Gabriel était revenu chez lui pensant ne plus jamais revoir la brune qui avait pris et mixé son cœur à la volée. La soirée qui avait précédé ne devait pas se terminer ainsi. Il avait prévu luxe et romantisme, affaire et meurtre sans sourciller, mêlant le travail et le plaisir avec ce nouveau club aérien. Mais les caractères des deux avaient fini par gâcher l’instant. Et si ce nouveau club lui avait rapporté pas mal de fric en une soirée, il avait perdu quelque chose qui n’avait pas de prix. Sam, Sa confiance et peut-être même l’amour qu’elle semblait lui porter. Il fallait se reprendre, maintenant, tout de suite et ne pas se laisser submerger par le gâchis qu’il avait provoqué en parti. Julia lui aurait dit merde, une gifle et casse toi. Sam l’avait fait, à sa façon.

Thomas était revenu des cours du jour, ayant repris l'école très rapidement après leur attaque de l’avant-veille. C’était bien son fils à ne pas se laisser impressionner si facilement. Une fierté en posant ses mains de chaque coté du jeune garçon qui devenait un homme, et appuyant son menton sur son épaule. Silencieux en regardant les devoirs à faire et les calculs mathématique sur le temps qu’on passait en navette d’un point A à un point B. – Sam est pas là? Faut que je lui dise un truc important.
Que répondre à ça. Soupire. – Non elle ne viendra pas. – Dommage *moue boudeuse du jeune garçon qui ferait surement fondre bon nombre de jeunes filles avec ce petit air affligé. Un baiser qu'il dépose dans la chevelure brune de son fils* - Finit ça et ensuite au lit On parlera demain. Il s'éloigna laissant son fils se débattre avec ses devoirs avant qu'il n'aille se coucher 1h plus tard. Gabriel avait fait "comme si", acteur de sa propre vie. C'est un verre de véritable whisky qui accueillit le départ de Thomas, assis dans le canapé. Gabriel semblait attendre, un signal, quelque chose. Peut-etre de retrouver sa vie d'avant, ou au contraire de ce changement dont il avait un besoin éperdu.

Il n'avait pas réagit quand son IA avait annoncé Sam, pas plus qu'au moment où il avait entendu ses talons sur le parquet. Les bras de la jeune femme entourèrent son cou dans un geste tendre. La contraction de ses muscles sembla s'amoindrir posant sa main sur les deux de la jeune femme réunies. Sam ne revenait pas sur ce qu'il lui avait dit, ni même sur leur soirée catastrophique ayant mené à cette situation ubuesque. Elle voulait parler de pas mal de choses, sauf d'eux. Il avait pourtant le besoin de savoir.
 

- Frederickson a eu sa vengeance, je te l'ai dis. Je n'ai rien contre toi.

C'était la pure vérité. Meme si son regard avait trahi un véritable étonnement de la savoir mêlée à sa mort, Gabriel s'était vengé de tous, et le point final avait été mis il y a plusieurs années avec la mort du parrain de New Chic. Mais eu delà de ça il découvrait la vie de Sam, sa vraie vie, celle qu'elle lui avait caché, celle qu'elle allait abandonner si c’était toujours son choix. Ils ne se regardaient pas, Sam restant dans son dos, et lui assis à tenir ses mains de la sienne, et l'autre amenant son verre à moitié plein à ses lèvres.

Il reconnaissait bien l'attitude de Mike dans ce qu'elle décrivait, à donner une chance à celui ou celle qui ne le mérite pas. Ils en étaient tous deux le meilleur exemple, des deux cotés du peu de semblant de Loi qui restait dans ce monde en pleine reconstruction. Autant qu'il reconnaissait Sam dans sa volonté de le venger en tuant elle-même l'auteur de sa mort. Gabriel avait été le suspect idéal, il l'était toujours pour la police de New Chic et jamais il ne trahirait son amitié pour Mike pour sauver ses fesses d'une rumeur. Tous à NC savaient que Gabriel en était capable. Il avait déjà prouvé maintes fois sa capacité à provoquer mort et douleur.

Cette capacité que Sam voulait employer pour trouver celui ou celle qui tuait les flics depuis plusieurs mois. Que ce soit des flics importait peu à Gabriel, mais que ce soit quelqu'un qui soit proche de son fils Thomas, qu'il le mette en danger, cela était inacceptable . Gabriel avait longtemps enquêté sur ses hommes avant de les faire entrer dans son cercle de trafics. C'était sa façon de protéger ce qu'il avait construit depuis près de 20 ans. Leurs regards se retrouvèrent enfin quand elle prit place à ses cotés. Il retrouvait la femme qu'il aimait, retrouvant par la même occasion sa volonté de se battre, si ce n'etait pour lui, ce serait pour elle. Il fronça néanmoins les sourcils à ce qu'elle proposait. C'était un pari risqué, très, surement trop.

Sam. Ce n'est pas aussi simple de te balancer dans la gueule du Loup. Si on se jette dans cette expérience, tu ne pourras plus revenir vers moi ensuite. Si .. Il s’interrompit juste un instant avant de reprendre. Si la rumeur court que tu es un flic, je ne pourrais plus rien pour toi, ni pour nous. Tu sais qui je suis, tu sais dans quel monde j'évolue. Un flic à mes cotés, un flic qui vu leur visage, qui a eu connaissance de leurs affaires, de mes affaires. Mes partenaires n’apprécieraient vraiment pas du tout, et le monde deviendrait encore plus risqué pour nous deux et pour Thomas. On me ferait payer le prix de mon ignorance ou de ce jeu avec une fliquette.  Mike serait peut-être vengé, mais à quel prix. Est-ce vraiment ce que tu veux ?

