Port Royal ! Grande cité marchande et port des Caraïbes ! Fierté de l'empire britannique ! Et bien non, cette ville n'avait assurément pas le charme de Tortuga, pour sûr ! Tous ses gens, ne connaissant pas le charme de la liberté totale qu'offrait les océans ! Et qui vivent ici, une vie si monotone ! A mourir d'ennui !

En fait, jamais je n'aurais imaginer y mettre les pieds, si le choix m'eut été laissé. Mais si j'étais ici, c'était pour une excellente raison, il fallait que je trouve un navire après la perte de mon vaisseau ! Le Black Pearl !

Encore heureux que ma chaloupe prenant l'eau de toute part ai réussi a m'amener jusque ici et que je ne fasse pas naufrage en pleine mer avant d'arriver...

Le Black Pearl ! Ça, ça c'était un vrai bateau ! Pas comme ces hontes mouillant a quais ! Ces pauvres vaisseaux de la marine royale !

Aucun de ses bâtiments ne saurait remplacer mon Black Pearl ! Mais, puisque que le choix n'est pas totalement libre, je tentais de m'en trouver un qui fasse l'affaire, rôdant ici et là sur le port. Une fois dérobé, j'aurai pu voguer a Tortuga, me recruter un bel équipage et a moi la liberté !

Mais...Disons que, comme a mon habitude, rien ne s'etais passé comme prévu. Il y'avait fallu que je tombe sur les deux seuls soldats qui ne soit pas invité a la petite fête qui se déroule au fort... Je me demande bien ce qui s'y passe par ailleurs ?

Par chance ils n'ont pas l'air de se douter de mon identité... C'est qu'ils n'ont pas l'air d'être des lumières ces deux pauvres bougres...Il devrait être aisé de m'en débarrasser a la première occasion venue...

Soudain ! Que se passe t'il ? Une jeune femme tombe du haut de la falaise, directement dans l'eau ! Un miracle qu'elle eut évité les rochers et qu'elle ne se soit pas fracassée dessus !

Je tourne mon regard vers mes deux camarades de fortune, mais ils ont bien l'air de ne pas se décider à agir...

"Et c'est là que vous la sauvez ?"

"Je ne sais pas nager moi !"

Me repond-il...Quel comble alors ! Devoir attendre sur un pirate comme moi pour un sauvetage !

"C'est vous la fierté de la marine royale ?! Gardez moi ça !"

Leur dis-je, leur tendant mon tricorne et mes effets personnels.

Sans réfléchir une seconde de plus je plonge dans l'eau ! Je remonte a la surface la pauvre demoiselle en détresse. Un joli brin de femme...

"Elle ne respire pas !"

A ses vêtements je reconnais une fille de bonne famille ! D'ailleurs, en parlant de vêtements, son corset m'a l'air bien serré ! Voilà donc la cause ! Je lui arrache, aussitôt elle reprend son souffle ! Elle a bien failli se noyer !

"J'aurai jamais pensé a ça..."

Dis l'un des deux soldats...Mon pauvre ami ! Tu n'as pas suffisamment vogué sur les mers pour tout connaître de ce bas monde !

"Vous ne connaissais pas les femmes de Singapour !"

Mon regard se pose sur une pièce d'or qu'elle porte autour de son cou ! Un médaillon des plus étrange! Sa vue me rappelle quelque chose...Serait-ce bien ce que je pense ? Comment serait-ce possible ? Je le saisis quelques instants entre mes doigts... Elle ouvre les yeux...

"Où avez vous trouvé ça ?"

Dis-je, la fixant dans les yeux...

Bon, les questions ce sera pour plus tard, la garde s'amène...Ainsi que deux hommes, de haute fonction a leur tête... Ce qui semble être son père ? Du moins c'est ce qu'il dit...Et le commodore ! Ça sent le roussi pour moi...Et dire que je souhaitais rester incognito...

J'ai l'air fin maintenant, a cet instant précis ! Pourvus qu'ils ne remarquent pas que je suis un pirate ! Sinon, c'est la corde...Il faut que je trouve un moyen de m'éclipser, et fissa !

