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LE TEMPS D'UN RP

An angel has fallen

DonJuanAuxEnfers
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Sabrina
DonJuanAuxEnfers
Lun 11 Mai - 1:21
Le contexte du RP
Mise en situation
La situation

Chaque humain possède son propre ange gardien. Pourtant aux yeux de leurs protégés ils ne sont que de simple mortel. Parfois ils se mêlent à leur existence, parfois ils les laissent vivre tout en veillant sur eux de loin. Chaque ange possède sa propre manière d’agir. Mais en aucun cas leur nature ne doit être révélée, au risque de subir un terrible courroux.

Adriel Taylor ne déroge pas à la règle. Mais depuis qu’il protège Mademoiselle Noémie Fauvelle toute sa vie terrestre tourne autour d’elle. Si dans le ciel il est un ange parmi tant d’autres, pour elle il n’est qu’un client habituel de sa petite boutique.

Contexte provenant d'une discussion en privée


« Si c’était à recommencer, je te rencontrerai sans te chercher. »
©Crack in time
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Invité
Lun 11 Mai - 15:15

Noémie Favelle
J'ai 32 ans ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis Caviste, Onoeulogue et je m'en sors parfaitement bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis mariée à un homme merveilleux et je le vis plutôt superbement.

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Rachelle Lefèvre :copyright:️ Praimfaya

Février 2015

Noémie finit de préparer un colis qui partira à Lyon, s’assurant que le papier bulle est mis de manière à protéger correctement les bouteilles pour éviter qu’elles ne s’entrechoquent. Une petite moue pensive avant qu’elle n’en rajoute une couche et replie le carton. Un nœud et un petit autocollant portant le nom de la boutique achèvent le paquet, elle demandera à sa vendeuse de le mettre à la poste demain à la première heure. Un rapide coup d’œil à l’horloge murale lui apprend qu’il est bientôt 18h45. Elle va pouvoir fermer et compter la caisse avant de filer. Heureusement, le dernier client a fait son choix et s’apprête à quitter les lieux. Un vendredi soir qui s’annonce bien.

Sur un sourire et quelques mots de politesse, elle le raccompagne à la porte, repoussant machinalement une mèche rousse venant lui chatouiller le menton. C’est le léger bip de son téléphone qui attire son attention alors qu’elle referme les bouteilles de différents gins qu’elle a décidé de mettre en avant sur l’ensemble du mois de février. Sourire qui s’étiole en lisant le message. Filippo devait venir la chercher chez eux, le temps de rentrer chacun de leurs cotés et de repartir pour aller dîner dehors avec les enfants. Sauf que leur voiture est en rade du coté de champs sur marne, il a appelé le dépanneur, pas avant deux heures avant qu’il ne puisse venir et il a juste un peu de monnaie sur lui. Grimace d’agacement. Ca fait au moins cinq fois qu’elle lui répète que sa carte est démagnétisée et qu’il faut absolument qu’il passe à la banque pour qu’elle soit changée. Elle aurait du lui dire une sixième fois. Et juste comme ca, au passage, c’est où Champs sur marnes ? Et qu’est ce qu’il faisait là bas. Elle ferme les yeux. Questions subsidiaires dont elle s’occupera plus tard.

Avec un soupire, Noémie appelle rapidement le restaurant pour annuler le diner. Okay, première étape. Deuxième étape, prévenir la baby sitter qu’elle risque d’être en retard, le temps de chercher une solution pour que Filip’ puisse revenir ce soir, au lieu de devoir trouver un hotel elle ne sait trop où. Qu’il ne pourrait de toute manière pas payer. Non. Elle va devoir aller le chercher. Heureusement que le dépannage entre dans le cadre de leur assurance. Elle croit.
-Jeanne, bonsoir. C’est Noémie. Est-ce que cela te pose problème si je rentre plus tard que d’habitude ?
La petite cloche de la portée d’entrée tintinabule et intérieurement, la jeune femme se maudit. Elle a totalement oublié de verrouiller la boutique et c’est forcement à ce moment là qu’un retardataire se pointe. Loi de Murphy dans toute sa splendeur. Pourtant, en reconnaissant le client, les traits de la rousse s’adoucissent. Pendant que Jeanne règle rapidement un xiemme conflit entre les deux terreurs, elle s’adresse rapidement au nouvel arrivant, un bref sourire sur ses lèvres, alors qu’elle abaisse son portable.
-Hey, bonsoir Adriel, donne moi cinq minutes et je suis à toi. Le frère de Filipo m’a envoyé deux petites merveilles d’une petite production de Tequila qui vient directement du Mexique. Je te laisse regarder, elles sont sur l’étagère au fond, à ta droite.

Adriel est ce genre de client qui finit par faire parti de la famille ou presque. Fidèle dès les premières heures de la cave presque quatre ans plus tôt, il leur a montré un soutien indéfectible, n’hésitant pas à les recommander à ses amis ou pour des soirées externes. Lorsqu’elle recoit des bouteilles qui pourraient l’intéresser, Noémie a pris l’habitude de les lui mettre de coté pour une dégustation informelle quand ils en ont le temps. Néanmoins, ce soir, elle est un peu tendue et plus brusque qu’à l’ordinaire. Et cela ne s’améliore pas lorsque la baby-sitter revient en ligne après avoir restauré un calme relatif entre les enfants.

-Je suis désolée, Noémie, mais je ne pourrais vraiment pas rester plus longtemps ce soir. C’est notre anniversaire de mariage et j’ai réservé un diner sur un bateau-mouche.
-Je comprends. Je vais faire en sorte de ne pas te mettre en retard.
-Tu veux que je leur fasse prendre leur bain et les mette en pyjama ?
-Non, il est possible qu’on ressorte, est ce que tu peux juste me préparer leurs manteaux et leurs chaussures, juste au cas où ?


Merde. Merde. Merde. Elle finit par raccrocher quelques instants plus tard, et avant de rejoindre Adriel, elle prend le temps d’éteindre les lumières de la devanture, de retourner le panneau ouvert et de donner un tour de clef dans la serrure. Elle fermera plus totalement une fois qu’il sera parti. Mais vu comme sa soirée démarre bien, elle peut aussi bien prendre dix quinze minutes pour lui trouver Le vin dont il a besoin. Le stress se ressent dans sa posture et elle est à deux doigts d’allumer une cigarette à l’intérieur, allant à l’encontre de ses propres principes. Elle sort deux petits verres et ouvre une bouteille de Padre Azul, au bouchon typique, représentant une tête de mort, remplissant à demi l’un des deux shooter.

-Celle-ci, c’est une anejo, deux fois distillée et âgée en fut de bourbon. -Pour l’autre, elle attire une bouteille noire dont la forme rappelle celle des décorations du Dia de Los Muertos. – Elle, c'est la Kah, aussi une anejo, 100% agave bleue. Dans les découvertes récentes de mon beau-frère, c’est ma favorite.

Elle finit par retrouver un rythme de parole un peu plus calme, venant s’appuyer à demi sur une des tables de démonstrations. Elle se passe la main sur le visage, - Je suis désolée pour tout à l’heure. Ma soirée vient de se faire torpiller en flèche. On devait sortir ce soir avec les grémlins, au lieu de cela, Fil’ est coincé à trou perdu sur marnes, et je sais pas encore trop comment on va se débrouiller. Surtout qu’il faudra que j’aille récupérer les enfants, ma baby sitter peut pas rester plus tard. Bref, je vais bien finir par trouver, la providence, tout ca, tout ca.  -un mouvement du poignet alors qu’elle clos le sujet.  -tu passais pour faire un coucou ou tu avais besoin d’un sauvetage de dernière minute? -et cette fois, la taquinerie est un peu plus légère, un peu plus sincère.
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DonJuanAuxEnfers
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Mar 12 Mai - 18:32

Adriel Taylor
J'ai 7 000 ans ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis ange gardien et je m'en sors parfaitement bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien. De toute manière je n'ai pas le temps de me consacrer à quelqu'un d'autre..

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Dan Stevens :copyright:️ Amnesis

L’épais manteau grisâtre qui recouvre la capitale française s’éprend peu à peu des petites rues parisiennes. L’air ambiant qui se dégage des toits en ardoise tente de s’évaporer parmi les vapeurs de certaines cheminées encore en activité. Les flaques d’eau qui stagnent sur le bitume froid terminent leurs courses contre le pied des immeubles ou les passants lorsque la gomme des pneus de voitures grince en s’approchant d’un peu trop près. Un vent froid et insistant s’engouffre à travers le dédale des pavés poreux des rues parisiennes. Il se faufile entre le commun des mortels, leur arrache un frisson de fraîcheur avant de se disperser. Les dernières feuilles de l’hiver achèvent leur course contre le sol humide. De fines gouttes de pluie commencent à se perdre contre les baies vitrées des magasins. Les premiers parapluies s’élèvent. Les capuches se redressent. Plusieurs personnes courent s’abriter sous les devantures des grandes enseignes comme les Galerie Lafayette. Les rues se dépeuplent en quelques minutes. Les habitants se réfugient sous des porches, parfois trop étroits. D’autre se hâtent de finir leur course et hèle un taxi dans l’espoir fou qu’il s’arrête et les conduisent en lieu sûr. Pour certains il s’agit de leur dernier voyage. Ils règlent le chauffeur, comme les Grecs anciens payaient Charon sur les bords du Styx.

