Je me tiens droit sur la plateforme, laisse le regard de mon mentor glisser le long de mes jambes pour s'arrêter sur mes pieds, comme pour cacher le message que délivre ses iris dilatés. Je le sais, je le sens, il ne me pense pas capable de remporter ces jeux. Depuis le premier jour, il ne cesse de répéter dans des mots que je ne connais que trop à présent qu'il mise sur le district deux. D'un souffle, j'expire toute la peur qui se concentre en moi comme un rayon de lumière qui traverse une lentille et décide de lui tourner le dos, une manière comme une autre de couper le contact pour rendre le tout plus simple, autant pour lui que pour moi.

Un cliquetis retentit, le socle s'est refermé. La plateforme s'élève, m'emporte avec elle dans les hauteurs, véritable star montante de ces jours aux odeurs morbides, plus attristant encore que les fragrances de ces produits qu'on appelle médicament. Mes doigts tremblent, je ne me sens pas prêt, je ne suis pas prêt. Pourtant, oui, il le faut. La lumière externe vient agresser mes yeux. Alors que je place une main à mon front pour obombrer mes pupilles, je remarque déjà quelques regards bloqués sur moi. Il s'agit sans doute là d'un mauvais signe, un mauvais présage, similaire au fait de croiser un chat noir, de passer sous une échelle, de casser un miroir. La mort, j'ai peur, peur de découvrir ce que c'est. Peur de ce voile noir, peur de l'éternité. Une éternité seul à attendre, une éternité sans toutes ces personnes qui défilent à coup d'image mentale dans ma tête. Toutes ces petites choses vont me manquer. L'odeur de l'herbe, celle du bois, le chant des oiseaux qui effleurent mes tympans.

Perdu dans ma concentration, sans doute déjà préparé à l'idée de sentir mon corps se dérober sous son propre poids, j'en manque le départ. Je bondis, fonce à la hâte en direction de la corne sans même me soucier de mes camarades déjà armés. Suicidaire, j'en viens à sauter à terre et ramper jusqu'aux deux tomahawks qui logent comme des trésors sur une caisse aux teintes corbeau. Je me relève et quand bien même je me prépare à filer en direction des troncs qui décorent l'horizon, je sens quelque chose percuter mon dos. Même plus, le transpercer. Je laisse tomber l'un de mes genoux à terre dans un soupire aux allures de dernier souffle. Ma vision se brouille alors que ma paume caresse peut-être pour la dernière fois ce sol sur lequel je vais reposer mort. Je suis désolé Maman, vraiment désolé. Je t'aime, même si je ne te l'ai pas toujours montré, même si je fais la mou lorsqu'au petit matin tu arrives armée de ton grand sourire dans ma chambre pour tirer les rideaux. Je suis désolé pour tout maman, désolé d'avoir oublié de nourrir le chat avant de partir pour la moisson. Je suis désolé et je t'aime.

Je me sens partir en avant. Mon corps s'écroule, épouse l'humidité de l'herbe qui se mélange à mon sang. Un goût de fer macère dans ma bouche. Je les vois, les lumières des supernovas qui s'étendent dans le ciel comme ces grands draps blancs qui recouvrent mon maigre lit. C'est donc ça, mourir. C'est donc cette sensation, celle qui pousse a réaliser la beauté de ces choses qu'on ne voit pas. Parce qu'au fond, on ne réalise jamais la valeur que peut avoir la vie avant de la perdre. Mes doigts se contractent, je me recroqueville, suffoquant, étouffé. L'air ne semble plus passer, ça tire à l'intérieur. Ma tête me démange, mon cœur se freine. Un deux... un, deux, je compte les battements et doucement m'éteins. Le silence, le grand blanc, puis plus rien.

@sadness.

May the odds be ever in your favor — Autant dire tout de suite, je me sens mal, dans ce tube qui allait me faire entrer dans l'arène. Pourquoi me suis-je porté volontaire déjà ? Ah oui, Jared ne méritait pas ce sort qui lui était destiné. Alors j'avais décidé de prendre sa place, sans savoir face à qui j'allais me retrouver. Au final, c'était pire encore que mes pires cauchemars. Nymeria était face à moi. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fallu que les deux noms tirés soient ceux des Switzer ? Le coeur battant, je voyais le tube se refermer face à moi. Un son et la plateforme qui me soutenait se soulevait. L'air se présentait à moi et je découvrais les vingt-trois autres tributs qui étaient prêts à tous s'entretuer. Mon regard cherchait ma soeur, mon double, mon tout. Elle était là, juste à côté de moi. J'avalais ma salive, cherchant le courage au fond de moi pour tuer ces jeunes qui n'avaient rien demandé.

3, 2, 1.

