Le soleil commençait doucement à se lever à l'est lorsque j'atteignis enfin le donjon de Lomelyr. Perdue au milieu d'une plaine désertique la lourde tour de pierre s'érigeait vers les cieux étalant son ombre sur moi. Il m'avait fallu plusieurs jours de voyages pour atteindre le cœur des terres sauvages. J'avais délaissé mon village après une soirée festive durant laquelle cervoise et bière avaient arrosées les gosiers. Encore à moitié soûle j'avais saisi mon bâton, la vieille cape de velours de mon père ainsi qu'un sac rempli de victuailles. J'avais marché presque une demi-journée à travers forêts et champs quand je m'étais rendu compte que mon vieux grimoire de sorts, que j'avais négocié pour quelques pièces de cuivre, était resté dans ma cahutte. Un simple regard en arrière me convainquit de ne pas rebrousser chemin. Les sorts de niveau 1 n'étaient pas très nombreux et j'avais mémorisé la totalité de ceux-ci avant de m'engager sur cette quête.


   Ah l'aventure, jamais auparavant elle ne m'avait attirée. Je passais le plus clair de mon temps à la taverne. Je servais jeunes et vieux qui se plaignaient du temps maussade. Parfois quelques gens de passages racontaient leurs exploits. J'ondulais entre les tables, des chopines à la main, tout en écoutant les histoires de donjons et de quêtes. Nos aventuriers excédaient rarement le niveau 2, d'avantage fabulateurs que véritable héros. Et puis, un soir de tempête, il était arrivé, un paladin de niveau 20. Les cheveux trempés par l'orage qui grondait dehors, il avait poussé la porte dans son armure rutilante. J'avais passé la nuit entière à l'écouter parler. Quand le soleil s'était enfin levé, il avait quitté l'auberge et avait fait naître en moi le goût de l'aventure.


   Et j'étais là maintenant, après avoir marché des jours durant. J'étais tombé sur une annonce placardée sur un mur du village, un donjon bas niveau, une jolie récompense, il ne m'avait fallu guère plus pour m'attirer ici. J'avais exercer mes nouveaux dons sur le trajet, si le résultat n'était pas toujours concluant, j'avais tout de même réussi à faire apparaître une boule de feu. Bon j'avais aussi fait brûler une partie de la forêt, mais au final qui s'en souciait à part quelques elfes sylvestres.


Comme à mon habitude j'étais arrivée en avance. L'horizon était vide et aucun autre aventurier ne semblait poindre au loin. L'heure m'échappait totalement et j'étais incapable de me souvenir de l'incantation pour invoquer l'horloge parlante. Bref d'après la position du soleil il était 8h tout au plus. L'annonce donnait rendez-vous à midi. Je me posais donc contre la pierre, enveloppée dans ma cape je me laissait choir dans le sommeil certaine de me réveiller avant l'arrivée de mes éventuels compagnons.