Paris. La ville qui ne dort jamais, qui n’a jamais sommeil. Autrefois elle s’appelait Lutèce. Adriel arpentait ces rues avec la même passion et vitalité. L’énergie et le rythme de cette ville lui offraient les vibrations et le goût du paradoxe nécessaire à son existence. Il était l’incarnation vivante de ce dynamisme, de cette ambition sans bornes et de cette puissance unique. Le temps se fige durant quelques secondes. Comme à chaque fois qu’il réapparait sur Terre, ses vieux réflexes s’éprennent de sa personne. Ses ailes opalescentes deviennent sombres puis elles se replient sur elles-mêmes, jusqu’à se dissimuler derrière une épaisse veste de cuir brune vieilli par le temps. Ses yeux bleus reflètent ses sept-mille ans d’existence jonchée de guerre et paix, même si Léon Tolstoï n’existe plus à présent. Puis le Maître du temps reprend ses droits. La vie reprend son cours. Un commerçant commence à se plaindre du mauvais temps, alors que son voisin renchérit de plus belle. En somme ils représentent les râleurs parisiens par excellence. Malgré les siècles passés, certaines villes continuent d’être fidèles à elle-même. Dans une certaine mesure elles lui ressemblent. Adriel a prêté allégeance il y a des siècles. Sa mission ? Veiller sur les créatures que Dieu a créées : les Hommes. Si certains anges se répugnent à protéger la race humaine, pour leurs homologues Démons c’est pire. Ils ne représentent rien, si ce n’est un moyen de pression sur le Tout-Puissant. La guerre qui anime ces deux clans, autrefois frère, s’éternise depuis des millénaires. Lorsqu’un orage gronde, les scientifiques contemporains pensent qu’il s’agit d’un phénomène météorologique des plus anodins. Pourtant les Hommes ont longtemps pensé qu’il s’agissait du reflet de la colère de leurs Dieux. Ils n’avaient pas totalement tort. Sauf qu’ils ne dissimulent pas la fureur vengeresse, mais simplement les combats qu’Anges et Démon se livrent corps et âme. Les éclairs qui fendent le ciel s’apparentent à la disparition de l’un d’entre eux. Ils grondent telles les trompettes de la mort. Sans le savoir et comprendre pourquoi, un humain est choisi pour ressentir la peine de cette perte. C’est l’une des raisons pour lesquels ils deviennent parfois tristes. Il n’y a aucune raison apparente, ils l’ignorent, mais ce sont eux qui portent le deuil de leurs protecteurs.

Aujourd’hui Adriel continue de se fondre au commun des mortels : partager leurs modes de vie, leurs mœurs. L’adage « métro-boulot-dodo » l’ennuie profondément. Le palais d’argent lui manque. Toutefois il doit se plier et paraître comme l’un d’entre eux afin de protéger Mademoiselle Noémie Favelle. Il s’est immiscé discrètement dans sa vie. À ses yeux il ne représente rien ni personne : un simple client lambda présent au moment opportun. Pourtant il demeure présent en permanence. Combien de fois lui a-t-il évité un sort plus terrible que la mort elle-même ? Elle n’en a strictement aucune connaissance, et c’est mieux ainsi. Imaginer les conséquences d’une telle découverte s’apparenterait presque à un blasphème. La Ville lumière ne tarde pas à sombrer dans les mains du poing d’argent de la nuit. C’est l’heure pour tous les démons de quitter leurs repaires et d’échafauder les plans les plus pervers et machiavéliques qu’il ne puisse exister.

Même si son refuge bénéficie du niveau d’insonorisation que l’on attend d’une demeure aussi froide et impersonnelle, les sons de la ville filtrent malgré tous les chuchotements des pneus sur l’asphalte, le crissement de protestation des freins et le concert des klaxons des taxis. Cependant il y a une personne qui ne peut se dissimuler à travers les bruits citadins. Depuis sa naissance l’écho de ses pleurs, de ses cris, de sa voix le suit continuellement. Assis contre l’ardoise de son balcon, non loin de la petite boutique dans laquelle elle travaille, Adriel continue de veiller sur elle. Si certains de ses pouvoirs angéliques lui permettent de surpasser ses adversaires, il y en a un contre lequel il ne peut rien : elle-même. Depuis trente-deux ans et même plus, Adriel veille sur elle. Il suit chacun de ses pas, entends ses mots, sa détresse et sa fragilité. Elle n’est plus la petite fille qu’il a vu naître. Aujourd’hui Noémie est une femme accomplie : un mari aimant et deux beaux enfants. Que peut-on lui souhaiter de plus ?

En entendant sa conversation téléphonique avec la nourrice de ses enfants, ses sourcils se froncent. Si pour le commun des mortels il s’agit d’un évènement anodin, pour lui non. Il y a autre chose. Un problème sous-jacent. Après tout, il n’y a pas de hasard, mais simplement des rendez-vous. Elle fait mille et une choses à la fois, mais comment parvient-elle à ne pas perdre la tête ? Puis Noémie se hâte de fermer le magasin afin de retrouver toute sa petite famille. Il passe le seuil de sa porte. La sonnette qu’elle a accrochée au-dessus sonne alors qu’un fin bruit cristallin retentit. Elle lui adresse rapidement quelques paroles tout en terminant sa conversation avec Jeanne. Il n’a même pas le temps d’en placer une que les octaves de sa voix s’élèvent. Elle lui présente un nouvel arrivage de Tequila alors que ses yeux feignent de s’intéresser à sa trouvaille salvatrice. Enfin elle se calme et se pose. Rapidement elle lui explique que sa soirée si tombe à l’eau. C’est le cas de le dire. La pluie redouble d’ardeur.

- « Oh… Non, cela peut attendre. Je repasserai demain matin ! Ce n’est pas urgent. File vite retrouver tes enfants et ton mari avant qu’ils ne se transforment en Grimlins, ou loup-garou, c’est au choix ! » Glissa-t-il d’un air plaisantin en sortant les crocs, tel un loup. « Tu veux peut-être que je te prête ma voiture ? Je suis garé à deux rues d’ici. Je la récupérerai demain en venant chercher ma commande, non ? » Lui proposa-t-il tout naturellement en sortant les clés de sa poche afin de les déposer sur le comptoir. « Évite juste de me la rayer, elle sort tout droit du garage ! » Ajoute-t-il sur le même ton.

Lorsqu’il faut se plier aux exigences humaines, il faut leur emprunter non seulement leurs habitudes, mais également locutions verbales.

- « Je peux même fermer le magasin si cela peut te faire gagner du temps ! »

Officiellement c’est une manière de lui faciliter la vie, officieusement Adriel compte bien mettre ce temps pour vérifier certains éléments. Depuis plusieurs mois la menace d’un plan démoniaque se rapproche de jour en jour. Aucun Homme n’est à l’abri de leur colère vengeresse.



« Si c’était à recommencer, je te rencontrerai sans te chercher. »
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Ven 15 Mai - 18:38

Noémie Favelle
J'ai 32 ans ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis Caviste, Onoeulogue et je m'en sors parfaitement bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis mariée à un homme merveilleux et je le vis plutôt superbement.

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Ce n’est qu’en voyant l’eau qui dégouline de l’imperméable d’Adriel que Noémie prend conscience des trombes qui s’abattent sur la ville. Un grognement interne qui ne fait qu’amplifier le sentiment que quelqu’un a décidé que cette soirée sera un total désastre. Evidemment qu’elle n’a pas pris de parapluie le matin. Il ne pleuvait pas quand elle est partie, et c’est plus encombrant qu’autre chose dans le métro. Là maintenant tout de suite, les centaines de mètres qui la séparent de la boutique de l’une des entrés de Chatelet les Halles sont une promesse d’arriver sans un cheveux sec à sa correspondance. Le retour jusqu’au Kremlin-Bicêtre promet d’être super fun.

En rejoignant Adriel, elle ferme les yeux, l’espace d’un court instant. Essayant de lutter contre un sentiment d’agacement qui ne sert à rien dans la situation présente. Luttant aussi contre l’envie d’ouvrir une bouteille de Pauillac, juste là maintenant tout de suite. Se frottant l’arrête du nez d’un geste nerveux dont elle a peine conscience, elle repousse l’idée. Si elle doit louer une voiture pour aller chercher Filippo, la jeune femme n’a pas l’intention d’avoir un gramme d’alcool dans le sang. Encore moins en ayant les deux lutins à l’arrière. Vendre du vin et des spiritueux n’équivaux pas à adopter un comportement irresponsable. Il n’empêche qu’elle peut presque sentir sur sa langue les saveurs du Bordeaux. Discuter rapidement avec son client dissipe les dernières tentacules capricieuses. En quelques phrases, Noémie s’excuse pour son comportement un peu moins commerçant qu’à l’ordinaire. Meme si avec lui, elle peut se montrer plus naturelle que les codes de la vente ne le le permettent ordinairement. Ses épaules se détendent et son sourire se décrispe un peu. Pour le moment, elle ne peut pas influer sur la situation, donc autant ne pas se comporter comme un ours à la veille de l’hibernation. Quoique, sur un coup d’œil à la vitrine martelée par les hallebardes de pluie, l’hibernation ne paraît pas une si mauvaise idée.

L’homme est à l’aise dans la boutique, il semble à sa place. Exactement là où il doit être, dans un état d’esprit ancré dans le moment qu’il vit. La rousse envie un peu sa capacité à occuper l’instant présent. Ou en tout cas, cette impression qu’il projette. Il émane quelque chose de chaleureux et solide dans sa posture et son regard. Rien que de lui parler, elle se sent plus stable.