En m'éveillant ce matin, j'eu l'étrange impression que cette journée serait… surprenante. Tout commença avec un rêve, ou plutôt un souvenir datant de la traversée qui nous avait mené jusqu'ici, mon père et moi… De cette découverte, celle d'un enfant repêché au large et du médaillon qu'il portait. Je me souviens de mon inquiétude en le voyant puisqu'il portait ce qui, pour moi, représentait la marque des pirates… Ne voulant pas que ce jeune garçon soit accusé de piraterie - et condamné à mort - je m'en étais emparée afin de le dissimuler. J'appris, plus tard, que cet enfant était mort… Je n'ai pourtant jamais pu me résoudre à me séparer du fameux médaillon. Je le porte toujours au cou, malgré les années écoulées… Sans doute parce que j'ai toujours eu cette étonnante fascination pour les pirates. J'ai lu beaucoup de livres sur leurs sujets, peut-être même tous… Je me demande si ce n'est pas plutôt cette obsession qui m'avait poussé à m'emparer de cette médaille…

Quoiqu'il en soit, ce rêve préoccupant semblait m'annoncer quelque chose… Mais quoi ? Je suis là, sur les remparts de la caserne accompagnée du tout nouveau Commodore Norrington qui demandait à me voir. J'étouffe dans cette nouvelle robe affublée de cet odieux corset dont les Anglaises raffolent. Je l'entends, je l'écoute me parler de mariage, de ma sois-disant perfection… Et puis, c'est le néant. Je sens le sol se dérober sous mes pieds, et … l'instant d'après, je me retrouve trempée, sur un sol humide à recracher de l'eau salée.

L'homme qui se trouve au-dessus de moi a une allure… effrayante et négligée. Il se saisit de mon médaillon et affiche une mine si surprise qu'il est aisé de comprendre que ce n'est pas la première fois qu'il le voit.

Puis tout se passa très vite… La pointe de l'épée de mon presque-fiancée se retrouve sur la gorge de mon sauveur. Mon père ordonne aussitôt son exécution…Je proteste. Arguant le fait qu'il est ignoble de traiter ainsi l'homme qui vient pourtant de me sauver la vie… Le commodore accède à ma demande, du moins c'est ce que je pense en le voyant ranger sa nouvelle épée pour tendre la main à l'homme étrange. Il affirme vouloir le remercier…

C'est donc de cette façon que l'on remercie les sauveteurs a Port Royal ? Se faire mettre une épée sur la gorge n'est pas ce que j'apprécie le plus... Encore moins quand on se fait traiter ainsi pour une bonne action ! Quel ingratitude ! Ça m'apprendra tiens, a secourir les demoiselles en détresse ! Le garçon doit sûrement beaucoup tenir a la donzelle !

"Relevez vous !"

Évidemment je m'exécute, comment leur dire que tout ce que je souhaitais, n'étais que la sauver d'une fin terrible ?

En tout cas, le plus âgé d'entre eux parle carrément de m' executer ! Parce que j'ai ôté le corset de sa fille ? Que d'histoire pour si peu ! C'était le seul moyen de la sauver ! Ils n'ont pas vraiment le sens de la gratitude ici...

Je crois que je ne dois la vie sauve qu'à l'intervention de cette jeune femme...Quel soulagement, a peine venu pour trouver un navire que je finirais au bout d'une corde !

"Des remerciements semblent s'imposer !"

Me dit-il me tendant la main pour me remercier...Mais un tel revirement de sa part est plus que suspect ! Néanmoins, je décide de répondre a son geste...Pour donner le change dira-t-on...Quelle erreur ! Il relève ma manche et dévoile mon petit souvenir de pirate...

"La compagnie des indes vous a laissé un souvenir cuisant, pirate !"

Et voilà que c'est reparti... C'est qu'on tient vraiment a me pendre dans cette ville...

"Tiens, tiens, Jack Sparrow n'est ce pas ?"

Prononce t'il, en interprétant mon tatouage. Mais, malgré la situation, il faut que je le corrige ! Je ne sais pas pourquoi, mais tout le monde oublie mon titre ! Je suis capitaine !

"Capitaine Jack Sparrow pour être précis !"

Le commodore répond qu'il ne voit pas mon navire... Évidemment, si je suis là c'est pour en trouver un !

"Je suis sur le marché ! Depuis peu !"

Mes deux compagnons se mettent à dénoncer mon plan...Et remettent aux mains du cher commodore mes effets personnels... Desquels ils se moquent...Si ils savaient de quoi ils parlent...

