Forks, dix neuf heures trente.
Dernier coup de blush sur ses joues déjà rougies par l'impatience, Renesmée ajustait sa robe alors que le loup ne tarderait pas à venir frapper à sa porte. Elle savait que ses parents allaient la mettre en garde - comme à chaque fois - notamment pour bien se tenir et ne pas hésiter à appeler en cas de problème. Elle avait envie de répondre que Jacob était là pour ça, c'était son protecteur et il pourrait désamorcer n'importe quel conflit. Elle était persuadée de sa force physique et de sa force de persuasion. Ce qu'elle lisait à cet instant même dans le regard de ses parents était davantage l'inquiétude de tout parent quand son enfant sort dehors. Cela était d'autant plus particulier qu'il s'agissait de l'anniversaire des dix huit ans! Si cela ne sonnait guère le glas de la majorité, il avait pourtant une valeur toute particulière pour la jeune fille : l'impression de s'approcher de plus en plus d'un âge mature, de nouvelles expériences qu'elle avait hâte de vivre. Elle avait prévu de le faire avec ses deux meilleures amies le lendemain mais ce soir, elle voulait juste voir Jacob, en tête à tête. Moment privilégié comme il y en avait tant d'autres depuis qu'elle est toute jeune. Il avait été présent à tous les événements, toutes les cérémonies, tous les changements. Un dernier coup d'oeil dans le miroir et voilà qu'elle entend le bruit d'une voiture qui se gare. Pas de doute, c'est bien lui! Elle se précipite vers l'entrée, sa mère lui retient le bras un instant. "Surtout, sois prudente, Renesmée. Tu me préviens si il y a le moindre souci, hein?" . La jeune fille hoche la tête, empruntant un air de fille sage. "Evidemment maman, ne t'inquiète pas!" . Un câlin rapide et elle arrive devant l'entrée où son père et Jacob se disent bonjour. C'est cordial mais il y a toujours eu ce quelque chose inexplicable, comme une gêne ancestrale. Difficile à déchiffrer pour la brune mais elle le ressent. Elle fait un bisou sur la joue de son père avant de faire la bise à Jacob et une petite accolade. Elle ouvre la porte la première pour vite sortir de ce contexte familial quelque peu étriqué et parler de leur soirée.
"Je suis contente que tu sois venu me chercher!" lui dit t-elle avec un large sourire. "Où allons nous?" . Excitée comme une puce, elle se demande où Jacob compte la conduire. Son ventre se tord chaque minute un peu plus : est-ce pour la faim ou pour ce qu'elle compte lui dire ce soir?
De nombreux rêves qui l'ont conduit à une seule et même conclusion : elle le veut et pas que comme un grand frère, un ange gardien ou un garde du corps.
En tant qu'homme, en tant que prétendant.
Est-ce un rêve possible à concrétiser?

Forks, dix neuf heures trente.
Il se frotte les mains. Comme pratiquement tous les jours quand il doit voir la jeune femme. Il ne se frotte pas les mains comme un pervers, encore moins comme le gif mondialement connu… Non… C’était un tic nerveux. S’il s’occupe de ses mains, il ne s’occupe pas de Nessie. Pas qu’il n’ait pas envie de s’occuper de Nessie. Il adorait être avec elle, lui parler, la faire rire, la protéger. C’était dans son cœur, son âme, son esprit, ses gênes. Tout ce qu’il veut, tout ce qu’il aspire, c’est de pouvoir être un gardien pour elle. Une personne qui aide, la relève, lui rends sa vie plus jolie.

Sauf que la jeune femme était aussi de plus en plus jolie. Pas qu’elle n’était pas mignonne, adorable, bébou avant … mais depuis quelques mois déjà, elle était plus une femme qu’une enfant. Et c’était pour ça qu’il se sentait obligé de se frotter les mains de stress. Parce qu’il avait envie de la toucher, et qu’il n’en avait pas le droit. Une imprégnation était une âme sœur, mais il n’avait pas besoin d’y avoir de l’amour… Ce genre d’amour charnel et tendre qui lie deux amoureux. Il n’avait pas besoin de cet amour, là. Et pourtant, quand il attendait à la porte de la maison de Bella et Edward, il le ressentait.

Il aurait tellement voulu pouvoir s’imprégné d’elle et ensuite tomber amoureux. Mais cela n’avait été comme tout le monde. Elle est une demi-vampire, et il l’avait connu enfant, mais elle avait grandit trop vite. Elle était une femme attirante et désirable alors qu’elle n’avait même pas dix ans … et maintenant ? Cela faisait pratiquement dix ans qu’il essayait d’oublier des pensées peu recommandables. Surtout quand il attend à côté d’un homme qui peut lire dans les pensées. Grâce à une chance inouïe, le pouvoir d’Edward ne fonctionne pas avec les loups-garous. C’était déjà ça de pris. Il reste à côté et sourit à la jeune femme avant de répondre à son accolade.