-Tu es sur ? Tu as bravé ce temps pourri juste pour un brin de causette ? -Il n’y a pas de suspicions dans son ton, mais une pointe de curiosité certaine. Elle ne sait pas grand-chose d’Adriel, à part les éléments les plus basiques. Un léger soupire lui échappe à sa remarque -Vu ce que j’ai entendu au téléphone, ils sont déjà bien partis pour etre bien agités! - Légère emphase sur le Bien.

Ses yeux s’agrandissent légèrement à sa proposition et elle prend le temps d’y réfléchir quelques secondes. En temps normal, elle n’accepterait probablement pas. C’est un peu différent. Aller chercher les enfants en voiture plutôt que de rentrer en métro lui prendra deux fois moins de temps. Et ce serait beaucoup plus simple comme solution que de devoir louer un véhicule à cette heure-ci pour aller ensuite se perdre dans la campagne. Quoique, une rapide recherche sur google maps (love technology !) lui a a appris que ce n’était qu’à trente cing minutes en voiture. A condition que l’A4 ne soit pas totalement bloquée. Mais elle espère farouchement qu’un vendredi soir, ce ne sera pas le cas. -Tu es sur, tu n’en aura pas besoin ? Franchement, ca me sauverait la vie ! -Il peut sentir la tension qui glisse de ses épaules, en prenant conscience que ce ne sera peut être pas aussi compliqué qu’elle ne l’avait envisagé de prime abord. Un sourire plus franc éclaire son visage tachetée de taches rousseurs -Bon d’accord, peut être pas la vie, mais ca m’enlèverait une belle épine du pied. -Elle hausse un sourcil à sa remarque avant qu’un léger éclat de rire ne franchisse ses lèvres. La jeune femme fait quelques pas dans la boutique et referme la main droite sur le trousseau de clés qu’il vient de déposer. -Promis, elle n’aura pas une égratignure, ta poupée sur roue. Et ta commande demain, elle est pour moi. Je te dois bien ca !

Par contre, sa seconde proposition ne lui agrée pas. Gentiment, mais fermement, Noémie croise ses prunelles azur à celles du jeune homme, et son expression est un refus. -C’est adorable de ta part, mais cela ne me prendra pas longtemps pour boucler la cave si tu veux bien attendre encore dix minutes, le temps que je ferme l’ordi et la caisse? Je suis encore dans mon horaire habituel-Elle a beau s’entendre raisonnablement bien avec lui, lui laisser les clés de la boutique est hors de question. -Je ne peux pas te laisser fermer, les assurances se feront un plaisir de me tomber sur le dos si il y a le moindre problème pendant la nuit. Même un accident aussi bénin qu’un volet arraché par le vent suffirait pour que l’on doive remplir des tonnes de paperasserie.

Facette qui est probablement la plus pénible dans le faire d’avoir son propre commerce. Son pas est plus léger alors qu’elle remet de l’ordre rapidement dans les rayonnages et remet en ordre de manière à pouvoir trier facilement les livraisons qu’elle va recevoir le lendemain matin. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à discuter avec lui pendant qu’elle s’active. Il est évident qu’elle aime ces moments qui clôturent une journée bien remplie. Si elle adore avoir des clients non stop, ces moments de calme sont tout aussi savourés. -Tu viens de dire qu’elle sort du garage, je dois être délicate avec elle ?

C’est avant la fin du temps annoncé qu’elle récupère son sac à sa main et sa veste de cuir dans l’arrière boutique. Noémie rassemble ses cheveux en une queue de cheval qu’elle accroche vaguement avec un élastique. Attrapant au passage une bouteille au hasard qu’elle ouvrira une fois qu’elle sera rentrée au bercail avec mari et enfants. Si tout va bien, d’ici trois heures maximum. D’un geste du poignet, elle lui indique les étagères. -Si tu veux quelque chose, je te t’offre. -Elle équilibrera les stock et les comptes demain. Le laissant choisir, ou non, elle se dirige vers la porte d’entrée, avant d’avoir un brusque mouvement de recul quand une rafale d’eau et de vent glaciaux lui gifle le visage, un murmure qui lui échappe. -P’tain, il fait hyper froid. -Resserrant les pans autour de sa taille, elle ramène étroitement son sac à main contre son flanc et attend qu’Adriel sorte de la cave pour ferme la porte à clef, puis le rideau de fer qu’elle verrouille à son tour. Si le quartier des Halles s’est bien amélioré depuis une dizaine d’année, la faune qui traîne habituellement aux alentours du forum n’a pas besoin d’être tentée inutilement. Autour d’eux, les autres commerçants ferment boutiques aussi et elle salue courtoisement ceux qu’elle croise, échangeant quelques mots rapides, le temps de février n’invitant pas à s’attarder à l’extérieur. Frictionnant ses bras, elle reste sous l’auvent pour éviter de se faire tremper prématurément, le temps qu’Adriel soit à ses cotés et la guide vers sa voiture, prête à lui emboîter le pas – Après vous, monsieur le chevalier servant, sauveur de damoiselle en détresse, le taquine t’elle en réprimant un frisson en sentant plusieurs gouttes de dos se faufiler dans l’encolure de son chemisier, glissant avec une lenteur tortueuse le long de sa colonne vertébrale
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DonJuanAuxEnfers
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Dim 7 Juin - 16:59
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Adriel Taylor
J'ai 7 000 ans ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis ange gardien et je m'en sors parfaitement bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien. De toute manière je n'ai pas le temps de me consacrer à quelqu'un d'autre..

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S’il y a bien une chose qu’Adriel déteste devoir feindre, c’est le comportement lambda des êtres humains. La faim, le froid, le sommeil… Pour le commun des mortels, il s’agit de sensation naturelle et innée. Mais pas pour lui. Même après plus de soixante-dix siècles passés sur Terre, quelques habitudes ne lui sont pas encore familières. Il ne peut les ressentir que s’il se l’autorise. En revanche certaines émotions demeurent incompressibles. Elles surgissent de leurs ombres de lumières sans prévenir. La douleur et la tristesse ne lui laissent guère le choix du luxe. Alors lorsqu’ils quittent l’enseigne de Mademoiselle Favelle, sa petite réflexion l’amuse. C’est vrai qu’il fait froid. L’espace de quelques secondes, Adriel s’autorise à le ressentir. Le temps austère de ce mois de février ne laisse nullement de place au doute. Un frisson insensible s’éprend de son échine, tandis qu’elle donne le dernier coup de clé dans la serrure de sa cave à vin.

- « Oui elle sort tout droit du garage ! Elle avait besoin d’un chouchoutage express ! Ce n’est pas le moment de jouer aux autotamponneuses ! Je t’emmènerai à la Foire du Trône si tu veux te défouler après que tes enfants vous aient ligoté Filippo et toi-même ! » Glissa-t-il d’un ton amusé rien que d’imaginer Noémie et son époux ligoté à leur chaise, pendant que leurs enfants s’amusent à courir et gesticuler autour d’eux tels des Indiens heureux d’avoir attrapé leur proie avant de sacrifier un bison.

Le temps s’est brusquement rafraîchi. La grisâtre du ciel s’est amplifiée. Adriel relève la tête et scrute les cieux. Personne ne survole Paris. Aucun ange ni démon. Mais alors que signifie toute cette agitation ? Est-ce les prémices d’une colère sans pareille ? Sans pouvoir s’interroger plus longtemps, ils marchent tous deux en direction de sa voiture. Encore un instrument du Diable ! Aucun ange ou démon n’a besoin d’un véhicule pour se déplacer. Une paire d’ailes demeure bien plus rapide et fiable que cet engin monté sur quatre roues. Pourtant pour se fondre dans la masse, Adriel doit en posséder une et faire comme s’il était Monsieur Tout-Le-Monde.

- « Et voilà ! Le carrosse de Madame est avancé ! Tu n’es pas obligé de me la rendre avant minuit hein ! » Ajouta-t-il d’un ton plaisantin. « Voici les clés ! Je te la confie, tu prends soin d’elle ! » Dit-il en regardant sa voiture.

Difficile de dire à qui Adriel s’adressait réellement. Pour son interlocutrice, il s’agissait d’elle. Mais pour son véhicule, il s’agissait de Noémie. Cet énoncé à double sens demeurait plus que discret, mais signifiait tout. Même dans une situation des plus anodines, il se devait de veiller sur elle. Peut-être que ses interrogations et ses pressentiments demeuraient infondés ? Il n’était sans doute question que de évènements indépendants et de malheureuses coïncidences.

- « Je viendrai la récupérer demain dans la journée ! » Annonça-t-il en lui ouvrant la portière, tel que le ferait le portier d’un hôtel de luxe. « Aller file ! Avec un peu de chance, tu vas pouvoir éviter les embouteillages ! Et surtout… Amuse-toi bien avec tes bambins ! Je suis certain que tu vas être ravi de leurs cadeaux en pâte à sel et collier de pâte ! » Lâcha-t-il d’un ton ironique en riant avant de se pencher et de l’embrasser. « Un petit conseil… Profites en ! Ils grandissent si vite ! » Souffla-t-il d’un air sûr de lui.