Ses doigts se croisèrent aux siens, il devenait beaucoup plus sérieux. - Je vais trouver un moyen Sam, crois moi, mais tu dois me laisser le temps. Nous n'avons jamais travaillé ensemble sur cette affaire, nous n'avons jamais mis en commun nos forces. Il faut que l'on essaie cela avant de te mettre en danger. Je n'ai qu'une seule chose d'assurée, c'est la fidélité d'Ethan, je le connais et j'ai totalement confiance en lui. Je sais qu'ON peut lui faire confiance. Sa seconde main vient se poser sur leurs mains jointes : - Tu dois me faire confiance. Sans hésitation. Sans doute. est-ce que tu peux faire ça ? Quoique je fasse, quoique je dise ? Je te promets une vengeance impitoyable, sans retenue, sans pitié. Ses mots étaient prononcés avec la dureté dont il savait faire preuve derrière son humour caustique. Ce n'était plus seulement pour lui ou Gladys, mais maintenant pour la protection de Sam et celle de son fils.

Gabriel venait de refuser... Sam avait eu raison de penser qu'il n'oserait pas aller jusqu'au bout, mais pour une fois, elle n'en tirait aucun contentement. Ce fut d'ailleurs un soupir las qui lui échappa sans qu'elle ne cherchât à le retenir, et si elle n'avait pas lié ses doigts aux siens, il était clair qu'elle aurait sortit une clope pour calmer ses nerfs.

« Je n'ai pas dit que tu devais divulguer que j'étais flic, simplement que tu devais affirmer que je t'avais trahi. En théorie, tes hommes ne devraient pas être bavards au point d'aller raconter ça à tout le monde, et tu pourras ensuite rétablir la vérité afin d'expliquer qu'il s'agissait d'un plan pour débusquer celui qui s'en prend indirectement à toi... mais soit. Chez toi, tes règles, je respecte ça. De même que je te fais confiance. »

C'était certes à contre-cœur qu'elle acceptait, mais elle était néanmoins sincère. Elle avait confiance en Gabriel même si elle redoutait que chaque minute passée à tergiverser fût une minute de perdue. Mais en revanche, elle ne faisait pas réellement confiance à Ethan : le garde du corps vouait certes une fidélité absolue à Belmont, mais il ne l'avait en revanche jamais appréciée, elle. Il éprouvait de la jalousie à son égard, elle lui avait volé Gabriel et l'avait plusieurs fois mis en danger, et Sam savait pertinemment bien qu'il ne lui pardonnerait pas ça. Mais bon, tant qu'il protégeait son amant et Thomas, c'était tout ce qui comptait à ses yeux...

« Je me permets toutefois de souligner que nous ne devrions pas perdre de temps. Ce type sait très certainement qui je suis, et s'il lui prend l’envie de divulguer ma véritable identité, la situation deviendra incontrôlable. Attendre, c'est lui laisser le choix de quand frapper, où et comment, c'est lui laisser le contrôle. Il n'y a qu'en le prenant par surprise que nous pourrons le faire sortir de sa zone de confort et le pousser à la faute. »

Gabriel avait certainement bien conscience de tout ça, mais Sam avait tenu à le lui rappeler quand même. De même qu'après un silence de quelques minutes, sa bouche s'ouvrit à nouveau.

« Je pense d'ailleurs que je vais prendre mes distances avec toi et avec Thomas, je ne passerai donc plus ici. N'y vois pas là un rejet de ma part, je t'aime Gabriel, et je ne tiens pas à ce que toi ou Thomas puissiez être blessés ou tués par ma faute. Ça a déjà été le cas une fois et fort heureusement, Thomas n'a pas été touché. Mais si jamais il devait vous arrivez quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais. »

Devoir s'éloigner de lui – d'eux – ne serait pas facile pour elle, mais elle le devait. Son visage exprimait d'ailleurs bien ce renoncement, cette déchirure, mais c'était justement par amour qu'elle devait le faire. Elle était une cible de choix – à la fois flic et compagne de Belmont – et elle en avait parfaitement conscience. Il y avait donc de fortes probabilités qu'elle fût la prochaine cible, et si elle devait vraiment se faire descendre, il était hors de question qu'il y ait des dégâts collatéraux.

Elle devait y aller...

Mais néanmoins, tenir cette décision n'allait pas être simple non plus, et Sam ne tarda pas à détacher doucement ses bottines afin de replier ses jambes sous elle, sa tête se posant délicatement contre l'épaule de Gabriel tandis qu'elle se blottissait tout contre lui. Sa main n'avait pas quitté la sienne, leurs doigts étaient toujours entremêlés. Dans son sac à main, elle avait emporté avec elle la carte de vœux old school qu'elle avait trouvé en relevant son courrier juste avant de venir, de cette funeste prémonition qui ne venait que corroborer ses hypothèses, mais elle choisit toutefois de ne rien dire à son amant. S'il avait une idée, un plan, une piste, elle voulait qu'il pût l'explorer comme bon lui semblerait. En attendant, elle voulait profiter encore un peu de sa présence. Encore un peu.