Un pistolet sans balles en réserve et sans poudre, un compas qui n'indique pas le nord et il s'attendait même a une épée en bois...Me qualifier de pirate le plus pitoyable qu'on ne lui ai parlé ? Mon orgueil ne peut supporter cela !

"Au moins on vous a parlé de moi !"

Lui dis-je du tac au tac...Mais toute discussion ne mènera a rien, et voilà que l'on me met les fers...Je regarde a droite et a gauche, cherchant un moyen de fuite... Mais je crains qu'il n'y ai rien a faire... Vais-je donc mourir pour une de mes rares bonnes actions ? Quelle ironie quand on y pense !

A la surprise générale la jeune femme s'interpose entre moi et mes futurs bourreaux... Intéressant ! Très intéressant !

Elle argue du fait que je lui ai sauvée la vie...

"Une bonne action ne suffit pas a racheter une vie de débauche et de perversité !"

"Mais ça suffit a le faire condamner a mort !"

"C'est exact."

J'ai suffisamment patenté, et les fers sont fixés a mes mains. Tandis que celui qui m'a attaché s'éloigne je décide qu'il est temps d'agir !

"Et bien c'est pas trop tôt !"

Dis-je, passant la chaine retenant mes mains autour du cou de la jeune femme...La pauvre ! Je suis sûr qu'elle ne s'attendait pas à ça ! Eux non plus par ailleurs...Ils font moins les malins soudainement !

"Vous voyez on se comprend finalement ! Commodore Norrington mes effets je vous prie ! Et mon tricorne !"

Dis-je a leur encontre, alors qu'ils s'exécutent avec empressement et les remettent en les mains de la fille du gouverneur.

"Elizabeth ! Elizabeth c'est ça ? Auriez-vous l'obligeance ?"

La retournant contre moi, je la serre légèrement contre mon torse, souhaitant qu'elle me rattache pistolet et compas et me remettent mon tricorne ! Parce que j'y tiens a mon tricorne !

Et puis, narguer ainsi le commodore qui a l'air de beaucoup l'aimer ça n'a pas de prix ! Je lui adresse par ailleurs un joli sourire, avant de nouveau m'adresser a la jeune femme.

"Le crapaud et la blanche colombe ! Je sauve votre vie, vous sauvez la mienne et on est quitte !

Je fais une pause, me préparant a faire mes adieux a cette grande bande d'idiots !

"Chers amis ! My lady ! Que cette journée reste a jamais...Celle ! Où vous avez failli capturer le capitaine Jack Sparrow !"

La lançant dans la foule je me met a m'enfuir sous les tirs nourris des soldats ! Cependant, la course poursuite ne durera pas si longtemps que je l'eu voulu et, je suis fais prisonnier...

Aussi étrange que cela puisse paraître, cet individu, aussi étrange que sale, ne m'effraie pas le moins du monde. Non, il m'insupporte !
J'avais voulu l'aider en m'interposant entre les soldats et lui. Pirate ou pas, il venait malgré tout de me sauver la vie et j'estimais qu'il méritait une grâce exceptionnelle pour cet acte. Une action qui, aux yeux de tous, allait pourtant à l'encontre de la réputation allouée aux boucaniers… Malgré tout, ce malotru se servit de moi comme bouclier avant de me demander de le vêtir. Je me tenais si près de lui que je ne pus que sentir cette odeur, un mélange de sueur, de rhum et de poisson.

–Vous êtes méprisable, avais-je grogné en grimaçant.

L'instant d'après, il me repoussa violemment sur l'attroupement d'homme derrière nous et profita de la stupéfaction pour fuir… Les soldats à ses trousses.

– Ces pirates sont réellement des hommes étranges, me dit mon père avant de me recouvrir d'une couverture.
– Étranges et dégoûtants ! ajoutais-je tandis que nous gagnâmes le port puis notre demeure.

Aucun de nous ne s'était aperçu du changement … Le ciel bleu matinal avait brusquement laissé sa place à une brume épaisse et inquiétante qui, doucement, vint enserrer Port Royal.