Si pour le commun des mortels Adriel n’avait pas d’enfant, il n’empêche qu’il veillait sur ses protégés comme s’il s’agissait des siens. Aux yeux des Hommes le Temps est tout, sauf un cadeau. Jusqu’au dernier moment, il le perçoit comme un voleur qui me prend tout ce qu’il aime. Mais à la fin ils comprennent qu’il donne avant de prendre, que chaque jour est un cadeau, chaque heure, chaque minute, chaque seconde. La vie d’un ange ne semble pas pouvoir s’achever d’une manière aussi conventionnelle que celle des Hommes. Bien au contraire, ils sont les gardiens de leurs protégés. Ce que Noémie vit avec ses enfants et son époux, rien ni personne ne pourra lui retirer tant qu’il sera là. Alors qu’elle s’éloigne peu à peu, sa main se lève afin de la saluer une dernière fois. Puis elle disparaît en dépassant le coin de la rue. Soudain le Temps s’arrête quelques secondes. Ses ailes opalescentes se déploient, puis il s’envole à travers le ciel obscur. Le léger coup de vent qu’il laisse derrière lui surprend les quelques feuilles qui jonchent le sol humide.

De loin il suit son véhicule, et plus encore Noémie. Soudain un appel de détresse de l’un de ses homologues perturbe ses pensées. Adriel jette un dernier regard à sa protégée avant de voler à contrecœur en direction d’un autre ange. Brutalement il débarque et casse l’une des fenêtres d’un immeuble désaffecté. Ses ailes se replient alors que tous ses sens demeurent en alerte. Dans la pénombre du vieux bâtiment vétuste, quelques traces de sang argenté recouvrent le carrelage poussiéreux. Son poing s’arme de patience, prêt à bondir sur n’importe qui. Soudain une faible voix s’élève. Par précaution il s’approche lentement alors qu’une silhouette de dessine peu à peu dans l’obscurité.

- « Tu en as mis du temps. » Lâcha son interlocuteur en quittant l’ombre du pilier sous lequel il s’était réfugié.
- « Il y avait des embouteillages sur le périphérique. » Rétorqua-t-il d’un ton sarcastique. Que s’est-il passé ? » Demanda Adriel en pointant les taches de sang argenté du menton.
- « Ils sont de retour. La guerre est proche Adriel. Mais cette fois ils ne se contenteront pas de nous tuer. Ils nous prendront ce qui compte le plus à nos yeux. »

Le ton de sa voix se mêla aux traits de son visage fatigué. Samuel livrait un combat depuis des milliers d’années. Et aujourd’hui la guerre semblait être à leurs portes. Péniblement il se redressa et étendit ses ailes brunes. Le regard qu’il adressa à son frère se perdit entre l’espoir insensé de repousser cette nouvelle attaque et l’affection qu’il lui portait.

- « Les légions d’anges se regroupent par millier dans le ciel. » Lâcha son interlocuteur en quittant l’ombre du pilier sous lequel il s’était réfugié. « Même si leur messager a rejoint Lucifer, ils n’abandonneront pas. » Dit-il en désignant à son tour les traces de sang.
- « Qu’est-ce que cela signifie ? » Demanda-t-il en fronçant les sourcils d’un air inquiet. « Tu n’es pas simplement venu me dire que les Démons se regroupent. Tu as besoin de moi ? »
- « Nous nous en occupons. Continue de veiller sur les Hommes. Ce sont eux que nous protégeons. » Répondit-il d’un ton solennel alors que ses ailes commençaient à brasser de l’air et à s’élever.

Soudain un vif pressentiment dangereux s’éprit d’Adriel. Les pupilles de ses yeux se dilatèrent immédiatement. Les poils de ses bras se hérissèrent alors que ses ailes se déployèrent. Il sortit en trombe du bâtiment sans prendre le temps de saluer son interlocuteur, puis il s’élança dans le ciel de la capitale.



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Noémie Favelle
J'ai 32 ans ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis Caviste, Onoeulogue et je m'en sors parfaitement bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis mariée à un homme merveilleux et je le vis plutôt superbement.

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Rachelle Lefèvre :copyright:️ Praimfaya

Le temps glacial de ce début de soirée de février n’invite pas à discuter plus longuement sur le parvis avant de se séparer. Noémie est vraiment reconnaissante à Adriel de lui prêter sa voiture pour la soirée. Elle lui adresse un sourire plus léger en écoutant ses plaisanteries. -Une soirée à manger de la barbe à papa et des Churros ? Partante ! définitivement partante ! On pourra induire un coma glycémique chez les enfants et profiter de la fin de soirée avec une bonne bouteille à la maison ! -L’idée lui plait bien et ce sera peut être l’occasion d’en apprendre un peu plus sur son adorable bienfaiteur qui reste si discret sur lui-même. Peut être aussi lui présenter une ou deux de ses amies célibataires. Elle est certaine qu’il s’entendrait bien avec Laetitia. Et la jolie blonde aurait bien besoin d’une sortie pour la divertir de son divorce.

Elle n’accorde qu’une attention distraite à la voiture, si Adriel lui assure qu’elle est en parfait état de marche, la rousse ne voit aucune raison d’en douter. Surtout si elle sort juste d’une révision au garage. -En quinze ans de conduite, je n’ai jamais eu aucun accident. Ta citrouille sur roue est entre de bonnes mains. -la jeune femme exagère une expression horrifiée devant les « cadeaux » qui l’attendent après une longue après midi de bricolage comme le suggère son ami. -Je sais quoi t’offrir pour Noël, du coup ! A demain Adri, bonne soirée, j’espère que ca ira en métro. -Lui rendant sa bise, elle s’installe dans l’habitacle et ne tarde pas à s’infiltrer dans la circulation encore fluide. Direction le Kremlin puis Champs sur Marnes. Avec un arrêt au premier fast Food venu. Avec un peu de chance les deux vont rapidement s’endormir après leur estomac rempli. De l’attention intense dont elle fait l’objet de la part de l’Ange déguisé, Noémie ne perçoit rien. Pas plus que de l’intérêt malveillant qu’elle a éveillé.


Dans un garage anonyme du périphérique Sud, le mécanicien en chef et patron de sa petite boîte fait un tour méthodique de sa propriété. Le pas sur et décidé, il ouvre toutes les bouteilles de gaz qui sont sur son chemin, de la plus petite qui sert à ses soudures aux plus importantes dans le petit coin cuisine. Il déverse sur le sol tous les bidons de gazole et d’huile, de liquide de refroidissement qui sont sur son passage. Si ses gestes n’ont pas la moindre hésitation, son regard est vitreux, opaque. Il y a une tension mécanique dans sa démarche et sa main droite est régulièrement agitée d’un spasme nerveux qui la contracte brusquement. Ses employés ne sont pas là pour l’observer, ils ont terminé leur journée de travail une heure auparavant. Pourtant, il n'est pas seul. Cela fait plusieurs mois qu’il n’est plus jamais seul. Il semble peser autour de lui un miasme plus opaque que le pétrole. Si Adriel et ses collègues veillent sur l’Humanité et tentent de l’orienter vers l’harmonie, des forces obscures entravent chacun de leurs pas. Un équilibre instable qui est sur le point de basculer. Sans marquer de temps d’arrêt, il marche dans les flaques aux fumées toxiques, s’imbibe le bas du bleu de travail à chaque pas. Son atelier est dévasté après son passage, il n’en voit rien. Il s’allume une cigarette au milieu du carnage. Il n’aura pas le temps de goûter la première bouffée. Ce sont les vapeurs qui s’enflamment en premier. Son cri de terreur et de réalisation se noie dans le fracas des flammes affamées et carnivores. Il a retrouvé sa conscience au dernier moment. Cruauté particulière de son ombre indésirable. Ombre qui s’efface, à la présence indétectable. Elle n’a pas finit son travail pour cette nuit.

Il faudra plusieurs heures aux pompiers pour maîtriser l’incendie et le corps calciné ne sera découvert qu’au petit matin. Bien d’avantage pour l’identifier avec certitude.


C’est avec soulagement que Noémie constate que ses prévisions se réalisent. Les enfants ont été plutôt calmes dans la voiture et ravis de cette sortie inattendue.  Installer les deux sièges auto qu’ils ont de cotés quand leurs parents respectifs prennent les lutins s’est révélé moins compliqué qu’à l’ordinaire. Se rendre à Champs sur Marne a été beaucoup plus facile que prévu, merci google maps et son gps intégré ! Seules les conditions météorologiques s’acharnent de plus en plus sur l’île de France. La pluie succède à la neige pour revenir sur de la pluie en un rideau interrompue. Heureusement que Filippo a pu trouver un refuge dans un café prés de la gare. Leur propre voiture, elle, n’a pas bougé d’un iota. Noémie ignore ce qui cloche avec elle, mais ce qui est certain, c’est qu’elle n’a pas envie de passer quatre heures à attendre sur place. Le couple déteste jeter de l’argent par les fenêtres mais ce sera l’exception qui confirme la règle. C’est en marchant de long en large, tirant machinalement sur ses mèches rousses que la jeune femme s’assure que leur véhicule en rade sera rapatrié le lendemain par un garagiste en contrat avec leur assurance. L’idée d’attendre deux heures de plus minimum pour que la dépanneuse se déplace ce soir est au dessus de leur force. Pas quand il est déjà plus de vingt et une heure trente et que la chaussée s’orne d’une brillance qui trahit la présence d’un verglas traître. Ils ont encore le temps de rentrer, coucher les enfants et profiter d’un peu de temps pour eux en partageant un dîner livré par une appli ou une autre.