- Bien sûr que je suis venu, fit-il une voix dans l’air frais de Forks, qui même en été était froid, mais Jacob ne le remarquait même pas, je n’aurais manqué ça pour rien au monde.

Il l’accompagne jusqu’à sa voiture, lui ouvre la porte avant de glisser un baiser sur sa joue.

- Joyeux anniversaire Nessie. Pour marquer le coup, je voulais te montrer un endroit très spécial. Je te ramène que demain matin, vers 10 heures.

Mais il avait pris deux chambres, ça… Il n’y avait jamais eu à réfléchir. Deux chambres. Dans le phare du cap Flattery. Tout en haut du phare, il y avait deux chambres avec une ouverture en verre pour voir les étoiles. Il pourrait rester le temps qu’elle s’endorme et ensuite il s’éclipserait. Il lui sourit en la rejoignant à l’intérieur de la voiture avant de lui tendre un petit cadeau avec un gros « 1 » écrit dessus.

- Dix huit ans, dix huits cadeaux, reprit-il. J’espère que tu n’as pas trop faim car on arrive que dans une heure, mais je te promets que ça vaut le détour.

Il y était allé, une fois. Une seule et unique fois. Avec sa mère, alors qu’il avait sept ans… et il avait besoin de montrer à Nessie une partie de lui. Ce paysage, ce moment, le lever du soleil depuis le phare. Il avait envie de lui partager un peu de son passé, tout comme il avait envie de lui partager son futur. Est-ce que ça faisait de lui quelqu’un d’égoïste ? A ne pas douter.

Ce soir était le grand soir, la jeune femme en était persuadée. Elle avait fait le calcul dans sa tête : les dix huit ans, la majorité qui approchait à grands pas et les hormones... Elles étaient tout aussi présentes que chez n'importe quel autre adulte de son âge et en plus, dans son cas, l'humain (enfin si on pouvait dire cela) plutôt l'être vers lequel ses pensées étaient destinées était bien réel. Ce n'était pas un fantasme de l'inconnu non, il était identifié et cela depuis un bon moment. Au vu de cette situation quelque peu "délicate", seule une amie très proche était au courant de la nature de ses sentiments avec la promesse de ne rien divulguer, même sous le coup de n'importe quel chantage. En effet, il était bien trop dangereux que ce genre de confessions sorte du cadre très proche... Qu'allaient penser ses parents de tout cela ? Elle n'y avait pas vraiment songé et pourtant il s'agissait là d'une question cruciale. Ils seraient forcément au courant à un moment donné. Le plus tard serait le mieux sachant qu'ils ne seraient pas très heureux de l'apprendre...

Elle avait déjà voulu que ce ne soit pas lui, que ce soit un autre homme pour que cela soit plus facile. Elle qui avait encore une grande part de timidité était tiraillée entre son amour pour lui et le fait de se protéger. Certes, il avait été un protecteur tout ce temps et il l'avait préservé du moindre danger. Que pouvait t-il penser maintenant que ce danger venait directement d'elle ? Elle avait lutté, espérant que ce premier amour pourrait s'évaporer à la lumière de d'autres bel âtres qui lui donneraient les mêmes sursauts, des sueurs semblables, des échos au coeur aussi sincères que ceux qu'elle avait envers Jacob. Les mois, les années lui avaient démontré qu'il n'y avait que lui. Quoiqu'il en coûte, elle devait aller au bout de ses sentiments, de cette histoire pour ne pas avoir de regrets.

Sa galanterie et son attention légendaires lui provoquèrent un nouveau sursaut. Léger, à la poitrine comme pour lui faire une piqûre de rappel : elle devait se dévoiler à lui, elle n'avait pas le choix. Il déposa un baiser sur sa joue et elle frémit instantanément. Ses joues deviennent roses et elle tente de sourire pour ne pas se laisser envahir par ses émotions. Une fraction de seconde pour se contrôler et voilà qu'il lui annonce qu'il ne la ramène que le lendemain matin. Elle écarquille les yeux, le sourire aux lèvres.
- Oh c'est vrai? Jacob, je suis tellement contente! s'exclama t-elle en lui sautant dans les bras. Certes il avait ouvert la portière pour qu'elle se glisse dans la voiture mais elle ne voulait manquer pour rien au monde l'opportunité de le remercier. Elle s'engouffra ensuite dans la voiture, l'air interrogateur. - Qu'elle est donc cette surprise ? Tu ne finiras jamais de m'étonner!

Il lui tendit un cadeau parfaitement emballé avec le numéro '1' dessus. Elle le prend, intriguée.

- Dix huit cadeaux? Vraiment???

Elle n'en croit pas ses oreilles, il lui avait donc réservé dix huit surprises pour ses dix huit ans. A bien y réfléchir, aucun jeune homme ne pourrait lui donner autant d'attention, de promesses et de joyaux comme lui pouvait le faire.