Le soir même, je n'étais point parvenue à me défaire de cette odeur. Malgré le bain. Malgré les sels et les huiles, je pouvais toujours sentir ce parfum de pirate. Père vint m'apprendre que le Capitaine Jack Sparrow se trouvait à présent derrière les barreaux. Un semblant de procès aurait lieu le lendemain avant de se solder par une exécution… Cette nouvelle me rendit étrangement triste. Je savais que ces hommes étaient tous des bandits, des meurtriers… Mais ils n'en restaient pas moins des humains comme les autres. Enfin, peut-être avec un peu plus de courage que certains…

L'humidité ambiante s'était faite plus lourde, plus froide aussi. La faute à la brume épaisse qui recouvrait entièrement la ville. Ceci rendait la nuit plus angoissante que d'ordinaire, sans doute à cause du calme extraordinaire qui régnait dans les rues. Il faisait si froid que ma domestique dût mettre une bassinoire sous mes couvertures afin de me réchauffer.

Soucieuse à mon égard, elle essaya de se montrer réconfortante en soulignant les difficultés éprouvées durant ma journée. En effet, même si je me doutais des attentes du nouveau Commodore, je ne m'étais pas vraiment préparée à sa demande en mariage. Le regard que me lança alors ma domestique était empreint de surprise… Non, elle parlait de ma mésaventure avec le fameux pirate. Aurais-je dû me sentir éprouvée après un tel événement ? Terrifiée, même, selon ses propos. Sans doute à en juger par son regard… Aussi veillais-je à rentrer dans son jeu en affirmant avoir ressenti cet effroi visiblement plus adapté à la situation. Elle me félicita ensuite pour mes "presque" fiançailles… J'essayais tant bien que mal de penser qu'il s'agissait là d'une excellente chose. Nombre de jeunes femmes rêveraient d'être à ma place, j'en avais conscience… Pourtant, je n'éprouvais aucune joie, aucune reconnaissance… Non, j'en étais même plutôt triste… Trudy me quitta rapidement ensuite en me souhaitant une bonne nuit…

Une nuit qui s'avéra extrêmement courte puisque je fus réveillée par des bruits inquiétants…Des canons, des cris…Un regard lancé à ma fenêtre me fit réaliser l'urgence de la situation. Port Royal était attaqué et des hommes venaient de rentrer dans notre propriété. L'on frappa à notre porte, je me précipitais pour hurler au majordome de ne pas ouvrir… Mais trop tard, l'un d'eux tira sur le domestique qui s'écroula. Je hurlais, sous le choc, attirant bêtement l'attention de l'un d'eux sur moi. Je pris la fuite sans réellement savoir où aller… Sans trop réfléchir, je décidais de me cacher dans ma chambre. Trudy s'y trouvait déjà et m'implora de me cacher. Selon elle, ils venaient pour m'enlever afin d'exiger une rançon ensuite…

Je l'envoyais se cacher en lui demandant de fuir à la première occasion. Ils ne l'avaient pas encore vu, contrairement à moi… Tout se passa très vite ensuite. Placée en embuscade, je pus frapper l'un d'eux avec la bassinoire, il s'écroula mais le deuxième para mon coup. Je libérais donc les charbons ardents profitant de la surprise pour m'enfuir à mon tour. Je repris le chemin du hall d'entrée où régnait la cohue. Un pirate sorti du petit salon, satisfait d'avoir les bras chargés de bijoux et d'argenterie. Un boulet fendit les murs et le faucha de plein fouet. De nouveau, j'en profitais disparaître, bloquant les portes de la salle à manger à l'aide d'un chandelier… J'essayais de m'emparer de l'une des épées exposée au-dessus de la cheminée… en vain. Elles étaient trop bien fixées au support. Consciente que je ne pourrai rien faire pour me défendre, je décidais d'ouvrir une fenêtre pour faire croire à ma fuite… Mais, je venais de commettre une grave erreur. Ces hommes-là n'étaient pas aussi stupide qu'ils en avaient l'air.

– Tu as une chose qui nous appartient et qui nous appelle, murmura l'un d'eux. L'or, nous appelle.

L'or ? Parlait-il du médaillon que je portais toujours ? Pouvait-il avoir un quelconque pouvoir ? Non… C'était stupide, il ne s'agissait que d'un vulgaire bout de métal grossièrement ouvragé.