De plus, Noémie est nerveuse. Sans qu’elle ne puisse s’expliquer pourquoi, il y a un je ne sais quoi dans l’air qui la pousse à retrouver au plus vite la sécurité de leur appartement. Il n’y a rien de tangible qui explique son sentiment. Elle n’en parle pas à son époux. Non qu’il se moquerait delle, il a l’habitude de ses intuitions qui leur ont permis de dénicher des petits vignobles aux crus exceptionnels. Mais cette fois, elle n’a absolument aucun éléments tangibles. Juste cette impression qu’ils sont observés. Qu’il y une atmosphère dangereuse qui rode. Pour la première fois depuis la grossesse d’Auriane, elle a terriblement envie d’une cigarette.

Le disque du semi remorque, le chronotachygraphe, aurait du indiquer que le chauffeur du poids lourd venu d’Italie avait dépassé son temps de conduite de plus de cinq heures. Qu’il n’avait pas pris de pause depuis près de quatre. Rien de tout cela n’est pourtant enregistré sur son panel numérique. Aucune anomalie n’est à détecter sur sa carte conducteur. Le chauffeur lui-même ne sent plus la fatigue et n’a pas conscience qu’il tire sur les limites tant de son camion que de lui-même. Sa route habituelle ne passe pas en Ile de France. Il devrait être sur la A26 et non la A4. Il a ignoré plusieurs appels de son supérieur et son téléphone est passé par la fenêtre avant de se faire broyer par les roues. Son visage est couvert d’une fine pellicule de sueur qu’il essuie d’un dos de main qui revient se poser sur le volant. Quand bien même il a tenté plusieurs fois de se ranger sur le bas coté, il oublie rapidement d’où lui vient l’impulsion de se garer et de descendre de son 36t. Non. Il doit continuer. Impérativement. Il a rendez vous. C’est important. C’est crucial. C’est vital. Non. Il doit se garer et arrêter de conduire. Ou faire demi-tour. Ou… Ses doigts se contractent sur le volant et il donne encore d’avantage de vitesse à son camion. Clignant des yeux de plus en plus fortement.

Fil lui a proposé de conduire pour le retour mais Noémie l’en a dissuadé sereinement. Une sérénité qu’elle feint. Une angoisse de plus en plus palpable lui serre le cœur. Elle s’est retournée plusieurs fois sans voir personne. Maintenant qu’elle a rejoint l’autoroute, Noémie s’est surprise a vérifier plusieurs fois si la même voiture n’était pas dans son rétroviseur. Rien. Sinon la pluie verglaçante qui redouble de vigueur. Au point que les essuies-glaces peinent à chasser l’eau du pare-brise. Et une nuit sombre, si sombre que les lampadaires censés éclairer la nuit sont de pauvres îlots à la luminosité qui créent plus d’ombres qu’ils n’en éloignent. A l’arrière les enfants se sont endormis tout comme son époux. La radio n’émet que de la statique, sans doute que les ondes sont troublées par la tempête qui fait rage. Il n’y a aucun bruit de klaxon quand les phares du semi remorque surgissent derrière elle. L’aveuglant momentanément. Le camion entreprend de la dépasser. Sa masse rendant insignifiante la taule de la voiture d’Adriel.
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Adriel Taylor
J'ai 7 000 ans ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis ange gardien et je m'en sors parfaitement bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien. De toute manière je n'ai pas le temps de me consacrer à quelqu'un d'autre..

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Dan Stevens :copyright:️ Amnesis


Ses ailes opalescentes battaient le vent à un rythme si effréné, qu’aucun mortel n’aurait pu le discerner. Son rythme cardiaque augmentait si fiévreusement qu’il aurait presque pu dissimuler les éclats colériques du ciel ombré. Ses yeux vifs cherchaient désespérément sa protégée. Son regard se perdit à travers le flot de voiture qui circulaient sur le périphérique, avant de poursuivre leur chemin sur l’autoroute. Soudain la course d’Adriel s’arrêta brusquement. Un bruit tonitruant déchira son âme alors qu’il demeurait totalement impuissant. Durant quelques brèves secondes, son monde s’écroula. L’asphalte des pneus grinçaient sur le bitume mouillé. Plusieurs voitures s’arrêtèrent à leur tour. Les feux de détresses s’illuminèrent au milieu de cette sombre noirceur. Le vrombissement du moteur continuait de battre. A perte d’haleine, il se précipita en direction de Noémie. Ses ailes se dissimulèrent si rapidement derrière son épaisse veste qu’il manqua de se les rompre. Lentement, Adriel s’approcha de la carcasse du véhicule.

- « Noémie ? » Prononça-t-il plusieurs fois en espérant percevoir son timbre de voix. Mais rien. Seuls les gémissements de ses enfants et de son mari se firent entendre.

Les plaintes de sa fille Auriane brisaient les larmes de Fil. Alors que plusieurs personnes tentaient de joindre les secours, ses yeux consternés continuèrent de la chercher. Les traces âcres de sang qui jonchaient le sol se mêlaient à une odeur si familière et détestée : la mort. Subitement une silhouette semble s’échancrer de l’épaisse fumée noire. C’est elle. Adriel la reconnaîtrait les yeux fermés. Péniblement, il tente de l’extraire des décombres tandis que les sirènes du Samu chantent déjà les louanges funèbres.

- « Je suis là. » Murmure-t-il alors que les pompiers essayent d’extraire ses enfants et son époux.

Les plaies béantes qui marquent son petit corps demeurent irréaliste. Un filet d’un rouge vif s’échappe de la chute de ses reins. Si Noémie n’est pas opérée le plus rapidement elle perdra l’usage de ses jambes. Inutile d’être médecin pour le savoir… Plus de sept mille ans d’existence suffise amplement.

Dans un élan de folie furieuse et d’inconscience, Adriel déplie légèrement ses ailes afin de prélever l’une de ses plumes angéliques. La douleur qui emplie son âme ne trouverait presque aucun homologue, si ce n’est celle de Noémie. Pour le moment les médecins tentent vainement de réanimer ses enfants. Quant à son mari… L’ambulance l’emporte déjà.

- « Reste avec moi… Je t’en prie. » L’implore-t-il en glissant sa plume déchue sur sa blessure.

Instinctivement elle s’illumine, jusqu’à l’irradier d’une douce chaleur voluptueuse. Cette douleur n’est plus qu’un lointain souvenir à présent. Elle s’est refermée. Quelques minutes plus tard d’autres médecins s’approchent d’elle afin de la prendre en charge. L’un d’entre eux attrape Adriel et le force à lui lâcher la main. Inévitablement, il vocifère. La laisser seule ? Impossible. Cette vision à elle seule, suffit à le paralyser. Comment les humains peuvent-ils rester calme face cette situation ? Impuissant… Il ne peut que les observer silencieusement. Alors qu’un pompier lui ordonne de ne pas monter dans le camion, leurs regards se croisent. L’agacement d’Adriel se mêle à ses pouvoirs angéliques. Si bien que son interlocuteur ne poursuit pas. Puis le fourgon démarre sans plus attendre. Un masque à oxygène recouvre son visage tandis qu’un épais filet de sang s’échappe de sa tempe. Les minutes paraissent affreusement longues. Le trajet est long. Trop long pour qu’Adriel ne parvienne à garder son calme. Comment cela a-t-il pu se produire ? Il y a quelques heures à peine, ils discutaient sur le parvis de sa boutique. Serait est-ce le signe avant-coureur des avertissements de Samuel ? Peut-être. Le ciel n’a eu de cesse de se couvrir et les éclairs de jaillir.

Une fois à l’intérieur de l’hôpital on l’emmène en salle opératoire. Cet horrible sentiment... D’être impuissant continue de le gagner. Cette fois, ce sont aux humains d’espérer et de croire en eux. Le sable du temps s’écoule aussi lentement que les gouttes de café de cette foutue machine. Soudain, sa tête se redresse. De l’autre côté de cette cloison, le médecin annonce à ses collègues l’heure du décès de ses enfants ainsi que de son époux. Si officiellement Adriel n’est pas sensé le savoir, un épais sentiment de culpabilité s’infuse de tout son être. Comment a-t-il pu être si négligeant ? Il ne s’est éloigné d’elle qu’une dizaine de minutes tout au plus.

Plusieurs heures plus tard Noémie quitte enfin le bloc opératoire. Le chirurgien s’approche de lui, le rassure en lui révélant que ses jours ne sont plus en danger et qu’elle a eu beaucoup de chance de s’en sortir : quelques hématomes, deux côtes cassées, un léger trouble de l’oreille interne qui peut se résorber...  

- « Elle a eu beaucoup de chance. Souvent dans ce genre d’accident de la route, la colonne vertébrale demeure atteinte. On peut dire qu’un ange gardien veille sur elle ! » Lance-t-il comme si de rien n’était.

Parfois les humaines parlent pour ne rien dire mais là… Sa phrase demeure lourde de sens. Sans pouvoir se retenir, un souffle ironique transperce ses lèvres alors qu’il le remercie et entre s’installer sur l’une des chaises de sa chambre. Alors qu’une infirmière entre, il se lève et quitte la pièce afin de la laisser pratiquer les soins nécessaires.

Le métal froid de sa bague angélique caresse son nez. Un rappel. Une énième douche froide. Sa tête tombe à la renverse et prend appui contre le mur pendant qu’un faible gémissement s’échappe de ses lèvres. La peur. Non. Pire que cela... Adriel demeure effrayé. Aussi longtemps qu’il puisse s’en souvenir, il ne lui semble pas avoir été aussi effrayé de toute son existence. Pourquoi éprouve-t-il le pressentiment que tout est sur le point de s’arrêter ? Pourquoi la fatalité semble-t-elle si proche, soudainement ? Pourquoi elle, et pas lui ?