Tout le monde s'agitait pour aller récupérer les sacs. J'en faisais de même, attrapant deux pour le prix d'un. Je tentais d'esquiver la moindre attaque qui pouvait être faite à mon encontre. “VA TE CACHER NYM, DANS LA FORÊT !” criais-je à son attention, attrapant les deux sacs. Il me fallait aussi des armes, ouais, j'allais dans l'espèce de gros container qui contenait tout ce qu'il fallait. J'attrapais alors un lance-pierre, des munitions et une hache. Ca pouvait toujours servir. Je cherchais l'arme de prédilection de ma sœur, et hop, je l'avais. Une naginata. Le tout en main, je courais vers la forêt, là où elle s'était enfuie. Seulement un tribut se trouvait face à moi et impossible pour moi de l'éviter. Alors hache en main, je venais l'attaquer, sans trop savoir viser.

Réussi : le joueur visé est touché et Aaren récupère sa hache pour courir vers la lisière de la forêt, là où l'attend Nymeria.
Echec : le joueur visé n'est pas touché et Aaren perd l'équilibre et tombe. Ses sacs tombent également et il met un peu de temps avant de se remettre sur pied. Et il se met à courir le plus rapidement avec les deux sacs en main, dont une main avec la hache aussi qu'il a récupéré.

Respire. Reste calme. Tout allait bien se passer et de toute façon, c'était trop tard pour partir. J'étais là et je devais y rester. Je n'en avais aucune envie, j'avais envie de m'enfuir, mais je devais être fort. Il fallait que j'affronte tout ça et par dessus tout, il allait falloir que je survive. Il était hors de question que je meurs, j'étais bien trop jeune pour mourir. Je ne pouvais pas mourir dans ces conditions. Il allait falloir que j'oublie tout mes principes, que je me batte sans réfléchir, sans morale. C'était bien le but de tout ça de toute façon. Je respirais profondément, sentant que le moment étant sur le point d'arriver, fermant les yeux pour essayer de me réveiller ailleurs qu'ici.

3, 2, 1.

J'ouvrais les yeux et observais toutes ces personnes qui couraient dans tout les sens. Je suivais le groupe, cherchant du regard la personne étant dans mon district. J'attrapais la première arme sur laquelle je tombais, un couteau et j'attrapais un sac. Je savais pas comment j'allais réussir à survivre avec ça, c'était impossible. Je continuais de chercher, une boule au ventre. Sans réfléchir, j'attrapais un arc et quelques flèches, même si je ne savais absolument pas me servir de ce truc. Peut-être que dans le feu de l'action, ça irait. Sauf que j'étais coupé dans mon élan par un mec, qui se dirigeait vers moi pour m'attaquer. Je restais immobile et dieu merci, il tombait. Je partais en courant avant qu'il ne se relève. Il fallait que je trouve un endroit où me cacher, le temps de retrouver mes esprits, de réfléchir. Malheureusement, je tombais face à une jeune fille. J'attrapais mon arc et je tirais une flèche sans grande conviction, les mains tremblantes.

Réussi : le joueur visé est touché de plein fouet par la flèche, Maxwell reste immobile quelques secondes sous le choc avant de s'enfuir.
Échoué : le jouer visé n'est pas touché, la flèche le frôle juste. Maxwell se casse le plus vite possible dans le sens opposé.

elle n'a aucune envie d'être là la frêle. elle a les ailes qui frétillent, le coeur qui se meurt et les mains moites. dans son tube de verre elle attend en ce répétant inlassablement les mots de son père. Reviens moi. facile à dire pour le corps minuscule à la note pitoyable. elle ne sait pas faire grand chose, Blye. elle sait programmer des ordinateurs, réparer des télés et utiliser un téléphone. rien qui ne puisse l'aider à ne pas mourir dans la sombre aventure qui l'attend. elle a envie de pleurer, elle n'en a pas le droit. elle ne peut perdre pieds désormais. elle va crever et elle n'en a pas envie. trop de choses à accomplir encore. on lui a conseiller de fuir, de se cacher et d'attendre. de faire comme bien d'autres avant elle, et d'attendre en survivant. une planque dans une nature instable. c'est le seul truc qu'elle a bossé aux répétitions, entrainements morbides pour une mort déjà annoncé. ça lui fait mal à la brune de savoir que ces jeunes vont mourir eux aussi. ça fait trop de sang, elle ne supporte pas la vue du sang. elle n'a rien à foutre là, ce n'est pas une guerrière. le décompte arrive. elle va vomir. le décompte arrive. elle va tomber dans les vapes.

3... 2... 1...

le soleil lui fait plisser les paupières un instant, la laissant debout, petite dans une zone déjà dangereuse. il lui faut un certain temps avant de se rendre compte, avant de se mettre à courir. trop tard peut-être. elle part en arrière, prête à fuir. son oeil accroche un sac, à sa gauche. il est là, plein de denrées qu'elle n'est pas sur de vouloir. mais elle doit tenter sa chance, elle se le doit. alors elle fait demi tour alors que déjà des corps tombent. elle attrape enfin le sac et son regard heurte une ombre terrifiante. un garçon. il est beau, il tremble, il semble tout aussi assuré qu'elle. elle voudrait crier et le supplier, lui dire qu'elle est attendue à la maison. elle n'en a pas le temps. la flèche vient se planter dans sa chaire tendre alors que son cri est coupé. elle le regarde droit dans les yeux. il semble tout aussi surpris qu'elle. ça fait mal.