Cachée derrière une fausse cloison, mon cœur battait à tout rompre… J'étais si effrayée qu'il me fut bien impossible de contrôler ma respiration, probablement trop bruyante… Ils me trouvèrent très rapidement… À travers la minuscule ouverture, mon regard croisa celui du pirate… La porte de ma cachette s'ouvrit brusquement.

– Pourparler ! m'écriais-je. J'invoque le droit de "pourparler", selon le code de la confrérie établi par les pirates Morgan et Bartholomew, vous devez me conduire à votre capitaine !

Et telle fut ma deuxième erreur…

Les cachots de Port Royal ! Spacieux et confortable a souhait ! Voilà donc ma demeure pour cette nuit avant de me balancer au bout d'une corde demain ? Formidable ! Absolument formidable !

Dans la cellule d'à côté, les pauvres bougres s'acharnent a récupérer les clés que tient le cabot entre ses dents... C'est peine perdue...Mieux vaut se résigner a son destin ! Il faut savoir reconnaître sa défaite quand elle arrive...Et pour moi, je crois qu'elle est arrivée...

Cela fait maintenant des heures que je reste assis contre le mur de la geôle. La pensée de ce que j'ai vu plus tôt dans la journée ne cesse de m'assaillir...Ce médaillon... Si c'est bien ce que je pense... Comment se l'ai t'elle procurée ? Que peut-il bien faire a son cou ?

Soudain, un sifflement ! Strident et puissant ! Comme une douce chanson ! Mais...

"Mais je connais ces canons !"

Dis-je, ne pouvant m'empêcher de penser tout haut tant l'émotion est grande ! Je me lève et jette un regard a travers la petite lucarne de la pièce !

"Le Black Pearl !"

Il est donc là ! Mais...Que vient-il faire ici ? On a pas idée d'attaquer une ville comme Port Royal...Il doit avoir une bonne raison...

Le combat s'engage et un boulet que je parviens a éviter de justesse fais une ouverture énorme dans nos cellules ! Le destin a donc décidé de m'accorder un sursis...Je ne vais pas attendre pour en profiter !

Moi et mes compagnons de fortune décidons de profiter de cette opportunité unique de sauver nos têtes ! Nous commençons a évoluer a travers la ville, en proie aux combats et au pillages ! Direction les quais !

Ici et là nous affrontons des pirates de Barbossa, des membres de mon ancien équipage ! Des mutins !

Mon but ? Pouvoir monter sur le Black Pearl ! Malheureusement...Pour des raisons inconnues le voilà déjà qu'il range ses canons et qu'il s'éloigne au loin !

Je tourne mon regard vers mes codétenus qui m'accompagnent...

"Bande de chiens galeux ! Je vous propose de pas rester ici une minute de plus et de dérober un navire ! Qu'en dites vous ?!"

Les pauvres bougres qui m'accompagnent on l'air satisfait de cela, surtout de pouvoir partir d'ici avant de tomber sur la garde royale. Où plutôt, qu'elle nous tombe dessus !

Et c'est ainsi qu'après avoir "emprunté" un navire nous fimes escale a Tortuga. Là-bas, j'y rencontra Gibbs ! Ce bon vieux Gibbs !

Je lui présentais mon plan ! Récupérer le Black Pearl par la force ! Il n'était pas enchanté mais, c'est que je sais convaincre ! L'appel de l'or fais toujours son effet sur les vieux boucaniers comme lui.

Renforçant mon équipage avec quelques autres flibustiers, nous fimes voile vers l'endroit où, je pensais, mouillait le traître Barbossa ! L'ile de la Muerte !

Après un long voyage où nous essuyames tempêtes et calamité nous y arrivâmes enfin ! Jetant l'ancre, il était temps de mettre mon plan a exécution !

"Chers amis ! L'objectif est des plus simples ! Nous descendons a terre, on reprend MON navire ! Et on met les voiles ! En attendant Gibbs, je te confie celui-là..."

"Capitaine ! Et si les choses tournent mal ?"

"Applique le code !"

"Ah oui ! Le code..."

J'amène avec moi trois membres d'équipage et nous mettons a ramer a bord de notre chaloupe...Le plan paraissait si simple...Mais dans mon esprit une inquiétude s'élevait...La rumeur d'une malédiction pesant sur l'équipage de Barbossa... Risquait de mettre a mal mon plan...Tant pis... J'improviserai en temps voulu !