- « C’était ma vie qu’il fallait prendre. Pas la sienne. » Murmure-t-il en relevant la tête.

Soudain, une main s’abat contre son épaule. Péniblement son regard s’élève à la rencontre de deux orbes noirs. D’une profondeur comme il n’en n’a jamais exité sur Terre. Et durant une seconde Adriel s’autorise se perdre dans cette mer de ténèbres sans fin.

- « Samuel ? » Répète-t-il d’un ton monocorde.
- « Je suis désolé. » Lâche-t-il en regardant son frère d’arme.
- « Où sont-ils ? » Demanda-t-il d’une voix déterminée.
- « La vengeance ne les ramènera pas. »
- « Je ne quitterai pas cette Terre si je ne peux les emporter avec moi. » Affirma-t-il en fermant son poing.
- « Nous nous en occupons. Veille sur eux. Ils ont besoin de toi. Ils ont besoin de croire en eux. »

La voix posée de Samuel calmerait tous les esprits, même les plus ardents. Son visage marqué par les nombreuses années respire la sagesse. Son regard. Il avait le regard de ces gens auxquels Adriel pensait tout à l’heure. Ces gens qui avaient tout perdu. Ces gens qui avaient tout vu. Ces gens qui avaient tout vécu, et surtout le pire. Ils se lèvent tout deux, l’un poursuit sa route et s’envole vers d’autres ciels et l’autre demeure ancré au sol, près de cette chambre. Le jour tombe doucement au-dehors et les urgences se remplissent eu fur et à mesure des heures. La douleur atrophie ses sens et son jugement alors que l’attente d’un nouveau jour tarde à chasser l’obscur voile de la nuit.



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Jeu 14 Jan - 18:34
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Noémie Favelle
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Rahelle Lefevre@Praimfaya


Une présence. Lourde et pesante qui semble l’écraser de sous poids, ne lui permettant qu’à peine de respirer. Sa concentration vacille et elle peine à maintenir le véhicule sur la chaussée. Sa tête est envahit du même brouillard que celui qui règne à l’extérieur de l’habitacle, la jeune femme n’a qu’à peine conscience que ses mains se resserent sur le cuir du volant. Les phares qui percent la nuit sur son côté droit, le meuglement du klaxon n’accentuent que davantage son étourdissement. Brutalement, le camion se rabat. Lui coupant la route et l’envoyant caréner vers la glissière de sécurité. Son crâne est pris dans un étau, sa tête sur le point d’exploser, les ravages d’un rire que des oreilles humaines ne devraient jamais percevoir. Qui n’est pas fait pour les sens d’un mortel. Le volant ne répond plus. Ses pieds appuyent avec un desespoir croissant sur une pédale de frein qui s’enfonce jusqu’au tapis de sol sans rencontrer la moindre resistance. Un hurlement d’effroi enfantin, la voix de sa fille qui l’appelle dans un cri auquel elle ne peut répondre.

Un choc inhumain qui se réverbère dans sa colonne vertébrale alors qu’elle est projetée dans le pare-brise, à peine retenue par sa ceinture de sécurité qui vient broyer les côtes. Noémie ne parvient pas à tourner la tête sur le côté droit. Celui où devrait se trouver Filipo et d’ou elle ne percoit qu’un courant d’air glacial et les gemissements d’une tôle froissée alors que la voiture continue sa course folle avant qu’elle ne perde la mesure de son environnement, ses sens brouillés par les tonneaux qui achèvent de la plonger dans une confusion sombre. Désincarnée. Une douleur diffuse et complète dont elle ne parvient pas à identifier la source. Elle essaie de se retourner sans que son corps ne lui réponde. Elle flotte dans une lave incandescente où les axes des dimensions n’existent plus.

La carrosserie est une travestie grotesque de la voiture rutilante. Sa voix s’effiloche dans les sirènes et les actions des pompiers et des ambulances. Elle ne voit rien. N’entends rien. Cherche désespérément les échos de ses enfants et de son mari pour être seule. Seule dans un brouillard infernal. Seule avec une main qui lui écrase le cœur. Jusqu’à un souffle. Une présence plus douce qu’elle ne peut relier et qui lui est familière. Et si étrangère. Elle hurle. Elle hurle sous une pression qui paraît mettre ses os à vif, juste  à la base de sa colonne vertébrale. Pourtant, elle reste inerte dans les bras qui l’ont recueillis. La souffrance disparaît et son absence si soudaine est une incompréhension de plus. Ses paupières papillonnent mais ses prunelles ne parviennent pas à se fixer. Restent terriblement dilatées.

La jeune femme ne redevient elle même qu’après un laps de temps dont elle ne souviendra jamais. Une chambre d'hôpital. Des couronnes de fleurs. Les murmures des médecins. Une cacophonie qui l’agresse jusqu’au plus profond de son âme. Car cette fois, bien que les différents intervenants, les policiers qui ont tenté d’éclaircir les circonstances de l’accident, et les infirmiers qui se sont succédés à son chevet le lui ont expliqué plusieurs fois, elle n’avait pas compris. Pas compris l'étendue de sa perte. Un cri qui puise sa souffrance dans les entrailles torturées de cette vie détruite.. Des larmes dont le sel brûle les plaies sur son visage. Un vase qui vole à travers la pièce pour venir s’écraser contre un mur, répandant l’eau et le parfum des fleurs coupées.

- Je ne veux voir personne ! Et surtout pas LUI. -sanglot interminable. Un visiteur ? Adriel? Comment ose-t-il ?! Comment peut-il! Il lui avait promis! Promis que sa voiture venait d’être révisée. Qu’elle avait été contrôlée. Les explications des policiers, un problème mécanique. Le mauvais temps. Un conducteur de poids lourds harassé de fatigue. Mort sur le coup. Qui ne peut être tenu coupable. Et Noémie, dans cette brutalité d’une normalité où plus rien ne fait sens à besoin d’un responsable. De se raccrocher à quelque chose. Pendant quatre jours, des infirmières viendront la visiter, contrôler comment son corps se remet de l’accident. Des opérations qui se sont succédées. Kinésithérapeute. Rééducation. Et elle impose une politique de zéro visite. Malgré les amis qui se pressent. Malgré la famille éloignée qui veut la soutenir. C’est insupportable. Son deuil est de rage et de colère. Sinon elle se fout en l’air. La famille de Filippo, ses parents et son frère se sont envolés du Mexique pour se retrouver dans cette bulle de misère et de peine. Elle ne tolère pas même ses propres parents, qui ont perdu leurs petits enfants. Et pas Adriel. Surtout pas Adriel, il ne pourra franchir cette porte, elle l’interdit autant de fois que nécessaire.

***

Sur Paris, règne une tension mauvaise. Une joie malsaine qui trouve son pinacle au cœur de la faune agitée qui hante les Halles. Les toits se perdent dans un voile presque imperceptible, dissimulant aux mortels aveugles la réalité des créatures qui s’y rassemblent, tiennent conclave et se dispersent selon les besoins. Il règne depuis plusieurs jours une atmosphère d’attente et d’anticipation. Le premier coup a été porté, ils attendent la réponse angélique avec un délice gouailleur. Trônant au milieu des gargouilles malveillantes, la figure de Focalor. Ses ailes de griffons sont pour l’heure repliées dans son dos et sa jeunesse apparente est un leurre. C’est l’un de ses lieutenant personnel qui a veillé à porter le premier estoc, choisissant pour victime l’un des bétails protégés. Presque gagné par l’ennui malgré la réussite de son plan, le Démon Primaire joue avec les vents. Imposant un tourbillon constant sur ce coin qu’il a élu comme centre d’opération. S’assurant la discretion si d’aventure un idiot angélique avait l’outrecuidance de vouloir jouer les mouchards. Ses trente légions sont prêtes à répondre à son commandement et lorsque son regard acide balaie l’assemblée, il sait qu’ils seront bien plus nombreux. Et dans les anciennes forêts royales, non loin de Marly le Roi, il peut entendre les cors de Barbatos dont les échos franchissent la distance qui les séparent. Un regard agacé, presque teinté de mépris, vers Astaroth dont la puanteur lui assaille les narines, mais dont les quarante légions seront indispensables dans les prochaines batailles à venir. La réponse ne tardera pas. Sinon, il devra peut-être s’occuper personnellement de l’humaine qui a survécu à l’accident. Et aux milliers d’autres de part le monde qui ont subi un sort similaire à Noémie, bien que les méthodes aient différés. Mais la rousse… c’est personnel. Adriel, c’est différent. Flambée de haine qui provoque une houle sauvage de la seine, noyant plusieurs péniches. Oups. Plusieurs millénaires d'existence, plusieurs millénaires de rivalités et de conflits entre les deux entités. Mais déjà un autre démon requiert son avis, le détournant de l’objet de rage.

Le nombre de délits, de crimes, d’agressions, de sauvagerie augmente sordidement dans les halles. Au point qu’un renfort de police s’est déjà trouvé débordé par le nombre de plaintes et de victimes. Les touristes font des cibles privilégiées des pickpockets et il règne depuis une dizaine de jours un climat d’incertitude et de peur qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Des disputes de rues éclatent pour un rien, les commerçants se montrant de plus en plus vindicatifs, désagréables. Plus d’une voiture crame le soir tombé, phare de ténèbre.