Elle ne peut attendre plus longtemps alors elle ouvre ce cadeau. Elle y découvre une carte de visite d'un hôtel... au cap Flattery. Elle cligne des yeux pour les réouvrir une fois, une seconde fois. Elle trépigne d'impatience, la faim l'ayant quitté un instant.

- Tu commences déjà comme cela ? Quelles autres merveilles m'attendent! J'ai hâte de savoir! dit t-elle avec un air taquin.
- Tu sais que c'est très bien qu'on ait autant de temps car... nous avons beaucoup de choses à nous dire. Enfin, surtout moi.. Elle a envie de s'autobaffer maintenant, sans attendre. Quelle idiote, voilà qu'elle commençait à se spoiler toute seule avant même de diner. Est-ce qu'il allait s'inquiéter ou juste se questionner ? Bon sang, il fallait qu'elle attende le bon moment...

Jacob observa Renesmée. Sa Nessie. Sa douce et incroyable Nessie. Il ne sait pas comment faire pour lui faire comprendre ses pensées. Il ne sait même pas ce qu’elle pense. Que cela soit le câlin ou son … quoi ? Aura, physique, son adorable petit sourire qu’elle lui faisait parfois ? Non. Il ne pouvait pas dire … Il ne savait pas ce qu’elle pensait, et il doute qu’une fille aussi pure que Nessie puisse avoir la moindre idée de ce qu’il pense. Comment aurait-il survécu si elle avait eu un petit copain ? Un amoureux ? Mon dieu, il pensait encore à cela alors qu’elle ouvrit le premier cadeau pour voir la carte de visite. C’était juste pour lui montre où ils allaient, pour qu’elle apprécie. Un cadeau sur 18. Ils n’étaient pas tous aussi minuscule, ou grand. D’autres étaient plus grands physiquement, mais plus petit. Cela dépend. Il avait tout fait amener dans la chambre de la jeune femme. Il mit sa main sur celle de la jeune pour en tourner la tête alors qu’il commençait à rouler vers leur destination.

Il y a une heure de distance, et pour ça aussi, il avait un plan. Parce qu’il avait tout prévu, lui, pour que Nessie soit heureuse. Et que lui ne pense absolument à rien de romantique pour la jeune femme. Nope. On ne pouvait pas avoir des pensées romantiques pour une fille que l’on a connu enfant, et ça, même si son corps n’était plus celui d’un enfant depuis 13 ans. Il ne pouvait pas. Cela ne se faisait pas. Il ne serait pas le genre de personne à tomber sous le charme d’un bébé… Même si c’était son imprégnation et la femme qui comptait le plus dans sa vie. Il a dit non.

- Il n’y aura pas que des énormes cadeaux. Parfois, certes seront plus petits, mais plus personnelle. Tu devrais regarder dans la boîte à gant. Peut-être même que l’un de tes cadeaux s’est glissé à l’intérieur.

Bien sûr que c’était le cas, il l’avait mis lui-même ici. Le second cadeau était une clé USB qu’elle pourrait mettre dans la voiture. Avec un best-of de toutes les musiques qu’elle aime, même celle qui était des dessin-anime ou des musiques de publicités. Il avait mis dans la clé USB tout ce qui pourrait la faire chanter. Il aimait la faire chanter. Savoir si elle chantait bien, c’était une autre histoire… mais il aimait qu’elle s’amuse à chanter les mêmes paroles que la musique, ou qu’elle se trompe et essaie de le cacher. Il aimait toutes ses petites choses chez elle. D’incroyable petite chose qui faisait battre son cœur plus vite. Il la regarde et pose à nouveau sa main sur celle de la jeune femme. Vive les voitures automatiques qui offraient de plus grands mouvements.

- Nessie, tu sais que si tu veux me parler de quelque chose, tu n’as pas à hésiter. Quelque chose te tracasse ? S’enquit-il avant de sourire à nouveau, tu peux m’en parler quand tu veux, ou pas, mais tu sais que je serais toujours là pour toi.

Et ça, jusqu’à sa mort. Ou la sienne. Il ne pourrait pas vivre très longtemps sans son imprégnation. Il doute d’ailleurs pouvoir trouver une femme un jour, alors qu’il laisserait tout tomber pour elle. C’était étrange, parfois, ce que le destin s’amuse à faire avec les autres. Le destin l’oblige à n’être que son bienfaiteur, son frère, son protecteur… laissant à Nessie tout droit de vivre sans lui, quand lui ne pourrait pas vivre sans elle.

- On arrive dans une heure, il est pas impossible que ton cadeau numéro trois te soit offert d’ici là, mais je n’en dirais pas plus.

Plaisirs numéros 2588778 avec Nessie, teaser. Il aimait bien la faire réfléchir. Il savait déjà qu’elle se demandait ce que pourrait être les 16 autres cadeaux. Et il avait hâte. Tout simplement. Parce qu’il allait la rendre heureuse, puis demain, il la rendrait à ses parents comme d’habitude et il s’éloignerait comme il doit le faire. Pour son bien. Pour qu’elle puisse vivre, sans lui.