Parfois, il m'arrive de penser que le destin et la fatalité sont tous deux dotés d'un humour des plus…particulier. Comme je l'avais exigée, les deux pirates me conduisirent auprès de leur capitaine, un homme arborant une barbe sale et épaisse… Un homme répondant au nom de Barbossa. Lorsqu'il me demanda mon nom, je fus prise au dépourvu. Je ne pouvais décemment lui dire que j'étais la fille du gouverneur. Ils exigeraient une rançon ou pire… Je devais à tout prix gagner du temps, quitte à inventer un petit mensonge en attendant que le Commodore ne lance sa flotte à ma poursuite. Ainsi, je fouillais dans ma mémoire pour me souvenir du nom du garçon repêché en mer, celui à qui appartenait le médaillon qui les intriguait tant… Si son prénom m'echappait, son nom de famille demeurerait dans ma mémoire, probablement à cause des nombreux jeux de mots douteux prononcés par les membres d'équipage lorsqu'ils ont rejeté son corps à la mer.

– Turner, je m'appelle Elizabeth Turner.

En voyant son regard changer aussi brusquement, je compris aussitôt que je venais de commettre une nouvelle erreur. Ce nom, ils le connaissaient…

Le capitaine, cet individu franchement répugnant aux manières tranchant par leur délicatesse sembla fort désolé de me trouver en tenue de nuit. Ainsi, il décida de m'offrir une robe rouge sang, couverte de fils d'or et de perles, le genre de tenue que seules les nobles courtisanes pouvaient s'offrir… Une fois parée de ces vêtements, le capitaine m'ordonna de lui tenir compagnie pour le dîner le plus étrange de ma vie…

Je me retrouvais alors devant une table chargée de victuailles raffinées, une coupe d'or remplie de vin précieux. L'homme ne mangeait pourtant rien du tout. Au lieu de cela, il semblait prendre plaisir à me passer les divers mets me demandant si je les trouve à mon goût… J'étais si affamée que je ne réalisais rien de son manège. Je me contentais de manger avidement jusqu'à ce qu'il me montre une pomme rouge et brillante… Le ton qu'il employa cette fois me fit lâcher la cuisse de pintade que je tenais dans la main…

Le repas était-il empoisonné ?

Le capitaine éclata alors de rire, me rassurant sur ce fait avant de détruire tout ce que je savais sur ce monde. Il parla de malédiction, une histoire à laquelle je ne crus pas, jusqu'à ce qu'il me place face à l'horrible vérité. Le médaillon que je portais en était la source. Il s'agissait de l'une des nombreuses pièces d'or d'un trésor maudit dont l'équipage s'était emparé autrefois…Aujourd'hui, ils payaient le prix de leur mépris, mais je ne savais pas encore à quel point. Il ne cherchait pas à m'empoisonner non… Ils avaient besoin de moi en vie… Prise de panique, je voulus prendre la fuite… Et il ne fit rien pour m'en empêcher… c'était inutile, le bateau avait déjà pris la mer au cœur d'une tempête cauchemardesque.

La prise de conscience liée à cette étrange réalité fut des plus brutales… Des cadavres… Ce bateau était manoeuvré par un équipage emprisonné dans un état se situant entre la vie et la mort… Des corps en décomposition révélés par les rayons de lune.

Je crus défaillir. Non, l'horreur fut telle que mon cœur cessa brusquement de battre. Prise de panique, je me réfugiais dans un coin du bateau… Là où ils me gardèrent enfermée des jours durant, jusqu'à ce que nous accostâmes près d'une île dotée d'un nom des plus inquiétant.

Je savais que cela signifiait la fin… La mienne. J'allais être offerte en sacrifice afin de libérer de cette horrible malédiction. J'avais beau réfléchir, je ne trouvais aucun moyen d'en réchapper… Dire la vérité à propos de mon nom ne servirait probablement plus à rien. Ils ne me croiraient pas…

La grotte dans laquelle ils me conduisirent était remplie d'or, de pierres précieuses… Un véritable trésor dont les pièces s'entassaient jusqu'au plafond. L'équipage chantait la fin de leur calvaire. Ils riaient si fort que certaines pièces dégringolaient de leur monticule. Le capitaine, un homme qui avait vraisemblablement un esprit de dramaturge, se lança dans un discours cérémoniel. Et puis, il se saisit de ma main, l'entailla de sa lame avant de placer le médaillon dessus…

C'était tout ?