***
Dix jours après l’accident.

Cela semble encore irréel. Pourtant, Noémie se tient droite, aussi droite que possible, entourée cette fois d’une foule dont les visages se noient. Ses mouvements sont mécaniques. La jeune femme n’a pu rentrer dans l’appartement qu’elle habitait avec Filipo, Auriane et Axel. Pas plus que dans la boutique. C’est au-dessus de ses forces.  Dans son sac à main, une flasque discrète. De la tequila venant tout droit du Mexique. Elle n’est pas saoule. Mais rien que de savoir l’alcool à portée lui permet de faire face à ces trois ouvertures de terres, à ces cercueils face à elle qui ne vont pas tarder à rejoindre leur dernière demeure. Des paroles de soutien, une église trop petite pour accueillir tout le monde. Des amis de classes des enfants, aux collègues de son époux, de ses propres amis, de la famille. bien plus qu’elle n’aurait pu l’imaginer.  La rousse ne s’est pas écroulée. A tenu bon durant la cérémonie. Catholique, Fil n’aurait pu supporter autrement. Elle, elle s’en fout. N’est plus sûre d’avoir foi en quoique ce soit. Une partie d’elle est anesthésiée. Elle vacille pourtant. Agrippe de justesse un pilier de pierre, l’autre main filant dans son sac. Juste pour vérifier la présence de la flasque. Geste anodin. Le prêtre offre une dernière bénédiction. Une dernière parole de réconfort avant que les officiers des pompes funèbres ne déposent les carcans de bois dans leur cœur de verdure. Elle doit s’avancer. Déposer rose et poignée de terre meuble. C’est sans savoir comment qu’elle parvient à imposer ces gestes à un corps encore blessé. C’est un soulagement aride. Bientôt les gens viendront lui offrir leurs paroles vides de sens, et s’en iront. La plaindront. Elle aura un temps de respiration avant de rejoindre la poignée d'intimes chez ses parents à quelques kilomètres de là. A t-elle vraiment repris contact avec la réalité? Elle entend encore les rires et les plaisanteries des siens, juste là… si proche.



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Adriel Taylor
J'ai 7 000 ans ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis ange gardien et je m'en sors parfaitement bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien. De toute manière je n'ai pas le temps de me consacrer à quelqu'un d'autre..

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Dan Stevens :copyright:️ Amnesis

Un cri de souffrance transperce la coupole céleste. La lumière qui le zèbre s’atténue au fur et à mesure que sa douleur s’intensifie. Le vase qui traverse la pièce se brise. Les fleurs qui jonchent le sol s'apparentent à celles qui fleuriront bientôt sur le caveau familial. Ses chaudes larmes tentent vainement de réchauffer son cœur meurtri. Chacun de ses gémissements de douleur emplit son cœur de tristesse alors qu’Adriel ose reparaître devant les siens. Les lourds regards de ses semblables se fondent à travers son échec et la peine qui l’anime. Nul mortel n’a trépassé par l’action d’un Démon depuis des décennies. Chaque perte s’accommode de sa propre tragédie. Le silence s’immisce peu à peu dans les conversations. Tout le monde se regarde sans le briser. Au-delà d’une terrible perte, ils viennent de provoquer la colère du Tout Puissant et de ses légions : s’en prendre à ses créations demeure l’un des sacrilèges les plus sacrés. L’eau froide qui heurte son visage angélique chasse ses larmes et appelle le courroux de sa vengeance. Les ailes de ses frères d’arme se replient, n’osant pas l’approcher ils restent sur les marches de l’imposant mausolée. Noémie n’avait rien contre eux. Elle ne leur a jamais fait le moindre mal, contrairement à lui : elle s’acquitte malgré elle de cette dette. 

*** 

Les Démons quittent leurs crapuleuses tanières. Ils déploient leurs ailes velues et souillent le voile de vérité. L’odeur écœurante qu’ils laissent dans leurs sillages signe et trahit leurs présences. Même les bourrasques de vent ne peuvent les absoudre. Pire encore… Ils pullulent à travers toute la capitale et envahissent le cœur des mortels. Les sombres idées qu’ils leurs insufflent finissent par devenir réalité. Les heurts s’amplifient. Les maux des Hommes éclatent. La violence s’imprègne peu à peu de ce quartier si populaire. Il retrouve son Histoire de jadis. Celle où cette ville se nommait encore Lutèce. Les cris d’incompréhension et de désespoir se mêlent à la véhémence et l’incompréhension des riverains. Le lit de la Seine se pare d’une sombre teinte. Elle porte les stigmates de cette guerre sempiternelle. Chaque soir, elle tente d’ablutionner les éternelles séquelles, mais en vain. Témoin de conflit, elle porte en elle l’Histoire des violents affrontements. Les génies du Mal relancent cette guerre sans savoir qu’ils viennent de la perdre. L’odeur infecte et puante envahit l’odorat des Anges. Ils perturbent leurs repères pendant que leurs présences se renforce. Les légions affables se regroupent si rapidement que l’orgueil des anges s’enhardit. Les regards bouillonnants qu’ils s’échangent se heurtent aux rugissements sauvages des Démons. A présent la colère et la vengeance anime les yeux d’Adriel. Ses poings se ferment violemment alors que l’empyrée se couvre d’un linceul. Trois d’entre eux se sont regroupés dans le Jardin des Tuileries. Ils complotent et fomentent le retour du Malin. Les ampoules des lampadaires claquent, emportant avec elles le seul espoir de rédemption qu’ils leurs restaient. Elles plongent ce dédale végétatif dans l’Enfer qu’ils ont emporté avec eux. Soudainement leurs têtes tombent les unes après les autres. Elles s’échouent contre le sol poreux, les renvoyant ainsi d’où ils viennent. Le cri lamentable et plaintif que le dernier profère se meurt contre la lame cinglante du protecteur. Son haline putride s’immisce contre ses dents jaunes. Son sang si caractéristique de son espèce se répand sur la création du Tout Puissant. Malgré tous ses efforts, cela ne pourra pas les ramener ni apaiser sa fureur. Au même moment un nouveau battement d’aile s’immisce dans ce jugement. Instinctivement sa lame se dresse avant de s’arrêter à la hauteur de son interlocuteur. Les traits de son visage marqué se relâchent en reconnaissant son interlocuteur. Que fait-il ici ? Ne devrait-il pas être avec leurs semblables ? 

- « Adriel. » 

Exorciser son échec et les Démons qui l'accompagnent, telle est la raison de sa présence ce soir. Rien n’aurait dû lui arriver, ni à elle ni à sa famille. Ils ont osé lever la main sur l’être le plus innocent qu’il devait protéger. Que ces vils sujets s’en prennent à lui n’est pas anodin. Mais qu’ils osent s’attaquer à sa protégée est inconcevable, même si cette rivalité se perpétue depuis des milliers d’années. Si le pardon demeure l’une des prérogatives du Tout Puissant, les envoyer auprès de lui est la sienne. 

*** 

Dix jours après l’accident 

La culpabilité semble être une qualité humaine, mais en cette sombre époque elle l’outrepasse. Elle ronge le cœur d’Adriel comme la rouille de son anneau angélique qu’il caresse chaque soir. Pourquoi ? Pourquoi elle ? Pourquoi eux ? Pourquoi lui ? Il se renferme peu à peu sur lui-même et son échec. En sept mille ans, il n’a jamais échoué. Le goût de la défaite demeure amer alors que celui de la vengeance paraît si doux. Incapable de se présenter devant elle, il n’ose même plus l’approcher dans ses songes. Que pourrait-il lui dire qu’elle ne connaisse déjà pas ? Soudain le glas de la défaite retentit. Perché sur le clocher, ses yeux ne l’ont pas quitté. Intimement Adriel partage sa peine. Les trois cercueils quittent l’un après l’autre l’église. Pauvre enfant, si jeune et innocent. Ils laissent derrière eux une mère éplorée. Aucun parent ne devrait enterrer son enfant. L’épreuve qu’elle subit demeure insurmontable pour le commun des mortels. Comment pourrait-on surmonter cette peine sans ternir son âme ? Sa gorge se tarit.Son estomac se noue.Ses mains tremblent. A présent, ils reposent dans un monde où leur mère ne peut les suivre. Ils l’attendent tout en veillant sur elle. Lorsque l’heure sera venue, elle pourra enfin les retrouver. Les officiers des pompes funèbres ouvrent leur dernière demeure. Les cordes qu’ils passent sur les anses en fer forgé achèvent leurs courses alors que les trois carcans de bois reposent dans les entrailles de la terre. Les yeux de Noémie se teintent d’une émotion dissimulée. La poignée de terre meuble qu’elle lâche se confond avec les quelques larmes qu’il lâche à son tour. C’est douloureux, mais Adriel ne s’est jamais senti aussi humain qu’en ce terrible instant. 

*** 

Le soir même

L’épaisse brume embaume la mégalopole. Elle s’insinue à travers les tombes du cimetière. Les feux follets qui s’en échappent ravive la flamme incandescente des souvenirs. Face au bâtiment qui abrite désormais Noémie, les yeux de son protecteur suivent à chacun de ses pas. Et lorsque Morphée lui ouvre ses bras, il se faufile dans ses songes. 

Les contours de ce lieu lui paraissent si lointains, que rien ni personne ne s’y aventurerait. Les pas de la jeune femme résonnent à travers les rires de ses enfants. Où se trouve-t-elle ? Personne ne le sait, sauf lui. Cette chimère onirique lui permet enfin de l’approcher. 

