me dirige, d'autres pourraient remplir cet office mais elle me reçoit avec une telle vénération... J'avoue, ce mélange de respect et d'admiration pour mon travail -et peut-être mon apparence- me comble, comme me comble les fragrances de son érudition que je capte en effleurant sa main. Je la fais durer... comme un mets savoureux qu'on souhaite goûter encore et encore ! Lorsque j'ai affaire à une vieille âme, il m'arrive de dévorer, comme si je craignais de ne rien retrouver si j'en laissais un morceau, c'est que leurs vies sont si... éphémères. Passer à côté du plaisir qu'est un être encore chargé de vie dont la mémoire a ingurgité et stocké un savoir immense ! C'est impossible, c'est comme demander à un loup affamé de laisser une carcasse bien juteuse encore qui vient d'être abattue par la meute voisine et a été abandonnée à cause de chasseurs. Nous autres n'avons pas la capacité de jouer les charognards, une âme morte est une âme perdue, c'est une denrée qu'il faut attraper avant qu'elle ne se dissolve dans l'air alentour, se perdrant entre les mondes et les époques !
J'ai le sentiment que la perplexité me fait perdre la boule comme disent vulgairement les humains. Déjà, j'ai cette sensation de courir une proie absente alors que je l'ai vue évoluer sous mes yeux ! En fait, c'est presque comme si elle avait la faculté de déposer son âme en conservant son corps ? Je tiens quelque chose, j'en suis sûr ! C'est son corps, son apparence, mais pas elle ? J'ai bien lu comme tous les contemporains de cette époque des articles sur le clonage et autres techniques que personnellement je trouve très sujettes à caution, c'est que les hommes de cette époque rejettent délibérément le concept de l'âme, il ne leur apparaît donc pas que dupliquer les êtres risque d'éparpiller le savoir qu'ils contiennent... Je ne me vois pas aspirer l'âme d'une photocopie ! Quelle saveur aurait-elle ?
Je disais donc, elle mais pas elle ? Le clonage est interdit à ce que je sais, reste...
Une illusion ?
Dans ce monde-ci, imaginer un être capable de prendre le visage d'un autre est tout aussi ridicule ! Cela dit, pour les hommes de ce siècle, converser avec un renard de près de quatre cent ans qui prend une apparence humaine -et plus d'une s'il le souhaite- l'est tout autant ? Un congénère ? Aurais-je à ce point oublié l'odeur et l'aura des miens pour ne pas les reconnaître ?
Je tends mes sens, si ce n'est pas l'âme, fort remplie mais simple, de ma douce amie humaine, à quoi ai-je affaire ?
Je sens comme un étourdissement m'envahir... La profondeur de ce savoir ! C'est comme succomber à un parfum si lourd qu'il vous cause un malaise !
D'un geste sûr j'éteins ma cigarette -encore un emprunt à l'humain du vingt-et-unième siècle qui a chassé la fumée de son intérieur !- saisis la poignée de la porte encore ouverte, et rentre... Le nez et l'esprit aux aguets je suis la trace de ce puits de connaissance empli à ras bord !
Je revois en une fraction de seconde les images de grottes aux pirates ou de caverne d'Ali Baba visionnées dans des films souvent mauvais ! Plus que l'or, les pierres précieuses et autres richesses, je traque désormais une âme dont le savoir est immense, compressé, condensé pour pouvoir en adjoindre encore et encore !
Vais-je me jeter dessus, mu par une gourmandise effrénée ou la savourer comme une sucette, sucrée, goûtée, acidulée... Déjà, je dois la trouver, au sol, des feuilles traînent comme échapée d'une poche de Petit Poucet bibliophile ? En approcher fait... Comme un trou dans ma perception ? Resterait-il à cette époque des magiciens ? Ou le temps a-t-il ouvert une brèche ?
J'ai un sourire satisfait malgré la gêne qu'occasionne ce barrage de parchemins négligemment tombés d'une manche... Des millénaires de savoir... Comme un rêve...