Je lachais la dernière pièce… Le temps semblait s'être arrêté pour les pirates attendant leur délivrance…

Les rames frappaient en un rythme soutenu les flots noirs comme l'encre qui s'étendaient dans une masse infinie sous notre humble chaloupe.

Notre progression se faisait en silence, en direction de mon navire ! Nos regards se posaient sur la berge...Rien... Aucune trace de l'équipage de Barbossa...

"Du nerf ! Du nerf !"

Autour de nous, la brume épaisse recouvrait l'ile d'une sombre aura...En fait...En fait tout criait de rebrousser chemin...Mais, je suis le capitaine Jack Sparrow ! Et a quelques pas a peine, ou plutôt, coup de rame, se trouve mon Black Pearl. Alors rebrousser chemin, très peu pour moi !

Soudain, j'entends des cris en provenance de la grotte...Des hurlements...Je fis signe a mes trois compères d'amener la chaloupe jusque sur la berge ! Lentement nous nous mirent a avancer a l'intérieur de la grotte.

Au fur et a mesure que nous avancions, les cris se firent de plus en plus clair. Et j'entendais maintenant distinctement mon ancien second, Barbossa, hurler !

C'est depuis l'arrière d'un rocher que la vision de ce qui se passait ici se dévoila a nous...Barbossa et son équipage...Un vieux coffre...Et...La fille du gouverneur ?

Que faisait t'elle ici ? Je vis Barbossa entailler sa frêle main...Et y apposer un médaillon semblable a celui qu'elle portait au cou... Peut-être était-ce justement la raison de sa présence ici ?

Mais après un petit moment d'attente ils eurent l'air assez déçu...Ils parlaient d'une malédiction... D'un mauvais sort a lever...Les rumeurs disaient donc vrai !

Soudainement, rempli de colère, ils jetèrent la jeune fille sur le côté...Leur rituel n'avait donc pas fonctionné ? Et elle dégringola jusqu'à nous...Que devais-je faire ?

Instinctivement, je me rapprocha discrètement d'elle...Je lui posa une main sur la bouche, prévenant ainsi tout cri de surprise...

"Chuuut ! Chuuut ! Si te veux partir d'ici, je te conseille de me suivre ! Sans faire un bruit ma jolie !"

Me contentais-je de lui dire, faisant signe aux trois chiens galeux qui m'accompagnaient de mettre les voiles, avant de partir en direction de la sortie ! Car il étais hors de question de moisir ici une seconde de plus !

Derrière nous les cris se firent plus fort ! Voilà qu'ils s'étaient rendus compte de sa disparition ! Et qu'ils la cherchaient...

"Mais qui êtes vous au juste my lady ? Et où avez vous eu ce médaillon ? Que vous veulent ils ?"

Un plan, il me fallait un plan ! Car ce que j'avais prévu tombait désormais a l'eau...Il était désormais trop tard pour monter a bord du Black Pearl avec ses gens a nos trousses ! Nous grimpons a bord du navire dérobé a la marine où m'attend mon équipage !

"Gibbs ! Toutes voiles dehors ! En route ! Aussi loin que l'on peut ! Et rapidement !"

Je tourne mon regard vers le Black Pearl ! Voilà qu'il prend la mer...La course poursuite est sur le point de s'engager !

Je pose mon regard sur la jeune femme...

"Bienvenue a bord ma belle ! J'espère que vous n'avez pas le mal de mer !"

Si ils tenaient vraiment a elle, peut être pourrais t'elle servir de monnaie d'échange ? Je devais en apprendre plus avant de décider quoi que ce soit et de choisir la meilleure façon d'agir !

Visiblement déçu, le capitaine me repoussa sans aucun ménagement. Son geste fût même si vif que je dégringolait dans la grotte pour atterrir juste devant trois pirates… L'un deux arborant des traits familiers. Sparrow ?

Ce dernier me fit signe de me taire et me demanda de le suivre en silence. Si d'ordinaire le bon sens m'exhorterait de ne point l'écouter, il fallait bien avouer que, pour l'heure, le bon sens n'existait plus. Aussi, je le suivis jusqu'à l'extérieur, le cœur battant plus fort que jamais.