- « Je suis sincèrement désolé Noémie. »



« Si c’était à recommencer, je te rencontrerai sans te chercher. »
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Sabrina
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Mer 10 Fév - 11:31
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Noémie Favelle
J'ai 32 ans ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis Caviste, Onoeulogue et je m'en sors parfaitement bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis mariée à un homme merveilleux et je le vis plutôt superbement.

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Rachelle Lefèvre :copyright:️ Praimfaya

La silhouette ravagée de celle qui fut l’Espoir et le Coeur de la capitale, vivant au son de ses bourdons est un rappel cinglant de la première attaque démoniaque et du coup de couteau sournois dans l’armistice fragile existant entre les deux puissances. Les voix d’Emmanuel et Marie se sont tues dans un vomissement de fumées toxiques et ténébreuses, assombrissant les joies des parisiens et au-delà. Le sol consacré de la cathédrale l’a protégé des actions démoniaques durant ces longues années de fierté mais pas de la faiblesse naturelle de certains hommes. Qu’il a été facile pour Raum, le destructeur des villes d’orchestrer cette chute. Patience sournoise jusqu’à ce qu’enfin le plus grand d’entre eux, le plus puissant, l’ancien Bien-Aimé décide qu’il était l’heure de rappeler aux hommes qui sont leurs Maîtres. Quelle est leur place véritable dans les rouages de la création.

La perte de Notre-Dame est l’affront originel, suivi d’un silence assourdissant pendant quelques mois. Aucune présence malaisante, une désertion totale des serviteurs méphitiques, s’arrachant ainsi aux fureurs des légions angéliques. Jusqu’à cette hécatombe parmi les Protégés. Insultes et blessures profondes qui réjouissent ces créatures sardoniques et cruelles. Les représailles et les pertes n’ont que peu d’impacts sur les commandeurs tant les âmes perdues sont légions et si aisément remplaçables. Focalor reste hors d’atteinte de la rage d’Adriel. Il n’a pas encore signé cette attaque si personnelle. Il reste dans les ombres, non par lâcheté mais pour se goinfrer des émotions bouillonnantes de son ange détesté. Durant des millénaires, il est resté intouchable, impassible. Une machine de guerre céleste. Capter les effluves de son désespoir dans les cieux de Paris est une gourmandise irrésistible. SI le démon avait su que cela serait si facile de le déstabiliser, de l'entraîner vers une sente obscure de ses actes, il aurait moissonné ses ouailles bien plutôt malgré le diktat luciférien.

***

Elle aurait voulu rester dans le cimetière. Ne pas quitter le mausolée fraîchement érigé, cela ne lui a pas été permis. Entraînée par la douce détermination de ses parents, par sa propre apathie, elle n’a pas trouvé la volonté de résister. Noémie a fini par retrouver son petit appartement du Kremlin-Bicêtre. Le regard inquiet et couvant de ses parents était de trop. Ils auraient préféré qu’elle ne reste pas seule. S' ils n’ont pas osé vocaliser leurs inquiétudes, elle est transparente dans les gestes de tous ses proches. Ceux qui lui restent. Ceux qui ne sont pas Eux. C’est en taxi qu’elle est retournée chez elle, ne supportant pas l’idée de conduire, bien que le véhicule de Fil ait été enfin dépanné. Quant à celui d’Adriel, elle ne veut surtout pas savoir ce qu’il est devenu. Elle est certaine que les assurances se débrouilleront entre elles. Le silence qui règne dans les pièces bourdonne à ses oreilles, couverture pesante sur ses oreilles. Une marque physique de leur absence. La jeune rousse donnerait tout pour entendre encore une fois le fracas des disputes et des cris provenant de la chambre des enfants. Elle a conscience qu’elle devrait prendre une douche. Peut-être manger un peu. Ce sont des gestes du quotiden qu’elle est incapable d’effectuer, incapable de leur trouver du sens. Elle aurait dû ne jamais se réveiller. Que ce soit sur la table opératoire ou lors du choc de tôles lui-même. Après tout, c’était elle qui conduisait. C’est de sa faute. Son corps est encore endolori, douloureux. Pas assez. Elle ne souffre pas assez! Ou peut être est ce "grâce" aux comprimés de morphine qui lui sont prescrits.

Un soupir oppressé. Un psychologue spécialisé dans le deuil et les traumatismes est passé la voir plusieurs fois lors de son séjour à l'hôpital. Lui expliquant que ses sentiments étaient naturels, que la culpabilité du survivant, blablablabla, l’exhortant à venir à des groupes de paroles, encore blablablabla. A quel moment est-ce qu’elle a ouvert une bouteille de vin? Aucune idée. Mais sur son palais engourdi, la saveur de l’alcool peine à trancher. Elle repose le verre qu’elle s’est servi machinalement. Arrache le bouchon d’un whisky breton au blé noir. Découvert ensemble lors de vacances en famille non loin de Brocéliande. Le gout de l’Eddu est un uppercut de souvenirs et elle avale plusieurs lampées, directement au goulot. Elle se rend dans la salle de bain, sans lâcher le col de la bouteille. Contemplant son reflet. Regard hagard et bouffé par les cernes, yeux injectés de sang, la peau tirée sur son visage en masque mortuaire. Le teint grisâtre. De sa main libre, les doigts tremblants, elle agrippe un flacon de pilules de valium. Le bleuté des cachets est presque joli, dans la lumière du néon. Elle s’en verse une poignée au creux de la paume, en déversant une partie sur le lavabo, le whisky débordant un peu dans le mouvement trop brusque. Agacée, Noémie la dépose sur la machine à laver, refusant de voir le panier de linge sale à moitié plein.

Elle tourne vivement la tête, jurant avoir senti un courant d’air glacé malgré l’absence de fenêtre. De la buée sur le miroir se forme et elle peut entendre les lampes allumées dans le salon qui se mettent à grésiller lourdement. Une nouvelle angoisse terrible dont elle ne comprend pas le sens lui saisit le ventre. De toute manière n’a t’elle pas déjà vecu le pire? La veuve pourrait jurer qu’elle n’est plus seule. Sans distinguer la moindre présence. Un rire sinistre dont lui semble percevoir un si faible écho qu’elle n’a aucune certitude. Ne serait-il pas plus juste qu’elle retrouve les siens? Ne le mérite-t-elle pas? Entre ses doigts, les pilules sont si lourdes, si évidentes. Un revers de lame irisée invisible à ses yeux. Une tête qui se dissout dans des vapeurs nauséabondes. De cette lutte immédiate et sans merci, elle ne perçoit rien. Faveur d’un ange vigilant pour Adriel affligé. Dans la salle de bain, la jeune femme repose les trois quart des anxiolitiques. N’en avale qu’un ou deux. Non sans les faire passer avec une nouvelle lampée. C’est la fatigue de son corps qui prend le dessus sur son esprit en roue libre, embrumé, trop peu, par le spiritueux. Elle s’allonge sur le canapé un peu défoncé du salon, révoltée à l’idée de rejoindre un lit commun qui ne le sera plus. Tirant machinalement un plaid sur elle, elle ferme les yeux. N’a pas vraiment conscience de se relever pour aller se coucher en chien de fusil sur le lit de sa fille, attirant contre son ventre le lapin défraîchi qui était sa peluche préférée. Peut-être que si Marius avait été là, avec l’enfant dans la voiture, il en aurait été le talisman protecteur. Ce n’est qu’à ce moment-là, la peluche pressée contre elle que la parisienne s’efface enfin dans le sommeil.

Le tissu de la réalité se dénoue et se reforme sur un canevas différent. Son repos est profond et ses battements de coeur régulier. La dureté de son visage s'adoucit un peu aux éclats léger et enfantin qui lui parviennent. Le pas de sa démarche devient badin quand sa peine s'allège pour un temps. Que ce soit un rêve lui permet de ne pas en ressentir d’amertume ou de culpabilité. Ne pas reconnaître les reliefs du paysage n’est pas un poids, elle aime cet étrange sentiment de découverte. Jusqu’à ce qu’une voix résonne et brise ce sentiment de paix qui s’installait à peine. Un grondement d’outrage se matérialise. Non de sa propre gorge. Mais de trois têtes reliées à un corps de molosse qui vient de prendre substance à ses cotés. La paume droite de Noémie flatte la tête de la plus haute dont les crocs dévoilés sont une menace à ne pas prendre à la légère. Le monstre lui arrive à la taille sans qu’elle n’en ressente de crainte. Elle n’a pas conscience de la stola qui recouvre son corps, pas davantage de la palla au cramoisi intense qui est drapée autour d’elle. Sa chevelure flamme est relevée en un chignon travaillé à l’arrière de sa nuque, les tempes traversées par de fines tresses aux tissages étroits. Cerbere aboie son dédain de l’être qui ose présenter des excuses à sa Junon offensée. A sa gauche, la chimère racle le sol meuble de ses pattes griffues. Grincement acide des cailloux raclés et torturés. La fabrique du rêve se modifie pour se parer des textures d’un jardin aveuglé par le soleil dont les colonades d’un marbre blanc dissipe la fureur. Noémie s’est immobilisée. Cherchant du regard le propriétaire de la voix dissonante. Dans son dos, la cascatelle d’une fontaine qui irrigue les carrés de plantes médicinales odorantes.  Son timbre est sans appel. - Dévoile toi. Si tu en as le courage. - Bâillement paresseux de la tête de droite, qui se balance, semblant presque endormie - Où sont mes enfants. Où est mon mari. Que veux-tu de plus ?


« Si c’était à recommencer, je te rencontrerai sans te chercher. »
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An angel has fallen
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