– Pas celle qu'ils croient, répondis-je à Sparrow avant de presser le pas. Je vous expliquerai tout, c'est promis… Mais s'il vous plaît, faites moi sortir d'ici.

Oh, je n'étais pas fière de ma bêtise. Jamais je n'aurais dû mentir. Peut-être même m'auraient-ils laissé la vie sauve si je m'étais contenté de leur donner le médaillon. L'on m'aida ensuite à monter sur le navire, cette fichue robe étant décidément trop lourde pour me permettre de me mouvoir seule. Je ne comprendrais jamais la mode européenne qui prenait plaisir à torturer les femmes en les faisant passer pour des êtres faibles.

Et encore une fois, tout s'enchaina à une vitesse vertigineuse. L'homme d'un certain âge, celui que le capitaine venait d'appeler Gibbs, me lança un regard noir… Je l'entendis alors murmurer "ça porte malheur". Parlait-il de moi ? J'avais déjà entendu ce genre d'histoire de marin, ces superstitions concernant la présence des femmes à bord… Pourtant, il me semblait que le marin tenant la barre à ce moment-là était une femme…

Les deux navires prirent donc le large, l'un à la suite de l'autre… Sauf que celui qui était poursuivi, c'était le nôtre…

– Non… Je n'ai pas le mal de mer.

Je disais la vérité… En tout cas, je le pensais… Mais je n'étais jamais monté sur un navire lancé à vive allure pour échapper aux canons d'un poursuivant. Tout le monde s'agita autour de moi si bien que, rapidement, je me sentis de trop… J'étais tout simplement inutile. Je me plaçais dans un coin pour observer… Leur navire était peut-être rapide, celui de nos poursuivant l'était tout autant… Ils ne tardèrent pas à se placer à portée de canon.

Tous s'agitèrent en criant de multiples instructions. Mes yeux se posèrent alors sur les caisses et tonneaux entassés sur le pont. J'étais prête à parier que les cales étaient toutes aussi pleines.

– Capitaine ! On est trop lourd ! m'écriais-je en désignant les fameuses caisses. Il faut les jeter par-dessus bord!

Pas celle qu'ils croient ? Pas celle qu'ils croient... Intéressant... J'aurai aimé pousser plus loin les questions mais ce n'était pas vraiment le moment...Si on arrivait à échapper a Barbossa peut-être ! Pour le moment la priorité était toute autre !

Je m'agitais ! Faisant de grand signe a min équipage ! Courant ici et là ! Ordonnant d'aller toujours plus vite ! Mais après tout, nos poursuivant possédaient le Black Pearl ! Le navire le plus rapide des océans ! Et nous n'avions pour riposter qu'un navire de la maudite flotte royale...

"Tant mieux si vous n'avez pas le mal de mer ! Parce que cela ne va pas être de tout repos ma belle !"

Lui dis-je en passant près d'elle.

Soudainement elle prit la parole...Tous les mouvements cessèrent, les membres d'équipage se figèrent... Posant tous leur regard sur elle...

"Les jeter par dessus bord ?"

Je tourne mon regard vers Gibbs, qui me regarde avec de grands yeux...

"Je crois qu'elle a raison capitaine ! Il faut gagner en vitesse sur nos poursuivants !"

"Assurez vous au moins qu'aucun litre de rhum ne soit jeté par dessus bord ! Pour le reste allez-y bande de fainéants et d'incapables ! Allez ! Allez on se dépêche !"

L'équipage commença a jeter tout ce qui alourdissait le navire, le rendant ainsi légèrement plus rapide...Bien que cela n'était visiblement pas décisif sur la course poursuite...

Je m'approche de la jeune femme.

"Excellente idée que vous avez eu là ma jolie ! Même si je crains que ce ne sera pas suffisant...Mon navire le Black Pearl est si rapide..."

Je l'observe un instant. Elle paraît si frêle dans sa robe...Elle contraste tant avec le reste du décor que s'en est amusant...

"On s'est rencontré a Port Royal ! Que faisiez vous donc sur l'ile de la Muerte ? Une créature comme vous avec de tels individus..."

Je fais une pause, avant de reprendre.

"Une rumeur court sur cet équipage...Celle d'une malédiction...Avez vous remarqué quelque chose chez eux ? N'importe quoi !"